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Participations et rôles sociaux à l'âge de la retraite: une analyse des évolutions et enjeux autour de la participation sociale et des rapports sociaux de sexe

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Academic year: 2022

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Thesis

Reference

Participations et rôles sociaux à l'âge de la retraite: une analyse des évolutions et enjeux autour de la participation sociale et des rapports

sociaux de sexe

BAERISWYL, Marie

Abstract

Cette thèse porte sur la participation sociale à la retraite au prisme de l'hétérogénéité de la population âgée. Elle vise à étudier la prévalence et les systèmes d'inégalités et de ressources entourant différentes pratiques, tout en replaçant ces enjeux dans un processus socio-historique plus large. Dans ce cadre, la question de l'impact du genre lors de cette étape de vie qu'est la retraite est approfondie. Au final, c'est à une réflexion globale sur la place des aînés dans la société et ses enjeux sociaux comme individuels que ce travail se propose de contribuer.

BAERISWYL, Marie. Participations et rôles sociaux à l'âge de la retraite: une analyse des évolutions et enjeux autour de la participation sociale et des rapports sociaux de sexe . Thèse de doctorat : Univ. Genève, 2016, no. SdS 39

URN : urn:nbn:ch:unige-853097

DOI : 10.13097/archive-ouverte/unige:85309

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:85309

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Une analyse des évolutions et enjeux autour de la participation sociale

et des rapports sociaux de sexe

THÈSE

présentée à la Faculté des sciences de la société de l’Université de Genève

par

Marie Baeriswyl

sous la direction de

Prof. Michel Oris et Prof. Jean-François Bickel

pour l’obtention du grade de

Docteur ès sciences de la société mention socioéconomie

Membres du jury de thèse:

Jean-François Bickel, Professeur, Haute école de travail social Fribourg Jean-Michel Bonvin, Professeur, Président du jury, Université de Genève

Nathalie Burnay, Professeure, Université de Namur, Belgique Nicky Le Feuvre, Professeure, Université de Lausanne

Michel Oris, Professeur, Université de Genève

Thèse n° 39 Genève, 16 juin 2016

(3)

La Faculté des sciences de la société, sur préavis du jury, a autorisé l’impression de la présente thèse, sans entendre, par-là, émettre aucune opinion sur les propositions qui s’y trouvent énoncées et qui n’engagent que la responsabilité de leur auteur.

Genève, le 16 juin 2016

Le doyen

Bernard DEBARBIEUX

Impression d'après le manuscrit de l'auteur

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Table des matières

Résumé ... vii

Remerciements ... ix

Introduction ... 1

Chapitre 1. Cadre de la recherche ... 9

1.1 Mise en contexte et enjeux autour de la participation sociale des aînés ... 10

1.1.1 Evolutions socio-culturelles et représentations sociales de la vieillesse ... 10

1.1.2 Théories gérontologiques et émergence de la question de la participation sociale ... 12

1.1.3 Active ageing et valorisation de la participation sociale des aînés … ... 14

1.2 Participations sociales et vieillesse : études et enjeux empiriques ... 17

1.2.1 Questions de définitions ... 17

1.2.2 Ampleur et évolutions ... 19

1.2.3 Facteurs de participations et inégalités sociales ... 23

1.2.4 Liens à la santé et au bien-être ... 27

1.3 Gérontologie et genre ... 30

1.3.1 La difficile rencontre de la gérontologie et du genre ... 31

1.3.2 Inégalités de genre et participation sociale ... 34

1.4 Adopter une perspective large et plurielle sur la participation sociale ... 36

1.4.1 Autour de la distinction privé / publique : quelles places pour les aînées et aînés? ... 37

1.4.2 Différentes structures relationnelles : évolution des opportunités et contraintes ... 39

1.4.3 Capabilités : bien-être individuel et contexte social ... 42

1.4.4 Approche théorique par les ressources : penser l’hétérogénéité de la population âgées dans le projet VLV ... 44

Chapitre 2. Construction de la recherche ... 49

2.1 Présentation des enquêtes : trois collectes de données à 15 ans d’intervalle (1979-1994-2011) ... 49

2.1.1 1979 : les pionniers ... 50

2.1.2 1994 : approfondir et comparer ... 52

2.1.3 2011 : de nouvelles régions et un calendrier de vie ... 54

2.2 Comparer les enquêtes de 1979, 1994 et 2011 : opportunités et limites ... 56

2.2.1 Comparabilité des échantillons ... 56

2.2.2 Comparabilité des données et construction d’une base d’analyse ... 58

2.2.3 L’enquête VLV-2011 : de nouvelles opportunités ... 61

(5)

2.2.4 Bilan : les défis de la comparaison ... 62

2.3 Etudier différentes dimensions de la participation sociale : une pluralité d’indicateurs ... 64

2.3.1 Les indicateurs de participations ... 65

2.3.2 Saisir la participation de manière plurielle : profils vs. pratiques – un choix empirique ... 70

2.4 Analyser les participations sociales : méthodes statistiques ... 74

2.4.1 Analyses de régression ... 74

2.4.2 Effets modérateurs et médiateurs ... 75

2.4.3 Average Marginal Effects (AME) ... 78

2.5 Comprendre la participation à travers la mesure des inégalités de ressources et de bien-être au sein de la population retraitée ... 79

2.5.1 Inégalités et différences : choix et présentation des variables 79 2.5.2 La question du bien-être subjectif (2011) : l’échelle de satisfaction de vie ... 83

2.6 Modèles d’analyses ... 85

2.6.1 Systèmes d’inégalités et de ressources autour de la participation ... 86

2.6.2 Approfondir la question du genre ... 88

2.6.3 Les liens entre participations sociales et bien-être ... 90

2.6.4 Modèles d’analyse et données manquantes ... 91

Chapitre 3. Progrès et inégalités : présentation des populations enquêtées ... 95

3.1 L’ancrage socio-historique: des cohortes nées entre 1885 et 1946 ... 96

3.2 Augmentation de l’espérance de vie et vieillissement des populations ... 98

3.3 Vivre plus vieux… mais en relative meilleure santé ... 100

3.4 Des aînés plus instruits et avec plus de moyens financiers ... 103

3.5 Des aînés (potentiellement) plus entourés plus longtemps ... 110

3.6 Détraditionnalisation et ouverture ... 113

3.7 Conclusions ... 115

Chapitre 4. Participations sociales : entre évolutions et différenciations ... 119

4.1 Hausse globale de la participation sociale et constats diversifiés ... 119

4.2 Inégalités et variabilités des logiques de participation dans les populations âgées contemporaines ... 127

4.2.1 Avoir une participation sociale plurielle ... 127

4.2.2 Des logiques inégalitaires et des systèmes de ressources plus spécifiques autour des différentes pratiques ... 133

(6)

