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Commission d’étude sur la maximisation des retombées économiques de l’exploitation des ressources naturelles dans les régions ressources

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(1)

Mémoire déposé dans le cadre de la

Commission d’étude

sur la maximisation des retombées économiques de l’exploitation des ressources naturelles

dans les régions ressources

Région : Côte-Nord

Par :

Le 10 février 2003

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Table des matières

Avant-propos……….……….. 3

1. Introduction……….. 4

2. Le Québec : au cœur des préoccupations d’Abitibi -Consolidated… 5 a. Acteur important du développement des régions 5 b. Achats au Québec, ventes à l’étranger 6 c. Le développement durable : une priorité 7

d. Une complémentarité essentielle 9

3. Un pilier de l’économie de la Côte -Nord ……… 11 a. L’industrie forestière, principal secteur manufacturier régional 11 b. Les usines d’Abitibi-Consolidated sur la Côte-Nord 12 c. Abitibi-Consolidated, un atout incontournable 13 d. Des revenus considérables pour les gouvernements 14 e. Sur la Côte-Nord, rien ne se perd, tout se transforme 15 f. Récolte et travaux sylvicoles qui tiennent compte du milieu 17 g. Recherches et concertation, sources de partenariats 18

4. Recommandations………. 20

5. Conclusion……… 24

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Avant-propos

Abitibi-Consolidated est le 3e plus important employeur industriel du Québec.

Elle y procure 9 500 emplois directs et environ 19 000 emplois indirects et induits, pour un total de 28 500 emplois.

Depuis la consolidation des actifs d’Abitibi-Price, de Stone-Consolidated et de Donohue au sein d’Abitibi-Consolidated, l’entreprise possède, sur la Côte-Nord, une usines de papier journal, deux usines de sciage, une usine de préparation de bois (rabotage) en plus d’être actionnaire à 60 % de La Compagnie hydroélectrique Manicouagan.

Quelques chiffres permettent de mieux cerner l’impact que peut avoir une entreprise comme Abitibi-Consolidated dans une région aussi peu peuplée que la Côte-Nord. Plus de 2 275 personnes travaillent pour l’entreprise, laquelle injecte dans l’économie 95,4 millions de dollars sous forme de salaires et 239 millions de dollars en achats de biens et services de toutes natures, dont 38 % sont réalisés dans la région même. Ses investissements annuels moyens y totalisent 29,5 millions de dollars. Plus de 53 millions de dollars sont finalement versés annuellement aux divers paliers de gouvernements, dont 90 % au seul gouvernement du Québec.

Preuve d’un engagement certain envers le développement durable et d’une longue présence en forêt sur la Côte-Nord, Abitibi-Consolidated réalise 50 % de l’ensemble des travaux d’aménagement forestiers de la région, alors que ses attributions de récolte ne dépassent pas les 30 %. De plus, toute la matière ligneuse récoltée est utilisée directement par l’entreprise ou indirectement par d’autres intervenants de la région.

Les divers frais relatifs aux travaux sylvicoles de l’entreprise ont totalisé 10,6 millions de dollars au cours de la seule année 2001 (les données de 2002 ne sont pas encore disponibles). Environ 300 kilomètres de chemins forestiers, au coût de cinq millions de dollars, sont également ouverts par Abitibi-Consolidated à chaque année, au grand plaisir des amateurs de plein air, de chasse et de pêche de la région qui peuvent ainsi accéder à de nouveaux territoires pour leurs loisirs préférés.

Dans le cadre de l’actuelle Commission, Abitibi-Consolidated présente certaines recommandations susceptibles d’aider à identifier des pistes pour maximiser encore davantage les retombées économiques des entreprises forestières déjà établies sur la Côte-Nord.

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1- Introduction

Abitibi-Consolidated Inc. est un chef de file mondial dans les secteurs du papier journal et des papiers de pâte mécanique non couchés à valeur ajoutée.

Elle détient des participations dans 27 usines papetières situées au Canada, aux États -Unis, au Royaume-Uni et en Asie ainsi que dans 22 scieries, trois installations de transformation secondaire et dix centres de recyclage. Abitibi - Consolidated emploie 16 500 personnes à travers le monde et vend ses produits dans près d’une centaine de pays. Son chiffre d’affaires en 2002 a atteint 5,3 milliards de dollars. Son siège social international est établi à Montréal et compte à lui seul 375 employés.

Consciente de l’intérêt qu’a le gouvernement du Québec de maximiser, en régions, les retombées économiques de l’utilisation des ressources naturelles en général et, plus particulièrement de la forêt, Abitibi-Consolidated est heureuse de participer aux travaux de cette Commission d’étude.

Bien que l’entreprise en soit une d’envergure internationale, le présent mémoire démontrera, dans un premier temps, que le Québec est au cœur même de ses activités et que cette concentration géographique lui permet une complémentarité d’activités qui a été et qui demeure nécessaire à son développement.

C’est sur la Côte-Nord qu’Abitibi-Consolidated opère en propriété exclusive sa plus importante usine de papier ainsi qu’un des plus importants complexes de sciage d’Amérique du Nord. Ces importantes unités de production n’en constituent pas moins une force économique majeure pour cette région peuplée d’à peine 100 000 habitants.

La seconde partie du présent mémoire tracera le portrait de ce véritable pilier de l’économie régionale et tentera, entre autres, de démontrer comment chacune des unités de l’entreprise vit en symbiose avec les autres composantes d’Abitibi - Consolidated, mais également avec certains partenaires de l’industrie forestière ainsi qu’avec une multitude d’autres collaborateurs régionaux.

L’industrie forestière fait actuellement face à d’énormes défis en ce début de 21e siècle. Malgré cette période difficile, certaines avenues de maximisation des retombées économiques de l’utilisation des forêts méritent d’être examinées de plus près. Nous profitons de la création de cette Commission pour vous faire part de nos réflexions sur le sujet.

