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Les réseaux et leurs enjeux sociaux

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QUE SAIS-JE ?

Les réseaux

et leurs enjeux sociaux

H E N R Y JBAKIS France TélécoM-CNET

Directeur de Recherches à La Sorbonne (Université Paris IV)

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DU MÊME AUTEUR COLLECTION « QUE SAIS-JE ? »> (PUF)

La photographie aérienne et spatiale et la télédétection, n° 1700, épuisé, 1978.

La pétrochimie dans le monde, n° 787, en collab., épuisé, 1979.

Géographie des télécommunications, n° 2152, 1984.

Géopolitique de l'information, n° 2353, 1987.

AUTRES EDITEURS

IBM. Une multinationale régionale, Presses Universitaires de Grenoble, 1977. ' Une approche photographique des télécommunications, CNET, 1982.

Télécommunications et organisation de l'espace, thèse d'Etat, Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 1983 (ANRT, Lille).

Entreprise, espace, télécommunications. Nouvelles technologies de l'infor- mation et organisation de l'espace économique, Caen, Paradigme, 1988.

DIRECTION D'OUVRAGES COLLECTIFS

Information et organisation spatiale, Caen, Paradigme, 1988.

Communications et territoires, Paris, La Documentation française, 1990.

Télécommunications and Emerging Spatial and Economie Organisation (en collab.), numéro spécial de NETCOM. vol. 5, n° 2, 1991.

Géographie des Réseaux de télécommunications, Bulletin de l'AGF, année 1993, n° 1.

Corporate Networks, International Télécommunications, and Interdepen- dance. Perspectives from Geography and Information Systems (en col- lab.), Beehaven Press, London, 1993.

ISBN 2 13 045844 0

Dépôt légal — lre édition : 1993/<fiïpepii (Ç) Presses Universitaires de Frâncêi*t^: 108, boulevard Saint-Germain,

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INTRODUCTION

« Networks are nothing if not social. »

G. J. Mulgan, 1991'.

La notion de réseau est encombrée de sens.

Diverses disciplines académiques ont intégré l'étude de cette notion, depuis la psychologie interperson- nelle et la sociologie jusqu'à la géographie, l'histoire, l'économie, en passant bien évidemment par les disci- plines liées aux métiers de l'ingénieur (mines, trans- port, énergie, télécommunication) ou à la gestion urbaine (aménagement, urbanisme). Les mathémati- ques connaissent aussi ce mot et ont bâti autour de lui divers développements (théorie des graphes et ses applications). On utilise le mot réseau dans les domaines du textile (filet, le sens originel) ou de la biologie (arbre, nerfs, veines, neurones) jusqu'à l'in- dustrie (réseaux de sous-traitants), en passant par les services (agences, réseaux de franchisés). Mais on l'emploie également pour le terrorisme, le banditisme, les trafics de toutes sortes... On parle de réseaux indi- viduels (carnet d'adresses) et de réseaux d'entre-

1. Communication and control. Networks and the New Economies of Communication, Cambridge, Polity Press, p. 6.

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prises; de réseaux d'espionnage et de_ réseaux de résistance..,

La notion de réseau est aussi caractérisée par un certain flou puisqu'on utilise le même mot pour caractériser des flux, des lieux (bureaux, agences, villes, usines...), des infrastructures (chemin de fer, téléphone...) voire des personnes (dans le sens de rela- tions d'un individu). Dans l'usage de ce mot', on passe sans sourciller de l'individu au groupe (socio- métrie), d'une ville et son « système réticulaire souter- rain »2 à la région dans sa totalité (réseau urbain) ou... à la planète (réseaux de satellites de télécommu- nications, de câbles sous-marins...). Et, pour compli- quer encore les choses, chaque discipline utilise le mot réseau dans plusieurs acceptions et chaque auteur peut prendre des libertés avec le vocabulaire lorsque les usages ne sont pas figés ou bien lorsqu'il n'en accepte pas les rigueurs ! Ainsi : cette notion de réseau est considérée comme « éminemment géogra- phique »3 mais compte au moins trois. &ens_ différente dans cette matière :

