Quelques propriétés des séries entières
Laure Martin et Floran Saulnier
Mars 2012
Table des matières
1 Présentation 3
2 Domaine de convergence d’une série entière 3 3 Détermination du rayon de convergence R 4
4 Développement en série entière 5
4.1 Définition et Théorème. . . 5
4.2 Exemples de développement en série entière . . . 6
4.2.1 Fonction exponentielle . . . 6
4.2.2 Fonction circulaire . . . 7
4.2.3 Fonction logarithme . . . 7
5 Zéros d’une série entière 8
6 Application aux équations différentielles 9
1 Présentation
Définition 1. On appelle série entière de la variablexune série dont le terme général est de la formeanxn, n∈N. C’est-à-dire :
∞
X
n=0
anxn=a0+a1x+a2x2+. . .+anxn+. . .
Remarque.La somme partielleSn(x) = a0+a1x+a2x2+. . .+anxn est un polynôme de degrén. Une série entière est donc une généralisation de la notion de polynôme.
2 Domaine de convergence d’une série entière
Il est à noter que
∞
X
n=0
anxn converge lorsquex= 0.
Rappel. On dit qu’une suite de fonctions(fn)n∈Nconverge uniformémentsur Dvers la fonction f si
∀ε >0,∃N t.q.∀n≥N,∀x∈ D,on a :|fn(x)−f(x)| ≤ε Théorème 1. Étant donné une série entière
∞
X
n=0
anxn, il existe un unique nombreR ∈[0; +∞] tel que :
(i) SiR>0, la série
∞
X
n=0
anxnconverge absolument pour toutx0tel que|x0|<R et la série converge uniformément dans l’intervalle[−ρ;ρ],∀ρ <R.
(ii) SiR<+∞, alors,
∞
X
n=0
anxn diverge pour tout x0 tel quex0∈/[−R;R].
Preuve.
(i) Six06= 0et
∞
X
n=0
anx0n converge, alors, lim
n→+∞anx0n= 0, (i.e :∀k >0,∃N ∈Ntel que(n≥N)⇒ |anx0n| ≤k).
Alors, si|x|<|x0| etn≥N, on a :
|anxn|=|anx0n|
x x0
n
≤k
x x0
n
Or,
x x0
<1, d’où X
n≥N
|anxn|est majorée par la série convergente X
n≥N
k
x x0
n
Donc,
∞
Xa xn est absolument convergente pour|x|<|x |.
On pose alorsR:= sup{r∈[0; +∞[ t.q.
+∞
X
n=0
anrnconverge absolument}.
(ii) Si |x0| > R, alors
∞
X
n=0
anx0n diverge, car sinon, elle convergerait, ce qui
contredirait la définition deR.
Définition 2.
1) Le nombreRest le rayon de convergence de la série entière
∞
X
n=0
anxn. 2) L’intervalle]− R;R[ est l’intervalle ouvert de convergence.
3 Détermination du rayon de convergence R
Nous allons énoncer deux critères qui permettent de déterminerR.
Proposition (Critère de D’Alembert pour les séries entières).
Soit
∞
X
n=0
anxn une série entière telle que la suite
an+1
an
n≥0
admette une limite l∈[0; +∞]. Alors, le rayon de convergence R de la série est donné par R= 1/l.
Preuve.
Si lim
n→+∞
an+1
an
=l, alors :
n→+∞lim
an+1xn+1 anxn
=|x| lim
n→+∞
an+1
an
=l|x|.
D’après le critère de D’Alembert pour les séries numériques, on a queP
|anxn0| converge si l|x0|<1, (i.e : |x0|<1/l) et diverge sil|x0|>1 (i.e : |x0|>1/l).
D’oùR= 1/l.
Proposition (Critère de Cauchy pour les séries entières).
Soit
∞
X
n=0
anxn une série entière telle que lim
n→+∞
pn
|an|=l∈[0; +∞].
Alors, le rayon de convergence estR= 1/l.
Exemples.