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2- Le Québec : au cœur des activités d’Abitibi-Consolidated

Malgré son envergure internationale, c’est ici au Québec qu’Abitibi-Consolidated a développé la plus forte proportion de ses activités, que ce soit dans le secteur des pâtes et papiers, du bois de sciage, de la transformation secondaire ou même de la production hydroélectrique.

Concentration, au Québec, des activités d’Abitibi-Consolidated

Activité Production au Québec Production totale Prod. au Québec / prod. totale (en %) Sciage 1,8 milliard de pmp2 2,2 milliards de pmp 84,0 % 2e ou 3e transformation

du bois de sciage 240 millions de pmp 240 millions de pmp 100 %

Pâtes et papiers 3 305 000 tm1 7 909 000 tm 41,8 %

Hydroélectricité (puiss.) 471 MW 669 MW 70,4 %

1 Tonnes métriques

2 Pieds mesures de planche. Un pied mesure de planche équivaut à une pièce de bois de 1 pouce d’épaisseur sur 1 pied de largeur sur 1 pied de longueur. 1 000 PMP équivalent à 2,36 mètres cubes de bois.

Elle y exploite neuf usines de papier, 15 scieries, trois usines de seconde transformation ainsi que huit centrales hydroélectriques. Elle détient également des participations dans cinq autres scieries, dans une usine de pâte commerciale ainsi que dans une usine de troisième transformation.

a) Acteur important du développement des régions

Abitibi-Consolidated est présente dans 23 municipalités différentes et dans sept des dix-sept régions administratives du Québec, à savoir l’Abitibi - Témiscamingue, la Capitale-Nationale, la Côte-Nord, la Mauricie, le Nord-du- Québec, le Saguenay-Lac-Saint-Jean et Montréal.

Les activités d’Abitibi -Consolidated constituent bien souvent le principal apport à l’économie de plusieurs communautés du Québec. Soucieuse de maintenir des liens étroits avec ces dernières, Abitibi-Consolidated est partenaire d’une dizaine de projets de forêt habitée, collabore avec plusieurs institutions d’enseignement supérieur et entretien des relations suivies avec nombre d’autres intervenants en forêt.

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Emplacement des usines possédées en propriété exclusive par Abitibi-Consolidated au Québec

Région administrative Localité Activité

Abitibi-Témiscamingue Amos Champneuf Senneterre

Pâtes et papier Scierie

Scierie Capitale-Nationale Beaupré

Château-Richer Clermont Saint -Hilarion

Pâtes et papier

Transformation secondaire Pâtes et papier

Scierie

Côte-Nord Baie-Comeau

Baie-Comeau Pointe-aux-Outardes

Pâtes et papier

Centrale hydroélectrique Scieries (2)

Mauricie La Tuque

Shawinigan (Belgo) Shawinigan (Laurentide)

Scierie

Pâtes et papier Pâtes et papier Nord-du-Québec Mun. de la Baie-James (Comtois) Scierie

Saguenay — Lac -Saint-Jean Alma

Chibougamau (millage 54) Girardville

La Doré Normandin Petit-Saguenay Roberval

Saguenay (Kénogami) Saguenay (Port-Alfred) Saguenay

Saint -Fulgence Saint -Prime Saint -Prime Saint -Thomas

Pâtes et papier Scierie

Scierie Scierie

Préparation de bois Scierie

Scierie

Pâtes et papier Pâtes et papier

6 centrales hydroélectriques Scierie

Scierie

Transformation secondaire Scierie

Montréal Montréal Siège social

b) Achats au Québec, ventes à l’étranger

Abitibi-Consolidated est le 3e plus important employeur industriel du Québec, après Bombardier et Alcan. Elle y procure 9 500 emplois directs et environ 19 000 emplois indirects et induits, pour un total de 28 500 emplois. Près de 1 milliard de dollars sont versés en salaires et avantages sociaux chaque année aux employés d’Abitibi-Consolidated au Québec.

Les salaires qu’elle offre dans le secteur des pâtes et papiers dépassent en moyenne 50 000 $ par année et sont de 40 % supérieurs à ceux offerts dans les autres secteurs manufacturiers québécois. La plupart des secteurs perçus positivement de la part des Québécois (le plus souvent localisés dans les grands centres) offrent des rémunérations bien en dessous de celles attribuées aux travailleurs du papier. À titre comparatif, les données contenues dans la publication Industries manufacturières du Québec 1995-2000 publiée par l’Institut de la statistique du Québec démontrent que le traitement annuel des travailleurs

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du secteur des pâtes et papiers est 20 % plus élevé que celui des travailleurs de l’industrie des produits informatiques et électroniques et 19 % supérieur à celui des employés de l’industrie du matériel de transport.

Les dépenses annuelles en biens et services d’Abitibi-Consolidated représentent environ 1,5 milliard de dollars et sont principalement effectuées dans les régions du Québec où la Société est présente. Depuis 1995, l’entreprise a investi, uniquement au Québec, près de 2 milliards de dollars pour moderniser ses installations.

Au plan des approvisionnements en fibre, Abitibi-Consolidated est un des principaux acheteurs de bois auprès des propriétaires de lots privés et également un des plus importants acheteurs de copeaux. Pour compléter l’approvisionnement de ses usines, Abitibi-Consolidated détient des contrats d’approvisionnement et d’aménagement forestier (CAAF) pour un volume total de près de 7,4 millions de mètres cubes, soit environ 27 % de toutes les attributions de volumes résineux en provenance de la forêt publique. En incluant les autres usines dans lesquelles Abitibi-Consolidated détient une participation, ce pourcentage s’élève à 31 %.

