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Aventures les plus curieuses des voyageurs Hombron, Jacques Bernard Paris, 1847 ETH-Bibliothek Zürich Shelf Mark: Rar 32504

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Aventures les plus curieuses des voyageurs

Hombron, Jacques Bernard Paris, 1847

ETH-Bibliothek Zürich

Shelf Mark: Rar 32504

Persistent Link: https://doi.org/10.3931/e-rara-72783

Sénégambie.

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ItF.S VOVAGEUUS. ir;i rapidité du courant , ils se seraient noyés. Ce rrécit, fait par un témoin désintéressé , s’accorde avec celui de la narration , plus détaillée , qui fut faite à lsaac par Arnadi Fatouma, nègre au service de Mungo- Park au moment de la catastrophe qui termina son existence.

S

ÉNÉ

GAMBIE.

OBSERVATIONSSUR LES MŒURSETLES HABITUDES DESNÈGRES,ET SURLA

CONDITION DESESCLAVES PARMIEUX

ungo- Park a semé , dans la relation de son voyage, d’excellentes observations surles mœurs et les habitu des des Nègres, sur l’origine de l’esclavage parmieux,

et sur la conditiondesesclaves ; nousles réunirons ici, et nousles accompagnerons de quelques réflexions.

A la première apparition d’une nouvelle lune , qu’ils supposent être nouvellement créée , les Nègres, soit païens , soit mahométans, disent une courte prière . Ceci semble être le seul culte que les païens rendent à l’Ètre-Suprême .Cette prière se prononce tout bas, chacun tient ses mains devant son visage. La prière a pour objet, suivant l’opiniondeplusieurs personnes ,de rendre grâcesaux Dieux des bontés qu’ils onteues pendant lalune passée, et de leur en de¬

manderlacontinuation pourla duréede celle qui commence . Quand ils ont fini deprier , ils crachent dans leurs mains et s’en frottent le visage.Cela parait être , à peu près ,la même cérémonie qui se pra¬

tiquait chez lespaïens du tempsde Job.

Les idées des Nègres sur la géographie sont très bornées . Ils s’imaginentque le monde est une plaine indéfiniment étendue , dont aucun œil n’a pu voirles limites , parce que , disent -ils , elles sont

1 D ’après Mungo- Park , extrait dela Collection desvoyages enAfrique, par C. A.

Walckenaër.

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AYKlYL'UKES curieuses Ktë

enveloppéesdenuages et d’obscurité . Ils décrivent la mer comme une grande rivière d'eau salée, sur le bord delaquelle est situé un pays appelé Tobaudo Dou (la terre desblancs). A quelque distance de Tobaudo Dou , ils placent un autre pays qu’ilsprétendent être habité par des cannibales d’une taille gigantesque , nommés Kounis.

Ilsappellent ce pays Djong -sang-Dou, (la terre où l’on vend les es¬

claves) .Detousles pays de l’univers,le leurest celui qu’ils croient le meilleur , comme ils s’estiment le peuple le plus heureux . Aussi, plaignent -ils le sort des autres nations que la Providence a placées dans des contrées moins fertiles et sous de moins fortunés climats.

Quelques opinions religieuses des Nègres , quoique mêlées de superstitions et dictées par une crédulité ridicule , nesont pas in¬

dignes d’attention . Mungo-Park a converséavec des hommesde toutes les classes, au sujetdeleur foi ;et il n’hésite pas à prononcer que la croyance d’un Dieu, ainsi que celle d’un état futur de peines etde récompenses , sont universelles chez eux ' .

Peude gens travaillent plus vigoureusement , quand il le faut, que lesMandingues ; mais n’ayant pas l'occasion faciledetirer parti des produits superflus deleur travail , ils se contentent de cultiver autant de terre qu’il en faut pour subvenir à leur subsistance . Les travaux des champs leur donnent beaucoup d’occupation pendant les pluies ; et dans la saison sèche , les gens qui vivent près des grandes rivières s’occupent beaucoup de lapèche . Ils prennent le poisson dansdes paniers d’osier , ou avec de petits filets de coton.

Pour le conserver , ilsle font d’abord sécher au soleil ; puis ils le frottent avec du beurre dechi (shea), afin de l'empêcher dese moi¬

sir . D’autres habitants s’adonnent àla chasse : leurs armes sont des arcs et des flèches : ces dernières , pour l’usage ordinaire , ne sont point empoisonnées. Ils sont si habiles archers , qu’ilstirent à une distance étonnante un lézard surun arbre ,ou tout autre animal aussi peu volumineux.

