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Théorie des domaines et des textures non uniformes dans les ferroélectriques

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Théorie des domaines et des textures non uniformes

dans les ferroélectriques

Anaïs Sené

To cite this version:

Anaïs Sené. Théorie des domaines et des textures non uniformes dans les ferroélectriques. Matière Condensée [cond-mat]. Université de Picardie Jules Verne, 2010. Français. �tel-01344584�

(2)

Universit´e de Picardie Jules Verne

Ecole Doctorale Sciences et Sant´e 368

Pour obtenir le grade de

Docteur en Physique de l’Universit´

e de Picardie

Sp´ecialit´e : Physique de la Mati`ere Condens´ee

Th´

eorie des domaines et des

textures non uniformes dans

les ferro´

electriques

soutenue le 12 Novembre 2010 par

Ana¨ıs Sen´

e

Th`ese dirig´ee par Igor A. Luk’yanchuk

Jury

-Laurent BAUDRY Maˆıtre de conf´erences HDR, Universit´e de Lille

Alexandre BUZDIN Professeur, Universit´e de Bordeaux Rapporteur Andrs CANO Ph. D, European Synchrotron Radiation Facility, Grenoble Efim I. KATS Professeur, Institut Laue-Langevin, Grenoble Rapporteur Marty GREGG Professeur, Universit´e Queen’s de Belfast

(3)

Th`ese r´ealis´ee au Laboratoire de Physique de la Mati`ere Condens´ee EA 2081 - Universit´e de Picardie Jules Verne - Pˆole Scientifique 33, rue Saint-Leu - 80039 Amiens Cedex 1

T´el : +33 (0) 3 22 82 76 24 Fax : +33 (0) 3 22 82 78 91

Coordonn´ees :

(4)

Th´eorie des domaines et des textures non uniformes dans les ferro´electriques - R´esum´e

La phrase favorite de Landau, (( Personne ne peut annuler la loi de Coulomb )), est souvent n´eglig´ee dans la compr´ehension des ferro´electriques car, paradoxalement, ils devraient ˆetre d´estabilis´es par le champ ´electrostatique d´epolarisant induit par la discontinuit´e de la polarisation en surface. Comme l’ont propos´e Landau (1935) et Kittel (1946), cette ´enigme peut ˆetre r´esolue dans les ferromagn´etiques par la division de l’´echantillon en domaines d’aimantation orient´es diff´eremment.

On pensait traditionnellement que la formation des domaines n’´etait pas pertinente dans les ferro´electriques o`u le champ d´epolarisant peut aussi ˆetre ´ecrant´e par les charges libres semiconductrices. C’est seulement dans les ann´ees 2000 qu’il a ´et´e exp´erimentalement confirm´e que les textures de do-maines apparaissaient dans les ´echantillons ≺ 500nm.

Le but de la Th`ese est de proposer une m´ethode d’analyse pour mod´eliser la texture de polarisation `a l’´echelle nanoscopique.

En nous basant sur l’approche de Kittel `a basse temp´erature et sur le formalisme de Ginzburg-Landau valable pr`es de la temp´erature de transition, nous ´etudions les param`etres de la texture en domaines des films ferro´electriques uniaxiaux et leur d´ependance en temp´erature, champ appliqu´e et ´epaisseur.

Nous ´etudions ensuite la distribution de la polarisation dans les ferro´electriques multicomposantes cubiques o`u le degr´e de libert´e est de type quasi-Goldstone. Nous montrons que la condition d’´energie de d´epolarisation minimale conduit `a la formation d’un d´efaut topologique particulier, le skyrmion chiral. Sa formation au cours du processus de renversement peut r´esoudre le paradoxe de Landauer concernant le faible champ coercitif des ferro´electriques.

(5)
(6)

Theory of domains and non uniform textures in ferroelectrics - Abstract The Landau’s sentence (( Nobody can cancel the Coulomb’s law )) is often overlooked in understanding of ferroelectric materials that, paradoxically, should be destabilized by the backward depolarizing electrostatic field pro-duced by the charge of the polarization surface breakdown. As proposed by Landau (1935) and Kittel (1946) this puzzle can be resolved for ferro-magnetics with similar magnetostatic problem by sample segregation onto differently oriented magnetization domains.

It was thought however that domain formation mechanism was irrelevant for ferroelectrics where the depolarizing field can also be screened by free semiconducting charges. Only in 2000’s it was recognized and experimen-tally confirmed that the regular domain patterns do appear in nanoscopic samples ≺ 500nm.

The objective of the Thesis is to propose the analytical method for moling of non-uniform polarization texture in nano-scale samples caused by de-polarizing field. Basing on the generalized Kittel low-temperature approach and on the Ginzburg-Landau formalism valid close to transition tempera-ture we study the principal parameters of the domain structempera-ture in uniaxial ferroelectric films and their dependence on temperature, applied field and film thickness.

