N° 27. Paraissant le15 dechaquemois. 15 Août 1926.
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Le Numéro.
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duPin.— C.C.Bordeaux 9237
BULLETIN
DE
France... 3f 50 Étranger. 4? 50
L'INSTITUT DU PIN
Sous le contrôle de l'Institut des Recherches agronomiques
et rattaché à la Faculté des Sciences de Bordeaux
C
c _
assàsESŒsas^-'-''* n
<r SOMMAIRE
Pages I, Articles originaux
A. I. 12 Mycélium lumineux del'armillaire, par
et13 R. Guyot 465
C. I. 22 Contribution à l'étude del'oléo-résine du Pinus Tumbergii, par G. Dupont et
et Mlle Barraud 468
C. I. 23 LJHydroterpine et autres produits déri¬
vant del'huilede pin 471
C. I. 24 Hydrogénation t|e quelques composés terpéniques, par Vièles 473
Pages D. I. 18 Contribution à l'étude des résinâtes in¬
dustriels .Tr.. .'.. 471
D. I. 19 Pyrogénation de l'acide abiétique, par
par Rouin 479
H. Documentation
D. II. 39 Production pathologique de la Résine
et Gemmage,par Dufrénoy 483
J
MODE DE CLASSIFICATION DE NOS DOCUMENTS
A. Généralités.
B. Récolte et traitement des résines.
C. Essences de térébenthine, terpènes etdérivés.
D. Constituants solides des résines et leurs dérivés.
E. Dérivéschimiquesdu bois.
F. Cellulose de bois.
G. Documentsdivers.
Adresser la Correspondance :
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N° 27. Paraissoîd le 15 de chaque mois. 15 Roût \926i
BULLETIN
DE
L'INSTITUT DU PIN
Sous le contrôle de l'Institut des Recherches agronomiques
et rattaché à la Faculté des Sciences de Bordeaux
A. 1. 12 et 13
liciiin min ne liminaire
Observations relatives
audéveloppementdeRhizomorphes dans unmilieu deculture
Par M. R. Guyot
PREMIÈRE NOTE
Le milieu essayé était celui de M. le professeur
Milliard, constitué par des fragments de carottes coupées en morceaux et divisées dans de l'eau gélo-
sée; ce milieu a la consistance ferme. En l'ense¬
mençant avec des spores et le laissant à la tem¬
pérature du laboratoire (15 degrés, environ), au bout de huit jours nous avons vu le développe¬
ment en surface d'un mycélium blanc; au bout de quelques jours, la partie inférieure de ce mycé¬
lium a jauni, s'est épaissie; la surface de la gélose
s'est soulevée comme sous une pression, puis, de
cette partie épaissie et jaunie, des cordons blahcs,
commune des stalactites, se sont détachées et rami¬
fiées dans, tous les sens. Ils ont pu pénétrer l'inté¬
rieur des blocs de carottes et les traverser de part
en part (1). Ces cordons ont pris une teinte irisée
tout d'abord, puis une teinte brune. C'est sous ce dernier aspect qu'on les rencontre dans la nature
sous. Fécorce des arbres ou bien au niveau des raci¬
nes. Ils représentent là des organes chercheurs ou*
mieux propagateurs; on dirait des racines. Leur
constitution morphologique les en éloignent. Com¬
me le mycélium, ils sont constitués simplement par (1) Quelques-uns d'entre eux donnent comme un chevelu rappe¬
lant larégion pilifère des racines. Leur extrémité est comme dur¬
cie, ce qui leur facilite la pénétration dans les blocs de carottes
de nos cultures.
Nous avons pu obtenir ainsi un flacon
sillonné
de rhizomorphes à tous les stades de développe¬
ment. La photographie ci-jointe, due à
l'obligeance
des hyphes un peu différenciés, ainsi que Beauve-
rie l'a signalé, la partie externe étant plus
épais¬
sie, comme une écorce, la partie centrale était plus
lâche, comme une moelle.
