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Mise en place et analyse d'une activité d'apprentissage coopératif en classe de 2P : comment mener une réflexion critique avec des élèves de 5 ans ?

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Master

Reference

Mise en place et analyse d'une activité d'apprentissage coopératif en classe de 2P : comment mener une réflexion critique avec des élèves

de 5 ans ?

DARBRE, Cristelle

Abstract

Ce mémoire fait état d'une recherche qui s'est déroulée dans une classe de 2P (Harmos) d'une école primaire genevoise. Trois séances d'activités coopératives ont été menées avec trois groupes d'élèves. L'analyse des données porte sur le guidage des réflexions critiques et sur les habiletés coopératives qui en ressortent avec des élèves d'un si jeune âge (5 ans).

Les résultats sur lesquels ont débouché les analyses permettent de proposer des pistes pour mener des réflexions critiques avec des élèves de 2P et mettent en avant les bénéfices de cette discussion.

DARBRE, Cristelle. Mise en place et analyse d'une activité d'apprentissage coopératif en classe de 2P : comment mener une réflexion critique avec des élèves de 5 ans ? . Master : Univ. Genève, 2014

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:38500

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Mise  en  place  et  analyse  d’une  activité  d’apprentissage   coopératif  en  classe  de  2P  :  

 

Comment  mener  une  réflexion  critique  avec  des  élèves  de  5  ans  ?  

 

MEMOIRE REALISE EN VUE DE LʼOBTENTION DE LA MAITRISE UNIVERSITAIRE EN ENSEIGNEMENT PRIMAIRE

PAR

CRISTELLE DARBRE

DIRECTRICE DU MEMOIRE CELINE BUCHS

JURY

CAROLE VEUTHEY

LIONEL DECHAMBOUX NYON, JUIN 2014

UNIVERSITE DE GENEVE

FACULTE DE PSYCHOLOGIE ET DES SCIENCES DE L'EDUCATION SECTION SCIENCES DE L'EDUCATION

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RESUME  

Ce mémoire fait état d’une recherche qui s’est déroulée dans une classe de 2P (Harmos) d’une école primaire genevoise. Trois séances d’activités coopératives ont été menées avec trois groupes d’élèves. L’analyse des données porte sur le guidage des réflexions critiques et sur les habiletés coopératives qui en ressortent avec des élèves d’un si jeune âge (5 ans). Les résultats sur lesquels ont débouché les analyses permettent de proposer des pistes pour mener des réflexions critiques avec des élèves de 2P et mettent en avant les bénéfices de cette discussion.

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REMERCIEMENTS  

     

Je  tiens  à  exprimer  ici  ma  gratitude  envers  plusieurs  personnes  sans  lesquelles  ce  travail   n’aurait   pu   être   mené   à   terme,   qu’elles   soient   toutes   remerciées   de   leur   précieuse   contribution.    

 

Céline   BUCHS,   ma   directrice   de   mémoire,   pour   le   partage   de   ses   connaissances,   ses   corrections  et  ses  encouragements.    

 

Esther   BERTHIAUD,   ma   directrice   d’établissement,   pour   son   aide   et   ses   précieux   conseils.    

 

Stéphanie  FERREIRA  et  Laurène  GROSSGLAUSER,  mes  collègues,  pour  avoir  accepté  de   me  laisser  réaliser  cette  étude  avec  leurs  élèves  et  sur  leur  temps  de  travail.  

 

Mes  parents  et  mes  proches,  pour  leur  aide  et  leur  soutien  lors  cette  période,  ainsi  que  

leurs  nombreuses  relectures.  

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Table des matières

INTRODUCTION ... 6  

CADRE  THEORIQUE ... 9  

1.  L’apprentissage  coopératif... 9

 

1.1 Spécificités  de  l’apprentissage  coopératif ... 9

 

1.2  Les  éléments  communs  à  tous  les  dispositifs ... 10

 

1.3  Préparer  les  apprenants  à  coopérer ... 13

 

1.4  Le  rôle  de  l’enseignant  dans  l’apprentissage  coopératif... 19

 

1.5  Les  valeurs  de  la  coopération ... 19

 

2.  La  coopération  avec  de  jeunes  élèves ...20

 

2.1  Elèves  en  début  de  scolarité... 20

 

2.2  Jeunes  élèves  et  apprentissage  coopératif... 20

 

2.3  Jeunes  élèves  et  réflexion  critique ... 22

 

PROBLEMATIQUE  ET  QUESTIONS  DE  RECHERCHE...23  

REPERES  METHODOLOGIQUES...25  

A.  DISPOSITIF  DE  L’ETUDE...25

 

1.  Population  et  contexte  de  la  recherche ...25

 

2.  Choix  de  la  discipline  et  de  la  tâche...25

 

3.  Formation  des  équipes ...27

 

4.  L’auto-­‐évaluation ...27

 

5.  La  méthode  de  recueil  des  données...28

 

6.  Les  habiletés  coopératives  à  travailler ...29

 

7.  Déroulement  de  l’étude ...29

 

7.1  Le  groupe  pilote ... 29

 

7.2  Déroulement  des  séances  pour  les  groupes  2  et  3... 33

 

B.  MISE  EN  FORME  DES  DONNEES  ET  ANALYSE ...36

 

1.  Traitement  de  la  question  de  recherche  relative  au  guidage  d’une  réflexion  critique  avec  des   élèves  de  5  ans...37

 

1.1  Comment,  en  tant  qu’enseignant,  introduire  une  réflexion  critique  sur  la  tâche  scolaire  ?... 37

 

1.2 Comment,  en  tant  qu’enseignant,  introduire  une  réflexion  critique  sur  le  fonctionnement  en   groupe  ? ... 41

 

1.3 Comment  relancer,  réguler  et  intervenir  dans  la  discussion  afin  de  fixer  les  actions  à   améliorer  et  les  objectifs  à  atteindre  ? ... 42

 

2. Traitement  de  la  question  de  recherche  relative  aux  habiletés  coopératives...43

 

2.1  Comment,  à  partir  de  la  réflexion  critique,  faire  émerger  des  habiletés  coopératives  ?... 43

 

2.2  Quelles  sont  les  habiletés  coopératives  qui  ressortent  d’une  discussion  entre  des  élèves  de  5   ans  ? ... 43

 

3. Synthèse ...51

 

3.1  Les  rôles  dans  l’apprentissage  coopératif ... 53

 

3.2  La  récompense  dans  l’apprentissage  coopératif ... 53

 

RETOURS  SUR  LA  RECHERCHE ...55  

1.  Les  limites...55

 

1.1  Limites  relatives  au  temps... 55

 

1.2 Limite  relative  aux  multiples  rôles  de  l’enseignante ... 56

 

1.3 Limite  relative  à  l’organisation  de  la  recherche... 57

 

1.4  Limites  relatives  à  la  planification  de  l’activité... 57

 

2.  Les  difficultés  rencontrées...58

 

3.  Proposition  d’une  séquence  d’activités  coopératives ...59

 

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CONCLUSION ...62  

Expérience  personnelle...63

 

BIBLIOGRAPHIE...65  

ANNEXES ...68  

ANNEXE    I  –  Grille  de  planification  de  l’activité...69

 

ANNEXE    II  –  activité  1...71

 

ANNEXE  II.a  –  activité  1  –  images  à  découper...72

 

ANNEXE  III  –  activité  2 ...73

 

ANNEXE  III.a  –  activité  2  –  jetons  à  découper ...74

 

ANNEXE  IV  –  activité  3 ...75

 

ANNEXE  V  –  activité  supplémentaire...76

 

ANNEXE  VI  –  Etiquettes  équipes...77

 

ANNEXE  VII  –  Grille  d’auto-­‐évaluation...78

 

ANNEXE  VIII  –  Cartes  rôles...79

 

ANNEXE  IX  –  Diplôme  Récompense ...80

 

ANNEXE  X  –  Affiche  sur  la  coopération...81

 

ANNEXE  XI  –  Explication  du  codage  des  retranscriptions...82

 

ANNEXE  XII  –  Tableaux  récapitulatifs  des  interactions...83

 

ANNEXE  XIII  –  Planification  clé  en  main...89

 

TABLEAUX  DES  RETRANSCRIPTIONS...103  

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INTRODUCTION  

Les documents officiels romands actuels préconisent le travail de groupe dans la scolarité primaire genevoise. En effet, selon le Plan d’Etudes Romand : « La capacité à collaborer est axée sur le développement de l'esprit coopératif et sur la construction d'habiletés nécessaires pour réaliser des travaux en équipe et mener des projets collectifs ».

