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Oeuvres de Boullanger Boulanger, Nicolas Antoine A Amsterdam, 1794 ETH-Bibliothek Zürich Shelf Mark: Rar 8187

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Oeuvres de Boullanger

Boulanger, Nicolas Antoine A Amsterdam, 1794

ETH-Bibliothek Zürich

Shelf Mark: Rar 8187

Persistent Link: https://doi.org/10.3931/e-rara-34369

Livre XXIV.

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d ' Auxandrt k Grand . Liv . XXIII. jSj er sur son visage. On dit que de sa boucha et da tout

son corps il en sorroit une odeur agréable qu» parfu- moit tons ses habits , cequi venoit peut être de l’excel- lence de son tempénunrnent qui étoit uès -chaud et plein dofeu.

J.isipe , parmi les statuaires et sculpteurs fût celui qui aie nti-r.w représenté ce prince , et Apelle , un das plus O . ' os pain nés de 1antiquité , le peignit en Jupiter at <. . - rûudre.

L I V h £ XXIV.

•L on

doit d’

abord reconnoîrre dans Alexandre

un

naturel heureux , cultivé et perfectionné par une excel¬

lente éducation ; il avoir de ia grandeur d ame , dela de la noblesse , dt lagénérosité ; il aimoit à donner j à répandre er à f.:be plaisir , e: il se6choir véritablement contre ceux qui ne vouloient pas en profiter.

Comme si dans sa première jeunesse il eût senti à quoi ii étoit destiné , il vouloir primer en tout et rem¬

porter sur touslesautres ; toujours viser toujours plein de feu , ses paroles étoient comme des étincelles qui présageoient les entreprises rapides de ce foudre de guerre , er les exerckes ou ’iì aimoit dès son enfance j découvraient ses inclinations martiales.

Ii semble encore que ses destins ayent voulu donner à connaître la grandeur future de ce prince par les songes d’Olympias er par bien d autres présages. Ses larmes jalouses de la gloirede son père , et b jugement de Philippe qui le croyoit digne d’un plus grand royau¬

me que le sien , parurent appuyer l’avcrtissemenr d :s dieux , ainsi que les Inclinations relevées qu ’il montra

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334 Histoire

dans son enfance ; car certainement í’affection , lepefi*

chant , 1attrait pour relie chose quecesoit ,est comme Horoscope de ce que l’on deviendra un jour ; si le penchant tend aux grandes choses , c’est un présage d’héioïsme en quelque genre ; si le penchant va aux petits objets , c’est un pronostic presque sûr qu ’il n ’y aura jamais de noblesse ni de grandeur dans l’ame, ou bien il faudra dessoins infinis et d’excellents maîtres peur redresser certe malheureuse pente.

Je ne sais si jamais prince eut l’esprit plus cultivé qu ’Alexandre : éloquence , poésies , belles-lettres , arts de toutes sortes , les sciences les plus abstraites et les plus sublimes , tout lui devint familier . II n'y a per¬

sonne à qui la passion qu ’il avoir pour Homère ne soie connue , et qui ne sache qu ’en faveur dePindare , les maisons de ses descendans furent conservées dans la ruine et dans la désolation de Thèbes . C ’est avec un plaisir extrême que l’on voir ce prince , encore jeune , rendre un si illustre témoignage à son maître , en dé¬

clarant qu’il lui étoit plus redevable qu ’à sonpère même.

Pour parier ainsi j il faut connoître tout le prix d’une bonne éducation ; on en vit bien -tôt leseffets. Peut -on trop admirer la soliditéd ’esprit de ce jeune prince , dans la conversation qu ’il eut avec les ambassadeurs de Per¬

se ; sa prudence prématurée , lorsqu ’en qualité de ré¬

gent , pendant l’absence de son père , il contint etpa¬

cifia la Macédoine ; son courage et sa bravoure à la bataille de Chéronnfce , il sedistingua d’une manière simarquée !

On le voit avec peine manquer de respect à son père, et lui insulter par une raillerie outrageante ; il est vrai que l’affront que Philippe faisoit à Olympias , sa mère, en la répudiant , letransporta hors de lui -même ; mais sud prétexte , nulle injustice , nulle violence , ne pen¬

se n:

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d’Alexandre le Grand. Liv. XXIV. j 8/

vent excuser un tel emportement à l’égard d’un père et d'un roi ; il fitparaître plus de modération dans lasuite, lorsqu ’à l’occasion des discours de ses soldats mutins, il dit que rien n ’étoit plusroyal que d’enrendre dire tran¬

quillement du mal de soi en faisant du bien.

Les coramencemens de son règne sont peut -être ce qu ’il y a de plus glorieux dans toute sa vie. Qu a 1âge de zo ans il air pu pacifier les troubles intérieurs du royaume ; qu ’il ait abbatu et soumis lesennemis du de¬

hors ; qu ’il ait désarmé la Grèce liguée presqu ’enrière contre lui , et qu ’en moins dedeux ans il sesoit misen état d’exécuter sûrement son vaste projet ; tout cela suppose une présence d’esprit , une fermeté d’ame , un courage , une intrépidité , et plus encore que rout cela, une prudence consommée , qualités qui font le vraimé¬

rite du héros : illui en conta beaucoup pour avoir certe qualité ; que defatigues , que de travaux etde dangers il lui a fallu supporter et encourir ! mais ilpensoit que la gloire qui lui en revenoit le dédommageoit bien des peines qu ’il lui en courait . Après être entré debonne heure dans cette glorieuse carrière , et y avoir acquis bientôt le titre dehéros , il lasoutint merveilleusement dans la suite de son expédition contre Darius , mais non jusqu ’à la fin desa vie.

Ce qui paraît de plus incompréhensible , c’esrqu ’A- lexandre en io ou rz ans , air conquis plus de pays que les plus grands états n’ont pu faire dans l’étendue de leur durée ; aujourd ’hui un voyageurest célèbre pour avoir traversé uns partie des pays qu’il a subjugué : er afin qu ’il ne manquât rien àsa félicité , il a joui paisi¬

blement de son empire , jusqu ’à être adoréde ceuxqu ’il avoir vaincus.

Alexandre qui cherehoit la gloire par les chemins les plus difficiles , y parvint en efiienar lechemin lemoins

Terne VI. B b

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3 S6 Histoire

frayé. Roi d’un petit état , il forme le desseinde f être du' monde entier , et il se livre ans si-tôt à {'exécution de son projet ; il paroît grand etil lest en effet; car lorsqu’un cœur de héros forme des desseins, ce sont des desseins héroïques , et les actions extraordinaires ne peuvent partir que d’un cœur qui le soir. Ala tête de 35,000 hommes seulement , avec aussipeu d’argent que de vivres, il abandonne la Macédoine , il ne rentra jamais , et va porter la guerreen Perse , ré¬

solu de conquérir en peu de teins toute l’Asie ou d’y trouversontombeau. Darius , que les Grecsnommoient le grand roi , à cause de sa puissance, de ses richesses et de ses forces immenses; Darius , dont les simples lieutenans font trembler tousles peuples sur les fron¬

tières ; Darius , suivi d’un million de combattans, est le monarque qu Alexandre veutcombattre et vaincre.