1)
∞
X
n=1
xn n =
∞
X
n=1
1 nxn. On calcule : lim
n→+∞
an+1 an
= lim
n→+∞
n n+ 1 = 1.
DoncR= 1.
On remarquera que pourx= 1, la série diverge et pourx=−1, elle converge.
2)
∞
X
n=1
xn n! =
∞
X
n=1
1
n!xn converge absolument pour tout x. En effet :
n→+∞lim
an+1 an
= lim
n→+∞
n!
(n+ 1)! = lim
n→+∞
1 n+ 1 = 0.
Donc,R= +∞.
4 Développement en série entière
4.1 Définition et Théorème
Définition 3. Soitf une fonction définie sur]−α, α[,α >0.
On dit quef est développable en série entière sur]−α, α[ s’il existe une série entière X
n≥0
anxn de rayon R ≥αtelle que :
f(x) =X
n≥0
anxn,∀x∈]−α, α[.
Rappel :Une fonctionf développable en série entière sur]−α, α[est de classe C∞ doncf admet en 0 un développement limité à tout ordre.
Théorème de Taylor :
Sif est de classeC∞sur]−α, α[, alors∀x∈]−α, α[on a : f(x) =f(0) +f0(0)x+f00(0)
2! x2+. . .+f(n)(0)
n! xn+Rn(x) où :Rn(x) =
Z x 0
(x−t)n
n! f(n+1)(t)dt ou bienRn(x) =f(n+1)(θx)xn+1
(n+ 1)! avec 0<θ<1.
Théorème 2. f est développable en série entière sur]−α, α[si et seulement si f est de classe C∞ sur ]−α, α[ et, ∀x∈]−α, α[, la suite des restes de Taylor converge vers 0 lorsquentend vers +∞.
C’est-à-dire que pour toutx, lim
n→∞Rn(x) = 0.
Preuve.
f(x) =X
n≥0
f(n)(0)
n! xn ⇔ lim
n→∞
n
X
k=0
f(k)(0) k! xk
!
=f(x)
⇔ lim
n→∞
f(x)−
n
X
k=0
f(k)(0) k! xk
= 0
⇔ lim
n→∞|Rn(x)|= 0
Corollaire (Condition suffisante).
Si f est C∞ sur ]−α, α[ et ∀x∈]−α, α[,∀n ≥ 0,
f(n)(x)
≤M alors f est développable en série entière sur]−α, α[etf(x) =X
n≥0
f(n)(0) n! xn. Preuve. Si
f(n)(x)
≤M, alors :
|Rn(x)|=
f(n+1)(θx) xn+1 (n+ 1)!
≤M |x|n+1 (n+ 1)! −→
n→+∞0 (carXxn
n! converge d’où le terme général |x|n
n! −→
n→+∞0).
4.2 Exemples de développement en série entière
4.2.1 Fonction exponentielle
f(x) =exest de classeC∞et est développable en série entière sur ]− ∞,+∞[
ex=
+∞
X
n=0
f(n)(0) n! xn=
+∞
X
n=0
xn
n! = 1 +x+x2 2! +· · · En effetf(n)(0) =e0 ∀n≥1
d’oùRn(x) = xn+1
(n+ 1)!eθx avec 0<θ<1
⇒ |Rn(x)| ≤ |x|n+1
(n+ 1)!e|x| −→
n→+∞0 car, pour toutx, |x|n+1
(n+ 1)! est un terme général d’une série convergente.
(Remarque :
+∞
X
n=0
1 n! =e).
4.2.2 Fonction circulaire
f(x) = sin(x)est de classeC∞et est développable en série entière sur R.
sin(x) =
+∞
X
n=0
sin(n)(0)
n! xn =x−x3 3! +x5
5! − · · · car
f(n)(x)
≤1∀x∈R, ∀n≥1 donc :
|Rn(x)|=
f(n+1)(θx) xn+1 (n+ 1)!