L’apprentissage coopératif permet de favoriser l’atteinte des objectifs des trois domaines du PER (disciplinaire, capacités transversales et formation générale). Bien qu’il s’agisse d’un outil pour travailler la collaboration et la communication entre élèves, certains dispositifs favorisent également la démarche réflexive. En effet, le dispositif « Apprendre ensemble » (R.T. Johnson & Johnson, 1998) souligne l’importance de faire réfléchir les élèves sur leurs apprentissages et leur fonctionnement en groupe et vise également à développer conjointement les compétences cognitives et sociales des élèves. « La pédagogie coopérative est […] une philosophie qui guide l’enseignante, l’aide à se définir davantage comme facilitatrice, encourage la participation des élèves et augmente leurs chances de succès » (Howden & Laurendeau, 2005, p. 10). De nombreuses recherches montrent, en effet, l’efficacité d’un travail de groupe structuré par les principes de base de l’apprentissage coopératif tant sur les apprentissages que sur les relations sociales (Abrami, Chambers, Poulsen, De Simone, D’Appolonia, & Howden, 1996). Cette pratique consiste à enseigner aux élèves à apprendre à coopérer (travailler les habiletés coopératives nécessaires, les faire réfléchir sur leur fonctionnement dans le groupe) et à structurer la tâche de groupe en termes d’interdépendance positive et de responsabilisation. Cependant, bien qu’il existe de nombreuses recherches sur la pédagogie coopérative, peu d’entre elles se basent sur des élèves au début de leur scolarisation.

Plus de la moitié des études prises en considération dans une des méta-analyses récentes (D.W. Johnson, Johnson, & Stamme, 2000) est menée entre le secondaire inférieur et le post-obligatoire ainsi qu’en formation d’adultes (54%). Parmi les recherches conduites à l’école primaire (46%), seule une petite partie (14%) concerne l’école élémentaire, c’est-à-dire des élèves âgés de quatre à neuf ans.

(Lehraus, 2010, p. 23)

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Par ailleurs, dans ce 14% des recherches concernant l’école élémentaire, la mise en place et le déroulement des réflexions critiques restent très peu développés (Lehraus, 2010).

C’est pourquoi il me semble intéressant de se pencher sur la réflexion critique auprès de très jeunes élèves afin d’obtenir des pistes pour sa mise en place en classe. Ces élèves étant tout juste scolarisés, il est intéressant d’analyser comment l’enseignant peut construire un dispositif les amenant à réfléchir sur leurs apprentissages en groupe et d’observer leurs interactions et la manière dont ils s’expriment. A travers cette étude, je souhaite répondre aux besoins exprimés par les enseignants

1

qui s’essaient, tout comme moi, à la mise en pratique d’activités coopératives avec leurs jeunes élèves. Ma recherche se centrera particulièrement sur le moment de réflexion critique avec les élèves afin de répondre à la question : Comment mener une réflexion critique avec des élèves de 5 ans ?

Pour ce faire, j’ai profité de mon emploi actuel à 50% en tant qu’Enseignante Chargée du Soutien Pédagogique (ECSP) afin de mettre en place un dispositif d’apprentissage coopératif avec des élèves de 5 ans provenant de deux classes genevoises. Au cours de mon Certificat Complémentaire en Enseignement Primaire (CCEP), j’ai eu l’occasion de suivre l’unité de formation intitulée « apprentissage coopératif : jalons pour une mise en œuvre » donnée par Mme Lehraus (chargée d’enseignement à l’Université de Genève). Bien que la « Formation Enseignement Primaire » encourage à s’investir dans l’enseignement et l’apprentissage métacognitif, les pistes d’intervention concrètes restent peu nombreuses. La pédagogie coopérative mentionnée dans plusieurs cours de la Formation Enseignement Primaire et observée lors de quelques stages est une thématique qui attise toujours ma curiosité. Ces années de formation m’ont ainsi donné l’envie d’exploiter, dans ma pratique régulière en tant qu’enseignante, toute cette théorie accumulée, afin d’en constater les effets par moi-même en introduisant des activités d’apprentissage coopératif.

Je suis actuellement engagée dans une école primaire genevoise dont la directrice, Mme Berthiaud, pratique depuis longtemps l’apprentissage coopératif. Auteure de la vidéo « Des interactions constructives dès le cycle élémentaire » diffusée à l’Université de Genève, elle est un exemple pour les étudiants et les enseignants genevois qui s’essaient à la pédagogie coopérative. C’est avec son soutien et son enthousiasme à introduire la pédagogie coopérative dans son école que je me suis lancée. Mon taux d’activité et ma fonction me permettent de mettre en place cette pédagogie avec des élèves que je côtoie régulièrement et d’avoir le temps d’observer de plus près les effets du travail en coopération. Le fait de ne pas être

                                                                                                               

1 Dans ce document, l’emploi du masculin pour désigner des personnes n’a d’autres fins que celle d’alléger le texte.

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titulaire d’une classe m’a permis de choisir avec quels élèves (quel degré) je souhaitais mettre en place cette recherche. Après m’être décidée sur la thématique de la pédagogie coopérative chez de jeunes élèves, j’ai tout d’abord fait le choix de ne pas travailler la coopération avec les élèves de 1P dont j’ai la charge, puisqu’ils sont non-francophones (la question de recherche aurait pris alors une autre tournure). C’est pourquoi j’ai finalement décidé de travailler avec des élèves de 2P. Ma situation d’ECSP me permet ainsi de planifier des activités coopératives et de les mettre en place. En plus d’être observatrice des faits, je suis l’enseignante qui dirige les activités de cette recherche. J’ai ainsi élaboré l’étude qui suit en adoptant une posture d’enseignante et non uniquement de chercheuse. Cette expérience, qui laissera une trace dans mon parcours, me permet d’exploiter cette pratique qu’est la pédagogie coopérative, et d’accumuler ainsi des acquis pour les prochaines années.

Au cours de ce travail, je tenterai d’articuler la mise en place de l’apprentissage coopératif, la gestion d’une réflexion critique et le jeune âge des élèves ciblés. Dans un premier temps, j’exposerai les bases théoriques nécessaires à l’élaboration d’un projet de pédagogie coopérative. Ensuite, je relaterai la mise en place de ce projet avec des élèves de 2P. Après quoi, je traiterai et analyserai les données récoltées lors des réflexions critiques menées avec les élèves, ceci dans le but d’élaborer des pistes sur comment mener une réflexion critique avec des élèves d’un si jeune âge et de partager mon expérience et mes propositions avec les enseignants souhaitant également introduire de la pédagogie coopérative en classe.

 

(10)

 

CADRE  THEORIQUE

Dans cette partie, je vais exposer en quelques mots les bases de la pédagogie coopérative ainsi que les spécificités d’un travail avec des élèves de 5 ans.