L’art de tisser , celui de teindre et celui de coudre s’apprenant, sans peine , ceux qui les pratiquent ne sont pas considérés , en Afrique , comme exerçant une profession particulière ; car il n’y a guère d’esclavequi nesache tisser , ni d’enfant qui ne sache coudre.

La plupai't des forgerons africains connaissent aussi l’art de fondre 1 Mango-Park’s Trcuel, diap . XXI, piissilll.

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DES VOVACEEKS. [ . KÎ

l’or : ilsse servent , à cet effet, d’un sel alcalin , provenant d' une lessive de tiges de mais brûlées , qu’ils font évaporer jusqu ’à la siccité . Ilstirent aussi l’or en fd, et en font plusieurs ornements, dont quelques -uns sont exécutésavec beaucoup d’intelligence et de goût.

Les principaux instruments de musique des Nègres sont lekoun- ting , espèce de guitare à trois cordes ; le korro , grande harpe à dix-huit cordes ; le simbing , petite harpe à sept cordes ; lebalafon, instrument composédevingt morceaux de bois dur , au- dessous des¬

quels sont des gourdes coupées en forme de coquilles , qui en aug¬

mentent le son ; tang- lang , tambour quiest ouvert à son extrémité inférieure ; et enfin le tabala , grand tambour qui s’emploie ordi¬

nairement pour répandre l’alarme dans le pays. Outre cela ,ils font usage de petites flûtes , de cordes d’arc , de dents d’éléphants et de cloches. Dans toutes leurs danses , dans tous leurs con¬

certs , le battement des mains semble faire une partie nécessaire du chœur.

Les Nègres observent dans leurs maladies une sorte de traitement systématique . Au premier accès de la fièvre , lorsque lemalade se plaint du froid,on leplace souvent daus une espècede bain de va¬

peur , qu’on obtient en étendant sur des cendres chaudes des branchés de nauclea orienialis , sur lesquelles on couche lemalade enveloppédans ungrand drapde coton ;on arrose alorslesbranches de gouttes d’eau qui , parvenant entre les interstices des cendres chaudes , couvrent bientôt lepatient d’un nuage devapeur : on le laisseen cet état jusqu ’àce quelescharbons soient presque éteints, deprocédé occasionne , pour l’ordinaire , une transpiration abon¬

dante , et soulage singulièrement le malade . Les autres maladies auxquelles les Nègres sont sujets , sontle tétanos , l’éléphantiasis et une lèpre duplus mauvais genre . Celle- ci se manifeste au com¬

mencement par destaches scorbutiques , qui paraissent sur diffé¬

rentes parties ducorps ,et quifinissent par se fixer aux mainsetaux pieds .La peau s’y sècheet se fendilleen plusieurs endroits ; enfin, les extrémités des doigts enflent et s’ulcèrent .Le pus qui en sort est âcre et fétide ;les ongles tombent , lesos des doigts se carient et se séparent desjointures . Le mal continue defaire ainsi des progrès, et croit souventau point quele malade perd toussesdoigts , tant des mains quedes pieds .Les membres eux-mèmes tombent quelquefois

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AVENTURES CURIE! SES

détruitspar cette cruelle maladie ,que les Nègres appellent balladjou (incurable ).

Les naturels qui habitent la côte,où ils peuvent se procurer des lancettes , pratiquent quelquefoislasaignée ; dans le cas d’inflam¬

mation locale ils font usage d’un curieux genre de ventouses . Us pratiquent desincisions àlapartie affectée et y appliquent une corne de bœuf , à l’extrémité de laquelle est un petit trou : l’opéra¬

teur prend ensuite danssa bouche un morceaudecire ; puis , appli¬

quant ses lèvres au trou ,ilpompe l’airde la corne ,et par un mou¬

vement adroit desa langue ferme le trou avec la cire . Ceprocédé répond ordinairement bien au but pour lequel on l’emploieetpro¬

duiten général un écoulement abondant.

