Analyse
Chapitre 2 : Étude autour des fonctions continues sur un compact
Lucie Le Briquer 23 novembre 2017
C(X, F)oùX métrique compact etF métrique.
• SiX métrique compact,F est métrique. On munitC(X, F)de la distance : d(f, g) = sup
x∈X
dF(f(x), g(x))
• SiF est complet,drendC(X, F)complet.
• SiF est un Banach, alorsC(X, F)est un Banach pourkfk∞= sup
x∈X
kf(x)kF
Propriété 1(Rappel)
1 Compacts de C(X, F )
SoitA ⊂ C(X, F).
• Aest équicontinue enx∈X si :
∀ε >0,∃η >0,∀y∈X, d(x, y)< η⇒ ∀f ∈ A, d(f(x), f(y))< ε
• Aest uniformément équicontinue si :
∀ε >0,∃η >0,∀x, y∈X, d(x, y)< η⇒ ∀f ∈ A, d(f(x), f(y))< ε Définition 1(équicontinuité)
Exercice 1.
E, F espaces métriques
1. Montrer que siAfinie, alors Aest équicontinue en tout point.
2. Montrer que si A ne contient que des fonctions k−lipschitziennes, A est uniformément équicontinue.
3. Montrer que si A est équicontinue sur un compact X, A est uniformément équicontinue surX.
Solution 1.
1. Soitx∈X,A={f1, ..., fn} ⊂ C(X, F). Siε >0,∃η1, ..., ηn tels que : d(x, y)< ηi⇒d(fi(x), fi(y))< ε On prend alorsη= minηi.
2. Soitε >0, on poseη= εk. Alors si :
d(x, y)6η, d(f(x), f(y))< kd(x, y)6kη6ε
3. Par l’absurde.
∃ε >0, ∀n >0, ∃(xn, yn)∈X2, d(xn, yn)< 1
n et∃fn∈ A, d(fn(xn), fn(yn))> ε Par compacité,yϕ(n)−−−−−→
n→+∞ xalorsxϕ(n)−−−−−→
n→+∞ x. MaisAéquicontinue enxdonc :
∃α >0, ∀u, v ∈X, d(x, u)< α etd(y, u)< α ⇒ d(f(u), f(v))< ε∀f ∈ A Or xϕ(n)−−−−−→
n→+∞ xet yϕ(n)−−−−−→
n→+∞ y donc à partir d’un certain rangN :
d(x, xϕ(N))< αet d(x, yϕ(N))< α mais d(fϕ(N)(xϕ(N)), fϕ(N)(yϕ(N)))> ε Absurde. Donc Auniformément équicontinue.
SoitX métrique compact etF métrique complet. SoitA ⊂ C(X, F). Sont équivalents : 1. Aest relativement compact (d’adhérence compacte).
2. A est équicontinue en tout point et ∀x ∈ X,Ax = {f(x), f ∈ A} est relativement compact.
Théorème 1(Ascoli)
Remarque.Sert à :
• Montrer la compacité d’un opérateur
• Extraire des sous-suites convergentes Preuve.
(2)⇒(1):
Soit(fn)n∈N∈ AN. On va montrer que l’on peut extraire une sous-suite de(fn)convergente.
• CommeX est métrique compact,X est séparable. En effet :
X = [
x∈X
B Å
x,1 n
ã
=
m
[
i=1
B Å
xni,1 n
ã
(cf. poly)
SoitD= (xn)n∈N dénombrable, dense dansX.
1. x1. Ax1 ={f(x1), f ∈ A}relativement compact. Donc de(fn(x1))non peut extraire une sous-suite convergente :fϕ1(n)(x1)−−−−−→
n→+∞ f(x1).
2. De même de(fϕ1(n)(x2))non extrait une sous-suite convergente :fϕ1◦ϕ2(n)(x2)−−−−−→
n→+∞
f(x2)
3. Pourxp.(fϕ1◦...◦ϕp−1(n)(xp))n∈Nest relativemen compact. On extraitfϕ1◦...◦ϕp(n)(xp)−−−−−→
n→+∞
f(xp). On poseψ(n) =ϕ1◦...◦ϕn(n)(procédé d’extraction diagonale).