Les usines québécoises d’Abitibi-Consolidated font essentiellement appel à des intrants disponibles au Québec même. En plus de donner de l’emploi direct à 9 500 travailleurs québécois, Abitibi-Consolidated :

Ÿ achète son électricité au Québec;

Ÿ se procure l’essentiel de sa fibre (bois rond, sciures, planures, copeaux, papiers récupérés) au Québec;

Ÿ donne en contrats une partie appréciable de ses travaux sylvicoles et de récolte à de nombreuses entreprises forestières de la région;

Ÿ est un des plus importants utilisateurs des services québécois de camionnage;

Ÿ réalise auprès d’entreprises de sous -traitance québécoises une grande partie de ses dépenses en usinage de pièces et en entretien de toutes natures;

Ÿ fait appel à une multitude d’autres services spécialisés (ingénieurs conseils, spécialistes en environnement, informaticiens, avocats, administrateurs, banquiers, etc.).

c) Le développement durable : une priorité

Abitibi-Consolidated s’est engagée à aménager les forêts qui lui sont confiées selon les principes d’aménagement forestier durable. À cette fin, le domaine forestier d’Abitibi-Consolidated a complété en 2002 la certification, par un auditeur indépendant, des systèmes de gestion environnementale et forestière de toutes ses divisions forestières. Ces systèmes répondent à la norme ISO- 14001 et ont la particularité de prendre en compte les critères d’aménagement

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forestier durable des forêts établis par le Conseil canadien des ministres des forêts. L’entreprise, dans une deuxième phase, s’est récemment engagée à faire évoluer ses systèmes de gestion pour répondre aux exigences de la norme CSA (Association canadienne de la normalisation) dans toutes ses opérations forestières sur forêt publique au Canada, et la norme SFI (Sustainable Forestry Initiative) pour tous les terrains forestiers privés de la Société, et ce d’ici la fin de 2005.

L’usine de papier journal de Baie-Comeau est à la fois détentrice de la certification ISO-9001 (processus de production) et de la certification ISO-14001 (système de gestion environnementale). Les usines de sciage situées à Pointe- aux-Outardes devraient obtenir leur certification ISO-14001 d’ici la fin de l’année 2003.

Chez Abitibi -Consolidated, nous savons que la viabilité à long terme de notre entreprise dépend de la durabilité des ressources naturelles. Nous sommes déterminés à continuer à protéger et à valoriser ces ressources. En le faisant, notre objectif est de chercher sans cesse à mieux répondre aux attentes de nos clients, de nos actionnaires, de nos employés, ainsi que des communautés dans lesquelles nous sommes établis, et ce, dans l’intérêt de la société d’aujourd’hui et des générations futures.

Les activités d’aménagement forestier réalisées par Abitibi-Consolidated sont variées et comprennent notamment la récolte avec protection de la régénération et des sols, les coupes de jardinage, l’éclaircie précommerciale, l’éclaircie commerciale, le drainage et le reboisement. Bien qu’une régénération abondante et vigoureuse soit présente pour assurer le renouvellement de la forêt pour 75 à 80 % des superficies récoltées, plus de 40 millions de semis sont mis en terre à chaque année sur les territoires aménagés par Abitibi-Consolidated au Québec.

Consciente de la nécessité d’améliorer constamment la connaissance des écosystèmes forestiers et de développer de meilleures façons d’aménager la forêt dans une perspective de développement durable, Abitibi-Consolidated est un membre actif de la Chaire industrielle en aménagement forestier durable de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) et de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), laquelle vise à assurer le développement et la qualité des activités de recherche, formation et transfert technologique nécessaires à l'élaboration et à l'application de stratégies et de pratiques d'aménagement forestier durable.

De plus, l’entreprise est membre du Réseau de centres d’excellence sur la gestion durable des forêts et du Consortium de recherche sur la forêt boréale commerciale de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), organisme qui a su apporter une vision nouvelle des modes de régénération de notre forêt boréale et qui nous a permis d’adapter nos méthodes de récolte en conséquence. Elle est

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également associée à plusieurs projets de recherche réalisés au Centre de foresterie des Laurentides ainsi que par des professeurs-chercheurs de la Faculté de foresterie, de géomatique et de géographie de l’Université Laval.

Enfin, Abitibi -Consolidated est un des partenaires essentiels de la Forêt modèle du Bas-Saint-Laurent (située près de Rimouski) en mettant, entre autres, ses terrains privés à la disposition de cet organisme.

d) Une complémentarité essentielle

Pour Abitibi-Consolidated, un des principaux objectifs de ses activités à valeur ajoutée est de permettre une complémentarité avec ses activités de sciage primaire. Cette synergie permet en effet de maximiser les recettes provenant d’une même quantité de matière ligneuse et de diversifier la gamme des produits offerts sur les marchés. De plus, ces activités de deuxième ou troisième transformation permettent de réduire les coûts reliés à l'exportation du bois d’œuvre, particulièrement aux États -Unis, par la mise en marché de produits exempts de taxes ou de droits spéciaux.

La fabrication de produits de bois à valeur ajoutée (2e ou 3e transformation) étant tributaire de la transformation primaire des usines de sciage, il faut s’assurer de maintenir le niveau de production actuel de ces usines. Toute réduction de ce niveau de production réduira d’autant les possibilités d’établir de la seconde ou troisième transformation.

L’atteinte d’une certaine masse critique minimum est un autre facteur à ne pas négliger pour assurer la viabilité à long terme des projets de valeur ajoutée.

Les divers intervenants du milieu doivent donc faire preuve de prudence avant de se lancer dans une aventure dont l’issue peut être incertaine. En effet, en cas d’échec, ce ne serait pas uniquement la nouvelle unité de production qui serait affectée, mais bien l’ensemble des divisions en amont de cette entreprise de seconde ou de troisième transformation.

Présentement objet de nombreuses discussions, tant au gouvernement du Québec qu’au sein de l’industrie, les baisses appréhendées de possibilités forestières pourraient également avoir, à court terme, un effet pernicieux sur la viabilité des usines actuelles de seconde ou troisième transformation, et même compromettre tout projet futur.

Pareille diminution de la possibilité forestière entraînerait, dans un premier temps, une réduction équivalente des approvisionnements de toutes les usines québécoises, tant celles de sciage, de pâte et papier, que 2e et 3e transformation.