1.  L’apprentissage  coopératif  

L’apprentissage coopératif fait partie des pédagogies nouvelles qui se sont développées au début du XXème siècle. Il s’agit d’« une stratégie d’enseignement et d’apprentissage qui met précisément l’emphase sur le travail en groupe restreint dans lequel des élèves de capacités et de talents différents ont chacun une tâche précise et travaillent ensemble pour atteindre le même but » (Howden & Martin, 1997, p.1). L’élève est placé au centre de son apprentissage et c’est au sein d’un groupe, et non plus seul, qu’il apprend par l’enrichissement des interactions avec ses pairs.

1.1 Spécificités  de  l’apprentissage  coopératif

L’apprentissage coopératif revient à rendre le travail de groupe efficace en visant des objectifs sociaux et cognitifs. Ce dispositif a pour but d’améliorer la réussite des élèves en misant sur la qualité des interactions entre pairs lors des activités proposées. Selon Clarke, Wideman et Eadie (1992), « l’apprentissage coopératif entraîne une amélioration du rendement scolaire et des capacités à résoudre les problèmes, une utilisation accrue des habiletés intellectuelles de haut niveau, le développement d’une attitude plus positive face à la matière étudiée et un accroissement de la motivation à apprendre » (p. 4). En outre, cette méthode instaure une nette différence entre les situations d’apprentissage coopératif, compétitif et individuel. Les recherches de D.W. Johnson et Johnson (1989) et Slavin (1983) (cités par Buchs, Filisetti, Buttera, & Quiamzade, 2004) démontrent que les situations de type coopératif par rapport aux situations de type compétitif ou individualiste obtiennent de meilleurs résultats sur le plan des performances et des relations entre pairs. En effet, « le recours à l’apprentissage coopératif améliore les relations interpersonnelles dans plus de 71%

des études et augmente l’estime de soi des élèves/étudiants dans plus de 66% des études »

(Buchs & al., 2004, p. 171).

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Dans la situation d’apprentissage coopératif, l’élève est conscient que sa réussite est intimement liée à celle de chacun des membres de son groupe – « On coule ou on s’en sort ensemble ». Dans la situation d’apprentissage compétitif, les élèves travaillent les uns contre les autres et dans la situation d’apprentissage individuel, les élèves travaillent individuellement pour atteindre leurs objectifs et ceci n’a aucune incidence sur la réussite de leurs camarades.

(Davidson, 1998, p. 69)

Le travail de groupe en lui-même consiste à mettre les élèves ensemble pour effectuer une tâche. Selon R. T. Johnson et Johnson (1998), « il existe une différence entre demander simplement à des élèves de travailler en groupe et avoir des groupes d’élèves structurés qui travaillent en coopération » (p. 105). En effet, lors des travaux de groupes, il est possible que certains élèves effectuent tout le travail alors que d’autres se laissent guider. Ce phénomène, appelé paresse sociale, désigne le fait que « la performance d’un individu à une tâche est plus faible lorsqu’il effectue cette dernière en groupe que lorsqu’il l’effectue seul » (Toczek, 2004, p. 125). L’apprentissage coopératif, en revanche, est fondé sur des éléments de structuration des dispositifs qui engendrent la coopération au sein des groupes (Buchs et al., 2004). La structure coopérative du travail permet la participation de chaque élève à l’accomplissement de la tâche. Cette méthode favorise ainsi les interactions entre élèves en créant un contexte favorable à la discussion et pousse les élèves à verbaliser et à reformuler leurs idées. Ainsi, ils ont l’occasion de développer des habiletés liées à la communication en échangeant et en apprenant avec leurs pairs.

1.2  Les  éléments  communs  à  tous  les  dispositifs  

Il existe plusieurs dispositifs d’apprentissage coopératif, la plupart sont structurés par des éléments de base communs : la responsabilisation individuelle, l’interdépendance positive et les groupes restreints.

a)  La  responsabilité  individuelle  

La responsabilité individuelle est un principe essentiel de l’apprentissage coopératif, qui

assure que tous les membres du groupe participent à la réalisation de la tâche. Ce principe

implique que chaque membre du groupe coopératif est tenu de faire sa part de travail

(Johnson & Johnson, 1998) et doit se sentir responsable à la fois de sa contribution et de son

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apprentissage (Abrami & al., 1996). La contribution et les efforts de chaque membre sont donc indispensables à la réussite du groupe. Il est en outre « important de proposer une tâche qui soit réellement une tâche de groupe, à savoir une tâche qui ne peut pas être réalisée de manière individuelle » (Buchs, sous presse) afin de favoriser la participation de chacun et d’éviter le phénomène de paresse sociale qui, selon Jackson et Williams (cités par Toczek, 2004), réduirait la tension motivationnelle de l’élève lorsqu’il est en présence d’autrui dans des situations de travail de groupe.

b)  L’interdépendance  positive    

L’interdépendance positive est le terme technique employé pour définir la double responsabilité de l’élève dans une situation d’apprentissage coopératif : celle de comprendre le travail assigné ainsi que celle de s’assurer que tous les membres du groupe le comprennent aussi (R.T. Johnson & Johnson, 1998).

Cette interdépendance a lieu lorsque les élèves saisissent qu’ils ne peuvent réussir que si leurs camarades réussissent (et vice versa). L’objectif commun est d’apprendre la matière assignée et de s’assurer que tous les membres du groupe y parviennent aussi (Johnson &

Johnson, 1998). L’interdépendance peut être structurée de plusieurs manières, selon les objectifs, les ressources matérielles, les différents types de rôles (fonctionnels et cognitifs), les tâches scolaires ou encore, les récompenses (Chambers, Patten, Schaeff & Wilson Mau, 1997).

La tâche est commune à l’ensemble du groupe donc le but l’est lui aussi.

L’interdépendance liée aux objectifs a lieu lorsque « les élèves se rendent compte qu’ils peuvent atteindre leurs objectifs d’apprentissage quand et seulement quand tous les membres de leur groupe atteignent les leurs » (R. T. Johnson & Johnson, 1998, p. 108). Ainsi, l’atteinte de l’objectif par tous les membres du groupe est primordiale et aucun membre ne peut y parvenir sans les autres. L’interdépendance peut également être liée aux ressources. Celle-ci est caractérisée par le fait que « chaque membre du groupe dispose seulement d’une partie des ressources, de l’information ou du matériel nécessaire pour effectuer la tâche d’apprentissage » (R.T. Johnson & Johnson, 1998, p. 108-109). Pour réussir la tâche, les élèves sont alors dépendants des informations ou des compétences que détiennent les autres (Rouiller & Howden, 2010). Lorsque l’interdépendance est liée à la tâche, l’activité à réaliser est répartie entre les élèves de l’équipe en créant ainsi une part de responsabilité individuelle,

« chaque membre d’une équipe [est] responsable d’accomplir une partie distincte du travail »

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(Rouiller & Howden, 2010, p. 129). Il est également possible d’ajouter des rôles favorisant la responsabilité individuelle des élèves et créant ainsi une interdépendance liée aux rôles. « À chaque membre est assigné un rôle relié à celui des autres qui définit les responsabilités que le groupe doit assumer pour effectuer la tâche commune » (R. T. Johnson & Johnson, 1998, p.