Ces rhizomorphes pénètrent dans les tissus,
s'im¬
miscent sans blesser .le végétal; on sait l'impor¬
tance de cette considération pour le pin, la gemme sécrétée par la blessure jouissant de
propriétés
antiseptiques et empêchant, de ce fait, lemycélium
de pénétrer, ainsi que je l'ai fait ressortir dans une
étude antérieure.
466 BULLETIN DE L'INSTITUT BU PIN— JV° 27 - Août 1926
de M. le maître de Conférences Aubel et de son
préparateur, M. Boutiron, montrera mieux que mes
explications leur développement. C'est avec des rhizomorphes semblables que j'ai pu infecter des
essences d'arbres, acacias, chênes et pins et retrou¬
ver sur ces essences le mycélium avec ses carac¬
tères de luminosité, ses rhizomorphes sous l'écorce
et enfin, à l'automne, les armillaires adultes. C'était làreproduire la maladie intégrale. Lamortalité s'en
est suivie.
+
DEUXIÈME NOTE
Depuis mes dernières publications, quelques faits
intéressants ont paru sur ce sujet.
Je signalerai tout d'abord une note des Annales
du naturaliste, dirigées par M. le professeur Mol- liard, doyen de la Faculté des sciences de Paris.
o) Cultures. — M„ Guimot, instituteur à Maisse (Seine-Inférieure), signale un mycélium lumineux
d'armillaire sur les racines d'un peuplier abattu
en 1911; MM. Molliard et Coupin ont prélevé un
fragment du mycélium au niveau où s'arrêtait sa
végétation, ils ont pu le cultiver et obtenir les rhi¬
zomorphes, caractéristiques sur milieu de carottes gélosées. Ils ne signalent pas de luminosité dans leur culture.
J'ai pu reporduire leur expérience sur le même
milieu et ai observé les faits suivants : Développe¬
ment d'un mycélium blanc; dégagement de bulles
gazeuses, parfois même liquéfaction partielle du milieu; j'ai pu retrouver le développement en éven¬
tail du mycélium, comme cela se voit sur les arbres eux-mêmes.
Un fragment de rhizomorphe a pu poursuivre sa croissance etdonner naissance à un mycéliumabon¬
dant présentant des formes festonnées.
Quelques cultures étaient impures et renfer¬
maient entre autres un bacille colorant en rouge le milieu; d'autres renfermaient des aspèrgilllus et
des mucorinées.
J'ai pu cependant avoir des cultures pures en ensemençant au pied des arbres au moment même
du prélèvement. J'ai obtenu des rhizomorphes sous
forme de racines blanches se dichotomisant et sil¬
lonnant tout le milieu de culture.
Je faisais prévoir la culture en milieu ailcalin
comme susceptible de donner le mycélium avec son
caractère de luminosité rencontré dans la nature et que Brefe-d signale dans des cultures pures (1).
(1) Brefeld. Botenishe untersuchungen iïber schwmondpize, iii.
Lelf Basedoomyceteii. Leipzig.
Nous nous sommes servi d'une culture faite avec:
Agar-agar 5
Prunes 50
Eau 5iQiO
Carbonate de soude .. Q. S. pour alcaliniser.
Nous avons obtenu ainsi et réparti dans des fla¬
cons un milieu solide.
Nous avons ensemencé avec des lames de mycé¬
lium et avec des spores; nous avons remarqué une
légère liquéfaction du milieu.
Nous n'avons point observé de luminosité en tels milieux; nous avons obtenu cependant les rhizo¬
morphes.
b) Extension de la maladie (2). — Au château Ollivier, près de Bordeaux, des chênes centenaires
ont été ataqués par l'armilllaire et >sont morts.
J'ai pu cueillir un mycélium très épais, jaunâtre
et lumineux; à 5 mètres de là, un très beau chêne est atteint; j'ai cueilli cette année des touffes d'ar¬
millaire dont le mycélium était lumineux.
