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Principes philosophiques, politiques & moraux Weiss, François Rodolphe de [S. l.], 1785 ETH-Bibliothek Zürich Shelf Mark: Rar 6363

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Principes philosophiques, politiques & moraux

Weiss, François Rodolphe de [S. l.], 1785

ETH-Bibliothek Zürich

Shelf Mark: Rar 6363

Persistent Link: https://doi.org/10.3931/e-rara-24850

Le prince.

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PHILOSOPHI Q_U E 8. 277

LE PRINCE.

i ^/u ’il ne perde jamais de vue , ce qu’on ne peut retracer fous trop de faces différentes:

c’est, qu’il est fait pour le Tout , & non le Tout pour lui : que le bonheur de ses sujets ne peut devenir une propriété , & n’est qu'un dépôt précieux , dont l’abus est le plus grand des crimes: que le but tacite de toute associa¬

tion civile est , d'assurer , autant que possible, avec égalité , à chaque individu qui la com¬

posent , la vie , l'honneur , la subsistance, la li¬

berté , l’instruction , & en général tous les moyens de se rendre aussi heureux que pos.

sible , sans nuire au bonheur de l’ensemble. — Où finit le bien public , cesse l’autorité : tout ce qui estau-delà est usurpation.

Plus un Prince est éclairé , mieux il sent Pintime liaisonde lafélicité de ses peuples avec la sienne propre. — 11 fait que leur amour est son plus íiir appui , comme son laurier le plus honorable ; que ses vrais trésors font leur

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L78 Principes

aisance, & que , tant qu’ils font dans lebien- être , fEtat ne peutmanquer de ressources; que la plus puissante est le patriotisme, qui ne fe produit qu’en régnant de maniéré , que , fqus.

aucun autre gouvernement , le sujet ne puisse espérer d’etre plus heureux . — CPest là la grande politique : toute autre est méprisable, &

ce doit être plus particulièrement celle des pe¬

tits Etats . L’opinion de ce bonheur établie, devient une des meilleurs protections , en ce qu’il est peu de despotesassez dépravés & té¬

méraires , pour oser entreprendre ce que les suffrages unanimes des nations déclareroient pvidemment injuste.

La pplitique n’est proprement que laprudence

&la justice ,adaptées aux objets de l’administra- tion publique , & aux intérêts réciproques des Etats . — C’est avec les mêmes principes d’é- quité & de bonté , qu’on doit agir envers des milliers d’hommes comme envers un seul. On doit même les porter plus loin , parce qu’en- vers l’individu , la justice peut à la rigueur suf¬

fire ; niais envers un public entier , ils doivent s’étçndre encore jusques au sacrifice de soi- mèrne. — Si une conduite franche , mâle , droite , est la plus (lire en détail , elle ne l’çst

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PHILOSOPHIQUES . 279 pas moins en grand. On pourroit, dire de la plupart des hommes en place , ce qu’un Mi¬

nistre d’Efpagne disoit du Cardinal Mazarin : H a un des premiers défauts cn politique : il veut

toujours tromper.

Cettescience est une desbranches les plus importantes de la Philosophie , en ce qu’elle influe très-directement fur notre bonheur . Si elle afait jufqu ’ici peu de progrès , si ses vraies maximesfont si peu répandues &obscurcies par une foule de préjugés barbares , c’est par la même raison qui fait que la plus grande partie du globe végété dans l’idolâtrie & l’ignorance de ses droits les plus naturels. Le pouvoir du despote, comme celui des faux Prêtres , n’étant fondé que fur Terreur & la faiblesse, ils fe réunissent pour

étouffer la force & la raison.

Les rapports entre les diverses nations font indubitablement fondés fur les mêmes princi¬

pes , que ceux qui subsistent entre les particu¬

liers. — II faut fe représenter un peuple at¬

tenant comme ne formant qu’une feule famille, avec laquelle la notre , voisine , n’entretient Ta- mitié & la bonne intelligence , qu’en évitant ce qui peut lui nuire j fe prêtant à ce qui lui est agréable; ne chicanant qu’à la derniere extrè.-

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Principes

piité , & se montrant toujours prêt à la secou¬

rir dans ses besoins preisans, — Cesrivalités, ces calomnies , ces ruses , ces détractions réci¬

proques , que levulgaire décore du titte depro¬

fonde politique , ne forment en grand que ce que sontles bassesses, la fausseté, l’envie , & la rapine dans les petits détails de la vie ordi¬

naire j & la grandeur de leurs objets , ne con¬

tribue qu’à les rendre plus méprisables aux yeux de la sagesse.