4.3 Entre changements et continuités dans les logiques de

participation ... 146

4.3.1 Entre recul et recomposition des inégalités entre sexes ... 146

4.3.2 Entre stabilité et recul des logiques cantonales ... 150

4.3.3 Effets d’âge: entre stabilité générale, atténuation et renversement ... 154

4.3.4 Recul et hausse de l’impact de l’éducation, entre démocratisation et polarisation de la participation ... 157

4.3.5 La relative stabilité des liens aux sources de revenu ... 162

4.3.6 Opinions traditionnelles : entre segmentation et diffusion nouvelle ... 163

4.3.7 Réseau d’ego et changement de statut dans le système de ressources ... 164

4.4 Propos d’étape ... 170

Chapitre 5. Genre et participations sociales ... 179

5.1 Inégalités de participation entre hommes et femmes et distribution des ressources ... 179

5.1.1 La participation sociale des aînés et aînées : rappel et prolongement ... 180

5.1.2 Genre, inégalités et différences dans le système de ressources et participation ... 188

5.2 Inégalités et différences en matière de participation sociale : des systèmes portant la marque du genre ... 195

5.2.1 La situation plus défavorable des femmes en Valais ... 196

5.2.2 Vers une moindre stratification par âge de la participation féminine ? Tendance et exceptions ... 199

5.2.3 La position particulière des femmes hautement instruites .... 204

5.2.4 L’accès à un 2ème ou 3ème pilier : une importance croissante pour la participation masculine ... 209

5.2.5 Des rapports différenciés à la santé ... 211

5.2.6 Capital social et inégalités entre femmes et hommes ... 215

5.2.7 Genre et opinions ... 226

5.3 Propos d’étape n°2 ... 228

Chapitre 6. Participations sociales et bien-être ... 237

6.1 Des aînés et aînées globalement satisfaits de leur vie .... ... 238

6.2 Une association positive entre participation et satisfaction : entre généralité et particularismes ... 242

6.3 Participations et satisfaction de vie : la neutralité du genre ... 248

6.4 Propos d’étape n°3 ... 252

Conclusion ... 255

Bibliographie ... 275

Annexes ... 297

(7)

Annexes A : Construction de variables comparables .... 298

Annexes B : Evolution des populations enquêtées et

inégalités ... 311

Annexes C : Distribution des indicateurs de participation

sociale ... 315

Annexes D : Facteurs de participation - évolutions ... 319

Annexes E : Facteurs de participation selon le sexe ... 339

Annexes F : Analyse de la satisfaction de vie sur la base

VLV complète ... 365

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Résumé

Cette thèse porte sur la participation sociale à la retraite au prisme de l’hétérogénéité de la population âgée. Elle vise à étudier la prévalence et les systèmes d’inégalités et de ressources entourant différentes pratiques, tout en replaçant ces enjeux dans un processus socio-historique plus large. Dans ce cadre, la question de l’impact du genre lors de cette étape de vie qu’est la retraite est approfondie. Au final, c’est à une réflexion globale sur la place des aînés dans la société et ses enjeux sociaux comme individuels que ce travail se propose de contribuer.

Au croisement des changements démographiques, culturels et socio- économiques, la question de la participation sociale apparaît aujourd’hui comme un élément central des nouveaux défis qui touchent le vieillissement et la retraite. Alors que tout semble favorable à un fort investissement des aînés dans la vie sociale, la lecture « progressiste » de l’amélioration globale des conditions de vie et de santé dans la vieillesse ne doit pas faire oublier l’hétérogénéité de la population aînée, les inégalités et la diversité qui y prennent place, éléments qui sont au cœur du projet « Vivre / Leben / Vivere - Démocratisation de la vieillesse ? Progrès et inégalités en Suisse » (VLV), dans lequel s’inscrit cette thèse. C’est bien dans la double perspective des inégalités et de la diversité que nous voulons saisir la participation sociale des aînés, ses évolutions et implications.

Adoptant une définition large et plurielle de la participation comme toute activité entreprise volontairement par ego et impliquant une relation avec autrui, cette recherche rend compte de manière plus complète de la prévalence de différentes formes d’investissement dans le lien social, hors du domicile de la personne, et de ses implications.

S’appuyant sur l’opportunité unique de comparer trois vagues d’enquête transversales sur une période d’un peu plus de 30 ans, ce travail met en évidence une augmentation générale de la participation sociale parmi les aînés de deux régions suisses, Genève et le Valais. Au-delà, il met à jour des systèmes d’inégalités et de ressources variés autour des différentes opportunités d’investissement dans le lien social. Un pôle d’activités incarnant de nouvelles modalités de réalisation à la retraite se dégage et accompagne une tendance à la « multi-participation », ces deux aspects des modes de participation à la retraite étant favorisés par un haut capital socio-économique.

C’est d’ailleurs bien le cumul de pratiques diverses qui exprime le mieux une évolution globale qui implique, nous le verrons, bien plus une polarisation des retraites contemporaines que leur démocratisation. Ces tendances soulignent la tension qui existe entre l’expression d’un individualisme croissant se manifestant dans la diversité des investissements et la persistance, voire le renforcement, des inégalités accompagnant ces processus.

Dans ce cadre, cette thèse permet de montrer comment le genre, comme système d’attribution de rôles et de statuts différents selon le sexe, persiste tout en se transformant au cours des trois dernières décennies, au fil d’évolutions plus larges. Des enjeux propres aux hommes et aux femmes se dégagent quant à la participation et à ses transformations.

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La tension entre individu et structures se retrouve finalement dans les liens entre participation et bien-être subjectif, car si la multi-activité est bien associée positivement à la satisfaction de vie, cette thèse met également en avant l’importance des structures institutionnalisées de participation.

Au final, ces résultats viennent alimenter une discussion autour de la notion de

« vieillissement actif » comme support à la participation et aux représentations de la vieillesse, en soulignant à quel point le déni des inégalités empêche la compréhension et donc l’action. Ils rappelent également l’importance des institutions, et plus largement des pratiques communautaires, dans nos sociétés contemporaines.

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Remerciements

Je souhaite ici remercier toutes les personnes qui m’ont aidée et soutenue dans la réalisation de cette thèse et y ont ainsi contribué de manière plus ou moins directe. La thèse est définitivement une grande aventure, intellectuelle mais aussi sociale, où le rapport à l’autre est à la fois nécessaire et difficile, car il nous aide et nous porte, mais aussi nous pousse dans nos retranchements et souligne nos limites. De ce cheminement, au cours duquel on apprend à se connaître et à s’affirmer, j’ose croire que même les moments difficiles se transformeront, un jour, en bons souvenirs et en « ressources ». Quoiqu’il en soit, ce parcours ne peut se faire seul et c’est bien ce qui en fait la richesse de l’apprentissage.

Mes premiers remerciements vont à mes co-directeurs de thèse qui m’ont, tour à tour, accompagnée au cours de ce processus, me poussant à me faire confiance et me soutenant dans la construction de ce manuscrit par leurs conseils et relectures. Je remercie notamment Jean-François Bickel de m’avoir offert l’opportunité de faire ce doctorat au sein du projet VLV. Je remercie également Michel Oris de m’avoir intégrée à l’équipe du CIGEV et de m’avoir permis de finir ce parcours dans des conditions optimales.

Je remercie également les membres de mon jury, Nathalie Burnay, Nicki Le Feuvre et Jean-Michel Bonvin, pour leur présence et leur lecture avisée, à la fois encourageante et critique, de la première version de ce manuscrit.

Mes remerciements vont ensuite au projet VLV, conduit dans le cadre d’une requête Sinergia et du pôle de recherche national LIVES - les deux financés par le Fond National de la recherche suisse - et dirigée par le Prof. Michel Oris.

C’est à travers cette enquête que cette thèse a été rendue possible et s’est construite. Plus largement, LIVES a offert un cadre propice et stimulant à la réussite de cette recherche à travers de nombreuses ressources offertes aux doctorants (école doctorale, financement de colloques, rencontres stimulantes entre chercheurs plus ou moins avancés).

