L. LEFAUCHEUR
INRA Station de Recherches
porcines
Saint-Gilles 35590L’Hermitage
Les différents types
de fibres musculaires chez le porc.
Conséquences
surla production
de viande
Chez le porc, augmenter la quantité de muscle à partir de la naissance
revient à augmenter la taille des fibres musculaires,
cequi modifie leurs
caractéristiques et peut
setraduire par
unedétérioration de la qualité. Une
meilleure connaissance de la biochimie du muscle aide à mieux
comprendre cet antagonisme apparent quantité-qualité et pourra ainsi contribuer à le résoudre.
L’un des
objectifs
de laproduction porcine
est d’obtenir au moindre coût un animal riche
en muscle fournissant une viande de bonne
qualité.
Au cours des trois dernièresdécennies,
la maîtriseprogressive
des conditions d’éle- vage, associée à une sélection des animaux basée surl’augmentation
de la vitesse de crois-sance et la réduction de
l’adiposité
n’ontjus- qu’à présent
quepartiellement permis
d’attein- drel’objectif
fixé. Eneffet,
si lesprogrès
relatifsau coût de
production
et à laquantité
de mus-cle sont
indéniables,
il n’en est pastoujours
demême pour la
qualité
de la viande. Desprogrès importants
restent àaccomplir.
Le tissu muscu-laire est constitué de
plusieurs types
de fibres dont lescaractéristiques
conditionnent les qua- litéstechnologiques
etorganoleptiques
de laviande.
Après
uneprésentation générale
dutissu
musculaire, l’objectif
de cet article est dedécrire le
phénomène
de différenciation mus-culaire chez le porc
puis
de faire lepoint
desconnaissances sur les relations entre les carac-
téristiques
des différents types de fibres muscu-laires,
lesperformances
de croissance et la qua- lité de la viande.1 / Présentation générale
du muscle
______
Le muscle
squelettique
estquantitativement
le tissu le
plus important
del’organisme.
Chezun porc de 100
kg
depoids
vif(PV),
ilrepré-
sente 30 %
(race Meishan)
à 65 %(race
Pié-train)
dupoids
de la carcasse et environ 40 à45 % des
protéines
totales de l’individu. Il ren-ferme en moyenne 73 %
d’eau,
20 % de pro- téines et 1 à 6 % delipides. L’organisation générale
du musclesquelettique
estprésentée
dans la
figure
1. Diversquant
à leurforme,
taille etfonction,
les muscles se caractérisentégalement
par une fortehétérogénéité
tissu-laire. En
effet,
outre les fibres musculaires(75
à90 % du volume
musculaire),
ils renferment des tissusconjonctif, adipeux,
vasculaire etnerveux. Les fibres musculaires différenciées sont des cellules
allongées
contenantplusieurs
centaines de noyaux
disposés
à lapériphérie
dela cellule. Les noyaux
présents
dans les fibresne se divisent pas, ils
proviennent
exclusive-ment de
l’incorporation
de noyaux extérieurs issus de la division de cellules satellites situées dans la lame basale(Moss
et Leblond1970).
L’ensemble des
myonuclei (cellules
satellites + fibresmusculaires) représente
environ 50 % dunombre total de noyaux du muscle
(Schmal-
bruch et Hellhammer
1977).
Parmi les 20 % deprotéines
que renferme lemuscle,
60 % sontreprésentées
par lesprotéines myofibrillaires,
lamyosine
étant laplus
abondante(tableau 1).
Résumé _
Le muscle
squelettique
est essentiellementcomposé
de fibres musculairesgénéra-
lement classées en fonction de leur vitesse de contraction et/ou de leur métabo- lisme
énergétique.
Les fibres musculaires se différencient essentiellement pen- dant lespériodes embryonnaire,
foetale etpost-natale précoce.
