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YVON MAUFFRET S. O. S. TUBARAO! ÉDITIONS SPES - PARIS

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Academic year: 2022

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S. O. S. TUBARAO !

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YVON MAUFFRET

S. O. S. TUBARAO !

ÉDITIONS SPES - PARIS

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© by Spès, Paris. 1964.

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J a c k B u r t o n m a r c h a i t p é n i b l e m e n t p a r m i la végétation extravagante, j u r a n t entre les dents à chaque fois q u ' u n e épine de l a n t a n a s'enfonçait dans sa chair. Où était donc ce sa- cré « m a r a é »?... Il y avait plus de deux heures qu'il errait à travers l'inextricable maquis qui couvre la côte du Pari, la plus sauvage de T a - hiti, à la recherche de quelques pierres, t o u t ce qui restait d'un temple antique, où les Po- lynésiens jadis sacrifiaient de temps à a u t r e u n e victime h u m a i n e à leurs dieux. Puisqu'il était en p a n n e à Papeete, a t t e n d a n t l'arrivée problématique de Yan, J a c k avait décidé de faire de temps en temps autre chose que d'in- gurgiter des « Bloody Mary » au T a paru. Il avait pris son vieux Léica et s'était mis à j o u e r

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les r e p o r t e r s ethnologues. Parfaitement! Il avait déjà photographié trois ou quatre Tikis maoris dont les propriétaires garantissaient l'authenticité (ce n'était d'ailleurs pas une rai- son pour les croire!) et maintenant, sur la foi de renseignements donnés p a r son vieux co- pain Mataïti, il s'était enfoncé dans cette jun- gle où personne ne venait j a m a i s : les Tahi- tiens étaient beaucoup trop fainéants p o u r défricher cette brousse de goyaviers entrelar- dés de lantanas et de p a n d a n u s j o u a n t à qui serait le plus acéré. Quant aux Blancs, sortis de Papeete, la capitale, ils ne connaissaient guère à Tahiti que la pointe Vénus et le res- t a u r a n t chinois de Taravao. Jack était donc bien tranquille; les moustiques mis à part, personne ne viendrait déranger sa belle soli- tude!

Mais où était donc ce m a r a é ?

A coups de sabre d'abattis, J a c k se frayait p é n i b l e m e n t un passage dans la masse épaisse de la végétation. On était en janvier, il faisait très chaud. Il commençait sérieusement à re- gretter la relative fraîcheur du Taparu...

P h o t o g r a p h i e r quelques pierres branlantes, enfouies sous les flamboyants et qui n'intéres- saient personne, comme disait son copain Ma- taïti, c'était bien une idée de « P o p a a » ! En- fin il y était, il n ' a b a n d o n n e r a i t pas en si bon chemin.

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La m e r était toute proche, il l'entendait battre la côte escarpée. Il eut s o u d a i n très en- vie de redescendre, de gagner la plage et de se précipiter dans l'eau transparente. Mais J a c k Burton n'avait pas l'habitude d'abandon- n e r ses idées, m ê m e q u a n d elles étaient plutôt mauvaises. Il avait décidé de trouver son ma- raé, eh bien! il le trouverait, m ê m e s'il devait pour cela cuire dans son jus p e n d a n t des heures, se faire m e t t r e en l a m b e a u x p a r les épineux et servir de casse-croûte aux mous- tiques.

Un merle des Moluques s'envola au mo- ment précis où J a c k émergeait enfin de l'océan de v e r d u r e et mettait le pied sur l'épe- ron rocheux où devait se trouver son temple

— enfin ce qui en restait. Derrière lui, le paysage était fastueux. Le lagon étalait sa splendeur bleutée j u s q u ' à la b a r r e de récifs frangée d'écume; ensuite c'était le Pacifique immense, quasi infini; l'Australie était à 3 000 milles, l'Amérique du Sud à 5 000 milles et la F r a n c e à 10 000 milles ! Malgré les DC 8 de la T. A. I. qui m a i n t e n a n t atterrissaient sur l ' a é r o d r o m e f l a m b a n t neuf, on pouvait avoir encore un certain sentiment d'isolement à Tahiti.