Le long de l'allée principale qui conduit au châ¬
teau, on trouve de nombreuses souches de peupliers
abattus. Nous y avons cueilli le Clitocybe tabescens
venant en touffes nombreuses. Certains auteurs con¬
sidèrent ce clitocybe comme une variété d'armillai¬
res non baguée. Un fait intéressant plaide en fa¬
veur de cette dernière classification; c'est la lumi¬
nosité du mycélium.
J'ai pu l'observer et le signaler ici.
Beaucoup d'agaricinées vivent en parasites com¬
me l'armillaire; l'agaric œgeryte fréquente le peu¬
plier et l'ormeau. Son mycélium n'est pas lumi¬
neux. On rencontre parfois sur le même arbre des espèces différentes de champignon, mais la lumino¬
sité n'apparaît qu'en connexion directe du mycé¬
lium d'armillaire.
Je signale certaines essences nouvelles atteintes : le tilleul, l'érable, le sureau, -— cas observés par M. (Porfalier, professeur au collège Saint-Genès.
A Canteloup, près. Bordeaux, un superbe tulipier
meurt; le mycélium est lumineux, l'armillaire adul¬
te s'y trouve à là base. Le tronc est engainé de mycélium blanc à un mètre de hauteur.
A Macanan, de beaux marronniers d'Inde ont disparu sous la même influence; le mycélium était
(2) M. A. Bondon, chef de culture dans le domainede Las Mur- tas Calaspara, à Murcie, me signale des vignes atteintes par un mycélium rappelant l'armillaire; la contamination s'est faite par le terreau, dont l'origine est le feuillu de pins d'Alep. Ces pins
eux-mêmes sont abondamment atteints. Comme son père le fit sur
nos indications à Arcachon, M. A. Bondon lutte efficacement contre le mal avec la solution du sulfate de fer que j'ai préconisée. Jus¬
qu'ici les résultats paraissent répondre à l'attente.
M'. Pingot nous signale à Saint-Emilion des racines de vignes nouvellement arrachées et lumineuses à l'obscurité. A leur base,
on trouvait des champignons adultes à l'automne, ce qu'il appelle
des souchettes et qui pour nous doit être l'armillaire.
y • y ' 1 ' y - ■ ; - ■
BULLETINDE L'INSTITUT DU PIN —iV°£7 - Août 1926 467
lumineux; sous l'écorôe, se trouvaient de nombreux rhizomorphes.
En Dordogne, à Genis, de très nombreux noyers et des châtaigniers meurent ainsi; certains, noyers avaient leurs noix toutes formées, les feuilles sont tombées brusquement, les noix sont restées sur l'arbre mourant. Dans la même région, au voisi¬
nage des châtaigniers atteints, des cerisiers pré¬
sentaient le mycélium lumineux. ...
Dans la région de Brantôme, nous avons observé
les mêmes faits. A Mussonville (Bègles), le long
du fossé courant, nous avons relevé de nombreux
peupliers mourants. La plupart présentaient le my¬
célium lumineux, quelques-uns étaient atteints de
la maladie de l'encre.
Au cap Ferret, au Ganon, à la Villa Algérienne,,
à Pirailhan, à Piquey, on observe de nombreuxpins
atteints.
Le raz de marée a brûlé les racines de beaucoup
de pins; ces pins sont morts de ce fait (entre Le
Canon et Pirailhan).
A l'encontre de ce qui se passe pour l'armillaire,
ce sont les branches les plus basses qui meurent
les premières, le sommet de l'ârbre restant encore vert. C'est là une différence.
A La Vigne, en certains bas-fonds, de très jeunes pins meurent, et, en arrachant Iles racines, on les.
voit entourées d'un mycélium lumineux.
Certains fossés creusés pour circonscrire le mal
Pont été trop tardivement (forêt domaniale de l'Etat,
cap Ferret); les rhizomorphes avaient déjà porté
leur ravage plus loin.
J'attire l'attention sur un point; certaines raci¬
nes servent de support, elles vivent longtemps après l'abafage.
M. le professeur Dupont, de Bordeaux, a montré
pour le pin que ces racines sont encore susceptibles
d'élaborer de la gemme, qui s'y concentre.