Un grand merci va ensuite à mes différents collègues plus ou moins directs, de la haute école de travail social à Fribourg, où mon parcours a commencé, aux

« cigevistes », sans qui rien n’aurait été possible. A ces derniers, qui sont bien la plus belle découverte de ce parcours doctoral, j’envoie un merci particulier pour le soutien moral comme scientifique et pour avoir fait d’un processus fastidieux une épopée humaine pleine de rires et de découvertes ! Je tiens également à remercier Matthias Studer pour sa disponibilité et ses conseils statistiques.

Enfin, je remercie mon entourage, famille et amis, pour leur support et confiance. Et particulièrement, merci ma maman, pour les cafés, les mouchoirs et les relectures. Merci Pat, pour le soutien logistique et émotionnel inconditionnel. Merci Hugo de m’avoir supportée, quel qu’en soit d’ailleurs le sens… Et merci Qash, ma boule de poil anti-stress préférée !

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Introduction

Cette thèse explore une thématique éminemment contemporaine dans une perspective socio-historique : la participation sociale des aînés et aînées (65-94 ans) dans deux régions de Suisse romande à trente et quelques ans d’intervalle.

La première référence de ce travail se trouve de fait dans le présent : la question de la participation sociale apparaît en effet aujourd’hui comme un élément crucial au sein des nouveaux enjeux qui touchent la vie à partir de 65 ans. Elle occupe une place centrale dans les représentations du vieillissement à travers la valorisation et la diffusion du référentiel du « vieillissement actif » (Walker, 2002). Son importance est explicitement reconnue dans la définition même de la politique de la vieillesse donnée par la Confédération helvétique :

« On entend par politique de la vieillesse les mesures prises par l'Etat (Confédération, cantons et communes) influant sur la situation de vie de la population âgée. Revêtent une importance particulière la garantie d'un revenu adéquat et l'encouragement de la participation et de l'intégration sociales des personnes âgées. » (Office fédéral des assurances sociales (OFAS), 2015).

A priori, un tel projet politique a toutes les chances de se réaliser puisqu’il est en phase avec les dynamiques sociales. En Suisse comme ailleurs, émerge en effet le constat d’une augmentation des activités entreprises volontairement par les aînés hors de leur domicile (e.g. Agahi & Parker, 2005; Ajrouch, Akiyama, &

Antonucci, 2007; Bickel & Lalive d’Epinay, 2001b; Broese van Groenou & Deeg, 2010; Einolf, 2009).

Cette importance croissante de la participation dans les discours et les pratiques est associée à l’expansion d’un nouvel âge de la vie, souvent conceptualisé comme un 3e âge, issu de l’écart croissant entre la « vieillesse institutionnelle » incarnée par la retraite, et les effets physiologiques du vieillissement, repoussés dans un 4e âge. Si l’allongement de l’espérance de vie, et plus spécifiquement de la durée de vie sans handicap, ne va pas sans provoquer des craintes portant sur le poids de la dépendance et sur la préservation des régimes de retraite (e.g. Oris & Remund, 2012), c’est bien l’autre facette de ces évolutions démographiques qui nous concerne ici : l’émergence d’un nouveau temps de vie à investir. Plus particulièrement, les transformations démographiques citées sont entremêlées à d’autres changements socio-économiques et socio-culturels qui viennent alimenter cette tendance à représenter et à considérer la retraite comme un nouvel espace de participation (e.g. Höpflinger & Perrig-Chiello, 2009; Lalive d’Epinay, 1994; Legrand, 2001; Raymond, Gagné, Sévigny, &

Tourigny, 2008; Spini & Campos, 2012). Dans le contexte contemporain où plus généralement tout un chacun doit faire face à l’injonction d’être acteur de sa propre vie (Martuccelli, 2002, 2006; Sapin, Spini, & Widmer, 2007), et donc aussi de son vieillissement, participer socialement après l’âge de la retraite s’affirme comme une problématique centrale en termes de réalisation de soi et de bien-être subjectif.

Ce nouveau cadre normatif façonne tant le sens que les visions de la vie passée le 65e anniversaire, d’autant plus que les ressources à disposition des aînés pour affronter les défis du vieillissement sont en progression, ce qui est censé

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assurer la cohérence d’ensemble d’une dynamique qui pourrait être perçue de manière univoque comme positive. Cependant, la lecture « progressiste » des conditions de vie, de santé et de participation dans la vieillesse ne doit pas faire oublier l’hétérogénéité de la population des aînés et les inégalités qui existent en son sein. Ces éléments sont au cœur du projet « Vivre / Leben / Vivere - Démocratisation de la vieillesse ? Progrès et inégalités en Suisse » (VLV) et de l’approche par les ressources (Oris, Guichard, et al., 2016) dans lesquels s’inscrit cette thèse. De fait, si tout semble favorable à une forte participation sociale des aînés, cette dernière ne va cependant pas de soi.

Toute une série de travaux démontrent en effet l’existence de multiples facteurs sociaux, mais parfois aussi plus personnels, qui influent les chances de participation (Bickel, 2014; Raymond et al., 2008). En outre, si un nombre croissant de recherches confirment les liens positifs entre participation sociale et santé (au sens large), il apparaît également que des différences puissent exister selon les caractéristiques de l’individu concerné (e.g. Morrow-Howell, Hinterlong, Rozario, & Tang, 2003) ainsi que selon le type de participation pris en compte (Moen, Dempster-McClain, & Williams, 1992; Potočnik & Sonnentag, 2013). Ce dernier constat nous renvoie au caractère relativement flou du concept de participation sociale. Ce que l’on entend par là, n’est pas clairement défini, participant à l’hétérogénéité, voire à la confusion des résultats issus des différentes recherches sur le sujet (e.g. Levasseur, Richard, Gauvin, &

Raymond, 2010; Raymond et al., 2008). Au sein de cette diversité, bien souvent, l’attention - notamment scientifique - se focalise sur la participation formelle à l’espace public (Raymond et al., 2008). La définition peut même être encore plus strictement restreinte à l’emploi dans le cadre de certaines politiques (e.g.

Guillemard, 2013). Or, les occasions de s’impliquer dans le lien social à la retraite sont multiples ; preuve en est l’importance quantitative des pratiques sociales plus informelles (e.g. Bickel, Lalive d’Epinay, & Vollenwyder, 2005;

Dorfman, 2013), également en termes d’engagement ou de sociabilité privé des aînés (e.g. Attias-Donfut, 2002; Bonvalet & Lelièvre, 2005; Desmulier, Polfliet, &

Rauscher, 2003; Lalive d’Epinay, Bickel, Maystre, & Vollenwyder, 2000).

Cette thèse ambitionne d’affronter ces défis posés par l’étude de la participation sociale. Pour cela, elle développe sa problématique de recherche dans la double perspective des inégalités et de la diversité afin de mieux saisir les opportunités d’investissement dans le lien social ainsi que leurs enjeux, sociaux ou plus individuels. Trois axes de questionnements particuliers viennent plus particulièrement spécifier la réflexion suivie au fil de ce travail tout en l’inscrivant dans des problématiques plus larges – évolution socio-culturelle, logique de genre et bien-être.

Le premier axe vise à inscrire l’étude de la participation sociale dans une perspective socio-historique. Comme nous l’avons souligné, l’évolution positive des pratiques de participation sociale des aînés est concomitante d’une amélioration de leurs conditions de vie, ainsi que de changements socio- culturels allant dans le sens d’une plus grande individualisation des normes et comportements. Les questions qui en découlent sont, d’une part, celle d’une augmentation, et plus encore d’une transformation, des pratiques de participation, d’autre part, celle d’une moindre stratification sociale de ces activités. Au final, c’est une réflexion en termes de « démocratisation de la

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retraite » (expression qui renvoie alors au titre de l’enquête VLV, Oris, Guichard, et al., 2016) que se propose d’adopter cette thèse.