Un cochon sauvage d é m a r r a n t p r e s q u e sous son nez r e m i t J a c k de plain-pied avec les réa- lités. Il chercha son fusil d'un geste instinctif

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de chasseur, mais aujourd'hui il n'était armé que d'un appareil photographique, et il chas- sait les vieilles pierres; le cochon noir put dis- p a r a î t r e dans le maquis, en toute quiétude.

Là-bas, à droite, trois flamboyants im- menses se p a v a n a i e n t à la brise de mer...

C'était certainement ceux dont avait parlé Mataïti. Le m a r a é devait être là... Sans se pres- ser Jack Burton se dirigea vers eux, mainte- n a n t qu'il les avait trouvés ces vieilles pierres n e l'intéressaient déjà plus.

Et soudain...

Soudain, un cri horrible, prolongé, s'éleva dans l'air et fit s'envoler un couple de tourte- relles. J a c k resta un m o m e n t immobile, puis d'un bond il plongea dans les goyaviers. Qui avait crié ainsi... un animal? mais aucun ani- m a l n'avait ce cri. Un h o m m e ? mais que ferait un h o m m e dans cet endroit perdu, ignoré de tous, et surtout pourquoi crierait-il de cette atroce façon?

Alors un « t o u p a p a o u », un de ces fantômes tour à tour farceurs ou criminels, qui peuplent les récits des Tahitiens? Un toupapaou venu r ô d e r autour du m a r a é et respirer la vieille odeur des sacrifices humains?

Mais J a c k Burton n'admettait l'existence des fantômes qu'en tout dernier ressort, quand il avait a u p a r a v a n t épuisé toutes les explica- tions naturelles possibles. C'est pourquoi il ré-

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solut d'aller voir ce qui se passait derrière les flamboyants.

Il progressa lentement en direction du ma- raé, il en était à quelques mètres à peine lors- que le cri r e p r i t plus aigu encore, plus ef- frayant... Mais cette fois une voix h u m a i n e lui fit écho, et cette voix s'exprimait en un fran- çais, peut-être un peu zézayant, mais parfai- tement compréhensible... Plus question de toupapaou! Tout de même, quelque chose de pas très catholique semblait se dérouler der- rière les grands arbres.

J a c k avança encore un peu, se glissa contre le tronc d'un flamboyant. De là il voyait enfin les pierres gigantesques qui autrefois avaient formé une parfaite pyramide, mais qui s'étaient disloquées en un chaos cyclopéen...

E t sur l'une de ces pierres...

Un homme, un vieillard e n t i è r e m e n t n u était allongé sur une dalle, p r o p r e m e n t ficelé.

Devant lui se tenaient deux autres h o m m e s au visage dissimulé p a r un m o r c e a u de paréo.

— Allons vieux b o n h o m m e , tu ferais mieux de parler dit l'un d'entre eux...pour le m o m e n t nous ne sommes q u ' a u x h o r s - d ' œ u v r e ! mais je connais aussi la recette de certains plats de résistance. Je t'assure que tu finiras p a r tout nous dire. Alors pourquoi souffrir inutile- ment!

Le vieillard j e t a u n r e g a r d affolé vers ses

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bourreaux, mais il ne desserra pas les dents.

Il se contenta de secouer sa barbe blanche, aussi longue que sa chevelure, ce qui n'était pas peu dire! L'homme tenait à la main un poignard, un magnifique kriss malais; il com- mença à l'approcher lentement du visage du vieux.

— Parle, bonhomme, parle!

La voix de celui qui semblait bien être le patron était douce, étrangement douce, pres- que féminine. Sa carrure était plutôt fluette.

Pourtant il faisait peur.

— Pourquoi ne veux-tu pas nous dire où tu les a cachées ? Tu vis de bananes, de poisson cru, et de cochon... Tu n'as pas besoin d'ar- gent...