On vérifie que :
∀p∈N, fψ(n)(xp)−−−−−→
n→+∞ f(xp)
• On veut prolonger f sur X grâce au théorème de prolongement vu au TD1. →montrons quef est uniformément continue surD.
Soitε >0. CommeAest équicontinue surX compact, elle est uniformément équicontinue.
Donc∃η >0, d(x, y)< η⇒ ∀f ∈ Ad(f(x), f(y))< ε. Soitxk, xl∈D tels qued(xk, xl)<
η :
d(f(xk), f(xl))6d(f(xk), fψ(n)(xk)) +d(fψ(n)(xk), fψ(n)(xl)) +d(fψ(n)(xl), f(xl)) 6ε+ε+ε= 3ε
Doncf est uniformément continue surD. Donc par théorème de prolongement,f se pro- longe en une fonction uniformément continue pour toutX.
• Montrons que(fψ(n))converge uniformément vers f surX. Soitε >0, x∈X d(f(x), fψ(n)(x))6ε.
Idée. d(f(x), fψ(n)(x))6d(f(x), f(xk)) +d(f(xk), fψ(n)(xk)) +d(fψ(n)(xk), fψ(n)(x)).
Soitηassocié à l’uniforme équicontinuité deA. On sait queX =S
k∈NB(xk, η)(où(xk)k∈N sous-ensemble dense à partir duquel f est construite). Par compacité,
X =
n
[
i=1
B(xki, η)
Soiti,d(x, xki)< η.
d(f(x), fψ(n)(x))6d(f(x), f(xki))
| {z }
6ε(UF)
+d(f(xki), fψ(n)(xki))
| {z }
6ε(APCR idp dex)
+d(fψ(n)(xki), fψ(n)(x))
| {z }
6ε
(1)⇒(2):
Arelativement compact. En particulier,Aest précompact. Soitε >0,A=Sn
i=1B(fi, ε).
Soitη1, ..., ηn associés à l’uniforme continuité desfi. Posonsη= minηi. Soientx, y∈X tels qued(x, y)< η. Soitf ∈ A,∃itel que d(f, fi)< ε.
d(f(x), f(y))6d(f(x), fi(x))
| {z }
6ε
+d(fi(x), fi(y))
| {z }
6ε(UF defi)
+d(fi(y), f(y))
| {z }
6ε
63ε
Donc A est uniformément équicontinue. De plus, ∀x, Ax est relativement compact puisque A est relativement compact. D’où l’équivalence.
Remarque.Même équivalence sans l’hypothèse F complet.
Contre-exemples.
• Si Axn’est pas relativement compact. SurC([0,1]),fn(x) =n∀x∈[0,1].
• SiAn’est pas équicontinue en tout point.fn(x) = sin(nx)sifψ(n)−−−−−→
n→+∞ funiformément.
On a :
∀ϕ∈ C([0, π]) Z π
0
ϕ(x) sin(nx)dx−−−−−→
n→+∞ 0 Alors
∀ϕ∈ C([0, π]) Z π
0
ϕ(x)f(x)dx= 0 et doncRπ
0 f(x)2dx= 0
Exercice 2.
On munitC1([a, b])de la normekfk=kfk+∞+kf0k+∞.
i: (C1([a, b]),k.k)−→(C([a, b]),k.k∞) (l’identité) Montrer queiest une application continue compacte.
Solution 2.
• Continuité. ∀f ∈ C1([a, b]),
ki(f)k∞
= 6kfk
kfk∞6kfk∞+kf0k∞
• Compacité. Montrons que i est compacte. Soit B = B(0,1) pour k.k dans C1([a, b]).
Montrons que i(B) = B (d’un point de vue ensembliste) est relativement compact dans (C([a, b]),k.k∞).
Si x∈[a, b], Ax ={f(x), f ∈B}, kfk∞6kfk61. Donc ∀x,Ax est borné dansRdonc relativement compact.
• Montrons queB est équicontinue. Par les inégalités des accroissements finis :
|f(x)−f(y)|6kf0k∞|x−y| comme kf0k∞61carf ∈B alors∀x, y, |f(x)−f(y)|6|x−y|.
DoncBest composée de fonctions1−lipschitzienne. DoncBest uniformémen équicontinue.