M. Gard a signalé des faits analogues (communi¬
cation à la Société pour l'avancement des sciences. : Longévité des racines laissées dans le sol après séparation des parties aériennes chez les plantes vivaces); l'auteur signale la longévité des racines
de chêne et de noyer (1). Ces essences donnent sou¬
vent des repousses après un an d'abatage.
M. Gard a observé que les chênes vivants sont
moins souvent atteints par l'armillaire que les
noyers. Cela est à rapprocher de l'insuccès de con¬
tamination que j'ai eu en disposant sous l'écorce
d'un chêne Idu mycélium vivant d'un pin voisin.
J'attribuai alors mon échecà la présence detanin,
dont les fonctions phénoliques jouent le rôle d'an¬
tiseptique.
Je dois reconnaître .cependant ici avoir rencontré
de nombreux chênes où le mycélium s'était intro¬
duit par la racine; ces arbres ont perdu leurs feuil¬
les rapidement et sont morts.
Nous avons cueilli à leur base et sur leur tronc des armillaires adultes.
M. Gard a observé que les racines et les souches
de chêne abattus étaient fréquemment envahies par l'armillaire et se demande s'il y a là véritablement parasitisme ou saprophytisme, puisqu'on a affaire
à des racines vivantes, bien qu'affaiblies. Je rap¬
procherai ce fait de ce que j'ai pu observer à Mus¬
sonville : une souche de peuplier portait plusieurs
années de suite un mycélium vivant et lumineux.
Dans la défense des arbres atteints, M .Gard pré¬
conise le déchaussage des racines, le raclage suivi
du badigeonnage avec des solutions de sulfate de
fer à 30 p. .100, de sulfate de cuivre au même titre,
du formol, du permanganate.
Remarquons en passant que dans les études an¬
térieures j'ai indiqué ces sels ou ces porduits com¬
me extincteurs de luminosité du mycélium, partant
comme antiseptiques.
En résumé, dans cette note, j'indique une com¬
munication de M. Guimot sur la question et signale
■des cultures de (M. le professeur Molliard et quel¬
ques cultures personnelles. J'indique en outre quel¬
ques cas intéressants .d'extension de la maladie et
relate les travaux de M. Gard pour la lutte contre
ce fléau de nos forêts.
Je rapproche enfin ces derniers travaux de mes études antérieures; la simiflitude en est grande.
(1) L'armillaire Mellea et le pourrictié du noyer, par M. Gard.
468 BULLETIN DE L'INSTITUT EU PIN— N° 27 - Août 1926
Rotation : aj =— 33°46 (raiejaune de l'arcaumercure)
av = — 37°70 (raie verte —•
ai = —61°81 (raieindigo — Indices de réfraction.
n2f
= 1.4629n2S = 1.4634.
nf
= 1.4670Distillés dans le vide à la colonne de deux mè¬
tres, puis à la colonne Vigreux (queues), deux kilos
de cette essence nous ont donné 20 fractions dont les caractéristiques sont groupées dans le tableau I.
L'allure de la distillation nous indique immédia¬
tement que l'essence contient en gros 90 % environ
de terpènes et 10 % de queues.
Les courbes de distillation (la fig. 1 n'en repré¬
sente que la dernière partie) présentent d'abord un très Hong palier : jusqu'à la 15e fraction, soit plus
des trois quarts du produit total, les propriétés des
fractions successives sont remarquablement cons¬
tantes; ces propriétés montrent que le constituant
dominant de tête est du pinène lévogyre. L'applica¬
tion de la méthode Darmois permet de déterminer
le pouvoir rotatoire de ce pinène; on trouve une rotation aj = — 42°,6, soit un pouvoir rotatoire h ] = - 48°7.
