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DU MÊME AUTEUR CHEZ BERNARD GRASSET

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Academic year: 2022

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CHANTIERS AMÉRICAINS

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DU MÊME AUTEUR

CHEZ BERNARD GRASSET Les silences du colonel Bramble.

Ni Ange, ni Bête.

Les discours du Docteur O'Grady.

Ariel ou la vie de Shelley.

Dialogues sur le commandement.

Meïpe ou la délivrance.

Aspect de la biographie..

Vie de Byron.

Lyautey.

Le cercle de famille.

Aux ÉDITIONS

DE LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE Bernest Quesnay.

La vie de Disraëli.

Voyage au pays des Articoles.

Rouen.

Le peseur d'âmes.

Le côté de Chelsea.

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A N D R É M A U R O I S

C H A N T I E R S AMÉRICAINS

G A L L I M A R D

S . P .

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Les papiers de luxe de l'édition unique de CHANTIERS AMÉRICAINS se répartissent ainsi : soixante-douze exemplaires sur vélin blanc de Hollande Van Gelder, dont soixante exemplaires numérotés de 1 à 60 et douze exemplaires d'auteur hors commerce, marqués de A à L; trois cent soixante exemplaires sur vélin p u r fil Lafuma-Navarre, dont trois cents exemplaires numérotés de 61 à 360 et soixante exemplaires hors

commerce numérotés de 361 à 420.

Tous droits de reproduction, de traduction et d'adap- tqtion réservés p o u r tous les pays y compris la Russie.

Copyright by Librairie Gallimard, 1933.

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L'EMPIRE STATE BUILDING A NEW-YORK.

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I

L E S R U I N E S

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I. PREMIER CONTACT.

Les ruines sont encore partout visibles, et elles sont terrifiantes. Dès le port de New-York, l'étran- ger demeure surpris, choqué par le calme tragique d'un lieu qu'il a connu le plus actif du monde. Il se souvenait avec plaisir de ces eaux couvertes de bateaux pressés, de ces remorqueurs nerveux, allè- gres, des docks sur lesquels s'agitaient tant d'hom- mes et de machines, du désordre grouillant, sous les hangars, des bagages, des porteurs et des doua- niers. Cette fois, son bateau est presque vide. Dans le désert de la cale, trois tonneaux, deux caisses semblent les colonnes brisées de quelque temple détruit. Sur le pier de rares curieux attendent le navire. Sous le hangar, autour de quelques malles éparses, trop aisément classées, errent des fantô- mes de douaniers, mâchant nonchalamment leur chewing-gum.

— Mais que sont devenus, demande l'Euro-

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péen, les milliers de porteurs qui travaillaient sur les quais ?

— Unemployed (chômeurs), lui répond-on.

Il se rend à son hôtel. Celui-ci est, comme beau- coup de grands hôtels de New-York, entre les mains d'un liquidateur. Le personnel qu'il connais-

sait a disparu.

— Que sont devenus, demande-t-il, les gosses de l'ascenseur?

— Unemployed.

E t ses amis américains lui rappellent qu'il y a en ce moment aux Etats-Unis près de quatorze millions de chômeurs, et que beaucoup de ceux- ci ayant une famille, vingt à trente millions d'hom- mes et de femmes vivent de secours, privés ou publics.

Vingt à trente millions. L'Européen a lu jadis de tels chiffres imprimés en petits caractères dans une colonne perdue de quelque journal de son pays, mais des chiffres imprimés ne représentent rien. Le spectacle d'une grande nation dont un quart est réduit à l'impuissance, soulève des émo- tions bien autrement fortes qu'une statistique en noir sur blanc. Dès qu'il met le pied dans ce pays, l'étranger comprend soudain qu'à aucun moment l'Europe n'a imaginé la douloureuse intensité de la détresse des Etats-Unis.

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LA CROI X- ROUGE AMÉRICAINE VIENT DE FOURNIR UN REPAS.

