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Article pp.245-255 du Vol.5 n°2 (2007)

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Texte intégral

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de la pédagogie en ligne

Michel Galindo — Daniel Marquié

Laboratoire IRIT

Université Paul Sabatier - Toulouse III 118 Route de Narbonne

F-31062 Toulouse cedex 4 galindo@irit.fr - marquie@irit.fr

RÉSUMÉ. Pour un apprenant distant, utilisateur d’une plate-forme d’e-Learning, plusieurs problèmes se posent par rapport à un étudiant ayant accès à des environnements de travaux pratiques traditionnels. Au-delà des problèmes bien connus liés au manque de co-localité de l’enseignant et de l’apprenant, les problèmes de configuration matérielle et logicielle du poste de travail utilisé par l’apprenant distant ont un impact lourd sur la formation. Pour des formations autour de l’informatique, nos travaux proposent une réponse à cette problématique à travers la mise à disposition de laboratoires constitués de machines virtuelles distantes. Cet environnement virtuel permet d’offrir à l’apprenant distant des postes d’entraînement, équipés avec les systèmes d’exploitation et les paramètres réseau appropriés, et pré configurés avec les logiciels nécessaires à ses enseignements. Cette approche permet la mise en place de scénarii de travaux pratiques innovants, facilite les activités collaboratives et améliore la pédagogie en ligne. Nous présentons quelques utilisations, les résultats obtenus et les perspectives de passage à l’échelle.

ABSTRACT. A remote trainee using an e-learning platform is faced with the issue of not having access to the traditional lab environment. Beyond well known issues related to the lack of face-to-face communication, the software and hardware configuration of the workstation they use remotely is also a critical issue. This paper presents solutions to these problems by proposing the use of laboratory sessions built on top of remote virtual systems dedicated to software developers training. This virtual environment makes it possible to define and setup workstations for trainees featuring operating systems, network configurations and pre- installed and parameterized software needed for training according to pedagogical requirements. It also efficiently supports the definition of innovative training scenarios, the cooperation and collaboration activities thus improving remote teaching and remote learning. We then draw conclusions on these experiments and discuss issues related to the scalability in term of number of trainees.

MOTS-CLÉS : apprentissage et enseignement à distance, laboratoires virtuels, TP virtuels.

KEYWORDS: remote learning and teaching, virtual labs, virtual laboratory sessions

DOI:10.3166/DS.5.245-255 © Cned/Lavoisier

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1. Le problème des manipulations pratiques dans un dispositif de FOAD

La formation ouverte à distance (FOAD) s’adresse principalement à des apprenants distants, éloignés des centres de formations, ou à des personnes ayant peu de disponibilités pour suivre des cours en présentiel. En pratique, l’e-Learning est très souvent utilisé en complément des formations traditionnelles. Le modèle de formation se compose invariablement de deux parties : des contenus adaptés à l’accès distant, et un accompagnement pédagogique fort, sous forme de tutorats significatifs pour compenser l’éloignement des enseignants (Cochard, 2002).

Contrairement à l’idée communément admise que la mise en ligne des supports est coûteuse en temps et en ressources, nous pensons que le véritable investissement doit porter sur les services d’accompagnement. Pour une grande majorité d’apprenants, simuler le présentiel reste une des clés de voûte d’un téléapprentissage réussi. Aux travers d’activités asynchrones (suivi du temps de travail, remises de devoirs programmées, échanges par mail ou forum) mais encore plus par des activités synchrones (tutorats planifiés, individuels ou par petits groupes, visioconférences..), l’apprenant doit avoir la perception d’une présence, même lointaine, d’une équipe d’enseignants, d’un support technique, d’une présence administrative, ainsi que des autres apprenants qui sont dans le même cas que lui.

Les services d’accompagnement pédagogique, et notamment le tutorat, pallient l’éloignement en terme de soutien à la compréhension des contenus.

Dans de nombreuses disciplines scientifiques, et en particulier en informatique, des travaux pratiques sont nécessaires pour assimiler les cours et maîtriser certains outils (Beney, 2004). De nouveaux services accessibles sur Internet, peuvent ainsi être offerts aux étudiants pour réaliser leurs manipulations pratiques (Hua, 2003).