109). Rouiller et Howden (2010) distinguent deux types de rôles, des rôles liés à la tâche (vérificateur, rapporteur, observateur, …) et des rôles fonctionnels (contrôleur du niveau sonore, contrôleur du temps, …). Ces derniers sont intéressants à travailler avec de jeunes élèves puisqu’ils responsabilisent sans demander une surcharge cognitive. Finalement, l’interdépendance liée aux récompenses permet d’augmenter la motivation et l’implication des élèves. R.T. Johnson et Johnson (1998), parlent d’incitatif coopératif lorsque « tous les membres du groupe reçoivent la même récompense quand le groupe atteint son objectif » (p.108). Selon eux, la récompense peut également être extrinsèque, si les groupes sont opposés les uns aux autres. Rouiller et Howden (2010), conseillent d’utiliser les récompenses de manière collective et non individuelle afin de favoriser également l’interdépendance positive au sein de l’équipe et de prêter attention au fait qu’elles doivent être à la portée de tous. Cependant, cette manière de procéder fait office de débat dans la littérature et chez les enseignants.

c)  Les  groupes  restreints    

Les groupes peuvent être constitués de deux à six élèves, le nombre de membres dépend

de l’activité prévue. « Plus il y a de membres dans un groupe, plus la communication est

complexe et plus il est difficile de favoriser la participation égale de tous et le développement

d’habiletés sociales » (Abrami et al., 1996, p. 65). Les groupes peuvent être formés de

manière aléatoire, par les élèves ou encore par l’enseignant. Les auteurs préconisent souvent

les groupes hétérogènes afin de favoriser les discussions entre pairs. Ainsi, les enfants pour

qui les habiletés langagières ne sont pas encore totalement développées pourront prendre

exemple sur les élèves plus avancés (Chambers et al., 1997). Cependant, le type de

groupement choisi dépend de nombreux facteurs : l’âge des élèves, leurs habiletés sociales,

les objectifs de l’enseignement, etc. (Abrami et al., 1996).

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Pour cette étude, j’ai choisi de former des équipes de deux élèves et ceci, de manière aléatoire. Selon Abrami et al. (1996), « quand on commence avec l’apprentissage coopératif, on forme d’abord des petits groupes » (p. 65). La gestion de ceux-ci est moins complexe pour un enseignant débutant dans le domaine car ils demandent moins d’habiletés sociales à travailler. De plus, être à deux diminue la tendance vers le phénomène de paresse sociale et renforce la responsabilisation individuelle. Moins les élèves sont nombreux, plus ils prennent leur place. D’un point de vue pratique pour la recherche, il est également plus facile de réécouter les enregistrements lorsqu’il y a un minimum de voix différentes.

d)  Les  interactions  entre  pairs    

Les interactions entre les apprenants rendent le travail de groupe efficace. Dans les dispositifs coopératifs, il est important de promouvoir des interactions « constructives » (Buchs, 2002, citée par Lehraus, 2010) entre les élèves. Ces dernières « conduiraient ainsi les individus à progresser, car ceux-ci s’encouragent et s’entraident pour mener à terme leurs tâches en vue de l’atteinte d’un objectif commun » (Johnson et al., 2002, cités par Lehraus, 2010, p. 49). Les élèves sont encouragés, par exemple, à donner des explications. L’apport d’explications est bénéfique pour l’apprentissage, non seulement de l’élève qui les reçoit, mais surtout de celui qui les donne (Buchs, Lehraus & Butera, 2006). Le développement des habiletés coopératives et la réflexion critique sont deux principes coopératifs dont la mise en place favorise le développement des interactions entre élèves. Ces deux principes sont développés ci-dessous.

1.3  Préparer  les  apprenants  à  coopérer  

La méthode « Apprendre ensemble » (R.T Johnson & Johnson, 1998) propose des

principes généraux pour structurer le travail de groupe facilement abordables pour

l’enseignant et ajustables selon le contexte (Buchs, sous presse). Dans cette méthode

apparaissent deux principes supplémentaires aux autres dispositifs, afin de préparer les

apprenants à coopérer : les habiletés coopératives et la réflexion critique. De plus, cette

méthode est bien documentée et a l’avantage de proposer des ressources accessibles aux

enseignants francophones (par exemple, Abrami et al., 1996 ; Howden & Martin, 1997 ;

Howden & Kopiec, 1999 ; Rouiller & Howden, 2010). C’est pourquoi, parmi les différents

dispositifs d’apprentissage coopératif existants, la méthode « Apprendre ensemble » est celle

que j’ai choisie de mettre en place pour cette recherche. Le schéma suivant regroupe les

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composantes du dispositif « Apprendre Ensemble ». Les trois composantes du bas assurent la structuration du travail en équipe, tandis que celles du haut préparent les apprenants à coopérer.

Fig. 1 : Schématisation des composantes de la méthode « Apprendre ensemble » (Buchs, sous presse).

Préparer les apprenants à coopérer

Structurer le travail en équipe

a)  Les  habiletés  coopératives    

Il n’est pas naturel pour tout le monde d’entrer en relation avec les autres efficacement,

c’est pourquoi « il faut enseigner aux élèves les habiletés sociales requises pour savoir

comment collaborer » (R. T. Johnson & Johnson, 1998, p. 114) et communiquer. Exercer les

habiletés coopératives avec les élèves peut s’avérer bénéfique pour la qualité des interactions

et des apprentissages, elles sont donc importantes pour l’efficacité du travail de groupe. Les

habiletés coopératives peuvent être simples et de tout genre, telles que apprendre à prendre sa

place et laisser sa place ; développer l’écoute active ; parler à voix basse ; etc. (Chambers et

al., 1997, pp. 16-17-18). « L’apprentissage de ces habiletés est important, parce que les

enfants peuvent les transférer d’un champ de connaissance à l’autre et s’en servir dans toutes

les sphères de leur vie » (Chambers et al., 1997, p. 18). Lors de l’activité, l’enseignant peut

observer le travail en équipe des élèves puis identifier avec eux, lors d’une discussion, quelles

habiletés permettraient de mieux travailler ensemble (Howden & Lourendeau, 2005).

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Il arrive souvent que les élèves ne sachent pas comment mettre les habiletés coopératives en pratique. Pour présenter clairement aux élèves une habileté coopérative, ces derniers peuvent être amenés à lister les comportements verbaux (paroles) et non verbaux (actions) observés lors de la mise en œuvre d’une habileté coopérative. Ces comportements peuvent ensuite être classés à l’aide d’un tableau (cf. fig. 2). Ce dernier est entièrement construit sur la base des énoncés des élèves.

Fig. 2 : Tableau à titre d’exemple

« Attendre son tour»  

J’entends Je vois

« C’est à ton tour. » Les élèves parlent chacun leur tour.

« Attends, c’est à moi de jouer. » L’élève lève la main pour montrer que c’est son tour.

« C’est à qui maintenant ?» Les élèves n’agissent pas en même temps.

Lors de leur prochain travail en équipe, les élèves devront veiller à utiliser ces

comportements pour développer l’habileté coopérative souhaitée. L’enseignant ou l’un des

élèves (selon son âge et son expérience en coopération) peut alors observer la manière dont

l’habileté est mise en pratique pour ensuite pouvoir y réfléchir lors de la réflexion critique

suivante. Il est important d’offrir régulièrement des occasions d’exercer les habiletés

coopératives. « La pratique permet d’acquérir une expérience qui servira dans les activités de

réflexion ultérieures » (Clarke et al., 1992, p. 97). Selon l’âge des élèves, les habiletés

coopératives peuvent varier. En effet, lorsqu’ils sont plus âgés et habitués à travailler

ensemble, le travail coopératif des élèves peut se porter sur la manière d’élaborer ensemble en

exerçant par exemple comment vérifier la compréhension des autres ou en suggérant des

moyens de mémorisation (Buchs, séminaire 7524AM, 2013-2014).

