Paris 7 PH 443
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THEORIE CLASSIQUE DES CHAMPS
PARTIEL, t0= lundi 5 f´evrier , 8 h 30
∆t= 3 heures
Il n’est pas totalement inutile de lire l’´enonc´e : les questions sont en principe, et parfois en d´epit des apparences, r´edig´ees dans l’intention de faciliter votre tˆache. Mais avant cela, quelques remarques :
• Conventions typographiques :~v,−→V repr´esentent des (tri)vecteurs,v,V des quadrivecteurs.
• Si les cons´equences d’une erreur de calcul, propag´ees tout au long d’une solution, sont ´eventuellement pardonnables dans la mesure o`u elles ne heurtent pas le “bon sens”, toute r´ecidive d’une erreur de dimensions constitue par contre une faute aggrav´ee.
• Songez `a toutes les m´ethodes de v´erification de vos r´esultats : sym´etries, dimensions, cas particuliers, cas limites, bon sens, patrimoine culturel, etc. Il en sera tenu compte ; faire de la physique c’est aussi pr´evoir un r´esultat avant tout calcul puis, apr`es celui-ci, corriger ses erreurs.
• Des blocages moraux (on dit maintenant des tics) certes d´esuets me rendent particuli`erement irascible en cas de suspicion de fraude, et encore plus s’il en r´esulte des inepties. Aidez moi `a
´eviter des sentiments dont j’aurais honte !
• Ne vous affolez pas de la longueur de l’´enonc´e. Vous ne devez vous attaquer aux deux probl`emes finals qu’apr`es avoir effectu´e les exercices*, suffisants et n´ecessaires pour vous assurer la moyenne.
*LES BASES(4,5 pts) 1. i) Rappelez l’expression de l’invariant associ´e `a deux ´ev´enements.
ii) Quelle est la nature de chacun des intervalles entre les trois
´ev´enements O, A et B repr´esent´es ci-contre dans le rep`ere de Juliette, inertielle. Quels sont les couples d’´ev´enements entre lesquels il ne peut y avoir de lien de causalit´e ?
iii) Calculez l’intervalle de temps entre les ´ev´enements O et A dans un rep`ere ´equivalent o`u ils ont mˆeme position.
2. Rom´eo est aussi inertiel. Les vies respectives de Juliette et Rom´eo ont un ´ev´enement commun qu’ils conviennent de prendre comme origine O. Juliette choisit son axe ˆxselon la vitesse −→
V de Rom´eo. A intervalles r´eguliers `a sa montre (parfaitement l´egale), Rom´eo ´emet (´ev´enements O, E1, E2, E3 . . .) des ´eclats lumineux que Juliette re¸coit (´ev´enements O, R1, R2, R3 . . .).
i) Repr´esenter tout ce sc´enario sur un graphe d’espace-temps (x, t) dans le rep`ere de Juliette.
ii) Soit ∆τ l’intervalle entre deux ´emisions O et E1 `a la montre de Rom´eo. Indiquez sur le graphe les intervalles de coordonn´ees ∆xet ∆t entre ces deux ´ev´enementsobserv´espar Juliette.
iii) Calculer, sans transformation de Lorentz, ∆ten fonction de ∆τ etV.
iv) Calculer l’intervalle de temps ∆tR entre deux r´eceptions O et R1 de ces ´eclats vuspar Juliette.
3. Pour les choix d’axes qui leurs restent, Juliette et Rom´eo conviennent d’une configuration standard.
i) Ecrire les relations entre coordonn´ees attribu´ees `a un ´ev´enement par Juliette et par Rom´eo.
ii) Juliette et Rom´eo observent deux battements d’ailes successifs du vol d’une mouche et en d´eduisent alors les composantes de la vitesse de cette mouche. D´eterminez les relations entre composantes des vitesses qu’ils attribuent respectivement `a cette mouche.
iii) D´eterminez la forme vectorielle des relations entre temps et vecteurs positions d’un ´ev´enement lors d’une transformation sp´eciale de Lorentz.
iv) D´eterminez (par la m´ethode qu’il vous plaˆıt) la loi de composition des vitesses sous forme vectorielle.