Selon le schéma classique, le transfert de compétences se fait sur la base du triptyque : cours théoriques, travaux dirigés et travaux pratiques. Dans le contexte de l’e-Learning, les contenus en ligne peuvent être associés aux cours, le tutorat aux travaux dirigés mais, bien souvent, les manipulations pratiques nécessitent un environnement technique bien particulier, que l’apprenant distant n’a pas souvent à sa disposition (Roesch, 2005). Comment pratiquer effectivement tel enseignement d’algorithmique, de programmation, de développement, de bases de données, de conception objet… lorsqu’on n’a pas de salle de TP à disposition, ou une machine personnelle supportant l’installation du logiciel sur lequel porte le cours ? Ceci est bien sûr le cas pour toutes les formations en informatique, mais bien des disciplines s’appuient sur des ordinateurs pour simuler des manipulations pratiques (Pierre, 2003).

Des laboratoires virtuels dédiés à des manipulations informatiques existent [1], mais ils ont généralement des objectifs d’apprentissage très ponctuels. Le concept de

« machines virtuelles au service de la pédagogie en ligne » permet d’apporter des solutions fonctionnellement plus ouvertes, avec une souplesse considérable dans la préparation et la mise à disposition des ateliers, ainsi que des possibilités enrichies dans l’accompagnement pédagogique (Bossard, 2006).

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2. Les éléments technologiques du laboratoire virtuel

Un laboratoire virtuel peut être considéré comme un ensemble de machines virtuelles, agencées en fonction d’objectifs pédagogiques. Le couplage des techniques de virtualisation d’une part, et le déport d’interface d’autre part, permet la mise à disposition des machines virtuelles.

2.1. Les technologies de virtualisation

Le dispositif de virtualisation permet de faire fonctionner simultanément plusieurs machines virtuelles sur une machine réelle ; cette machine physique est appelée « ordinateur hôte » et les machines virtuelles « ordinateurs invités ».

Chaque machine virtuelle invitée dispose de son propre système d’exploitation, de ses propres applications, de son propre environnement de connexion. A partir d’un seul ordinateur hôte, qui joue le rôle de serveur de machines virtuelles, il est possible de bâtir un parc de machines virtuelles autonomes, accessibles sur le réseau local ou depuis Internet, et indifférentiables de machines réelles.

Trois acteurs majeurs sont présents sur ce marché : VMware reste la référence car il est le plus ancien avec les produits les plus aboutis ; plus récemment, sont venus se rajouter Microsoft, ainsi que les produits XEN, User Mode Linux... Après avoir exploité VMware pour nos premières maquettes, nous avons basculé sur le produit Virtual Server 2005 de Microsoft. Nous présentons ci-dessous l’architecture de cette solution.

Figure 1. Les différentes couches d’un serveur de machines virtuelles

– la couche inférieure correspond au hardware du serveur physique. Ce matériel à base de processeur Intel, doit présenter des possibilités importantes de montée en

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c) Virtual Server 2005

b) Windows Server 2003 (ordinateur hôte)

a) Serveur x86/x64 (matériel physique)

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charge. Il faut en effet, que le serveur puisse faire fonctionner correctement les machines virtuelles invitées quand leur nombre augmente ?

– le système Windows Server 2003 assure la répartition de charge entre les différentes machines invitées. Les fonctions d’ordonnancement du noyau de Windows 2003 sont utilisées pour gérer au mieux l’activité des hardwares virtuels et des systèmes d’exploitation invités ;

– le produit Virtual Server 2005 permet, entre autres, de créer et de définir les caractéristiques des machines virtuelles (taille de la RAM, configuration des disques, connectique réseau...). Il permet également de gérer les différentes topologies de connexion réseau entre les systèmes virtuels et l’environnement réel ;

– le logiciel Virtual Server permet d’émuler le matériel virtuel sur le hardware réel. Ce matériel virtuel est standard et identique pour toutes les machines virtuelles.

L’ensemble du système est constitué de matériel de base, de périphériques normalisés, qui ne nécessitent pas de drivers particuliers. Par contre, il n’y aura pas de possibilité de personnaliser ce hardware virtuel ;

– la dernière couche est constituée du système d’exploitation et des applicatifs que l’on va installer sur ce matériel émulé. Tous les principaux OS fonctionnant sur X86 sont supportés (Linux, Netware, Solaris, Windows). Pour le système d’exploitation, il n’y a aucune différence entre une installation sur un ordinateur réel ou un ordinateur virtuel. On va enfin installer des applications, faire fonctionner ces machines comme des machines réelles, sauf que, physiquement, il n’y a pas de châssis, de clavier, de souris ou d’écran.