Dans le prolongement du premier axe de questionnement, le deuxième vise à approfondir la question des inégalités et logiques de genre dans l’étude de la participation sociale. En parallèle aux évolutions qui ont touché les conditions de vie après l’âge de la retraite, celles ayant trait au statut de la femme ont également marqué la deuxième moitié du XXème siècle (Bühler, Brun, Steinmann, & Brulhardt, 2002). Les avancées en matière d’égalité sont évidentes ; cependant l’égalité entre hommes et femmes est loin d’être achevée.

Des inégalités subsistent et diverses études, portant bien plus souvent sur les

« actifs » que sur les retraités, soulignent que malgré la diversification des parcours de vie, les « choix » de vie féminins paraissent toujours guidés par un

« statut maître », concept soulignant la persistance d’un champ prioritaire d’investissement propre à chaque sexe, familial pour les femmes, professionnel pour les hommes (Krüger & Levy, 2001). La question des inégalités se posent en outre d’autant plus chez les aînés que, rappelons-le, ils appartiennent à des cohortes qui ont a priori moins profité des évolutions en la matière, en raison précisément de leur inscription sociohistorique (Attias-Donfut, 2001). Alors que la thématique du genre n’a été que peu et tardivement traitée en gérontologie, l’ouverture d’un « nouvel âge » dans le parcours de vie et les transformations en demi-teinte des inégalités et statuts genrés soulèvent nombre d’interrogations spécifiques autour de la participation des hommes et des femmes après 65 ans.

C’est l’opportunité de prolonger un questionnement en termes de rapports sociaux de sexe à la retraite, entre continuité et changement, tant au niveau individuel que socio-historique.

Notre troisième axe vise à intégrer la question du bien-être à celle de la participation. Comme cela a été évoqué plus haut à propos du lien à la santé au sens large, de nombreuses recherches confirment une association positive. Ces résultats alimentent les arguments en faveur d’un « vieillissement actif », que l’on peut saisir comme la représentation contemporaine dominante du « bien- vieillir » et accorde une grande importance à la participation sociale. Ici, il s’agit de saisir les enjeux et limites de ce concept en allant au-delà du constat d’une association positive univoque entre « activité » et bien-être subjectif pour complexifier ces relations au regard de la diversité des investissements possibles et des systèmes d’inégalités qu’ils supposent.

Plus largement, nos différents axes d’analyses doivent permettre d’articuler une réflexion s’inscrivant dans une perspective critique de la gérontologie. Il s’agit non seulement de mettre l’accent sur les différentiels de vieillissement, mais également de prendre de la distance avec le discours convenu sur l’activation des personnes âgées comme source de bien-être individuel (Moulaert, 2012).

La dimension normative de cette notion a déjà souvent été dénoncée et le risque d’instrumentalisation à travers un discours « win-win » de la part des politiques ne doit pas être sous-estimé (e.g. Durandal & Moulaert, 2014; van Dyk, 2012).

Afin de poursuivre ses différents axes de questionnement, cette thèse fait le choix de partir d’une définition large et d’une perspective multiple sur la participation sociale. Entendue comme toute activité entreprise volontairement

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par ego et impliquant une relation avec autrui, elle sous-tend différentes dimensions des investissements possibles des individus dans le lien social. Y sont ainsi intégrées les formes, fortement valorisées socialement, de participation formelle à l’espace public (bénévolat, associationnisme) comme les manifestations plus informelles, souvent thématisées en termes de loisirs sociaux. Au-delà, la participation à la sphère religieuse mais aussi des modes d’investissement dans la sphère privée sont aussi comprises dans cette définition englobante. L’adoption de cette perspective permet un questionnement de la participation et ses enjeux avec moins d’a priori, afin de saisir l’importance de différentes formes d’intégration sociale, leurs évolutions, leurs logiques, leurs associations et leur importance pour les populations plus âgées. Au-delà, cette approche est également particulièrement adéquate pour éclairer les enjeux évolutifs de la participation. Elle permet notamment de nourrir la question d’une individualisation des sociétés au regard des pratiques elles- mêmes, certains auteurs soulignant par exemple le déclin du capital social (Putnam, 2000) ou l’importance croissante des pratiques expressives (Bickel &

Lalive d’Epinay, 2001a) accompagnant les transformations socio-historiques.

Elle est en outre étroitement liée à notre intérêt pour le genre et ses logiques en intégrant des modalités plus privées de participation.

*

* *

Empiriquement, ce travail s’appuie sur l’existence d’un ensemble unique de données composé de trois vagues transversales d’une enquête portant sur les conditions de vie et de santé des 65-94 ans dans deux régions de Suisse romande, Genève et le Valais, entre 1979 et 2011. La disponibilité de ces trois bases offre l’occasion rare de comparer la population âgée à quelque 30 ans d’intervalle, de questionner l’évolution de leurs pratiques mais aussi des inégalités qui y prennent forme. Ces enquêtes contiennent une information riche et diversifiée sur leur participation à différentes activités sociales, permettant de concrétiser notre approche large et plurielle. En outre, la dernière enquête contient des variables additionnelles portant sur la satisfaction de vie, dont il s’agira de tirer profit afin de prolonger le questionnement de la participation sociale au regard du bien-être subjectif des personnes âgées.

De manière générale, l’analyse portera en parallèle sur différents indicateurs de participation sociale afin de mieux saisir les enjeux associés aux possibilités diversifiées de contribution des aînés, femmes et hommes, au lien social. Une grille de lecture multiple peut être posée par rapport aux différentes formes incarnées dans les variables permettant de les questionner quant à leurs logiques et implications : entre sphères privée et publique, activités dirigées vers soi ou vers autrui, ou encore au regard des structures relationnelles sous- tendues par les différentes activités. En termes de stratégies d’analyse, l’adoption de cette perspective rend la comparaison des différents résultats particulièrement importante pour mettre en évidence les similitudes ou dissonances, complémentarités ou substitutions. Une variable mesurant le

« score de participation » permettra quant à elle d’aborder la question d’un cumul des participations. Au-delà, les trois axes de recherche spécifiés plus haut structurent la lecture et l’interprétation des résultats en articulant la

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question des inégalités de ressources aux enjeux socio-historiques, de genre et de bien-être individuel.

Avant tout, il s’agira de rendre compte de l’évolution de l’accès aux formes de participation de 1979 à 2011 pour mesurer la prévalence de différents types d’investissement sociaux parmi les aînés à 30 ans d’écart. Puis des séries d’analyses de régression viseront à rendre compte des inégalités sociales, des différentiels dans l’accès à la participation sociale. Elles viseront plus particulièrement à mettre à jour certains aspects de ces systèmes en se concentrant sur des variables statutaires et d’autres plus individuelles, renvoyant au capital socio-économique, social et aux ressources de santé de la personne.

Au-delà, nos analyses visent également à rendre compte dans quelle mesure le contexte historique interagit avec les facteurs associés à la participation sociale.