Mungo-Park ne se rappelle pas un seul exemple de dureté de cœur dans les femmes africaines 1 : dans sa plus grande misère et dans toutes ses courses il les a constamment trouvées bonnes et compatissantes . Une des premières leçons qu’apprennent à leurs enfants les femmes mandingues est le respect pour la vérité . Une malheureuse mère , dont le fils fut tué par des brigands maures à Funingkedy , se consolait dans sa douleur extrême en pensant que lepauvre enfant , dans le cours de son innocente vie , n’avait jamais dit un mensonge . Les enfants ne portent pas toujours le nom de leurs parents .Ils sont nommés d’après quelques circonstances locales ou personnelles : c’est ainsi que l’hôtedeMungo- Park , à Kamalia, s’appelait Karfa, d’un mot qui veut dire remplacer , parce qu’il était peu de temps après lamort d’un de ses frères . D’autres noms expriment de bonnes ou de mauvaises qualités , comme Modi (un bon homme), Fadibba (père de la ville).Les noms mêmes des villes renferment quelque signification , comme Sibidoulou (la ville de Cihoas), Kenneyetou (des vivres ici), Dosita (levez votre cuiller ) ; d’autres semblent avoir été donnés par manière de reproches, comme Bammakou (lave un crocodile ), Karrankalla (point decoupe pour boire). Parmi les Nègres, chaque individu , outre son nom propre , a aussi un kontong ou surnom qui dénote la famille ou tribu à laquelle il appartient . Quelques-unes de ces familles sont très nombreuses ettrès puissantes : ilserait impossible de détailler les divers kontongs qu’on trouve en différentes parties du pays.

1 11oublie les femmes des Maures ; mais il a surtout en vue les femmes nègres.

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I

DES YOYAC.EniS . ISS

Dans les contrées arrosées par la Gambie, les femmes ont une coiffure qu ’elles appellent djaïïa : c ’est une étroite bande decoton, qui , à partir du front , leur fait plusieurs fois le tour de la tête.

A Bondon , elles portent plusieurs tours de grains de verroterie blanche avec une petite plaque d’or surle milieu du front.

Dans le Kasson, les dames parent leur tête depetits coquillages blancs qu’ellesarrangent d’une manièretrès agréable .DansleKaarta et dans le Ludamar ,elles se servent d’un coussinet pour élever très haut leurs cheveux , comme le faisaient autrefois lesAnglaises. Ce coussinet est orné d’unmorceau d’une espèce de corail qu’on pêche dans la mer Rouge,etque les pèlerins qui reviennent dela Mecque vendent fort cher.

Les Nègres mahométans ont successivement adopté ,avec les pré¬

ceptes religieux du Coran , plusieursdesinstitutions civiles du pro¬

phète ; et , lorsque le Coran ne leur paraît pas assez clair , ils ont recours àun commentaire intitulé Al Scharra , qui contient , dit- on, une exposition complètedes lois civiles et criminelles de l’islamisme, très bien misesenordre.

La nécessité d’avoir souvent recours à des loisécrites , que les Nègres qui professent encore lepaganisme ne connaissent pas , fait qu’il y a dans leurs palavers ce que Mungo- Park ne s’attendait guère à trouver en Afrique , c’est-àTdire des gens qui exercent la profession d’avocat ou d’interprète des lois :et illeur est permis de comparaître et de plaider ,soitpour l’accusateur ,soit pour l’accusé, dela même manière que dansles tribunaux de la Grande-Bretagne.

Cesavocats nègres sont mahométans ; ils ont fait , ou du moins ils affectent d’avoir fait une étude particulière des lois du prophète ; et, si l’on en peutjuger par leurs plaidoyers , ilségalent , dans l’artde la chicaneetdes subterfuges , lesplus habiles plaideurs d’Europe.

Pendant le séjour de Mungo-Park à Pisania , il y eut un procès qui fournit aux jurisconsultes mahométans l’occasion de déployer tout leur savoir etleur dextérité .Voici de quoi il s’agissait :unâne, appartenant à un Nègre sérawoulli , habitant d’un des cantoi\s,fqui avoisinent le Sénégal , était entré dans le champ de blé d’un Man¬

dingue , et y avait fait de grands dégâts. Le Mandingue , voyant l’animal dans son champ , le saisit , tira son couteau , et l’égorgea.

AussitôtleSérawoulli fit convoquer un palaver , et demanda à être indemniséde la perte de son âne , qu’ilportait àun très haut prix.