— polarisation de points d'attraction et de diffusion (maillageX : réseaux urbains pour décrire l'arma- ture des villes ;

— projection abstraite d'un maillage de l'espace : dans la cartographie du globe on parle du « réseau

constitué des méridiens et des parallèles »4 ;

— projection concrète de lignes de relations ou de liai- sons sur l'espace géographique ; sont de cette caté-

1. Au substantif réseau il faut rattacher l'adjectif réticulaire...

2. P. Merlin et F. Choay (dir.), Dictionnaire de l'urbanisme et de l'aménagement, PliE, 1988, p. 583-585.

3. P. George, dir. (1970), Dictionnaire de la géographie, PIJF, p. 366- 368.

4. En cartographie : « Réseau géographique... », P. George, dir.

(1970), Dictionnaire de la géographie, Paris, PUE, p. 367.

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gorie : les réseaux hydrographiques' ou de circula- tion, les réseaux techniques territoriaux ainsi que, par extension, les réseaux de -télécommunications hertziennes malgré l'absence de lignes (faisceaux) et une infrastructure physique réduite aux noeuds (tours).

Les usages de ce mot sont aussi contradictoires : alors que l'on parle de « réseau hiérarchisé », le

« réseau » est parfois compris comme permettant le maximum de liberté dans un ensemble social aux contours mal définis, sans stabilité dans le temps et étant le contraire de toute structure organisée !

La perception des réseaux n'a, de surcroît, rien d'évi- dent, et ce, même lorsqu'ils ont une existence physique.

En effet grande est la diversité et les contrastes, même si l'on s'en tient à un seul type de réseau dans le domaine du transport : pistes rayonnant autour d'un hameau au Sahel, chemins de randonnée en montagne, galeries de mine, échangeurs autoroutiers, gares de triage... Leur .existence physique peut n'exister qu'en « pointillé » lors, de la fréquentation d'un itinéraire (ainsi, pour les lignes de navigation maritimes ou aériennes : points d'embar- quement, de débarquement, navire ou avion).

On prend conscience cependant de l'organisation en réseau dans de multiples domaines de la vie sociale.

On reconnaît bien volontiers que la planète est deve- nue dans sa globalité, l'échelle de référence de grandes entreprises ou d'organisations internationales, pour lesquelles les techniques informationnelles (télécom-

1. Il a été suggéré cependant de limiter le terme de réseaux unique- ment pour les systèmes créés par l'homme et non pour ceux relevant du domaine naturel où l'on parlerait de circuits (0. Dolfuss, op. cit., 1971, p. 59)... La construction d'une infrastructure --pour canaliser les- -flux s'opposerait donc à l'orientation des flux par la dynamique même- d'un système naturel (courants marins, cycle de l'eau, mouvements atmosphé- riques).

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munication, informatique) permettent le développe- ment d'une structure de réseaux. L'amplification des interdépendances marque les sociétés contemporaines et n'est pas sans rapport de cause à effets avec le déve- loppement des réseaux d'informations. Systémique et systémique sociale tentent de rendre compte de cette complexité1.

Ce petit ouvrage ne prétend évidemment pas être exhaustif : nous tenterons plutôt une synthèse de - la notion de réseau, orientée par quelques axes princi- paux. On en présentera :

— la généalogie depuis Vauban jusqu'à la théorie des graphes en passant par D'Allent, un ingénieur qui contribua à fonder une géographie « civile » au tout début du XIXe siècle (outre ses travaux d'intérêt militaire) ;

— les dimensions de base (topologie, aspects circula- toires et systémiques, ouverture) ;

— les implications spatiales et sociales ;

— les perspectives pour les sciences sociales et pour les sociétés.

