FACULTÉ
DEMÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1902-190S 95
L E
RHABDO-MYOME PUR
Considérations sur sa Pathogénie
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉD
présentée et soutenue publiquement le 80
Janvier I908[~>
Joseph-Achille GAPGRA
Néà Cazaubon (Gers), le17 avril1876
PHARMACIEN DK !*<•' CLASSE
Examinateurs dela Thèse
mm. GOYNE professeur.... Hrésidenl ARNOZAN professeur
CASSAET agrégé . ... ) Juges CAVAL1É agrégé....
Le Candidat répondra aux questions qui
lui
serontfaites
surles
diverses parties de l'Enseignement
médical.
BORDEAUX
Imprimerie du Midi. — Paul Cassignol 91, Rue Porte-Dijeaux,
91
1908
faculté de Médecine etjle Pharmacie de Bordeaux
M. DE NABIAS, doyen — M. PITRES, doyen honoraire.
I»IIOFB3S$BOU11S
MM: MIGE \
DUPUY I Professeurs honoraires.
MOUSSOUS
Clinique interne.. .
Cliniqueexterne...
Pathologie et théra¬
peutique générales.
Thérapeutique
Médecineopératoire.
Clinique d'accouche¬
ments
Anatomie pathologi¬
que Anatomie
Anatomie générale et
histologie Physiologie Hygiène Médecine légale Physique biologique et
électricité médicale
MM.
PICOT.
PITRES.
DEMONS.
LANELONGUE VERGELY.
ARNOZAN.
MASSE.
LEFOUR.
COYNE.
CANNIEU VJAULT.
JOLYET.
LAYET.
MORACHE.
BERGON1É.
Chimie
Histoire naturelle ...
Pharmacie
Matière médicale....
Médecine expérimen¬
tale
Clinique ophtalmolo¬
gique
Clinique desmaladies chirurgicales des en¬
fants
Clinique gynécologique Cliniquemédicale des maladiesdesenfants Chimiebiologique. ..
Physique pharmaceu¬
tique
Pathologieexotique.
MM.
BLAREZ.
GUILLAUI).
FIGUIER.
de NABIAS FERRÉ.
BADAL.
P1ECHAUD.
BOURSIER.
A. MOUSSOUS DENIGÈS.
SIGALAS.
LE DANTEC.
AGUBB4GU4S 14A 14AI41t€lCJI4 :
sectionde médecine (Pathologie interneetMédecine légale.) MM. CASSAET. | MM. MONGOUR.
SABRAZÈS. | CABANNES.
HOBBS. I
sectionde chirurgie.et accouchements
(MM.DENUCE.
Pathologie6
externe)
^ ) CHAYANNAZ.( BÉGOUIN.
Accouchements.)MM. FIEUX.
ANDERODIAS.
Anatomie.
section dessciences anatomiques etphysioi.ogiques
IMM. GENTES. | Physiologie MM. PACHON CAVALIÉ. I Histoirenaturelle BE1LLE
section des sciences physiques
Chimie MM. BENECH. | Pharmacie M. DUPOUY.
COtlllS CO»IB*ii 141114ATA1 li14S :
Clinique des maladies cutanées etsyphilitiques Clinique des maladies des voies urinaires Maladies du larynx, des oreilleset du nez
Maladies mentales
Pathologie interne Pathologieexterne Accouchements Physiologie Embryologie Ophtalmologie
HydrologieetMinéralogie
Le Secrétaire dela Faculté:
MM. DUBREUILH POUSSON.
MOURE.
REGIS.
RONDOT.
DENUCu ANDÉRODIAS.
PACHON.
PRINCETEAU LAGRANGE.
CARLES.
LEMA1RE.
Pardélibération du 5 août1879, la Faculté aarrêté que les opinions émisesdans les Thèses qui luisontprésentées doiventêtreconsidérées commepropres à leurs auteurs, qu'elle n'entend leur donnerniapprobation ni improbation.
A MON
PÈRE
ET A MAMÈRE
Hommage demonprofond amouretde
mon éternc-lle reconnaissance.
A mon excellent Ami
LE DOCTEUR M.
CAVALIÉ
. PROFESSEUR AGRÉGÉ A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX OFFICIER D'ACADÉMIE
\
I
I
"
. . V
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR COYNE
PROFESSEUR D'ANATOMIE PATHOLOGIQUE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE
DE BORDEAUX
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE CHEVALIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
AYANT-PROPOS
Parmi les différentes catégories de tumeurs, celles qui
intéressent un tissu hautement différencié, comme le tissu musculaire ou le tissu nerveux, ont été tourà tour niées et admises. Pour quelques auteurs, le
rhabdo-myome
enparti¬
culier n'existerait
qu'associé à
d'autres tumeurs.Ayant
eu la bonne fortune d'étudier un casde rhabdo-myome,observépar MM. Coyne,
Cavalié,
etMonod, dans lequel la tumeur
était uniquement formée de
tissu musculaire strié,
nousavons pensé qu'il était
intéressant de rechercher dans
la science les cas de rhabdo-myome
antérieurement obser¬
vés et de les rapprocher de
celui
que nous avonsexaminé.
Malgré les grandes difficultés de cette
question, qui
ne paraît pas encore bienétablie, il
nous aété possible de
donner, au rhabdo-myome pur,droitde cité dans la classe
des tumeurs. A ce sujet, nous avons
à
cœurde remercier
M. le Prof. Coyne des
conseils qu'il
abien voulu
nousdonner
et du grand honneur qu'il nous
fait
enacceptant la prési¬
dence de notre thèse inaugurale. Avec l'assurance
de
notre gratitude, nous adressons à notre éminent maître l'hom¬mage de notre profonde et respectueuse
sympathie.