Unpourcentage
élevé de fibres à contractions lentes et de fibres de faible diamètre semble favora- ble pour lesqualités technologiques
etorganoleptiques
de la viande. Auplan
desperformances
decroissance,
le nombre total de fibresmusculaires,
critère défini- tivement fixé avant lanaissance,
et laquantité
d’ADN sont lesprincipaux
facteurs déterminant lepotentiel
de croissance musculaire. La croissance en diamètre n’estimportante
à considérerqu’après
avoir tenucompte
du nombre total de fibres. Enconclusion,
la recherche d’ungrand
nombre de fibres musculaires et du maximum de fibres à contractions lentes semblepouvoir répondre
auximpé-
ratifs d’uneproduction
enquantité
d’une viande dequalité.
1.
1 / La contraction musculaire
C’est au niveau de la fibre que
s’opère
la transformation del’énergie chimique
en éner-gie mécanique
lors de la contraction. Dans laplupart
des musclessquelettiques
de mammi-fère
adulte, chaque
fibre musculairereçoit
uneseule terminaison nerveuse au niveau de la
pla-
que motrice
(Changeux
et Mikostiba1977).
Chaque
neurone moteurpeut
se ramifier etinnerver
plusieurs fibres,
cet ensemble neuro- musculaire constitue l’unité motrice. L’excita- tion de lafibre,
initiée au niveau de laplaque
motrice, se propage sur toute la surface de laLes différents types de fibres musculaires chez le porc
cellule et le
long
des tubules transverses sousforme d’un
potentiel
d’action. Cette excitation est transmise au réticulumsarcoplasmique (RS)
selon un mécanisme encore obscur. Le RS
répond
enrelarguant
des ions Ca’ dans le sar-coplasme
où la concentration en Ça’ passe de 10’
M à 10-’M. Les ions se lient à la
troponine
C, stimulent IATPasemyofibrillaire
et déclen-chent la contraction. C’est au niveau des têtes S1 de la
myosine (figure 1)
ques’opèrent
l’inte-raction avec l’actine et
l’hydrolyse
de l’ATP. Larelaxation survient dès que la concentration
sarcoplasmique
des ions Ca&dquo; retrouve le niveau de repos(10-’M).
Dans ce processus, les ions Ca&dquo; sontrepompés
par le RS et les mito- chondries selon un mécanisme detransport
actif consommateur dATP.1.
2
/ Les divers types de fibres
Dès 1873, Ranvier
suggéra
l’existence de dif- férents types de fibres musculaires pourexpli-
quer les variations dans la couleur des muscles.
Aujourd’hui
ces fibres sontgénéralement
clas-sées selon deux critères : la vitesse de contrac- tion et le
type
de métabolismeénergétique régénérateur
d’ATPa l Le
type
contractileDéterminée in vitro à un
pH
neutre, l’activitéATPasique
des têtes Si de lamyosine
est pro-portionnelle
à la vitesse de contraction mesurée in vivo(Barany 1967).
La différence de sensibi- lité aupH
de l’activitéATPasique myofibrillaire
a été mise à
profit
pour la révélationhistoenzy- matique
dutype
contractile(Guth
et al1969).
On
distingue
des fibres à vitesse de contraction lente(type (3
ouI)
etrapide (type
a ouII) qui
ont des activités
ATPasiques myofibrillaires
res-pectivement
inhibées à despH
alcalins et acides(Photo la).
Des nuances de sensibilité à despH
bien déterminéspermettent
de subdivi-ser les fibres de type II en types IIA, IIB et même IIC
(Brooke
et Kaiser1970) (tableau 2).
Ces
propriétés correspondent
à descomposi-
tions
précises
en isoformes des chaînes lourdes de lamyosine (Reiser
etal 1985).
b / Le
type métabolique
La contraction musculaire est consomma-
trice
d’énergie
sous forme d’ATP dont le stock estrégénéré
par voie anaérobie(glycolytique)
et/ou aérobie
(oxydative) (figure 2). L’impor-
tance
respective
de ces deux voies permet de classer les fibres entype oxydatif (0), oxydo- glycolytique (OG)
etglycolytique (G).
La révéla-tion de l’activité
succino-déshydrogénase (SDH),
un enzyme mitochondrial de la voieoxydative,
est souvent utilisée pourdistinguer
les fibres
oxydatives (0
ou R :« red »)
desfibres
glycolytiques (G
ou W :« white »)
parhistoenzymologie (Photo 1b).
c / Les
principales
nomenclaturesLa
plupart
des classifications décrivent troisprincipaux
types de fibres(tableau 2).