Etoit-ce insuffisance ou témérité de jeune homme , de¬

mande Plutarque ? non sans doute , replique-t-il , ja¬

mais personne ne forma entrepriseguerrière avec de si grands préparatifs et desi puissans secours ; j’entends, continue-t-il , la magnanimité , laprudence , la tem¬

pérance , le courage, préparatifs et secoursque lui fournit laphilosophie qu’il avoir étudié à fond , de sorte qu’on peut dire qu’il ire fut pasmoins redevable de ses conquêtes aux leçons d’Aristote, son maître , qu’aux instructions de Philippe , son père ; on peut ajouter ,

„que selontoutes le«règles de la guerre, {'entreprised’A- lexandre devoir avoir un heureux succès; une armée comme lasienne , quoique peu nombreuse, composée de Macédoniens et de Grecs , c’est-à-dire de ce qu’il y avoir alors de plus excellentes troupes , aguerrie depuis longue main , endurcie à la fatigue et aux dangers, for¬

mée ,pat une heureuse expérienceàtous les exercices des siègeset des combats , animée par le souvenir de sesan-

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d’Alexandre le Grand. Liv. XXIV . $8?

demies victoires , par l’espérance d'un butin immense, et plus encore par sa haine héréditaire et irréconciliable contre les Perses ; une telle armée , conduite par Alexan¬

dre , étoit sûre de remporter lavictoire sur destroupes où il y avoir à la vérité des hommes sans nombre , mais

peu desoldats.

La promptitude de l’exécution répondit àlasagesse du projet . Après s’ètre concilié tous sesgénéraux par une libéralité qui est sans exemple , et tous sessoldats par un air d’aftabilité , de bonté st même de familia¬

rité qui , loin d’avilir la majesté du prince , ajoute au respect qu’on lui porte , un attachement et une ten¬

dresse à 1’épreuve detout ; il s’agissoit d’étonner les en¬

nemis par des coups hardis , de les .effrayer par des exemples de sévérité , et de les gagner enfin , par des actes d’humanité et de clémence ; c’est à quoi ilréus¬

sit merveilleusement . Le passage du Granique , suivi d’une fameuse victoire ; les célèbres sièges deMile t et d’Halicarnasse , montrèrent à l’Asie un jeune conqué¬

rant , à qui nulle partie de la science militaire neraan- quoit ; cette dernière ville rasée presque dans ses fon- demens , jetta par -tout la terreur ; mais l’usagede la li¬

berté et de leurs anciennes loix rendu à celles qui se soumirent de bonne grâce , fit croire que levainqueur ne songeoit qu ’à rendre les peuples heureux et à leur procurer une paix tranquille et assuré.

Les deux batailles d’Issus et d’Arbelles joignez -y le siège de Tyr , l’un des plus fameux dont il soit parlé dans f antiquité , achevèrent de prouver qu ’A- lexandre réunissoit en lui les qualités desplus grands

capitaines.

On est néanmoins étonné de le voir toujours heu¬

reux , car il arrive souvent que l’habileté n’est point secondée du bonheur ; er surpris deses heureux succès,

Bb z

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}8 8 Histoire

on s’en demandela raison à soi-même ; elle est natu¬

relle, elle est simple. Poussépar son heureux caractè¬

re à aimer le premier , ses soldats l’aimoient à leur toi-,r j il arrivoit de-là que ses commandemens étoient sacrés pour eux , que ses désirs étoient des ordres: ils

se persuadèrent tellement que sous lui ilsétoient invin¬

cibles , qu’ils le furent réellement; participansdela grandeur de son courage, ils devenoient sous lui de vé¬

ritables héros , qui ne se crovoiem plus des hommes mortels ; ils lui étoient soumis, ils lui étoient obeis- sans , et s’ils étoientdéjà gagnés pat des actes de dou¬

ceur et de bonté , ils étoient encore pleins de confian¬

ce en sa valeur ; sa haute capacité leurrépondoit tou¬

jours du succès de ses entreprises, et persuadésqu’il snvoit mieux qu’eux mêmesce qui leur étoit utile , ils le faisoient aveuglément ; tous les hommes en effet obéissent sans peine à ceux dont ils ont cette opinion.

C’est de ce principe que part l’entière soumission des maladespour lemédecin, des voyageurs pourun guide, de ceux qui sont dans un vaisseau pour le pilote ; leur obéissance n’est sondée que sur la persuasionils sont auele médecin , le guide on lepilote sont plus ex¬

périmentés et plus prudens qu’eux. Le plus sur moven de persuaderaux soldats qu’on en sait plusqu’eux, que l’on' a plus de capacité et que l’on est plus habile c’est de l’étre en effet, et l’on aurabien-tôcl’amirié,la con¬

fiance et l’estime dessoldats.

Personne , mieux qu’AIexandre, aprèsavoir formé de grands projets , ne les sut conduire à leur réussite par des moyens plus justes et mieux concertés.

Habile dans le choix des lieux propres à camper , selon la disposition de ses troupes , suivant les diffé¬

rentes occasions etles ennemis qu’il avoir en tète , pour leur ravir tous les avantages et les tourner en sa fa-

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à ’Alexandre , le Grand . Liv . XXIX. zkîA veur ; adresse à lenr cacher ses desseins , à prévenir, à pénétrer et à voler leurs résolutions ; prévoyance pour se précautionner contre les embûches ; courage et audace sans pareille dans Texécurion ; vivacité pour profiter de toutes les conjonctures , pour voir tour d’un eoup -d’œil et corriger les désordres qui arrivent souvent au milieu d’une grande aérien -, un sang froid , un jugement senne , qui ne se trouble point dans les plus grands périls ; une constance infinie , qui n ’esr ni dé¬

concertée par les é' énemens imprévus , ni rebutée par les difficultés quelques insurmontables qu ’elles parais¬

sent , et qui ne commit d autre terme ni d’autre issue que lavictoire.

On a remarqué une grande différence entre Alexan¬

dre et Philippe son père , pour la manière de faire la guerre ; celui -ci étoit rempli d' une ambition démesurée, conduite par un esprit adroit , fourbe et artificieux , mais on n’y voir point les qualités d’un homme vé¬

ritablement grand ; Philippe étoit sans foi et sans hon¬

neur , tour ce qui pouvoir servir a augmenter sa puis¬

sance , lui paroissoit juste et légitime ; il donnoit des paroles qu il étoit bien résolu de ne peint garder ; il faisoit des promesses qu ’il auroit été bien fâché de te¬

nir ; il se croyoit habile , à proportion qu ’il étoit per¬

fide , et metroic sa gloire à tromper ceux avec qui il trjtoit ; en un mot , il ne rougissoit pas de dire qu ’cn amusoic lesen fans avec des jouets et les hommes avec des sartriens. Quel indigne caractère pour un prince!