L’amour de la patrie cessed’être vertu , lorí- qu’il se change en aveugle fanatisme pour la gloire ou ^agrandissement de fa nation , au dé¬

triment des autres, &fans égardpour l’équité_ - Les Romains , en ravageant & soumettant tant de pays divers , fans droits que ceuxde la force, furent héros dans l’exécution , & brigands dans leur but . — II n’est que deux occasions où Pon puisse avec justice soumettre un peuple r c’est lorsque la sûreté personnelle l’exige abso- ment , ou lorsqu’on veut le soustraire à laty¬

rannie , & lui donner de meilleures leix. —.

Tout autre motit doit être rejette comme in¬

juste. On est homme avant d’ètre Anglois ou François. Le íage alç globe pour premiere pa¬

trie ,le genre humant pour freres ; &le Priuçe ou

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PHILOSOPHIQUES . 281

le Ministre , qui sacrifie sans nécessité les na¬

tions voisines à la sienne , est aussi condam¬

nable que le particulier , qui , pour augmen¬

ter fa fortune , pille celle des autres : il est mème presque autant de fois plus coupable qu’il y a de disproportion entre cette nation & un seul individu.

„ Faire assassinerun homme , disoit leMar-

quìs de Saint Aubin, c’est un lâchehomicide ; en

„ faire égorgercent mille ,passepour une action

„ héroïque. Entreprendre sur les terres de son

„ voisin , c’est uneviolence honteuse ; employer

33 la force ou la perfidie pour enlever un état

33 entier , c’est la gloire d’un conquérant . Men-

33 tir dans le commerce ordinaire des hommes, ,3 c’est s’attirer le plus humiliant des reproches : ,3 mentirdans les affaireslesplus importantes, &

„ tromper toute une multitude , ou d’étrangers

„ ou de ses propres citoyens , est censé excel- 3, lente politique. Ecrire des fables pour des

33vérités , supposer des faits indifférents , c’est

33 une imposture •• écrire des caprices pour des

33révélations divines , feindre un commerce

33 avec les dieux , ce font les traits des plus j, respectables Législateurs & des plus illustres ,3 Capitaines.

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%%% Principes

Peut-on appelìer droit celui de se voler &

de s’égorger réciproquement ! L’humanitése ré¬

volte à ce mot , & cependant de tous les droits généraux , c’est le plusen vigueur. — Pour ap¬

prendre auxPrinces àse jouer un peu moins du bonheur du genre humain , leur éducation de- vroit commencer , par un cours des souffrances les plus communes au peuple. Comment con- noîtront -ils les hommes , s’ils les voient tou¬

jours fous le masque du courtisan ? comment, toujours élevés dans la molesse, l’autorité &

le respect, pourront -ils se former l’image dela faim, du froid , de la douleur , des fatigues , du mépris , & pire encore , de l’efclavage: on n'a d’idées distinctes quede ce qu’on a éprouvé soi-même. Comment enfin , connaîtront - ils leurs propres faiblesses, si la flatterie ne les abandonne jamais. Qii’ils sachent de bonne heure , qu’elle suitla grandeur comme sombre suit le corps , & qu’elle est également opposée à la lumière. „ Néron fut divinisé par Lucain,

& Domitien sut appellé par Martial , lepere

„ des peuples.

Que revient - il pour l’ordinaire à un sujet dont le Souverain à conquis quelques provin¬

ces? Outre le danger , l’inquiétude , les taxes

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PHILOSOPHIQUES . 28?

déja supportées, il lui reste à la paix une aug¬

mentation d’impôts , pour subvenir aux frais de la guerre , & une diminution de foin dans l’administration publique ; parce que le désor¬

dre augmente communément avec letendue du territoire , & le compliqué de nouveaux foins. — Cependant on suppose toujours que l'Etat a ga¬

gné. Ce mot est un de ceux dont onabuse le plus souvent , & celui dont il importeroít da¬

vantage de déterminerla lignification. — L’ave- nir sert pour sordinaire de prétexte au projet de rompre avec d’autres P instances; & , pour se soustraire à des maux incertains , on s’cx- pofe aux calamités les plus réelles. C’cst la prudence d’un homme qui se feroit couper une jambe de peur de se la casserun jour.

