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Savonarole. . ou. que meurent les témoins

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Academic year: 2022

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Savonarole

. ou.

que meurent les témoins

Ce moine qui s'avance seul, le corps réduit par les jeûnes, avec pour sceptre sa petite croix d'ébène, n'est-ce pas un insensé ?

Le Royaume de Dieu n'est pas de ce monde, et les Rois de ce monde le lui rappellent, pour n'avoir pas de rivaux.

Mais, parce que son Maître est corps autant qu'esprit, c'est la Création entière que cet homme veut offrir à Dieu, et les cités humaines d'abord.

Il en mourra. Mais les flammes éteintes et la fumée dissipée, du tas de cendres aura surgi la Croix de taille humaine. Les témoins morts, revit le témoignage.

(3)

S A V O N A R O L E

(4)

DU MÊME AUTEUR AUX MÊMES ÉDITIONS Cet homme qui vous aimait

roman Le refus

roman

(5)

R O G E R BÉSUS

SAVONAROLE ou

QUE MEURENT LES TÉMOINS

Dialogue dramatique , en trois actes

É D I T I O N S D U S E U I L 27, rue Jacob, Paris-VIe

(6)

IL A É T É T I R É D E C E T O U V R A G E Q U A R A N T E E X E M P L A I R E S S U R V É L I N A R A V I S

NUMÉROTÉS DE I A 4O

D O N T 5 HORS COMMERCE C O N S T I T U A N T L ' É D I T I O N

O R I G I N A L E

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction réservés pour tous les pays

Copyright 1954 by Éditions du Seuil.

(7)

Pour Celui qui sous la même robe abrite le même cœur et à qui f aime tant à dire

Mon Père.

R. B.

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P E R S O N N A G E S

F R È R E J É R Ô M E ( S A V O N A R O L E ) ,

Prieur du Couvent de Saint Marc

F R È R E D O M I N I Q U E , F R È R E S Y L V E S T R E , F R È R E N I C O L E ,

Moines du Couvent de Saint Marc LAURENT DE MÉDICIS, dit le Magnifique,

premier citoyen de Florence CHARLES VIII, roi de France ALEXANDRE VI BORGIA, Pape

R E P R É S E N T A N T S DE L A S E I G N E U R I E L A F E M M E

G A R D E S

A Florence, entre 1492 et 1498

D é c o r u n i q u e p o u r les trois actes : le cloître d u C o u v e n t de S a i n t M a r c , à Florence. E n t r e l'avant-scène et le p r e m i e r élément d u décor, u n e aire d e j e u e n c a d r é e de r i d e a u x glissés à la d e m a n d e , délimite la salle o ù m e u r t L a u r e n t le M a g n i f i q u e et celle où Charles V I I I reçoit Savonarole. D a n s le fond de la scène le décor p e r m e t t r a d e

délimiter, à l'Acte I, la cellule d e F r è r e J é r ô m e .

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ACTE PREMIER

SCÈNE 1

Frère Dominique, puis Frère Nicole.

Frère Dominique chante un cantique dont il lit la musique dans un antiphonaire placé sur un lutrin. Rumeur de foule indus- trieuse en sourdine. Frère Nicole apparaît sous le cloître.

FRÈRE NICOLE T u chantes, Frère!

FRÈRE DOMINIQUE J e chante.

FRÈRE NICOLE

Entends d o n c la r u m e u r de Florence !

(10)

FRÈRE DOMINIQUE

J e n ' e n t e n d s rien, je chante. (Il recommence à chanter.)

FRÈRE NICOLE

T u cherches à refuser d ' e n t e n d r e ou tu aimes à c h a n t e r ?

FRÈRE DOMINIQUE Q u e préfères-tu q u e j e r é p o n d e ?

FRÈRE NICOLE

P o i n t n'est question de mes préférences, seul i m p o r t e t o n souhait.

FRÈRE DOMINIQUE

M o n s o u h a i t ? Q u e suis-je, p o u r q u ' i m p o r t e m o n souhait — c o m m e a u surplus m o i - m ê m e ?

