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Espaces vectoriels norm´es – Classe de Sp´eciales MP par Emmanuel A

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(1)

Espaces vectoriels norm ´ es – Classe de Sp ´ eciales MP par Emmanuel A

MIOT

28 f´evrier 2020

(2)

Introduction

Pendant pas mal de si`ecles, les notions de proximit´e, de limite ´etaient fond´ees plus sur l’intuition que sur une d´efinition rigoureuse. On a fini par s’apercevoir au XIXi`emesi`ecle que cela ´etait indis- pensable pour ´eviter de dire des bˆetises (par exemple qu’une application continue serait d´erivable partout, sauf en quelques points, comme l’affirma ABELentre autres).

Cela ne fut possible qu’au moment o `u l’on disposa d’une construction rigoureuse de la droite r´eelle, qui servit de fondement `a la rationalisation de l’id´ee ancienne mais farfelue d’infiniment petit. Cette notion reste toutefois un bon support pour l’intuition, `a condition de s’en passer au moment d’effectuer une d´emonstration1.

1 Norme et distance

Il s’agit d’une id´ee intuitive : avant de parler de proximit´e, il faut savoir mesurer des distances. On se place dans tout le chapitre dans le cadre d’espaces vectoriels sur le corpsK=RouC.

1.1 Les boules

1.1.1 Norme et distance

oooo oooo oooo oooo oooo

DEFINITION´ 1.On appelle normedans un espace vectorielE, r´eel ou complexe, une applicationN telle que :

1. ∀x∈E N(x)∈R+

2. ∀x∈E ∀λ∈K N(λx) =|λ|N(x) 3. ∀(x, y)∈E2 N(x+y)6N(x) +N(y) 4. N(x) =0 ⇐⇒ x=0

Emuni deNest appel´e unespace vectoriel norm´e.

Ceci appelle quelques remarques :

— Un bref sch´ema fera comprendre pourquoi le troisi`eme axiome s’appellel’in ´egalit ´e triangu- laire : elle exprime que dans un evn le plus court chemin entre deux points est le segment qui les joint.

— N(−x) =N(x). Dans le cas complexe,N(ex) =N(x).

— Dans un evn, on aN(x−y)6N(x)+N(y)! ! ! Par ailleurs, l’in´egalit´e suivante est souvent utile : N(x) −N(y)6N(x−y)

— En g´en´eral, il n’y a pas besoin de d´emontrer l’´equivalence dans le quatri`eme axiome : une implication r´esulte du second (le plus souvent, il est ´evident queN(~0) =0).

— Il est de coutume de noterkxk pourN(x). On diff´erencie le cas ´ech´eant diverses normes par des indices :kxk1,kxk2, . . . etc.

Exemple:Les applications suivantes sont des normes :

— Le module dansC.

— La somme de deux normes.

— La norme euclidienne dansR2,(x, y)→p

x2+y2. Aussi(x, y)→Sup(|x|,|y|)ou(x, y)→|x|+|y|.

Ces normes sont les trois normes standard, k k2,k k,k k1, pr´esentes dans tout espace vectoriel norm´e de dimension finie.

— DansR[X], anneau des polynˆomes, l’application

N:P7→N(P) =|P(0)|+|P0(0)|+|P00(0)|+· · ·+|P(n)(0)|+. . . On commencera par montrer que cette application est bien d´efinie !

— Dans l’espaceE=CNdes suites num´eriques complexes born´ees, l’application d´efinie par u7→Sup

n∈N

|un|=kuk(cf. infra).

1. L’analyse dite NON STANDARD a axiomatis´e cette notion, en rajoutant des nombres `aR. Cela soul`eve toutefois diverses difficult´es — ne pas oublier de distinguer lesvraisr´eels des autres, et admettre l’axiome du Choix.

(3)

— Dans l’espace des applications continues de [0, 1] dans C, f 7→ Sup

[0,1]

|f| (norme de la conver- gence uniforme).

— Dans l’espace des applications continues de[0, 1]dansC,f7→qR1

0|f|2(cf. espaces pr´ehilbertiens).

La norme sert, dans un espace vectoriel, non seulement `a savoir la taille de quelque chose mais aussi de combien sontdistantsdes objets.

DEFINITION´ 2.La distance entre les pointsxetydeEestd(x, y) =N(x−y).

On a les propri´et´es :

d(x, y) >0 d(x, y) =0 ⇐⇒ x=y

d(x, z) 6d(x, y) +d(y, z) qui r´esultent des axiomes d´efinissant une norme2.

1.1.2 Boules

Avec les normes on a aussi les boules :

oooo o

DEFINITION´ 3.On d´efinit les boules ouvertes et ferm´ees de centrea∈Eet de rayonr∈Rpar :

— B(a, r) ={x∈E|d(x, a)< r}

— Bf(a, r) ={x∈E|d(x, a)6r}

EXERCICE1.DessinerB(0, 1)pour les trois normes donn´ees ci-dessus dansR2.

Il n’est pas utile de consid`erer des rayons n´egatifs ! et pour les boules ouvertes, on ne consid`erera que des rayonsstrictementpositifs.

oooo o

EXERCICE 2.Montrer que si deux boules ouvertes ont un point commun, alors elles contiennent toutes deux une mˆeme boule (ouverte) centr´ee sur ce point.

Montrer que toute boule (non vide !) est convexe et sym´etrique.

1.2 Notions d´ eriv´ ees de la notion de norme

DEFINITION´ 4.Un vecteurx∈Eest ditunitairessi il est de norme ´egale `a 1.

EXERCICEoo 3.Montrer que toute droite contient au moins un (combien ?) vecteur unitaire. Est-ce encore vrai si l’on prendQcomme corps de base ?

Cet exercice illustre une transformation fondamentale, qui permet de passer de tout vecteur non nul `a un vecteur unitaire de mˆeme direction.

oooo oo

DEFINITION DE LA DISTANCE D’UN POINT `´ A UNE PARTIE.Soitx∈EetA⊂E, A6=∅; alors on pose d(x, A) = Inf

a∈Ad(x, a)

Evidemment, il ne s’agit plus d’une distance au sens pr´ec´edent. C’est n´eanmoins une notion utile´ et assez intuitive.

2. On le voit : la notion de distance est un peu moins forte. En fait, on d´emontre qu’une espace muni d’une distance — cela s’appelle un espacem ´etrique— est toujours une partie d’une espace vectoriel norm´e.

(4)

oooo oooo oooo oooo oo

COMMENT APPRIVOISER UN INF.On montre de fac¸on standard qu’il existe une suite(an)dansA telle qued(x, A) =lim||an−xk. En effet, pour toutnet par d´efinition d’un inf, il existean∈A tel que

d(x, A)

puisque minorant

6 ||an−x||6d(x, A) +2−n puisque ce n’est PAS un minorant Ce genre de construction est CAPITAL pour traduire pratiquement qu’on a un inf (ou un sup).

Attention ! en g´en´eral la suite des vecteurs(an)est divergente, c’est la suite desdistances qui converge (vers l’inf).

oooo oooo oooo o

EXERCICE4.

— Sid(x, A) =0, est-ce que n´ecessairementx∈A?

— Montrer que siA⊂Balorsd(x, A)>d(x, B).

— Calculer la distance de l’applicationr:x7→√

x`a l’ensembleAdes applications lin´eaires fa:x7→axdans l’espaceEdes applications continues de[0, 1]dansRmuni de la norme d´efinie parkfk1=R1

0|f|.

DEFINITION´oo 6.Une partie non videAest diteborn´eessi elle est incluse dans une boule.

Une application `a valeurs DANS un evn est born´ee ssi son image l’est.

On d´emontre facilement (le faire !) la proposition suivante :

oooo oooo oooo

PROPOSITION.

— Aest born´ee ssi la taille de ses ´el´ements est born´ee :

∃M > 0 ∀x∈A kxk6M

— La r´eunion, l’intersection de deux born´es est born´ee.

EXERCICEoo 5.Apr`es avoir d´emontr´e cette proposition, on pourra pour le plaisir montrer que la somme de deux born´esA+B={a+b|(a, b)∈A×B}est born´ee.

oooo oooo oooo

EXERCICE 6.Sur l’espace des applications continues de[0, 1] dans R, ´etudier le caract`ere born´e ou pas deS={f∈E|R1

0|f|=π}pour les normes suivantes :

kfk= Sup

x∈[0,1]

|f(x)| kfk1=

Z1 0

|f| kfk2=

Z1 0

|f|2 1/2

oooo oooo o

TH ´EOR `EME1.L’espaceB(A, F)des applications born´ees deA, partie de l’evnE, dans l’evnF, devient un evn quand on le munit de l’application

N:f7→N(f) =Sup

A

kfk

D ´emonstration. Cette application est bien d´efinie par hypoth`ese.