Dans un deuxième temps, l’analyse vise à approfondir ces premiers résultats sous l’angle des inégalités et logiques de genre. Il s’agira de rendre compte des différences en matière de genre à l’égard des différentes formes de participation considérées. Nous appuyant sur les travaux dénonçant la position désavantagée des femmes âgées dans le système de ressource (e.g. Arber, 2004; Arber, Davidson, & Ginn, 2003) et ceux, dans le prolongement des recherches portant sur la vie active et la conciliation travail/famille, qui soulignent l’importance de prendre en considération les contraintes spécifiques qui pèsent sur la participation des femmes après l’âge de la retraite (Pennec, 2004), la question du genre sera ensuite approfondie de deux manières au regard des systèmes de ressources : du point de vue d’une distribution inégalitaire des « capitaux » (effets médiateurs des inégalités de genre) et du point de vue d’un rapport différencié aux types de capitaux (effet modérateur du genre sur les logiques de participation). Ces angles d’approche des inégalités entre hommes et femmes doivent globalement offrir des indices quant à l’existence de logiques genrées dans les conditions de la participation sociale, leur endurance et/ou leur transformation.

Enfin, le dernier ensemble d’analyses qui compose notre étude empirique viendra questionner l’affirmation et la promotion des liens entre participation et bien-être à travers le prisme de l’hétérogénéité et des inégalités. Concrètement, les analyses questionneront les associations entre pratiques de participation – intégrées ici dans une série de régressions logistiques comme variables

« explicatives » – et niveau de la satisfaction de vie. Ce dernier mesure la dimension cognitive du bien-être subjectif (Diener, Emmons, Larsen, & Griffin, 1985) sur base d’une évaluation individuelle de son existence effectuée par chaque participant à l’enquête VLV. Plus particulièrement, les liens entre différentes formes de participation et satisfaction de vie sont testés et intégrés au regard de systèmes de ressources plus large. Au-delà, dans notre souci de mettre en lumière les enjeux genrés, nous interrogerons l’impact du sexe sur les associations entre participation et bien-être subjectif, qui sous-tendent des significations différentes des pratiques de participation ou des « chemin genrés » (gender pathways) menant au bien-être subjectif (Pinquart &

Sörensen, 2000).

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Au final, ces trois ensembles d’analyses qui font écho à nos trois axes de recherche et au dialogue qui a été construit entre eux, doivent mettre en perspective une série d’enjeux autour de la participation sociale à la retraite au prisme de l’hétérogénéité de la population âgée. Elles doivent en outre permettre de saisir en quoi évolue la place des aînés dans notre société et en quoi ces changements font référence à un processus d’individualisation qui marquerait l’époque contemporaine, et ceci notamment sous l’angle des rapports sociaux de sexe. Enfin, ces différents résultats doivent nourrir une réflexion plus large autour de la notion de « vieillissement actif » comme support au bien-être au temps de la retraite, en s’appuyant notamment pour cela sur la notion de capabilités, c’est-à-dire la liberté de vivre la vie que l’on a une raison de valoriser (e.g. Sen, 1993, 1999).

*

* *

Le premier chapitre de cette thèse sera l’occasion de reprendre plus en détail les différents éléments du questionnement, établissant par là le cadre théorique de la recherche. La place de la participation sociale dans les représentations et théorisations du vieillissement est retracée. Dans un second temps, un état de la littérature et des enjeux autour de la participation sociale après la retraite est exposé ; nous reprenons les questions liées à la définition, l’évolution, les inégalités et les liens établis avec la santé. La troisième section aborde la problématique du genre en gérontologie, ses enjeux et ses manques.

Finalement, nous approfondissons l’approche et le questionnement de la participation sociale à travers différents concepts théoriques. Dans ce cadre, nous discutons la distinction entre privé et public qui, comme nous le verrons, dépasse une simple opposition entre deux sphères bien définies (Weintraub, 1997) et suppose ainsi une série de questions en termes de participation après l’âge de la retraite, ses évolutions et différenciation. Dans un deuxième temps les possibilités de participation sont regardées sous l’angle de différentes structures relationnelles dans lesquelles s’exercent les pratiques sociales, ces dernières pouvant être comprises comme des structures d’opportunités et de contraintes particulières (Bidart, Degenne, & Grossetti, 2011). Le troisième point développe l’approche du bien-être par les capabilités, rapidement évoquée ci- dessus. Elle nous aide à réaliser une prise de distance critique quant à l’établissement et la promotion du lien entre participation et bien-être en mettant en lumière les enjeux inégalitaires, individuels mais aussi normatifs de cette conception du vieillissement. La dernière section explicitera le modèle par les ressources issu de l’enquête VLV et permettra de préciser la position et l’approche adoptée par cette thèse au sein de ce grand projet interdisciplinaire.

Les différents choix méthodologiques sont exposés en détail dans le chapitre 2.

Une première partie concernera les bases de données et leur comparaison qui, comme nous le verrons, ne va pas sans poser un certain nombre de défis. Les variables, méthodes statistiques et modèles d’analyse sont ensuite successivement présentés, permettant d’opérationnaliser les différentes questions de recherche.

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Le troisième chapitre a un statut spécial : empirique car s’appuyant sur l’analyse des données d’enquête, il permet une transition entre les cadres théorique et méthodologique de notre recherche et les résultats quant à la participation sociale des aînés. En effet, il présente l’évolution des populations d’enquête du point de vue de leur inscription dans l’histoire et de leurs caractéristiques démographiques et sociales, caractéristiques pouvant être vues comme des ressources susceptibles de soutenir la participation sociale. Au-delà, ce chapitre offre un premier bilan de l’hétérogénéité de la population âgée. Il confirme la persistance d’inégalités importantes malgré les progrès généraux en matière de conditions de vie.

Les chapitre 4, 5 et 6 composent la partie empirique de cette thèse et font référence aux résultats des trois axes de recherche – inégalités et différenciation, participation sociale et genre, participation sociale et bien-être.

Confirmant l’importance croissante de la participation dans les modes de vie à la retraite tout en soulignant un processus de sécularisation de ces pratiques, ils mettent en perspective la complexité des logiques menant à une forte participation, respectivement des participations spécifiques. Cette complexité se retrouve d’ailleurs dans deux axes de questionnement, l’évolution socio- historique et le genre ; si une certaine homogénéisation des pratiques est perceptible, c’est bien plus une transformation des inégalités et de leurs mécanismes que leur disparition qui est à l’œuvre. La question de l’importance des structures traditionnelles se retrouve dans les liens entre participation et satisfaction de vie qui mettent en avant la position spécifique de diverses formes institutionnalisées. En lien avec l’étude de l’évolution des formes de participation et de leurs systèmes de ressources, nos analyses soulignent la montée en importance d’une participation plurielle et diversifiée, qui renvoie à des enjeux identitaires et inégalitaires importants.

Outre un retour sur ces différents résultats, la conclusion est l’occasion de revenir sur la notion de « vieillissement actif » comme support à la participation et aux représentations de la vieillesse. Au sein de ce débat désormais central dans nos sociétés, nous affirmons la pertinence d’une perspective multiple et large de la participation mais aussi plus généralement du vieillissement. La définition du bien-être en fonction des capabilités pousse à aller plus loin dans la discussion des présupposés qu’implique la vision positive de la vieillesse en termes d’activation en soulignant sa dimension normative, tant à l’égard du but (le « bonheur ») que des moyens (« être actif ») qui renvoie à une dimension davantage individualiste et élitiste des modes de participation à la retraite.

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Chapitre 1. Cadre de la recherche

Le concept de participation sociale est à la mode actuellement, jusqu’à se dessiner comme une finalité au niveau politique. Il est notamment utilisé dans le champ du handicap, mental ou physique, mais aussi plus globalement dans les questions liées à des personnes « vulnérables » (Proulx, 2008). Dans le domaine du vieillissement également, la participation sociale est devenue un élément clé au cœur des discours sur le « vieillissement réussi » (e.g.