Un Prince veut-il être adoré & rendre l’é- ncrgie à une Nation déchue ? Que le mérite seul conduise à l’autarité : que le principal ressort

dugouvernementsoit moins la force &la crainte, que le respect fondé fur la reconnoissance: que le patriotisme se féconde sous la liberté ; que le plaisir même en soit le promoteur : qu’uno sage tempérancele dirige ; ruais qu’une bigotte austérité ne l’enchaine pas : que le pouvoir ait le pas fur la richesse, & le personnel fur ía

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284 Principes

naissance: que l’éducation se cultive , l’oisiveté se punisse, ^agriculture s’encourage , le né¬

goce s’afíranchisse: que les loix deviennent sim¬

ples , leur administration prompte ; que , de¬

vant elles , le petit soit égal au grand ; qu’el- les distinguent les écarts de sensibilité d’avec ceux de bassesse, & qu’implacables envers les dernieres , la vénalité & l’oppreilion soient au premier rang des crimes : qu’elles évitent auísi soigneusement , de mettre l’intérèt &

le devoir des chefs en opposition : que les impôts s’égalisent, que leur levéepasse en peu de mains ; que leur poids pese plus fur les villes que fur les campagnes, plus fur le luxe que fur les denrées , & que leur pro¬

duit ne s’applique qu’aux besoins publics : que le faste íe modéré dans les grands Etats , qu’il

se détruise dans les petits : qu’une police sage prévienne le crime , & que l’honneur soit la récompense des vertus , en se rappellant que la probité des nations est presqu’en rai¬

son de leur bien - être , & que l’indigence est la source la plus commune de l’avilissement

« ) Voulez - vous conquérir une riche Province , dé¬

frichezses terres incultes. Mes Pensées.

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PHILOSOPHIQUES . 28s

&des crimes ; que lepauvre par paresse soitcon¬

traint au travail ; le pauvre par ineptie instruit des moyensde subvenir àsa subsistance; le pau¬

vre par infirmité nourri aux frais de PEtat. . . . que PEglise & le pouvoir civil ne soient point séparés de réglés & d’intérèts communs : que 3a Religion soit soutenue , la superstition bridée, l’intolérance punie , & tous les chemins ou¬

verts à la vérité. Enfin ; que la guerre s’é- loigne comme le plus grand des fléaux , mémo pour le vainqueur : qu’on s’y prépare pour l’é- viter , qu’on n’attaque que pour se défendre,

& qu’on ne fasse de paix qu’après la victoire.

Máîtres de la terre , qui , pour de petites rivalités ou de légers avantages , répandez le sang , la douleur &lamisere! c’est dans le cen¬

tre de vos Etats qu’il faut combattre : c’est le préjugé &la corruption qu’ilfaut vaincre. Tant

qu’il reste une loi à perfectionner , un abus à restreindre , un joug à mitiger , un fol à dé¬

fricher , la carrière de la vraie gloire est ou¬

verte pour vous ! — Vingt batailles gagnées, dix peuples soumis, ne renferment pas autant de vrais titres à Padmiration , gu'un Edit abo¬

lissant la servitude , ou réprimant la supersti¬

tion.

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L86 Principes

Pierre le grand fut un des premiers Monar¬

ques ; mais ses successeurs peuvent le surpas¬

ser , puisque leurs sujets font encore serfs. — A l’autre extrémité de l’Europe , un Peuple pa¬

tient , sobre , fier , intrépide , attend auffi un libérateur . Fait pour les grandes choses,il fe coníume dans les petites : pauvre au milieu de sor , le défaut d’industrie le rend tributaire de ses voisins : esclave de ses Prêtres , le poison de signorance circule dans toutes ses classes. — Sile ciel pardonnoit àce peuple les atrocités de

ses pères commises fous d’autres climats ; s’il pou- voit , dans fa bonté , leur accorder ce libérateur ;

ceseroit fans douteen perfectionnant & en Rat¬

tachant le militaire qu’il faudroit qu’il com- inenqát la réforme. C’est le seul pouvoir qui puissecontrebalancer le monachisme , & c’est sous son ombre que les lumières & la liberté peuvent renaître.