We investigate next the distribution of polarization in cubic multicom-ponent ferroelectrics having the quasi-Goldstone (rotational) polarization degree of freedom. We show that the requirement of minimization of the depolarizing energy leads to formation of unconventional topological vortices or chiral skyrmions. Their formation during the switching process can resolve the long-standing Landauer paradox of small coercive field in ferroelectrics. Key Words : Ferroelectrics ; domains ; permittivity ; vortices ; skyrmion.

(7)
(8)

Table des mati`

eres

Chapitre I. Les domaines ferro´electriques : Principes g´en´eraux . . . 15

I. 1 Introduction `a la ferro´electricit´e . . . 15

I. 1. a Les mat´eriaux ferro´electriques . . . 15

I. 1. b Les transitions de phase . . . 18

I. 1. c Les ferro´electriques et les nanotechnologies . . . 19

I. 2 Origine des domaines ferro´electriques . . . 20

I. 2. a Existence du champ d´epolarisant . . . 21

I. 2. b Ecrantage du champ d´epolarisant . . . 22

I. 2. c Taille des domaines . . . 23

I. 2. d Le cycle d’hyst´er´esis ferro´electrique . . . 24

I. 2. e Comparaison aux mat´eriaux ferromagn´etiques . . . 26

I. 3 Les mod`eles des ferro´electriques . . . 28

I. 3. a Electrostatique des ferro´electriques . . . 28

I. 3. b Mod`ele lin´eaire . . . 29

I. 3. c Mod`ele de Ginzburg-Landau . . . 32

I. 4 ´Etat de l’art et objectifs . . . 38

I. 4. a ´Etat de l’art . . . 38

(9)

Chapitre II. Les domaines dans les ferro´electriques uniaxiaux . . . 45

II. 1 Evolution des domaines en temp´erature (Mod`ele de Ginzburg-Landau) . . . 46

II. 1. a Equations de Chensky-Tarasenko . . . 51

II. 1. b La paroi de domaines (massif) . . . 52

II. 1. c L’´etat de domaines : solution semi-variationnelle (film) . . . 56

II. 2 Evolution des domaines en champ (Mod`ele de Kittel) . . . 60

II. 2. a G´eom´etrie du mod`ele . . . 60

II. 2. b Polarisation et potentiel ´electrique . . . 61

II. 2. c D´ependances en champ . . . 63

II. 2. d ´Ecrantage : disparition “abrupte” des domaines . . . 66

II. 3 Vers une th´eorie unifi´ee des domaines ferro´electriques . . . 67

II. 3. a Extension en temp´erature du mod`ele de Kittel . . . 67

II. 3. b Universalit´e du mod`ele et relations de scaling . . . 69

II. 3. c La permittivit´e di´electrique n´egative en temp´erature . . . 70

II. 3. d Diagramme champ-temp´erature. . . 74

II. 4 Bilan et cons´equences exp´erimentales . . . 76

Chapitre III. Le skyrmion chiral dans les ferro´electriques multiaxiaux . . . 83

III. 1 Les textures des ferro´electriques multiaxiaux . . . 85

III. 1. a Formation des textures . . . 85

(10)

III. 2 La texture des ferro´electriques multiaxiaux cylindriques . . . 88

III. 2. a ´Equations du mod`ele cylindrique . . . 89

III. 2. b Condition d’instabilit´e (approche analytique) . . . 91

III. 2. c Profil de polarisation . . . 98

III. 2. d Evolution dynamique de la texture . . . 100

III. 3 La texture des ferro´electriques multiaxiaux de g´eom´etrie arbitraire . . . 104

III. 3. a Equations du mod`ele . . . 104

III. 3. b L’´etat multi-skyrmions . . . 107

III. 4 Bilan et cons´equences exp´erimentales . . . 109

En guise de conclusion : Les textures ferro´electriques et l’Univers . . . 115

(11)
(12)

Table des figures

I.1 Evolution de la polarisation spontan´ee en temp´erature dans le

BTO massif . . . 16

I.2 Diagramme de phase du PbZrxTi1−xO3 . . . 17

I.3 Cr´eation du champ d´epolarisant dans la couche ferro´electrique 21 I.4 Ecrantage du champ d´epolarisant par la cr´eation des domaines 23´ I.5 Branchement des domaines de Landau-Lifschitz . . . 24

I.6 Hyst´er´esis de polarisation avec le champ appliqu´e . . . 26

I.7 Parois de domaines magn´etiques de types Ising, Bloch et N´eel 27 I.8 Repr´esentation de la couche libre . . . 30

I.9 Param`etre d’ordre des transitions de premier et second ordre . 34 I.10 Fonctionnelle de l’´energie libre . . . 35

