le 29 Novembre 2008 UTBM MT11
Arthur LANNUZEL http ://mathutbmal.free.fr
Structures alg` ebriques
1 Lois Internes.
D´efinition 1.1 SoitE un ensemble. On appelle loi interne∗surE une application qui `a tout couple (x, y)∈E2 associe un ´el´ement z ∈E. z est not´ex∗y.
Exemples 1.2 i) +,× sont des lois internes sur N,Z,Q,C,R.
ii) − n’est pas une loi interne sur N.
iii) La division n’est pas une loi interne sur R, mais en est une sur R∗. iv) Soit ∧ sur R∗+ d´efinie par a∧b:=ab. Alors ∧ est-elle une loi interne ?
D´efinition 1.3 Soit E un ensemble, ∗ une loi interne.
i) On dit que ∗ est associative ssi
∀x, y, z∈E,(x∗y)∗z =x∗(y∗z).
Dans ce cas on note x∗y∗z := (x∗y)∗z =x∗(y∗z).
ii) On dit que ∗ admet un ´el´ement neutre e∈E ssi
∃e∈E/(∀x∈E, x∗e=e∗x=x).
iii) Soit E admettant un ´el´ement neutre e. On dit que x∈E admet un symetrique ssi
∃x0 ∈E/x∗x0 =x0∗x=e.
iv) On dit que ∗ est commutative ssi
∀x, y ∈E, x∗y =y∗x.
Exemples 1.4 i) Soit E = {n = 2k, k ∈ Z}. +,× sont-elles des lois internes sur E, as- sociatives, commutatives. + et × admettent-elles un ´el´ement neutre et les ´el´ements sont-ils sym´etrisables ?
Qu’en est-il pour E ={n= 2k+ 1, k∈Z}?
ii) Que ce passe-t-il avec (R∗+,∧) d´efini pr´ec´edemment ?
Propri´et´es 1.4.1 Soit E muni d’une loi interne ∗.
i) Si ∗ admet un ´el´ement neutre il est unique.
ii) Six∈E admet un symetriquex0 pour∗alors celui-ci est unique (en supposant∗associative).
iii) Si x0 est le symetrique de x alors x est le symetrique de x0. Preuve.
i) supposons e, e0 deux ´el´ements neutres. Alors e∗e0 =e=e0.
ii) Supposonsx0 etx00 deux symetriques dexalorsx∗x00=ed’o`ux0∗x∗x00=x0. Maisx0∗x=e donc x0∗x∗x00 =x00 d’o`u x0 =x00.
iii) ´evident CQFD
Exercice 1.5 i) (R,+) admet-il un ´el´ement neutre ? Ses ´el´ements sont-ils symetrisables ? ii) Mˆemes questions avec (R,×) et (R∗,×).
Exemples 1.6 On d´efinit sur R2− {(0,0)} la loi interne ∗ telle que (a, b)∗(a0, b0) = (a.a0−b.b0, a.b0+b.a0).
Quelles sont les propri´et´es de ∗?
D´efinition 1.7 Soit E un ensemble et ∗ une loi interne sur E. F ⊂E est dit stable par ∗ si
∀x, y ∈F, x∗y∈F.
Exemples 1.8 Q est une partie stable de R pour +.
2 Groupes.
2.1 D´ efinitions-propri´ et´ es.
D´efinition 2.1 (groupe)
Soit G un ensemble et ∗ une loi interne sur G.
On dit que (G,∗) est un groupe ssi i) G est non-vide.
ii) ∗ est associative.
iii) ∗ admet un ´el´ement neutre.
iv) Tout ´el´ement de G admet un sym´etrique pour ∗ dans G.
Si, de plus, la loi est commutative (x∗y =y∗x), on dit que (G,∗) est un groupe ab´elien ou commutatif. Dans ce cas la loi interne est souvent not´ee +.
Notation 2.2 Dans un groupe, le sym´etrique d’un ´el´ement est not´ex−1 pour une loi quelconque et −x pour la loi +.
Exemples 2.3 i)(Z,+),(R,+),(Q,+),(C,+),(R∗,×),(Q∗,×),(C∗,×)sont des groupes ab´eliens.
ii) L’exemple 1.6 nous donne un groupe ab´elien (en correspondance avec C∗; on parle d’iso- morphisme).
iii) (Z,×)?
Exercice 2.4 Soit G=Z/nZ, l’ensemble des classes de Z modulo la relation aRb ⇔a−b=n.k, k∈Z.
i) Montrer que + d´efinie par a+b =a+b est une loi interne bien d´efinie.
ii) Montrer que (Z/nZ,+) est un groupe.
Propri´et´es 2.4.1 Soit (G,∗) un groupe.
pour a, b∈G, on a
(a∗b)−1 =b−1∗a−1 (=a−1∗b−1 si le groupe est ab´elien).
Preuve.
(a∗b)∗(b−1∗a−1) =a∗a−1 =e.
CQFD
2.2 Sous-groupes.
D´efinition 2.5 Soit (G,∗) un groupe. Soit H un sous-ensemble non-vide de G.
On dit que (H,∗) est un sous-groupe de (G,∗) si H est un groupe muni de la restriction de
∗ `a H.