(17)

Buchs (sous presse) a étudié l’importance de travailler les habiletés coopératives avec des élèves de primaire. Les résultats de son étude montrent que les élèves qui ont bénéficié d’une préparation à la coopération (les élèves ont eu l’occasion, durant dix minutes, de réfléchir et de discuter sur des habiletés coopératives ciblées) ont dans l’ensemble mieux coopéré (ont montré plus de soutien envers leur partenaire, ont eu des interactions plus constructives, ...) que les élèves qui n’ont pas bénéficié de cette préparation. Buchs, Gilles et Buetera (2013) (cités par Buchs, sous presse) ont également étudié l’effet d’un travail spécifique sur les habiletés coopératives avec des étudiants universitaires. Ces derniers ont effectué des exercices dans l’une des trois conditions suivantes : travail individuel, duos coopératifs ou duos coopératifs avec sensibilisation aux habiletés coopératives. Les résultats de l’étude montrent que les meilleures performances sont obtenues par les étudiants travaillant en duos coopératifs avec sensibilisation aux habiletés coopératives. Ces étudiants ont établi une meilleure relation et une plus grande coopération avec leur pair et se sont plus investis dans leur travail que les étudiants travaillant dans les autres conditions.

Clarke et al., (1992) proposent un schéma représentant les quatre étapes du cycle d’apprentissage par lequel les individus apprennent à travailler efficacement avec les autres (pp. 90-91). La première étape pouvant débuter ce cycle est celle de la compréhension de l’habileté coopérative à travailler et de la manière de l’utiliser. La suivante est l’étape de la mise en pratique de cette habileté suivie par celle de l’expérience de celle-ci dans un travail de groupe. La dernière étape avant de recommencer le cycle est celle de la réflexion sur l’expérience du travail en groupe. Cette réflexion, souvent nommée réflexion critique, est la dernière composante du dispositif « Apprendre ensemble ».

b)  La  réflexion  critique

Cette composante du dispositif « Apprendre ensemble » concerne la réflexion qu’auront

les apprenants sur leur travail de groupe (Johnson & Johnson, 1998 ; Abrami & al., 1996 ;

Buchs, sous presse). Il est en effet « nécessaire d’enseigner [aux élèves] comment travailler

ensemble de manière efficace » (Buchs et al., 2004). Il s’agit d’un moment où l’enseignant

peut questionner et mettre en place un dialogue lors duquel chaque élève est sollicité pour

s’exprimer autour de l’activité réalisée (Howden & Laurendeau, 2005). Cette réflexion

critique peut avoir lieu à la fin de chaque séance de coopération, afin de faire le point sur les

comportements à adopter et d’identifier si une habileté permettrait aux apprenants de mieux

travailler ensemble. « Il est important d’offrir régulièrement aux élèves, à la suite des séances

(18)

de travail de groupe, des occasions de réfléchir sur l’expérience du travail en équipes et sur les façons d’utiliser les habiletés coopératives pour accroître l’efficacité des groupes » (Clarke et al., 1992, p. 99). Cette réflexion n’a pas à durer longtemps, l’essentiel est de l’intégrer à toutes les activités coopératives (Chambers et al. 1997). Elle pourra prendre la forme « d’une discussion [collective] et faire suite à une série de questions dont l’objectif sera de susciter un examen critique des comportements individuels et collectifs » (Howden & Laurendeau, 2005, p. 6). De plus, elle peut également être effectuée en début de leçon pour rappeler les objectifs de la fois précédente. L’important est de laisser parler les élèves et de les guider pour que tous les objectifs, disciplinaires ou coopératifs, soient rappelés et intégrés. Le fait de reformuler permet également aux élèves de mieux comprendre la tâche et à l’enseignant de vérifier leur compréhension.

Howden et Laurendeau (2005) proposent trois niveaux successifs pour amener chaque

fois un peu plus loin les élèves dans la réflexion. Le premier niveau, l’introspection, invite les

élèves à s’auto-évaluer en répondant à certaines questions relatives à leurs comportements et à

leur participation lors de la tâche. Moorman et Dishon (1983, cités par Abrami et al., 1996),

affirment que le fait d’inviter « les élèves à participer au processus d’évaluation, [produira

chez eux le] sentiment d’exercer un pouvoir sur leur évaluation » (p. 112) et ceci favorisera

également leur responsabilité individuelle (Abrami et al., 1996). L’auto-évaluation est une

procédure impliquant l’élève dans la formulation d’une appréciation par rapport à ses acquis

et à sa démarche (Tessaro, UF 742722, 2011-2012). Ainsi, elle donne du sens aux

apprentissages et « […] permet à l’élève de s’évaluer à partir d’objectifs précis et de divers

critères » (Howden & Laurendeau, 2005, p. 124). Le second niveau est celui de la réflexion

sur la participation des membres de l’équipe. Les élèves doivent non seulement évaluer leur

propre participation, mais aussi celle des membres de leur équipe. L’évaluation par les pairs

(Abrami et al., 1996) peut installer un certain malaise entre les élèves lors des premières fois,

en effet, « les élèves peuvent manquer d’expérience dans l’évaluation des pairs et craindre de

blesser leurs camarades » (p. 114). C’est pourquoi il est nécessaire, tout au long des séances,

de pratiquer l’évaluation par les pairs ou l’auto-évaluation, afin que l’élève s’habitue à

recevoir des rétroactions. Finalement, le troisième niveau concerne celui de la réflexion de

l’équipe. Les questions sont posées à tous les membres de celle-ci et un consensus doit être

établi pour chaque réponse (Howden & Laurendeau, 2005). Ces retours permettent aux élèves

de se sentir écoutés et ainsi de donner du sens aux apprentissages. Le fait de leur poser des

questions sur le fonctionnement de l’équipe les implique davantage dans l’évaluation de leur

travail de groupe (Abrami et al., 1996).

(19)

Les buts de cette réflexion sont donc « de clarifier et d’améliorer l’efficacité des membres pour atteindre les objectifs communs » (Johnson & Johnson, 1998, p. 116), d’améliorer la qualité du travail de groupe, d’augmenter la responsabilité individuelle et les efforts, d’expliciter le processus d’apprentissage, d’éliminer les actions inappropriées et de stimuler les relations de travail efficace (Buchs, séminaire 7524AM, 2013-2014). Les élèves sont amenés, lors de cette discussion, à parler concrètement des comportements listés dans le tableau (fig. 2) mentionné précédemment.

L’importance de cette réflexion critique est soulignée par deux recherches effectuées dans des classes avec des élèves plus âgés. La première (Yager, Johnson, & Snider, 1986) a comparé, pendant 25 séances, trois conditions de travail : 1) des élèves travaillant individuellement, 2) des groupes d’élèves travaillant dans des conditions d’apprentissage coopératif sans réflexion critique, 3) des groupes d’élèves travaillant dans des conditions d’apprentissage coopératif avec cinq minutes de réflexion critique. Les résultats de l’étude démontrent, non seulement que les conditions d’apprentissage coopératif engendrent de meilleurs apprentissages scolaires, mais aussi que la réussite quotidienne, la performance ainsi que la rétention des contenus travaillés à long terme sont améliorés par la présence de la réflexion critique à la fin de l’activité. En effet, « having members of cooperative learning groups discuss how well their group is functioning and how they may improve its effectiveness has sizable and positive effect on student achievement » (Yager, Johnson, &

Snider, 1986, p. 395).