O vous qui présidez au fort des humains !. . . Voulez-vous vous immortaliser , surpasser la gloirede vos ancêtres , & servir de modele à vos successeurs? . . . Voulez - vous arracher l’a- doration de votre siecle, & les hommages de la postérité ? . . . ne tentbz pas d’étendre vos droits , vos richesses, votre faste, vos frontie-

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V HIL 0 S OP H I Q.U É S. 287 ïieres :cette marche est trop commune. L’histoire de l’humanité est celle du despotisme; chaque bataille donnée assure une victoire d’une part,

&le plus vil tyran de l’Aíìe peut-être plus somp¬

tueux que vous. Ces nuíéres ne fontpas dignes de votre ambition : prenez une route moins battue _ Oubliez que vous êtes maîtres ab¬

solus , ou ne le soyez que pour faire le bien*

Vous regnez sur des esclaves : changez - les en

hommes. Conjurez avec votre peuple contre vous même, & devenez le premier conspira¬

teur de liberté publique. — Mais cesgrands*

qui vous entourent , vous effrayent : vous crai¬

gnez leur égoïsme, leurs plaintes , leurs caba¬

les ? Rendez vos intentions publiques , & tous les coeurs de vos sujets frémiront fur les ob¬

stacles qu’elles pourront rencontrer : leur pro¬

pre intérêt veillera au tour de vous. — Dé¬

jà vous êtes chef de cette armée , prête à dé¬

truire tout parti qui oserait réclamer les droits de la nature . Qu ’elle serve à les rétablir dans toute la pureté dont ils sont susceptibles, &

que , fous les drapeaux delaVertu , s’abattela tyrannie . — Nouveau conquérant dans vos propres Etats , osezparler en homme dansvos manifestes. Alexandre ne fut jamais moins

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L88 Principes

grand que lorsqu’il voulut passer pour fils de Jupiter . Ne craignez pas de rendre compte à vos sujets de vos opérations , & d’en motiver les ordres . . . . Dites leur , en expressions bien neuves , & bien propres à inspirer l’amour &

la confiance, . . . Telles furent mes intentions : elles font pures ; mais peut-ëtre que je manque du génie nécessaire pour les exécuter. J’y sup¬

plée en rassemblant autour de moi les sages les plus éclairés en tout genre. Ils veillent fur mes écarts , & jamais une représentation de la vérité ne m’offensa. N ’oubliez pas que je fuis homme , que ma capacitéest bornée , mon tems rétréci , mes devoirs immenses. Pensez que je ne puis tout voir par moi même , &

que , malgré mes foins constants pour écarter l’imposture & la flatterie , elles ne cessent de m’assaillir de toutes parts. Que le particulier qui gémit fous Firnpôt qui le presse, se rappelle les besoins de l’Etat : que celui qui accusemon avarice pense, que tnes trésors font ceux du public ; qu’il soit persuadé que tout refus me peine , & qu’accorder me paroit le plus beau de mes droits. Que celui qui me blâme en détail , qui souffre peut-être de mes réformes, pense que je ne puis agir qu’en grand , & que

le

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PHltOSOPHÏdUÉS . 289 le bien général exige souvent des sacrifices eil apparence injustes. J’invite tout honnête homme »de tous rangs »à me seconder dans mes projets utiles , & à contribuer pour fa part à leurs succès. . . Unissons-nous, dignes amis , bra*

ves compatriotes , pour abattre Pinjustice &

l’ignorance : forçons le vulgaire à être heureux malgré lui. . . Invoquons le ciel , qu’il nous protégé , & ramenant son véritable culte , qui est le patriotisme & la probité » laissons crier le fanatique & l’imposteur au sacrilege, parcs qu’on humilie son orgueil , & qu’on s’oppose à ses abus. . . Soutenez moi , défendez moi, conservez cette amitié ,cette estime,quema posi¬

tion n’éloigne que trop souvent, &plaignez votre Chef quelquefois d’ètred ’un rang auíîì agité , &

qui donne sirarement le bonheur qu’il. étale.

Siaprès avoir mis Tordre dans vos propres Etats , un feu guerrier s’empare de votre cœur, il est des moyens de Pallier avec la bienfai¬

sance. —, N ’allez pas , pour quelque minutie, désoler Phumanité ; mais combattez pour elle.

Vous avez sûrement quelquesvoisins qui gémit sent sous la tyrannie : déclarez la guerre à leur oppresseur fous l’obligation de rendre son peu-

Tome II . T

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29o Principes

pie libre , ou du moins fous celle de réformer

les usagesles plusoppressifs. Offrez àce peuple une constitution plus parfaite , des loix plus équitables , des impôts moins onéreux : la foule des mécontens fe joindra à vous , & l’oppresseur trouvera plus d’ennemisdans sespropres sujets , que vous n’en trouverez dans son armée.