1. Il est clair que Supkfk>0, puisque pour toutx∈Aon akf(x)k>0! 2. Pour toutx∈A, λ∈K, on akλf(x)k=|λ|.kf(x)k. Donc

Sup

x∈A

kλf(x)k=|λ|.Sup

x∈A

kf(x)k

3. Pour toutx∈A, et pourf, g∈ B(A, F)on a

k(f+g)(x)k=kf(x) +g(x)k6kf(x)k+kg(x)k6N(f) +N(g) d’o `u en passant au sup surxl’in´egalit´e triangulaire pourN.

4. Enfin si Supkfk=0 cela signifie que pour toutx∈Aon akf(x)k60, c’est `a dire quef(x) =0.

Doncfest nulle surA, c’est l’application nulle alias le vecteur nul deB(A, F).

(5)

Cas particulier capital (d´ej`a cit´e) :l’espace des suites born´ees `a valeurs dansE, qui n’est autre queB(N, E), est un evn muni de la norme

kuk=Sup

n∈N

kunk

Un autre exemple : C0([a, b],R) qui est un sous-espace de B([a, b],R) puisque toute application continue sur un segment est born´ee. On retrouve la norme de la convergence uniforme !

1.3 Applications lipschitziennes

Cette notion est la plus difficile `a prononcer du programme.

oooo o

DEFINITION´ 7.SoientE, Fdeux evn. L’applicationfdeEdansFest ditelipschitziennede rapport kssi

∀x, y∈E ||f(x) −f(y)k6k× kx−yk

On observera que le symbolek kn’a pas le mˆeme sens des deux cˆot´es du signe6.

ooo

UTILISER LE TH ´EOR `EME DES ACCROISSEMENTS FINIS.

Une applicationfde[a;b]dansRtelle queSup|f0|6MseraM–lipschitzienne.

De mˆeme, toute isom´etrie (les rotations du plan euclidien par exemple) est 1–lipschitzienne.

oooo o

EXERCICE 7.Que dire de la compos´ee de deux applications lipschitziennes ? Donner deux appli- cations lipschitziennes deRdansR, dont leproduitne soit pas lipschitzien. Montrer que si les deux applications sont `a la fois lipschitziennes et born´ees alors le produit est lipschitzien.

oooo oooo o

PROPOSITION.Dans un evnE, les applications suivantes sont 1-lipschitziennes : x7→kxk x7→d(x, A)

o `uAd´esigne une partie non vide fix´ee.

D ´emonstration. D´ej `a

kxk−kyk

6kx−yk, c’est la deuxi`eme in´egalit´e triangulaire.

Soit maintenanta∈Aquelconque. On a

d(x, A)6kx−ak6kx−yk+ky−ak ⇐⇒ d(x, A) −kx−yk6ky−ak

On a trouv´e un minorant de a 7→ ky−ak, qui est par d´efinition major´e par le plus grand des minorants quandavarie dansA, `a savoird(y, A). On a donc prouv´e que

d(x, A) −kx−yk6d(y, A) ⇐⇒ d(x, A) −d(y, A)6kx−yk

Par sym´etrie, on peut mettre la valeur absolue au terme de gauche et on a d´emontr´e quex7→d(x, A)

est 1-liptschitzienne.

ooo

EXERCICE8.Montrer que la compos´ee de deux applications lipschitziennes l’est encore.

* Et leur produit ? (applications deR→Rpar exemple).

EXERCICE9.L’applicationx7→x/(1+kxk)2est-elle lipschitzienne ? Quelle est son image ?

EXERCICEoo 10.Montrer qu’une application lipschitziennef:R→Rv´erifie une in´egalit´e de la forme

|f(x)|6A|x|+B.

oooo o

EXERCICE 11.Expliciter M 7→ d(M, ∆) quand M est un point du plan (xOy) et ∆ est la droite d’´equation ax+by+c = 0 (ou un plan de R3 d’´equation ax+by+cz = d) qvec la distance euclidienne canonique.

(6)

1.4 Normes sur plusieurs espaces vectoriels

1.4.1 H´er´edit´e de la norme

Dans tout espace vectoriel, il existe des sous–espaces vectoriels. Nous nous pr´eoccupons de les normer. Or il est clair que les axiomes d’une norme restent vrais sur une partie qui contient~0, plus pr´ecis´ement :

DEFINITION ET PROPOSITION.´oo Soit F un sous-espace vectoriel de l’evnE; alors la restriction de la normek.kdeE `aFfait de ce dernier un evn. On dit que c’est lanorme induite.

La morale de cette d´efinition est qu’il n’est nul besoin de chercher `a construire une norme sur un sous-espace d’un evn : il y en a d´ej `a une. Nous retrouverons cette notion dans le cas int´eressant o `u le sous-espace a des propri´et´es suppl´ementaires (par exemple, ˆetre de dimension finie).

1.4.2 Norme produit

On rencontre assez souvent un espace produit : E×F = {(x, y) | x ∈ Eety ∈ F} qui est de fac¸on naturelle un espace vectoriel comme on le sait. Il serait agr´eable que la propri´et´e d’ˆetre un evn

monteaussi aux espaces produits. C’est `a peine moins naturel : oooo

oooo oooo oooo

DEFINITION ET PROPOSITION.´ Lanorme produitsur l’espaceE×Fest d´efinie par k(x, y)k=Sup(kxk,kyk)

Plus g´en´eralement, pour un produit denespacesE1. . . En on pose k(x1, . . . , xn)k= Sup

i=1...n

(kx1k, . . . ,kxnk)

Evidemment, il faut v´erifier que l’on a bien trouv´e une norme.´ EXERCICE12.Le faire (pourE×F).

Un exemple simple mais profond est celui deKn=K×K×. . .K.

oooo oooo o

PROPOSITION.Les applications coordonn´ees

lk:x= (x1, . . . , xn)7→xk∈Ek

sont 1–lipschitziennes pour la norme produit.

Trivial, mais utile (on en reparlera dans la section sur la dimension finie).

2 Suites d’ ´ el ´ ements d’un evn

La meilleure fac¸on de mettre en application les outils des evn, et de sentir les concepts de l’analyse (proximit´e, limites, continuit´e . . .) est de les appliquer aux suites. Il n’y a pas vraiment de rupture avec l’´etude des suites num´eriques.

Notamment, une suite est un cas particulier d’application (deNdansE), que l’on convient simple- ment de noter(un)n∈Nau lieu deu.

2.1 Convergence

2.1.1 D´efinitions

On donne deux d´efinitions ´equivalentes :

oooo o

DEFINITION´ 10.La suite(un)converge vers`ssikun−`kest une suite r´eelle qui converge vers 0, ou si

∀ε > 0 ∃n0∈N ∀n>n0 kun−`k< ε Si ce n’est pas le cas, on dit que la suite diverge.

Attention !

ce n’est pas si simple de montrer qu’une suite diverge. En bonne rigueur, il faut montrer qu’elle ne converge pas vers

chacun

des points deE. . .

(7)

oooo oooo oooo o

REMARQUE1.On constate la ressemblance avec la d´efinition de la continuit´e (cf. infra).

Il importe de bien retenir qu’il n’y a pas de n a droite de la flˆ` eche : dans une notation comme A → B, A est le terme g´en´eral d’une suite (donc d´epend d’un n), et vit dans EN; alors que B est une limite, qui est un simple ´el´ement de E. ´Ecrire quelque chose comme

“ un−1 → un” est une d´emonstration. . . d’incomp´etence. En revanche on a les relations usuelles de comparaisonentre suites `a l’infini :o, O,∼

Exemple:La convergence d’une s´erie de fonctions (mettons continues de[a, b]→C) signifie :

— Pour la normek k: la convergence uniforme.

— Pour la normek k2: la convergence en moyenne quadratique.

La suite des polynˆomes(Xn)converge vers le polynˆome nul pour la normeN:P7→R1

0|P|, et diverge pour la normeN0 :P7→R2

1|P|.

EXERCICE13.Pourquoi la divergence, au fait ?