Or, l’énorme valeur des actifs des usines papetières aura tôt fait de convaincre les scieurs (tant intégrés qu’indépendants) d’augmenter la proportion de copeaux

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produits de manière à maintenir ouvertes les usines de pâtes et papiers réparties dans seize des dix-sept régions administratives du Québec. Pareille augmentation de l’importance relative des copeaux exercerait alors une pression à la hausse sur leur prix, donc sur la compétitivité des papetières québécoises.

Effet non moins important, seules les pièces de bois de la plus haute qualité sortiraient alors des scieries sous forme de bois d’œuvre. Or, toute hausse de qualité entraînerait nécessairement une baisse du volume des produits de sciage de basse qualité et une augmentation proportionnelle du prix de vente de ces bois . En conséquence, les usines de deuxième ou troisième transformation subiraient une double pénalité en terme d’approvisionnement (baisse généralisée à cause d’une réduction des CAAF et seconde baisse due à une moins grande disponibilité des produits de sciage de basse qualité) en plus d’une hausse généralisée de leurs coûts d’approvisionnement.

Dans un tel contexte, vouloir développer une véritable filière de seconde ou troisième transformation risque d’aboutir à de cuisants échecs si aucune mesure efficace n’est rapidement prise pour pallier aux éventuelles diminutions des contrats d’approvisionnement et d’aménagement forestier.

(11)

3-

Un pilier de l’économie de la Côte -Nord

Deuxième plus vaste région du Québec, la Côte-Nord est également une des moins peuplées avec 101 000 habitants, dont 80 000 sont répartis sur une mince bande de terre couvrant 0,6 % de la superficie de la région. Le réseau routier considérablement limité et les coûts d’accès relativement élevés aux grands centres de consommation nord-américains sont aussi caractéristiques de cette zone boréale.

a) L’industrie forestière, principal secteur manufacturier régional

L’industrie forestière est le premier secteur manufacturier à s’être développé dans la région. Malgré la détérioration des conditions du marché survenue depuis 2001, laquelle a entre autres obligé les entreprises à rationaliser leurs activités, les secteurs sciage et papiers occupent encore près d’un emploi manufacturier sur deux dans la région.

Tous secteurs économiques confondus, Abitibi-Consolidated se situe au 3e rang des plus importants employeurs de la région, juste derrière la Compagnie minière Québec Cartier et le fabricant d’aluminium Alcoa, mais devant Hydro-Québec et la Compagnie minière IOC.

Désireux de mesurer le rôle majeur joué par l’industrie de la transformation du bois dans les municipalités et municipalités régionales de comté (MRC) québécoises, le ministère des Ressources naturelles du Québec s’est attardé à mesurer la dépendance de ces entités géographiques face à l’industrie forestière en termes d’emplois. Les résultats obtenus sont révélateurs. Selon cette étude réalisée en 2000, les emplois manufacturiers des MRC Haute-Côte-Nord et Manicouagan dépendent respectivement à 77 % et à 58 % de l’industrie de la transformation du bois.

Dépendance des MRC de la Côte-Nord face à l’industrie de la transformation du bois en terme d’emplois manufacturiers

Municipalité régionale de comté % de dépendance

La Haute-Côte-Nord 77,3 %

Manicouagan 57,7 %

Sept -Rivières 12,8 %

Source : Ministère des Ressources naturelles du Québec. L’industrie de la transformation du bois, une présence vitale dans plusieurs municipalités québécoises. Octobre 2000.

N.B. Les données relatives aux MRC de la Basse-Côte-Nord, de la Caniapiscau et de la Minganie n’ont pas été compilées dans cette étude.

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b) Les usines d’Abitibi-Consolidated sur la Côte-Nord

Depuis la consolidation des actifs d’Abitibi-Price, de Stone-Consolidated et de Donohue au sein d’Abitibi-Consolidated, l’entreprise possède, sur la Côte-Nord, une usine de papier journal, deux usines de sciage, une usine de rabotage en plus d’être actionnaire à 60 % de La Compagnie hydroélectrique Manicouagan.

Usines d’Abitibi-Consolidated sur la Côte-Nord Municipalité

(usine)

Employés Produits Quantité/an Participation en %

Baie-Comeau 877 Papier journal 546 000 tonnes 100 %

Baie-Comeau

(Co. hydroélec. Manicouagan)

19 Électricité 321 MW 60 %

Pointe-aux -Outardes (3 unités)

404 Bois d’œuvre Rabotage Copeaux

340 M pmp 300 M pmp 400 000 tonnes

100 %

TOTAL 1 300

Au total donc, ce sont 1 300 personnes qui travaillent dans une des usines d’Abitibi-Consolidated sur la Côte-Nord (sans compter les travailleurs forestiers et sylvicoles dont il sera question plus loin). Le secteur papetier compte pour environ 67 % de ces emplois (877), le secteur sciage et rabotage pour 31 % (404) et la production hydroélectrique pour près de 2 % (19).

Les 546 000 tonnes de papier produites à l’usine de Baie-Comeau font de cette dernière la plus importante papetière d’Abitibi-Consolidated. Les usines localisées à Pointe-aux-Outardes produisent pour leur part 340 millions de pieds mesure de planche (pmp) de bois d’œuvre (incluant colombage) en plus de raboter 300 millions de pmp de bois produits dans les deux scieries de l’entreprise. La centrale hydroélectrique située à Baie-Comeau produit quant à elle près de la moitié de l’énergie issue de l’ensemble des centrales de la Société.

En plus d’être directement à l’origine d’une partie importante des emplois offerts dans les municipalités où elle est implantée, Abitibi-Consolidated est également à l’origine d’une multitude d’autres activités complémentaires à celles de l’indus trie forestière. Des centaines de travailleurs sylvicoles (voir sections suivantes) et de camionneurs mais également des ingénieurs, des spécialistes en environnement et des fournisseurs de toutes natures profitent indirectement de la présence d’Abitibi-Consolidated sur la Côte-Nord et, donc, de cette grande richesse collective qu’est la forêt.