Certainestiennent
uniquement compte
de la sensibilité de l’ATPasemyofibrillaire
aupH
depréincuba-
tion
(Brooke
et al 1970 : 1, IIA,IIB),
d’autrescombinent ce critère à un ou
plusieurs
critèresmétaboliques
déterminés sur des coupes sériées(Ashmore
et al 1971 :I3R,
aR, aW ; Peteret al 1972 : SO, FOG,
FG).
Chez le porc, onpeut
admettre lacorrespondance
entre les classesdes différentes classifications. Chez cette
espèce,
les fibres musculaires sonttypiquement disposées
en ilôts de fibres(3R (lentes oxyda- tives)
entourées par unepremière
couronne defibres aR
(rapides oxydo-glycolytiques)
et uneseconde, plus
externe, de fibres aW(rapides glycolytiques) (Photo 1).
La distinction deplu-
sieurs types de fibres par
histoenzymologie
cor-respond
à des différencesmorphologiques,
bio-chimiques
etphysiologiques.
Les
fibres
musculaires
sontclassées selon
leurs vitessesde
contraction :
fibres lentes
etfibres
rapides ;
et selonleurs
types métaboliques qui
conduisent
àdistinguer
les fibresrouges
(oxydatives)
et
les fibres blanches
(glycolytiques).
1.
3
/ Propriétés des différents types de fibres
Malgré
des différences dediamètre,
toutes les fibres d’une même unité motrice ont despropriétés
contractiles etmétaboliques
demême nature
(Pette 1985).
Lesprincipales caractéristiques
fonctionnelles etmétaboliques
de
chaque type
de fibrefigurent
au tableau 3.2 / La différenciation des fibres musculaires
2.
1 / Différenciation prénatale
Les
principales étapes
de lamyogenèse
sontdécrites dans la
figure
3. Chez le porc, la miseen
place
des fibres musculaires se déroule en deuxphases (Ashmore
et al1973).
Lagénéra-
tion
primaire
se met enplace jusqu’au
55’’jour
degestation (Thurley 1972).
Lagénération
secondairen’apparaît qu’à partir
du 50&dquo; jjour
etest définitivement fixée à
partir
du95 e jour
degestation (Wigmore
et Stickland1983).
Alorsque la totalité des fibres de la
génération pri-
maire donneront des fibres
lentes,
celles de lagénération
secondaire se convertiront en fibres lentes ourapides.
Le rapport typerapide/type
lent de la
partie profonde
du muscle semitendi-nosus
prend respectivement
pour valeur 22,4 ; 10,2 et 5,7 à 90 ; 105 et 115jours
degestation (Beermann
et al1978).
Chez le rat, cette diffé- renciations’accompagne,
d’une évolution de la nature des sous-unitésprotéiques
de la myo- sine avecl’apparition
de formesembryonnaires puis
néonatales(Whalen 1985).
Le métabolismeoxydatif
estprépondérant pendant
lapériode
foetale
(Dalrymple
et al1973).
2.
2
/ Différenciation postnatale
Chez le porc, le nombre total de fibres mus- culaires est définitivement fixé avant la nais-
sance
(Thurley
1972, Ashmore et al 1973, Sti- ckland etGoldspink
1973, Swatland1973).
Enconséquence,
l’évolutionpostnatale
des pour- centages des divers types de fibres résulte d’une conversion d’untype
vers l’autre. Pour lamême raison, la croissance
postnatale
du mus-cle se fait par
augmentation
de lalongueur
etdu diamètre des fibres
déja
existantes.a l Le
type
contractileLe nombre de fibres lentes
augmente
au détriment de celui des fibresrapides pendant
les huit
premières
semainespost-natales,
soitjusqu’à
20kg
depoids
vif(figure 4).