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— Si vous aviez fait le voyage vers la fin de février, lui dit-on, vous auriez trouvé un peuple complètement désespéré. Pendant quelques semai- nes, l'Amérique a cru que la fin d'un système, d'une civilisation, était toute proche. Le nombre des chômeurs augmentait si rapidement que l'on se demandait comment les organisations qui s'occu- paient d'eux pourraient suivre cette croissance. Si elles n'avaient pu le faire, si des milliers de famil- les avaient été réduites à la famine, alors Dieu seul sait ce qui serait arrivé... Puis, au début de mars, tout a changé... s'est cristallisée autour d'un homme : le Prési- dent. Quelles méthodes nouvelles apportent Roo- sevelt et son équipe ? Quel sera le plan de la cons- truction neuve? Nous essaierons de répondre à ces Américains de 1933 et l'espoir anxieux avec lequel questions. Mais il est impossible de décrire les ils ont attendu les actes du nouveau chef, si l'on ne rappelle d'abord l'étendue de la catastrophe. Et l'étranger mesure l'immense espérance qui

II. LE DÉSASTRE J'ai connu l'Amérique de la prospérité. J'ai connu cette confiance, cette certitude, cet orgueil.

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J'ai connu ce peuple qui croyait, de bonne foi, monter tout entier vers une stratosphère paradi- siaque. J'ai connu le temps où chaque jeune em- ployé de banque pensait porter dans sa petite valise de cuir des bons pour un million de dollars, pour une maison à Long Island, pour une jolie femme blonde, pour le bonheur. J'ai connu le temps où les grands banquiers passaient pour des grands esprits, où les Hommes-sans-Cou, à la face forte, capitaines d'industrie pour Hollywood, ne pouvaient ouvrir la bouche sans que leurs prédic- tions fussent considérées comme des oracles; où l'Amérique était God's own country, le propre pays de Dieu; où le gouverneur Smith pouvait dire : « Les Américains ne portent jamais de parapluie, leur but étant de vivre sous un soleil éternel. »

Le point culminant de cette période avait été l'élection de Hoover, en 1928. Il était l 'Ingénieur, le symbole de la technique nouvelle, l'homme de la prospérité. Pendant quelques mois, nul ne fut plus, en Amérique, républicain ni démocrate.

Toute une nation se croyait Hoovercrate. Chaque individu poursuivait la fortune, sans crainte pour l'avenir, sans jalousie du voisin. Tous arriveraient au but ensemble. Quel était ce but? Où s' arrête- rait-on ? Que ferait-on ensuite? O n ne posait pas

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CONSTRUCTION DU BARRAGE DE HOOVER DAM

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ces problèmes. On ne posait aucun problème. Pen- ser était suspect, dangereux, malsain. Riches et pauvres jouaient. United States Steel, la grande valeur d'acier, montait chaque semaine de quelques points. Steel était à 200, à 220, 250 et chaque matin, en ouvrant son journal, chaque Américain se trouvait un peu plus riche que la veille. « Enri- chissez-vous », disait Hoover et, comme la France au temps de Guizot, l'Amérique s'enrichissait.

En réalité, dès 1929, le système était en équi- libre instable. La prospérité Hoover était bâtie non sur des fondations réelles, mais sur de fragiles espérances. Chacun avait acheté bien au delà de ses moyens de paiement. Des vendeurs « à haute pression » avaient contraint des hommes rassasiés à désirer sans désirs.

A New-York, on jetait par terre des gratte- ciel encore neufs pour en construire de plus hauts et de plus chers. Les entrepreneurs avaient em- prunté l'argent de la construction. Le locataire avait hypothéqué l'appartement. Tout le pays spé- culait sur la propriété foncière. Un Homme-sans- Cou, parlant fort et tapant sur la table, vendait à crédit à une cuisinière un terrain qu'elle n'avait jamais vu. « Cette banlieue vous semble déserte en ce moment, disait le vendeur à « haute pres- sion », mais la ville s'agrandira de ce côté et, dans

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cinq ans, les Vanderbilt y construiront une mai- son. » Dans les états agricoles du Middle-West, les fermiers, voyant les prix des terres monter sans arrêt, empruntaient à 8 et 10 % pour agrandir leurs fermes. Vers 1929, ce réseau de dettes en- chevêtrées était si serré que l'on estimait que le service des dettes de l'Etat, des fermiers et des industriels, absorbait les trois quarts des revenus du pays.

