ENTRE SGUS LE If °» 3 0 9
FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DEPHARMACIE
DEBORDEAUX
_A_INTENTEE 1897-98 No 107
CONSIDÉRATIONS
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MËDIî
présentée
et soutenuepubliquement le
27 Juillet 1898Louis-Jean-Jacques-Daniel LEBEUF
Né àLesparre(Gironde),le 3 septembre1868.
f mm.
piéchaud,
professeur... Président.Examinateursde laThèse
) lanelongue, professeur...
villar,
binaud, Juges.
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE Y. GADORU
17 RUE MONTMÉJAN (7
1898
FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
M. de NABIAS Doyèn. | M.
PITRES..
PROFESSEURS :
Doyenhonoraire.
MM. MICE AZAM DUPUY MOUSSOUS.
Professeurs honoraires.
Clinique interne.
Clinique externe Pathologieetthérapeu¬
tiquegénérales Thérapeutique Médecineopératoire...
Clinique d'accouchements
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Anatomie
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Physiologie Embryologie Pathologie oculaire Hydrologieetminéralogie
Le Secrétaire delaFaculté: LEMAIRE.
Pardélibérationdu5 août1S79, laE'acultéaarrêtéqueles opinionsémises dans les hèses qui
lui sont présentées doivent être considérées comme propres à leursauteurs, et qu'elle n'entend
leurdonner ni approbation ni improbation.
A mon Présidentde
Thèse
Monsieur le Docteur
T. PIÉGHAUD
Professeurdeclinique
chirurgicale infantile,
Officier del'Instruction
publique,
Chirurgien desHôpitaux.
CONSIDERATIONS
SUR LES
ANEVRYSMES CHEZ L'ENFANT
INTRODUCTION
Au mois de
juillet 1897,
seprésentait à l'hôpital des
Enfants assistés, ungarçon
de 13
ansatteint d'anévrysme
de l'artère
poplitée. M. le professeur Piéchaud, dans le
service
duquel fut placé le petit malade,
nousrappela soi¬
gneusement combien sont réputées
rares,et à juste titre,
les affections de cette nature dans le
jeune âge. Il insista particulièrement
surle
peude
cassignalés, chez l'enfant, d'anévrysmes intéressant l'artère d'une région accessible
à la
chirurgie.
C'est
frappé de l'intérêt
quepouvait présenter la recher¬
che de cas
analogues, publiés
ouinédits, et des déductions qui devaient nécessairement naître du groupement et du rapprochement de
cesmêmes
cas, que nousavons
eul'i¬
dée
d'entreprendre
cemodeste travail
surles données de
notre excellent maître.
L'histoire de
l'anévrysme de l'enfance
neremonte
pas à une date bienéloignée de
nous.A part quelques faits
isolés
signalés
commetrouvaille d'autopsie,
oumal ob¬
servés
pendant la vie, saut quatre
oucinq exemples
re¬cueillis sans commentaires et
figurant dans la thèse de
Lisfranc(1834),
etdans
unestatistique de Crisp (1847),
on
peut dire
quel'anévrysme chez l'enfant n'a réellement
été observé que
depuis
unedizaine d'années. C'est
ainsiqu'en 1887, M. Sanné pouvait écrire les lignes suivantes, qui précédaient l'observation d'un anévrysme de la
crossede l'aorte chez un enfant de 13 ans.
« Le
précieux privilège
quepossède l'enfance de
con-» férer au
système vasculaire
uneintégrité
presqueab-
»
solue, lors
même quele
cœur est gravementlésé,
»
explique,
avecl'extrême
raretéde
l'athéromasie dans» cette
période de la vie, le
caractèreexceptionnel des
» dilatations
anévrysmales des
artères engénéral
etde
» l'aorte en
particulier dans le jeune âge. On
amême
pen-» dant
longtemps révoqué
endoute leur existence,
si bien»
qu'en 1863, lorsque M. Roger présentait à la Société
» médicale des
Hôpitaux de Paris
unenlant
de 10 ans» atteint
d'anévrysme de la
crosseaortique, il pouvait dire
» que ce
lait était
undes premiers qui fussent signalés
» dans la science.
»
Depuis lors, les observations
ne sontguère devenues
»
plus nombreuses, bien
quel'attention ait
été attirée sur» ce
sujet. L'histoire clinique de l'affection dont
ils'agit
» resterait donc fort obscure faute
d'éléments
d'étude ».Sans vouloir
prétendre
mettre cettequestion
enpleine lumière,
etdire
le dernier mot sur l'histoire d'une affec¬tion,
en somme peu connue, nous avonsessayé de
grou¬per
les observations éparses dans la science,
etde faire
découler de leurrapprochement quelques données géné¬
rales sur son
étiologie et
sapathogénie.
Notre travail est loin d'être
complet
nous enfaisons
l'humble aveu, et nos conclusions sont loin d'être décisi¬ves et
inattaquables. Nous
avonscependant fait
tous nosefforts. Nous nous sommes adressé à nos maîtres de la
— 13 —
Faculté
auprès desquels
nousavons trouvé le plus bien¬
veillant accueil et
qui ont mis à notre disposition les ma¬
tériaux
qu'ils possédaient. Nous avons tait appel aux maî¬
tres de nos diverses
Facultés qui s'occupent des maladies
des
enfants, MM. Comby, Marfan, Brun, Kirmisson, Broca
de Paris,
Phocas de Lille
; nousleur
sommesredevable
d'observations et
d'opinions personnelles qui nous ont été
d'un
grand
secours pournotre travail, et pour lesquelles
ils ont
acquis toute notre reconnaissance.
Le peu
de documents
surle sujet, l'absence de publi¬
cations antérieures, nous ont
obligé à laisser la question
à l'état
d'ébauche.