— Vous pouvez me tuer, articula e n f i n le vieux d'une voix tremblante (et Jack nota qu'il avait un accent rauque, comme s'il n'avait plus l'habitude de parler) mais je ne trahirai j amais mon secret.

— Tu parles bien! soupira l'homme, mais tu cries encore mieux.

Alors il leva la main, fit passer la lame bril- lante devant les yeux du pauvre vieux terro- risé et lentement il l'abaissa vers lui.

C'est alors que Jack Burton jugea qu'il était temps de passer à l'action.

Il bondit sur l'homme au poignard, et d'une très jolie torsion fit tomber l'arme à

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terre. Il se r e t o u r n a juste à temps p o u r évi- ter l'attaque du deuxième larron, le cueillit d'un court crochet au m e n t o n qui le laissa à demi groggy. Il revint alors sur l'autre qui déjà se baissait p o u r r a m a s s e r son kriss. Il n'en eut pas le temps ; d'un coup de pied ju- dicieusement placé, J a c k le fit voyager j u s q u ' à une touffe de lantanas bien acérés. L ' h o m m e cria de douleur...

Alors l'autre siffla légèrement. L ' h o m m e au poignard se releva et... dévala les degrés de pierres, vers la jungle, suivi de son complice.

Très vite ils d i s p a r u r e n t dans les buissons.

Jack pensa un instant les poursuivre mais il réfléchit : trouver quelqu'un dans ce m a q u i s était une chose bien a r d u e et de plus il ne bé- néficierait plus cette fois de l'effet de surprise qui lui avait permis de m e n e r à bien sa pre- mière attaque.

E t puis il y avait le vieux, toujours aussi nu, le vieux qui avait assisté à toute la b a g a r r e en témoin impuissant et m u e t et qui devait se de- m a n d e r p a r quel h a s a r d miraculeux un se- cours lui était tombé du ciel dans un coin aussi perdu.

Jack r a m a s s a le kriss — une a r m e magnifi- q u e vraiment, u n e véritable pièce de musée.

Le vieux laissa échapper un gémissement de terreur.

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— N'ayez pas peur, dit Jack, c'est seulement p o u r couper vos liens.

Le kriss était merveilleusement bien affûté.

E n deux secondés le corps noueux du vieux se trouva libéré. J a c k se dit qu'il avait r a r e m e n t vu un être h u m a i n aussi décharné, et p o u r t a n t il était très musclé... Il avait des biceps que lui a u r a i t enviés plus d'un a m a t e u r de culturisme, et qui semblaient presque ridicules et dépla- cés sur des bras de septuagénaire. Le vieillard se redressa, avec u n e souplesse inattendue; il essuya de sa m a i n les gouttes de sang qui per- laient sur sa poitrine, là où l'homme avait

« essayé » son arme, puis il fit une grimace en direction de Jack, une grimace qui voulait être u n sourire sans doute, car il bredouilla de son étrange voix r a u q u e :

— Monsieur, je vous remercie infiniment!

D é j à J a c k s'apprêtait à lui dire que c'était la m o i n d r e chose, vraiment, et que tout le plaisir avait été p o u r lui. Mais le vieux, sans se retourner, dévalait à son tour les degrés et s'enfonçait dans le maquis.

— Ah! non, dit Jack, pas tout le monde à la fois!

Il ne fallait tout de m ê m e pas exagérer. Il venait de j o u e r les justiciers, il avait mis fin à u n e scène d'horreur, dans l'endroit le plus sauvage du district le plus désert de Tahiti, et tout le m o n d e lui faussait compagnie, les

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b o u r r e a u x c o m m e la victime. Non, il y avait de l'abus... Il se mit à suivre le vieillard.

Celui-ci descendait directement vers la mer, et il semblait connaître a d m i r a b l e m e n t l'en- droit... S'il avait pu m a r c h e r en silence, J a c k aurait tout de suite p e r d u sa trace. Mais le b r u i t des buissons remués, des b r a n c h e s cas- sées, l'envol des merles des Moluques ef- frayés lui p e r m i r e n t de g a r d e r la piste...