Les pro-portions
varient peu par la suite(Davies
1972,Lefaucheur et al
1986). L’augmentation
dupourcentage
de fibres lentespendant
lapériode postnatale proche
se faitparallèlement
à l’éli-mination de la
polyinnervation présente
à lanaissance
(Redfern 1970).
b / Le
type métabolique
A la
naissance,
toutes les fibres sont encore detype oxydatif, (3R
ou aR. Les fibres à méta-bolisme
glycolytique (aW) peuvent
être caracté-risées à
partir
de 3 semaines(5,5 kg
dePV)
dans le muscle
longissimus (type blanc)
et 5semaines
(11 kg
dePV)
dans le muscle trape- zius(type rouge).
Audelà,
lepourcentage
de fibresglycolytiques
augmente de manièrerapide jusqu’
à 3 à 4 moisd’âge (40
à 60kg
dePV), plus
lentement par la suite(figure 4).
L’amplitude
duphénomène
est d’autantplus
forte que le muscle est de type blanc chez l’adulte
(Lefaucheur
et al1986).
L’évolution du métabolisme vers un typeplus
anaérobie aucours de la croissance
s’accompagne
d’une réduction de la densitécapillaire (Tamaki 1985)
et, d’un enrichissement du muscle en
myoglo-
bine
(Lawrie 1950).
c / La taille des fibres
La croissance en
longueur
des fibres muscu-laires suit la croissance osseuse et s’arrête avant la croissance en
épaisseur (Nougues
1973 chezle
lapin).
Elle se fait par addition de sarcomèresen
série, principalement
aux extrémités de la fibre(Williams
etGoldspink 1978).
La crois-sance en diamètre se réalise à
partir
de la divi- sionlongitudinale
desmyofibrilles
et de l’addi-tion de nouveaux
myofilaments (Wolpert 1981).
Chez le porc, le diamètre des fibres
augmente rapidement jusque
4 moisd’âge (60 kg
dePV) puis plus
lentement(Staun 1963).
Les fibres blanches ont, dès leurapparition,
un diamètresupérieur
à celui des fibres rouges. Celas’expli-
que par le fait que ce sont les
plus
grosses fibres aRqui
passent dans lacatégorie
des aWpar un
phénomène
de dilutionmitochondriale,
le nombre de mitochondriesaugmentant
moinsvite que le volume de ces fibres. Cette conver-
sion est un processus réversible. Par
exemple,
ilest clairement démontré
qu’un
exercice de type endurance ou une stimulationélectrique
delongue
durée entraîne uneaugmentation
du nombre de mitochondries à l’intérieur des fibresmusculaires,
cephénomène
conduit à laconversion d’un certain nombre de fibres aW
en fibres aR. Chez le porc, la
part
del’hyper- plasie (nombre
denoyaux)
dans la croissancedes fibres est
prépondérante jusqu’à
lapuberté (environ
6mois), l’hypertrophie (poids
de mus-cle par
noyau)
devenant ensuite leprincipal
facteur assurant la croissance musculaire
(Durand
et al1967).
Lescapacités mitotiques
des cellules satellites semblent donc être déter- minantes dans lephénomène
de croissancemusculaire
jusqu’à
ce stade.Le nombre total
de
fibres est fixé avantla
naissance mais lesproportions
desdifférentes
catégories
évoluentpar la suite :
conversion des fibres
rapides
en fibreslentes
jusqu’à
8semaines et des fibres rouges en
fibres blanches
jusqu’à
4 mois.Une
proportion
élevée de fibres lentes conduit à une
chute du pH post-mortem plus
lente
etde moindre
amplitude,
cequi correspond
àde
meilleures
qualités technologiques
dela
viande.
Les
périodes embryonnaire,
foetale etpostna-
taleprécoce
sont donc despériodes
clés pour l’ensemble desphénomènes
ultérieurs de la croissance musculaire. Elles constituent des stadesprivilégiés
pour lamanipulation
de ladifférenciation musculaire par des facteurs de milieu ou des traitements hormonaux.
3 / Biochimie musculaire
et qualité des viandes
L’évolution
biochimique
du muscleaprès l’abattage
conduitprogressivement
à sa trans- formation en viande. Elle met enjeu
essentiel- lement des réactionshydrolytiques qui,
dansun
premier
temps,dissipent
les réserves éner-gétiques (ATP, phospho-créatine, glycogène)
par voie anaérobie au cours de l’installation de la
rigor
mortis. Dans un deuxième temps, elles affectentl’organisation
desprotéines
muscu-laires de structure au cours de la
phase
dematuration. La
cinétique
et l’intensité de cesréactions
agissent
en dernier ressort sur lesqualités technologiques, organoleptiques
ethygiéniques
des viandes(Valin 1988).