Nous avons montré d'autre part, chimiquement,
la présence de l'a-pinène par la formation de nitro^- sochlorure.,
La fraction 15 présente un maximum de densité,, Tableau 1
Fractions Tempéra¬
ture Poids Rotations sur10cms V Densité Indices
25 aj cl1o® n j
ai av ai
1 51-55 114 —40.00 - 45,25 -76,47 1.131 0,8620 1,4575
2 — 80 -39 95 — 45 24 —76,92 1,132 0,8620 1,4575
3 — 128 —40,07 —43,30 — 76,82 1,130 — 1,4570
4 — 123 —39,96 —45,23 — 76,75 1,131 — 1.4580
5 — 131 — 39,80 —45,07 —76,25 1,132 — 1,4580
6 — 115 —40,13 - 45,45 — 76,92 1,132 — —
7 — 138 - 39,94 -45,24 — 76,74 1,132 —
'
—
8 — 149 —39,90 —45,21 — 76,50 1,133 — —
9 — 90 —40,00 - 45,25 —76,60 1,131 — 1,4582
10 — 74 - 40,03 —45,35 — 76,80 1 132 1— 1,4584
11 — 121 -40,29 — 45,63 - 71 85 1 132 — 1,4679
12 — 120 -40,12 —44,38 -76 SI 1,131 — 1,4580
13 , _ 143 —40,45 45,74 — — 1,130 0,8629 1,4584
14 55-60 126 —37,85 —42,70 —71,07 1,128 0,8650 1,4613
15 60-60 47 —18,15 — 1964 — 23,75 1,082 0,8731
0,8682
1,4756
16 60-62 73 — 14,17 - 15,16 —16,70 1,069 1 4782
17 65-70 57 -22 18 —24 17 - 31,00 1,089 0,8686 1,4847
18 90-100 36 — 16,75 18 60 -27,62 1,110 0.8924 1 4836
19 115-140 22 + 9.29 +10,85 Invis. 1,167 — 1,4905
20 130 73 +39,92 +46,48 — 1,164 — 1,4982
Résidu 19
C. I. 22
CONTRIBUTION
f
À
l'Eue de roiéo-Bésloe du Pis Tliiùergil
Par M. G. Dupont et Mlle M. Barraud
Le Pinus Thumbergii est la variété de pinla pïus
abondante du Japon. Les produits résineux et, en
particulier, l'essence de térébenthine, ont pris au
Japon une importance considérable tenant parti¬
culièrement à la position de ce pays sur le marché
mondial du camphre et à son désir de conserver son monopole par le développement intensif de la fabrication du camphre synthétique. Il était donc particulièrement intéressant d'étudier la composi¬
tion de l'oléorésine de ce pin japonais qui est ap¬
pelé à prendre une assez grosse importance indus¬
trielle.
L'échantillon de gemme étudié par nous avait
été obligeamment envoyé par le Ministère de l'Agri¬
culture du Japon, cette gemme était blanche, fluide
et nous a donné à la distillation 22,36 % d'une es¬
sence incolore, limpide, ayant une odeur particuliè¬
rement agréable.
Etude de (Cette essence présente
Densité: 0,8661 à 15°.
0,8578 à 2,5°.
l'essence.
les caractères suivants :
BULLETIN DE L'INSTITUT DU PIN —N° 27 - Août 1926 469
une dispersion rotatoire et, en général, des cons¬
tantes physiques qui permettent de considérer cette fraction comme du nopinène assez pur. Nous avons mis en évidence ce constituant par l'oxydation per-
manganique qui nous a donné abondamment du nopinate de soude d'où nous avons d'ailleurs ex¬
trait un acide nopinique bien cristallisé.
Dans la fraction 17, nous avons pu mettre en évidence la présence de dipentène par la formation
de son tétrabromure, 'f. 126°. La forte activité de cette fraction fait penser que le produit dominant
doit être le limonène, mais les constantes physi¬
ques s'écartent assez fortement de celles de ce car¬
bure. Enparticulier, l'existence d'un maximum dans
la courbe des indices pour cette fraction 17 mon¬
tre qu'en outre du Ilimonène et du dipentène, doit
exister dans cette fraction une assez forte propor¬
tion d'un constituant terpénique à indice élevé.