Une suite stationnaire (constante `a partir d’un certain rang) est convergente. La r´eciproque est fausse : la limite d’une suite convergente n’est pas forc´ement atteinte. Ainsi la suite (1/n) tend vers 0 sans jamais toucher cette valeur.

2.1.2 Modestes propositions

PROPOSITION.Une suite a au plus une limite.

PROPOSITION.Une suite convergente est born´ee (r´eciproque fausse ! ! !).

PROPOSITIONoo .Le sous-ensemble des suites convergentes est un sev de EN, et l’application u 7→ limun est lin´eaire.

La derni`ere proposition signifie que la somme de deux suites convergentes converge vers la somme des limites (idem pour le produit d’ailleurs quand cela a un sens : produit scalaire, produit de matrices. . .).

Tout cela se d´emontre exactement comme dans le cas num´erique.

2.2 Suites et normes

2.2.1 Comparer deux normes

On a vu qu’il est possible d’avoir des suites qui convergent pour une norme, mais pas pour une autre. On s’en doute, la convergence pour l’une est parfois en rapport, parfois sans rapport avec la convergence pour l’autre. Plus pr´ecis´ement :

TH ´ooEOR `EME 2.Pour que toute suite convergeant vers 0 pour la norme N converge aussi (vers 0) pour la normeN0, il faut, et il suffit, qu’il existe un r´eelα > 0tel queN06αN.

oooo oooo o

DEFINITION´ 11.Si cela est vrai dans les deux sens, c’est `a dire que

∃0 < α < β αN6N06βN on dit que les deux normes sont ´equivalentes.

Pour deux normes ´equivalentes, les notions essentielles, comme celle de convergence, co¨ıncident : on peut remplacer l’une par l’autre sans changer aucun r´esultatqualitatif.

D´emontrons le th´eor`eme : D ´emonstration.

— SiN0 6αNet N(un)→0alors clairementN0(un)→0.

— Pour la r´eciproque, montrons la contrapos´ee : supposons que pour tout α > 0 il existe un x ∈ E tel que N0(x) > αN(x). En prenant α = n et en notant xn un vecteur associ´e `a cette valeur, on construit une suite(xn)telle que

∀n∈N N0(xn)> nN(xn)

(8)

Posons enfin pourn > 0 un = xn

√nN(xn) : alorsN(un) = 1

√n →0tandis queN0(un)>√ n

EXERCICE14.Comparer les normes 1, 2, et∞surRn. oooo

oooo oooo oo

EXERCICE 15.Comparer les normes 1 et ∞sur l’espace des applications continues de[0, 1]dans RouC(c¸a marche dans un sens, pas dans l’autre).

Comparer aussi avec la norme 2 en utilisant l’in´egalit´e de CAUCHY-SCHWARZ: Z

fg

2

6 Z

|f|2× Z

|g|2.

2.2.2 Suites et espaces vectoriels

Il y a deux sens, du plus grand vers le plus petit et l’inverse.

oooo oooo

TH ´EOR `EME3.SoitFun sev de l’evnE, muni de la norme induite.

Si(un)converge dansF pour la norme deE, alors elle converge dansEvers la mˆeme limite.

En revanche, si (un)est une suite d’´el´ements de F qui converge dans E, elle ne convergera dansF que si sa limite s’y trouve.

Trivial. Il faut faire attention au deuxi`eme sens :

la suite de terme g´en´eral(1+x/n)n converge (versx7→ex)dans l’espace des fonctions continues de [0, π]dansC, muni de la norme sup (entre autres). Mais elle ne converge pas dans le sous-espace des polynˆomes, pour quelque norme que ce soit.

oooo oooo

TH ´EOR `EME4.Soit E=F×Gun espace produit d’evn, muni de la norme produit. Alors une suite deEconverge ssi les suites de ses composantes convergent :

un = (vn, wn)→`= (a, b) ⇐⇒ vn→aetwn →b

D´emonstration facile : Max(||vn−ak,kwn−bk)→0 ⇐⇒ ||vn−ak etkwn−bk)→0. Ceci se g´en´eralise

`a un produit d’un nombre quelconque (fini) d’evn. En particulier `a Kn, ce qui donne

COROLLAIREoo 1.Dans Kn, une suite converge (avec la norme sup) ssi les suites des coordonn´ees convergent.

Tr`es important en pratique. On connaissait d´ej `a le cas des suites complexes, qui convergent si et seulement si les parties r´eelles et imaginaires convergent chacune de leur cˆot´e.

2.3 Des suites dans des suites

2.3.1 Suites extraites

DEFINITION´oo 12.On appellesuite extraite de la suite (un)n une suite de la forme (unp)p o `u (np)p est une suite d’entiers strictement croissante.

Typiquement, on a les exemples des sous-suites paires et impaires(u2p)et (u2p+1). De mˆeme, les suites d´ecal´ees(un+1)ou(un+12)sont des suites extraites.

Les suites extraites (aussi appel´ees sous–suites) partagent les propri´et´es de leur ancˆetre : toute sous-suite d’une suite born´ee (resp. convergente) est born´ee (resp. convergente). . .

oooo o

EXERCICE 16.Les suites (u2p) et (u2p+1)convergent vers une mˆeme limite `, montrer que (un) converge.

Que dire d’une suite extraite d’une suite extraite ?

(9)

2.3.2 Valeurs d’adh´erence

DEFINITION´oo 13.`est unevaleur d’adh´erencede la suite(un)ssi il existe une suite extraite(unp) qui tend vers`.

oooo oooo oooo

EXERCICE17.Programmer et ´etudier exp´erimentalement le nombre de valeurs d’adh´erence de la suite de FAIGENBAUM d´efinie par

un+1=1−λu2n u0∈[0, 1]

en faisant varier (d´elicatement) la valeur deλentre 0 et 2.

Le nom de valeur d’adh´erence peut s’interpr´eter ainsi : la suite ne peut s’empˆecher de revenir tout pr`es de cette valeur, mˆeme si elle s’en ´ecarte parfois (voire une infinit´e de fois).

Il ne faut pas croire que le nombre de valeurs d’adh´erence d’une suite soit limit´e : une suite aussi simple queun = sin(n)admet tous les points de[−1, 1] comme valeurs d’adh´erence, comme on le d´emontrera ult´erieurement en exercice.

Cette notion nous servira surtout `a ´etablir la divergence d’une suite. Il est clair, intuitivement, qu’une suite convergente ne peut gu`ere se permettre de s’´eparpiller entre plusieurs valeurs d’adh´erence.

PROPOSITION.Toute suite convergente poss`ede une seule valeur d’adh´erence : sa limite.

Trivial.

oo

COROLLAIRE 2.Une suite qui poss`ede au moins deux valeurs d’adh´erence distinctes est diver- gente.

C’est surtout ce corollaire que l’on utilisera. Comme toujours il faut faire attention de ne pas prendre cette condition suffisante pour une condition n´ecessaire (mais voir n´eanmoins infra la section sur la compacit´e et la dimension finie) :

Exemple:La suiteun =n 1+ (−1)n

n’a qu’une valeur d’adh´erence (r´eelle) : 0, mais elle diverge.

En prenant surK[X] la normeka0+a1X+. . .+anXnk = Sup|ai|, la suite (born´ee !) des (Xn)— la base canonique — n’a pas de valeur d’adh´erence.

EXERCICEoo 18.Le d´emontrer.

Indication : une (sous-)suite qui converge doit v´erifierkunp+1−unpk→0.

oooo o

EXERCICE19.Un sup (ou un inf) est une limite de suite.

Plus pr´ecis´ement : montrer que siα=Sup(X)o `u X⊂Rmais α /∈X, alors il existe une suite (xn)n∈N∈XNtelle quexn →α.

2.4 eries dans un evn

En fait presque tout se passe comme dansR(ouC) : les d´efinitions d’une s´erie, de sa convergence, de la somme, du reste, sont identiques. Les propri´et´es de lin´earit´e subsistentverbatim. Quelques notions particuli`eres `a des dimensions> 1:

2.4.1 Convergence dans une base

Supposons queEsoit un evn de dimension finie, muni d’une base(e1. . . ed). Alors toute suite(un) s’exprime (se projette) dans cette base pardsuites de coordonn´ees :(un p)n∈No `u

∀n∈N un =un 1e1+. . . un ded

Lesdsuites(un p)n∈Nsont des suites num´eriques, et on peut consid´erer leurs sommes partielles (sn p)n∈N. Comme on a

sn = Xn

k=0

uk=sn 1.e1+. . .+sn d.ed

(avecsn 1 = u0 1+. . . un 1, etc) et qu’on a vu que la convergence dans un evn de dimension finie

´equivaut `a la convergence des coordonn´ees, on en d´eduit

(10)

TH ´ooEOR `EME5.Une s´erie `a valeurs dansE, evn de dimension finie, converge si et seulement si les s´eries des composantes convergent.