Nous croyonscependant avoir été de quelque utilité, en attirant l'attention sur l'histoire de
cette affection encore
obscure,
et enpréparant la voie à
des recherches futures
qui, basées
surdes laits plus nom¬
breux,
n'en
auront queplus de valeur. Tel est le modeste
travail que nous
soumettons à nos juges et pour lequel
nous réclamons toute
leur indulgence.
Mais,
avantd'aborder
notresujet, qu'il
noussoit
per¬mis d'adresser tous nos remercîments à
M. le Dr André
Venot pour
l'extrême bienveillance qu'il nous a témoignée
et les
précieuses indications qu'il nous a prodiguées au
cours de notre travail.
Que M. le Dr Dubourg, chirurgien des hôpitaux, veuille
bien
accepter l'hommage de notre vive reconnaissance
pour
la bonté et l'affabilité qu'il nous a montrées pen¬
dant les
quelques mois
que nousavons passés dans son
service.
Nous n'aurons
garde également d'oublier les excellents principes
que nous avonspuisés dans le service de M. le
professeur Vergely dont nous avons été l'élève pendant
un an, et
qui
abien voulu
noushonorer de son amitié de¬
puis le début de
nosétudes médicales.
Nous avons été
pendant plus d'une année attaché,
comme
stagiaire, à M. le professeur Picot, chez qui nous
avons eu le bonheur d'entendre des
leçons cliniques aussi
/ /
rigoureuses
quepratiques, dont le souvenir
nous seraprécieux dans le
cours de notre carrière. Nous assurons tous nos anciens maîtres de notre vivegratitude.
Enfin,
queM. le professeur Piéchaud reçoive
tous nos remercîments pourle bienveillant
et constant intérêtqu'il
nous a
porté
etqu'il soit assuré de
notre reconnaissance pour1 honneur qu'il
nousfait
enacceptant la présidence
de notre thèse.
DIVISION
Nous avons
adopté
pournotre travail la division sui¬
vante en six
chapitres
: I.Etiologie
etpathogénie.
II. Anatomie
pathologique.
III.
Symptômes, marche, diagnostic.
IV. Traitement.
V. Observations.
VI. Conclusions.
Index
bibliographique.
/
À
ÉTIOLOGJE ET PATHOGÉNIE
L'anévrysme artériel, circonscrit, caractérisé par l'exis¬
tence d'un sac à
parois définies, d'une poche limitée, où
la circulation s'établit par une
communication avec l'artère
elle-même,
estle seul qui
nousintéresse dans cette étude.
Nous laisserons de côté les
anévrysmes cirsoïdes et les anévrysmes diffus.
Cette
affection,
surtoutfréquente dans l'âge
moyen,est rare dans l'enfance. C'est
ainsi
quesi
nousconsultons
les
statistiques basées
sur unnombre considérable de cas observés,
nous trouvons unerelation très minime chez
l'enfant,
parrapport à l'adulte.
La
statistique de Crisp portant
sur510
casnous donne
seulement six
exemples d'anévrysme chez les enfants,
ainsi
répartis suivant l'âge
:Lisfranc, qui
arapporté 120 observations d'anévrysme,
n'en relate que
quatre ayant trait à des enfants
:Des recherches
auxquelles
nous nous sommeslivré et qui ont abouti à
unensemble de 24
cas, nous voyons queAu dessous de 10ans De 10à 19 ans. . . .
1 cas
5 cas.
Au dessous de 10 ans
De 10 à 18 ans. . . .
1 cas.
3 cas.
le nombre des
sujets atteints
avantl'âge de 10
ans est presqueégal à celui des enfants frappés après
cetâge
:Au-dessous de 10 ans 14 cas
Au-dessous de 18 ans 10 cas
Nous
paraissons donc être
endésaccord
avecles statis¬tiques de Crisp et de Listranc, dans lesquelles le chiffre
des enfants atteints dans le
jeune âge est inférieur à celui
de ceux
frappés au-dessus de 10
ans,dans la proportion
de
1/5
pourCrisp, de 1/3
pourLisfranc. Sans vouloir
entrer dans une discussion à ce
sujet,
nousferons sim¬
plement
remarquerqu'il
estfort probable
quebien des lœtus, bien des
enfants morts dans lespremières années
d'une maladieintercurrente, étaient peut-être porteurs
d'anévrymes qui ont passé inaperçus. Témoins les ané-
vrysmes que nouscitons dans
nosobservations,
etqui
sont le résultat d'une trouvaille
d'autopsie.
Lesexe semble avoir
chezl'enfant,
commechez l'homme,
une influence
manifeste, les
garçonsparaissant plus pré¬
disposés
queles filles. En effet,
sur24
cas que nous rap¬portons, 5 seulement
concernentdes sujets du
sexefémi¬
nin. Et si nous remarquons que, sur ces
5 filles,
aucune n'étaitâgée de plus de cinq
ans,peut-être
serons-nous fondé à faire intervenir comme cause occasionnelle chez les garçons,atteints
engénéral à
unâge plus avancé, les
exercices
physiques plus violents auxquels ils
selivrent.
Siège.
—La même relation
se retrouve,si,
aulieu de
relever indistinctement tous lesanévrysmes observés,
onse limite aux
anévrysmes d'une même artère.
Sur 77 cas de
ligature de la carotide
pouranévrysme,
on note
[in Dictionnaire de Dechambre) la répartition sui¬
vante :
Au-dessous de 10 ans 3 cas
De 10 à 19 ans 3 cas
Sur 35 observations
d'anévrysme du tronc brachio-
Lebeuf 2
<y
— 18 —
céphalique, 2 cas seulement se rapportent à des sujets
âgés
de 10 à 20
ans.Sur 98 cas cités par
Crisp, d'anévrysme de l'aorte tho-
racique,
unseul s'est rencontré chez un sujet ayant moins
de 18 ans.