(13)

c) Abitibi-Consolidated, un atout incontournable

Tel que mentionné précédemment, 1 300 personnes sont à l’emploi des usines d’Abitibi-Consolidated dans la région. Si, à ce total, on ajoute les 975 travailleurs forestiers et sylvicoles employés par l’entreprise, ce sont 2 275 personnes qui tirent un revenu découlant de la présence d’Abitibi-Consolidated sur la Côte- Nord.

Employés travaillant pour Abitibi-Consolidated sur la Côte-Nord

Secteur Permanents Temporaires Total

Pâtes et papiers 638 239 877

Sciage 317 87 404

Forêt 551 424 975

Hydroélectricité 19 0 19

TOTAL 1 525 750 2 275

Plus de 95 millions de dollars par année sont ainsi directement injectés dans l’économie de la région sous forme de salaires et bénéfices marginaux. Une forte proportion de ces revenus familiaux sera à son tour dépensée à l’intérieur de la région, laquelle bénéficiera donc doublement des retombées induites par la présence d’Abitibi-Consolidated.

Masse salariale assumée par Abitibi-Consolidated sur la Côte-Nord en 2002

(incluant bénéfices marginaux)

Pâtes et papiers 48 500 000 $

Scieries et préparation de bois 19 500 000 $

Forêt 26 000 000 $

Hydroélectricité 1 400 000 $

TOTAL 95 400 000 $

Les secteurs pâtes et papiers, scieries, forêt et production hydroélectrique d’Abitibi-Consolidated sur la Côte-Nord sont également à l’origine d’investissements annuels moyens d’une valeur de 29,5 millions de dollars. Ces derniers visent essentiellement à améliorer la compétitivité des opérations en place et la qualité des produits fabriqués.

(14)

Investissements annuels par Abitibi-Consolidated sur la Côte-Nord

(moyenne des années 1997 -2002)

Pâtes et papiers 23 200 000 $

Scieries 2 000 000 $

Forêt 1 500 000 $

Hydroélectricité 2 800 000 $

TOTAL 29 500 000 $

Enfin, les achats en biens et services de l’entreprise ont totalisé 239 millions de dollars au cours de la seule année 2002. Plus important encore pour l’économie régionale, 38 % de ces achats ont été effectués auprès d’entreprises situées sur la Côte-Nord, 46 % auprès d’entreprises québécoises basées à l’extérieur de la région et 16 % auprès d’entreprises localisées à l’extérieur du Québec.

Achats de biens et services en 2002 des installations d’Abitibi-Consolidated situées sur la Côte-Nord

Sur la Côte-Nord Québec (autres régions)

Extérieur du Québec

TOTAL Pâtes et papiers

45 900 000 $ 76 400 000 $ 32 800 000 $ 155 100 000 $ Scieries et forêt 42 000 000 $ 20 000 000 $ 2 000 000 $ 64 000 000 $ Hydroélectricité 3 145 000 $ 13 798 000 $ 3 337 000 $ 20 280 000 $ TOTAL ($) 91 045 000 $ 110 198 000 $ 38 137 000 $ 239 380 000 $

TOTAL (%) 38 % 46 % 16 % 100 %

d) Des revenus considérables pour les gouvernements

Employeur régional de premier plan versant une masse salariale considérable à ses milliers de travailleurs, important investisseur et acheteur de biens et de services tout aussi dominant, Abitibi -Consolidated contribue également aux revenus des divers paliers de gouvernements.

Au cours de la seule année 2002, c’est plus de 53 millions de dollars qu’elle a ainsi versé en droits forestiers, en paiements d’électricité et en taxes et redevances de toutes sortes. De ce montant, plus de 90 % sont destinés au gouvernement du Québec ou à une de ses agences, le reste étant réparti entre le gouvernement fédéral et les municipalités où se déroulent les activités de l’entreprise.

(15)

Paiements aux gouvernements par les unités d’Abitibi-Consolidated situées sur la Côte-Nord

(excluant l’impôt provincial et fédéral)

Hydro-Québec 20 800 000 $

Redevances – électricité (baux et royautés) 5 712 000 $

Redevances forestières 14 000 000 $

Commission de la santé et de la sécurité au travail 1 125 000 $

Régime d’assurance maladie du Québec 3 865 000 $

Régime des rentes du Québec 2 567 000 $

Taxes municipales et scolaires 3 550 000 $

Assurance emploi 1 686 000 $

TOTAL 53 305 000 $

e) Sur la Côte-Nord, rien ne se perd, tout se transforme

La concentration, au Québec, d’une partie plus qu’appréciable des activités d’Abitibi-Consolidated permet à cette dernière de profiter d’intéressantes synergies. Présente autant en forêt qu’en transformation primaire et secondaire (usine de papier journal) de la matière ligneuse, productrice d’une partie de l’hydroélectricité pour combler ses besoins, Abitibi-Consolidated tend à orienter son développement vers des activités valorisant tant ses produits que les sous - produits issus de ses activités de sciage et de fabrication de papier.

Dans la forêt publique de la Côte-Nord, 1,5 millions de mètres cubes de bois sont récoltés annuellement par Abitibi-Consolidated. L’arbre est d’abord acheminé vers une scierie pour être transformé en bois d’œuvre (34 % du volume récolté), lequel est utilisé pour de la 2e et de la 3e transformation (25,5 % en incluant l’approvisionnement de la nouvelle entreprise de solives en I de Larouche qui débutera ce printemps) ou vendu sur les marchés libres (74,5 %) .

Les copeaux provenant de la production du bois d’œuvre (46 % des volumes récoltés) sont aujourd’hui utilisés à 100 % par l’usine de papier journal d’Abitibi - Consolidated située à Baie-Comeau. Les copeaux sont devenus depuis plus d’une dizaine d’années de véritables sources de revenus pour nombre de scieries québécoises.

Encore récemment considérés comme des déchets, les sciures et planures issues des scieries nord-côtières d’Abitibi-Consolidated (11 % des volumes récoltés) sont soit vendues à la papetière Smurfit-Stone, qui s’en sert pour fabriquer divers types de cartons, ou encore utilisés dans les séchoirs à bois des scieries de Pointe-aux-Outardes.