Donc par Ascoli,B est relativement compact dansC([a, b]).
Remarque.Si dimF <+∞, Axest relativement compact⇔ Axest borné.
Exercice 3.
SoitX, Y compact métrique deRn,K∈ C(X×Y). Pourf ∈ C(X), on définit : T f(y) =
Z
X
K(x, y)f(x)dx
1. Montrer queT est un opérateur deC(X)dansC(Y).
2. Montrer queT est compact.
Solution 3.
1. Définition. T f ∈ C(Y)car∀x∈X, y7→K(x, y)f(x)∈ C(Y), et :
∀y∈Y, ∀x∈X, |K(x, y)f(x)|6kKk∞kfk∞ intégrable surX Donc par théorème de continuité,T f ∈ C(Y).
Linéarité. Évident Continuité. On a :
|T f(y)|6 Z
X
|K(x, y)||f(x)|dx6kKk∞kfk∞Vol(X) DonckT fk∞6kKk∞kfk∞Vol(X). DoncT est un opérateur.
2. Soit B = B(0,1) dans (C(X),k.k∞). Montrons que T(B) est relativement compact dans (C(Y),k.k∞).
• Ay={T f(y), f ∈B}
|T f(y)|6 Z
X
|K(x, y)||f(x)|
| {z }
61
dx6kKk∞Vol(X)
DoncAy est borné donc relativement compact.
• Soitε >0,y∈Y, etη associé à l’uniforme continuité(x, y)7→K(x, y)(|x−x0|+|y− y0|< η⇒ |K(x, y)−K(x0, y0)|6ε). Soity0∈Y,|y−y0|< η alors :
|T f(y)−T f(x)|= Z
X
(K(x, y)−K(x0, y0))f(x)dx 6ε
Z
X
kfk∞
| {z }
61
dx6εVol(X)
Donc(T f)f∈B est équicontinue eny. Par Ascoli,T(B)est relativement compact.
2 Théorème de Stone-Weierstrass
X espace métrique compact.
(fn)n∈N∈ C(X)Ntelle que fn−−−−−→
n→+∞ f simplement,f continue et∀n∈N, fn+1>fn
Alors la convergence est uniforme.
Théorème 2(Dini)
Preuve.
Ωn={x∈X |fn(x)> f(x)−ε}
Par continuité desfnet def,Ωnest ouvert. Par croissance des(fn),Ωn⊂Ωn+1. Par convergence simple, X = S
n∈NΩn. Comme X est compact, X = Sm
i=1Ωni = Ωnm (en supposant les ni croissants).
Donc,∀n>nm, ∀x∈X,f(x)−fn(x)< ε. Et commef >fn (par croissance des(fn)),
∀n>nm, ∀x∈X, |f(x)−fn(x)|< ε D’où la convergence uniforme.
SoitX métrique compact.A ⊂ C(X),Asous-algèbre deC(X), unitaire et séparante.
(séparante) ∀x, y∈X, x6=y, ∃f ∈ Atqf(x)6=f(y) AlorsAest dense dansC(X).
Théorème 3(Stone-Weierstrass)
∃(Pn)n∈N∈R[X]N|Pn−−−−−→
n→+∞ | |uniformément sur[−1,1]
Lemme 1
Preuve.(du lemme) En effet en prenant :
ß P0= 0
Pn+1(x) =Pn(x) +12(x2−Pn(x)2)∀x∈[−1,1]
On montre que∀n∈N,06Pn(x)6Pn+1(x)6|x| ∀x∈[−1,1].
Comme(Pn(x))est croissante et majorée,(Pn(x))converge versf(x)qui vérifie : f(x) =f(x) +1
2(x2−f(x)2) doncf(x)2=x2etf(x)>0. Doncf(x) =|x|. DoncPn−−−−−→
n→+∞ | |simplement et(Pn)croissante.
Donc par Dini on a la convergence uniforme.