3.
1 / Evolution du pH après la mort
L’évolution du
pH après
la mort est engéné-
ral lepremier
facteurexplicatif
des variationsdes
qualités technologiques
et contribuelarge-
ment à l’élaboration des
qualités organolepti-
ques
(Monin 1983).
Il est doncimportant
deconnaître les relations entre la
cinétique
d’évo-lution du
pH
et lescaractéristiques
biochimi-ques musculaires. Nous nous limiterons aux
porcs non sensibles à l’halothane. En
effet,
lesanimaux sensibles
présentent
une anomaliegénétique
entraînant un défaut membranairegénéralisé,
vraisemblablement àl’origine
de lafréquence
duphénomène
PSE chez eux(« Pale,
Soft and Exudative
») (Sellier 1988).
a
/
Vitessede chute du pH
L’ensemble des données
disponibles
mon-trent que l’on a intérêt à rechercher une faible vitesse de chute du
pH.
UnpH
45 minutes infé-rieur à 6,0 conduit au
phénomène
exsudatif(PSE). Malgré
un faiblepouvoir tampon
dansles fibres lentes
(Talmant
et al 1986, Renou et al1986),
lepH
baisse moinsrapidement
que dans les fibresrapides,
en raison d’une faible activitéATPasique myofibrillaire.
Au sein des fibresrapides,
la différence de vitesse de chute dupH
entre les fibres
oxydo-glycolytiques
etglycolyti-
ques n’est pas clairement établie. La
qualité technologique
de la viande tend à décroîtrequand
lespourcentages
de fibres blanches et de fibresgéantes (fibres
à très fortdiamètre)
augmentent(Klosowska
et al1975).
Hormis leproblème
des fibresgéantes,
les relations entrequalité
des viandes et diamètre des fibres sont confuses. Certains auteurs ne mettent en évi- dence aucune relation(Sosnicki 1986),
alorsque d’autres
signalent
une liaisonpositive
entre la vitesse de chute de
pH
et le diamètre des fibres rouges et aucune relation avec celui des fibres blanches(Koch
1970, Klosowska et al1975).
b /
Amplitude de chute
Les valeurs
technologiquement acceptables
de
pH
24 heures pour le musclelongissimus s’étagent
entre 5,5 et 6,2. UnpH
inférieur à 5,5 5 altère lepouvoir
de rétention en eau de la viande alorsqu’un pH supérieur
à 6,2 entraîneune mauvaise
aptitude
à la conservation. Pourun muscle
donné,
lepH
ultime est d’autantplus
faible que lesquantités
de lactateproduit,
ou encore de
glycogène dégradé
sont élevées.L’amplitude
estprincipalement
déterminée par le taux deglycogène
initial et lepouvoir
tam-pon du muscle
(Monin 1988),
deux facteursqui agissent
en sensopposé
sur lepH
ultime. Laplus
faible teneur englycogène
des fibres lentes avantl’abattage (tableau 3) explique
lepH
ultime élevé dans les muscles riches en fibrelentes, malgré
leur faiblepouvoir
tampon.A
l’opposé,
lepH
ultime estgénéralement plus
bas dans les muscles
rapides
du fait d’uneplus
forte réserve en
glycogène
avantl’abattage.
3.z / Teneur
enlipides intramusculaires
La teneur en
lipides
intramusculaires condi- tionne la flaveur et lajutosité
des viandes(Kauffman
et al1964).
Son effet améliorateur semanifeste
jusqu’à
une valeur de 2,5 % dans le musclelongissimus
de porc(Sellier 1988).
Lesvaleurs observées pour ce muscle dans la
prati-
que sont
généralement plus
faibles. Leslipides
intramusculaires
regroupent
leslipides pré-
sents à l’intérieur des fibres et ceux contenus dans des cellules
adipeuses adjacentes
auxfibres. Tous les résultats
bibliographiques
mon-trent que les fibres rouges, notamment les fibres
lentes,
sontplus
riches enlipides.