FRÈRE NICOLE

Récuse ton enveloppe si tu y tiens, Frère, il restera t o n âme, et t o n â m e quel est son voeu ?

FRÈRE DOMINIQUE

M o n â m e ne souhaite ni ne désire ; elle est, elle c h a n t e , elle c h a n t e et n ' e n t e n d point.

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F R È R E NICOLE

Elle chante pour Notre-Seigneur, mais c'est moi qui entends, et je préfère entendre la rumeur.

F R È R E DOMINIQUE

Toi! Mais Frère Jérôme, que préfère-t-il? Car c'est pour lui que je chante en chantant pour Notre- Seigneur.

F R È R E NICOLE

Afin qu'il n'entende point la rumeur? Ta voix peut atteindre le Seigneur, le Prieur de Saint-Marc n'en perçoit d'autre que celle du peuple.

F R È R E DOMINIQUE

Le peuple? Qu'est le peuple? Deux voix qui s'ajoutent en font-elles encore une? Ce que l'oreille entend, à qui cela appartient-il? Est-ce donc une voix, le cri qu'aucun mortel ne pourrait prendre à son compte ?

F R È R E NICOLE

Nierais-tu la voix du peuple ?

F R È R E DOMINIQUE

Si je nie le peuple.

F R È R E NICOLE

Ce bruit alors, sinon cette voix...

(12)

F R È R E DOMINIQUE

Ce bruit? Il est accordé à tout ce qui précéda l'homme dans la création de faire le bruit : le vent, la mer, l'arbre qui se tord, le palefroi dressé — la bête!... Seul à ce qui recèle une âme est accordé la voix. Dieu ne connaît point la multitude, il n'entend que chacun très séparé des autres. Ah!

ce serait trop facile que se grouper sur la vaste place de la Seigneurie ou devant notre cher Couvent, pour opposer le nombre et sa force à Notre-Sei- gneur. Notre-Seigneur divise ce qui s'assemble, et aucun grondement de foule ne peut aider celui dont le jugement est décidé. Devant Dieu, l'homme est seul... Alors, Frère, cela existe-t-il, qui n'existe pas aux yeux de Notre-Seigneur? Frère, je reprends :

« Qu'est le peuple ? »

UNE VOIX DANS LA SALLE

Le peuple? Et si c'était moi?

LES D E U X MOINES

Toi?

LA VOIX

Oui, moi, Laurent, qu'on dit le Magnifique!

(13)

SCÈNE n

Frère Dominique, Frère Nicole, Laurent de Médicis.

Laurent s'est avancé jusqu'au pied de la scène, dont il gravit ensuite les degrés.

FRÈRE NICOLE

Non pas le peuple, le tyran du peuple!

LAURENT

Laurent de Médicis, le premier citoyen de Flo- rence.

FRÈRE NICOLE Par la fortune.

LAURENT Par l'Art.

FRÈRE NICOLE Par le luxe.

.LAURENT Par la réputation.

FRÈRE NICOLE La plus vile !

LAURENT La plus rare!

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F R È R E NICOLE

Rare? Je te l'accorde : que serait notre Cité si la corruption en tous atteignait ce qu'elle atteint en toi ?

L A U R E N T

Votre Prieur vous a donné quelque aptitude à la réplique, mais...

F R È R E DOMINIQUE

Tais-toi, tu vas salir!... Laurent, ce surnom de Magnifique, tu le mérites, en effet, pour ce vaste troupeau d'ombres qui confond le plaisir avec l'amour, la bassesse avec l'humilité, la violence avec le courage. Tu es le premier citoyen de la Cité, et tu crois précéder mais tu suis. Car ce trou- peau, s'il avance, c'est pour fuir ; il tourne le dos.

C'est toi qui protèges la dernière rangée des ombres, tu t'opposes à ce que la clarté parvienne à quelque bête attardée, la perce derrière l'épaule, lui touche le cœur. Alors sous toi, comme si tu les fécondais, les luxures et les vices poussent en paix, croissent, se multiplient, plus serrés que nos meilleurs épis.