Nous avons contracté un lourd tribut de reconnaissance
envers M. le Prof, agrégé Cavalié, qui
fut toujours
pournous un ami sincère. Ses conseilséclairés nous ontété d'un précieux secours pour la
rédaction de
cetravail dont il
a bien voulu surveiller pas à pasl'exécution.
Nous garderons un bon
souvenir de
nosmaîtres des
— 10 —
Facultés de Bordeaux et de Toulouse chezqui nous n'avons trouvé que
de la bienveillance à notre égard.
Merci à notre ami, le docteur Muratet, qui a bien voulu
mettre à notre disposition ses talents de dessinateur.
PREMIÈRE
PARTIEI
INTRODUCTION —
DÉFINITION
Il paraîtdifficile, au premier abord,
de donner
unedéfini¬
tion exacte du mot « rhabdo-myome », car il
règne dans
lascience une certaine confusion sur sa signification. Depuis longtemps,en effet, il arrive souvent
qu'on appelle rliabdo-
myomes des tumeursdans
lesquelles l'élément musculaire
est un élément secondaire, accessoire, élément développé
consécutivement à une tumeur primitivement différente.
Il a suffi à bien des auteurs (etnon des moindres) de ren¬
contrer dans une tumeur des fibres musculaires striées pour ranger aussitôt ces tumeurs
dans
uneclasse
qui ne leurappartenait pas,etonaappelé rhabdo-myomes bien
des néoplasmes dans lesquelsprédominaient des éléments
toutà faitétrangers à l'élément
musculaire.
Il est de toute évidence qu'on ne peut pas
appeler
rhabdo-myome un kyste dermoïde
dans lequel
ontrouve quelques
fibres musculaires striées, un sarcome, un carcinome, un myxome qui ont envahi un
muscle et qui renferment aussi
des fibres musculaires envoie de destruction; il en est de même pourles tumeurs
complexes fœtales (rhabdo-myomes
tératoïdes).La question devient plus
délicate lorsqu'on appelle rhabdo-
myomeune tumeur à fibres
musculaires striées développée
dans un organe qui, comme le rein, ne
renferme
pasà l'état
normald'éléments musculaires striés.
— 12 —
Les tumeurs ainsi rencontrées n'en sont pas moins sou¬
vent, sinon toujours,
des
tumeurscomplexes d'origine
congénitale outératologique, dans lesquelles l'élément
mus¬culaire se forme en plein tissu
embryonnaire,
auxdépens
de ce même tissu.
Peut-onaussiranger dans cette
même catégorie, toutes les
tumeurs du testicule dans lesquelles on a
rencontré des élé¬
ments musculaires striés? Nous ne le pensons pas, car, ainsi que le
fait
remarquerM. le Prof. Desprès,
«onpeut
» peut-être supposer,
malgré l'autorité de Billroth, Roki-
»
tansky, Zenker,
queles fibres striées trouvées dans
une» tumeur du testicule par Billroth
étaient des fibres du cré-
» master emprisonnées dans
la tumeur.
»Théoriquement,
il
nousparaît logique d'admettre
quele
rhabdo-myome est une
formation musculaire striée néopla-
sique développée
soit
auxdépens du tissu musculaire strié
préexistant ou
embryonnaire, soit du tissu musculaire lisse,
soit même du tissu conjonctif.
Les fibres musculaires striées restées
embryonnaires
(rhabdo-myomecongénital)
oubien adultes peuvent proli¬
férer activement et produire un
rhabdo-myome.
Il semblepossible que le tissu
musculaire lisse puisse se
transformer
pathologiquement
entissu musculaire strié, et
le fait n'est pasniable, auprime
abord, puisque normalement
on peut observer
l'évolution des fibres lisses
enfibres
striées, ainsi que l'ont remarqué
certains observateurs, et en particulier M. le Prof, agrégé Fieux
surles fibres lisses
de l'utérus pendant la grossesse.
Le tissu conjonctif non
différencié, c'est-à-dire resté
embryonnaire, ou
bien le tissu conjonctif adulte,
parun mé¬
canismespécial, peuvent
enfin donner naissance
aurhabdo-
myome. Les
cellules conjonctives,
par un processusencore
inconnu, au lieu de devenir sarcomateuses ou
myxoma-
teuses,
acquièrent
lescaractères plus
oumoins complets
descellules musculaires.
En dehors du tissu musculaire le tissu
conjonctif est-il le
— 13 -
seul qui puisse donner naissance au
rhabdo-myome ? Si
nous examinons le développement normal
du muscle strié,
nous constatons qu'il provient
généralement du feuillet
moyen du
blastoderme (mésoderme) qui, lui aussi, forme le
tissu conjonctif. Mais
le mésoderme n'est
pasexclusivement
le tissu matriciel du muscle strié qui tire également son
ori¬
gine de l'ectoderme
(muscles peauciers).
Parconséquent, il ne paraîtpas
impossible
quele rhabdo-
myome résulte de
la transformation d'un tissu autre
quele
tissu musculaire striéou quele tissu
conjonctif.
Les sources de production du
rhabdo-myome seraient
ainsi théoriquement plus
nombreuses, puisqu'il semble
rationnel d'admettre qu'un tissu
musculaire strié néopla-
sique peutprovenir d'un tissu épithélial évoluant patholo-
giquementpour
donner des éléments soit épitbéliomateux,
soitcarcinomateux, soit enfin musculaires
striés.
Il n'existe pas, nous
devons le dire, d'observation consta¬
tant ce dernier mode de production
du rhabdo-myome.