Uneétude réalisée chez
l’agneau (Valin
et al1982)
montre d’une
façon
directe que l’intensité de la flaveur est liéepositivement
au caractère rouge de laviande,
etplus particulièrement
au pour- centage de fibres lentes.Cependant,
une étuderéalisée chez le porc
(Leseigneur
et al1989)
n’amis en évidence aucune relation entre le type
métabolique
decinq
muscles et leur teneur enlipides
totaux. La validité de ce résultat à l’inté- rieur de chacun des muscles reste à démontrer.En
revanche,
ces auteurs montrent que le taux dephospholipides
est lié au typemétabolique
avec des teneurs croissantes dans les muscles de type
métabolique glycolytique,
intermédiaireet
oxydatif,
cequi
revêt un intérêtparticulier
pour la
qualité organoleptique.
Eneffet,
Mot-tram et Edwards
(1983)
ontsouligné
le rôlepré- pondérant
desphospholipides
dans ledévelop-
pement de la flaveurcaractéristique
de la viande cuite.3.
3 / Teneur et stabilité des pigments
La
myoglobine, principal pigment
responsa- ble de la couleur de laviande,
estprincipale-
ment localisée dans les fibres rouges.
Augmen-
ter la
quantité
de muscle engrossissant
les fibresqui
lecomposent
revient à rechercher unfort
pourcentage
de fibres blanches et favorise laproduction
d’une viande peu colorée. Par ail-leurs,
la stabilité de la couleur varie selon le type contractile : les résultats de Renerre(1986)
obtenus sur muscles de bovins
suggèrent qu’un
pourcentage élevé de fibres
(3R
altère la stabilité de la couleur. Cela ne semblecependant
pas être un inconvénientmajeur
chez le porc compte tenu du faible pourcentage en fibres!R
de la
plupart
des morceaux nobles(longe
etjambon).
3.
4 / Collagène et qualité
des myofibrilles
La tendreté est
liée,
d’unepart
à laquantité
et la
qualité
ducollagène,
et d’autrepart
à l’état de dénaturation desmyofibrilles
à l’issue de laphase
de maturation.Compte
tenu del’âge
relativement
jeune auquel
sont abattus les porcs, lesproblèmes
de tendreté liés au colla-gène
sont limités. Enrevanche,
laqualité
desmyofibrilles
peut être un facteurimportant
mais peu d’études y ont été consacrées. Par ail-
leurs, plusieurs
étudesrapportent
une liaisonnégative
entre le diamètre des fibres et la ten-dreté
(Carpenter
et al 1966 chez le porc, Ham- mond etAppleton
1932 chezl’ovin,
cités parJoubert 1956).
Les relations entre la taille desfibres,
lecollagène
et l’état desmyofibrilles
ontété peu étudiées.
4 / Biochimie musculaire
et performances de croissance
4.
1
/ Nombre et diamètre des fibres
Le
poids
d’un muscledépend
dunombre,
de lalongueur
et de l’aire de section transversale de ses fibres. La variabilitéinter-espèce
du nombre total de fibres est infinimentplus
forteque celle du diamètre
(Plaghki 1985).
Chez leporc, le nombre total de fibres est le
principal
facteur conditionnant le
potentiel
de croissancemusculaire
postnatale (Luff
etGoldspink
1967,i
Staun
1972, Stickland etGoldspink 1978).
Lesporcelets
de faiblepoids
à la naissance(culots
de portée)
ont des musclesplus petits (Wid- dowson 1974)
avec moins de fibres musculairesque les
animaux normaux(Hegarty
et Allen1978, Powell et Aberle
1981).
Enrevanche,
la liaison entre le diamètre moyen des fibres dumuscle longissimus
et l’aire de section du mus-cle ou la
quantité
totale de muscle de la car-casse est nulle
(Livingston
et al 1966, Miller1970, Bader
1982, Klosowska et al1985)
ounégative (Staun
1972,Hegarty
et Allen 1978, Powell ei Aberle1981).