En r´esum´e, la convergence des s´eriesen dimension finien’est pas substantiellement diff´erente du cas num´erique. En particulier, les s´eries `a termes complexes se traitent comme les s´eries `a termes r´eels (C ´etant unR-ev !).

(11)

3 Topologie des evn

3.1 Ouverts, ferm´ es

Notre motivation est d’exprimer rigoureusement la notion deinfiniment pr`es. Pour cela, l’id´ee est de parler de propri´et´es vraiesdans tout voisinaged’un point a, c’est `a dire concr`etement dans toute boule de centrea3. Commenc¸ons par cette notion intjuitive et formalisons la :

Voisinages

On dit qu’une partieVest un voisinage deasi, et seulement si,V contient une bouleB(a, r)(r > 0 bien s ˆur) :∃r > 0, B(a, r)⊂V.aposs`ede donc un “airbag” qui le prot`ege douillettement, dansV.

oooo oooo

REMARQUE 2.Pour exprimer infiniment proche, on parlera de propri´et´es vraies dans tout voisinage. Noter que l’intersection (ou la r´eunion) de deux voisinages d’un point en est un voisinage.

Aussi, les voisinages sont les mˆemes pour deux normes ´equivalentes.

3.1.1 Ouverts

Onouvrela notion de voisinage :

DEFINITION´ 14.Un ouvert est une partie qui est voisinage de chacun de ses points.

oooo o

PROPOSITION DE CARACT ´ERISATION DES OUVERTS.

V⊂Eest un ouvert ⇐⇒ ∀a∈V ∃r > 0 B(a, r)⊂V.

Propri´et´es imm´ediates :

— Eet∅ sont des ouverts.

— Une boule ouverte est un ouvert !

— Toute r´eunion (mˆeme infinie) d’ouverts est ouverte.

— L’intersection de deux boules ouvertes est un ouvert, et donc. . .

— L’intersection de deux (ou mˆeme d’un nombrefinid’) ouverts est ouverte.

oo

REMARQUE 3.Ces propri´et´es constituent en Topologie G´en´erale lesaxiomesqui d´efinissent une famille d’ouverts, laquelled´efinitune Topologie.

On retiendra qu’un ouvertprot`egetous ses points en les enclosant dans une petite bulle/un airbag.

DEFINITION´oo 15.a est un point int´erieur deA ⇐⇒ A est voisinage de a (i.e. contient une boule autour dea).

On a donc un ouvert quand tous les points sont int´erieurs.

EXERCICE20.Montrer que tout ouvert engendre (par combinaisons lin´eaires) l’espace entier.

3.1.2 Ferm´es

DEFINITION´ 16.Un ferm´e est le compl´ementaire d’un ouvert.

oooo ooo

REMARQUE 4.On doit se douter que cette d´efinition n´egative n’est pas pratique ! Les ferm´es sont des ensembles souvent beaucoup plus bizarres que les ouverts : par exemple, dans Rn un ferm´e est toujours l’ensemble des z´eros d’une fonction de classe C. Aussi les ensembles fractals (ensembles de JULIA, CANTOR, MANDELBROT. . .) sont des ferm´es.

Propri´et´es ´el´ementaires :

— Eet∅ sont des ferm´es.

— Toute intersection (mˆeme infinie) de ferm´es est ferm´ee.

— La r´eunion de deux (ou mˆeme d’un nombre fini de) ferm´es est ferm´ee.

3. La notion de voisinage s’´etend `a des espaces plus g´en´eraux que les evn.

(12)

Exemples :

— une boule ferm´ee Bf(a, r)est un ferm´e ! [si x∈compl´ementaire, on akx−ak> r et ∃0 < ε <

r−kx−ak. . .]

— tout point, toute partie finie, est ferm´e(e).

— une sph`ereS={x∈E|d(x, a) =r}est ferm´ee.

— Zest ferm´e car son compl´ementaire est r´eunion d’intervalles ouverts.

— * une boule ouverte n’est pas. . . ferm´ee ! (consid´erer un point au bord, il est dans le compl´ementaire mais n’est pas int´erieur `a ce compl´ementaire).

EXERCICE21.Montrer qu’une boule ouverte (resp. ferm´ee) est un ouvert (resp. un ferm´e).

DEFINITION´ 17.aest un point adh´erent `aA ⇐⇒ a=liman o `u(an)∈AN. D’apr`es le calcul des inf’s par limites de suite, on a de mani`ere ´equivalente DEFINITION´ 18.aest un point adh´erent `aA ⇐⇒ d(a, A) =0.

Pour les propri´et´es ci-dessus, on peut v´erifier que les compl´ementaires sont ouverts, ou utiliser la (tr`es conseill´ee) caract´erisation s´equentielle :

oooo oooo oo

TH ´EOR `EME6. Aest ferm´e

⇐⇒ Aest stable par passage `a la limite,

⇐⇒ toute suite deAqui converge dansEconverge dansA,

⇐⇒ tout point adh´erent `aAest ´el´ement deA,

⇐⇒ d(x, A) =0 ⇐⇒ x∈A .

D ´emonstration. Montrons d’abord par contraposition que si A est ferm´e alors il est stable par passage `a la limite. Supposons la non stabilit´e, i.e. qu’il existe une suite d’´el´ements de A qui converge hors deA, i.e.an →b /∈Aavecan∈A∀n. SiA ´etait ferm´e,b∈B=E\Aqui est un ouvert et donc∃B(b, ε)⊂B. Mais ceci contredit la d´efinition de la limite selon laquellean ∈B(b, ε)pour n assez grand. On a d´emontr´e⇒par contraposition.

R´eciproquement supposonsAnon ferm´e, i.e.Bnon ouvert : il existe doncb∈Bqui ne soit pas un point int´erieur, i.e.∀ε > 0la bouleB(b, ε)contient un ´el´ement deA. Ceci permet de construire une suite(an)d’´el´ements deAtels que||an−b||61/n∀n, et donc la suite(an)a une limite hors deA, ce qui d´emontre⇐par contraposition.

On a montr´e queAest ferm´e ⇐⇒ toute suite de Aqui converge, converge dans A. Le reste est

paraphrase, avec la d´efinition d’un point adh´erent.

Exemple:

— Zest ferm´e car toute suite d’entiers convergente est stationnaire.

— Qn’est pas ferm´e (dansR) car une limite de rationnels peut fort bien ˆetre irrationnelle.

— [a, b] est ferm´e car les in´egalit´es larges passent `a la limite. De mˆeme on retrouve qu’une boule ferm´ee est ferm´ee.

— A= [a, b[ n’est pas ferm´e car la suite (un = b−1/n) est dansA(pour n assez grand. . .) et converge versbqui est hors de A.

— L’ev des fonctions polynˆomes n’est pas ferm´e dansC0([a, b],R)muni dek kcar (par exemple) la fonction exp est limite de polynˆomes mais n’est pas un polynˆome.

3.2 Int´ erieur, adh´ erence, fronti` ere

ooo

DEFINITION´ 19.L’int´erieur A de Aest la r´eunion des ouverts inclus dans A : c’est donc le plus grand ouvert contenu dansA.

Cette d´efinition fait sens parce que toute r´eunion d’ouverts reste un ouvert. On peut d’ailleurs visualiser l’int´erieur de A comme la r´eunion des “airbags” des ´el´ements int´erieurs de A (cette propri´et´e est donn´ee sans d´emonstration, pour faciliter l’intuition de cette notion).

(13)

oooo

PROPOSITION.A est l’ensemble des points int´erieurs deA(rappel : ceux dontAest un voisinage).

C’est aussiS

B(a, εa)o `u toutes ces boules sont contenues dansA.

DEFINITION´oo 20.L’adh´erenceAde Aest l’intersection des ferm´es contenant A: c’est donc le plus petit ferm´e contenantA.

ooo

PROPOSITION.Aest l’ensemble des points adh´erents `a A(rappel : les limites de suites d’´el´ements deA). C’est donc l’ensemble d´efini par l’´equationd(x, A) =0.