Dans la fraction intermédiaire 16, la valeur du pouvoir rotatoire montre également l'existence
d'un constituant terpénique, à pouvoir rotatoire faible au positif. L'application de la règle de Biot
aux diverses caractéristiques de ces fractions dans
le but de détermienr les proportions de nopinène,
limonène et constituant X présent conduit à une
impossibilité et .l'on doit en conclure que ces: frac¬
tions 16 et 17 contiennent, à côté du nopinène et
du limonène, deux constituants terpéniques diffé¬
rents que nous appellerons X et Y.
Le constituant X, qui domine dans la fraction 16,
semble assez voisin des carènes, mais nous, n'avons pu obtenir de dérivé. cristallisé caractéristique. Le
constituant Y a unindice élevé quile distingue net¬
tement des terpènes connus à ce jour.
En résumé, la fraction terpénique de cette es¬
sence contient en gros : 83 % de pinène.
10 % d'un mélange de nopinène, de limonène (dipentène) et de deux carbures terpéniques Indé¬
terminés.
L'étude des queues de cette essence (fractions passant au-dessus de 80° dans le vide) est fort intéressante.
La fraction 18 distillant entre 85° et JOO0, sous 10 mm,, se montre riche en éther et en alcool.
9,66 % d'éther (calculés en acétate de terpényle).
33,83 % d'alcool (calculés en CioR^O).
ce qui fournit pour l'essence globale une teneur de
1 % environ d'alcool et d'éther. Les porduits alcoo¬
liques recueillis après acétylation et saponification
de la fraction 18, ont une odeur très agréable, qu'ils communiquent à l'essence. La fraction alcoolique possède les caractéristiques suivantes :
«j = — 7°38
— 1,4790
n2v5=
1,4762n?
= 1.4640La fractionalcoolique 90-100°, traitéepar le chlo¬
rure de dipyényl-carbamide fournit une diphény-
luréthane fondant à 52°5, et qui caractérise le nérol.
Les queues de l'essence de pinus tumbergii con¬
tiennent enfin 5, % d'un sesquiterpène. Ce sesquiter- pêne, purifié pardistillation sur le sodium, est inco¬
lore, très fluide; il possède une odeur très fine et les caractéristiques suivantes :
Ebul. sous 10;m/m, 130° : d25 - 0.929
aj = + 42°67 nj = 1.4980
âv = + 50°00 nv= 1,4954
ai = +101°20 ni = 1,4792
Analyse
Trouvé C = 87,53 %. H = 11,9 %
Calculé pour : C = 88,23 %. H = 11,76 %
J1 fournit un bromhydrate fondant à 7'0i°;
un chlorhydrate fondant à 66°.
qui cristallisent tous deux en très beaux cristaux.
Notons que ce sesquiterpène particulier est un des
très rares sesquiterpènes tirés des essences, qui
donne des dérivés cristallisés; nous pensons pou¬
voir lui donner le nom de thumbergilène, nom rap¬
pelant son origine.
Ce sesquiterpène donne des réactions colorées
avec Iles réactifs des cholestérfines.
En queue .de distillation, passent enfin des, pro¬
duits oxygénés. En conclusion, l'essence de pinus thumbergii contient :
a pinène lévogyre 83 %
Nopinène, dipentène et limonène
terpènes X et Y OU) %
.Alcool terpénique (nérol) . 1 % 'Sesquiterpène (thumbergilèn'e) . . 5 %
Produits oxygénés 1 %
Elle se classe parmi Iles essences de térébenthines'
riches en pinène; elle est donc susceptible de four¬
nir la matière première aux grandes synthèses in¬
dustrielles et ce point intéresse tout particulière¬
ment le Japon, nous l'avons dit.
Etude de la colophane de Pinus Thumbergii.
L'un de nous a exposé dans des publications an¬
térieures, la relation qui semble exister entre les
constituants volatils et les constituants acides des
— 2 -
470 BULLETIN DEL'INSTITUT DU PIN— N° 27- Août 1926
résines, il était intéressant de vérifier les conclu¬
sions de ces hypothèses/dansle cas dupinus Thum- hergii. OLa forte proportion de pinène dans l'essence
idoit entraîner la présence, dans la résine, d'une proportion d'acides donnant par isomérisation de l'acide abiétique; c'est ce que nous avons vérifié.