P o u r t a n t le vieux p r e n a i t de l'avance.

— Mais attendez donc, criait Jack. C'est trop idiot! attendez-moi...

Le vieux évitait soigneusement les buissons épineux ou J a c k venait i m p i t o y a b l e m e n t at- terrir... le bruit diminuait. « C'est trop bête, pensa Jack, je vais le p e r d r e ! »

Enfin il déboucha du maquis, à h a u t e u r du rivage, au fond d'une crique à l'eau merveil- leusement bleue... Les falaises escarpées ve- naient m o u r i r dans le lagon, de grands coco- tiers, très bien entretenus, se b a l a n ç a i e n t len- tement... Un site de rêve, un vrai décor p o u r film exotique.

Presque au milieu de la crique, au r a s de l'eau, dans une bananeraie, il y avait un

« faré », u n e maison tahitienne classique, à la toiture de palmes... J a c k arriva juste à temps p o u r voir le vieillard s'y engouffrer. Il lui avait pris au moins deux cents mètres d'avance!

« Ça, j'en aurai le c œ u r net! » se dit Jack.

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un peu vexé tout de même. Il courut sur le sa- ble noir, faisant r e n t r e r précipitamment dans leurs trous les crabes de cocotiers, les tupas qui paressaient au soleil.

Bientôt il fut à la h a u t e u r de la case. Il hé- sita; en fait qu'allait-il dire ? « M'sieur, j e vous ai sauvé, vous pourriez me raconter vo- tre vie ne serait-ce que p a r reconnaissance! ».

Et si, après tout, le vieux n'avait pas envie de parler... Un chien obèse était venu rôder dans ses j a m b e s et le reniflait avec suspicion quand le vieillard p a r u t dans l'encadrement de la porte. Il était toujours aussi nu, mais il sem- blait avoir retrouvé ses esprits.

— Que me voulez-vous? articula-t-il de sa voix rauque. Vous voulez que je vous remer- cie? Eh bien! je l'ai fait tout à l'heure. Cela ne vous suffit pas ? Vous voulez de l'argent? Je n'en ai pas. A Papeete on m'appelle un

« H o m m e n a t u r e »... Nous sommes quelques- uns à être revenus aux sources, à vivre des produits de notre pêche ou de notre chasse, sans rien d e m a n d e r à la civilisation. Il y a q u a r a n t e ans que je vis comme un sauvage, pour p a r l e r comme vous. Quarante ans que je n'ai pas lu un j o u r n a l ni porté un vêtement.

Alors?

J a c k Burton ne p u t s'empêcher de sourire.

Il était vraiment trop drôle, ce vieux père Adam, au bord de l'indignation.

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— Rassurez-vous, dit-il, je ne veux nulle- m e n t vous d e m a n d e r de l'argent. Mais je suis seulement un peu curieux. Mettez-vous à m a place... Je m e p r o m è n e dans un des coins les plus reculés de l'île et je tombe sur u n e scène digne des films de gangsters américains.

Avouez qu'il y a de quoi être surpris. Puis-je vous d e m a n d e r pourquoi ces h o m m e s vous en voulaient au point de sembler bien décidés à vous a b î m e r sérieusement le portrait si je n'étais pas passé dans le secteur?... Qui sont ces individus? Pourquoi vous attaquaient-ils?...

Le visage du vieux avait pâli, jusqu'à pren- dre une teinte cendrée. Il m u r m u r a d'une voix à peine audible :

— Je ne sais pas qui ils sont, non, ça je n e le sais pas.

— Il faut avertir la Police.

— La Police!... Je vous ai d é j à dit que je vivais en m a r g e de la civilisation, ce n'est pas pour m e m e t t r e sous sa protection. Et puis, essayez de surveiller un coin aussi accidenté que le Pari! Il f a u d r a i t des compagnies en- tières de gendarmerie. Non, je ne peux qu'ou- vrir l'œil et veiller à m a p r o p r e sécurité. Mais ils sont trop forts p o u r moi, ils m ' a u r o n t .