Cyrus , un des plus illustres conquérans , ne mouvoir rien de plus indigne d’un prince , ni plus .capable de lui attirer le mépris er la haine que de mentir et de nomper . Mais c’esc-là le caractère de l’airibitieux , car quoiqu ’il se propose la même fin que les héros , c’est à-dire une haute élévation , il emploie cependant des

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3f © Histoire

moyens bien contraires pour y arriver . Le magnanime n ’emploie pour parvenir que des moyens louables ; il connoîr ses forces et ne fait rien indigne de la vertu:

l’ambitieux ne mesure point son dessein à ses forces;

la molesse et la bassesse de sentiment sont pour lui des armes égales ; il se sert de tout , du vice qui lui est naturel et quelquefois de la vertu qu ’il emprunte pour arriver heureusement à ses fins. L ’arnbiticn du héros est légitime , parce qu ’il est digne de la gran¬

deur à laquelle il tend ; mais celle de l’ambitieux est condamnable , parce qu il ne s’en montre point digne et que les ressorts qu’il emploie sont criminels.

Alexandre ne ressembloit point à Philippe son père de ce eôté-là , il agissoit de meilleure foi et marchent la tête levée ; l’un chtr -hoit à tromper les ennemis par la finesse , l’autre à les abattre par la force ; l’un mon- troit plus d’adresse , l’autre plus de grandeur d’ame, nul moyen de vaincre ne paroissoit honteux à Phi¬

lippe , jamais Alexandre ne songea à employer la tra¬

hison.

Ce qui met Alexandre au-dessus de tous les conqué- rans , et on peut le dire sans exagération , au -dessus de lui -mème , c’est l’usage qu ’il fit de la victoire après la bataille d’Issus . C ’est ici le bel endroit d’Alexandre, c’est le point de vue dans lequel il a intérêt qu’cn le considère , et sous lequel il est impossible qu ’il ne paroisse véritablement grand. La victoire d’Issus sa¬

voir rendu maître , non encore de la personne de Da¬

rius j mais de son empire ; il avoir entre ses mains, outre Sysigambis , mère de ce prince , sa femme et ses filles , princesses dune beauté qui n'avoir rien de pa¬

reil dans toute l’Asie : il étoit jeune , il étoit vainqueur, il étoit libre et non encore engagé dans les liens du mariage ; cependant son camp devint pour ces prin-

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d’Alexandre le Grand. Liv. XXIV. 59s cesses un asyle sacré ou plutôt un temple où leur pu¬

deur fut mise en sûreté , comme sous la garde de la vertu même , et où elle fut respectée à un point que Da¬

rius apprenant la maniire dont elles avoieut été traitées, ne put s’empècher de lever les mains vers le ciel et de faire des vœux pour un vainqueur si généreux , si sage et si maître de ses passions ; il pria les dieux , que s’ils avoient enfin résolu de faire finir f empire des Per¬

ses , il n ' y eut point d’autre qu ’Alexandre assis sur le trône de Cyrus ; et ensuite , lorsqu ’exfûrant percé des traits de ses perfides sujets , il lui envoya des marques touchantes de son affection et de sa reconnoissance ; il mourut dans l’espérance que les dieux le récompense¬

raient de l’humanité et de la générosité dont il avoit usé envers ce qu ’il avoit de plus cher au monde . Ce témoignage rendu par un ennemi mourant , est plus estimable que les monumens élevés à la gloire des au¬

tres conquérans , il vaut seul tous les triomphes.

Depuis le siège de Tyr , la vertu d’Alexandre ne conserva plus tout son lustre ; la fortune qui l’accom- pagnoit toujours l’éblouit enfin , et dans ce caractère, jusqu alors plein de noblesse , l’on vit tout -à-coup les

vices les plus grossiers et les passions les plus dange¬

reuses ; c’est ce quia fait desirer à un moderne qu A- lexandre eût eu assez de modération pour se borner lui -même et arrêter ses conquêtes , puisqu ’elles com- mençoient à lui pervertir le cœur . Voici comment il s’exprime.

Que manque -t-il, jusqu ’ici à la gloire d'Alexandre 1 la vertu guerrière a paru dans tour son éclat , la bon¬

té , la clémence , la modération , la sagesse y ont mis le comble et y ont ajouté un Justre qui en releve in¬

finiment le prix . Supposons que dans cet état , Ale¬

xandre pour mettre en sûreté sa gloire et ses victoires ^ Bb 4

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í 91 Histoire

s’arrête tout coure ; qu’il mette lui-mtme un frein k son ambition , et que de la mcrne main dont il ater¬

rassé Darius , il le rétablisse sur le trône ; qu’il rende l’Asie mineure habitée presque toute entière par des Grecs , libre et indépendante de la Perse , qu’il se déclaré le protecteurde toutes les villes et de tous les états de la Grèce , pour leur assurer leYrr liberté et les laisser vivre selon leurs loix ; qu’il rentre ensuite dans la Macédoine , et que de-là content des bornes légitimes de son empire , il mette toute sa gloire et route sa joie à le rendre heureux , à y procurer l’a- bondance , à y faire fleurir les lcix et la justice , à y mettre la vertu en honneur , à se faire aimer de ses sujets -, qu’enfin devenu par la terreur de ses armes, et encore plus par la renommée de ses vertus , l’ad- mnarion de tour l’univers , il sevsye enquelque sorte 1arbitre de tous les peuples, et exerce sur les cœurs un empire bien plus srabie et bien plus honorable que celui qui n’est fondé que sur la crainte; en supposant tout cela , y auroit-il jamais eu un prince plus grand, plus glorieux, plus respectable qu’Alexandre;

Certes , on n’en peut disconvenir, c’est-là le por¬

trait d un héros parfait ; mais y cn a-t-il eu , y en auva-t-il , y en peuc-il avoir ? On ne peut exiger de personne , pas mêmedes héros , une telle perfection, puisqu elleest impossible et incompatible avecla foi- blesse nrimai ne.Si Alexandre l’eûrpossédée,certe vertu si élevée aurcir excité notre admiration et riende plus;

nous aurions été surpris er frappés d’étonnement, comme à'la vue dune haute' montagne, mais nul n’eût osé entreprendre d’y monter. Alexandre sans vices eût été un prince inimitable ; j’aime donc mieux le voir avec quelques déiauts , ses grandes qualités er ses ver¬

tus ne paroissent plus alors inaccessibles. Un jeune

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d’Alexandre le Grand . Lív. XXIV. 393 cuur qui plein d’ardeur pour la gloire , dcsire et tra¬

vaille pour acquérir les vertus qui y font monter , ne desespere plus de les atteindre , quoiqu ’il ait quel¬

ques - unes des foiblesses qui n’cnt pas empêché Ale¬

xandre d v arriver ; et quand il les aura acquises , la même émulation qui lui a fait desirer de les atteindre, le portera alors à le surpasser etde plus à avoir moins devices que lui, puisque ce sont des ruches à sagloire , car je n’ai point prétendu effacer la honte dont Ale¬

xandre s est couvert par plusieurs défauts très - consi- déiable *.