2 Champs classiques, PH443 Paris 7
*CINEMATIQUE(5 pts)
4. i) Quelle est la d´efinition de la quadrivitesse en un ´ev´enement d’un point mat´eriel dont la ligne d’univers est donn´ee ?
ii) Calculez les composantes de cette quadrivitesse dans un rep`ere o`u la vitesse du point est alors~v.
iii) Quelle est la d´efinition de la quadri-acc´el´eration du point ?
iv) Enum´erez quelques propri´et´es simples de la quadrivitesse et de la quadri-acc´el´eration.
5. Un point mat´eriel a pour trajectoire, dans le rep`ere de Juliette,x(t) =g−1p
1 + (gt)2,y(t) =z(t) = 0, o`ug est une constante positive.
i) Calculez le temps propre du point mat´eriel,τ(t), tel queτ(0) = 0.
ii) Calculez les coordonn´ees, les composantes de la quadrivitesse, de la vitesse et de la quadri- acc´el´eration du point, en fonction de son temps propre.
iii) Quel nom donne t-on habituellement `a ce mouvement ? Pourquoi ? iv) Calculez la rapidit´eϕ(τ) ? L’expression obtenue ´etait-elle pr´evisible ?
v) Le point mat´eriel est une (petite, mais par rapport `a quoi ?) fus´ee qui ´emet en permanence et dans toutes les directions un rayonnement qui se propage `a vitesse 1. Repr´esentez l’allure de ce sc´enario (lignes d’univers de Juliette, de la fus´ee et du rayonnement) sur un graphe d’espace-temps dans le rep`ere de Juliette.
vi) Calculez la valeur de la constante g, en ann´ee−1, si la fus´ee a une confortable acc´el´eration propre de 9,8 m s−2?
*DYNAMIQUE(2,5 pts)
6. i) Quelle est la d´efinition de la quadri-impulsion d’une particule de massem, et quelle en est l’utilit´e ? ii) D´eterminez les expressions des composantes de cette quadri-impulsion pour Juliette, alors que la vitesse de la particule est~v.
iii) En d´eduire les identit´es remarquables entre ´energie, impulsion, masse et vitesse de la particule.
iv) Quelles caract´eristiques peut-on attribuer `a une particule dont les composantes de la quadri- impulsion ont la propri´et´ep0=|~p|?
7. i) Expliquez les raisons pour lesquelles on pr´edit l’impossibilit´e d’une r´eaction du typee+e− →γ.
ii) Juliette ´etudie la r´eaction d’un positron incident sur un ´electron au repos du type e+e− → γ γ.
Lorsque l’un des deux photons est ´emis vers l’avant, quelle direction d’´emission pr´edisez-vous (sans calcul, mais `a l’aide d’un petit graphe d’espace-temps par exemple) pour l’autre photon ?
*ELECTRODYNAMIQUE(1 pts)
8. i) Calculez soigneusement deux composantes typiques du tenseur du champ ´electromagn´etique Fµν
en termes des composantes des champs ´electrique et magn´etique.
ii) En d´eduire le tableau complet des composantes de ce tenseur.
LA FICELLE DE BELL (2 pts)
Br¨unnhilde, Sieglinde et Siegmund sont d’abord inertes, immobiles les uns par rapport aux autres, align´es, et Br¨unnhilde est `a mi-chemin entre Sieglinde et Siegmund. Une ficelle est tendue entre Sieglinde et Siegmund.
Nos trois h´eros sont convenus depuis longtemps que lorsque Sieglinde et Siegmund re¸coivent un signal radio de Br¨unnhilde, ils doivent tous deux prendre la fuite dans ce qui ´etait ant´erieurement ladirection de la ficelle, dans lemˆeme sens (disons de Sieglinde vers Siegmund), en mettant en route leurs moteurs respectifs qu’ils pilotent avec lemˆeme programme d’acc´el´eration propre(par exemple constante). Toute la question est maintenant de pr´edire le d´enouement (si l’on peut dire) pour le lien qui unit Sieglinde et Siegmund : la ficelle va-t-elle rester tendue, se d´etendre, ou casser. . .