D ´emonstration. D’apr`es la caract´erisation s´equentielle, un ferm´e contenant A doit contenir les limites de suites (CV) deA. DoncAcontient au moinsAS{a0 =liman|(an)∈AN}. Ce qui se r´eduit en fait `a{a0=liman |(an)∈AN}car tout point deAest limite d’une suite constante !

Reste `a montrer que cet ensemble est ferm´e. Pour cela exceptionnellement on revient `a la d´efinition : soitBson compl´ementaire. C’est l’ensemble desx∈Equi ne sont PAS limite d’une suite d’´el´ements deA. Par la caract´erisation s´equentielle de d(x, A), on aB ={x| d(x, A)> 0}. Montrons que B est ouvert. Soitx∈Bet fixons0 < ε < d(x, A). Prouvons quexest int´erieur `aB: soity∈B(x, ε), on sait qued(x, A) −d(y, A)6ky−xk (l’application “distance `aA” est lipschitzienne de rapport 1). Donc

d(y, A)>d(x, A) −ky−xk>d(x, A) −ε > 0⇒y∈B

ce qui prouve queBest ouvert, i.e.Aest ferm´e.

A noter que` A⊂A⊂Aet queAest ouvert ⇐⇒ A=

A, tandis que Aest ferm´e ⇐⇒ A=A. Ne pas confondre la notation avec celle utilis´ee pour le compl´ementaire dans le contexte des probabilit´es !

DEFINITION´oo 21.On dira queAestdensedansEssiA=E; on dit queAest dense dansBssi (c’est un peu plus compliqu´e)B⊂A.

Cela signifie que tout point deBest adh´erent `aA.

On sait par exemple queQest dense dansR, et aussi dansR\Q. Le th´eor`eme de WEIERSTRASSque les polynˆomes sont denses dans C0([a, b],R)muni de la norme de la convergence uniforme. Pour finir, on a aussi la d´efinition de la diff´erence entre ces deux notions, puisqueA⊂A:

DEFINITION´ 22.La fronti`ere deAest Fr(A) =A\A=A∩E\A.

La fronti`ere peut ˆetre vide, mais c’est toujours un ferm´e. La fronti`ere deAest aussi la fronti`ere de son compl´ementaire. Cette sym´etrie se voit mieux en ´ecrivant :

E=A∪(E\A) = Fr(A)∪A

∪(E\A) =

A ∪Fr(A)∪

E\A:

E se partitionne en deux ouverts (les int´erieurs de A et de son compl´ementaire) et la fronti`ere (dessiner, dans le cas d’une boule).

oooo oooo oooo oo

EXERCICE22.

— Adh´erence et int´erieur respectent l’inclusion.

— SiAest un ouvert inclus dansB, alorsA⊂B.

— ´Enoncer une propri´et´e analogue pour l’adh´erence.

— Calculer les adh´erences, int´erieurs, fronti`eres, des boules ouvertes ou ferm´ees.

— Toutes ces notions sont invariantes par changement de normes ´equivalentes.

J’ai utilis´e un petit

LEMME DE DUALIT ´oo E.L’int´erieur du compl´ementaire est le compl´ementaire de l’adh´erence.

L’adh´erence du compl´ementaire est le compl´ementaire de l’int´erieur.

Qui r´esulte des d´efinitions ! Si ! Regardez cette phrase suffisamment longtemps jusqu’ `a ce qu’elle vous soit ´evidente (le num´ero du SAMU est le 115).

(14)

Exemple:SoitAune partie convexe deE. Alors

PROPOSITION.L’int´erieur et l’adh´erence deAsont encore convexes.

D ´emonstration. L’adh´erence est le plus facile : soientx, y∈A. Alors il existe deux suites(xn),(yn)∈ ANtelles quexn→x, yn→y.

Soitz∈[x, y], c `ad quez=λx+(1−λ)ypour un certainλ∈[0, 1]. Alorsz=limzno `uzn =λxn+(1−λ)yn, et par hypoth`ese ; commexn, yn∈Apar convexit´e on azn∈Aet doncz∈A, cqfd.

Soient maintenantx, y∈A (suppos´e non vide sinon il n’y a rien. . . et rien `a prouver !). On a donc pour le mˆeme prix deux boulesB(x, r)et B(y, s)incluses dans A. Quitte `a r´eduire l’un ou l’autre rayon, prenonss=r.

Soitz=λx+ (1−λ)ycomme ci- dessus, il faut montrer quez∈A (s’appuyer dans ce qui suit sur la figure 1).

Je dis queB(z, r)⊂A. En effet, soitt∈B(z, r), i.e.kt−zk< r. Alors t=z+ (t−z) =λx+ (1−λ)y+ λ(t−z) + (1−λ)(t−z)

=λ(x+ (t−z)) + (1−λ)(y+ (t−z)) et on ax+ (t−z)∈B(x, r)puisque kt−zk< r, donc x+ (t−z)∈A; de mˆemey+ (t−z)∈Aet par

convexit´e deA, t∈A, cqfd.

x

z y y+(t-z)

x+(t-z)

t=z+(t-z)

FIGURE 1 – Convexit´e de l’int´erieur d’un convexe 3.2.1 Ouverts & ferm´es relatifs

Une notion difficile mais importante.

Consid´erons le cas particulier suivant : on a envie de regarder les boules dans un sous-espaceFde E. Ce sont, de fac¸on naturelle, les{x∈F|ka−xk< r}, c’est `a dire lesB(a, r)∩F. Plus g´en´eralement, DEFINITION´oo 23.Un ouvert relatif `a la partie Aest l’intersection de Aet d’un ouvert (de E). Idem

pour les ferm´es.

Ainsi,[0, ε[est un voisinage de 0. . . mais dansR+.

Par h´er´edit´e, on a une caract´erisation des ferm´es relatifs :

PROPOSITIONoo .F⊂Aest ferm´edansA(relativement `aA)ssi toute suite de Fqui converge dansA converge dansF.

(15)

oo

REMARQUE 5.La restriction de la norme deE `a un sevF est une norme de F; il est heureux que les boules pour cette norme (et donc les ouverts) co¨ıncident avec les boulesrelatives.

Un exemple imag´e : le lyc´ee ARAGOrecrute dans son voisinage, qui est limit´e par la mer et par l’Es- pagne. Un tel voisinage est donc (en gros) un quart de cercle.

Le lyc´ee MASSENA´ `a Nice recrute sur un demi-cercle, le lyc´ee HENRI IV `a Paris recrute sur un disque entier (de tr`es grand rayon :-) ).

4 Continuit ´ e

4.1 efinition

Rien de neuf sous le soleil des evn : oooo o

DEFINITION´ 24.fest continue ena∈A ⇐⇒

∀ε > 0 ∃α > 0 (x∈Aetkx−ak< α)⇒kf(x) −f(a)k< ε On peut mettre des in´egalit´es larges partout, sauf pourε > 0!

oooo o

EXERCICE23.Que signifierait

∀ε>0 ∃α > 0 (kx−ak< α)⇒kf(x) −f(a)k6ε ?

Cette d´efinition g´en´eralise celle de la continuit´e d’applications `a valeurs num´eriques. Elle g´en´eralise aussi celle de limite en un point selon une partie, plus d´elicate et rare :

4.2 Convergence en un point

On consid`eref:A→Fet un ´el´ement a∈Aun point adh´erent. Alors oooo

oooo oooo ooo

DEFINITION´ 25.f converge enassi il existe un`∈Ftel que pour toutε > 0il existe un voisinage dea(dansA)dont l’image est incluse dansB(`, ε), ou de fac¸on ´equivalente :

∀ε > 0 ∃α > 0 (x∈A∩B(a, α))⇒(f(x)∈B(`, ε)) ou encore :

∀ε > 0 ∃α > 0 (x∈Aetkx−ak< α)⇒kf(x) −`k< ε L’unicit´e (comme pour les suites) de cette limite autorise,quand elle existe, `a poser

xlima,x∈Af(x) =`

Cela signifie (cf. la d´efinition en termes de voisinages) quef(x)est voisine de `pour xvoisin dea.

Attention, la logique ( ?) de la chose est en sens inverse : la pr´ecision voulue surf(x)imposeune pr´ecision surx. L’arriv´ee conditionne le d´epart4.