On b voit plein quelquefois c! une vaine présomp¬

tion pour lui- méme , d’un mépris dédaigneux pour les autres et même pour son père , d’une soif ardente de la louange et de la flatterie , qui l’a fait tomber dans bien des fautes , parce qu ’elle étoit connue desescour¬

tisans j qui s’en servoient à leur avantage et à sahon¬

te ; car dans le palais des princes combien de gens oi- siis et vicieux , combien d’ambitieux , sans mérite, cherchent les penchans du prince , afîn de les servir et de s’avancer eux-mêmes aux dépens de la vertu ! Qu ’Alexandre eût donc dû être circonspect pour leur cacher son foible , qu ’ii eût dû être sur ses gardes pour tromper f oisiveté dangereuse des- premiers , et la^vigi- lance intéressée des seconds ! car il n’y a point de diiié- rence entre laisser appercevoir sa passion et prêter des armes certaines contre soi.

Que peut -on dire de cettefolle penséede Secroire fils de Jupiter , de se faire attribuer la divinité , d'exiger d’un peuple libre et vainqueur , des hommages serviles et de honteux prosternemens ? Néanmoins , dit saint Evremond , je lui pardonne en quelque sorte , si dans un pays où c étoit une coutume reçue . que la plupart des dieux avoient leur famille mi terre j où Hercule

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z94 Histoire

étoi: cru fils de Jupiter , pouravoir tué nn lion et as¬

sommé quelques brigands; je lui pardonne, dit-il , s*

appuyé de l'opinion de Philippe , qui pensoit que Phi¬

lippe avoir eu commerce avec un dieu ; si trompé pan

les oracles et se sentantsi fort au-dessus des hommes, il a quelquefois méprisé sa naissance, et cherché son ori¬

gine dans les cieux.

II n est point d’homtne qui nait un désir intime dans son cœur d’ètre dans un état plus parfait et detre heu¬

reux; les héros , plus que tous autres , ressentent sans doute davantage les aiguillons de ces désirs naturels, cest ce qui forme leur ambition , quiest regardéepar¬

mi nous comme un grandvice , et qui chezles payens étoit considérée commeune grande vertu. Comme ils ont un cœur plus grand , leursdésirs le sont aussi ; la gloire et les plaisirs des autres hommes ne les touchent point , et s’ils ne p uvoient les surpasser, ils croiroient être en droit daccuser ainsi leurdestinée:

Si je dois me borner aux plaisirs d*un instant, Faì !oÌt - »l pour si peu me tirer du néant!

f . l si j' attends en Tain une gloire immortelle, Pourquoi in avoir donné un cœur qui n 'aime qu elle!

Alexandre flétrit sa gloire par l’excès de ses emporte- mens, et il démentit plusieurs foisle caractère duhé¬

ros , parce que quelquefois il n’est plus maître de ses passions.

Les principaux écueilsde l’héroTsme, sontja colère sans frein et les charmes de la volupté -, c’est-là que la réputation du héros vient communément échouer : en effet les hommes extraordinairessont rarementmodérés dans leurs passions quand ils en ont , et d'ailleurs ils sont plus susceptibles que les autres de celles dont je parie, II est bien àcraindre que le feu de leur couragene

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d’Alexandre le Grand . Liv . XXIV. 3 9y se change quelquefois en un feu decolère , et que leur amour extrême pour la gloire ne se porteavec la même vivacité à quelqu ’objet indigne deux . Dans quel décri et dans quel malheur une colère effrénée ne jetce- t-elle point Alexandre ! maîtrisé pat cette passion , il devient la terreur de ses confidents , qui n’osent plus lui rien représenter surses propres intérêts ; parlesecond écueil, Alexandre en adoptant les délicesdes Perses ,enépousant Barsine et Roxane , ses prisonnières , asacrifié sa gloire à humour . II eut cependant dû se soumettre , à quel¬

que prix que ce fût , les affections de son cœur , puis- qu ’il prétendoit à f héroïsme ; mais il en.coûte quelque¬

fois moins à certains hommes de s’enrichirde mille ver¬

tus , que de se corriger d’un seul vice , et ils sont quelquefois si malheureux , que ce vice est souvent celui qui convient le moins à leur état ; il affaiblit le- clat de leurs grandes qualités etempêche qu ’ils nesoient des hommes parfaits , mais c est trop leur demander.

Ce défaut entre en quelque sorte dansla complexion des héros guerriers ; je ne comtois que Cyrus avant Alexan¬

dre , à qui on ne puisse rien reprocher de ce côté ; et depuis il n ’y a que Charles XII , roi de Suède , qui ait eu un cœur de fer à l’égarddesfemmes , non -seuliment de peur d’en être gouverné , mais pour donner l’exempls à ses soldats qu ’il vouloir contenir dans ladiscipline la plus rigoureuse ; peut -être encore pour la gloire d’ètre le seul de touslesrois qui dompta un penchant si diffi¬

cile à surmonter , et ait vécu sans foiblesse ; il i’em- porta sur Alexandre de ce côté -là , etil a encore l’avan- rage incontestable d’avoir été plus sobre que lui à l’égard du vin ; l’on dit que jamais cette liqueur n avoir surpris sa raison , qu’il laquitta même , ainsi que labierre , et qu ’ilse réduisit à l’eau pure , pour nepoint trop allumer son tempéramment plein de feu.

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3j 6 Histoire

On a honte pour Alexandre de le voiradonné dans ses dernières années à ce vice honteux ; de tous les dé¬

fauts il n’en est pas de si indigne, je ne dispas d'un prince, mais d’un honnête homme, que l’ivresse; le nom seul en fait horreuret ne se peut supporter. Quel honteux plaisir que de passer les jours et lesnuits à boire , de continuer des débauches pendant des semaines entières , de se piquerdevaincretous les autresen in¬

tempérance , et derisquer sa vie pour une telle victoire!

Certainement la mort de Clitus n’a peintterni la gloire d’Akxandre d’une tache si grande que cette intempé¬

rance ; il étoit difficile, et pour ainsi dire impossible à un caractère plein de feu etde vivacité comme le sien, de n’être point transportépar le discoursd’un téméraire qui rirrite ct l'outrage ; mais onne lui pardonne point lorsquele vin lui montant àla tète , il prend àtache de décrierson père , d’avìlir sa gloireet dese préférér à lui sans pudeur etsans ménagement. On est ensuite obligé de le transporter chez lui sans connaissance , avili jus- qu’au rang des bêtesbrutes , puisqu’ii n’a plus l’usage de la raison , qui seule faisoit voir la prééminence et fexcc-llence de sa nature.Heureusemenr peursa gloire, à traversccs excès, on voir encore briller de rems en temsdes marquesde bonté , de douceur et de modéra¬

tion , effet de son heureux caractère, qui nétoit pas en¬

tièrementétouffé par le vin.

Alexandrea porté une desesvertus àun excès où elle devient un défaut aussi dangéraux que le vice opposé , je veux parler de son courage; son enthousiasme de valeur transporteceux qui lisent son histoire ,commeil l a transporté lui-même.

L’inuépidité est une force extraordinaire de l’ame qui lelève au-dessus des troubles , desdésordres ,des émo¬

tions que la vue des grands périls pourroit exciter

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ct Alexandre le Grand. Liv.XXIV. 397 en elle , et c’estpar cette force que les héros semait - tiennent en un état paisible et conserventl’usage libre de leur raison dans les accidents les plus surprenans et les plus terribles.