9. Repr´esenter tout ce sc´enario sur un graphe d’espace-temps dans le rep`ere de Br¨unnhilde : lignes d’univers, signaux radio (mais pas la ficelle qui a vraiment trop de points et dont on ne sait pas encore grand chose).
Champs classiques, PH443 Paris 7 3 10.Soit un ´ev´enement Ade Sieglinde au cours de sa fuite.
i) Repr´esentez la ligne d’univers de Bell, inerte, qui a enAune vitesse nulle par rapport `a Sieglinde.
ii) Repr´esentez l’ensemble des ´ev´enements qui, pour Bell, sont simultan´es avecA.
iii) Repr´esentez l’´ev´enementB de Siegmund qui, pour Bell, est simultan´e avecA.
iv) Repr´esentez la ligne d’univers de Richard qui, enB, a une vitesse nulle par rapport `a Siegmund.
11.A l’aide du graphique ainsi construit. . . i) Comparez les vitesses de Bell et de Richard.
ii) Qu’en d´eduisez-vous pour la vitesse de Richard par rapport `a Bell, et pour le sort de la ficelle ? R´ef. :J.S. Bell,How to teach special relativity, inSpeakable and unspeakable in quantum mechanics, Cambridge University Press (), p. 67.
DECOMPOSITION D’UNE TRANSFORMATION DE LORENTZ(5 pts)
On se propose de d´emontrer que toute transformation de Lorentz, homog`ene, propre, orthochrone (autrement dit du groupeL+↑), peut ˆetre consid´er´ee comme produit d’une transformation sp´eciale de Lorentz et d’une rotation. Soit donc une transformation de Lorentz homog`ene, etc., de matrice Λµν. 12.Montrer que (Λ00)2−P
i(Λi0)2= (Λ00)2−P
i(Λ0i)2= 1.
13.i) Quelle est la condition n´ecessaire et suffisante pour que trois nombresβi puissent ˆetre pris comme param`etres d’une transformation sp´eciale de Lorentz ?
ii) Montrer que les βi df
= Λ0i/Λ00 peuvent ˆetre adopt´es comme param`etres d’une transformation sp´eciale de Lorentz.
14.i) Rappeler la forme vectorielle ½
t=t(t0,~r0;~v)
~r=~r(t0,~r0;~v)
de la transformation sp´eciale de Lorentz entre coordonn´ees (t,~r), utilis´ees par Juliette, et (t0,~r0) utilis´ees par Rom´eo qui se meut `a vitesse~vrelativement `a Juliette.
ii) En d´eduire les expressions des ´el´ements L00, L0j, Li0 et Lij de la matrice L(~v) de cette transformation.
15.Calculer les coefficients γ et γvi de cette matrice en fonction des Λµν, lorsque~v a la valeurβ~ d´efinie dans la question 13.
16.Soit la matriceR= ΛL(df −β).~ i) CalculerR00.
ii) En d´eduire les valeurs des R0i et Ri0. (Un conseil : ne pas oublier que, de par sa d´efinition, la matriceR appartient au groupeL+↑, et satisfait donc les propri´et´es montr´ees `a la question 12.) iii) Quelle est la nature de la transformation correspondant `aR?
17.Quel est le r´esultat du produitRL(β) ?~
18.On se propose enfin de montrer que cette d´ecomposition d’une transformation de Lorentz, en transformation sp´eciale puis rotation pure, est unique. Imaginons deux rotations, R et R0, et deux transformations sp´eciales de Lorentz, L(~v) et L(~v0), telles que Λ =RL(~v) =R0L(~v0).
i) Montrer queR−1R0L(~v0)L(−~v) =I.
ii) Montrer que l’´el´ement00 de cette relation matricielle implique une condition liant~v,γ,~v0 et γ0. iii) Quelle condition doivent alors satisfaire~vet~v0?
iv) En d´eduire que L(~v0) =L(~v) etR0=R.