Nous définirons les rhabdo-myomes purs
des tumeurs-se
développantdans l'organisme
auxdépens du tissu muscu¬
laire strié, ou bien du tissu
conjonctif,
ou encoredu tissu
musculaire lisse, adultes ou restés
embryonnaires, tumeurs
dans lesquelles nous
retrouvons exactement et uniquement
les deux tissus fondamentaux du muscle
(faisceaux des
fibres musculaires striés entourésde tissu
conjonctif inters¬
titiel :
perimysium).
Lorsqu'il s'y ajoute des cléments néoplasiques d'une ou
plusieurs autres tumeurs, on ale rhabdo-myome associé (myxomateux, myxo-sarcomateux, carcinomateux, etc.)
Lorsque, au
contraire, il s'ajoute des éléments tératolo-
giques
(inclusion fœtale),
nous avonsaffaire à un rhabdo-
myome
complexe
outératoïde, étudié
parM. le Dr Genevet
dans sa thèse (Lyon
1900).
PLAN
Nous étudierons dans la première partie de notre travail successivement :
1° L'étiologieet l'anatomie pathologique.
2« Le tableau clinique, l'origine, marche, terminaison, complications.
3° Diagnosticet pronostic.
4°Traitement.
Nous réserverons pour la seconde partie l'étude du méca¬
nisme de production du
rhabdo-myome
pur, basé sur l'évo¬lution
histo-pathologique.
Nous terminerons par quelques considérations sur les
hypothèses pathogéniques.
II
ÉTIOLOGIE
Siège de la
tumeur. — On a observé des rhabdo-myomesdans les parois du cœur, du vagin, de la vessie, dans quel¬
ques muscles striés, dans les régions dorsale et de l'épaule,
dans l'orbite, le rein, dans la région du testicule (Guberna- culum
testis)
ou dansl'intérieur
du testicule même.Antécédents. — Nous ne possédons aucune donnée cer¬
taine concernant les antécédents héréditaires ou personnels.
Influence
deVâge.
— Lerhabdo-myome s'observe
surtoutdans lejeune âge et, dans la plupart des cas obervés, cette tumeur étaitcongénitale. Nous avons cependant réuni quel¬
ques cas de rhabdo-myome pur développé à l'âge adulte.
Nous discuterons, au point de vue
histo-pathologique,
lavaleur de ces observations.
Causes
parasitaires, microbiennes,
etc. —Wedeler (*)
a constaté la présence de protozoaires dans les myomes :« Dans les coupes de myomes
colorées
parl'hématoxyline
» et l'éosine, l'auteur a trouvé des aspects qui rappellent
» complètementceux des amibes. Ces corps,
placés
entreles
» fibres musculaires, ont un protoplasma
jaune
brunâtre et» un noyau fortement
coloré
enbleu. On les
rencontre assez» disséminés
(12 à
14dans
unpoint de la préparation ayant
»5 millimètres de long sur 2 de
large).
Ils ont des dimen-» sions analogues à celles des leucocytes au minimum, et
» trois à quatre fois plus grandes au
maximum. Ils
sont» ronds, angulaires, ou munis d'un
pseudopode. Ils
peuvent(b Wedeler, Les protozoaires desmyomes(Centralblatt fur Bakt., XVII,
7et8,p. 249; in Dict. Se. méd., de Hayem, I,
46,
p.33).
— 16 —
» modifier leur forme, suivant la résistance que leur oppo-
» sent les éléments qui
les
entourent,tout
commeles
» amibes.
» Enfin ils présentent un
mode de division et des
spores» analogues à ceux des
amibes.
»L'auteur admet, jusqu'à
démonstration du contraire,
quecesont les protozoaires
observés
parlui qui produisent les
causes d'irritation amenant la formation des myomes.
La
présence de parasites (amibes) n'ayant
pasété, à notre
connaissance du moins, signalée par d'autres auteurs, nous
nepouvons pas,
jusqu'à plus ample confirmation, l'admettre
comme cause efficiente desmyomes en
général, des rhabdo-
myomes en
particulier.
Il est évident qu'on pourrait
rapprocher les rhabdo-myo-
mes des tumeursen général et se poser
le problème plein
d'actualité de la cause déterminante, parasitaire ou
micro¬
bienne,des tumeurs, tel qu'on a essayé
de le résoudre
par exemple pour les cancersépithéliaux (4).
Cette étude est trop peu avancée
dans le sujet
quenous
traitons actuellement, pour qu'il nous
soit possible d'émettre
uneopinion
à
cetégard.
(!) Fabre-Domergue, Les cancers épithéliaux. Paris
1895.
III
ANATOMIE PATHOLOGIQUE
Suivant le siège
de
la tumeur, suivant des variations dépendant de l'âge de l'individu, suivant la nature du tissuou de l'organe intéressé, les caractères macroscopiques serontdifférents, ainsi que les caractères
microscopiques.
Les
rhabdo-myomes
purs ayant été observés aussi bien dans les parois du cœur que dans d'autres régions de l'or¬ganisme, il faudra envisager séparément les
rhabdo-myomes
appartenant au type musculaire strié du cœuret les rhabdo- myomes appartenant au type du tissu musculaire strié de la vie de relation.Nous distinguerons aussi les rhabdo-myomes purs d'ori¬
gine congénitale des rhabdo-myomes purs adultes.
Les premiersse développent aux dépens d'un tissu resté embryonnaire, les autresaux dépens d'un tissu adulte.
RHABDQ-IV1Y01Y1E CARDIAQUE PUR
Lerliabdo-myome cardiaquepurexprime unephysionomie
toute
particulière
: cela tientà
la disposition du cœur d'abord et ensuite à la structure spéciale de son tissu mus¬culaire strié. Si quelquefois la tumeur est incluse dans une des parois,il arrive le plus souvent
qu'elle fait
saillie, soit dans unedes cavités cardiaques, soit sous le péricarde. Ce qui la caractérise, c'est que son tissu esten continuitéavecG. 2
— 18 —
le tissu cardiaque. Aussi
allons-nous rappeler brièvement
quelques-unsdes caractères
normauxde
cedernier.