Une clarification s'impose d'abord, du fait même de la polysémie qui entoure ce terme. Après une revue des définitions et des usages du mot, on s'inté- ressera principalement aux réseaux techniques territo- riaux. Nous prendrons du recul afin de tenter de comprendre l'histoire de la notion et l'émergence de son sens actuel. On le verra, trois dimensions (topo- logique, circulatoire et systémique) caractérisent simultanément cette notion : lui donnant une richesse souvent mal perçue, et qui est en partie à l'origine des difficultés de sa compréhension.

Nous terminerons en présentant l'actualité du terme

1. Voir J.-C. Lugan, La systémique sociale, PUF, 1993.

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de réseaux, mot clé de notre époque, qui renvoie dans une large mesure au fonctionnement social et spatial ? Le mot réseau est utilisé de plus en plus par les cher- cheurs en sciences sociales : géographes, sociologues', anthropologues2, urbanisme3, etc., comme dans les métiers du génie urbain ou ceux des différentes profes- sions liées aux services... Dans certaines entreprises, on prend conscience de l'existence d'une « culture de réseaux ». Ce mot, cette notion prennent donc une valeur spéciale dans l'analyse de la société.

Les réseaux deviennent un objet d'études spécifi- ques. Après une période où les chercheurs étaient

« minimalistes » (visant à démontrer que l'étude des réseaux pouvait fournir une intéressante contribution aux sciences sociales), ils adoptent souvent à présent une position « maximaliste ». Ils sont persuadés que leur approche permet, mieux que d'autres, de révéler la substance d'une totalité sociale (différente de la somme des actions individuelles) et la structure de l'organisa- tion sociale réelle..

Cependant, il convient de « raison garder » — en regard de ce sujet comme pour tous les autres. D'une part, on peut se demander si le mot réseau est encore adapté pour le cas du « réseau » où tous les canaux sont ouverts dans les deux sens et qui a la flexibilité

1. En 1954, le concept social de « réseau » a été utilisé par M. A. Barnes, Class and Committees in a Norwegian Island Parish, Human Relations, 7, p. 39-58.

2. En 1967, G. H. de Radkowski notait : « Dans cet espace-réseau, dont les mailles sont constituées par l'ensemble des voies de communica- tions... s'inscrit notre réalité urbaine », in L'Homme de la ville, cité par G. Dupuy, op. cit., 1991, p. 7. 3. Le Dictionnaire de l'urbanisme... donne une définition fort limita- tive ; « Réseau : Système maillé de conduits servant au transport des fluides » tout en indiquant que, depuis peu, émerge dans cette discipline

« une perception globale des réseaux » (P. Merlin et F. Choay, dir., 1988, op. cit., p. 583). Pour sa part, G. Dupuy (1991) conçoit un urbanisme des réseaux.

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maximale' ? D'autre part, à vouloir considérer l'en- semble du social comme reposant sur des réseaux, on risque de privilégier une conception certes féconde, mais aussi réductrice : on ne peut concevoir tous les faits sociaux sous ce seul angle (normes, valeurs, cultures, croyances, foi, etc.) ! De surcroît, il ne s'agit pas d'utiliser ce mot comme un concept creux pour masquer le désarroi contemporain devant la com- plexité, ou comme un commode instrument destiné à éviter de penser aux problèmes de fond (éthiques) que

pose la société2...

Il est pourtant vrai que l'étude des réseaux permet une analyse de la société qui paraît plus opératoire que celle que pourrait atteindre une sociologie fondée sur l'analyse des normes : cela suffit à faire affirmer à cer- tains de ses partisans que cette sociologie des réseaux est donc particulièrement pertinente !

Aujourd'hui, nombreux sont les chercheurs relevant de différentes disciplines des sciences sociales, qui sont persuadés que l'analyse des réseaux offre un véritable paradigme et que, par son exploration, on peut atteindre une connaissance approfondie des faits et 1. processus économiques, interpersonnels, sociaux ou

spatiaux.

Au-delà de l'intérêt académique, les acteurs socio- économiques et politiques gagneraient à optimiser les riches potentialités des réseaux.