Enfin,
sur59
casd'anévrysme de l'aorte abdominale
observés par
le même auteur, il n'en est signalé aucun se
rapportant à un enfant. Nous en relatons 4 cas dans nos
observations.
Quant à la crosse de l'aorte, c'est elle qui paraît être le
siège de prédilection de l'anévrysme chez l'enfant, car
c'est sur
elle, aussi,
que sedéveloppent avec le plus de
fréquence et d'intensité, les lésions qui donnent naissance
à
l'anévrysme. Cette prédilection ressort manifestement
de l'ensemble
de
nosobservations dont 9
sur24 portent
sur des
anévrysmes intéressant soit la portion ascendante
ou transverse,
soit la portion descendante de la crosse.
On voit donc
qu'à elle seule la crosse de l'aorte est aussi
souvent
atteinte
quetoutes les autres artères de l'éco¬
nomie réunies.
Nous
allons maintenant
passer en revueles diverses
causes
de production des anévrysmes, les influences sous lesquelles ils se manifestent, et les phases successives
qu'ils traversent pour arriver à la période d'état sous la¬
quelle ils se manifestent dans la clinique. Nous serons obligé d'être parfois incomplet et bref sur des questions
qui sont pourtant de la plus grande importance ; mais,
en raison
des difficultés qui
sesont hérissées à chaque
pas
dans nos recherches, en présence du peu de documents
qu'il
nous aété donné de consulter, surtout au point de
vue
étiologique et pathogénique, nous avons la certitude
que
l'indulgence de nos juges nous sera acquise. Malgré
nos efforts, nous
n'avons
pu, eneffet,
nousprocurer l'ar¬
ticle
qu'Eppinger a publié sur la pathogénie des anévrys¬
mes dans les
Archives fur Klinic. chirurg., de même que
le travail
de
Lancereaux,qui
nouseussent été d'un bien
grand
secours en cettecirconstance,
o
Nous allons successivement examiner les
anévrysmes traumatiques et mécaniques, les anévrysmes infectieux,
les
anévrysmes consécutifs à
unediatlièse (alcoolisme, rhumatisme, syphilis)
et nousterminerons
parles ané¬
vrysmes
congénitaux.
11 n'est pas
douteux qu'il existe des anévrysmes réelle¬
ment
traumatiques, c'est-à-dire dus à
unelésion incom¬
plète de l'artère. Le
cas que nous avonstiré de la thèse
de
Lisfranc,
etqui avait été rapporté
parScarpa,
en estun
exemple. Nous ignorons quel fut le traumatisme qui
avait intéressé l'artère
péronière dans
cetteobservation,
mais
quel qu'il fût, il avait atteint l'artère si légèrement qu'il n'y avait
pas eude symptômes immédiats
au moment de l'accident. M.Delbet, dans
sonarticle
des maladieschirurgicales des artères (Tr. de chirur.,
t.IV,
p.189),
avu
également
unanévrysme
sedévelopper
surla radiale quelque temps après
uneplaie du poignet qui n'avait
pas ouvert l'artère. 11 estprobable
que cesfaits
ne sont pas isolés.Mais comment le
traumatisme, même lorsqu'il paraît insignifiant, peut-il déterminer l'apparition d'un ané¬
vrysme
? La pathogénie
estla même
quechez l'adulte,
mais ne laisse pas que
de surprendre,
car on ne peutarri¬
ver
expérimentalement à produire des anévrysmes
enfai¬
sant des blessures sur les artères.
Amussat, Jones, Hunter,
Ilouse ont
complètement échoué dans leurs tentatives.
Seuls les
expérimentateurs qui ont cherché à léser les tuniques internes
au moyend'une aiguille introduite dans
le
vaisseau,
ont puréussir à produire quelques tout petits anévrysmes.
«Mais, dans
cesexpériences, les seules qui
aient donné un
résultat, les lésions
serapprochaient bien plus des lésions
parcontusion
que parplaie
».Delbet,
ioco
citato,
p.190.
11 est
cependant incontestable
queles plaies superfi¬
cielles des artères ont
parfois amené la production d'ané-
vrysmes.
Gomment? Parce
quetout choc ayant amené la
rupture
oumême la division des fibres élastiques de la
tunique
moyenne,crée, de ce fait, en un point limité de
la
paroi,
1111locus minoris resistentiss, une barrière insuf¬
fisante que
l'impulsion artérielle franchit facilement en
refoulant devantelle le
tissude cicatrice qui s'est formé
à ce
niveau,
oula tunique externe dépourvue de
son sou¬tien naturel. Tel est
le mode de formation de l'anévrysme traumatique
pur,vrai,
quejustifie l'absence de toute lésion primitive du vaisseau.
A côté de cette
catégorie d'anévrysmes qui sont rede¬
vables d'un
traumatisme,
etchez lesquels la
causede la
lésion est
subite, aiguë,
nousdevons mentionner certains
cas,
pius
rares,mais incontestables, de production d'ané-
vrysme par
irritation chronique. Tel est l'exemple que
nous avons
emprunté à M. Norton, de Londres, et qui figure dans la liste que nous avons placée à la fin de notre
travail
(observ. II). 11 s'agit d'un garçon de 16 ans, chez lequel
onlia la fémorale dans le triangle de Scarpa, pour
un
anévrysme occupant le creux poplité et se prolongeant
dans le canal de Hunter.