Preuve.(du théorème de Stone-Weierstrass) On va utiliser les 2 arguments suivants :
1. Sif, g∈ A, montrons quemin(f, g)et max(f, g)sont dansA.
Sif ∈ A, f 6= 0alors|f| ∈A. En effet, kfkf
∞ à valeurs dans[−1,1]etPnÄ f
kfk∞
ä∈ A. Par convergence uniforme,
f kfk∞
∈ A. Donc|f| ∈ A. Or : max(f, g) =f +g
2 +|f−g|
2 ∈ A et min(f, g) = f+g
2 −|f−g|
2 ∈ A
2. Soit α, β ∈R avecα6= β, et x, y∈ X. Montrons qu’il existe u∈ A tel que u(x) =α et u(y) =β.
En effet, il existev∈A,v(x)6=v(y)et le système : ß λv(x) +µ=α
λv(y) +µ=β est de Cramer Åv(x) 1
v(y) 1 ã
= Åα
β ã
D’où l’existence d’un telu.
Soitf ∈ C(X),ε >0. Soitx∈X.∀y∈X, il existeuy∈ Atel queuy(x) =f(x)etuy(y) =f(y) par(2). On pose :
Oy={x0∈X |uy(x0)< f(x0) +ε}
uy,f ∈ C(X)doncOy est ouvert etx, y∈Oy.
X = [
y∈X,y6=x
Oy
OrX compact donc il existey1, ..., yn∈X tel queX =Sn i=1Oyi. On posevx= min16i6nuyi ∈ A. Et,∀x0∈X,
vx(x0) = min
16i6nuyi(x0)< f(x0) +ε Posons :
∀x∈X, Ωx={x0∈X |vx(x0)> f(x0)−ε}
Ωxest un ouvert,x∈ΩxdoncX =S
x∈XΩx. Donc il existsx1, ..., xn∈Xtels queX =Sn i=1Ωxi. On pose alorsv= max16i6nvxi ∈ A.
Alors∀x∈X,v(x)>f(x)−εet v(x)< f(x) +ε. Donc|v(x)−f(x)|< ε∀x∈X. Doncv∈ A etkv−fk∞6ε. DoncA=C(X).
Remarques.(conséquences)
• Stone-Weierstrass ⇒ Weierstrass : les polynômes sont denses dans C([a, b]), il suffit de vérifier que l’ensemble est bien une sous-algèbre.
• Les fonctions Lipschitziennes sont denses dansC([a, b]).
• Les polynômes sont-ils denses dansC(X,C)(X compact deC) ? X =S1={z∈C, |z|= 1} Soitf:z7→ 1z ∈ C(S1,C) Si on afn −−−−−→
n→+∞ f uniformément surS1 on aurait : Z
S1
Pn(z)dz= 0−−−−−→
n→+∞
Z
S1
dz
z = 2iπ absurde
• Si Aest stable par conjugaison, le théorème de Stone-Weierstrass reste vrai dansC(X,C) pour X un compact deC. (se montre juste avec<(u) =u+¯2u)
• Soit T =R/2πZ, les polynômes trigonométriques sont denses dansC(T,C)(puis T vérifie bien la stabilité par conjugaison).
Exemple.
S = ( N
X
n=−N
cneinx ; cn∈C )
S algèbre, unitaire,T(x)6=T(y)six6=y avecT(x) =eix. AlorsSest dense dansC0(T,C)muni de la normek.k∞.
2.1 Transformée de Fourier
SoitL1(T)l’ensemble des fonctions2π−périodiques intégrables. Soitf ∈L1(T). Pourn∈Zon peut définir :
f(n) =ˆ Z 2π
0
e−inxf(x)dx La suite( ˆf(n))n∈Z appartientl∞(Z).
En fait( ˆf(n))n∈Z∈c0(Z), l’espace des suites de limite nulle (lemme de Riemann-Lebesgue). En effet, sif ∈ C1(T)(fonctionsC1 2π−périodiques), alors :
fˆ(n) = Z 1
−in∂X(e−inx)f(x)dx puisO Å1
n ã
par IPP Notons :
F:
ß L1(T) −→ c0(Z) f 7−→ ( ˆf(n))n∈Z
F est injective.
Lemme 2
Preuve.
SiF(f) = 0alorsR
f(x)T(x)dxpour toutT ∈S. DoncR
f(x)g(x)dx= 0pour toutg∈ C0(T,C) par densité. On approche ensuite |f|(+ε)f¯ doncf = 0.
Est-ce queF est surjective ? cf. Chapitre 3