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l.'iG avi :mi üi:s cumKcsEs

Le Mandingue avouait qu'il avait tué l’àne ; maisilprétendait être aiïranchi detoute indemnité , parce que le dommage commis dans son blé égalait au moinsleprix que l’on demandait pour l’animal.

L’objetde laquestion étaitde prouver ce fait ; maisles savants avo¬

cats parvinrent si bien à embrouiller l’affaire que , après trois jours de plaidoirie ,les jugesse séparèrent sans avoir rien décidé : il fallut tenir un second palaver.

En Afrique , les esclaves sont , suivant Mungo- Park , relative¬

mentaux hommes libres , dansla proportion de trois à un . A l’égard

de leur condition , l’usage a établi certaines règles qu’il est honteux

de violer.

Ainsilesesclaves domestiques , ou qui sont nés dans la maison

dumaître ,sonttraités avecplus de douceurque ceux qu’on a achetés à prix d’argent . L’autorité du maître sur un domestique ne s’étend pas au delà d’une correction raisonnable .Le premier ne peut ven¬

dre son esclave sans l’avoir d’abord traduit en jugement devant les chefs dulieu . Danslestemps de famine ,ilest permis au maître de vendre un ou plusieurs de ses esclaves , à l’effet d’acheter des subsis¬

tances poursa famille ; et , dansle cas d’insolvabilitédu maître , les esclaves domestiques sont quelquefois saisispar lescréanciers ,et le maître peut les vendre pour payerses dettes .Ce sont là lesseuls cas dont Mungo-Park se souvienne , et dans lesquels les domestiques soient exposés à être vendus sans aucune faute de leur part . Mais ces restrictions à l’autorité du maître ne s’appliquent point aux pri¬

sonniers faits àlaguerre ,ni aux esclaves achetés.

Les gens de condition libre ont,même en guerre ,de grands avan¬

tages sur les esclaves.Ilssonten général mieux armés , bien mon¬

tés , et peuvent combattre ou fuir avec quelque espoir de succès.

Mais les esclaves , qui n’ont pour armes que l’arc et la lance , et dont plusieurs sont chargés de bagages , deviennent pour l’ennemi une proie facile. C’estainsi que dans une guerre , que Mansong, roi de Bambara , porta dans le Kaarta , ilfit en unjour neufcents pri¬

sonniers , parmi lesquels il n’y avait pas plus de soixante -dix hommes libres . En outre , lorsqu ’un hommelibre est fait prisonnier, ses amis le rachètent quelquefois en donnant pour lui deux escla¬

ves en échange . Un esclave pris n’a pas ainsi d’espérance d’être racheté . Aces considérations ,il faut ajouterque lesslatées ,ou ceux qui achètent des esclaves dans l’intérieur , et qui les conduisent à la

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DES VOVAGEUl'iS. ir>7 côte pour les vendre , préfèrent toujours , pour lesemployer à cette destination , ceux qui ont vécu depuis leur enfance dans l’escla¬

vage ; sachant bien que , accoutumés à la faim et à la fatigue , ils sont plus en état que des hommes nouvellement asservis ,de soute¬

nir les travaux d’unlonget pénible voyage .Les autres ledeviennent ordinairement par suite de la guerre ,de lafamine , de l’insolvabilité

ou de délits . '

Il y a,en Afrique, deux espècesde guerre que l’on distingue par deux mots différents : celle qui aleplusde rapport avecles guerres européennes s’appelle kill, d’un mot qui signifie appeler dehors, parce qu’elle est , pour l’ordinaire , ouverte et déclarée . Cette sorte de guerre se termine ordinairement dans le cours d’une seule campagne . On donne une bataille ; les vaincus ne cherchent guère àse rallier ; tousles habitants sont frappés d’une terreur pa¬

nique ;ilne reste aux vainqueurs d’autre soin à prendre que celui d’attacher les prisonniers et d’emporter le butin . S’il y a des cap¬

tifs qui , par leur âge , leurs infirmités , ne puissent supporter la fa¬

tigue , ou ne soient pas susceptibles d’être vendus , on les regarde comme inutiles ;et Mungo-Park ne doute pas que bien souvent on neles tue .Le même sort attend , pour l’ordinaire , tout chef ou tout autre personne , qui a joué dans la guerre un rôle très marquant.