« Magnifique », pour les hommes tu l'es bien : tu les contiens tous : tu contiens toutes leurs licences.

L A U R E N T

Qui parle de la sorte? Est-ce toi, Frère Domi- nique de petite mesure ou, par ta bouche, ce prieur

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Savonarole, ce Frère Jérôme que j'ai laissé revenir à Florence et prêcher contre moi?

FRÈRE DOMINIQUE Dieu a voulu qu'il revienne, non toi!

LAURENT

Reconnaîtrais-tu par là que Dieu peut commander à quelques-uns de mes actes ?

FRÈRE DOMINIQUE

Dieu sait tenter ses ennemis pour le bien comme ils se laissent tenter en face, pour le mal.

LAURENT

C'est bien Frère Jérôme que j'entends. Comme il sait vous enseigner !

FRÈRE DOMINIQUE

N'est-ce pas?... Ah! tout lui devoir! tout devoir au plus grand Prieur que Saint Marc ait jamais connu ! Pouvoir crier notre propre richesse sans commettre le péché d'orgueil, ainsi que l'enfant crie la sienne pour être le rejeton d'un père admi- rable! Laurent, ceux qui tels que toi se croient au faîte de l'univers, combien leur règne laisse leur cœur démuni! Vous ne pouvez vous griser d'autres

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voluptés que celles dont vous avez déposé les moyens en vous-mêmes ; vous vous repaissez de votre propre gloire, vous êtes livrés à votre propre contempla- tion. Pour moi, je suis comme une outre vide, et tout ce qu'elle contient un autre l'y a mis. Que je déguste mon plaisir, c'est mon humilité qui s'en nourrit. Louer mon bonheur c'est témoigner de mon obéissance. N'être rien par soi-même, mais tout par son maître, que ne connaissez-vous cette volupté suprême !

L A U R E N T

Mon maître, il est le peuple.

F R È R E NICOLE

N'insulte pas le peuple!

L A U R E N T

Quoi! Frère Dominique méprise Je peuple et Frère Nicole l'exalterait? Seriez-vous donc en désac- cord ?

F R È R E NICOLE

Il y a ceux qui voient Dieu d'abord dans son peuple, les autres dans la créature.

L A U R E N T

Votre Prieur, où le voit-il ?

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F R È R E DOMINIQUE

Frère Jérôme, irais-tu nous demander de le diviser ?

F R È R E NICOLE

Frère Jérôme en cet instant compose son prochain sermon, et parce que, dans sa cellule, entre la rumeur industrieuse de la ville, sois certain qu'il n'abandonne personne. Il veille sur tous, et tu sais que tous en effet viendront l'entendre comme chaque dimanche, sous les voûtes du Dôme, et se recueillir à l'écoute de ses conjurations. (Il fait le signe d'écou- ter... Rumeur.) Cette ruche, Dieu l'aurait-il voulue pour que ne s'y déposât qu'un miel souillé ?

L A U R E N T

Les ruches acceptent une reine, les abeilles ne se multiplient pas sans elle. Pousse ta comparai- son : quel serait le destin de Florence sans les Médi- cis ?

F R È R E NICOLE

Le destin d'un peuple libre.

L A U R E N T

Honorer la beauté, protéger les arts, entretenir les artistes, répandre les lettres, récompenser l'es- prit, donner des fêtes, des carnavals, jeter l'or sur les places, en faire des palais, des soieries et des

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romans

Le refus, de Roger Bésus Les passes du silence, de Jean David La leçon des ténèbres, de Simonne Jacquemard

Les fontaines du grand abîme, de Luc Estang

L'espace d'une nuit, de Jean Cayrol

La fiera, de Marie Susini

romans étrangers

La tour penchée, de K. A. Porter

Rentre-z che-z vous, Bognerl, d'Heinrich Bôll La fille du Vendredi-Saint, de Francis Stuart

Le cahier interdit, d'A. de Céspedes Irène innocente, de Ugo Betti

A U X É D I T I O N S D U S E U I L

IO-H Imprimé en France 17.83

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Références

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