Levasseur et al., 2010) ou dans la promotion de l’active ageing par les politiques de la vieillesses. La Suisse s’inscrit dans ces nouvelles façons d’interpréter la retraite. L’Office Fédéral des Assurances Sociales (OFAS) précise ainsi que :

« La politique de la vieillesse a pour objectifs de mieux reconnaître la contribution que les personnes âgées apportent à la société, de veiller à leur bien-être et d’assurer leur sécurité matérielle. Elle doit encourager leur autonomie et leur participation, et renforcer la solidarité entre les générations » (OFAS, 2015).

Pour mieux comprendre les enjeux autour de la question de la participation sociale à l’âge de la retraite, nous commencerons ce chapitre par un détour sur l’évolution des représentations liées à la vieillesse et des théorisations du processus de vieillissement jusqu’à l’avènement de la notion d’active ageing.

Nous aborderons ensuite dans une deuxième section la littérature portant sur la participation sociale des aînés afin de situer et préciser notre questionnement et ses enjeux. Nous ciblerons plus particulièrement quatre dimensions de l’étude de la participation sociale : la définition du concept, l’ampleur de la participation et ses évolutions, la question des inégalités et différences sociales et enfin celle de l’association entre participation et santé. Comme mentionné en introduction, ce travail vise aussi à développer l’aspect genre dans le cadre d’une réflexion globale sur la participation sociale et ses évolutions. La section 3 sera dès lors l’occasion de faire un point sur la question du genre en gérontologie, puis plus spécifiquement par rapport aux enjeux liés à la participation sociale. Nous nous pencherons dans ce cadre sur le concept de statut-maître emprunté à la « vie active », en plaçant la thématique des inégalités de genre entre continuités et changements. La quatrième et dernière section du chapitre sera alors consacrée à développer notre questionnement autour d’une approche large et plurielle de la participation à travers une grille de lecture multiple. Partant de l’opposition entre sphère privée et professionnelle centrale dans les études féministes, nous élargirons la perspective autour de cette distinction en reprenant différentes théories autour du privé et public et leurs implications. Le but est de complexifier la lecture de la participation sociale à la retraite sous différentes formes. Puis nous questionnerons les aspects plus structurels des pratiques en dissociant différentes structures relationnelles sous-jacentes. Nous discuterons plus particulièrement leurs enjeux en termes d’évolution socio-historique. Nous finirons ce chapitre en approfondissant la notion de bien-être avec l’approche des capabilités. Les questions de bien-être sont en effet fortement associées à la participation sociale dans les nouvelles approches, entre autres, du vieillissement. Les capabilités offrent une perspective critique intéressante pour interroger les évidences en mettant l’accent sur la diversité humaine.

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1.1 Mise en contexte et enjeux autour de la participation sociale des aînés

Les représentations sociales liées à la vieillesse sont multiples et ont attribué, au fil du temps et au travers des sociétés, des statuts bien différents aux personnes âgées. Globalement, elles montrent une forte ambivalence entre des images négatives et positives associées à l’avancée en âge. Les caractéristiques peu flatteuses semblent cependant une constante dans l’identification de cet âge de la vie, même lorsque des composantes mieux connotées ont pu paraître masquer les côtés sombres (Bourdelais, 1997; Oris, Dubert, & Viret, 2015). Pour mieux comprendre les enjeux autour de la question de la participation sociale après l’âge de la retraite, nous commençons par retracer rapidement l’histoire des représentations liées à la vieillesse avant de nous intéresser plus particulièrement au XXème siècle et aux débats présents. Nous aborderons ensuite plus particulièrement l’évolution parallèle des théorisations du processus de vieillissement jusqu’à l’avènement du concept contemporain d’active ageing.

Nous terminerons par une discussion de ce dernier et de ses implications.

1.1.1 Evolutions socio-culturelles et représentations sociales de la vieillesse

L’antiquité marque une période où le vieillard occupe une position socialement valorisée : l’image dominante est associée au pouvoir et la sagesse. Au moyen- âge, une vision négative s’impose dans un contexte marqué par la rudesse de la vie et où la représentation commune du vieux, de celui qui ne peut plus mener la vie de tous, est celle de la déchéance physique. Le XVIIIe marque un retour à une image plus positive associant la personne âgée à un être digne malgré les conséquences sur elle du temps qui passe. Cette image persistera jusqu’au début du XXe, qui accompagne un retour à une dévalorisation de cette étape de vie : dans l’effervescence de la société industrielle, la vieillesse se représente à nouveau majoritairement par la décrépitude (Ariès, 1983; Bourdelais, 1997;

Hummel Stricker, 1998). Si cette association négative va subsister jusqu’à nos jours, une nouvelle représentation a émergé au cours des dernières décennies en parallèle à l’amélioration des conditions de santé et de vie des aînés : celle du « senior actif ». Ceci mène alors tant les chercheurs que l’ensemble du corps social à distinguer « deux vieillesses » : les images négatives, celle de la personne en mauvaise santé, dépendante, sont repoussées aux âges plus avancés. Ainsi un « 4ème âge » succède au « 3ème » âge qui est désormais celui des « jeunes » retraités en bonne santé, actif et dynamique (Höpflinger, 2009;

Lalive d’Epinay & Cavalli, 2013).

Le terme « retraité » est un élément central dans les enjeux liés au vieillissement et leurs évolutions. Dans un article sur « la construction sociale des parcours de vie et de la vieillesse en Suisse au cours du XXe siècle », Lalive d’Epinay (1994) souligne bien les étapes et conséquences de l’instauration d’un système social autour de la fin de vie. Au tournant du 20ème siècle, la vieillesse a peu à peu été définie institutionnellement à travers l’instauration d’assurances « vieillesse » permettant de se retirer du monde du travail à partir d’un seuil d’âge tout en recevant une compensation financière.

Dans le contexte de diffusion de la société industrielle, s’assumer alors que les

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forces diminuent était en effet loin d’être à portée de tous et la vieillesse, qui rendait inapte au travail, équivalait à une forte précarité, pour ne pas parler de déchéance pour tout un pan de la population (Oris et al., 2015). Cette étape de vie va alors faire l’objet de prises de conscience, de revendications et de luttes sociales. Les appels en faveur d’un droit de vieillir dans la dignité, en bénéficiant pour cela d’une sécurité matérielle minimale, finissent en Suisse par déboucher sur l’acceptation en votation populaire en 1947 de l’Assurance Vieillesse et Survivants (AVS). Cette décision du peuple marque un tournant. Non seulement, elle instaure un nouveau pacte social entre les générations mais elle définit aussi légalement et au niveau fédéral un seuil d’âge à partir duquel la vieillesse est officiellement reconnue. La transition instituée implique de nouveaux droits et devoirs attachés au nouveau statut de « vieux ». Pour la première fois, la vieillesse est dissociée de la capacité à jouer son rôle dans la société et l’âge devient déterminant. L’inscription du 2ème pilier dans la Constitution en 1972, suivie de l’adoption de la loi sur la prévoyance professionnelle (LPP) en 1982 et de son entrée en vigueur en 1985, viendront parachever ce processus (Lalive d’Epinay, 1994).