La seconde recherche (Johnson, Johnson, Stanne & Garibaldi, 1990, cités par Buchs,

2014) étudie l’importance du rôle actif des apprenants lors de la réflexion critique à

l’université. Trois conditions de travail ont été comparées : des étudiants travaillant 1) de

manière individuelle, 2) dans des conditions d’apprentissage coopératif sans réflexion

critique, 3) dans des conditions d’apprentissage coopératif avec un travail de trois habiletés

coopératives ciblées (résumer les actions et les idées de tous les membres, encourager la

participation de tous et vérifier l’accord entre les membres) avec une réflexion critique suite à

l’activité. La réflexion critique était introduite sous deux formes différentes et menée soit par

l’enseignant en collectif, soit par l’enseignant et reprise par les étudiants dans les petits

groupes. Comme pour la première recherche, les résultats démontrent que les conditions

d’apprentissage coopératif favorisent la qualité des apprentissages par rapport au travail

individuel. En ce qui concerne les conditions d’apprentissage coopératif, les meilleures

performances scolaires sont obtenues par les apprenants qui ont pu prendre une part active à

la réflexion critique.

(20)

Bien que ces études soient menées avec des apprenants plus âgés, elles soulignent l’importance d’effectuer des réflexions critiques après les activités coopératives et préconisent la participation des apprenants lors de celles-ci.

1.4  Le  rôle  de  l’enseignant  dans  l’apprentissage  coopératif

L’enseignant a un rôle important à jouer dans la mise en place d’activités de pédagogie coopérative. Tout d’abord, il lui revient de concevoir et de planifier des activités qui permettront aux élèves de développer leurs capacités à collaborer (Howden & Laurendeau, 2005). De plus, lorsque les équipes sont en action, il est important de les observer. Il est possible pour l’enseignant d’intervenir dans les équipes lorsqu’il constate un blocage, cependant, « de trop fréquentes interventions risquent de réduire la coopération au sein du groupe et d’empêcher les élèves d’apprendre les uns des autres » (Abrami, et al., 1996, p.

112). Il peut être utile de créer une grille d’observation afin de prendre des notes sur ce qui pourra être discuté lors de la réflexion critique (Howden & Laurendeau, 2005). Lors de cette dernière, le rôle de l’enseignant sera d’évaluer les objectifs d’un point de vue disciplinaire et social.

1.5  Les  valeurs  de  la  coopération    

Travailler en coopération signifie également favoriser certaines valeurs afin de créer un

climat positif d’esprit d’équipe. Howden et Martin (1997), Rouiller et Howden (2010) ainsi

que Howden et Laurendeau (2005), recommandent plusieurs valeurs pouvant être mises en

rapport avec les expériences des élèves afin qu’ils comprennent leur importance lors d’un

travail en coopération. L’équité, l’ouverture à soi, aux autres et au monde, l’engagement, la

solidarité, le respect mutuel, ainsi que l’entraide sont les valeurs les plus récurrentes dans les

ouvrages sur la coopération. Il est possible d’utiliser les structures coopératives et les

principes coopératifs sans définir les valeurs coopératives, cependant, la pédagogie

coopérative dans toute sa complexité ne serait ainsi pas mise en œuvre (Rouiller et Howden,

2010). Il est donc primordial, selon Rouiller et Howden (2010), « de discuter avec les élèves

de l’importance de chacune des valeurs dans la culture de la classe » (p. 87). Howden et

Laurendeau (2005), proposent également des activités pour travailler les valeurs au sein de la

classe (pp. 15-26).

(21)

2.  La  coopération  avec  de  jeunes  élèves    

2.1  Elèves  en  début  de  scolarité  

Lorsqu’ils sont en début de leur scolarité, il y a tout un travail de socialisation à faire avec les élèves. Certains d’entre eux ne sont jamais allés à la crèche et n’ont peut-être jamais été mis en contact avec d’autres enfants. C’est après avoir vécu une première rentrée scolaire que je peux affirmer cela. En arrivant à l’école, les élèves de 4 ans doivent s’adapter à de nouvelles règles, mais surtout au simple fait d’être plusieurs enfants dans la classe. Ils doivent ainsi parvenir à se décentrer d’eux-mêmes et apprendre à interagir avec leurs pairs.

2.2  Jeunes  élèves  et  apprentissage  coopératif  

Ces caractéristiques des élèves en début de leur scolarité laissent à penser qu’il est peut- être difficile de les concilier avec l’idée de la coopération (Lehraus, 2002). Selon Piaget (1967, cité par Lehraus, 2010), « avant l’âge de sept-huit ans, les structures propres à la pensée naissante excluent la formation des rapports sociaux de coopération » (p.18). Ce concept de pensée égocentrique encore présent dans le monde scolaire, ainsi que le manque d’autonomie des jeunes enfants, sont souvent invoqués comme des obstacles au bon fonctionnement à la qualité des apprentissages lors du travail de groupe (Lehraus, 2010).

Cependant, selon Chambers et al. (1997), bien que « les jeunes enfants possèdent des qualités qui facilitent leur participation active aux activités coopératives [d’autres] inhibent cette participation » (p. 5). Ces auteurs développent ces qualités inhibitrices ou favorisant l’apprentissage coopératif.

2.2.1  Les  qualités  inhibant  l’apprentissage  coopératif  

L’égocentrisme : Les jeunes élèves n’ont pas encore développé toutes les habiletés cognitives facilitant l’interaction avec les autres et ont ainsi du mal à prendre le point de vue d’un tiers. C’est pourquoi il est important de commencer les activités de coopération en groupes restreints (deux à trois élèves) afin qu’il n’y aient pas trop de points de vue à prendre en compte par les élèves.

Les habiletés sociales peu développées : Les habiletés sociales sont encore peu

développées chez les jeunes enfants, surtout si ceux-ci n’ont pas été fréquemment mis en

relation avec d’autres enfants de leur âge avant l’école. C’est pourquoi il est important de leur

(22)

donner « l’occasion de mettre en pratique les habiletés sociales qui correspondent à leur stade de développement » (Chambers et al., 1997, p. 6).

Attention de courte durée : Les élèves en début de scolarité possèdent une attention et une concentration d’une durée relativement courte. C’est pourquoi il est nécessaire de prévoir des activités coopératives courtes et dynamiques afin de garder les élèves impliqués tout au long de la tâche.

Besoin de gratification immédiate : Les jeunes enfants perdent rapidement de l’intérêt lorsque les tâches se prolongent sur de longues périodes. Ils ressentent le besoin de voir le résultat de leur travail rapidement.

Habiletés langagières limitées : Les interactions entre pairs ne sont pas évidentes à cet âge-là puisque les habiletés langagières des élèves ne sont pas encore entièrement développées. « Les enfants plus jeunes peuvent acquérir des habiletés langagières et de raisonnement au contact d’enfants plus avancés » (Chambers et al., 1997, p. 6), en groupes restreints.

Impulsivité : Les jeunes élèves ne maîtrisent pas encore totalement leurs impulsions.

Les activités proposées doivent, par conséquent, capter et maintenir leur attention jusqu’à la fin.

Capacité de lecture restreinte : Les premiers pas dans l’apprentissage de la lecture s’effectuent en cours de deuxième année primaire (2P). La majorité des jeunes élèves ne savent donc pas encore lire. Par conséquent, il est important de proposer des « activités concrètes pendant lesquelles les élèves manipulent de vrais objets » (Chambers et al., 1997, p.

6) et d’éviter celles comportant de la lecture.

2.2.2  Les  qualités  favorisant  l’apprentissage  coopératif  

Les jeunes élèves possèdent également des qualités favorables aux démarches coopératives. Selon Chambers et al., (1997) « les jeunes enfants possèdent beaucoup de qualités qui facilitent leur participation aux activités interactives et il faut en tenir compte pour établir un programme d’apprentissage coopératif adapté à eux » (p. 7).

Peu d’inhibitions : Les jeunes enfants ont plus de facilité à participer aux activités de

groupe car ils ne sont pas encore timides et appréhendent moins les prises de risques face à

leurs camarades.

(23)

Curiosité : Les jeunes enfants débordent souvent de curiosité, c’est pourquoi ils sont généralement partants pour découvrir de nouvelles activités, il faut ainsi, en tant qu’enseignant, profiter de ces moments de curiosité.