Nous avons utilisé dans ce but la méthode pré¬
cédemment développée par l'un de nous (1), qui
consiste à isomérer un poids donné de colophane
par l'acide chlorhydrtique et à précipiter l'acide abiétique, formé en solution alcoolique, sous forme d'abiétate acide de soude, à extraire celui-ci et ià le peser.
Nous avons ainsi isomérisé à l'ébullitiion 25 gr.
de colophane dissous dans 50 gr. d'alcooll par (1) G. Dupont, Bernetteet Desalbres, Bulletin Société Chimie, t. 39-iO.
p. 488, 4esérie.
Occ.75 de HO dissous dans 5cc. d'alcool; après
des durées variables d'isomération, on a ainsi ob¬
tenu : |
Duréedisomérisation
20 minutes
30 -
40 -
Rendementen :
abiétateacide
84,8 o/0 83,2 76,0
acideabiétique
83,2.0/0 81,7 74,6
L'isomérisation est donc, dans ces conditions, complète en 20 minutes comme pour la colophane d'Alep, et elle donne un rendement en acide abié¬
tique pratiquement égal à celui donné par cette colophane; ceci concorde avec la parenté que nous
avons observée entre l'esencè de pinus Thumbergii
et l'esence d'Alep : le pinène constitue la presque totalité des deux essences et l'acide abiétique la
presque totalité des deux colophanes.
MÉCANIQUE GÉNÉRALE
-INSTALLATION D'USINES
RÉSINEUX
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BULLETIN DE L'INSTITUT DU PIN —
f°
£7 - Août 1926 471G. S. 23
L'H YDROTERPIN E
et aotrss Fro5iiit> dérivant ôe i'tftuJe ôe Fin
L'hydrogénation étend tous les jours le domaine
de ses applications. En remplaçant îles doubles
liaisons; des 'divers produits organiques par des
liaisons simples, elle influe favorablement sur les propriétés de ces produits, soit en changeant leur
état et leurs constantes physiques, soit en les renr dant plus, stables et en supprimant leur tendance
à la polymérisation.
iC'est ainsi que sont nées les industries des grais¬
ses et huiles lourdes, des naphtalines et phénols hydrogénés (tétraline, décalme, cyclohexanol, etc.)
On a enfin trouvé le moyen de convertir par hy- dogénation les huiles secondaires extraites de di¬
verses parties des conifères et connues sous les
noms d'huile de pin, kiénol, etc...,, en matières nou¬
velles, aux propriétés grandement améliorées et pouvant se substituer à l'essence de térébenthine
vraie.
L'hydrogénation de l'huile de pin a conduit à l'hydroterpine.
Divers autres procédés sont également employés pour obtenir des produits de valeur, à partir soit
de l'huile de pin, soit d'autres' huiles semblables.
Propriétés de l'hydroterpine.
D'après Hueter, l'hydroterpine est un liquide
incolore miscible en toutes proportions aux huiles
et aux graisses. Sa densité à 15°G est '0.8816. Elle bout entre 170° et 190°G. Son point d'inflammation
est59° G. Son odeur rappelle nettement le limonène,
elle diffère totalement de celle de l'huile de pin.
Son pouvoir solvant vis-à-vis des résines s'appro¬
che de celui de l'essence de térébenthine. Elle don¬
ne lentement la réaction d'un péroxyde comme l'es¬
sencede térébenthine. Elle ne contient pas d'hydro¬
carbures aromatiques, tels que le benzol, le solvant naphta ou la tétraline.