Quoiqu’il conserva son sang froid au milieudes dé¬

sordres les plus grands , ses yeux allumés lançoient des traitsles plus redoutables etqui faisoient plus d’eífet que ceux qui partoient de ses mains; son œilbrille, il étincelle , il jette un feu presque divin , qui jettela surprise et f épouvante dans les cœursles plusintrépi¬

des ; il ose des choses qui demanderoient non un homme , mais un dieu. II prouve la vérité de la défi¬

nition qu’Homère donne de lavaleur , que c’est une inspiration divine , que c’est un feu qui s’emparede l’homme et qui agit en lui. La valeur des autres con¬

quérons demande notre estime , et celle d’Alexandre enlève notre admiration.

Elle a un brillant qui frappe, mais on n’y trouve point de sûreté ;son couragequi louventne connoissoit point de règle, dégénéroit en une témérité impétueuse, ee caractère ne convient qu aun aventurier qui estsans suite , qui ne répond quede sa vie, et qui , par cette raison,peut être employé pourun coup demain.II 11’en est pas ainsi du prince , il est responsable de sa vie à toute l’armée et à tout son royaume; hors quelques occasions fort rares , où il est obligé de payer de sa personne et de partager le dangeravec les troupes pour les sauver , il doit se souvenir qu’il y a une extrême différence entre un général et un simple soldat. La vé¬

ritable grandeurne pense point àse produire,elle ifest point occupée du soinde sa réputation , mais du salut de l’aifinée; elle s’écarte également, et d’une sagesse timide , qui prévoir et craint tous les inconvéniens, et d’une ardeur aveugla, qui chercheet affronte gtatui-

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51)S Histoire

tentent lss périls; en un mot , pour former un général accompli , il faut que la prudence tempèreer règle ce que lavaleur a de force, et quela valeur , àson tour, anime et réchauffe ce que la prudence a de froid etde lent. Quand on lit l’histoired’Alexandre, qu’on le suit dans les sièges et dans ses combats , on est dans des alarmes continuelles pour lui etpour son armée , et l’on croit à tout moment qu’il va périr ; ici , c'esr un fleuve rapide qui est prêt de l’entramer et de l’engloutir ; là, c’est un roc escarpé où il grimpe, et où il voit autour delui dessoldats, ou percés par les traits des ennemis , cu renversés par des pierres énormes dansdes précipices.

On tremble quand on voit dans une bataille la bâche prête à lui fendre la tête , et encore plus , quand onle voit seul dans uneplace , exposé àtous les traits des en¬

nemis :il connoissoit lecaractère desa fortune ,ilcomp¬

toir sur des miracles; mais rien n’est plus déraisonna¬

ble , car les miracles ne sont pas toujours sûrs , etles dieux se lassent enfla de conduire et de conserver les té¬

méraires qui abusent deleur secours.

Alexandre, ainsi que bien d’autres guerriers,se sont fait honneur de leurs blessures. Timothée , grand capi¬

taine , n’en jugeoit pas ainsi pon le louoit duneblessure qu’il avoir reçue dan: une bataille , et pour lui , il s’en excusoit comme unefaute de jeune homme ,er comme dune témérité condamnable. On a remarquéàlalouange d’Annibal , que dans diftérens combats qu’il donna , il ne fut point blessé. Je ne crois point que César l ait jamais été.

Les Macédoniens se sont beaucoup plaints d’Ale¬

xandre , et la plupart des historiens l’ont aussi blâmé d’avoir introduit dans sa nation les habillemenset les costumes des Perses. Les plus sensés historiensne con¬

damnent cependant peint entièrement cette conduite,

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dtAlexandre le Grand, Liv, XXIV . $99 qui fut si odieuse aux Macédoniens ;les conquêtes d’A- lexandre étoient si grandes , qu ’il ne pouvoit les retenir de force avec un si petit nombte de Macédoniens , ni les attacher inséparablement au royaume de ses pères.

II ne lui restoit , pour les retenir dans son empire , que da traiter les nations qu ’il avoir vaincues , avec la même douceur queses sujets naturels ; de ne rien chan¬

ger ni altérer dans leurs loix , dans leurs costumes _, ni dans leurs privilèges ; et enfin , de nelespas contraindre à se faire Macédoniens , mais plutôt de s'e faire Persan lui -même , afin que les peuples ne connussent d ’autre changement que dans la personne de leur roi : c’est ca qu Alexandre fit , c’esr ce qui lui attira lavénération de tous lesPerses et excita les murmures des Macédoniens;

néanmoins cela leur est pardonnable ; de vieux soldats , toujours victorieux , ont peine à voir ceux qu ’ils ont vaincus et terrassés devenir leurs égaux , et être aussi- bien queux affermis dans les bonnes grâces du prince.

Mais on ne peut excuser dans la plupart des écrivains leur peu de discernement d’avoiPentièrement condamné cette conduite d’Alexandre ; s’il n'eût point prisceparti, et qu’il eût toujours conservé son air de vainqueur etde maître , combien de tems eût-il fallu pour que les esprits des vaincus et des victorieux puissent s’accoutu- mer et slaccorder ensemble ? 11 a bien mieux réussi dans le parti qu ’il a pris , ayant par - devers lui un caractère généreux et ce front majestueux , capable de civiliser les plus sauvages. En peu d’années , ce vaste empire suc aussi assuré qu ’après un long règne ; et si ce grand prince eût eu un fils digne de lui , il n’y a point dedouta que sa famille eût été solidement établie sur le trôna des rois de Perse.

Alexandre et la plupart des héros n’ont point du tout laissé de postérité , ou n’en ont point laissé qui héritât

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4oo Histoire

de leur héroïsme; mais si ce bonheur leur a manqué ,

la gloire d avoir tant de fameux imitateurs les en dé¬

dommage assez:ilsemble que le ciel les eûtmoins formé pour fairedes successeurs de leur sang er de leur mé- rire, que peur être.des modèles communs à tous les héros à venir. Les hcímmes extraordinaires sont en ester commedes livres de conduite qu’il faut lire , méditer ét repasser sans cesse, ahn dapprendre par quelsmoyens on peut parvenirà fhéroïsme qui aété leur terme. C ’est unequalité de héros, que d’avoir de la sympathie avec leshéros. La valeur d’Achille fut le nobie aiguillon qui piqua le jeune héros de la Macédoine : leshauts faits du premierexcitoient dans le cœur de celui-ci une im¬

patience vive et jalouse d’en avancer la renommée.

Alexandre en vint jusqu’àverser des larmesau récit des grandesactions d’Achille , mais ce n’étoit pas Achille dans le tombeau qu’il pleurait , c’étoit sur lui-même, qui n'avoir point commencéencore la glorieuse carrière du vainqueurdes Troyens.