Le 19 octobre 1929, au Stock Exchange, sur le ticker, cette bande lumineuse couleur vert d'eau, où courent des transactions financières, on vit sou- dain passer les ombres chiffrées d'une cavalerie en déroute. Cinq millions de titres avaient changé de mains, avec des baisses de 5 à 40 points. Le 24 octobre, cette baisse s'accentuant et les actions de Steel étant tombées à 195, Richard Whitney offrit d'en acheter vingt-cinq mille à 205. Ce sacrifice gratuit de deux cent cinquante mille dollars était déstiné à montrer le sentiment des maîtres de Wall Street : le public se trompait, Steel valait plus de 205 et il fallait réagir. « Frayeur sans raison, panique ridicule », disaient les banquiers, et bien- tôt le Président reprenait le refrain : « La crise sera finie dans soixante jours, déclarait Hoover.

Achetez maintenant. » Mais en 1930, en 1931,

tandis que Hoover, romantique incorrigible, pro-

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clamait : « La prospérité nous attend au prochain tournant », Steel tombait à 100, à 50, à 30. En 1932, j'entendis une Américaine, débarquant à Paris, dire d'un ton lugubre : « Steel est à 22...

C'est la fin du monde. »

C'était la fin du monde pour un peuple qui avait joué toute sa mise sur le tableau de la ri- chesse. Les industries, équipées en vue de produc- tions géantes, ne trouvaient plus d'acheteurs. Le nombre des chômeurs montait. Il y a en Amérique, comme en tout pays, un chômage endémique et même avant la crise, on comptait environ deux mil- lions de chômeurs. Mais quand, avec la baisse des prix, le manque de confiance, le krach de Wall Street, les gens cesssèrent d'acheter, ce chômage augmenta en progression géométrique.

En 1930, le mal était déjà très grave, mais l'ad- ministration Hoover ne voulait pas admettre son existence. C'étaient les chiffres qui avaient tort;

Hoover était le Président de la Prospérité. Com- ment son règne aurait-il pu être marqué par un chômage d'une grande étendue?

Ce fut probablement le temps de la plus grande souffrance des chômeurs; car c'était celui où per- sonne ne s'occupait d'eux. Ils n'avaient pas le droit d'exister. Vers la fin de 1930, il fallut bien recon- naître que des gens mouraient de faim, et la thèse

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153.4046

MARIANNE

GRAND HEBDOMADAIRE LITTERAIRE ILLUSTRÉ

D i r e c t e u r : EMMANUEL B E R L

Parait tous les mercredis sur seize pages

Contient chaque semaine trente à trente-cinq articles, un grand reportage, une nouvelle, deux romans Est illustré chaque semaine de vingt-cinq à trente photo-

graphies, applique à la reproduction de ses photogra- phies une technique sans exemple dans le journalisme De tous les hebdomadaires, MARIANNE est celui dont la disposition a le plus de clarté et le plus de simplicité.

M A R I A N N E

a publié

dans ses numéros des 2, 9, 16, 23, 30 août, 6 et 13 septembre 1933

CHANTIERS AMÉRICAINS

p a r

ANDRÉ MAUROIS

CONDITIONS DE L'ABONNEMENT

Six mois Un an

France et Colonies 18 fr. 32 fr.

Union postale 30 fr. 55 fr.

Autres pays 38 fr. 70 fr.

L e N u m é r o 0 f r . 7 5

L ' I M P R I M E R I E M O D E R N E , M O N T R O U G E

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Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement

sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

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Références

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