Mais , pour rendre vosintentions publiques, pour les faire comprendre,il faut éclairer.Que la persuasion s’allie avec laforce :que les plumes les plus éloquentes , les esprits les plus intrigants,

deviennent vos troupes auxiliaires. Sous l’éten- darddu bonheur vous subjugueriez l’univers.

Un Monarque avec de bonnes intentions n’a proprement besoin que d’un seul talent:

celui de discerner le mérite , & ne pas s’égarer dans le choix deshommes auxquels il accorde fa confiance & l’exécution de son pouvoir . — 11suffit qu’il sache distinguer une bonne idée d’une mauvaise : il trouvera allez de gens qui en produiront pour lui. — Qu ’il ose entendre la vérité : elle Rapprochera de sa personne, &

il la reconnoitra à la tranquille hardiesse & au désintéressement qui raccompagnent. Qu ’il en¬

toure le trône des premiers sages: il en coûte peu à l’Etat . Celui-là n’est pas véritablement

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FPJLOSOPHIQ . UES . » 9I grand , qui ne trouve pas lebonheur d'être utile une récompense suffisante a ).

C’est sous les directions d’Aristote qu’Ale- xandre devint le maître du globe : ç’est parles principes de Plutarque & par l’amitié de Sully, que Trajan & Henri IV devinrent le modele des Rois . — Un Prince ne peut entrer dans les dé¬

tails immenses de Padministration d’un empire : chaque branche absorbe au-delàde la capacité hu¬

maine. Ne rougissez pas de consqlterles plus hon- ' nètes &les plus instruitsdans chaque genre.

Que jusques à vos amusemens portent un caractèrede grandeur. Les spectacles communs ne font pas dignes de vous . Ai) lieu de chas¬

ser aux bêtes fauves , chassez aux monstres hu-

a ) En approchant deleurs personnes des hommes répu¬

tés pour leur savoir , les Princes donnerent souvent dans une erreur commune au vulgaire . C’estde confondre tous les 8a- vans dans une feule classe , & d’exiger de chacun en parti¬

culier qn’ils soient propres à toutes . On peut être supérieur comme Poète , Physicien , Littérateur , Antiquaire , Mathé¬

maticien , Métaphysicien , Erudit , Théologien , &c. L mal¬

grécelaêtre d’une incapacité absolue pourlaconduite desaffai¬

res publiques ; ilestmême probable que le tems , qu ’on aura été obligé de vouera l’acquisition de ce savoir , privera de divers autres . Je vois bien , disoit Madame de Pompadour, à un Ministre poète , qu ’ilnesuffit pasdefaire de jolis vej-s pour régir un état . Le vrai Philosophe est seul propre à tous les emplois , parce qu ’il n’en est aucun où la connois- sauce de l ’hoinme , la sagesse & !' équiténesoyent nécessaires.

Ta

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29L Principes

mains. Ail lieu d’Operas , d’histrions & de baladins : prenez une province pour théâtre, la nature pour art , un peuple pour acteurs.

Faites - les agir fous les plus fortes impulsions;

essayez jufqu’où fefpece humaine peut-ètre per¬

fectionnée. — De grands hommes ont tracé les modelés du meilleur des Gouvernemens , &

Hume , consultant f expérience autant que le génie & les écarts de ses prédécesseurs, nous donna f excellente Idc'c d'uneparfaite Re'publí-

que. Mettez cette province fous cette consti¬

tution qui ne change rien aux loix civiles : suivez en l’esset; & s’il est aussi heureux qu’il lèmble devoir Pètre , établiífez-lapour base da bonheur général. — Faites plus encore ; éle- vez-vous au-deífus du trône en en descendant, non par foiblessecomme divers autres Monar¬

ques , mais par magnanimité. . . Ou si vous n’en avez pas la force de votre vivant , que vos dispositions aífurent du moins à votre mort la liberté publique pour héritage. . . Que Pin¬

tesèt de votre successeur, s’il n’est pas cligne de l’ètre , soit immolé fur l’autel de la patrie, en disant avec le Titus chinois : J ’aime mieux quemon fils souffre pour tout monpeuple, que tout mon peuple souffre' pour IuL

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