Les héros se succcdéntàla gloire par l’émulation , et à l’immortalité par la gloire. Après la célèbre bataille de Marathon , où dix mille Grecs mirent en déroute saturée innombrable des Perses, comme cn célébrait par tout la valeur et la conduitede Miltiade qui l’avoit gagnée, on voycit Thémisrocle , jeune alors,mais qui se rendit si illustre dans lasuite dans Athènes sa patrie;

on le voyoir, dis-je , souvent renfermé en lui-même, tout pensif ; il passoit les nuits entières sans fermer l’ccil; il ne se trouvoit plus auxfes ins publics comme il avoir coutume , et lorsque ses amis étonnés de ce changement, lui endemandoient la raison , il leur ré¬

pondit que les trophées de Miltiade ne lui laissoient point de repos. Us furent pour lui comme une espèce d’aiguillon qui le piquoit et l’animoit sans cesse.

Alexandre

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à ’Alexandre le Grand , Llv. XXÏV. 401 Alexandre fut ensuite pour César .ce qu ’Achille avoir été pour Alexandre . LeS prodigieux exploits du Macé¬

donien inspirèrent au Romain la généreuse envie de de¬

meurer son rival. On levit pousser des gémissemens et des soupirs en regardant en Espagne une statue d'Ale¬

xandre , pour 11’avoir encore rien fait dans unâge où ce conquérant s’étoit rendu maître de l’univers ; mais cette ambition étoit mieux placée dans Alexandre , né roi, que dans César , né particulier . Pour sortir de certe égalité , il a commis mille injustices dans l’empire Ro¬

main ; il n ’y a pas un seul citoyen à .qui il n’ait fait la plus grande de toutes les injustices , puisqu ’il lui a ravi la liberté , leplus précieux de tous les biens . César , dit Plurarque , paroît né pour la ruine des hommes , et Alexandre pour leur bonheur.

Pompée , dans un de ses triomphes , parut revêtu de la casaque de ce prince ; Auguste pardonna à ceux d’Alexandrie en considération de leur fondateur.

Notre siècle nous a fourni des héros que la gloire d’Alexandre a remplis d’émulation . On demandoir à Charles XII , encore jeune , cequ ’ilpensoit d’Alexandre.

Je pense , dit le jeune prince , que je voudrois lui res¬

sembler . Mais , lui dit-on , il n’a vécu que 42 ans.

Ah ! reprit -il , n ’est-ce pas assez quand on a conquis des royaumes ?

La Perse a aussi dans Tharnas Konli -Kan , un hé¬

ros qui se pique de marcher sur les pas d’Alexandre.

Je ne parle point des autres princes qui , pour res¬

sembler en quelques choses à Alexandre , prenoient jusqu ’à ses manières , des meubles , des armes et des troupes semblables ; mais tous en général croyoient l imiter , s’ils pouvoient faire comme lui des conquêtes sans bornes et sans mesures . Néanmoins ce n’est pas-

Tome VI. C c

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402 Histoire

là l'endrcit le plus estimable d’Alexandre , ils auroient plutôt dû ornes leur cœur des vertus qui le faisaient aimer de ses soldats et de ses amis , qui le rendoient sensible àleurs peines ;de cette droiture danslaguerre qui k fit admirer despeuples vaincus -, dccette noblesse de senti mens , de sagénérosité ct de sa grandeur d’ame. Ale¬

xandre de ce côté est un excellent modèle qui n’a pas encore été imité , pas même de César , quoique ce¬

pendant ce Romain ait été jugé digne delui être com¬

paré , comme celui qui avoit avec lui le plus de con¬

formité . En effet leurs principaux traits sont parfaitement semblables ; même ambition , même passion pour la guerre , même ardeur à pousser leur dessein , même confiance dans leur fortune ; ils donnèrent l’unet l'au¬

tre jusqu ’à la profusion -, mais la libéralité de César étoit intéressée ; c’éteit plutôt des corruptions que des largesses pour se gagner l’appui et les suffrages de ses citoyens. Alexandre dcnnoit pour faire du bien , par la pure grandeur de son ame ; c’étoit; l’effet d’une nature bienfaisante qui , comme celle des dieux , ne cherche que le plaisir et la gloire de donner . Quand il passa en Asie , il distribua ses domaines , se dépouilla de loure chose et ne se réserva que l’espérance ; lors- qu ’il n’avoir plus beroin de personne , il paya les det¬

tes de toute l’armée ; les peintres , les sculpteurs , les musiciens , les poètes , les philosophes eurent part à sa magnificence et se ressentirent de sa grandeur.

César amassoit de grandes richesses , et les gardoit en réserve pour couronner la valeur utile à ses projets;

Alexandre s'en servoit pour récompenser les grandes actions faites plusieurs siècles avant lui , et il étendoit sa reconnoissance sur la postérité de ses soldats.

Cette même noblesse , cette même grandeur passoient

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£ Alexandre U Grand. Liv.XXIV. 40$

dans ses discours les plus familiers. Parménion lui conseiUoi: d’acceprerlesoffresde Darius ,etlui dit qu’il les accepteroit s'il éroir Alexandre : et moi aussi , re¬

prit Alexandreavec feu , si jetois Parménion.Ses amis vouloient qu’il n’attaquàt Darius que la nuit : je ne dérobe point la victoire, leur repliqtia-t-il. Parménion lui marquoit son étonnement de ce qu’il Jormoir d’im sommeilsi profond et si paisible le jour d’une grande bataille; sb ! lui répondit Alexandrej ne trouve tu pas que c est déjà avoir vaincu que d’avoir arrêté la fuite de notre ennemi et de lavoir déterminé ? Dans cette simplicité on trouve un sublime dont rien rf approchez Alexandrey paroît autanr Alexandre que dans de plus grandes actions ; les mots que l’on a conservéde Cé-1 sar ne représentent lien de si grand , er l'on trouva dans la vie d’Alexandre plus d’actes de générosité de bonté et d humanité , plus de marques d’un bonàrur, je ne dis pas quedans César , mais quedansl’histoirar d’une longue suite des rois.

Quoiqu ’il y ait quelqu’espece de folie à raisonner

sur des chosespurement imaginaires, néanmoins, selon toute la vraisemblance, si Alexandre se fiìr trouvé à la place de César , il n’auroir employéses bonnes et admirables qualités qu’à sa ruine ; on peut croire que son humeur alrière et ennemie des précautions l'eût mal conservé dans les persécutionsde Sylla; difficile*

ment eûc-il pu , comme fit César , chercher sa sûreté dans un éloignement volontaire : comme il donnoit par un pur mouvement de générosité , ses largesse!

dans une république lui eussent été pernicieuses, et

ses présents hors de saison l’auroient rendu justement Suspect au Sénat ; peut-êtr* n’eût-il pu s’assuietrir ì

dosloix qui eussent gêné une ame aussi impévieusâ

C C 2

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^04 Histoire

que la sienne , et tentant quelque choseà contre-tems, il auroit eu le malheureux destin des Manlius , des Gracques et de Catilina. Mais si Alexandre eut péri dans la république , César dont le courage et la pré¬

caution aboient d’ordinaire ensemble, ne se fut jamais mis dans l’esprit ce vaste dessein de la conquête de l’Ásie. II est à croire que César dont la conduite si sine et si cachée , qu’il entra dans toutes les cons¬

pirations sans être accusé qu'une seulefois et jamais convaincu , lui qui dans lesdivisions qu'il sit naître dans les Gaules , secouroit les uns pour les autres et les assujettit tous à la fin ; il est à croire , dis-je , que ce même César , suivant son génie, s’il eût été roi de Macédoine , auroit soumis ses voisinset divisé les ré¬

publiques de la Grèce , pour les assujétir pleinement.