Ici Mungo- Park fait remarquer que , malgré ce système extermi¬

nateur ,on est surpris de voir avec quelle promptitude se reconstruit et se repeuple une ville africaine que laguerre a détruite .La cause en est probablement que les guerres meurtrières sont très rares : le plusfaible sentsa position, etchercheson salutdans la fuite . Quand le pays désolé et les villes pillées sont abandonnées par l’ennemi, ceuxdes habitants qui ont échappé à la mort et à l’esclavage re¬

tournent avec précaution dans leurs demeures primitives ; car ce semble être unsentiment naturel à tous les hommes que ledésir de passer lesoirde savie aux lieux qui en ont vu l’aurore . Le pauvre Nègre éprouve avec force ce penchant : pour lui , nulle eau n’est aussidouce que cellede son puits ; nul arbre ne répand une ombre aussi fraîcheque le tabbadeson village.

L’autre genre de guerre quese font les Africains s’appelle tegria (pillageou vol) : celle- ci a pour cause des querelles héréditaires que les habitants d’un pays ou d’un district nourrissent les uns contre lesautres . Les hostilités n’ont aucune raison déterminée , et

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AYEMTHESCEKlElSES

l’onne donne aucun avis de l’attaque . Ceux qu'animent ces dissen¬

sions épient toutes les occasions de nuire aux objets de leur haine pardes pillagesetdes surprises .Ces incursions sont très fréquentes, surtout vers le commencement de la saison sèche. Quandletravail dela moisson est fini, et que les denrées sont communes et à bon marché , c’est alors que l’onmédite des projets de vengeance . Le chef observe le nombre et l’ardeur de ses vassaux ; il les regarde brandir leurs lances dans les fêtes publiques : glorieux de sa puis¬

sance , il tourne toutes ses réflexions vers les représailles de quel¬

que insulte , que lui ou ses ancêtres ont reçue d’un État voisin . Ces sortes d’expéditions se conduisent ordinairement avec un grand se¬

cret .Unpetit nombre d’hommes déterminés , commandés parquelque chef courageux et intelligent , marchent en silence au travers des bois , surprennent , pendant la nuit , quelque village sans défense, enlèventles habitants et leurs effets, avant queleurs voisins puissent venir à leur secours.

Un matin , pendant le séjour de Mungo-Park à Kamalia , on fut tout-à-coup épouvanté par une attaque de cette espèce. Le filsdu roi Fouladou , avec cinq cents cavaliers , passa secrètement à travers les bois, un peu au sud de Kamalia , et le lendemain matin pilla trois villes appartenant à Madigai, chef puissant dans le Djellonkadou. Lorsqu’un Nègre , dans ces guerres , tombe entreles mains de sesennemis ,ilreste l’esclavede sonvainqueur qui

le garde prèsde lui , ou l’envoie, pour être vendu , dans quelque con¬

trée éloignée. Ceux des domestiques qui lui semblent d’uncaractère doux, particulièrement les jeunes femmes, restent à sou service;

ceuxqui paraissent mécontents sont envoyés au loin : quant à ceux des hommes libres oudes esclaves qui ont pris une part active à la guerre ,ils sont vendus auxslatées ,oumis à mort .La guerre est donc laplus générale comme la plus féconde des causes de l’esclavage ; et les désastres qu’elle entraîne produisent souventla seconde cause de la servitude ,la famine , cas dans lequel un homme libre se fait esclave pour éviter de mourir defaim.

La troisième cause de servitude est l’insolvabilité . De tous les délits auxquels les lois d’Afrique ont attaché la peine de l’escla¬

vage, celui- ci, si l’on peut lui donner le nom de délit , est le plus fréquent . La quatrième cause indiquée est d’avoir commis des crimes auxquels les lois du pays attachent l’esclavage comme

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DES VOYAGEURS. lo9 peine . En Afrique , les seuls crimes de cette espèce sont , outre l’insolvabilité , le meurtre , l’adultère et la sorcellerie . Mungo- Park remarque que ces crimes ne lui ont pas paru com¬

muns. Lorsqu ’un homme libre est devenu esclave par une de ces causes , il reste ordinairement tel pendant toute sa vie, et ses enfants, s’ils sont nés d’une mère esclave, sont destinés à subir le même sort.