Le tissu musculaire strié du cœur est, on le sait, formé par des
éléments cellulaires (segments de Weissmann)
striés transversalement et longitudinalement,
anastomosés
bout à bout ou latéralement, offrant ainsi l'aspect d'un
réseau en dentelle. Dans les interstices se rencontrent le
tissu conjonctif, les vaisseaux et
les nerfs.
Chaque
cellule musculaire est unie à
savoisine
par unesubstance sur la nature delaquelle on
n'est
pas encorebien
fixé. On en a fait un ciment interstitiel figurant un
escalier (traits scalariformes d'Eberth). Pour d'autres auteurs, ce
cimentserait hypothétique et
la ligne de séparation entre les
cellules musculaires serait due à un phénomène
physique.
Pour d'autres encore, ce serait une
production protoplas-
miqueparticulière,
unvéritable pont anastomotique inter¬
cellulaire.
Chaque
cellule musculaire est
nue, sansmembrane d'enve¬
loppe
(sarcolemme), possède
un oudeux
noyaux,générale-
mentcentraux et entourés d'unepetite
couche de protoplasma
granuleux.Encertains points du cœur, en
particulier
sousl'endocarde
chez certains animaux adultes, on trouve des
éléments
cellulaires renfermant des fibrilles striées à leur
périphérie
seulement: ce sontles cellules de Pùrkinje qui
représente¬
raient un desstades de développement
de la cellule
muscu¬laire cardiaque.
Nous allons étudier séparément
le rhabdo-myome congé¬
nital cardiaque et le
rhabdo-myome cardiaque adulte.
Rhabdo-myome
cardiaque congénital
pur.Lerhabdo-myomecardiaque congénital consiste soitenune
tumeur unique, soiten
des tumeurs multiples intéressant de
préférence les
parois ventriculaires gauche et droite, la cloison
interventriculaire et les muscles papillaires.
— 19 —
Le volume varie depuis quelques millimètres de diamètre jusqu'à la grosseur d'un œuf de pigeon.
Tantôt molle, tantôtdure, la tumeur possède une couleur à peu près semblable àcelle du tissu musculaire
cardiaque:
elle secontinue d'ailleurs avec ce dernier.
Le cœur peut présenter ou ne pas présenter de légères lésions
(hypertrophie
partielle, dégénérescence,etc.).
L'examen microscopique de la tumeur révèle la plupart
du temps une structure particulière: on a affaire soit à un tissu réticulaire, soit à un tissu caverneux.
Dans lepremier cas(Obs. de Obrzut résumée
ci-après),
leréseau est formé pardes vaisseaux sur les côtés desquelson voitdesflbresmusculairesstriées.Alapériphériedela tumeur,
on rencontre des éléments fusiformes striés transversale¬
ment, à noyaux longs et étroits, ressemblant morphologi¬
quement à des fibres musculaires lisses.
Dans le deuxième cas, les fibres musculaires striées forment un réseau dans les mailles duquel sont des espaces arrondis qui semblent être remplis par une masse liquide :
on a même observé la formation de cavités kystiques.
Ilpeutarriver, dans le
rhabdo-myome
congénitalcardiaquepur, qu'il existe des éléments musculaires aux divers stades de développement: nous n'avons pas trouvé de fait relatant la présence de fibres de Purkinje.
Parmi les observations de rhabdo-myome congénital car¬
diaque,
nous possédons trois cas cités par Wirchow dansson Traité de
Pathologie des Tumeurs.
Il s'agissait chaque fois d'enfants mort-nés ou morts peu de temps après la naissance.« Dans un cas, il existait en même temps des gliomes durs
» dans le cerveau (t. II, p. 145). Dans l'autre, on songea à la
» syphilis et l'examen minutieux fit découvrirdes tumeurs
» gommeuses miliairesdans les endroits ducœuroù siégeait
»
l'byperplasie
; dans ce cas, il n'y avait qu'un seul endroit» du cœurqui fût tuméfié. Dans les autres cas, les tumeurs
— 20 -
Ȏtaientmultiples, se
rencontraient dans différentes parties
» du côté droit et gauche, même
dans la cloison et les
» muscles papillaires :
elles atteignaient la
grosseurd'une
» cerise et même au delà. Elles étaient assez dures, avaient
» la même couleur que le reste du
tissu charnu du
cœur.» Dans un de ces cas, la structure de la tumeur
musculaire
» était manifestement caverneuse. Les cellules
musculaires
Ȏtaient
disposées
sousforme de réseau, et, entre elles, se
» trouvaient desespaces
arrondis qui semblaient être
rem-» plis d'une masse
liquide.
...c( Peut-être doit-on ranger ici une
observation de Billard
» relative à un enfant qui mourut
subitement trois jours
»
après
sanaissance. Cette affection fut publiée comme
» squirrhe.
On trouva dans le
cœurtrois tumeurs qui consis-
» taienten un réseaufibreux » (i).
Recklinghaûsen
(EinHerzvon einem Neugeborenenioelches
mehrere, theils
nach
aussentheils nach den Hcehlen promi-
nirende Tummen
\Myomen\ trug)
a vu unnouveau-né avec
des néoformations du cœur de la grosseur
d'un œuf de
pigeon;
elles étaient tournées
versune des cavités cardia¬
ques et,
à l'incision, offraient
unecoloration semblable à
celle delamusculaturecardiaque. Les
éléments musculaires
avaient la forme de fuseauxcontenant un
grand
noyauet
unnucléolebrillant. Dansleprotoplasmase
trouvait disposée régulièrement
unestriation transversale très nette.