Mais avoir quitté la Macédoine sans espérance de re¬

tour ,avoir laissé des voisins mal affectionnés,la Grèce quasi soumise , mais peu affermie-, avoir été chercher avec peu de troupes et de munitions un grand roi de Persedans le cœur deses états , c'est cequi passe l'ima¬

gination etquelque chose de plus , que si les républi¬

ques de Gênes , de laïques ou de Fiaguse entreprenoient

Laconquête de la France . Si César avoir déclaré la guerre au grand toi , c’eût été sur les frontières,et il ne se fût pas tenu malheureux de borner ses états par le Granique , si l’ambition l’avoit poussé plus avant. Pen- sez-vous qu’ils eussentrefusé les offres de Darius , lui qui offrit toujoursla paix à Pompée , etqu'il ne se fût pas contenté de la filledu roi , avee cinq ou sixpro¬

vincesqu’Alexandrerefusa avec tant de hauteur ?Enfin, si mes conjectures sont raisonnables, il n’aurott pas cherché dans les plaines le roi de Perse suivi d'un million d’hommes; quelque brava et quelque ferme qu ’il fût,

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d'Alexandre le Grand. Liv. XXIV. 405

je ne sçais s’il auroit dormi profondément la nuit qu1 précéda la bataille d’Arbelles, je crois da moins qu’il eût été da sentimentde Parménion , et nous n’aurions de lui aucunesdes réponsesd'Alexandre.

II est vrai que ce désir de gloire immodéré , qui íie laissa point de repos à Alexandre, le rendit quel¬

quefois si insupportableaux Macédoniens , qu’ils furent tous prêts de l’abandonner; mais c’est-la particulière¬

ment que parut cette grandeur de courage qui ne s’é- ronnoit de rien :allez lâches, leur dit-il , allez ingrats, dire en votre pays que vous avez abandonné votre roi parmi des peuplesqui lui obéiront mieux que vous. Òn a remarqué que 1- grand prince *ie Condé , un des imi¬

tateurs d’Alexandre, n’admiroìt tien tant que cettenoble fierté avec laquelle il parloir àses soldats mutinés. Ale- xand’ dit ce prince , abandonne des siens parmi des ba mal assujétis, se senrcit si digne de comman¬

da , qu’il ns croyoit pas qu’on pût refuser de lui obéir ; êtie en Europe , être en Asie parmi les Grecs ou les Perses , tout lui étoit indifférent,il pensoit trou¬

ve;ues sujets où il rrouvoit des hommes.

Les moyens qn’Alexandre et César prirent pour s’aggrandir, mettent entr’eux une très-grandedifférence.

Dans le procédé d’Alexandre, on ne trouve que no¬

blesse, que franchise et que vérité ; et dans celui de César , cn découvresouvent la bassesse,la fraude et la ruse ;il fait honteusement la cour aupeuple , il propose des loix très-séditieusespour gagnersa faveur; il sefait descréaturesdes plus méchants de tous les hommes ;

il fait un trafic honteux demariage pour parvenir à ses fins. Nous avons dit qu’Alexandre a sacrifiésa gloireà l’amour ;mais pour César , il a sacrifiél’amour , non à la gloire, mais à se* intérêts.

C c 3

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40 6 Histoire

La politique de César étoit des plus profondes et dcí plus rafinées ; il poursuivoic en méme -tems leconsulat et le triomphe ; mats comme il ne pouvoir obtenir la premier tant qu ’il seroit dehors à la têts des rroupes, ilabandonne les honneurs da triomphe , entre dans Rome et brigue le consulat , préférant le plus sûr et le plus utile auplus éclatant . Pompée et Crassus étoient enne¬

mis , il les réconcilie ; et par certe réconciliation ,il at¬

tire à lui toute leur puissance : aussi , cette tache qui pa- roissom au-dehors pleine d’humanité , le mit en étar de renverser la république : il détai r ses ennemis avec les armesds ses citoyens , euil gagne ses citoyens avec l’ar- genc de ses ennemis . rPbut cela est une merveille en fait de politique , et Alexandre n’a rien en ce genre qu’on puisse lui comparer , mais cedésavantagé lui est hono¬

rable . Quels ressorts en effet la politique ne fait-elle pas jouer , et quels moyens n’emploie -r-elle point pour par¬

venir à ses fins ? La finesse , la ruse , la fraude , le men¬

songe , la perfidie , le parjure ; scnt -ce là les armes de la vertu ? La politique n’estdignedelouange , que quand elle est employée par la justice et àdebennes fins.

Alexandre ne donnoit au monde pour raison , que ses volontés , il suivoit par -tout son ambition et son humeur . César se laissoit conduire à son intérêt ou à sa raison . On n’a guère vu en une personne tant d é- galitè dans la vie , tant de modération dans la fortune >

rant de clémence dans les injures . Ces impétuosités qui coûtèrent la vie à Clitus , ces soupçons mal éclaircis qui causèrent la pertede Philotas etde Parménion ; rcus ces mouvemens étoient inconnus à César ; les grandes , tes petites choses le trouvoient dans son assiette , sans qu il parût s’tlever pour celle-là , ni s’abaisser pour celle-ci.

Alexandre n’étoit proprement dans son naturel qu aux

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d’Alexandre le Grand . Liv . XXIV. 407 extraordinaires ■s’il falloit courir , ilvouloir que ce fût contre des rois ; s’il airnoit la cirasse , c’etoit celle des lions ; il avoir peine à faire un présent qui ne fût digne de lui ; jamais si résolu , jamais si gai , que dans l’ab- batemenr de ses troupes ; jamais si constant , si assuré, que dans leur désespoir : en un mot , il commencent à se posséder pleinement cù leshommes ordinaires , soit par crainte , soit par quelqu ’autre foiblesse , ont coutume de ne se plus posséder ; mais son ame trop élevée , s’a- justoit mal au train commun de la vie. Les plaisirs où Alexandre , dans le repos , se laissa aller quelquefois jusqu ’à i’excès , furent indiférens à César ; ce n ’estpas que dans les actions et dans Les travaux , Alexandre ne frit scbre et peu délicat ; mais le tems du repos et de la tranquillité lui étoit fade , s’ilne réveilloic pour ainsi dire par quelque chose depiquanc.