2.2. Le déport d’interface

Par définition, une machine virtuelle n’a donc qu’une existence logique et aucune existence physique. Comme nous l’avons déjà constaté, le système virtuel n’a pas de périphériques d’entrée/sortie. L’accès ne peut se faire qu’à travers le principe du « Déport d’interface », également appelé « Bureau à distance » ou « services de terminaux ».

Ainsi, depuis un simple accès internet grand public de type ADSL, il est possible d’envoyer les entrées clavier-souris ; la machine distante retourne alors les directives d’affichage de l’écran. Ce principe de bureau déporté s’appuie sur des protocoles peu consommateur en bande passante (Citrix MetaFrame, TSE Microsoft) qui permettent d’accéder à des serveurs de terminaux depuis un client léger.

2.3. L’accès distant au parc de machines virtuelles

L’association de ces deux technologies permet d’offrir l’accès, non pas à un serveur de terminaux, mais à un serveur de machines virtuelles. Il devient alors possible de prendre possession d’un ordinateur entièrement virtuel mais dont le

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fonctionnement est totalement identique à celui d’un ordinateur réel. On peut également noter la possibilité de démarrer, et donc de visualiser simultanément sur un même écran, plusieurs machines distantes.

Figure 2. Schéma d’accès distant aux machines virtuelles

Il est bien sûr évident que, dans un contexte d’e-Learning, l’apprenant doit être capable d’accéder à ces machines depuis un point d’accès distant le plus banalisé possible. Lorsque la machine virtuelle est directement accessible depuis Internet, tous les outils standard de connexion à un bureau distant sont exploitables. Si ce n’est pas le cas, il est possible d’installer un logiciel client dédié et de sécuriser les communications avec le serveur physique hôte.

2.4. Quelques caractéristiques intéressantes des machines virtuelles

Au-delà de la simple émulation d’un ordinateur physique, le principe de virtualisation apporte des fonctionnalités intéressantes pour nos besoins [2].

D’une part, toute machine virtuelle est totalement encapsulée dans deux fichiers manipulables au niveau du système d’exploitation de l’ordinateur hôte. Un fichier reprend le contenu du ou des disques durs avec l’ensemble des données du système virtuel, le deuxième décrit en XML la configuration et les métadonnées du système invité. Une simple copie de ces deux fichiers permet de réaliser autant de clones que l’on souhaite du système virtuel original.

D’autre part, le logiciel de virtualisation permet de définir des disques de différences et des disques d’annulation. Les disques virtuels de différences permettent de construire une hiérarchie de disques, avec un disque parent et des disques enfants. Le disque parent est verrouillé en lecture seule, les modifications impactent uniquement les disques enfants. Il est ainsi possible de bâtir une machine de référence avec son système d’exploitation, tous les applicatifs nécessaires, les caractéristiques de sécurité voulues, les paramètres de connexion… Ce disque parent est ensuite verrouillé en lecture seule et constitue un socle sur lequel des disques

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enfants vont s’appuyer. Cette technique apporte un gain de place et de performances puisque, à partir d’un seul disque socle, il est possible de déployer des dizaines de disques enfants qui reprendront à ce disque parent les éléments communs et qui stockeront uniquement leurs différences. Cela permet de définir une machine type et, ensuite, de laisser des possibilités d’évolution différenciée sur des machines enfants.

Les disques d’annulation permettent de stocker dans un fichier séparé les modifications effectuées ; à tout moment, ces modifications peuvent être acceptées ou annulées. A côté du disque de base, un disque de modification n’existe que pendant la durée de vie de la session. Il est ensuite possible d’annuler les modifications apportées au système virtuel ou d’accepter ces modifications qui seront alors fusionnées avec le disque de base.

Au niveau réseau de machines virtuelles, un certain nombre de scénarii de manipulations sont envisageables. Il est en effet possible d’équiper chaque machine virtuelle de plusieurs cartes réseaux et de brasser virtuellement chaque carte sur des réseaux différents. Le parc virtuel peut ainsi avoir accès à Internet et peut également être accessible depuis Internet. Il est possible de simuler plusieurs réseaux locaux (avec un service DHCP totalement interne), étanches entre eux, ou de permettre toute manipulation d’interconnexion. On peut limiter la charge réseau au sein du parc virtuel uniquement, sans aucun impact sur le réseau réel et la carte réseau de l’ordinateur hôte, mais on peut aussi autoriser la connexion avec le serveur physique des machines virtuelles.