Obrzut (Société
des médecins tchèques, 1886) a présenté le
« cœurd'une enfant de 14jours morte
subitement
sansque
» les médecins aient pu constater
la
causede la mort. En
» examinantle cœur, on a trouvé, à la partie
extérieure du
» ventricule gauche, une tumeur
compacte, ovoïde, ayant
» 14 centimètres de longueursur 3
centimètres de largeur.
» Cette tumeur est molle, d'une couleur
plus claire
quecelle
» de la musculaturedu cœur, dont elle sedistingue
parfaite-
» ment. Le trou de Botal est encore ouvert et
laisse passer
(!) Wirchow, Pathologie des tumeurs;
traduit de l'allemand par
Aronhssonn, 1871, t.III,23e leçon, p.290).
— 21 —
» une sondede 3 millimètres. Le ventricule droit est dilaté ;
» sa musculature estlégèrement
hypertrophiée.
Leventricule
»gauche est
très étroit
; sesparois sont minces. A l'examen
» microscopique,on a
trouvé, dans la tumeur,
untissu rétb
» culaire. Le réseau est formé d'un grand
nombre de vais-
» seaux dont les parois ont
subi
unesorte de dégénérescence
» hyaline. A
côté des vaisseaux,
onvoit des fibres musculaires
» striées longitudinalement-et
transversalement, contenant
» un ou plusieursnoyaux.
A la périphérie de cette tumeur,
» les cellules musculaires sont plus
étroitement serrées,
» fusiformes, striées
transversalement, à
noyauxlongs et
» étroits.»
(Extrait delà Semaine médicale, Lettres de Bohême.
Prague, 25 mars
1886.)
« Kolisko
(Société império-royale de médecine d'Autriche),
» assistant de M.Kundrot,a trouvé dans le cœur d'un enfant
» dedeux mois des tumeurs très rares ; au milieu de l'inser-
» tion de la valvule semi-lunaire gauche faisait saillie une
» tumeur de la grosseur
d'un grain de chénevis
; un peuà
» droite, l'endocarde
était soulevé
par une autretumeur
» plus petite, et, dans
le myocarde du cône de l'artère pulmo-
» naire, onvoyait
également plusieurs de
cestumeurs plus
» petites. A l'examen
microscopique,
cestumeurs sont
com-» posées d'un réseau
de fibres fines à
noyau rose ;les fibres
» voisines du cœur se continuent avec le réseau fibrillaire
» du cœur. La ressemblance de la structure de cette tumeur
» avec les éléments embryonnaires fait
croire qu'il
s'agit» d'éléments
embryonnaires qui n'ont
pasété employés à la
» formation ducœur. »(Extrait de
la Semaine médicale, 1886.)
Les résumés d'observations que nous venons
de rapporter
nous fournissent peu
d'indications
surla structure même de
ces tumeurs. Lorsqu'on
examine les cellules musculaires
striées de chaque tumeur, on
voit qu'elles sont dépourvues
de myolemme et que
le
oules
noyauxoccupent l'axe central
de l'élément et sont entourés de protoplasma
granuleux.
Ilest évident quetoutes cestumeurs
renferment généralement
du tissu musculaire adulte ou à l'état de développement.
— 22 —
L'aspect général,la texture nous rappellent celle ducœur,en
particulier les formations en réseau et leur continuité avec le tissu musculaire cardiaque.
S'agit-il, d'autre part, chaque fois de
rhabdo-myomes
vrais, c'est-à-dire de tumeurs développées en dehors de tout pro¬cessus inflammatoire étranger ou encore dues à une irrita¬
tion provoquée par d'autres lésions
pathologiques (syphilis
par exemple) ? Il est certain qu'il faudrait réduire le nombre des cas observés en tenant compte des remarques ci-dessus.
Le fait intéressant pour nous, au pointdevue histogénéti-
que, consiste en la présence de cellules musculaires futures
(myoblastes)
dont les unes ne renferment pas de fibrilles striées et les autres contiennent plus ou moins de fibrilles suivant leur stade dedéveloppement.
Mais d'où viennent ces myoblastes ? Nous sommes obligé de songer à des cellules qui ont été retardées dans leur évo¬
lution et qui jouent ici le même rôle que les éléments cellu¬
laires embryonnaires.
Rhabdo-myome
cardiaque adulte pur.Nous n'avons pu trouver qu'un seul cas de rhabdo-myome cardiaque adulte. Nous l'avons recueilli dans le Traitéde
;pathologie
de Wirchow :« Je ne connais chez l'adulte qu'une seule observation
où
» l'on semble avoir rencontré dans le cœur un rhabdo-
» myome. Il a été publié parSkrzecka ; presque tout
le
ven-» tricule gauche ainsi que la cloison se trouvaient
transfor-
» mésen une masse poreuse,ressemblant à une éponge
fine,
» dans les trabécules de laquelle on ne découvrit aucune
« fibre musculaire. Il existait par contre, en même temps,
» une adhérence totale des feuillets du péricarde avec
créti-
» fication ; ce cœur provenait d'un jeune paysan de
vingt et
» un ans »
(*).
(Ù Wirchow, Loc. cit., p. 290 et suivantes.
- 23 —
Le cas que cite
Wirchow, bien qu'observé chez
unadulte,
est difficile à classer.Si on considère les éléments
cellulaires
de cette tumeur comme étant descellules
musculaires
em¬bryonnaires, on
peut
sedemander si cette tumeur est
d'origine
congénitale,
oubien si elle est formée
auxdépens
du tissu
complètement développé,
parretour à l'état em¬
bryonnaire.