Tels sont les principaux traits de ce système d’esclavage qui domine enAfrique ; sa nature , son étendue , prouvent que ce n’est pas une institution moderne . Son origine remonte probablement aux temps les plus auciens , et précède celui où les mahométans se frayèrent un chemin au travers du désert . « Jusqu ’à quel point, ajoute Mungo-Park , est-ilmaintenu et encouragé par le commerce d’esclaves, que font depuis deux cents ans les peuples européens avec les naturels de la côte ? C’est ce qu ’il ne m’appartient pas d’examiner . Si l’on me demandait ce que je pense de l’intluence qu'une discontinuation produirait sur les mœurs de l’Afrique , je n’hésiterais point à dire que , dans l’état d'ignorance vivent ces habitants , l’effet de cette mesure ne serait , selon moi , ni siavan¬

tageux , ni siconsidérable que plusieurs gensde bien aiment àse le persuader . »

C’est avec douleur que nous sommes forcés d’ajouter que l’expé¬

rience n’a que trop confirmé la prévoyance de Mungo- Park , et les prédictions des voyageurs françaisles plus instruits , qui l’avaient précédé en Afrique . Les plus grands partisans de l’abolition de l’esclavagedes Nègres avouent que cette loi , si bienfaisante dans la théorie , s’est trouvée être une loi cruelle dans la pratique ; elle a prouvé combien l’homme , qui fait le mal si facilement , a de la peine à réussir à faire le bien . Il est démontré aujourd ’hui que l’Angleterre a agi , dans cette grande affaire,avecprécipitation et im¬

prudence ; qu’ellene pouvait espérer d’elîicacitédecette loi, qu’elle a rendueen faveur des Nègres , qu’autant que toutes les autres puis¬

sances de l’Europe , et même les États-Unis d’Amérique , y eussent consenti : accord qu’il est à peu près impossible d’obtenir ;et sion l’obtenait, ilserait encore douteux que l’onparvînt au but ,si onne se procurait aussi l’assentiment des États mahométans du nord de l’Afrique, de la Turquie etde la Perse sur le même objet ; si l’on ne parvenait pas à trouver des moyens de modifier les mœurs et

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AVENTURES CURIEUSES 1(>()

les habitudes des Maures du désert, et des Nègres eux-mêmes, de manière à leur inspirer le désir de faire disparaître de chez eux ce long empire de la servitude , qui semble être comme un des attributs de leur nature ,et unedes conditions essentielles de leurs agrégations sociales.

Quoi qu’ilen soit , le gouvernement anglais reconnaît lui- même que -la loi qu’il a fait rendre , ët toutes les mesures qu’il a prises pour en assurer l’exécution , ont accumulé , en une année , plus de malheurs sur les Africains , que tous ceux auxquels le maintien de l’esclavage aurait pu donner lieu dans les colonies européennes, depuis que l’esclavage est établi . Les cruautés que les marchands de chair humaine font éprouver aux Nègres, pour échapper aux poursuites qu’on exerce contre leur infâme trafic, et pour en ac¬

croître les profits, passent toute croyance, et feraient frémir les plus insensibles . L’ignoble industrie qui asi longtemps enrichi les armateurs de Liverpool, a été transportée ;1 Nantes, à Bordeaux, dans les ports d’Espagne , de Portugal et d’Amérique . Malgré la surveillance de la marine anglaise et de la marine française , on transporte toujours au Brésil, à Cuba, aux Indes occidentales , aux États- Unis d’Amérique , un nombre prodigieux d’esclaves que l’on embarque au Bénin , à Biafra , dans la rivière Sherbro , aux îles Bissagots , à Sierra - Leone, et sur d’autres pointsde lacôte d’Afri¬

que . On a prouvé que, dans un seul mois, quiest le premier de l’an¬

née 4825 , vingt vaisseaux , dont quinze espagnols et cinq français, ont quitté lescôtes d’Afrique, etont transporté , à vingt lieues de la Havane, cinq mille sept cent soixante-six Nègres. Le nombre des vaisseauxsaisis et amenés à Sierra - Leoneest très petit en compa¬

raisonde ceux qui échappent à l’activitédes croiseurs ;et cependant, lenombre des esclaves qui ont été émancipés , en 1824 , par l’effet des saisies, est de douze cent quarante -cinq . Il faut en convenir , la surveillance est aujourd ’hui plus efficace ; mais l’esclavage est loin d’être entièrement tari dans sasource.

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