Entre la dénonciation du « problème » de la vieillesse, l’instauration de systèmes de protection sociale pour y remédier (et avec eux la définition institutionnelle et chronologique de la vieillesse) et les évolutions favorables qui ont touché les conditions de vie des aînés, les perspectives concernant la retraite se sont transformées. Tout d’abord au niveau démographique, lorsque l’AVS a été finalement instaurée en 1948, l’âge légal (65 ans à l’époque) correspondait grosso modo à l’espérance de vie moyenne des hommes en Suisse1. Aujourd’hui, les Suisses peuvent espérer vivre plus de 80 ans en moyenne2. L’espérance de vie à 65 ans a atteint en 2013 19,1 ans côté masculine, 22,1 ans côté féminin (Office fédéral de la statistique (OFS), 2015c), chiffres qui attestent des progrès de la santé chez les aînés. L’écart croissant entre la « vieillesse institutionnelle », incarnée par la retraite, et les effets biologiques du vieillissement soulève de nouveaux enjeux à la fois du point de vue sociopolitique, avec la question du « poids » des 65 ans et plus dans l’équilibre démographique et des défis que cela implique tant au niveau des régimes de retraite et des systèmes de santé (e.g. Oris & Remund, 2012), que du point de vue du vécu individuel (Sapin et al., 2007). Au-delà de l’espérance de vie, l’amélioration des conditions de vie et de santé (voir le chapitre 3 pour un approfondissement sur la base de nos données) contribue également à transformer les perspectives autour de cette dernière étape du parcours de vie.

Au croisement des changements démographiques, culturels et socio- économiques, la retraite n’est plus désormais synonyme d’abandon des rôles significatifs ou des projets de vie. Elle représente au contraire un temps de vie libéré de l’impératif de « gagner sa vie », dans lequel on peut aspirer à se réinventer une « deuxième vie » (Höpflinger & Perrig-Chiello, 2009; Lalive d’Epinay, 1994; Legrand, 2001; Raymond et al., 2008; Spini & Campos, 2012).

1 En 1950, l’espérance de vie à la naissance en Suisse était de 66.4 ans pour les hommes et 70.9 ans pour les femmes (Office fédéral de la statistique (OFS), 2015b).

2 En 2013, l’espérance de vie à la naissance en Suisse était de 80.5 ans pour les hommes et 84,8 ans pour les femmes (OFS, 2015c).

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La participation sociale acquiert dès lors une importance toute particulière au regard de cette étape de vie.

Ces nouvelles représentations, comme nous aurons l’occasion de le répéter, ne prennent cependant pas en compte l’hétérogénéité de la population âgée, notamment en termes de genre mais aussi de statut socio-économique, de capital social, etc. Elles coexistent en outre avec les visions négatives d’un 4e âge associé non seulement aux pertes physiologiques mais aussi au retrait social (Oris et al., 2015). Il faut de plus souligner le contexte actuel, marqué par un débat profond autour de l’avenir des systèmes de prévoyance vieillesse (Bertozzi, Bonoli, & Gay-des-Combes, 2005) et plus généralement de l’équilibre et des liens entre les générations (Hummel & Hugentobler, 2007). Si ce contexte ne vient pas contredire les perceptions de la retraite comme une ère de libertés nouvelles, les attentes sociales envers les 65 ans et plus, et plus particulièrement envers les nouvelles cohortes de retraités issues de générations massives du baby-boom, vont grandissantes. Cette tension entre valorisation de la retraite comme nouvel espace de participation et le « poids » de la vieillesse vu comme fragilisant l’état social et le lien social intergénérationnel, est au cœur de la notion de vieillissement actif que nous aborderons plus avant. Auparavant cependant, nous allons situer la question de la participation sociale dans le débat scientifique, au sein de la recherche gérontologique.

1.1.2 Théories gérontologiques et émergence de la question de la participation sociale

Les discours scientifiques sur le vieillissement suivent une évolution parallèle à l’évolution des représentations de la vieillesse au XXème. Elles y ont d’ailleurs contribué comme facteur de diffusion de « nouvelles » images autour de la vieillesse. Bourdelais (1997) évoque ainsi le paradoxe qui a présidé à l’apparition de la gériatrie. Bien que son émergence fut favorisée par la vision positive et le souci des vieillards développés au cours du XVIIIe siècle, elle contribua à l’inverse au retour d’une vision négative du vieillissement centrée sur les pathologies. Hors de la perspective purement médicale, la gérontologie qui se développe dans la deuxième moitié du XXème siècle va également prendre part au façonnage de la vieillesse et de ses images. Höpflinger (1995) souligne dans ce cadre que la gérontologie, dans sa théorisation du processus de vieillissement, est passée d’un extrême à l’autre, d’une perspective « âgiste » à celle que l’auteur propose de qualifier de « gérontologiste »3. Au fil de ce cheminement, les activités, puis la participation sociale des aînés, sont devenues partie prenante des perspectives théoriques sur la vieillesse.

Reprenons rapidement ces évolutions avant de nous pencher plus particulièrement sur le contexte actuel.

3 Le concept d’ « âgisme » a été conçu par Butler (1969) : il exprime les stéréotypes négatifs de la vieillesse et leurs conséquences en termes de discrimination (Hummel, 2002). Par « gérontologisme », Höpflinger (1995) veut exprimer que les théories modernes participent également d’une nouvelle perception du vieillissement, qui s’oppose alors à la première vague mais n’est pour autant pas exempte de biais sociaux et risques de généralisations abusives.

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En termes sociologiques, la vieillesse a premièrement été théorisée comme une perte de rôle. Nous nous situons au milieu du XXe siècle, à une époque où l’approche structuro-fonctionnaliste domine. Dans ce cadre, c’est avant tout la question de l’intégration des individus à la société à travers l’occupation de statuts fonctionnels qui était au centre des intérêts (Marshall, 1995). La spécificité des personnes « âgées » serait alors justement de ne plus avoir de rôle à tenir. Burgess (1960) parle explicitement de « roless role » en parlant des personnes âgées : pour cet auteur, la structure de la société moderne – mettant en cause les transformations touchant l’économie mais aussi la famille - ne permettrait en effet plus d’intégrer les vieux4. Dans cette veine, la théorie du désengagement élaborée par Cummings et Henry (1961) associe le processus de vieillissement à un retrait de la vie sociale, un abandon des rôles qu’a pu occuper l’individu. Elle postule que cette évolution des destinées individuelles est inévitable et nécessaire – « fonctionnelle » pour la société et pour l’individu (voir aussi Ajrouch et al., 2007, p. 45).

Proposée en réaction à la perspective du désengagement, la théorie de l’activité élaborée par Havighurst et Albrecht (1953) peut également être vue comme une extension des premiers intérêts portés à la question de l’intégration (Marshall, 1995). Elle place le déploiement d’activités au centre des enjeux du vieillissement. Dans cette perspective, plus les aînés sont actifs, mieux ils s’adaptent en palliant à la perte de rôles qu’implique le vieillissement. De manière plus nuancée, la théorie de la continuité développée par Atchley (1971) soulignait, quant à elle, l’importance de conserver son mode de vie antérieur.

A leur suite, et dans le contexte de progrès socio-économiques et sanitaires qui a été évoqué ci-dessus, la recherche aura de plus en plus à cœur de montrer une vision plus positive de la vieillesse et de contrer l’âgisme ambiant, dont les scientifiques eux-mêmes ne se jugeaient pas exempts. Si les années 1950 avaient marqué le passage d’une perspective du vieillissement pathologique à celle du vieillissement normal avec l’émergence de la gérontologie, les années 1980 voient apparaître la notion de « vieillissement réussi » ou successfull ageing. L’approche la plus médiatisée de ces travaux traitant du vieillissement positif est celle de Rowe et Kahn (1997) qui le définissent à travers trois dimensions : un faible risque de maladie ou handicap lié, une bonne santé fonctionnelle cognitive et physique et un engagement actif dans la vie. A côté de cette perspective plutôt médicale, une deuxième approche adopte une perspective davantage psycho-sociale et dynamique. Développée par les époux Baltes (1990), elle se focalise sur le processus de vieillissement réussi (et non l’état) et décrit trois mécanismes par lesquels les individus s’adaptent et

« réussissent » leur vieillissement : la sélection, l’optimisation et la compensation. Ici les implications « négatives » du vieillissement ne sont pas niées et ce sont les possibilités pour y faire face et maintenir un certain niveau de bien-être qui sont soulignées à travers les processus mis à jour, processus dont fait partie une certaine continuité du fonctionnement social (Bowling &

Dieppe, 2005; Hummel, 2002).