RHABDO-MYOME PUR DES MUSCLES
STRIÉS DE LA VIE DE RELATION
Avant de commencer l'étude de cette variété de tumeurs,
nous jugeons utile de rappeler succinctement quelques
notions histologiques etembryologiques du muscle strié de la vie de relation. Ces notions nous permettront de faire une étudecomparative avec la structure et le mode dedéveloppe¬
mentde ces
rhabdo-myomes.
Les muscles striésnormauxde la vie de relation sontcons¬
titués par des faisceaux de fibres musculaires (faisceaux secondaires). Ces faisceaux secondaires se groupent pour former des faisceaux tertiaires qui, à leur tour, formeront des faisceaux quaternaires, etc., suivant le volume du mus¬
cle. Le tissu conjonctif dans lequel cheminent les vaisseaux et les nerfs entoure le muscle tout entier
(perimysium externe),
pénètre entre les faisceaux (perimysiuminterne).
Au niveau du faisceau secondaire, ce tissu conjonctif s'insi¬
nueentre les fibres musculaires, étant beaucoupplus délié
ici que partout ailleurs dans le muscle (peu de fibres con¬
jonctives et
élastiques).
Les fibres musculaires ont unelon¬gueur variable, parfois très courte (quelques
millimètres),
parfois très longue (10 et 15centimètres).
Leur volumevarie
entre 19 et 100 Parmi les plus petites, on en trouve, soit isolées, soit réunies par petits groupes, qui constituent
les
fuseaux neuro-musculaires de Kûhne. Ces fuseaux neuro¬
musculaires ne se continuent pas pardes fibrestendineuses.
Toutes sont entourées par une enveloppe
(sarcolemme)
que l'on met nettementenévidence, lorqu'endissociantdesfibres
musculaires il y a rupture de la substance contractile dans
— 25 —
quelques-unes
d'entre elles. On voit également très bien le
sarcolemme au niveau des deux
extrémités
de lafibre.
Nous savonsque la
plupart des fibres musculaires
se con¬tinuent à chacune de leurs extrémités par une
fibre tendi¬
neuse
appartenant à chaque tendon extrême du muscle.
Quelques-unes
cependant, dont
uneextrémité seulement est
en continuité avecune fibre tendineuse, se terminent libre¬
menten pointe
conique dans l'intérieur du muscle.
Ranvier,
plongeant
unegrenouille dans de l'eau chauffée et
maintenue à 55° pendantun
quart d'heure,
amontré
quesi
on dissocie ensuite desfragmentsdu muscle
gastro-cnémien
au niveau de l'insertion du musclesur le tendon, onpouvait, après
coloration
aupicro-carmin et éclaircissement à la gly¬
cérine, voir le
sarcolemme
secontinuer
surla partie termi¬
nale de la fibre musculaire et s'accoler avec l'extrémité
d'un faisceau tendineuxlégèrement excavé pour
le recevoir.
A ce niveau, la substance
contractile est rétractée,
cequi
permetde voir
le sarcolemme. Les
noyauxdes fibres
muscu¬laires, plus ou
moins nombreux, sont périphériques,
sousle
sarcolemme, ou bien
épars.
Lasubstance contractile est
formée defibrilles striéesdans
lesquelles, suivant les
cas,la
division en disques
sombres et
en espacesclairs est poussée
plus ou moins loin.
Chaque fibre
musculaire représente
unélément
muscu¬laire multinucléé et hautement différencié, qui provient
d'éléments
embryonnaires portant le
nomde
«myoblastes
».Ces myoblastes sont
des cellules qui,
pourla plupart,
sefor¬
ment aux dépens du
segment musculaire des protovertèbres (mésoderme)
bienquequelques-uns d'entre
euxproviennent
de l'ectoderme
(muscles peauciers)
; cesmyoblastes sont des
éléments un peu allongés, pourvus
d'un
noyau.Ils s'allon¬
gentpeu
à
peu :le
noyau sedivise seul, de façon à transfor¬
mer le myoblaste
mononucléé
enmyoblaste polynucléé. Sur
la périphérie de cet
élément, et dans le
sensde
salongueur,
le protoplasma
élabore quelques fibrilles striées dont le
nombreaugmente
progressivement, envahit tout l'élément,
repoussant la plupart du temps les noyaux à la périphérie.
— 26 —
Le sarcolemme est une formation protoplasmique qui apparaît ultérieurement.
Le tissu conjonctif embryonnaire s'organise autour des formations musculaires et donne d'une part les membranes
d'enveloppe
du muscle, d'autre part le tissu moins compact(perimysium
externe etinterne)
qui s'insinuera pour former des faisceaux et entourera même chaque fibre musculaire.Dans le rhabdo-myome des muscles striés de la vie de rela¬
tion, aussi bien que dans le rhabdo-myome cardiaque, on retrouvera des éléments musculaires adultes, des éléments musculaires aux différents stades de
développement,
c'est-à- dire des éléments renfermant quelques fibrilles striées ou même n'en renfermant aucune.Rhabdo-myome congénital pur.
La forme, le volume et les dimensions de cette variété de tumeurs diffèrent considérablement suivant les casenvisa¬
gés. Il faut tenir compte aussi de leur siège. On les arencon¬
trés principalement au niveau du testiculeou du rein, dans
la paroi duvagin, la région temporale,la région du
maxillaire
inférieur, l'orbite, la région dorsale.Sur les coupes grossières,on rencontre un tissu assez
dur
séparé par un tissu plus mou. L'examen microscopique permet de reconnaître du tissu conjonctifassez dense, nor¬mal, dans les mailles duquel se trouvent des fibres muscu¬
laires striées à l'étatadulteou aux divers états dedéveloppe¬
ment. Les fibres musculaires striées bien développées semblent être un peu plus petites que les fibres
normales.