A la suite de l'opération, la
tumeur
s'affaissa,
et onsentit
nettementalors
unepetite
exostose cause
de la lésion artérielle. A chaque battement,
en
effet, à chaque effort musculaire, l'artère se mettait en
contact avec cette
saillie
osseusequ'elle heurtait, et qui
avait fini par
déterminer
unealtération lente de ses parois,
etfavoriserainsi
le développement de la tumeur. Eppinger, qui
aétudié avec beaucoup de soin la pathogénie de cette
affection chez
l'adulte, admet
que, pourqu'il
yait ané¬
vrysme,
il faut nécessairement qu'il y ait rupture, sépara¬
tion,
ouaffaiblissement des fibres élastiques de la tunique
moyenne.
11 est probable que, par suite de l'irritation
chronique à laquelle était soumise la paroi artérielle, dans
le cas que nous
citons, la couche élastique avait été inté¬
ressée, et que
c'est grâce à l'affaiblissement consécutif de
la résistance
de
sesfibres,
quel'anévrysme avait
pu seproduire.
On le voit
donc,
cesdeux catégories de faits, diverses
au
premier abord, reconnaissent
une causeunique. Nous
reviendrons d'ailleurs surcette théorie
d'Eppinger,
etnousverrons que
l'anatomie pathologique vient la corroborer
de tous
points.
Parmi les causes
mécaniques qui aboutissent à la for¬
mation de
l'anévrysme, il convient
encorede citer les
mouvements
violents, les efforts qui paraissent jouer
un rôleimportant dans l'apparition de
ces tumeurschez les
enfants
(observ. ]II
etIV). Que l'artère soit naturellement,
de par sa
constitution, plus sujette à être distendue, c'est
une
question
que nousn'examinerons
pasici,
nousréser¬
vant de
l'exposer à
proposdes diathèses. Le fait certain
c'est queles efforts, les
mouvements,même les émotions
vives
provoquent subitement l'anévrysme, si subitement
même que,
dans certaines circonstances, les symptômes
immédiats ont pu
faire croire à
une rupturemusculaire.
Le mécanisme est facile à saisir : au moment d'une con¬
traction musculaire très
active,
uneondée sanguine est
lancée avecplus de force
parle
cœur, et, sousle choc
subit de dedans en dehors
produit
par cetteondée, les tuniques artérielles
selaissent violemment distendre.
Apartir de
ce moment,les fibres élastiques ayant été sépa¬
rées,
dilacérées, le
vaisseau n'estplus
enétat de résister
.à la
pression sanguine, et il
sefait
untravail lent, inces¬
sant,
qui aboutit à l'anévrysme dans
untemps plus
ou moinséloigné.
A côté des
anévrysmes d'origine traumatique
etméca¬
nique, il
est unmode de production d'anévrysme plus
rare dont nous allons dire
quelques mots,
nousvoulons parler de l'anévrysme embolique septique.
D'après M. Delbet,
«l'embole agit
parcequ'il
est sep-»
tique, chargé de microbes, streptocoques
oustaphylo-
» coques en
général. Dès
quel'embole
estarrêté, les
x> microbes colonisent et
attaquent l'artère. Il
seproduit
» de
l'artérite, dont le résultat
est l'altérationprofonde
— 22 —
» de la
tunique vasculaire. Si la paroi est complètement
» et
rapidement détruite, il se produit des hémorrhagies.
» Si, au
contraire, la paroi réagit vigoureusement et que
» les microbes succombent,
la guérison peut survenir.
» Mais,
quand la destruction, sans être complète, porte
» sur les éléments
musculaires
etélastiques de la tunique
» moyenne,
l'anévrysme
seproduit. Les anévrysmes em-
»
boliques sont susceptibles de prendre une marche très
»
rapide
: cesont parfois des anévrysmes aigus. Ces ané-
» vrysmes,
ordinairement de très petites dimensions,
»
peuvent aussi occuper les gros vaisseaux et devenir
»
volumineux,
etje
medemande si certaines suppurations
» du sac ne sont pas
dues
auréveil de ces micro-orga-
» nismes
qui ont produit l'anévrysme et sont restés som-
» nolents dans la
paroi
».Avant d'aborder
la pathogénie des anévrysmes diathé- siques,
nousvoulons signaler encore un mode rare de production anévrysmale, l'anévrysme kystogénique, dé¬
crit par
Stenzel et Corvisart, et dont nous relevons un cas
observépost
mortem chez
unenfant de 4 ans. (Observ.
XII).
L'anévrysme kystogénique est constitué par la pénétra¬
tion du sang
dans
unecavité préparée, par suite d'ulcé¬
ration de la
paroi artérielle. Dans le cas que nous relatons
et
qui
alait le sujet d'une communication de M. Willett
à la Soc. Patli. of
London, il s'agit, selon l'auteur, d'un ganglion lympathique enflammé et augmenté de volume
qui aurait évacué son contenu dans le torrent circulatoire
au niveau de l'aorte
près de la naissance des
grosvais¬
seaux du cou. Ce sont
là des laits
rares,mais qu'il est
\ intéressant de
signaler.
Nous allons passer
à l'étude des anévrysmes diathési-
ques.
Ils constituent une classe très importante, la plus
importante même. Nous examinerons successivement les
trois
grandes diathèses qui frappent le jeune âge : l'alcoo¬
lisme, l'arthritisme et la syphilis.
— 23 —
Tous les auteurs ont nettement établi l'influence de l'alcoolisme sur la
production des anévrysmes et la large
part qui revient à cette diathèse dans l'étiologie de cette
affection. De
quelle manière agit donc l'alcoolisme ? Les
accidents
somatiques imputables à l'alcool sont, du côté
du
système vasculaire, l'athérome et les autres formes
d'artérite
chronique
avecleurs conséquences multiples.
Ceci est un fait bien établi et que personne ne
met
en doute chez l'adulte. En est-il de mêmechez l'enfant,
et retrouve-t-on,dans le jeune âge, l'alcoolisme
comme on le retrouve à unâge plus avancé ? Les faits cliniques sont
là pour
répondre à cette question
parl'affirmative, et
montrer
qu'il existe chez l'enfant de l'alcoolisme aigu.