Il faut enfin noter qu’il est également possible, au niveau de Virtual Server 2005, d’écrire des scripts afin d’automatiser un certain nombre d’activités liées à l’administration en masse. Ceci facilite la gestion du parc de machines virtuelles et des réseaux d’interconnexion de ces machines.

3. Les différents agencements d’un laboratoire virtuel d’e-learning

La virtualisation associée à l’accès à distance apporte une solution pertinente à la problématique de simulation des Travaux Pratiques. Il devient possible de reconstituer des situations classiques d’enseignement en présentiel (salles de TP traditionnelles), mais aussi de dépasser certaines limites, et même d’envisager des utilisations totalement spécifiques à l’exploitation d’ordinateurs entièrement dématérialisés, n’importe quand et de n’importe où. Nous allons présenter ci-dessous différents types d’organisation et de mise à disposition de machines virtuelles.

Ces laboratoires distants sont agencés en fonction d’objectifs pédagogiques précis : ils répondent à des besoins d’environnements ciblés tels que

« une machine (ou un groupe de machines) pour un cours ». Ce principe de laboratoire virtuel apporte également beaucoup d’agilité dans la préparation, le déploiement et le suivi des ateliers.

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3.1. Laboratoire de type : « salle en accès libre »

Il s’agit là de proposer le dispositif familier des salles de TP équipées que l’on trouve sur tous les campus. Tous les utilisateurs ont un même accès indifférencié à un ensemble de machines identiques, préconfigurées et relativement verrouillées. Il n’y a pas de sauvegarde locale et les modifications sont interdites ou effacées en fin de session.

Un apport indéniable du laboratoire vient du fait que la salle virtuelle est continuellement ouverte et que ses utilisateurs sont dispersés dans le monde. La continuité de service est assurée 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Le technicien administrateur de la salle bénéficie également de ces deux avantages. Il profite ainsi de facilités pour les opérations de création et de maintenance du poste de référence, de rapidité pour le clonage de la salle ou la remise en état d’un poste, et d’évolution des configurations matérielles et logicielles. La sauvegarde des travaux peut être réalisée sur des serveurs de fichiers réels ou virtuels, ou sur des espaces de stockage sur Internet.

3.2. Laboratoire de type : « machine(s) personnelle(s) »

Là encore, il s’agit de simuler une situation existante, à savoir l’ordinateur portable personnel. On peut envisager que chaque étudiant distant puisse disposer d’une machine d’entraînement, équipée de l’OS désiré, mais surtout préconfigurée en fonction des besoins en environnements logiciels pour chaque unité d’enseignement de la formation suivie. Il devient ainsi possible de mettre à disposition les environnements pédagogiques de façon progressive, durant la durée de la formation.

Il est bien sûr envisageable de confier à l’utilisateur selon les nécessités pédagogiques, plusieurs machines (client/serveur par exemple). Ceci permet de fournir des plates formes pour tous les travaux d’écriture et de tests d’applications.

L’apprenti développeur peut alors disposer d’environnements de tests, de simulations, de retours arrière et, tout cela, sur des machines virtuelles, dimensionnées selon ses besoins, et isolées sur des réseaux indépendants.

Le principe de serveur de poste virtuel permet également de sauvegarder régulièrement l’état du poste et ceci de manière transparente pour l’utilisateur. Le principe permet aussi, de positionner tous les postes distants sur un même réseau virtuel. Quel que soit l’endroit où il se trouve, l’apprenant peut alors communiquer sur ce réseau local de sa promotion avec les autres postes en ligne.

Enfin, le déport d’affichage multiple permet des interactions nouvelles comme la surveillance ou la prise de main à distance du poste personnel de l’étudiant par son tuteur.

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3.3. Laboratoire de type : « travaux collaboratifs »

L’idée n’est pas de confier une machine à un utilisateur mais à plusieurs, et même en généralisant, un groupe de machines à un groupe d’apprenants, au sein d’un réseau privé. On se trouve ici dans une situation généralement inconnue (ou tout au moins limitée) du monde réel. Dans ce cadre, les utilisateurs se voient accorder des droits d’administration au niveau système et réseau et peuvent donc effectuer toute une catégorie de manipulations de haut niveau généralement inaccessibles. Il peut s’agir d’installations complètes de postes de travail (système et applicatifs), de paramétrages réseaux, de simulations en tous genres…

Cette situation se prête bien évidemment à des travaux de groupe, et à l’organisation et la répartition des activités synchrones ou asynchrones au sein du groupe. Ces travaux à plusieurs se traduisent par des accès simultanés (plusieurs souris sur un écran déporté) depuis des points d’accès éloignés.