— Mais pourquoi?

Le visage du vieux se f e r m a à double tour.

— C'est m o n secret, et celui d'un g r a n d

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mort. Ne cherchez pas à en savoir plus long...

— Métua Tané, maïtaï?

L a voix était splendide, ample, chaude...

J a c k Burton se r e t o u r n a b r u s q u e m e n t et resta là, comme un idiot, tant le spectacle qui s'offrait à ses yeux était inattendu. Une piro- gue était venue s'échouer sans bruit sur le sa- ble, à quelques mètres de lui. Absorbé p a r sa conversation avec le vieux, il n'avait absolu- m e n t rien entendu. Une vahiné aux yeux vert clair, c o m m e seules en possèdent par- fois les Scandinaves ou les Slaves, en débar- qua.

J a c k Burton l ' a d m i r a longuement. D'habi- tude il n e se laissait pas facilement impres- sionner p a r l'apparence d'une femme, si belle fût-elle. Mais alors là!

— Maréva, dit le vieux.

Et elle s'appelait Maréva!... Le n o m lui al- lait c o m m e un gant, presque aussi bien que le p a r é o bleu à r a m a g e s blancs qui la moulait c o m m e un f o u r r e a u de chez Givenchy.

Sans sembler tellement prêter attention à sa présence (et p o u r t a n t ça ne devait pas être tous les jours qu'un « p o p a a » venait se per- dre dans le secteur!) elle c o m m e n ç a un long dialogue en tahitien avec le vieux. Jack re- connaissait quelques mots au passage, mais pas assez p o u r c o m p r e n d r e le sens de la con-

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versation. Il se contenta donc d'écouter la musique de la voix.

« Ce n'est pas possible que ce soit la

« vahiné » de ce vieux M a t h u s a l e m ! » pensait- il, révolté.

Comme p o u r le rassurer, Maréva s'adressa à lui, mais en français... E t pas un français zézayant, non, u n e langue châtiée, parfaite.

Décidément, J a c k Burton allait a u j o u r d ' h u i de surprise en surprise.

— Mon père vient de m ' a p p r e n d r e tout ce que vous avez fait p o u r lui, monsieur, et je vous en suis très reconnaissante. C'est vrai- ment un miracle que vous vous soyez trouvé là au m o m e n t opportun.

— Mais... mais, je vous en prie, c'était tout naturel !

— Mon père vous prie de l'excuser (tiens, c'est vrai, le vieux avait disparu à l'intérieur du faré)... Il n ' a plus l'habitude de p a r l e r ni d'avoir des contacts avec d'autres hommes. Il a plus de quatre-vingts ans, il f a u t lui pardon- ner!

J a c k Burton était prêt à tout p a r d o n n e r au vieux naturiste, puisqu'il était le p è r e d'une telle créature.

— Si vous le voulez bien, je vais vous ac- compagner en pirogue j u s q u ' à la route...

— Oui, j'ai laissé m a voiture à T a u tir a.

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— Alors, venez !

J a c k Burton s'installa dans la pirogue. Il voulut pagayer, mais Maréva refusa en sou- riant.

— Non, laissez! Je crois avoir plus d'en- traînement que vous. Mettez-vous à l'avant.

De fait elle pagayait avec une légèreté mer- veilleuse qui n'excluait pas la force! Jack sen- tait sa présence dans son dos... D'un côté c'était un peu gênant, ça limitait forcément la conversation.

— Vous vivez toute l'année ici?

— Oui.

— Vous ne venez j a m a i s à Papeete?

— Si, parfois, mais assez r a r e m e n t . Je n'aime pas laisser m o n père tout seul, surtout maintenant...

— Vous ne pouvez pas m e dire qui sont les h o m m e s qui l'ont attaqué?

— Je n'en ai a u c u n e idée!

— Et la raison de cette agression?

— C'est le secret de m o n père, pas le mien!

Décidément la fille n'était guère bavarde.

— Vous ne vous ennuyez pas?