On 11e trouve point dans César de ccsamitiés qu ’eut Alexandre ; les commerces de César étoienî desliaisons pour ses affaires ou un procédé assez obligeant mais beaucoup moins passionné pour ses amis. Après la gloire la plus grande passion d’Alexandre éroit l amitié ; .il n ’en faut pas d’autre témoignage que le sien propre , lorsqu ’il s’écria auprès d’un tombeau d’Achille , ò prince que je te trouve heureux d’avoir eu un ami fidèle pen¬

dant ta vie et un poète comme Homere après ta tiroir ! 11 fur capable d une amitié tendre j ouverte , effective , sans dédain , sans faste dans une si haute fortune , laquelle ordinairement se renferme en effe- même , met sa grandeur à abaisser tout ce qui l’envi- ronne , er s accommode mieux d’amis serviles que d’amis libres et sincères. Alexandre chérissoic ses offi¬

ciers et ses soldats , ss communiquoit famtliairement à sa table , à ses exercices , 2ses entretiens , s’mtcressoic

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40S Histoire

véritablement et de cœur à leurs différentes situations, s’inquiétoit sur leurs maladies , se réjouissoit de leurs guérisons ec prenoit part à tout ce qm leur arrivoit ; on en a vu des exemples dans Ephestion , dans Cra¬

tère , dans Ptolemée et dans beaucoup d’autres.

La véritable grandeur , dit La Bruyère ., est douce _>

bienfaisante . populaire . . . Plus on la connoic plus on l’admire ; elle se courbe par bonté vers ses inférieurs , et revient sans efforts à son naturel ; elle

sc glisse quelquefois , se relâche de ses avantages >tou¬

jours en pouvoir deles reprendre et de lesfaire valoir ; elle rit , joue et badine , mais avec dignité ; son carac¬

tère noble et facile inspire le respect et la confiance , et fait que les princes nous paroissent grands et très- grands , sans nous faire sentir que nous sommes petits.

Un prince qui a un vrai mérite , ne perd rien en s’a- baissant et se familiarisant de la sorte. Tout homme d ’une grande taille , ne craint point de se mettre de niveau avec les autres ; il est bien sûr qu ’il les passera de la tète -, il n’y a qu’une petitesse réelle qui ait inté¬

rêt de ne se point trouver dans la foule. Alexandre étoit aimé , parce qu on semoir qu ’ilaimoit lepremier.

Cette conviction remplissoit les troupes d’ardeur pour lui plaire , de docilité et de promptitude pour 1exécu¬

tion de ses ordres les plus difficiles , deconstance dans les situations lesplus rebutantes , et d’un déplaisir sen¬

sible et protond de l avoir mécontenté en quelque chose.

A l’égarddela religion , Alexandre avoir des opinions assez saines sur la divinité , et telles qu ’on pouvoir les avoir dans le rems d’idolàtrie ; c’étoit le fruit qu il qvoit tiré dfi son commerce avec les plus grands phi¬

losophes . 11 çommençoit toujours la journée par un

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d’Alexandre le Grand . Liv . XXIV. 409 sacrifice , et on ne le vit jamais manquer de rendre grâces aux dieux des succès qu ’ilslui avoient accordés.

Sur la finde sa carrière , il fut dévot jnsqu ’à la supers¬

tition , se laissant posséder par les devins et par les oracles.

Quant à César , il passa dans une autre extrémité;

il n’atrendit rien d’auume divinité en cette vie , et se mit peu en peine de ce qui devoit lui arriver dans faune ; il faisoit néanmoins des sacrifices dans les grandes occasions et purifioit ses troupes , mais ildon- noit cela plus à la coutume qu ’à la divinité qu ’il 11’eut jamais soin de remercier.

S’ils furent différents de ce côté , ils ne le furent point du côté de l’ambition . Après avoir l’un et f autre fondé un empire des plus étendus , ils formèrent des desseins encore plus vastes ; la terre ' n'a jamais porté deux ambitieux si étonnants , mais la mort qui se rit des desseins des hommes , vint renverser ces grands projets.

La mort de l’un et de l’autre fut à peu près semblable par les signes qui la précédèrent , et par les avertisse¬

ments qu ’ils en eurent.

-Alexandre est averti pat les Chaldéens de ne pas entrer dans Babylone , il méprise cet avis ; il y en-re et en sort , il se moque encore de leur prédiction ; les devins l’assurent qu ’il est encore menacé et que Baby lane lui sera funeste , il y rentre et y meurt.

César est averti de même par un devin de se méfier des Ides de Mars , le jour des Ides venu , César se moque du devin : voilà les Ides venus , lui dit -il ; oui , répliqua le devin , mais elles ne sont pas encore passées : il fut rué le inème jour . Mais si leur mort est semblable par les prodiges qui l’aunoncèrent , elh

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4icv Histoire

fut bien différente , par le genre et par ce qui rac¬

compagna . Alexandre meurt dans son lit , et il meurt regretté et pleuré par les Perses comme par les Macé¬

doniens ; au lieu que César est poignardé en plein Sé¬

nat par ceux qu ’il honoroit le plus de sa bienveillance -, ses meurtriers sont regardés aussitôt comme des libé¬

rateurs , on leur décerne de grands honneurs et on leur donne les gouvernemens les plus considérables.

Alexandre s’attira Famour et l’admiration de ses en¬

nemis mêmes par ses actions , er César s’attira l'envie et la haine de ses concitoyens par les siennes ; comme il s’ctoit fait tyran , ileut le sert des tyrans et mourut de la mort qui leur est ordinaire . 11 s’est montré , dit Plutarque , indigne d'être roi par les maux qu ’il a fairs, ct Alexandre digne d’être dieu par les biens qu ’il pro¬

cure !r aux hommes.

II reste une considération à fairesur Alexandre , qui est que tous ses capitaines qui n’étoient que des hom¬

mes médiocres comparés à lui pendant sa vie , partirent après sa mort d’iîhistres guerriers et de fameux capi¬

taines . II mourut âgé de 32 ans , au milieu des plus vastes desseins qu ’un homme eut jamais conçu , et avec les plus justes espérances d’un heureux suRiès , sans avoir eu le loisir d’établir solidement ses affaires , lais¬

sant un Itère imbécile , des enfans en bas âge incapables de soutenir un si grand poids . Ce qu ’il y avoir de plus funeste pour sa maison et pour son empire , est qu’il laissoit des capitaines à qui il n’avoit appris à respirer que i’ambirion et la guerre ; il prévit à quels excès ils se povteroient quand il ne seroit plus ; de peur d’en être «édit , il n’osa nommer ni son successeur ni letu¬

teur de ses enfans ; il prédit seulement que ses amis cériébrercknt ses funérailles avec desbatailles sanglantes,

(30)

£ Alexandre le Grand . Liv . XXIV. 411 et il expira dans la fleur de son âge , plein de tristes images de la confusion qui devoit suivre sa mort . En.

effet la Macédoine, , son ancien royaume , tenu par ses ancêtres depuis tant de siécles , fut , comme j^ai déjà dit , envahie de tous côtés , comme une succession va¬

cante , et après avoir été long -tems la proie du plus fort , elle passa enfin dans une autre famille . Ainsi ce grand Conquérant , le plus renomme et le plus illus¬

tre qui fut jamais , a été le dernier des rois de sa race.

S’il fût demeuré paisible dans la Macédoine , dit Bossuet , la grandeur de son 'empire n 'aercit point tenté ses capitaines , c-t il eût pu laisser à ses enfans le royaume de ses pères ; mars parce qu rl avoir été trop puissant , il fut cause de la perte de tous les siens , et vorlà le fruit glorieux de tant de conquêtes.

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