A noter que si` fest d´efinie ena∈A, alors la seule limite possible estf(a)! (pourquoi ?) dans ce cas, on retrouve la d´efinition de la continuit´e.

Revenons maintenant au cas o `u fn’est pas d´efinie ena : on voit maintenant quef converge ena ssi on peutprolongerfffenaaapar continuit´e.

Autre point technique : l’application (x, y) 7→ x22xy+y2 n’a gu`ere de limite en l’origine. N´eanmoins, comme on le voit facilement il y a des limites (diff´erentes !) quand on tend vers l’origine selon une droite.

DEFINITION DE LA LIMITE SELON UNE PARTIE.´oo SoitP⊂A,a∈P. On dit quefadmet unelimite en aselonPssi la restriction def `aPadmet une limite ena.

oooo oo

EXERCICE 24.Etudier les ´eventuelles limites en l’origine´ selon les droites passant par (0, 0) de (x, y)7→ x4x+y2y2, puis selon les parabolesy=kx2.

Idem avec(x, y)→xy(limites sur la fronti`ere du domaine de d´efinition ?)

4. Comme pour un archer qui vise sa cible.

(16)

Ne pas se tourmenter `a propos de cette d´efinition. . . Dernier point : on va ´etendre ces d´efinitions `a l’infini.

On consid`eref: [a,+∞[→F. Alors oooo

o

DEFINITION´ 27.fconverge en+∞ssi

∃`∈F|∀ε > 0 ∃A > 0 (x > A)⇒d(f(x), `)< ε D´efinition similaire pour la convergence en−∞.

On peut mˆeme ´etendre au cas d’une application de E dansF, en convenant5 quex → ∞ quand kxk→+∞.

Enfin, qu’est-ce qu’une application qui tendversl’infini ? Donnons la d´efinition pour−∞:

oooo o

DEFINITION´ 28.Soitf:A⊂E→Reta∈A. On dit queftend vers−∞enassi

∀M > 0 ∃α (x∈Aetkx−ak6α)⇒(f(x)6−M)

EXERCICEoo 25.Montrer que tout polynˆomeP∈C[X]de degr´e au moins 1 tend vers l’infini en l’infini (dansC).

4.3 Image continue d’une suite

Commenc¸ons par le plus simple :

oooo o

TH ´EOR `EME7.Si(un)converge vers la limite`et sif, d´efinie en tout point de la suite, est continue en`, alors

limf(un) =f(limun) =f(`)

On peut se contenter quefadmette une limite en`(cf. limite selon une partie).

D ´emonstration. Donnons une preuve `a l’ancienne, `a charge pour le lecteur de la r´e´ecrire avec des ε:

Pour rendref(un)proche def(`), il suffit, d’apr`es la continuit´e def, de rendreun proche de`. Mais d’apr`es l’autre hypoth`ese (la convergence de(un)) cela sera r´ealis´e pournassez grand.

COROLLAIREoo 3.Si une suite r´ecurrente v´erifiantun+1=f(un)converge vers`, et sif est continue en`, alorsf(`) =`.

Ceci n’est

pas

leth´eor`eme du point fixe6! seulement que les limites ´eventuelles d’une suite r´ecurrente sont des points fixes de l’application associ´ee.

On a un aimable crit`ere de convergence, ditcrit`ere s´equentiel:

TH ´ooEOR `EME 8.f converge en a selon A ssi pour toute suite (un) de A convergeant vers a, on a (f(un))qui converge.

Propri´et´e remarquable : on n’exige mˆeme pas que toutes ces suites convergent vers la mˆeme valeur ! C’est ce qu’on s’empresse de d´emontrer d`es le d´ebut. . .

D ´emonstration. Si (f(un))et (f(vn))convergent toutes deux, avecun →a et vn →a, alors la suite d´efinie parw2n=un, w2n+1=vn converge aussi versa, et doncf(wn)converge. . . `a la fois vers les limites de(f(un))et(f(vn)), qui en sont des sous-suites, qui ont donc mˆeme limite.

Par ailleurs, si tout cela est vrai, montrons que cela exige la convergence defvers la limite com- mune`de ces suites(f(un))n∈N; supposons un peu quef ne tende pas vers`ena: alors il existe unε > 0tel que pour toutα > 0— par exemple pourα=1/n— on aurait desxn ∈A∩B(a, ε)tels quekf(xn) −`k >ε. Contradiction flagrante, car xn →a par construction. La r´eciproque vient du

th´eor`eme 7.

5. Il y a d’autres fac¸ons de mettre de l’infini sur un evn. . .

6. Il y en a beaucoup, ils expriment une condition suffisante pour qu’une application poss`ede un point fixe — et un seul.

(17)

On a le corollaire :fest continue enassi pour toute suite(un)tendant versa, on af(un)qui tend versf(a)(qui convergesuffit !).

4.3.1 Compos´ee d’applications continues

Le mˆeme crit`ere des suites permet de d´emontrer le fameux th´eor`eme : PROPOSITION.La compos´ee de deux applications continues est continue.

D’ailleurs, une suite est un cas particulier d’application. La parent´e est plus visible si l’on ´ecrit limf◦g=f(limg) = lim

tlimgf(t)

qui est une ´ecriture ´equivalente, mais plus g´en´erale, de la Proposition ci-dessus.

On peut aussid ´ecomposerune application continue, quand celle-ci arrive dans un espace produit.

On l’a vu pour les suites, d’apr`es le th´eor`eme 8 c’est pareil pour les applications :

oooo oooo

PROPOSITION.Soit fune application de AdansE×F et aadh´erent `aA, alorsfconverge ena ssi ses deux composantes convergent :

lim(f1, f2) = (limf1,limf2) De mˆeme pour un produit fini d’espaces vectoriels norm´es.

En particulier, une application `a valeurs dansKn est continue ssi toutes ses composantes le sont.

Cela rappelle la propri´et´e similaire pour les suites. . . Nous en reparlerons.

4.4 Fonctions et topologie

4.4.1 Continuit´e et parties de E

On a une caract´erisation de la continuit´e qui paraˆıt myst´erieuse `a moult taupins, car elle fait appel

`a l’image inverse,

f−1(U) ={x∈Df|f(x)∈U}

Le myst`ere tient `a ce quef−1n’existe pas ! en tout cas, ce n’est certainement pas une application deF (ou plutˆot def(A)) dansE7.

oooo oooo

TH ´EOR `EME9.Sifest continue deAdansFalors l’imageinverseparfd’un ouvert (resp. ferm´e) de Fest un ouvert (resp. ferm´e) deA.

En particulier, si f est continue de A dans R, alors les ensembles {f 6 m} et {f = m} sont ferm´es, et{f < m}est ouvert.

D´emonstration : toutes les caract´erisations de la continuit´e peuvent ˆetre utilis´ees, au choix !

oooo oooo

REMARQUE6.La r´eciproque est valide : si cela est vrai pour TOUT ouvert (resp. ferm´e), alorsfest continue.

En effet, l’imageinversedeB(f(a), ε), qui est un ouvert contenanta, contient donc une boule B(a, α), ce qui paraphrase la d´efinition mˆeme de la continuit´e.

Exemple:

— le groupe des matrices inversibles est ouvert (det∈K), le groupe sp´ecial lin´eaire (d´eterminant

= 1) est ferm´e car Det est continue.

— Une hyperbole commey=1/xest ferm´ee : image inverse de{1}par(x, y)7→x×y. notez que l’imagedirectede ce ferm´e par l’application continue(x, y)7→xest un ouvert !

— Ceci se g´en´eralise au graphe d’une appli continue (annuley−f(x)).

— Zest ferm´e (derni`ere dem !) car ensemble des z´eros dex7→sin(πx).

4.5 Op´ erations sur les limites

Consid´erons des fonctionsf, g, ϕ de Adans F, F et K respectivement. Alors si ces trois fonctions convergent ena∈A, il en est de mˆeme def+λg, ϕfet, sous la forme la plus g´en´erale :

lim(f+ϕg) =limf+limϕlimg

7. C’est bien une application, mais deP(F)dansP(A)i.e. elle envoie une partie deFsur une partie deA.

(18)

DoncC0(A, F)est un ev, et mˆeme une alg`ebre siF=K.