Nous verrons à propos
du rhumatisme si
on nepeut
pasenvisager la possibilité de l'alcoolisme héréditaire.
L'alcoolisme
acquis est
uneaffection
quel'on est mal¬
heureusement
aujourd'hui appelé à constater trop souvent
dans le
jeune âge. Parmi les petits malades qui viennent journellement
auxconsultations hospitalières, combien
en
voit-on,
et surtoutdans la classe ouvrière, qui
sepré¬
sentent avec les
stigmates de l'artério-sclérose ? Inter¬
rogez
les parents, et
vousapprendrez
que cesenfants,
au sortir dusein,
ontd'abord
surles instances d'une mère
ou d'un
père buveurs, commencé à prendre journellement
de fortes doses
d'alcool,
et que, parhabitude,
parimita¬
tion ou par
passion ensuite, ils
sesont adonnés à la bois¬
son. Ne voit-on pas
tous les jours de jeunes enfants,
attablés à des
cafés, absorber de l'alcool
encompagnie
de leurs
parents ? Quel est l'avenir de
cesmalheureux,
sinon l'alcoolisme ai<nio à brève
échéance,
7 avec toutle cortège de
sesmanifestations, gastrite, artério-sclérose,
cirrhose,
etc.C'est chez
eux que nous verrons sedéve¬
lopper l'anévrysme et surtout l'anévrysme aortique qui
aura débuté par
les lésions de l'aortile chronique.
«L'aor-
tite
chronique est le point de départ le plus fréquent de
l'anévrysme aortique,
»écrit M. Sauné
entête d'une
observation que nous
mentionnons plus loin. Comment
l'aortite
chronique, l'athérome, aboutissent-ils à la forma¬
tion de
l'anévrysme,
parquel
processus,c'est
ce que nous allons exposer.La lésion
primitive de l'athérome siège
auniveau de la tunique interne, dans la couche sous-jacente à la couche
endothéliale,
entrele
revêtementinterne
etla tunique
moyenne.
Cette couche est composée de fibres élastiques arrangées plus
oumoins longitudinalement, et disposées
sous forme de lamelles au milieu
desquelles sont éparses quelques fibres musculaires. C'est à
ceniveau
que sefor¬
ment une série de
plaques jaunâtres, cupuliformes, ayant
les dimensions d'une
lentille,
etremplies d'une bouillie graisseuse, l'athérome, qui s'écoule dans le torrent circu¬
latoire
lorsque l'endothélium vient à céder
sousla
pres¬sion
qui le sollicite de dehors
endedans.
Quelles sont les destinées de
cesloyers athéromateux ?
Les uns se résorbent ;
il
ne resteplus à leur niveau
que les sels calcaires quecontenait la
massecentrale, et
on rencontre, àleur place, des plaques de consistance rigide qui donnent à l'artère
unedureté comparable à celle d'un cartilage
oud'une lamelle
osseuse.Les autres,
parsuite
de la
rupture de l'endothélium,
sevident de leur contenu
dans la lumière du
vaisseau,
mettantainsi
à nula
mem¬brane fenêtrée et le réseau de fibres
élastiques qui
cons¬tituent la couche moyenne.
Celle-ci privée de
sonrevête¬
ment,
irritée
parle contact incessant du liquide sanguin,
ne tarde pas
à s'enflammer, à perdre
sarésistance
par diminution du nombre de ses fibresélastiques, et à
se laisser distendre sous l'influence de lapression du
sangà
son niveau. C'est ainsi que
s'explique la formation simul¬
tanée et des
plaques calcifiées et des dilatations anévrys-
males des artères,
chacune représentant
un processus différent d'une seule et même lésion.Or,
cettelésion pri¬
mitive,
nousl'avons
vu, estfréquemment le résultat de
l'alcoolisme ;
c'est
pourcette raison
que nous pensons— 25 —
que
l'alcoolisme doit intervenir
pour unebonne part dans l'étiologie de l'anévrysme dans l'enfance.
Mais,
à côtéde lui,
etrevendiquant
une part aumoins
aussi
large,
nousdevons placer le rhumatisme. Et,
nousne voulons pas
parler seulement du rhumatisme acquis, aigu
ouchronique,
rarechez les enfants du premier âge, plus fréquent dans la seconde enfance
; nous comprenonségalement le rhumatisme héréditaire
semanifestant dans
les
premières années, dans les premiers jours même de l'existence, parfois même pendant la vie intra-utérine,
comme il a été donné d'en observer un cas. Nous ne nous
étendrons pas
longuement
surla pathogénie de l'ané¬
vrysme
d'origine rhumatismale aiguë, étant données les
ressemblances
qu'elle présente
avecla pathogénie de l'anévrysme d'origine alcoolique. Ces deux formes
recon¬naissent pour cause
l'athéromasie artérielle dont
nousvenons de retracer l'évolution dans le
paragraphe précé¬
dent.
Laissant de côté, à
dessein, l'hérédité syphilitique
quenous examinerons
plus loin,
nousallons
nous occuperde l'anévrysme succédant
àl'hérédité alcoolique et rhuma¬
tismale et,
d'après les
travaux etles
vuesd'Eppinger
surcette
question, signaler les perturbations
que cesdeux
diathèses font naître dans le
système vasculaire des
en¬fants
qui
ensont atteints.
Et
d'abord, existe-t-il des anévrysmes congénitaux ?