La vitesse d'évaporation de (l'hydroterpine est égale ou de très peu inférieure à celle de l'essence
de térébenthine. Comparant les vitesses d'évapo¬
ration des divers solvants pour vernis, Wolff donne les résultats numériques suivants rapportés à la durée d'évaporation du xylol prise pour unité :
Hydroterpii^e
. . 1.8White spirit (1.7
Benzine 2.1
Essence de térébenthine américaine . . 1.6,
■Huile de pin pollonaise 2.0
Essence de térébenthine allemande ... 1.9 Le lustre et la dureté des vernis à rhydroterpine - sont également les mêmes que pour l'essence de
térébenthine américaine. Ces vernis s'étendent avec
la même facilité sous la brosse.
Préparation de L'hydroterpine.
Cette industrie a pris naissance en Allemagne..
Divers brevets ont été pris en vue de cette fabri¬
cation.
L'hydrogénation par catalyse se fait avec une huile de pin purifiée en la mélangeant à de la chaux
et la distillant à la vapeur d'eau. Le catalyseur est
un oxyde métallique en poudre ou en métal. En gé¬
néral, on emploie le nickel. Quand la matière a ab¬
sorbé 1 ù 2 molécules d'hydrogène, on obtient un
produit incolore dont 80 % passe entre 150°G et 180°G, c'est l'hydroterpine.
Un autre brevet préconise l'hydrogénation par
l'hydrogène ou des; gaz qui en contiennent, en pré¬
sence d'eau à température ordinaire ou élevée et
sous pression ordinaire ou élevée également.
Divers autres procédés d'amélioration des huiles de pin et des produits analogues.
•L'huile de pin fournit d'autres produits intéres¬
sants grâce à des méthodes de raffinage autres que
l'hydrogénation.
On désodorise (l'huile de pin en la pulvérisant par
un jet de vapeur et d'air dans une chambre éclairée par la lumière du jour. La désodorisation peut être
obtenue en quelques heures si on accroît la teneur
en oxygène de l'air.
Un autre brevet préconise l'emploi du charbon
actif finement divisé ajouté à l'huile de pin dans laquelle on insuffle de l'air.
On oxygène également l'huile de pin par l'ozone
en présence d'acide acétique et d'eau.
Une série de brevets donnent le moyen de puri¬
fier l'huile de pin en employant les alcalis, les mé¬
langes alcalins ou alcalino terreux, le zinc en pou¬
dre, l'ammoniaque aqueux ou le gaz ammoniac qui
élinrinent des constituants aldéhydiques et cétoni-
ques.
Le traitement à l'acide ehlorhydrique concentré, après élimination des phénols, par les alcalis, trans¬
forme les matières 'à odeur pénétrante en composés
chlorés solubles dans l'eau, alors que les terpènes
restent inattaqués.
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472 BULLETIJ DEL'INSTITUTBU PIN— N° 27 - Août 1926
Une série de brevets s'occnpent particulièrement
du raffinage de l'espèce d'essence de térébenthine
recueillie au cours de la fabrication de la pâte à papier. La mauvaise odeur de l'essence est due aux
mercaptans. On les élimine soit par traitement à l'acide sulfurique suivi d'une distillation fraction¬
née, soit par l'emploi de bioxyde ou de protoxyde d'azote qui oxydent les mercaptans en .sulfon.es, soit par l'ammoniaque ou des lessives alcalines contenant en dissolution des oxydes de métaux' lourds : oxyde de zinc ou de plomb.
La désulfuration de cette essence s'obtient égale¬
ment en la chauffant, en vase ouvert, avec du pero¬
xyde de sodium finement pulvérisé, ou même avec les peracides et leurs sels, percabonate, perborate, persulfate de sodium en ayant soin d'éviter l'acidi¬
fication de l'essence et par suite les pertes en pi- nène, en ajoutant des alcalis.
On préconise enfin le raffinage de l'essence de térébenthine de bois en combinant à l'action chi¬
mique de divers sels, chlorure de zinc, de cuivre,
ou chlorure ferrique, solubles dans l'alcool et qui
se mélangent à l'essence, l'action de rayons lumi¬
neux à courtes longueurs d'ondes qui détruisent les matières malodorantes.
D'après le Dr J.-H. Frydlender,
Revue des Produits Chimiques
du 31-12-1925, n° 24, M. Barraud, Ingénieur-Chim iste.
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