1. Pour permettre la communication maximale une organisation peut rendre possible ce réseau all-channel. Mais les « réseaux » qui ont quelque sens ne sont que ceux qui sont des sous-ensembles du premier, ceux qui se sont constitués en restreignant spontanément les canaux dis- ponibles à l'origine.

2. Comme l'écrit L. Sfez dans La communication (« Que sais-je ? », n° 2567, PUF, 1991) : « Si le réseau n'avait pas pour fonds originel cette attache au corps et à l'arbre, nul doute que la mise en cause des

"sources" et des "fins" par la circularité des canaux multibranchés pose- rait des problèmes ontologiques et de l'ordre de la morale, sans fond... » (p. 104).

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Chapitre 1 HISTOIRE

DE LA NOTION DE RÉSEAU

« Lorsque l'homme se meut, la géométrie le guide. »

Léon Lalanne, 18631.

I. — De l'usage courant au concept Les différentes acceptions peuvent être synthétisées en trois grands ensembles de définitions :

— L'une correspondant à des choses (objets ayant une réalité physique, matérielle : tissus, routes, veines, atomes dans un cristal).

— L'autre correspondant à la répartition en diffé- rents points, d'éléments d'une organisation. Ces élé- ments ainsi répartis constituent le réseau2. La notion de réseaux techniques territoriaux est une catégorie de pensée récente : « Il n'y a guère plus de deux siècles que l'on a commencé à penser à une organisation du territoire en terme de réseau. »3 On se rend compte qu'elle relève des deux premières définitions du mot.

— Enfin, plusieurs sciences sociales (psychologie et sociologie notamment) utilisent ce terme de réseau d'une manière un peu différente dans le sens de liens

1. L. Lalanne (1863), Théorie des réseaux de chemin de fer, in Flux, juin 1989, p. 56.

2. Voir par exemple le Petit Robert.

3. G. Dupuy (in Préface, op. cit., 1988, p. 13), dont les travaux et ceux des chercheurs réunis dans le cadre du GDR-CNRS « Réseaux » font autorité sur ce sujet.

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entre individus, et de situation collective faite de connexions et d'acteurs. Ce sens particulier de réseaux sociaux pourrait se rattacher à la seconde définition, mais s'en distingue trop cependant pour lui être pure- ment et simplement assimilée.

Certains auteurs ont aussi employé le terme d'hyper- réseauxl. On peut considérer en effet qu'on ne peut assimiler deux catégories de réseaux :

— d'une part, les liens à l'intérieur d'une même orga- nisation (dans une entreprise par exemple) ;

— et, d'autre part, des groupes d'individus (ou autres sous-ensembles) qui ont un principe d'action com- mun mais non pas des liaisons directes entre eux.

C'est à cette catégorie qu'il faudrait rattacher par exemple tel réseau commercial, tel réseau d'espion- nage2...

Représentations symboliques et idéologiques. — Au concept de « réseau » répondent des représentations ambivalentes : techniques, mais aussi et surtout, sym- boliques. Car l'idéologie n'est jamais très éloignée des discours sur la technologie, et les discours sur les

« réseaux » sont dans une large mesure des discours sur la technologie. Ces représentations peuvent être négativement connotées, ou bien très favorablement considérées.

Parmi les notions positivement connotées :

— Service public : versant positif du contrôle des réseaux territorial par l'Etat. On a dit de cette notion qu'elle permet de fusionner deux approches du réseau.

L'une technique (celle des économistes et des ingé- nieurs), est liée aux infrastructures ; elle permet la ges-

1. Mac Pherson (1982), Hyper-networks Sampling : Duality and Dif- ferenciation among Voluntary Organizations, Social Networks, vol. 3, p. 225-249.

2. A. Degenne et J. Duplex, op. cit., in A. Ferrand, 1987.

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tion du territoire, son aménagement, la compatibilité technique, les péréquations tarifaires. L'autre est sym- bolique, éclatée entre la pratique politico-policière, la

« condensation » des rapports sociaux par une pra- tique, l'usage enfin de référents éthiques comme l'inté- rêt général, le lien social'...