Il entendit un g r a n d rire clair, juste à hau- t e u r de ses épaules.

— Non, j ' a d o r e pêcher dans le lagon, j'aime chasser le cochon sauvage, et jouer de la guitare...

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— Et c'est en vivant ainsi que vous avez appris à p a r l e r aussi bien français?

Elle rit à nouveau, mais cette fois il y avait u n e b o n n e dose d'ironie dans son rire.

— Non, j'ai fait toutes mes études en France, à Sainte-Marie de Neuilly... Je ne suis r e n t r é e définitivement ici que l'année der- nière, après avoir passé m o n bac!

Une vahiné à Neuilly! Décidément ça de- venait de plus en plus burlesque... Malgré sa position assez inconfortable, J a c k B u r t o n au- rait volontiers continué l'interview, mais la pirogue arrivait à l'endroit de la côte où la route commençait... Maréva dirigea avec ai- sance son e m b a r c a t i o n jusqu'à la plage et s a u t a dans l'eau claire p o u r la m a i n t e n i r tan- dis q u e J a c k débarquait à son tour.

— Voilà! dit-elle. Merci encore...

D é j à elle remontait. Jack l'arrêta.

— S'il vous plaît, nous reverrons-nous?

Elle haussa les épaules.

— Je vous ai dit que je n'allais que très ra- r e m e n t à Papeete.

— Maréva, cessez de jouer. Ou je m e trompe fort, ou les h o m m e s que j'ai aperçus cet après-midi tiendront à r e p r e n d r e leur con- versation avec votre vieux p a p a !

— J'ai m o n fusil, et je sais m'en servir.

J a c k mit u n e m a i n sur son épaule bronzée et s e r r a un peu fort.

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Yvon MAUFFRET est né à Lorient, la veille d e Noël, en 1927. Très j e u n e , d é s i r e u x d e c o n n a î t r e le m o n d e , il s ' e n g a g e a d a n s la ma- r i n e m a r c h a n d e et fit p l u s i e u r s s é j o u r s à M a d a g a s c a r , en Amé- r i q u e l a t i n e et a u x U.S.A. B i e n t ô t il s o u h a i t a r a c o n t e r ce q u ' i l avait vu u n p e u p a r t o u t et, m o n t a n t à Paris, il d e v i n t écrivain. "S.O.S.

T u b a r a o " est son d i x i è m e livre, il a t o u t p o u r p a s s i o n n e r les lec- t e u r s d e J a m b o - C l u b .

J a c k B u r t o n n ' a g u è r e le t e m p s d e c é d e r a u x c h a r m e s d e T a h i t i ; à p e i n e a r r i v é d a n s l'île, il se t r o u v e s u r la p i s t e d ' u n e b i e n é t r a n g e a f f a i r e . . . B i e n t ô t la s i t u a t i o n se c o m p l i q u e . Son a m i Y a n a u q u e l il a fixé r e n d e z - v o u s a u n r e t a r d in- q u i é t a n t . . . Une fois q u i t t é P a p e e t e , la c a p i t a l e , l ' e x u b é r a n t e n a t u r e t r o p i c a l e r e p r e n d ses d r o i t s . La m e r b l e u e b o r d e les p l a g e s d e s a b l e v o l c a n i q u e e t à l ' o m b r e des coco- t i e r s o n se c r o i r a i t a u p a r a d i s s'il n ' y a v a i t p a s à la c l e f c e t S.O.S.

T u b a r a o . . . S.O.S. T u b a r a o . . .

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Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement

sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

Cette édition numérique a été réalisée à partir d’un support physique parfois ancien conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

Elle peut donc reproduire, au-delà du texte lui-même, des éléments propres à l’exemplaire qui a servi à la numérisation.

Cette édition numérique a été fabriquée par la société FeniXX au format PDF.

La couverture reproduit celle du livre original conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

*

La société FeniXX diffuse cette édition numérique en vertu d’une licence confiée par la Sofia

‒ Société Française des Intérêts des Auteurs de l’Écrit ‒ dans le cadre de la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012.

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