Le diamètre des fibrespris isolément
est donc un mauvais indicateurde la
quantité
de muscle. Engénéral,
les porcs à croissancerapide
ont un nombre total defibres plus
élevé et des diamètres de fibresplus faibles (Miller
et al1975). Cependant,
à mêmenombre total de
fibres,
laquantité
de musclepeut être
liéepositivement
au diamètre des fibres. Parailleurs,
la liaison étroite entre lepoids de
muscle et laquantité
totale d’ADN(Harbison
et ai1976) souligne l’importance
dela capacité mitotique
des cellules satellites pour la croissance musculaire. Les concentrations enADN, ARN et le
rapport (protéines/ADN)
nesemblent en revanche liés ni à la masse muscu-
laire, ni
à la vitesse de croissance(Powell
etAberle 1975).
4.
2 / Caractéristiques histoenzymologiques
Quelques
études rapportent une liaisonposi-
tive entre le pourcentage de fibres blanches et la vitesse de croissance
(Klosowska
et al1985)
ou la section transversale du muscle
longissi-
mus
(Miller 1970)
chez le porc. Al’opposé,
d’autres
signalent
une liaisonpositive (P
<0,05)
entre la vitesse de croissance et le pour- centage de fibres lentes(Sosnicki 1986).
Ce der-nier résultat tendrait à montrer
qu’une
forteproportion
de fibresPR
n’est pasincompatible
avec une vitesse de croissance élevée. Dans le même sens, Stickland et Handel
(1986)
mon-trent que le pourcentage de fibres lentes est
plus
élevé chez les porcs de raceLarge
Whiteque chez des porcs miniatures.
Certains auteurs attribuent une
part
du pro-grès
dans ledéveloppement
musculaire à uneaugmentation,
sous l’effet de la sélection surles
performances
de croissance, de la propor- tion de fibres musculairesrapides,
notammentblanches,
au détriment des fibres rouges(Ash-
more
1974).
Cettehypothèse
est confortée par les études comparant les races améliorées aux races sauvages(Rahelic
et Puac 1980,1981).
Cependant,
uneexpérience
de sélection réali- sée chez la souris sur huitgénérations
ne confirme pasl’hypothèse (Nostvold
et al1979).
L’ensemble des résultats
bibliographiques
ne permet donc pas d’établir de liaison claire entreles pourcentages des différents types de fibres
et les
performances
de croissance. Celapeut
résulter du fait que les auteurs n’ont pas tenucompte
du nombre total defibres,
facteur leplus important
pourexpliquer
laquantité
demuscle.
Conclusion
Le muscle est un tissu
composite
dont lescaractéristiques
évoluent au cours de la crois-sance. Sa
différenciation,
sous le contrôle de facteurs nerveux et endocriniensinterdépen- dants,
conduit à l’obtention de musclesqui,
àleur maturité,
présentent
despropriétés
contractiles et
métaboliques
variées. Chez leporc, l’essentiel de la différenciation s’effectue
pendant
lespériodes embryonnaire,
foetale etpostnatale proche.
Le nombre total de fibresmusculaires,
critère définitivement fixé avant la naissance, est leprincipal
facteur condition-nant le
potentiel
de croissance musculaire post- natale. Il ressort que la recherche d’ungrand
nombre de fibres musculaires et du maximum de fibres lentes semble
pouvoir répondre,
aumoins en
partie,
auximpératifs
d’uneproduc-
tion en
quantité
d’une viande dequalité.
Lesrépercussions
d’uneaugmentation
du pourcen- tage de fibres lentes sur laproportion
de viandes DFD(« Dry,
Firm andDark »)
et lesperformances
de croissance sontcependant
assez mal connues. L’ensemble des résultats démontre que des recherches sur la mise en
place
et larégulation
du nombre total de fibrespendant
lespériodes embryonnaire
et foetalesont
importantes
à considérer. L’étude des fac-teurs de variation de la différenciation muscu-
laire sera abordée dans un
prochain
article.Le
potentiel de
croissance
musculaire du porc
dépend
essentiellement du
nombretotal
de fibres. Les liaisons entreperformances
de croissance et
importance
relativede
chaque type
de fibres ne sont pasencore clairement t établies.
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