— Emancipation sociale, libération des contraintes de la « centralité » (hiérarchique ou territoriale) que ren- drait enfin possible le libre accès aux réseaux techni- ques... Penser ainsi revient à ignorer que l'accès dépend aussi d'une capacité aux usages, liée à l'éducation et aux ressources. Le prix à payer par l'utilisateur des services offerts par le réseau est important. Au Tchad, avant le camion et les chemins de fer, « toutes les richesses se dis- sipaient en frais de transports » en bout de piste, à 2 000 km des ports (G. Sautter). Le réseau postal fait exception par rapport aux autres réseaux techniques ter- ritoriaux sur le plan des tarifs liés aux « branchements » : placer une boîte aux lettres devant sa porte correspond à

un « branchement » gratuit aux réseaux postaux2. L'ins- tallation de la boîte n'est pas même une contrainte limi- tative, car, même sans cette boîte que l'on peut considé- rer comme un « équipement terminal » du réseau chez le client, lettres et prospectus sont glissés sous la porte...

Encore faut-il avoir déjà une porte donc un logement

— pourrait-on objecter ! Certes, les sans domicile fixe sont exclus, mais même dans un tel cas il existe des for- mules de « poste restante » ou de domiciliation.

— Circulation, échange, nodalité... Les réseaux seraient en train de participer à la réalisation d'une

1. Cf. les utopies saint-simonienne. P. Musso, in Cinéma Action, 1992, p. 156.

2. En 1889, des compagnies d'électricité proposèrent des installations gratuites afin de relier la clientèle des grandes villes au réseau : elles durent vite abandonner cette idée qui aurait suscité une demande trop forte. A. Beltran (1986), Les débuts du réseau électrique dans les villes : 1880-1920, Bulletin d'histoire de l'électricité, n" 7.

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« topologie ubiquitaire », portant le germe d'une « nou- velle urbanité » par suite des possibilités d'instantanéité, de transitivité, de réflexivité... Certains ont prédit aussi que le nodal succéderait au central, permettant le dépas- sement de la forme urbaine contemporaine1.

— Régulation, cohérence... Mais ces notions peu- vent masquer la réalité des rapports sociaux, et leurs éventuelles contradictions (on a pu comprendre la notion du service public comme une fusion de la domi- nation et de la régulation)2... Les réseaux de communi- cation formeraient le support indispensable (et provi- dentiel) grâce auquel deviendrait possible un certain effacement des multiples barrières sociales dans une société de consensus (« régulée » en quelque sorte au plus près de l'optimum)... Le « lieu » du réseau étant, par définition, un « non-lieu »3 on peut ainsi rejoindre tout naturellement diverses utopies...

Si l'idéologie n'est jamais très éloignée de la concep- tion des « réseaux », c'est que les discours ne sont pas seuls en cause. Cette conception ne se fait pas selon une architecture, une topologie dictées par des contraintes techniques. Elle répond à un choix qui est toujours un choix social — parmi d'autres possibilités.

En la matière, il n'est pas de déterminisme de la tech- nique, mais une série de conditions : économiques, sociales, culturelles, sans oublier les options stratégi- ques liées aux jeux des différents acteurs individuels et plus encore institutionnels... Il est difficile de nier la contribution des réseaux techniques à la construction

1. P. Virillo (1987), Cité, miroir, agonie, Les Annales de la recherche urbaine, juin-juillet, n° 34.

2. « Le contrôle politicô-militaire dont le télégraphe Chappe était le parangon, cède la place à un compromis car il faut aussi laisser circuler les informations pour le développement de l'économie marchande », P. Musso, op. cit., Cinéma Action, 1992, p. 157.

3. Ce qui n'empêche nullement que l'existence d'un réseau passe par des infrastructures très précisément localisables...

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de l'Etat-nation : la situation des réseaux de radiodif- fusion des jeunes Etats d'Afrique noire est éloquente à cet égard.