4 Dans ce cadre, l’état social contribuerait à cette perte de rôle en leur permettant de se retirer et de bénéficier d’une fin de vie digne et autonome.

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L’importance des activités dans l’étude de la vieillesse et du vieillissement est ainsi devenue de plus en plus évidente. Dans la plupart des théories, participation sociale et vieillissement ne sont plus antinomiques. Il faut toutefois relever que dans cette vision plus positive et active de la vieillesse, ce sont avant tout les enjeux en termes individuels qui sont questionnés et les responsabilités personnelles des aînés qui sont soulignées. C’est à eux qu’il appartenait de mener une vie saine et active, pour préserver les ressources leur permettant de maintenir cette manière d’être aussi tard que possible, et/ou d’être capables de s’adapter positivement aux changements induits par l’avancée en âge (Hummel, 2005; Marshall, 1995). Au croisement des évolutions survenues dans les aspirations des individus vieillissants et dans la formulation des questions sociales et politiques posées par le vieillissement démographique, la fin du 20ème siècle a été marquée par un déplacement du questionnement vers la place et le rôle des aînés dans la société. La thématique de la participation sociale acquiert alors une importance particulière en termes d’activités et de pratiques (Lalive d’Epinay et al., 2000). Aujourd’hui, le concept d’active ageing souligne cette préoccupation croissante et intègre des enjeux à la fois individuels et sociaux.

1.1.3 Active ageing et valorisation de la participation sociale des aînés Les modèles contemporains du vieillissement se situent dans le prolongement de ceux du « vieillissement réussi » qui en demeurent un axe important, nonobstant des développements propres au contexte actuel. S’appuyant sur Backes et Amrhein (2008), Höpflinger (2012) distingue ainsi trois perspectives nouvelles. Il s’agit d’abord du « vieillissement productif » basé sur la valorisation des services que peuvent rendre les individus à la société. Il coexiste avec le

« vieillissement pleinement conscient et autodéterminé » - l’individu, même âgé, tend à la réalisation de soi dans une société en mouvement. Enfin, le

« vieillissement solidaire » fait référence aux inégalités entre et à l’intérieur des générations et ambitionne de promouvoir l’équité sociale. Ces quatre modèles, les trois récents et le plus ancien « vieillissement réussi », promeuvent tous une vision active et responsable de la vieillesse ; en ce sens, ils forment les bases de la notion d’active ageing qui se diffuse actuellement dans la société et qui se traduit notamment en volonté politique. La question de la participation s’y impose avec plus d’acuité alors même que ces approches soulignent le rôle productif et/ou celui d’acteurs des aînés dans le système social. Au-delà de la perspective individuelle, s’y développe une idée de jeu « gagnant-gagnant » entre l’individu et la société, pour le bien-être de tous (van Dyk, 2012). En cela, et uniquement de ce point de vue, ces perspectives contemporaines sur le vieillissement rejoignent la théorie du désengagement en pensant explicitement l’articulation entre dimensions micro et macro du vieillissement.

Lors des trois dernières décennies, le « vieillissement actif » s’est imposé comme concept et référentiel de politiques publiques face aux nouveaux enjeux posés par le vieillissement. Ces idées ont émergé dans les années 1990 dans les grandes organisations internationales. Walker (2002) en a proposé une première conceptualisation. Pour résumer rapidement, le concept s’est d’abord développé dans les années 1980 aux USA autour du modèle du vieillissement productif, conception qui sera également in fine adopté par l’OCDE et les milieux

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économiques. Une dizaine d’années après, une conception plus large prendra forme sous l’influence de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), soulignant les liens importants entre activité et santé (Walker, 2002). Pour l’OMS, il s’agit même d’adopter une perspective plus ouverte que le seul « vieillissement en santé ». Le vieillissement actif est alors présenté comme permettant « aux personnes âgées de réaliser leur potentiel de bien-être physique, social et mental tout au long de la vie et de s’impliquer dans la société selon leurs besoins, leurs souhaits et leurs capacités, tout en jouissant d’une protection, d’une sécurité et de soins adaptés lorsqu’elles en ont besoin » (OMS, 2002, p. 12). L’OMS juge bon de se distinguer en précisant que le terme « actif » signifie « une implication constante dans les activités économiques, sociales, spirituelles, culturelles et citoyennes, et non pas uniquement l’aptitude à la seule activité physique et ou à l’emploi » (OMS, 2002, p. 12). La Commission européenne, quant à elle, définit une politique de vieillissement actif comme : « le fait d'aider les personnes âgées à rester aussi longtemps que possible les acteurs de leur propre vie et à contribuer à l'économie et à la société dans la mesure du possible » (Commission euopéenne, s. d.). Adoptant également une approche large du concept d’activité, l’« année européenne du vieillissement actif et de la solidarité intergénérationnelle » (2012) a été l’application, l’explicitation et la diffusion la plus récente. Voulant mettre en valeur les activités et contributions des aînés dans les domaines de l’emploi mais aussi de la participation sociale et de l’autonomie (Commission européenne, 2013), les différents événements organisés dans ce cadre se voulaient l’occasion d’une discussion autour de ces idées5. Ils ont largement contribué à populariser la notion de vieillissement actif en Europe.

Si le vieillissement actif apparaît globalement comme une solution au nouveau défi des sociétés vieillissantes, cette notion reste large et peut prendre différentes orientations (Moulaert & Léonard, 2011). En outre, si l’idée sous- jacente est séduisante et semble permettre un consensus – chose assez rare pour être mentionnée dans le domaine de la politique de la vieillesse - son application en termes de mesures paraît plus problématique. Guillemard (2013) relate ainsi que : « l’analyse attentive des politiques mises en œuvre au nom du vieillissement actif révèle un contraste fort entre d’une part, la rhétorique politique innovante et ambitieuse contenue dans la notion et, d’autre part, les politiques publiques limitées auxquelles elle a donné lieu » (p.19). L’auteur souligne combien « la stratégie globale pour faire du vieillissement des populations un atout pour les individus, l’économie et la société » ne se traduit dans la réalité « en politiques publiques que dans le champ restreint de l’emploi et du maintien sur le marché du travail des seniors », déplorant la victoire de la conception productiviste, la vision plus holistique de l’OMS s’en trouvant reléguée (Guillemard, 2013, p. 19). Si une telle analyse n’a pas été menée en Suisse, le fédéralisme compliquant qui plus est la réalité, force est de constater

5 La Suisse a également pris part à cet évènement et différentes manifestations ont été organisées autour de ce sujet par les pouvoirs publics et le tiers secteur. L’auteur de cette thèse y a d’ailleurs participé (Oris & Baeriswyl, 2012). Comme mentionné en introduction de ce chapitre, les stratégies en matière de politique de la vieillesse intègrent également cette perspective de valorisation et de promotion de l’activité dans la vieillesse.

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