Les cas
d'anévrysmes signalés chez le fœtus
età la nais¬
sance, sont extrêmement rares,
il
est vrai, mais n'en sont pasmoins manifestes. Nous relatons dans
nosobserva¬
tions un
anévrysme de l'aorte abdominale observé chez
un fœtus par
le Dr Phenomœnow (in Arch. fur gynek, 1882). Il
estrapporté
sanscommentaires,
sansantécé¬
dents
héréditaires,
etn'a
pasété suivi d'examen micros¬
copique. Ce
casn'est certainement
pasisolé dans la science,
maisles
recherchesbibliographiques auxquelles
nous nous sommes livré ne nous ont pas
permis d'en
— 26 —
relater d'autre. A
quelle
causepeut-on les rattacher ?
Eppinger, qui
aétudié la question avec beaucoup de soin,
pense
qu'ils dérivent de l'artério-sclérose, et qu'il faut
les rattacher à une
diathèse des parents. Ces diathèses,
la
syphilis mise à part, étant l'alcoolisme et le rhuma¬
tisme,
il
y adonc lieu de
sedemander s'il existe de l'al¬
coolisme et du rhumatisme
héréditaires.
Nous n'avons pas
la prétention d'entrer dans de longs
détails sur ce
sujet, et de trancher le débat. Mais les ten¬
dances des auteurs
qui
sesont livrés à l'étude de cette question,
nousautorisent à penser que les enfants de
buveurs et
d'arthritiques héritent de prédispositions spé¬
ciales en
rapport
avecle
germequ'a semé en eux l'intoxi¬
cation des
parents.
«L'alcoolisme, comme la syphilis, la
»
scrofule, le rhumatisme,
nes'arrête
pasà l'individu qui
» en est infecté : non
seulement il empoisonne
savie, la
marque
d'un cachet indélébile, mais il se transmet à ses
» descendants sous des formes
qui, bien
quemultiples,
)> n'en ont pas
moins
uneseule et même
cause, unempoi-
» sonnementlent et continu »
(Gendron, Th. Paris, 1880).
— « Les lésions dont sont atteints
les parents,
se repro-» duisent chez les enfants» Grenier,
Thèse
surl'hérédité alcoolique, Paris, 1887.
—Et de fait, il n'est pas rare de
constater des lésions
de cirrhose, d'artério-sclérose
surdes enfants chez
lesquels
nepeut être relevé le moindre
excès
alcoolique, quelques-uns, même, n'ayant jamais pris de boisson contenant de l'alcool. N'est-on pas alors
tout naturellement
porté à rechercher dans les antécé¬
dents héréditaires et à
faire rouler
soninterrogatoire
sur les habitudesd'intempérance des ascendants ? Bien
sou¬vent,
dans
cescirconstances, l'interrogatoire est affirma-
tif. Il en est de même
du rhumatisme dans le jeune âge,
alors que
les enfants n'ont pas présenté d'attaque de rhu¬
matisme
aigu.
Il y a
donc lieu de supposer que les enfants issus de
souche
alcoolique
ouarthritique apportent, en naissant,
— 27 —
une tare
héréditaire,
uneprédisposition marquée à l'ap¬
parition de symptômes analogues à
ceux apparuschez les
parents. Ce point étant admis
ouplutôt supposé, quelles
lésions l'hérédité
alcoolique et arthritique détermine-t-
elie dans les artères, et comment ces
lésions aboutissent-
elles à la formation de
l'anévrysme du jeune âge et
enparticulier du fœtus ? C'est ici qu'intervient la théorie d'Eppi
nger.Il
nousaurait été de la plus grande utilité,
pour
notre travail, de pouvoir suivre point
parpoint,
endétail, les raisons qui ont amené cet auteur à édifier la pathogénie de l'anévrysme congénital. Malheureusement
cet ouvrage ne
figurant
pasdans notre Bibliothèque de la
Faculté,
nous avonsdu
nous contenterdes données géné¬
rales
reproduites dans les traités didactiques.
Pour
Eppinger, il n'existe
pas,à proprement parler, de
lésion
organique des tuniques artérielles, il n'y
a pasde
lésion
inflammatoire,
pasd'endartérite, ni de périartérite.
La cause
première
est uneinsuffisance de développement
de la membrane
élastique. Ce n'est donc
pasl'anévrysme qui
estcongénital,
cequi est congénital, c'est l'insuffi¬
sance du
développement artériel. Ce n'est
pas unpoint spécial,
sur uneartère, qui constitue
unlocus minoris resistentise, c'est l'affaiblissement total de l'artère, des
artères 011
peut même dire. Ainsi s'explique l'expression
de Diathèse
anévrysmale.
—Cette manière de voir, basée
surdes faits
soigneusement observés, contient
uneénorme
partde vérité. Les résultats de nécropsies rapportés dans quelques-unes de
nosobservations, suivies d'un
examenmicroscopique viennent corroborer
cettemanière de voir.
Quant à l'époque d'apparition de l'anévrysme
sur ces artères insuffisammentrésistantes, elle
estvariable
;la
tumeur
peut
seconstituer pendant la vie intra utérine,
évoluer
lentement,
ou sedévelopper spontanément dans
les
premières années,
sousl'influence d'un effort
muscu¬laire ou d'une
impulsion sanguine violente.
Ainsi
s'expliqueraientet la formation des anévrysmescon-
— 28 —
génitaux et celle des anévrysmês spontanés, d'effort,
en mêmetemps
quela pathogénie des anévrysmês diathési-
ques
héréditaires.
« L'existence des
anévrysmês syphilitiques
aété niée
»
pendant longtemps,
ou,du moins,
on nel'admettait
»
qu'avec beaucoup de réserves. Aujourd'hui,
ontombe
»
peut-être dans l'excès contraire;
on entrouve trop. On
» se fonde sur ce fait
qu'ils sont
survenuschez des sujets
» infectés et que
l'iodure de potassium les
aaméliorés
ou»
guéris Il est vrai qu'en dehors de
cesdeux
preuves,» il
n'y
en a pasd'autres. Les anévrysmês syphilitiques
» ressemblent,
de
touspoints,
auxanévrysmês ordinai-
» res ».