Autres choix politiques : le non-branchement à un réseau d'un certain type ou la bataille des normes. Ainsi, en a-t-il été dans le passé pour les rivalités entre les ministères français de la Marine et de l'Intérieur. Ces rivalités se sont traduites par le choix par le second, d'un réseau incompatible avec celui du premier1. Ces consta- tions renvoient à des questions très actuelles comme la bataille des normes que se livrent dans les organismes internationaux des blocs d'industriels et de grands Etats. On en a une illustration avec la bataille pour la norme de télévision de haute définition2.

Les origines : cultures populaire et savante. — Cette notion de réseau doit ses origines à un référent tech- nique (culture populaire) et à un référent scientifique (culture savante)3. Réseau vient du latin Refis (filet) qui a donné le mot « rets ». Le mot Réseuil désignait en vieux français une sorte de filet dont les femmes se coiffaient (voir le mot actuel « résille ») ou disposaient par-dessus la chemise en guise de soutien-gorge à la Renaissance. Au XVIIe siècle, le mot réseau était un mot technique et populaire utilisé par les tisserands et les vanniers (pour désigner l'entrecroisement des fibres textiles ou végétales). Le mot réseau est présent dans le dictionnaire de Furetière (1670), de Richelet (1680), de l'Académie (1694) : il décrit alors une sorte de tissu de fil ou de soie.

1. Télégraphe de Dupillon et non pas télégraphe de Chappe ; cf. H. Bakis (1991), La télégraphie sémaphorique sur le littoral français, in L'Information historique, vol. 53, n° 1, p. 27-39.

2. Cf. H. Bakis (1992), Les enjeux de la télévision de haute définition, in Médias, mensonges et démocratie, Le Monde diplomatique, manière de voir, n" 14, février 1992, p. 84-89.

3. A. Guillerme, Genèse du concept de réseau. Territoire et génie en Europe de l'Ouest, 1760-1815, Université de Paris VIII, 1988, p. 7-8.

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COLLECTION ENCYCLOPÉDIQUE fondée par Paul Angoulvent

Derniers titres parus

2756 La culture d'entreprise M. THÉVENET 2757 Le KGB

N. MARIE-SCHWARTZENBERG 2758 L'unification monétaire en

Europe R. RAYMOND 2759 La presse d'entreprise

J. LAMBERT 2760 Les histoires de vie

G. PINEAU et J.-L. LE GRAND 2761 La police en France

J.-J. GLEIZAL

2762 Les fonctionnaires internatio- naux

A. PELLET et D. RUZIÉ 2763 Sciences et techniques à Rome

R, CHEVALLIER 2764 Les religiosités séculières

A. PLETTE 2765 Sociologie du sport R. THOMAS 2766 Le rire

E. SMADJA 2767 La télévision française

J.-E. CORTADE 2768 L'économie de marché

J. RIVOIRE

2769 Les théories de la bureaucratie G. BUSINO

2770 Psychologie des conduites à projet

J.-P. BOUTINET 2771 Les prestations familiales

P. STECK 2772 Le travail temporaire

1). MARCHAND et E. MARIE DE FICQUELMONT

2773 L'Ile-de-France J. ROBERT

2774 Textes de stratégie nucléaire C. ZORGBIBE

2775 La Biélorussie B. DRWESKI 2776 Histoire des DOM-TOM

J.-L. MATHIEU 2777 L'électricité nucléaire

R. CARLE 2778 Rachi

V. MALKA 2779 La qualité L. CRUCHANT 2780 L'imagerie mentale

X. LAMEYRE 2781 L'affaire Kennedy

T. LENTZ 2782 L'avionique

P. GERMAIN 2783 La description

J.-M. ADAM 2784 L'immobilier d'entreprise

C. HEURTEUX

2785 Marketing et réseaux d'entre- prises

G. CESTRE et D. XARDEL 2786 L'éducation comparée H. VAN DAELE 2787 Sociologie du couple

J.-C. KAUFMANN 2788 Le système des castes R. DELIÈGE 2789 Le produit

J. BRENOT

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