4. Exploitations et résultats observés

Cet environnement est utilisé au sein de nos formations depuis trois ans en combinant les trois types de laboratoires présentés plus haut. Les premières utilisations ont eu lieu avec des étudiants en Licence et Master d’IUP STRI et MIAGE présents sur le campus de l’Université Paul Sabatier. Actuellement, nous étudions et expérimentons des solutions pour des étudiants réellement distants dans un contexte de FOAD.

4.1. Des utilisations en complément des enseignements traditionnels

Une réalisation pratique concerne la mise à disposition d’une salle virtuelle de quinze postes en accès libre. Il s’agit d’une salle bureautique et Internet mais équipée avec les dernières générations de logiciels, et même avec des versions non encore distribuées. Ce type d’environnement logiciel n’équipera les salles physiques que dans plusieurs mois.

Une autre utilisation nous permet de mettre en place de véritables travaux pratiques d’administration système et réseau. Nous confions à des étudiants organisés en binômes deux postes virtuels, équipés avec un OS serveur et client.

Tout un ensemble de manipulations nécessitant des privilèges importants sont réalisées par les étudiants sur une période de plusieurs mois : installation depuis les CD-Rom d’origine, formatage de disques, installation d’applications, gestion et sécurisation de ressources locales et partagées, mise en place d’un annuaire et gestion centralisée des postes clients…

L’apport pédagogique se situe à deux niveaux : d’une part, la pratique de versions encore en phase de tests et le partage d’expérience entre enseignants et

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apprenants, d’autre part, la pédagogie par mise en situation sur des cas réels, ce qui est impossible dans un environnement de formation classique.

4.2. Quelques utilisations distantes à échelle limitée

Pour tous les travaux d’administration système et réseaux, les étudiants alternent entre l’utilisation de leurs machines virtuelles dans le cadre de séances encadrées, mais également depuis des points d’accès quelconque (domicile, chambre universitaire, cybercafé…). Certains binômes peuvent ainsi rattraper les travaux en retard, et bien sûr prendre même de l’avance !

Dans le cadre d’un groupe projet dont l’objectif est la manipulation de systèmes hétérogènes sur un réseau virtuel interne, les étudiants accèdent à distance à une dizaine d’ordinateurs virtuels équipés avec différentes distributions de Linux, plusieurs versions de Windows et de serveur Sun Solaris. Le système offre une très grande souplesse aux étudiants pour tester diverses topologies de réseaux et analyser les interactions entre clients et serveurs hétérogènes.

Un autre exemple d’application concerne des travaux pratiques portant sur la sécurité, avec la mise à disposition de plusieurs postes virtuels selon un scénario d’attaque, de défense et d’analyse. Dans ce contexte, il est essentiel que les étudiants puissent travailler sur des périmètres réseaux parfaitement étanches.

Enfin, une expérimentation a eu lieu pour la préparation de TP réseaux Linux depuis Toulouse pour une utilisation ultérieure sur un campus marocain.

L’enseignant peut préparer les machines de référence à sa guise sans se préoccuper de la configuration dont est équipé le site distant. Il suffit ensuite de dupliquer ces machines de référence en fonction du nombre d’étudiants qui auront à les manipuler.

Il s’agit ici d’une pédagogie individualisée pour des approches pratiques qui requièrent traditionnellement l’accès à des ressources humaines, matérielles, logicielles et réseau très réglementées.

4.3. Les résultats obtenus

Le serveur réel que nous exploitons permet de supporter une trentaine de machines virtuelles en fonctionnement simultané, et d’en stocker une centaine. Les premières observations montrent que, même si on constate une inertie du curseur, les performances restent acceptables pour des machines à vocation pédagogique.

Evidemment, certaines activités particulièrement lourdes comme les installations de systèmes ou d’applications volumineuses ont une durée plus critique lorsqu’elles sont réalisées en parallèle par un groupe d’étudiants.

Au niveau réseau, nous avons été confrontés à des problèmes de débits insuffisants et de filtrages en sortie depuis certains points d’accès distants. Dans tous

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les cas, la résolution de ces problèmes est un préalable dans un contexte d’e- Learning et d’exploitation de plate-forme.