Besoin de bouger : Les jeunes enfants éprouvent un grand besoin de bouger. Ainsi, il est important de proposer des activités contenant du matériel à manipuler (Chambers et al., 1997) et de varier les espaces de travail.

Besoin de socialiser : La sociabilité est généralement naturelle chez les jeunes enfants, ils aiment jouer avec les autres et ne sont pas gênés par les différences de sexes ou raciales (Chambers et al., 1997).

Peu d’idées préconçues sur l’école : Les élèves en début de scolarisation perçoivent l’école comme un lieu où l’on découvre des choses et n’ont pas encore de pensées négatives à son sujet. Il faut profiter de cette représentation pour leur proposer de nouvelles activités par lesquelles ils seront motivés à participer.

2.3  Jeunes  élèves  et  réflexion  critique    

La thématique de cette étude porte principalement sur la réflexion critique car ce

principe est malheureusement souvent négligé lors des séances de coopération, ceci est peut-

être dû au fait que peu d’ouvrages indiquent comment guider les enseignants dans ce

processus. Pourtant, c’est lors de ces moments de discussion que les élèves sont amenés à

réfléchir sur leur pratique grâce aux échanges et c’est lors de ces moments que nous,

enseignants, pouvons les aider à comprendre l’importance de la coopération, du dialogue

entre pairs et de l’appartenance au groupe-classe. Avec des élèves en début de scolarité, ces

moments d’échanges semblent avoir moins d’importance ou du moins paraissent plus

complexes à mener. L’attention momentanée et le manque de contrôle de leurs impulsions

(Chambers et al., 1997) sont des facteurs pouvant décourager un enseignant souhaitant mettre

en place des réflexions critiques avec de jeunes élèves. Par conséquent, il est nécessaire de

proposer à ces élèves des moments lors desquels ils peuvent acquérir les habiletés sociales,

langagières et cognitives favorisant leur capacité à coopérer (Chambers et al., 1997).

(24)

PROBLEMATIQUE  ET  QUESTIONS  DE  RECHERCHE

L’apprentissage coopératif comporte de nombreux avantages dont le développement de l’autonomie, l’appropriation du savoir et la connaissance de nouvelles méthodes de travail.

Cependant, « sa mise en place pose quelques difficultés pouvant contraindre l’enseignant à ne pas l’organiser » (Buchs et al. 2004, p. 168). Cet abandon face aux contraintes est d’autant plus fréquent dans les classes élémentaires que celles de division moyenne. Lehraus (2010), met en avant deux problèmes identifiés en tant qu’obstacles potentiels à la mise en place d’activités coopératives : les difficultés de gestion du travail de groupe par l’enseignant (Blatchford et al., 2003 ; Kutnick et al., 2008) et les craintes concernant son efficacité, notamment avec de jeunes élèves (Baines et al., 2003 ; Bennett, 1991) p.119. J’ai moi-même constaté cela lors de mes différents stages ou discussions entre collègues. Le travail de groupe est présent dans les classes élémentaires, cependant la structure coopérative l’est beaucoup moins. J’ai pu observer que les enseignants ne prennent pas le temps de mettre en place cette pratique, car sa mise en œuvre au quotidien ne se révèle pas toujours évidente sans accompagnement (Lehraus & Berthiaud, non publié). De plus, si certains tentent de structurer le travail de groupe de manière coopérative en classe élémentaire, rares sont ceux qui prennent le temps d’effectuer les moments de réflexion critique. Comme mentionné précédemment, ces moments apportent pourtant de nombreux bénéfices au bon fonctionnement du travail de groupe, puisqu’ils permettent d’amener les apprenants à proposer des objectifs pour améliorer la qualité de leur travail, et ainsi de leur apprendre à travailler ensemble de manière efficace (Abrami et al., 1996).

Le nombre restreint d’ouvrages publiés en français sur les méthodes coopératives avec

des élèves de classes élémentaires semble insuffisant pour que les enseignants se sentent aptes

à les mettre en place. Lehraus (2010), souhaitant combler ce manque, se centre sur les

habiletés coopératives dans les classes élémentaires. Afin d’enrichir son travail et d’apporter

plus de réponses aux enseignants, ma recherche concerne également les habiletés coopératives

mais aussi la gestion de la réflexion critique avec de jeunes élèves. En effet, la réflexion

critique est, selon de nombreuses recherches, nécessaire au travail de groupe chez les élèves

plus âgés, mais qu’en est-il chez les plus jeunes ?

(25)

Les questions qui émergent quant à cette composante coopérative qu’est la réflexion critique sont les suivantes :

Comment l’enseignant guide-t-il une réflexion critique lors d’activités de pédagogie coopérative avec des élèves de 5 ans ?

Comment, en tant qu’enseignant, introduire une réflexion critique sur la tâche scolaire ?

Comment, en tant qu’enseignant, introduire une réflexion critique sur le fonctionnement en groupe ?

Comment relancer, réguler et intervenir dans la discussion afin de fixer les actions à améliorer et les objectifs à atteindre ?

Comment faire émerger les habiletés coopératives au cours d’une réflexion critique ?

Quelles sont les habiletés coopératives et les stratégies d’apprentissage qui émergent d’une discussion avec des élèves de 5 ans ?

 

(26)

REPERES  METHODOLOGIQUES  

 

A.  DISPOSITIF  DE  L’ETUDE    

1.  Population  et  contexte  de  la  recherche  

Cette recherche s’effectue dans une école primaire genevoise dans laquelle je travaille en tant qu’ECSP à 50%. La population ciblée représente trois groupes de 14 élèves de 2P formés d’un mélange de deux classes. N’étant pas titulaire d’une classe, j’ai sollicité deux collègues qui ont répondu favorablement à ma demande. L’une d’elles est particulièrement intéressée par les démarches d’apprentissage coopératif et a déjà tenté des activités avec ses élèves l’année précédente. Habituellement, avec ces deux enseignantes, nous effectuons des décloisonnements et organisons des jeux de mathématiques. Lors de ces décloisonnements, les élèves des deux classes sont mélangés et sont divisés en trois groupes de 14 élèves. Pour cette recherche, j’ai travaillé successivement avec les trois groupes d’élèves durant trois périodes de 45 min. Ainsi, le nombre total de périodes de cette étude est de neuf (trois périodes par groupe-classe) réparties sur six semaines.

Afin d’affiner la mise en place des dispositifs, j’ai choisi d’utiliser le premier groupe comme groupe pilote, des ajustements ont été effectués entre ce premier groupe et les suivants. Ainsi, uniquement les deux derniers groupes sont analysés afin de répondre aux questions de recherche.

2.  Choix  de  la  discipline  et  de  la  tâche  

Puisque cette période de la semaine est normalement consacrée aux mathématiques, je me suis mise d’accord avec les enseignantes pour trouver une activité adéquate, restant dans le domaine et s’encrant dans le programme. Je me suis référée à l’ouvrage (non publié) de Lehraus et Berthiaud pour trouver l’activité « Sudoku » (annexe I) adaptée au niveau et à l’âge des élèves. Lors des trois séances, les élèves ont dû, par équipes de deux, remplir une grille selon les règles du jeu Sudoku

2

.

                                                                                                               

2  Le Sudoku est un jeu de logique dont le but est de remplir une grille avec des nombres selon la règle suivante : un même

nombre ne peut pas se trouver deux fois dans la même ligne, colonne ou zone proche.