D'autres fois elles forment des rubans très larges; les
fibres
sont pleines ou creuses et le canal central, quand il
existe,
renferme un protoplasma clair ou granuleux. Les
striations
longitudinale et transversale sont bien marquées.Cependant
on peut rencontrersur la même fibre des parties
nettement
striées, d'autres parties
où
la striation est à peinemarquée
ou même absente.
— 27 —
Il ne paraît pas y
avoir de sarcolemme:
on acependant signalé l'existence d'une mince cuticule soulevée
parles
noyaux
périphériques. Les
noyauxsont nombreux et
entourés d'une quantité
plus
oumoins petite de sarcoplasme
granuleux.A côté de ces fibres, on trouve des
fibres dégénérées
openvoie dedégénérescence. Hanser
décrit
unsarcolemme
surces fibres dégénérées, Neumann sur
les cellules rondes
:Cohnheim et Ribbertaucontraire infirment son
existence.
Il existe enfin des élémentsjeunes
(myoblastes), à
noyaux multiples,dans le protoplasma desquels
ontrouve une
quantitéplus
oumoins grande de fibrilles striées. Nous ne
connaissons pas les
caractères spécifiques des cellules
mus¬culaires
embryonnaires
non encorestriées et il est difficile,
lorsqu'on les
rencontre seules, d'affirmer la nature muscu¬
laire de la tumeur. Ces cellules en effet peuvent
aussi bien
être descellules
embryonnaires conjonctives, cartilagineuses,
etc., ce qui peut amener une
confusion
avecle
sarcome.Pour affirmer la nature musculaire il faut,
à côté de
ces éléments, qu'il yait des cellules plus âgées présentant une
ébauche destriation.
On a rencontré aussi des éléments
cellulaires arrondis,
générateursdes cellules musculaire striées (Marchand,
Neumann, Ribbert,
Arnold)
;d'autres fois
cesont des cellules
en fuseau.
Ces tumeurs congénitales
des muscles striées de la vie de
relation sont très vasculaires ; encertains
points
on trouve beaucoup devaisseauxbéants à la
coupe.D'autres fois il
ya des foyers
hémorragiques donnant à
ceniveau une
couleur rouge noirâtre ou
jaune brun.
Quelquefois
nettement formées
enplein tissu musculaire
strié, d'autres fois ces tumeurs
paraissent être indépendan¬
tes des muscles.
Dans lesdeuxcas, puisque nousavons
affaire
aurhabdo-
myome
congénital, il
y anéoformation de cellules muscu¬
laires et non
hyperplasie de cellules musculaires préexis¬
tantes.
— 28 -
Les cellules rondes ou en fuseau, comparables auxcellules sarcomateuses, représentent les éléments de formation du rhabdo myome. Ces éléments deviennent multinucléés et chacun d'eux donnera naissance à une fibre musculaire striée. Prôsinga soutenu que le
développement
de chaqueélément musculaire a lieu par fusion des cellules en fuseau
(striées).
Nous rangeons dans lavariété des
rhabdo-myomes
congé¬nitaux :
1° L'observation de Kaschewarowa-Ruclnewa
(Myoma
strio-cellulare seu
rhabdomyoma myxomalodes vaginœ).
Il s'agit d'une jeune fille de quinze ans opérée en février 1869, à la
clinique
du professeur Seifert, pour une tumeur de la paroi antérieure du vagin(polype muqueux àpédicule mince).
La guérison survint au bout de dix jours. Mais, six semainesaprès,
la malade présentait sur la paroi vagi¬nale antérieure une tumeur de la grosseur d'un œuf de poule.
Ablation de la tumeur. Pelvi-péritonite grave avec forte fièvre et mort.
A l'examen
microscopique,
on trouva des éléments cellu¬laires nombreux séparés par de la substance intercellulaire et de nombreuses fibres musculaires striées.
Il semble cependant que le
rhabdo-myome
ne soit pas pur et soit plutôt unmyxo-rhabdo-myome..
2° Arnold
(Ziegler's Beitrœge
z.path.
Anat., VIII, p.109)
rapporte un cas derhabdo-myome glycogénifère
du testicule.La tumeur, mesurant 10 centimètres de long sur 7 cent. 1/2
de large, provenait d'un enfant de quatreans. Sa formeétait
assez régulière. Une partie étaitrecouverte par la vaginale.
Le testicule était atrophié par compression;
l'épididyme
avait, en grande partie, disparu.
L'examen
histologique
démontra que la tumeur était uni¬quement formée défibrés musculaires striées sans mélange de fibres lisses, ni d'éléments musculaires intermédiaires
— 29 -
entre les fibresmusculaires striées et lesfibres
musculaires
lisses, cequi exclut
unetransformation d'un leio-myome en
rhabdo-myome. Sonorigine était probablement le guberna-
culum testis. (1-Iayem,
Die. des Se. méd., t. 31,
p.532.)
3o Nous n'avons pu nous procurer
les observations de
Neumann,Rokitansky et
Billroth concernant les tumeurs
congénitales dutesticule, tumeurs qui, d'ailleurs,
nesont
probablementpas
des rhabdo-myomes
purs.4° Ribbert
(Beitrœge
zurKenntniss der Rhabdomyom) a
examiné 9 rhabdo-myomes
de sièges divers dans lesquels,
à côté des fibres musculaires striées, se
trouvaient des
élémentsdifférents normaux oupathologiques.
Il
enconclut
que les
rhabdo-myomes sont d'origine congénitale et résul¬
tent de troublessurvenus pendant
le développement fœtal.