Nous avons également constaté l’intérêt évident des utilisateurs lorsqu’ils peuvent observer immédiatement l’impact d’une opération qui se propage de postes en postes. Ceci est rendu possible par le fait de pouvoir visualiser simultanément sur un même écran, plusieurs machines distantes.

De manière générale, les collaborations distantes entres étudiants, et entre étudiants et enseignants sont améliorées de façon significative.

L’observation en collaboration et en temps réel de l’évolution d’un environnement complexe, et l’interactivité qui en découle, ont un impact sur la dynamique d’interprétation des résultats de chacun des acteurs. C’est une dimension pédagogique qui nous semble remarquable dans un mode de formation à distance.

5. Conclusions et évolutions

A la base, la virtualisation est la réponse apportée par les éditeurs aux besoins de consolidation de serveurs mono-application sous utilisés. Nous avons détourné cette orientation pour consolider les postes utilisateurs, même si ce ne sont que des postes à but pédagogique.

Un déploiement autour du campus numérique « International e.Mi@ge » pour des enseignements totalement distants est en phase d’étude. Ce projet a pour objectif d’offrir sur Internet l’ensemble de la formation MIAGE à des étudiants géographiquement éloignés des centres de formation (Cochard et al., 2004). Une vingtaine d’universités françaises participent à ce programme, avec des sites de références qui proposent et maintiennent les ressources pédagogiques, et des centres associés à l’étranger. La couverture actuelle du campus International e.Mi@ge s’étend sur le Maghreb, l’Afrique francophone, l’Europe de l’est, l’Asie et l’Amérique du sud. La population concernée comprend plus de cinq cents apprenants inscrits et plusieurs dizaines de tuteurs, enseignants, administratifs, techniciens.

Notre objectif est d’introduire puis de généraliser l’exploitation des machines virtuelles en étroite collaboration avec les différents acteurs de ce campus numérique. Le but poursuivi est d’intégrer totalement leur utilisation au sein des unités d’enseignements. Pour cela, il est nécessaire de cerner les besoins logiciels pour chaque unité, d’assurer la gestion et la maintenance du parc de machines virtuelles, et évidemment, de former les différents participants (enseignants, tuteurs, apprenants).

Afin de pouvoir assurer correctement le déploiement de notre système dans le cadre du campus International e.Mi@ge, nous sommes en train de dimensionner un serveur capable de faire fonctionner une centaine de machines virtuelles. Nous

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travaillons également à des outils de scripts et d’administration de masse afin d’automatiser au maximum la gestion des machines et des réseaux virtuels.

6. Bibliographie

Beney M., Guinard J-Y., « L’évaluation de l’efficacité du guidage dans les Travaux pratiques de Deug : un problème méthodologique complexe », Didaskalia, n° 24Janvier 2004, p. 29-64.

Bossard C., Kermarrec G., “Conditions that facilitate transfer of learning in virtual environment”, Proceedings of the 2nd International Conference on Information and Communication Technologies : From Theory to Applications (ICTTA’06). Umayyad Palace, Damascus, Syria, vol. 1, Janvier 2006, p. 604-609.

Cochard Gérard-Michel, « Les conditions de mise en œuvre d’une Formation Ouverte et à Distance dans un contexte universitaire », Novembre 2002 - Base de données documentaire du GIP Espace Compétences http://espace-competences.org/

Cochard Gérard Michel, Marquie Daniel, « An e-learning version of the French higher education curriculum: Computer methods for the companies management”, 18th IFIP World Congress Computer 2004, p. 557-572.

Cochard Gérard-Michel, Marquie Daniel, “International e-Mi@ge (IEM): an e-learning version of the Miage program” – IFIP World Computer Congress WCC Toulouse – August 2004.

Hua Ji, Ganz Aura, “Web enabled remote laboratory (R-Lab) framework Session: Teaching Computer Networking” - Frontiers In Education Conferences 33rd FIE 2003.

Pierre S., Laouamri K., « Laboratoires virtuels pour l’enseignement des sciences et de la technologie » Les Technologies de l’Information et de la Communications, Mutations dans la formation scientifique universitaire – CIRUISEF Dakar 2003.

Roesch O.J., Roth H, Yahoui H., “Virtual Labs in the Engineering Education: a Standardization Approach for Tele-Control”, Journal sur l’enseignement des sciences et technologies de l’information et des systèmes, vol. 4, Hors-Série 4, novembre 2005.

[1] http://www.microsoft.com/technet/traincert/virtuallab/default.mspx [2] http://www.laboratoire-microsoft.org/articles/server/VirtualServer2005/

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