Enfin, Abitibi-Consolidated achemine la très grande majorité de ses écorces (qui représentent 9 % du volume total récolté) à son usine de papier journal de Baie-

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Comeau, laquelle les utilise pour produire la vapeur nécessaire au séchage du papier.

Bref, l’arbre récolté par Abitibi -Consolidated est entièrement utilisé. Rien ne se perd, tout se transforme.

Optimisation de la ressource ligneuse récoltée sur la Côte-Nord

Produits M3 en % Utilisations

Bois d’œuvre 34 % ð 74,5 % - Disponibles sur les marchés libres

ð 25,5 % - Utilisés pour la 2e et la 3e transformation dans les usines d’Abitibi-Consolidated (incluant

l’approvisionnement de la nouvelle usine à Larouche)

Copeaux 46 % ð 100 % - Utilisés par l'usine de papier à Baie-Comeau

Sciures/Planures 11 % ð 56 % - Vendus à Smurfit Stone ð 41 % - Utilisés (séchoirs à bois) ð 3 % - Autres usagers

Écorces 9 % ð 83 % - Utilisés par l'usine à papier de Baie-Comeau ð 17 % - Vendus à d'autres usagers

Enfin, situation relativement peu fréquente au sein de l’industrie papetière, 100 % des boues issues des traitements primaires et secondaires des effluents de l’usine de papier journal de Baie-Comeau sont valorisées pour produire une partie de l'énergie provenant de la chaudière à vapeur de l'usine, réduisant ainsi l’utilisation de mazout.

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f) Récolte et travaux sylvicoles qui tiennent compte du milieu

Abitibi-Consolidated réalise 50 % de l’ensemble des travaux d’aménagement forestier de la région, alors que ses attributions de récolte ne dépassent guère les 30 %. Cet écart s’explique en partie par le fait qu’Abitibi-Consolidated est présente depuis de nombreuses années sur la Côte-Nord et que les travaux qu’elle y réalise visent à optimiser les possibilités forestières. De telles pratiques forestières s’inscrivent par ailleurs dans un engagement ferme de l’entreprise envers le développement durable.

Quelque 385 travailleurs saisonniers ont pour tâche d’effectuer les différents travaux sylvicoles requis par l’entreprise. Près de 60 % d’entre eux voient à la réalisation des éclaircies précommerciales destinées à favoriser l’espacement des arbres et ainsi à accélérer leur accroissement en diamètre. L’objectif est de concentrer la croissance sur un nombre restreint d’arbres pour leur utilisation industrielle éventuelle.

Travaux sylvicoles annuels d’Abitibi-Consolidated sur la Côte-Nord, année 2001

Traitements sylvicoles Obligations annuelles (ha)

Emplois

saisonniers Coûts

Préparation terrain 2 340 15 675 000 $

Plantation 2 600 50 1 000 000 $

Regarnis, mise en andains 2 400 15 225 000 $

Dégagement, plantation 2 500 70 2 250 000 $

Dégagement, régénération naturelle 500 15 450 000 $

Éclaircie précommerciale 5 000 220 6 000 000 $

TOTAL 15 340 385 10 600 000 $

Les divers frais relatifs à ces travaux sylvicoles ont totalisé 10,6 millions de dollars au cours de la seule année 2001. Environ 300 kilomètres de chemins forestiers, au coût de cinq millions de dollars, sont également ouverts par Abitibi - Consolidated à chaque année, au grand plaisir des amateurs de plein air, de chasse et de pêche de la région qui peuvent ainsi ac céder à de nouveaux territoires pour leurs loisirs préférés. Un montant de près de deux millions de dollars est également investi en frais d’entretien de ce réseau de chemins forestiers.

Le territoire de la Côte-Nord est généralement très accidenté, rocailleux et parsemé de nombreux lacs et réservoirs. Les sols qu’on y trouve sont également très minces. Ces caractéristiques particulières, qui rendent la protection des sols plus complexe, amènent Abitibi-Consolidated à modifier en conséquence ses

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méthodes de récolte afin de mieux les adapter à la géographie régionale, ce qui entraîne nécessairement des frais additionnels de formation de la main d’œuvre et de conversion des équipements.

Pour avoir accès à la région, il faut soit emprunter la route 138 et utiliser le traversier pour franchir la rivière Saguenay à Tadoussac ou utiliser le traversier Baie-Comeau- Matane. Les réseaux de chemins de fer nationaux ne sont accessibles qu'à partir du quai de Baie-Comeau via le traversier rail, ce qui ne permet pas de bénéficier d'une saine compétition au niveau des modes de transports. Les coûts de transport des produits vers les marchés sont ainsi augmentés, alors que les distances de la région aux marchés sont plus grandes que celles des autres régions au Québec.

Le Conseil régional de développement (CRD) Côte-Nord a réalisé récemment une étude sur les réalités du sciage sur la Côte-Nord. Cette étude démontre clairement que les entreprises de la Côte-Nord doivent assumer des coûts supplémentaires importants pour l' approvisionnement des usines de sciage. Une deuxième étude réalisée par la firme DGR (automne 2002) confirme ces données en établissant que le coût moyen de la fibre livrée aux usines de la Côte-Nord est de 15 à 20 % plus élevé que le coût provincial moyen.

g) Recherches et concertation, sources de partenariats

Abitibi-Consolidated est partenaire du Carrefour Recherche et Développement de la Côte-Nord, lequel a pour principale mission de favoriser la concertation des acteurs forestiers, d'identifier leurs besoins de recherche et d'assurer un service de veille et de transfert technologique en aménagement forestier.

Consciente de la nécessité d’harmoniser ses pratiques forestières avec les activités des autres utilisateurs de cette importante ressource régionale qu’est la forêt, Abitibi-Consolidated s’est entendue avec la direction de la Pourvoirie Sherqué relativement aux méthodes d’aménagement à privilégier sur les territoires utilisés par cette entreprise privée. D’autres ententes, portant également sur les méthodes d’aménagement mais également sur les conditions d’entretien des routes sont également intervenues entre Abitibi -Consolidated, l’Association chasse et pêche Manic 5 et la ZEC Varin.