Ici encore les tumeurs observées ne sontpas
des rhabdo-
myomes
congénitaux
purs.5°M. le Prof. Coyne a
observé
un casde rhabdo-myome
congénital pur chez un
jeune
veaude quatre mois amené à
l'abattoir de Lille, en 1877. M. Coyne a
été appelé à examiner
cette tumeur, du volume
des deux poings environ, qui sié¬
geait à la
région dorsale droite,
sousla nappe des grands
muscles du dos. Elle n'était pas
pédiculée et fut aisément
énucléée. Son tissu était rosé et ferme. Prise
d'abord
pourdu
sarcome à l'examen macroscopique,
l'étude histologique, à
l'aide de coupes
pratiquées
endivers points de la tumeur,
révéla l'existence de faisceaux
musculaires striés d'une
évidente netteté. Ces faisceaux musculaires
striés étaient
plongés dans du
tissu conjonctif
assezdur. Les fibres mus¬
culaires étaient un peu plus
petites qu'à l'état normal. Vu
l'âge de l'animal et
l'absence d'éléments pathologiques
autres queles
éléments musculaires,
nouspouvons affirmer
qu'il s'agissait
ici d'un
casde rhabdo-myome pur congénital.
Rhabdo-myome
adulte
pur.Les cas de rhabdo-myome pur
adulte sont
rares.Le type
devrait enêtre
représenté
par unetumeur
sedéveloppant
- 30 -
aux dépens des fibres musculaires striées préexistantes
(hyperplasie).
Il y aurait ainsi analogie entrecette variété de tumeurs et les cancers épithéliaux par exemple. Malheureu¬sement on n'en a pas observé encore.
D'autre part le
rhabdo-myome
pur, que nous appelons« adulte », peut tirer son origine d'un autre tissu voisin dont les cellules ontrepris un état comparable à l'état
embryon¬
naire pour évoluer dans lesens musculaire.
MM. les Prof. Coyneet Cavalié, dans uneobservation rela¬
tée ci-après, ontconstaté la
présence
d'unrhabdo-myome,
en dehors de tout muscle normal. Ce
rhabdo-myome
s'est
développé
au sein du tissu conjonctif à peu prèsnormal dans lequel les éléments générateurs des fibres musculaires sontallongés, rectangulaires, multinucléés. Chacun de ces« myoblastes » pathologiques paraît être ou bien le descen¬
dant d'une cellule conjonctive devenue peut-être embryon¬
naireou bien le résultat de la fusion de plusieurs de ces mêmes cellules.
On peut rapprocher de cette observation celle de Mitchell Prudden.
1°Mitchell Prudden
(R/iabdomyoma
oftlie
parotidgland)
a observé etdécrit avec soin un cas exceptionnel de rhabdo- myome parotidien. La tumeur était intimement unie à la glande parotide et formée d'îlots de fibres musculaires striées, les unes à l'état parfait, les autres aux différents stades de développement, le tout plongé dans un stroma conjonctif. Il existe de plus en pleine tumeur des lobules glandulaires que l'auteur regarde comme des formations atypiqueset rudimentaires appartenant à la glandeparotide.
(Chauffard,
in Revue des Se. méd., deHayern,
I, 24, p.65.)
L'auteurexplique par la théorie de l'origineembryonnaire
la présence d'un tissu aussi différenciéque le tissu muscu¬
laire dans un organe tel que la parotide, à la structure duquel ilestnormalement étranger. Si l'onadmet encore l'in¬
terprétation de l'auteur, ce serait un casde rhabdo-myome
non purrenfermant des éléments glandulairesatypiques.
— 31 —
Nous l'avons cependant
rangé dans la catégorie des
rhabdo-myomes purs
adultes,
parcequ'il est possible
quecette tumeur oit uneorigine
extra-parotidienne
etqu'ainsi
les lobules
glandulaires aient été emprisonnés dans la
tumeur, parce que
aussi
nousne pouvonsrien dire
ausujet
de l'origine
congénitale
ou noncongénitale de cette tumeur.
On peut
aussi bien
songerà des cellules embryonnaires
retardées dans leur évolution musculaire
qu'à des cellules
conjonctivesadultes,
parexemple,
revenuesà l'état embryon¬
naire pour évoluer
dans
un sensdifférent.
Observation (Coyne,
Cavalié
etMonod).
Suruncasderhabdo-myome chezle cheval.
Une tumeur sous-cutanée, tantôt dure,
tantôt
presquemolle, bien
délimitée, mobilesous lapeau,
adhérente faiblement
par sapartie
pro¬fonde, est devenue apparente
chez
unejument de treize ans, appelée
Fontes, du 16e régiment
d'artillerie, dans le courant du mois de février
1902, vers lapartiemoyenne
de l'épaule et contre
sonbord antérieur.
Pasd'antécédents
personnels
ouhéréditaires.
L'application dumassage
entraîne après chaque séance
unaffaissement
et un ramollissement passagers
de la
tumeur,dont l'extirpation est
décidée etpratiquée le
12
mars.Sonénucléation estfacile après
l'incision des téguments,
carelle est
librede toute adhérence saufau niveau de sa
face profonde, munie
d'un long pédicule
qui s'engage entre le bord du muscle sus-épineux et
le muscle mastoïdo-huméralet contourne le bordantérieur
de l'épaule.
Ace niveau lepédicule est
sectionné
pouréviter des délabrements trop
considérables.
Pansement d'usage.
L'animal est actuellementguéri. A la
date du 1er décembre 1902, la
jument Fontes estencore en
service
etest même
unedes plus robustes
durégiment.
Examenmacroscopique et
microscopique de la tumeur et du pédi¬
cule. —La tumeur est complètement