(0< θ <1)
≤ |x|n+1 (n+ 1)! −→
n→+∞0 4.2.3 Fonction logarithme
f(x) = log(1 +x)est développable en série entière sur]−1,1[. En effet, 1
1 +x =
+∞
X
n=0
(−1)nxn est une série géométrique de rayon de convergenceR= 1 d’où par intégration :
log(1 +x) = Z x
0
dt 1 +t
= Z x
0 +∞
X
n=0
(−1)ntn
! dt
=
+∞
X
n=0
Z x 0
(−1)ntndt
=
+∞
X
n=0
(−1)nxn+1
n+ 1 (|x|<1) Remarque.
Pourx= 1, la série alternée
+∞
X
n=0
(−1)n
n+ 1 converge.
En admettant la continuité de la fonction somme enx= 1, on obtientlog(2) = 1−1
2 +1 3−1
4 +· · ·
5 Zéros d’une série entière
Proposition. Soit
∞
X
n=0
anxn une série entière de rayon de convergence R>0
et soitf :=
+∞
X
n=0
anxn sa somme.
i) Sif(n)(0) = 0 ∀n≥0, alors f est identiquement nulle, car f(x) =X
n≥0
f(n)(0)
n! xn= 0, ∀x∈]− R;R[
ii) Sif(0) = 0, mais f n’est pas identiquement nulle sur]− R;R[,
alors, il existeρ: 0< ρ≤ R t.q.f ne s’annule pas sur ]−ρ;ρ[, sauf enx= 0.
(Donc,f(x)6= 0,∀x: 0< x≤ρ).
Preuve. On peut supposer qu’il existem≥1 tel que :am6= 0
f(x) =amxm+am+1xm+1+· · ·=
+∞
X
k=m
akxk Un telam6= 0existe car sinon f ≡0 sur]− R,R[.
Donc :
f(x) =xm[am+am+1x+· · ·]
=xm
"
am+
+∞
X
k=1
am+kxk
#
=xm[am+h(x)]
avech(x) =
+∞
X
k=1
am+kxk
h(0) = 0, h est de classe C∞ (car c’est une série entière convergente) donc h est continue.
Finalement, par continuité deh,∃ρ >0 tel que|x|< ρ⇒ |h(x)−0|<|am| d’oùf(x) =xm[am+h(x)]6= 0, 0<|x|< ρ.
6 Application aux équations différentielles
On peut parfois exprimer, à l’aide de leur développement en série entière, les solutions d’une équation différentielle
Théorème 3.
Soit
∞
X
n=0
anxn ayant un rayon de convergenceR>0.
Alors, f(x) =
∞
X
n=0
anxn est de classeC1 sur ]− R;R[ et f0(x) =
∞
X
n=1
nanxn−1 sur]− R;R[.
Exemples.
Résoudre le système :(∗)
y00+y= 0 y(0) = 0 y0(0) = 1 Siy(x) =
∞
X
n=0
anxn est solution, alors,
∞
X
n=0
anxn
!00
+
∞
X
n=0
anxn
!
= 0 ⇔
∞
X
n=2
n(n−1)anxn−2+
∞
X
n=0
anxn= 0
⇔
∞
X
n=0
(n+ 2)(n+ 1)an+2xn+
∞
X
n=0
anxn = 0
⇔
∞
X
n=0
[(n+ 2)(n+ 1)an+2+an]xn= 0
⇔ (n+ 2)(n+ 1)an+2+an= 0,∀n≥0
⇔ an+2= −an
(n+ 2)(n+ 1) Donc, on a :
y(x) =a0
∞
X
n=0
(−1)n
(2n)! x2n+a1
∞
X
n=0
(−1)n (2n+ 1)!x2n+1
D’après le critère de D’Alembert, ces séries convergent sur]− ∞; +∞[. Donc, y(0) = 0 ⇒ a0= 0
ety0(0) = 1 ⇒ a1= 1 D’oùy(x) =
∞
X
n=0
(−1)n
(2n+ 1)!x2n+1(= sin(x))est la solution recherchée.
Bibliographie.
- Notes de cours du module SSF, de Mr Mark Baker -Wikipédia(Série entière)
-maths.insa-lyon.fr(Séries entières)