En février 2002, une nouvelle table d’harmonisation était également mise sur pied par Abitibi-Consolidated. Regroupant les diverses parties intéressées par la gestion de la ressource forestière locale, autochtones inclus, cette table a pour but d’obtenir des participants commentaires et suggestions susceptibles d’aider à une meilleure compréhension et à une collaboration accrue à l’égard de l’aménagement durable des forêts.

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Abitibi-Consolidated contribue également à divers projets de recherche touchant la régénération de certains sites forestiers problématiques, les méthodes de récolte et d’aménagement forestier et les travaux sylvicoles. La Faculté de foresterie, de géomatique et de géographie de l’Université Laval, le ministère des Ressources naturelles du Québec et le Service canadien des forêts sont des partenaires naturels de l’entreprise sur ces questions.

L’Agence de mise en valeur des forêts privées de la Côte-Nord, le Conseil régional de développement, le Cégep de Baie-Comeau et le Centre d’enseignement et de recherche en foresterie de Sainte-Foy (CERFO-Région Côte-Nord) font également partie de la liste de partenaires réguliers d’Abitibi - Consolidated.

Finalement, Abitibi-Consolidated acceptait récemment de verser 40 000 $ à la future Chaire Forêt-Faune (formée du MRN, de l’Université Laval et de trois entreprises forestières, dont Abitibi-Consolidated) qui s’est fixée pour objectif l’acquisition de connaissances susceptibles de permettre le développement de nouvelles méthodes de récolte adaptées à la forêt boréale de l’Est québécois.

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Recommandations

1. Le modèle de calcul des taux de redevances forestières devrait être revu afin de mieux tenir compte du contexte géographique régional.

En opération depuis 25 ans, la Scierie des Outardes est l'un des plus importants complexes de sciage en Amérique du Nord. Malgré cette situation envieuse et d’importants investissements destinés à augmenter sa productivité et réduire ses coûts d’opération, la viabilité de ce complexe de sciage demeure fragile, compte tenu entre autres du contexte économique actuellement vécu par l’industrie forestière québécoise.

Même si ces scieries disposent d'une technologie de pointe pour la transformation de la fibre, elles doivent malheureusement composer avec une qualité moindre de billes, lesquelles sont issues de vieilles forêts fréquemment caractérisées par la présence de pourriture. Sur la Côte-Nord, Abitibi - Consolidated doit également assumer des coûts additionnels de récolte à cause des particularités physiques du territoire ainsi que d’importants frais de transport occasionnés tant par les distances à parcourir en forêt que par la topographie difficile du territoire et les infrastructures déficientes de transport qu’on y observe.

Les deux études réalisées récemment par le CRD et la firme DGR concluent que les entreprises de la Côte-Nord doivent assumer des coûts additionnels importants pour l'approvisionnement des usines de sciage. En effet, le coût de la fibre livrée aux usines de la Côte-Nord est plus élevé de 15 à 20 % par mètre cube comparativement au coût moyen provincial.

Compte tenu de ces incontournables contraintes, il serait pertinent de revoir le modèle de calcul des taux de redevances afin qu’il prenne mieux en compte les particularités régionales évoquées précédemment. Nous recommandons en outre que des taux distincts de qualité sciage et pâte soient intégrés dans ce nouveau modèle pour les essences résineuses (sapin, épinette, pin et mélèze, ou SEPM).

2. Une réduction des redevances hydroélectriques devrait être consentie aux entreprises forestières pour tenir compte des coûts additionnels occasionnés par la présence de nombreux barrages en forêt.

S’il est évident que la région profite de la présence d’importantes infrastructures de production hydroélectrique, ces dernières entraînent à leur tour des coûts additionnels en aménagement des routes d’accès pour l’industrie forestière.

Nous recommandons donc qu’une réduction des redevances hydroélectriques

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soit consentie aux détenteurs de CAAF de la région pour compenser pour cette contrainte supplémentaire.

3. Il faut accepter que des volumes de bois d’œuvre transitent d’une région à l’autre afin de permettre la rentabilité des unités existantes.

Les entreprises forestières se sont établies au Québec en raison de l’excellence et de l’abondance de la matière première, de la proximité de l’important marché américain, de la disponibilité de l’énergie nécessaire pour faire fonctionner les usines et d’un réseau efficace de transport terrestre et maritime.

La présence d’Abitibi -Consolidated en seconde ou troisième transformation s’est développée autour d’usines déjà existantes acquises dans le passé. Les principales unités sont localisées dans les régions de la Capitale-Nationale et du Saguenay–Lac-Saint-Jean. L’objectif de la société est de gérer des usines efficaces et offrant des capacités de traitement et de production à grande échelle. Par conséquent, des volumes en bois d'œuvre produits dans les scieries d’Abitibi-Consolidated dans la région doivent être valorisés dans des usines situées ailleurs au Québec pour assurer, dans un premier temps, le maintien et l'écoulement des capacités de production et, dans un second, la pleine opération de ces dernières pour bénéficier des meilleures synergies des infrastructures actuelles.

En bref, la stratégie de diversification des opérations de sciage primaire vers la fabrication de produits à valeur ajoutée exige une intégration à grande échelle sur les mouvements des volumes de bois produits et ce, dans le but d'assurer les meilleurs coûts liés à la transformation et au transport.

Il faut par conséquent accepter que des volumes de bois d’œuvre puissent continuer à transiter dans d’autres régions du Québec pour maintenir l’approvisionnement optimal de ces usines. Néanmoins, 74,5 % des produits fabriqués par l’entreprise dans la région sont déjà accessibles aux promoteurs de nouveaux projets (voir à cet effet le tableau « Optimisation de la ressource ligneuse récoltée »).