On a aussi la continuit´e des applicationskfk (compos´ee) et, si ϕ tend vers une limite num´erique non nulle, de1/ϕ, ainsi donc que d’applications commef/kfk l `a o `ufne s’annule pas. . .

oooo o

EXERCICE26.Montrer que pourf∈ C0(E,R)et 06α < 1, on peut d´efinir une application continue parg= f

|f|α etg=0 quandf=0.

4.6 Applications lin´ eaires continues

Les applications lin´eaires sont bien plus simples que les autres. Les liens privil´egi´es entre norme et structure d’espace vectoriel permettent d’esp´erer une simplification des crit`eres de continuit´e, pour les applications lin´eaires.

Remarquons d´ej `a que la continuit´e en un point quelconquea ´equivaut `a la continuit´e en~0, puisque f(x) −f(a) =f(x−a)quandfest lin´eaire.

4.6.1 Caract´erisation des applications lin´eaires continues

oooo o

TH ´EOR `EME10.L’applicationf∈ L(E;F)est continue ssi

∃M > 0∀x∈E kf(x)k6M.kxk. (C)

En r´esum´e, la continuit´e, pour une application notoirement lin´eaire, se r´esume `a “la lipschit- zian´eit´e en 0”. Attention,Mest ind´ependant dex!

D ´emonstration. L’in´egalit´e(C)prouve quefest lipschitzienne et donc continue : kf(x) −f(a)k=kf(x−a)k6M.kx−ak→0quandx→a R´eciproquement, supposonsfcontinue. En particulierfest continue en 0 :

∀ε > 0∃α > 0(kxk6α)⇒(kf(x)k6ε) Soit alorsy6=0et posonsM= ε

α. Il vient kf(y)k=kf

kyk α α y

kyk

k=kkyk

α f(x)k= kyk

α kf(x)k6kyk

α ×ε=Mkyk puisquex=α y

kyk est de norme [inf´erieure ou] ´egale `aα.

Exemple:consid´erons l’application P 7→ P(1) sur E = C[x]. C’est une forme lin´eaire. Quand on munitEde la normek k=Sup[0, 1], elle est clairement continue (et 1–lipschitzienne).

Mais pour la normeP7→kPk1=R1

0|P|, elle n’ est PAS continue : en effet, la suite(n+1)Xnest born´ee

pour cette norme, mais ses valeurs en 1 ne le sont pas : l’application n’est donc pas lipschitzienne, donc pas continue. Comme on le voit,la continuit ´e d’une application d ´epend de la norme choisie.

On s’en doute, elle reste la mˆeme avec des normes ´equivalentes.

4.6.2 Cas des applications bilin´eaires

Mutatis mutandis, tout se passe comme pour les applications lin´eaires.

oooo o

TH ´EOR `EME 11.L’application bilin´eaireBdeE×F dansG est continue ssi il existe une constante Mtelle que

∀(x, y)∈E×F kB(x, y)k6M.kxk.kyk EXERCICE27.Montrer au moins l’implication⇐.

Ceci se g´en´eralise sans douleur aux applications tri-, multi-lin´eaires.

De fac¸on g´en´erale, tous lesproduitsque nous rencontrons en math´ematiques seront continus :

(19)

oooo ooo

COROLLAIRE4.Les applications suivantes sont continues :

— Le produit externe(λ, x)∈K×E→λ.x.

— Le produit interne(u, v)→u.vdans une alg`ebre norm´ee.8

— Le produit scalaire dans un espace pr´ehilbertien (via CAUCHY-SCHWARZ).

Exemple:Anticipant sur le fait qu’en dimension finie, lin´eaire ⇒ continu, par multilin´earit´e du d´eterminant par rapport `a ses colonnes, on a (pour toute norme surRn)

∃k > 0,∀C1, . . . Cn∈Rn, |Det(C1, C2. . . Cn)|6kkC1k. . . .kCnk

En particulier pour la norme 2 on a le fait remarquable quek = 1 : c’est la fameuse (et d´elicate) in´egalit´e de Hadamard.

(20)

5 La compacit ´ e

5.1 Parties compactes

Commenc¸ons par les propri´et´es vraies dans tout evn.

5.1.1 D´efinition s´equentielle

DEFINITION´oo 29.Un compact est une partieKdeEtelle que toute suite deKadmette une sous-suite convergentedansK.

Par exemple, toute partie finie est compacte, d’apr`es le principe des chaussettes (pigeon-holes, ou tiroirs).

5.1.2 Compacts et ferm´es

PROPOSITION.Tout compact est ferm´e et born´e.

La r´eciproque est fausse en dimension infinie : consid´erer les suitesεk= (0, 0, 0, . . . 0, 1, 0, 0, . . .)dans

`. Elle forment une suite de la sph`ere unit´e ferm´ee, qui n’a pas de sous-suite convergente.

D ´emonstration. Ferm´e, par d´efinition, puisque la limite de toute sous-suite d’une suite convergente (qui n’est autre que la limite de la suite) doit ˆetre dans le compact.

Born´e, car sinon on peut construire par r´ecurrence une suite(un)dans la partie telle que n6=m⇒d(un, um)>1

D’une telle suite, mˆeme Einstein ne saurait extraire une sous-suite convergente.

PROPOSITIONoo .Tout ferm´e d’un compact est compact, et r´eciproquement tout partie compacte d’un compact y est ferm´ee..

On le voit en consid´erant les suites dans cette partie.

Autrement dit, on obtient les compacts inclus dansKencoupantKpar des ferm´es.

PROPOSITION.Le produit de deux compacts est compact.

Bien entendu, cela signifieun compact de l’espace produit muni de la norme produit. Exemple : un rectangle[a, b]×[c, d]dansR2. La d´emonstration qui suit est simple, mais `a connaˆıtre parfaite- ment.

D ´emonstration. Soient A et B deux compacts de E et F respectivement. On consid`ere une suite (an, bn)dansA×B⊂E×F.

Extrayons une sous-suite convergente de (an)n∈N, soit (anp)p∈N. Il ne sert de rien de faire de mˆeme s´epar´ement pour l’autre membre, car les deux sous-suites d’indices peuvent n’avoir rien de commun. En revanche, observons que(bnp)p∈N est une suite dans le compactB : on peut en extraire(bnpq)q∈N, convergente. Joie ! La sous–sous–suite (anpq)q∈N, qui est une sous–suite d’une sous–suite convergente, est elle aussi convergente. Donc

(anpq, bnpq)q∈N est une sous–(sous– ! !)suite convergente de(an, bn)n∈N

EXERCICE28.Le produit de deux ferm´es est-il un ferm´e ? oooo

REMARQUE7.Par une r´ecurrence imm´ediate, le produit dencompacts est encore compact. En fait (th´eor`eme de TYCHONOFF) cela reste vrai pour un produit quelconque, le probl`eme ´etant de savoir quelle topologie mettre sur un produit d’une infinit´e d’espaces (m´etriques).

(21)

5.2 Compacit´ e et autres propri´ et´ es

5.2.1 Compacit´e et conitnuit´e

TH ´ooEOR `EME 12.L’image continue d’un compact est compacte : si K est compact dans E et f est continue deEdansFalorsf(K)est compact dansF.

La d´emonstration est imm´ediate, avec les suites par exemple :

D ´emonstration. Dans ces hypoth`eses, soit (f(un))n une suite de f(K). Alors la suite (un)n de K admet une sous-suite CV(unp)p, par continuit´e son image (f(unp))pest une SSCV de(f(un))n (et

la limite reste dansf(K)).

oooo ooo

REMARQUE8. • Ce n’estpas du tout une caract´erisation de la continuit´e. Consid´erer la fonction caract´eristiqueχQ!

• Ne pas confondre avec les imagesinverses (de ferm´es/ouverts). Faire l’exercice d’applica- tion suivant.

oooo oooo oooo oo

EXERCICE29.(Centrale 2018)

SoitKl’ensemble des matrices2×2dont les valeurs propres sont de module 1.

A toute matrice` Mon associe le couple(TrM,DetM). On rappelle/pr´evient que TrMest la somme des deux valeurs propres etDetMest leur produit.

En d´eduire quef(K)est compact.

Montrer queK=f−1(f(K)). En d´eduire queKest ferm´e.

En particulier, l’image continue d’un compact est toujours born´ee, et on a le corollaire essentiel : COROLLAIRE5.Une application continue d’un compact dansRest born´ee et atteint ses bornes.