Mauriac, Bull, me'dic., Paris, 1889,
p.563. De
cequ'un anévrysme apparaîtra chez
unsyphilitique, il
ne s'en suivra donc pasqu'il soit d'origine spécifique.
«L'a-
» natomie
pathologique est incapable, à elle seule, de
nous» éclairer sur la nature de
l'anévrysme. Serons-nous plus
» heureux en cherchant la
spécificité dans les troubles
» fonctionnels ? Pas
davantage. Ce sont
ceuxdes anévrys-
» mes de toute provenance »
[Ibidem). Malgré cela, il est
certainqu'il existe des anévrysmesd'origine syphilitique,
et tout le monde s'accorde à reconnaître à la
syphilis
une influencemarquée
surl'étiologie de l'anévrysme. L'ané¬
vrysme
syphilitique siège de préférence
surles petites
artères, surtout
celles du
cerveau,mais il
sedéveloppe
aussi sur les gros
vaisseaux, l'aorte
enparticulier. Le
processus
anatomo-pathologique débute
parles lésions
de l'artérite gommeuse ou
scléreuse et
parl'athérome.
Nous avons étudié cette
question,
nousn'y reviendrons
pas
ici.
Tel est
l'anévrysme syphilitique de l'adulte. Existe-t-il
chez l'enfant ? L'enfant
porteur d'une syphilis acquise après
sanaissance, peut-il être atteint d'anévrysme d'o¬
rigine spécifique ? En l'absence de
casobservés,
nousnous bornons à
signaler la question,
nepouvant ni la dis-
— 29 —
euter ni la résoudre faute d'éléments et de preuves.
Il
estcependant probable
queles choses
se passentchez l'en¬
fant comme chez l'adulte et que
les lésions artérielles
créées par
l'infection
peuventaboutir à la dilatation
ané-vrysmale
parperte de la résistance de la tunique élasti¬
que.
Ces lésions doivent
mettrelongtemps à
sedévelop¬
per,
et c'est peut-être
pourcette raison
quedes enfants,
atteints de
syphilis acquise dans le jeune âge, n'ont jamais
été
signalés
commeportant
unanévrysme d'origine syphilitique.
Nous serons forcément bref au
sujet de l'anévrysme hérédo-syphilitique. Parmi
nosobservations,
nousn'avons
pu
relever d'antécédents spécifiques héréditaires,
et nous n'avons pastrouvé dans les nécropsies, de lésions hérédo- syphilitiques signalées.
Nous ne
possédons
parconséquent
pasde données
per¬sonnelles pour
traiter
cepoint, pourtant intéressant
etimportant, de l'étiologie de l'anévrysme chez l'enfant. Nos
recherches sur la
syphilis et l'hérédo-syphilis de l'enfance
ne nous ont révélé aucune indication
ayant trait à
cettepartie de
notretravail.
Nous pensons
toutefois,
quela syphilis des ascendants pourrait créer chez l'enfant
undéfaut de résistance des parois artérielles,
unaffaiblissement de la tunique élasti¬
que,
semblables à
ceux que nous avonsmentionnés dans l'étiologie de l'anévrysme hérédo-arthritique, et hérédo- alcoolique,
en unmot,
quela théorie d'Eppinger serait
encore ici
applicable. Peut-être
quel'observation de
cas de cetteespèce viendra
unjour faire la lumière
sur cettequestion restée jusqu'à présent obscure faute de faits.
II
ANATOMIE PATHOLOGIQUE
Nous étudierons successivement : 1° l'état des
parois artérielles; 2° le mode de formation du
sac;3° l'état du
sang
dans la poche; 4° l'état des parties circonvoisines.
1. Avant Cornilet Ranvier,avant
les
travauxd'Eppinger
on ne connaissait
guère les altérations (.les parois qui pré¬
cèdent le
développement de l'anévrysme. Ces altérations
que nous avons
signalées à propos de la pathogénie, se
retrouvent dans les examens
microscopiques. Le fait capi¬
tal, qui
enest la caractéristique, c'est la destruction des
éléments
élastiques de la tunique
moyenneet la désorga¬
nisation des éléments musculaires. Ceux-ci ne
manquent
pastoujours,
commeles éléments élastiques, mais, lors¬
qu'ils existent, ils sont désorganisés.
« Des éléments
jeunes infiltrent la tunique interne qui prolifère,
sescellules végètent et constituent des lits
d'éléments
plats
quesépare
unesubstance vaguement
fibrillaire ». L'irritation secommunique à la tunique
moyenne
qui, dans l'artère, est la seule qui puisse lutter
contre l'ondée
sanguine. Or, cette tunique enflammée, désagrégée, privée de
seséléments résistants, cède
sous lapression excentrique de l'impulsion sanguine, et
par sa distensiontoujours croissante, donne naissance à la dila¬
tation
anévrysmale.
Les examens
microscopiques qui font suite à celles de
nos observations
qui ont été suivies de nécropsie,
corro¬borent cette manière de voir
(Obs. VI
etXIII).
- 31 —
II.
L'épaisseur de la paroi du
sac estextrêmement
va¬riable. « On
peut dire qu'eu général la paroi
propre est» assez mince et
qu'elle
va ens'amincissant depuis l'ori-
» fice de communication du sac
jusqu'à la partie la plus
» saillante de la tumeur ».
Delbet,
Traité dechirurgie,
article
Anévrystne.