Comme dit le vieil adage, il ne faut pas déshabiller Jacques pour habiller Paul.

4. Toute nouvelle mesure proposée par la Commission devrait faire l’objet d’une analyse crédible des impacts économiques.

Afin d’éviter d’éventuels problèmes, toute nouvelle mesure proposée par la Commission devrait faire l’objet d’une analyse crédible des impacts sur chacune des usines existantes ainsi que sur les communautés où elles sont implantées.

Les termes d’une telle analyse d’impacts devraient être convenus avec les entreprises qui risquent d’être affectées par les propositions gouvernementales.

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5. Des mesures efficaces de rendement accru pour les forêts devraient être rapidement mises en place.

Le gouvernement du Québec a clairement fait part de son intention d'augmenter les aires protégées, de limiter les approvisionnements nordiques, de mieux protéger le Caribou des bois (omniprésent sur la Côte-Nord) et d’en arriver à une entente avec les communautés Innus.

Il est donc primordial qu’il mette de l’avant des mesures efficaces susceptibles d’augmenter le rendement des forêts québécoises demeurant disponibles pour des fins industrielles. Plusieurs des avenues envisageables à cet égard pourraient entre autres permettre la création d’emplois sur la Côte-Nord.

6. Le MRN devrait réaliser une analyse exhaustive des opportunités pour la deuxième et la troisième transformation.

Le Québec n’est pas la seule entité politique au monde à désirer développer la filière de la seconde ou de la troisième transformation de ses ressources naturelles. Nous croyons qu’il serait opportun pour le gouvernement de répertorier et d’analyser les projets développés en ce sens dans d’autres pays, et ce autant pour des projets de grande, de moyenne que de petite envergure. Des incitatifs permettant l’établissement d’un contexte économique favorable devraient également être envisagés pour favoriser l’éclosion et la réalisation de projets solides et rentables.

7. La disponibilité d’une main d’œuvre bien formée est une nécessité à laquelle tous les intervenants devraient s’attaquer sur la Côte-Nord.

Sur la Côte-Nord, la majorité des travailleurs forestiers et sylvicoles habite encore à l’extérieur de la région, soit sur la rive sud du fleuve, dans Charlevoix ou au Saguenay. Simultanément, les usines de sciage éprouvent souvent de la difficulté à engager des travailleurs spécialisés, lesquels sont davantage attirés par les conditions de travail offertes par les grandes usines de la région. Enfin, l’âge avancé des travailleurs en incitera bientôt plusieurs à prendre leur retraite, accentuant d’autant la rareté de la main d’œuvre éprouvée par l’industrie forestière.

Afin de compléter les efforts des entreprises forestières et papetières visant à attirer les jeunes en région et à s’intéresser à leur industrie, le gouvernement du Québec et les institutions d’enseignement devraient créer des modules d’enseignement spécialisés en régions ressources de façon à permettre aux étudiants non seulement d’y acquérir une formation adaptée aux besoins de

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l’industrie forestière mais également de découvrir les avantages liés à la vie en région. Mettre de l’avant une telle recommandation permettrait l’atteinte d’un double objectif, à savoir une formation plus adéquate des futurs travailleurs et un nouvel incitatif à vivre en région.

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5- Conclusion

Abitibi-Consolidated appuie le gouvernement du Québec dans son désir de se doter d’un plan d’action pour maximiser les retombées économiques régionales de la mise en valeur des ressources naturelles.

Dans son mémoire, Abitibi-Consolidated a voulu démontrer l’importance qu’elle apportait non seulement à une bonne gestion de la ressource, mais également à sa valorisation optimale.

Abitibi-Consolidated est déjà très impliquée dans plusieurs régions du Québec et privilégie les partenariats et les initiatives qui permettent un meilleur épanouissement des communautés où vivent ses employés.

Tout en reconnaissant pleinement l’importance de maximiser les retombées économiques régionales, Abitibi-Consolidated, comme toute autre entreprise forestière, ne peut échapper à la dure réalité du monde des affaires qui lui dicte les trois conditions essentielles pour assurer sa survie et son développement :

• un environnement d’affaires favorable permettant d’attirer les capitaux requis pour l’amélioration des équipements actuels et pour la poursuite du développement de l’entreprise;

• un approvisionnement en matière ligneuse stable en quantité et en qualité;

• un engagement ferme envers l’aménagement forestier durable pour conserver un accès aux marchés ainsi qu’à la ressource.

Abitibi-Consolidated est disposée à discuter avec les promoteurs de nouveaux projets de développement en autant qu’ils sont réalistes et rentables. À cet effet, il est important de rappeler les recommandations du présent mémoire :

1) Le modèle de calcul des taux de redevances forestières devrait être revu afin de mieux tenir compte du contexte géographique régional.

2) Une réduction des redevances hydroélectriques devrait être consentie aux entreprises forestières pour tenir compte des coûts additionnels occasionnés par la présence de nombreux barrages en forêt.

3) Il faut accepter que des volumes de bois d’œuvre transitent d’une région à l’autre afin de permettre la rentabilité des unités existantes.

4) Toute nouvelle mesure proposée par la Commission devrait faire l’objet d’une analyse crédible des impacts économiques.

5) Des mesures efficac es de rendement accru pour les forêts devraient être rapidement mises en place.

6) Le MRN devrait réaliser une analyse exhaustive des opportunités pour la deuxième et la troisième transformation.

7) La disponibilité d’une main d’œuvre bien formée est une nécessité à laquelle tous les intervenants devraient s’attaquer sur la Côte-Nord.

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Les communautés, l’industrie et le gouvernement auraient avantage à rechercher constamment des solutions constructives permettant de maintenir ou même de hausser le niveau d’activité, et par conséquent les retombées financières, qui y seraient associées.

Pour terminer, Abitibi-Consolidated réitère son entière collaboration à la Commission et au gouvernement du Québec.

Personne-ressource

Denis Leclerc

Directeur, Affaires gouvernementales et publiques Abitibi-Consolidated Inc.

(514) 394-3601

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