Ceci montre l’existence de tout un tas de maxima et minima de fonctions, sous la seule condition qu’elles soient continues sur une partie compacte ad´equate. Un exemple moins trivial : le probl`eme de FERMAT(cf. exos). Une g´en´eralisation parfois utile : pour une application continue deAcompact dansE, il existea∈Atel que∀x∈A||f(x)||6||f(a)||(idem avec>bien s ˆur)

oooo oooo oooo

TH ´EOR `EME DE HEINE.

Toute application continue sur un compactKy estuniform´ementcontinue, c’est `a dire que

∀ε > 0 ∃α > 0 ∀x, y∈K kx−yk6α⇒kf(x) −f(y)k6ε (propri´et´e plus forte que la continuit´e ordinaire)

D ´emonstration. Par l’absurde. Consid´erons une application continue sur le compactK, qui ne soit pas uniform´ement continue : d’apr`es la d´efinition de cette notion, cela signifie

∃ε > 0 ∀α > 0 ∃xα, yα kxα−yαk6αmaiskf(xα) −f(yα)k>ε

Cela n’a rien d’ind´ecent : pour l’applicationx7→x2deRdans lui-mˆeme, on peut avoir|x2−y2|>1pourxety tr`es proches, e.g.x=y+1/y, `a condition qu’ils soient proches de l’infini.

Choisissonsαde la forme1/n: alors on d´efinit ainsi deux suites(xn),(yn)telles quekxn−ynk61/n etkf(xn) −f(yn)k>1.

Le bˆat blesse quand on se souvient que l’on peut extraire une suite convergente de(xn, yn)qui se d´eplace dans le compactK×K. On aura donc

xnp→x ynp→y et xnp−ynp→0 d’o `u x=y Mais par continuit´e on devrait avoir

f(xnp)→f(x) =f(y) =limf(ynp)

alors que∀p kf(xnp) −f(ynp)k>1 : contradiction.

(22)

Ce th´eor`eme sert surtout `a prouver d’autres th´eor`emes (cf. l’approximation d’une fonction continue par une fonction en escalier, qui donne la m´ethode des rectangles).

5.2.2 Compact et convergence

TH ´ooEOR `EME 14.Une suite `a valeurs dans un compact est convergente ⇐⇒ elle poss`ede une uniquevaleur d’adh´erence.

NB : par d´efinition de la compacit´e toute suite en poss`ede au moins une. Par ailleurs toute suite convergente a une unique v.a., sa limite. Il reste donc seulement `a d´emontrer qu’une suite diver- gente, `a valeurs dans un compactK, poss`ede au moins deux v.a. distinctes.

D ´emonstration. Soit donc une suite(un)divergente `a valeurs dans le compactK: de ce fait 1. il existe une valeur d’adh´erencea∈K, et donc une sous-suite convergeant versa.

2. Mais(un)6→a, donc par d´efinition de la convergence

∃ε > 0∀N∃n > Nkun−ak>ε (])

Ceci signifie que si l’on num´erote les ´el´ements de la suite “´eloign´es de a” au sens de l’in´egalit´e pr´ec´edente :un0, un1, . . . unp, . . ., leur s´equence est infinie (sinon il existerait un Maxnp). Or p7→ unp est une sous-suite de(un), donc une suite dansK. Elle poss`ede de ce fait une v.a.b: il existe une sous-sous-suite ( !)unpq →b.

Par passage `a la limite dans(])il vientkb−ak>ε.Orbest aussi une v.a. de(un): on a bien exhib´e

deux v.a. distinctes de la suite.

NB : pour une suite qui n’est pas dans un compact c’est FAUX. Mˆeme dansR, la suite(n (−1)n+1

n

a la seule v.a. 0 bien que divergente. Plus sophistiqu´e, la suite born´ee des applicationsεn :t7→enit (pour la normek k= Sup

[0,2π]

par exemple) n’a aucune v.a. du tout. . .

5.3 Compacts en dimension finie

Commenc¸ons par un exemple, dans un espace de dimension n rapport´e `a une base : la boule unit´e (en fait, l’hypercube) pour la norme sup estB={x∈E|∀i=1 . . . n|xi|61}o `u les(xi)sont les coordonn´ees dex.

Sous cette forme, on voit bien que B = [−1, 1]n est le produit de n segments [−1, 1], qui sont compacts9, doncBest compacte.

Le crit`ere des ferm´es d’un compact permet d’en d´eduire que la sph`ere unit´e elle aussi est compacte.

Ceci va se g´en´eraliser ci-dessous en un th´eor`eme immens´ement gratifiant : TH ´EOR `EME15.En dimension finie, tout ferm´e born´e est compact.

C’est la r´eciproque de la Proposition 5.1.2. C’est aussi une forme du th´eor`eme de BOLZANO- WEIERSTRASS, et on le d´emontrera infra. Attention que dans K[X], par exemple10, la boule unit´e n’est pas compacte. En fait (Thm de RIESZ, h.p.) le th´eor`eme 15 caract´erise la dimension finie.

6 Le cas de la dimension finie

En dimension finie, bon nombre des notions ´etudi´ees pr´ec´edemment se simplifient : le tout premier th´eor`eme ´enonc´e affirme l’´equivalence detoutesles normes. En cons´equence, pratiquement toutes les notions topologiques seront valables pour n’importe quelle norme, sans qu’il soit n´ecessaire de la pr´eciser.

Il en r´esulte aussi entre autres choses une simplification de la notion de compacit´e, et la continuit´e de toute application lin´eaire.

9. D´emontr´e en Sup, par dichotomie.

10. Norme au choix.

(23)

6.1 Equivalence des normes ´

C’est LA propri´et´e fondamentale.

TH ´EOR `EME16.En dimension finie, toutes les normes sont ´equivalentes.

La d´emonstration est purement technique (non exigible !).

D ´emonstration. On va prendre une base et comparer une norme quelconqueN `a la norme x= (xi) =

Xn i=1

xiei7→ Sup

i=1...n

|xi|

Dans un sens :

N(x) =N(

Xn i=1

xiei)6 Xn i=1

N(xiei) = Xn

i=1

|xi|.N(ei)6kxk.

Xn i=1

N(ei) =M.kxk

Dans l’autre, il nous manque une expression explicite de la normeN! On va user (et ruser) d’arguments de compacit´e.

L’applicationN, de(E,k k)dansR, est donc continue (et mˆeme lipschitzienne de rapportM). La sph`ere unit´e pourk k ´etant compacte,Ny atteint un minimum m, strictement positif puisque atteint en un vecteur non nul.

On a donc pourkxk=1,m6N(x). On en d´eduit ais´ement

∀x∈E m.kxk6N(x)6M.kxk

C’est ce que l’on voulait d´emontrer.

oooo oooo o

EXERCICE 30.Trouver la meilleure constante possible pour comparer, dans tous les sens pos- sibles, les normes canoniques surKn :

kxk1=X

|xi| kxk2=

qX

|xi|2 kxk=Sup|xi|

En cons´equence, il n’est pas n´ecessaire de sp´ecifier la norme pour parler de topologie d’un evn de dimension finie ! Les notions de parties : ouvertes, ferm´ees, born´ees, compactes, d’int´erieur, d’adh´erence ou fronti`ere, la convergence des suites, leurs valeurs d’adh´erence, la continuit´e des fonctions. . .ne d ´ependent pas de la norme choisie.

6.2 Applications lin´ eaires en dimension finie

PROPOSITION.Toute application lin´eaire d’un evn de dimension finie dans un autre est continue.

oooo ooo

REMARQUE9.On peut toujours supposer que l’espace d’arriv´ee est de dimension finie, car l’image d’une application lin´eaire est de dimension inf´erieure ou ´egale `a celle de l’espace de d´epart (th´eor`eme du rang). Mais il peut aussi demeurer de dimension infinie, l’important est que l’espace ded´epartsoit de dim. finie.

D ´emonstration. Prenons une base de l’espace de d´epart. Soit alorsx= Pn i=1

xiei, on a

kf(x)k=

Xn

i=1

xif(ei)

6 Xn

i=1

|xi|kf(ei)k6 Sup

i=1...n

|xi| Xn

i=1

kf(ei)k

ce qui d´emontre quekf(x)k6M.kxk, avecM= Pn i=1

keiketkxk= Sup

i=1...n

|xi|.

Le r´esultat reste vrai pour toute autre norme : elles sont ´equivalentes !

Il en est de mˆeme des applications bi– ou multilin´eaires (admis sans d´emonstration).

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