(27)

L’objectif disciplinaire (relatif au PER : MSN11 et MSN12) de cette activité fait partie du domaine des mathématiques et concerne : « la mise en œuvre d’une démarche de résolution de problème ». Selon la grille de planification proposée par Lehraus et Berthiaud, l’objectif relié à la coopération est celui d’attendre son tour. Cette habileté coopérative est choisie à priori par les auteures en fonction de la tâche : les élèves doivent, l’un après l’autre, selon les règles proposées, remplir la grille en posant une pièce. Cependant, d’autres habiletés pourraient être mises en avant suite à la réflexion critique.

Certains points de l’activité ont été modifiés pour les besoins de la recherche. Lors de chaque séance, une grille différente a été proposée aux élèves. Dans la première des grilles, correspondant à la première séance (annexe II), les chiffres habituellement présents dans les Sudokus ordinaires sont remplacés par des animaux. Dans la deuxième grille, et donc lors de la deuxième séance, les élèves doivent placer des jetons avec les lettres A-B-C-D écrites dessus, de quatre couleurs différentes selon les lettres (annexe III). Finalement, lors de la dernière séance, la grille (annexe IV) est à remplir avec des jetons uniquement de quatre couleurs différentes. En outre, également lors de cette dernière séance, les élèves les plus rapides ont été confrontés à une grille entièrement vide (annexe V) qu’ils ont dû remplir avec des jetons de couleur.

J’ai planifié ainsi l’ordre des grilles en estimant qu’il allait du plus simple au plus complexe, afin que les élèves, n’ayant jamais effectué de Sudoku, puissent intégrer les règles du jeu et découvrir les stratégies de résolution de problème pas à pas. Le choix des illustrations ainsi que la quantité de cases initialement remplies font partie des variables didactiques (« un élément de la situation qui peut être modifié par le maître, et qui affecte la hiérarchie des stratégies de solutions (par le coût, la validité, la complexité) » (Briand, 1991)) et peuvent être modifiés par l’enseignant. C’est pourquoi j’ai choisi des illustrations plus

« ludiques » ainsi qu’un nombre restreint de cases à remplir afin que la tâche soit adaptée au niveau des élèves. Le choix de mettre des couleurs sur les jetons de la deuxième activité est également pour faciliter la tâche aux élèves qui ne sont pas à l’aise avec les lettres.

Dans l’activité initiale, les fondatrices de l’activité proposent de faire travailler les

élèves par groupes de quatre, chaque élève possédant une des quatre couleurs de jetons à

poser. Ainsi, l’interdépendance positive est claire, puisque tous les élèves sont obligés de

jouer pour terminer l’activité. En préparant l’activité, j’ai choisi de mettre les élèves en duos

et de rassembler toutes les couleurs de jetons dans une même boîte. Les deux élèves pouvaient

ainsi poser la couleur qu’ils souhaitaient.

(28)

3.  Formation  des  équipes  

Pour chacune des séances, les élèves sont par équipes de deux. Les élèves sont donc divisés en sept duos, formés de manière aléatoire. Ce choix du hasard pour la formation des équipes se justifie par le manque de connaissance de ma part des personnalités et habiletés de chacun. De plus, mon but étant d’enseigner aux élèves à coopérer avec n’importe quel enfant, je ne souhaite pas demander aux enseignantes ce qu’elles en pensent pour ne pas partir sur une base de préjugés. « Apprendre à travailler avec les autres, même avec ceux qui sont très différents de soi, constitue une habileté très utile que les élèves devraient avoir l’occasion d’exercer le plus souvent possible » (Abrami et al., 1996. p. 66) et selon moi, dès leur plus jeune âge.

Ainsi, chaque élève doit tirer au sort une étiquette (rouge ou verte, annexe VI) sur laquelle est inscrit un numéro compris entre un et sept. Les élèves ayant tiré le même numéro mais d’une couleur différente (p. ex. le 1 rouge et le 1 vert) se mettent ensemble et forment une équipe (p. ex. équipe n°1). Les équipes formées lors de la première séance resteront les mêmes jusqu’à la fin de la recherche, afin de laisser le temps pour qu’une relation se crée entre les élèves. « En changeant de groupe trop souvent, on ne laisse pas non plus aux membres le temps d’établir un climat de confiance et un esprit d’équipe » (Abrami et al., 1996. p. 65).

4.  L’auto-­‐évaluation  

Lors de la troisième et dernière séance, j’ai proposé aux élèves de s’auto-évaluer à l’aide d’une grille (annexe VII). Cette dernière contenait deux critères d’évaluation, le premier j’ai respecté mon rôle et le second, j’ai joué quand c’était mon tour et j’ai laissé l’autre jouer lorsque c’était son tour. Les élèves doivent cocher s’ils ont oui ou non respecté les critères.

Pour une bonne utilisation de l’auto-évaluation, il est important d’être soi-même en

adéquation avec ce mode d’évaluation. Jusqu’où acceptons-nous les appréciations de l’élève ?

Si ce dernier s’évalue positivement alors qu’il n’a pas atteint les objectifs demandés ou, dans

le cas contraire, s’il se déprécie, comment réagir ? À partir du moment où je donne la

responsabilité à l’élève de s’auto-évaluer, il est important selon moi, de lui laisser son

jugement, quitte à lui faire un commentaire de ce que j’ai observé. Puisque je n’avais pas

travaillé avec eux l’auto-évaluation et que selon moi, il s’agit d’une démarche qui s’exerce,

j’ai laissé les élèves remplir leur grille et m’expliquer leur choix, tout en leur donnant mon

(29)

propre avis.

5.  La  méthode  de  recueil  des  données  

La méthode utilisée afin de trouver réponses à mes questions est celle de l’observation directe et participante avec instrumentation. Les comportements sont non seulement observés sur le moment par le chercheur mais sont également filmés afin de pouvoir être visualisés plusieurs fois. « Le chercheur [ici, moi-même,] peut être attentif à l’apparition ou à la transformation des comportements, aux effets qu’ils produisent et aux contextes dans lesquels ils sont observés […] » (Quivy & Van Campenhoudt, 1995, p. 199).

J’ai fait le choix de l’observation participative, car il s’agit selon moi de la méthode qui m’apportera le plus de réponses et d’expériences. En effet, elle me permet d’observer en direct les comportements des élèves, de m’entraîner à la mise en place et à la gestion d’activités structurées par la coopération, et finalement, d’analyser ma propre pratique afin de l’améliorer.

Les données recueillies proviennent majoritairement d’enregistrements vidéo. Comme mentionné précédemment, avoir une double fonction (celle d’enseignante et celle d’observatrice) lors de ces séances n’est pas évident. De plus, « le chercheur ne peut se fier à sa seule mémoire des événements saisis sur le vif car la mémoire est sélective [en outre,] la prise de notes au moment même n’est pas toujours possible ni souhaitable […] (Quivy & Van Campenhoudt, 1995, p. 202). C’est pourquoi, chaque groupe d’élèves est filmé afin que je puisse observer minutieusement chacun des comportements. Des enregistreurs audio sont de plus mobilisés pour les élèves dont les parents refusent que leur enfant soit filmé.

J’ai observé, tout en prenant des notes sur le moment, les comportements des élèves en duos. Pour ce faire, je souhaitais utiliser une grille d’observation, cependant, je n’ai pas réussi à la remplir lors de la première séance tant j’étais sollicitée par les élèves. Les observations ont été réduites à quelques prises de notes sur feuille vierge. Ces prises de notes directes m’ont servi d’appui lors de la réflexion critique. Cela m’a ensuite permis « de discuter des démarches à entreprendre en vue de modifier le comportement des membres de l’équipe » (Howden & Laurendeau, 2005, p. 7).

Peu de traces écrites par les élèves sont récoltées, puisqu’il s’agit d’activités de

manipulation et que les élèves ont peu d’occasions d’en produire.

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