Mais à mesure que
la paroi s'amincit, le travail de
pro¬lifération augmente et compense
les effets de la disten¬
sion. Ces éléments se
métamorphosent,
secalcifient
etle
sac
prend
unaspect irrégulier
et uneconsistance dure,
cassante;il
necède plus
auchoc sanguin, tandis
queles parties voisines, restées infiltrées de cellules embryon¬
naires,
continuent à se laisser dilater. La face interne de lapoche présente
unaspect luisant, semblable
àcelui de
la
tunique interne des artères, l'endothélium
artériel pa¬raissant se continuer dans le sac.
III. Les
anévrysmes contiennent du
sangliquide
oucoagulé. Dans les
tumeurs un peuvolumineuses,
on trouvetoujours des caillots. Ceux-ci
ont unaspect
et une consistance variables avec leurâge
:les plus récents qui
sont aussi les
plus
centraux sontrougeâtres,
mous,le
doigt les écrase facilement;
ce sontles caillots passi/s de
Broca. Les
plus anciens,
ceuxqui
sontsitués
àla péri¬
phérie du
sac, sontblancs, durs, stratifiés,
àcouches
con¬centriques,
etressemblent
à ceuxqui
seforment
surles plaques d'artérite;
ce sontles caillots actifs de Broca,
ceux
qui protègent la paroi de la cavité
contrel'impulsion sanguine. Ils
sontconstitués
pardes lamelles stratifiées
de fibrine.
Les caillots
peuvent être plus
oumoins volumineux,
certains arrivent même à combler
complètement la
cavitéanévrysmale
età constituer ainsi
unmode
deguérison,
rare
cependant. Le plus
souventle
centrede la
tumeur estoccupé
pardu
sangliquide, qui provient de l'artère,
et
qui
y retourneaprès avoir séjourné plus
oumoins
longtemps dans la poche.
IV. Les
altérations
quepeuvent déterminer les ané-
vrysmes
dans les tissus circonvoisins, sont dues presque toujours à des phénomènes de compression : œdèmes,
douleurs, atrophies, troubles de la nutrition et de la sen¬
sibilité. On a noté
également des luxations, des usures
osseuses,
mais
cesfaits
nesont
pasfréquents.
III
SYMPTÔMES. MARCHE. DIAGNOSTIC.
1°
Symptômes.
Les
symptômes des anévrysmes chez les enfants
nepré¬
sentent pas
de
caractèresspéciaux; ils rappellent
ceuxdes anévrysmes chez l'adulte.
Nous ne ferons donc queles
passer
succinctement
en revue. Notre intention n'est pas,non
plus, de décrire les symptômes particuliers
aux ané¬vrysmes
de chaque région, le cadre de
notresujet
nenous le permettant pas.
Notre but
est surtout derappeler
les
signes cliniques des anévrysmes susceptibles d'un trai¬
tement
chirurgical
etd'une intervention
efficace.Symptômes subjectifs.
Douleur. — Les débuts de
l'anévrysme
peuventêtre
insidieux et le malade enignorer
encorel'existence,
alors même quela
tumeur estvolumineuse; mais, fréquemment,
la douleur
accompagne l'évolution de l'anévrysme
et peut même enmarquer
le début
par sabrusquerie,
commedans
les casd'anévrysmes spontanés, d'effort.
Cette douleurest
plus
oumoins vive,
et se propageplus
oumoins loin.
Elle ne
possède
pasde
caractèrebien
tranché.Dyspnée.
—Les symptômes respiratoires
accompagnent lesanévrysmes de la
crosse del'aorte,et affectent
les mo¬dalités les
plus diverses,
tantôt ils revêtent le caractère duhoquet, du
spasmede la glotte
avec accèsde
suffoca¬tion ; tantôt la
dyspnée
estcontinue,
réveillée et augmen¬tée par
le moindre effort,
et simule le cornage.Ces
symp-Lebeuf
3
— 34 —
tômes sont
dus à des phénomènes de compression,
comme la
dysphagie et les troubles de la voix que l'on
note
parfois aussi dans les mêmes circonstances.
Palpitations.
—Elles apparaissent quelquefois au début
des
anévrysmes de la crosse de l'aorte.
Symptômes
objectifs.
Signes fournis par Vinspection. — A mesure que l'ané-
vrysme se
développe, la tumeur refoule les organes voi¬
sins, et se
porte généralement vers l'extérieur. Bientôt
elle ne
s'en
trouveplus séparée que par une épaisseur
variable, souvent simplement par la peau, dont l'élasticité
assure
longtemps l'intégrité, et apparaît alors, soit sous
forme d'une voussure
(thorax), soit sous forme de tumeur.
La vue
peut également faire reconnaître si la tumeur est
animée de
battements et de mouvements d'expansion, qui
sont
fréquents dans les anévrysmes.
Signes fournis par la percussion. — La percussion est
un des
procédés cliniques d'exploration qui donnent le
moins de
résultats
pourl'étude des anévrysmes. La matité
n'indique
eneffet que la présence d'une tumeur sans nous
renseigner
sursa nature. Quoi qu'il en soit, on trouve, à
la
percussion, une matité au niveau de la tumeur anévrys-
male,
etl'étendue de cette matité nous fait connaître le
volume
probable de la tumeur. Ce mode d'exploration ne
doit donc pas
être négligé et cela d'autant moins qu'il
peut, parfois, aider au diagnostic.
Signes fournis par la palpation. — La palpation vient
confirmer
les données acquises par l'inspection. Mieux
que
la vue, elle apprécie les diverses lésions des tissus
qui séparent l'anévrysme de l'extérieur et ses limites. Les
signes principaux qu'elle permet de reconnaître sont :
la mollesse,
la fluctuation, la dépressibilité, la réductibi-
1ité,
la puissance de soulèvement de la tumeur, les batte¬
ments et
le thrill.
Les battements