Exemples 2.6 i) ({1},×) est-il un sous-groupe de (R∗,×)? ii) (Z,+) est-il un sous-groupe de (R,+)?
iii) (nZ,+) est-il un sous-groupe de (Z,+)?
iv) ({(cosα,sinα), α∈[0,2π[},∗) est-il un sous-groupe du groupe de l’exemple 1.6 ? v) (R∗,×) est-il un sous-groupe de (R,+)?
vi) ({(a, b)/a2+b2 = 2},∗) est-il un sous-groupe du groupe de l’exemple 1.6.
Th´eor`eme 2.7 Soient (G,∗) un groupe et H ⊂G, H 6=∅.
(H,∗) est un sous groupe de (G,∗) ssi : i) ∀x, y ∈H, x∗y∈H (H est stable par *).
ii) ∀x∈H, x−1 ∈H.
(De plus, si ∗ est commutative, elle le reste dans H).
Preuve.
1) Si (H,∗) est un sous groupe, il est clair que i) et ii) sont v´erifi´es.
2) Supposons i) et ii) v´erifi´es.
- Soit x, y, z ∈ H. Dans (G,∗) on sait que (x∗y)∗z =x∗(y∗z) donc cette ´egalit´e est vraie dans H. * est donc associative dans H. (Idem pour la commutativit´e si tel est le cas).
- Soit x∈H alors x−1 ∈H d’apr`es ii). Donc, d’apr`es i), x∗x−1 =e∈H.
Donc (H,∗) est un groupe.
CQFD
Exercice 2.8 Montrer que l’ensemble des ´el´ement de la forme 1+2p1+2q o`u p, q ∈ Z est un sous- groupe de (Q∗,×).
Propri´et´es 2.8.1 Une intersection de sous-groupes est un sous-groupe.
Preuve.
(dans le cas fini)
Soit (G,∗) un groupe. Soient H1, H2 deux sous-groupes de G.
- e∈H1 et e∈H2 donc e∈H1∩H2.
- Soient x, y ∈ H1∩H2 alors x, y ∈H1 et x, y ∈H2. Comme H1, H2 sont des sous groupes, on a x∗y∈H1 et x∗y∈H2. Donc x∗y∈H1∩H2.
- Soient x ∈ H1 ∩H2 alors x ∈ H1 et x ∈ H2. Comme H1, H2 sont des sous groupes, on a x−1 ∈H1 et x−1 ∈H2. Donc x−1 ∈H1∩H2.
Donc H1∩H2 est un sous-groupe en vertue du th´eor`eme.
CQFD
3 Anneaux et corps.
3.1 anneaux.
D´efinition 3.1 Soit A un ensemble muni de 2 lois de composition interne ⊕ et ∗. On dit que
∗ est distributivesur ⊕ si
∀x, y, z∈A, x∗(y⊕z) = (x∗y)⊕(x∗z) et (y⊕z)∗x= (y∗x)⊕(z∗x).
Exemples 3.2 Dans (R,+,×), × est distributive sur+.
D´efinition 3.3 Soit A un ensemble muni de 2 lois de composition interne ⊕ et ∗. On dit que (A,⊕,∗) est un anneau (unitaire) si :
i) (A,⊕) est un groupe ab´elien (´el´ement neutre not´e0).
ii) ∗ est associative.
iii) ∗ admet un ´el´ement neutre (unit´e) not´e 1.
iv) ∗ est distributive sur ⊕.
Si de plus ∗ est commutative on parle d’anneau commutatif.
Exemples 3.4 (Z,+,×),(Q,+,×),(R,+,×),(C,+,×) sont des anneaux.
Exercice 3.5 i) Montrer que Z/4Z, l’ensemble des classes de Z modulo la relation aRb ⇔a−b= 4.k, k∈Z
muni des deux lois
a+b =a+b a×b =a×b est un anneau (on v´erifiera que les lois sont bien d´efinies).
3.2 Corps.
D´efinition 3.6 (K,+,×) est appel´e corps si c’est un anneau commutatif (unitaire) tel que tout ´el´ement x de K non-nul (diff´erent du neutre pour+) poss`ede un sym´etrique pour la loi ×.
Ce sym´etrique est appel´e inverse et not´e x−1.
Remarque 3.7 Si (K,+,×) est un anneau (unitaire) non-commutatif tel que tout ´el´ement x de K non-nul (diff´erent du neutre pour +) poss`ede un sym´etrique pour la loi ×, on parle de corps gauche.
Exemples 3.8 i) (R,+,×),(Q,+,×),(C,+,×) sont des corps.
ii) (Z,+,×) est-il un corps ?
Exercice 3.9 i) (Z/3Z,+,×) avec les lois d´efinies pr´ec´edemment est-il un corps ? ii) Qu’en est-il pour (Z/4Z,+,×)?
Proposition 3.10 Soit (K,+,×) un corps. Si L⊂K alors (L,+,×) est un corps ssi : i) (L,+) est un sous-groupe de (K,+).
ii) ∀a, b∈L, a×b ∈L.
iii) 1∈L.
iv) ∀a∈L− {0}, a−1 ∈L.