I.11 Evolution de la polarisation en fonction du champ . . . 36

II.1 G´eom´etrie du ferro´electrique uniaxial mod´elis´e . . . 45

II.2 Diagramme ´epaisseur-temp´erature de la texture de domaines . 46 II.3 D´ependances des arguments elliptiques m1 et m2 et des int´egrales K(m1) et K(m2)en temp´erature . . . 49

II.4 Amplitude et p´eriode des domaines en temp´erature . . . 49

II.5 Evolution de la structure de domaines en temp´erature . . . 50

II.6 Repr´esentation de la fonction sn(x, m) sur une p´eriode . . . . 50

II.7 Analogie m´ecanique et parois de domaines . . . 55

II.8 Coefficients α(m), β(m), η(m) et δ(m) de Landau . . . 58

II.9 Domaine de Kittel et polarisation . . . 59

II.10 G´eom´etrie du mod`ele uniaxial sous champ ´electrique . . . 61

II.11 P´eriode et asym´etrie des domaines . . . 66

(13)

II.13 Diagramme champ-temp´erature de la texture de domaines . 75

II.14 Diagramme de diffraction de PTO . . . 77

II.15 Diagramme de diffraction des r´eseaux de PTO/STO . . . . 78

II.16 Etalement et d´ecalage en temp´erature du pic di´electrique . . 79´

II.17 Cycle de polarisation : permittivit´e ferro´electrique n´egative . 80 III.1 L’´etat de skyrmion chiral . . . 83

III.2 G´eom´etrie du condensateur cylindrique . . . 88

III.3 Evolution de la polarisation p(E) en fonction du champ . . 94

III.4 Evolution de l’amplitude en fonction du champ . . . 96

III.5 Profils lin´eaires θ(er) pour diff´erentes valeurs de champ . . . 97

III.6 Valeur maximale de θ(er) en fonction du champ . . . 98

III.7 Profils θ(er) pour diff´erentes valeurs de champ . . . 99

III.8 Evolution de la distribution θ(er) avec le temps . . . 101

III.9 Evolution de la texture de polarisation . . . 103

III.10 G´eom´etrie du condensateur `a g´eom´etrie quelconque . . . 104

III.11 Instabilit´e d’une membrane bidimensionnelle . . . 106

III.12 Repr´esentation de la projection sph`ere-plan . . . 107

III.13 ´Etat aux multiples vorticit´es obtenu par le premier principe 110 III.14 Images PFM de la configuration (( doughnut )) . . . 111

(14)
(15)
(16)

Chapitre I

Les domaines ferro´

electriques :

Principes g´

en´

eraux

I. 1

Introduction `

a la ferro´

electricit´

e

I. 1. a

Les mat´

eriaux ferro´

electriques

L

es mat´eriaux ferro´electriques se caract´erisent par l’existence d’une polarisation spontan´ee dans la maille cristalline. Mise en ´evidence par Valasek [Valasek1921], l’apparition de la ferro´electricit´e se manifeste lors d’une transition de la phase haute temp´erature para´electrique `a la phase ferro´electrique. Les ions se d´eplacent ce qui modifie les distances entre atomes charg´es. Il se cr´ee alors une dissociation entre le barycentre de charges posi-tives et celui des charges n´egaposi-tives qui induit l’existence d’un moment dipo-laire ´electrique dont la moyenne volumique est appel´ee polarisation.

La direction de la polarisation spontan´ee de la phase ferro´electrique i.e l’axe de polarisation, est d´etermin´ee par la structure de la phase para´electrique.

(17)

Les transitions de phase sont de deux types

– ordre-d´esordre : Sous la temp´erature de transition Tc0, les dipˆoles

d’am-plitude fixe s’orientent suivant les axes pr´ef´erentiels de la structure basse temp´erature. Ce type de transition apparaˆıt par exemple dans le TGS (CH2NH2COOH)3H2SO4 et dans le KH2PO4.

– displacive : sous Tc0, les ions s’´ecartent de leur position d’´equilibre

ce qui cr´ee la polarisation spontan´ee. Les dipˆoles sont d’orientation fixe. Ce type de transition apparaˆıt dans les oxydes et notamment les perovskites.

On va ´etudier les transitions displacives dans lesquelles la polarisation est plus grande.

Fig. I.1 – a) Changements de direction de la polarisation spontan´ee lors des transitions de phase dans le BaTiO3 massif b)Evolution en temp´erature de

la polarisation spontan´ee suivant la direction (100) dans le BaTiO3 massif.

L’´evolution en temp´erature exhibe trois phases ferro´electriques de sym´etries t´etragonale, orthorombique et rhombo´edrique [Strukov1998]

(18)

On distingue dans les oxydes ferro´electriques deux types de g´eom´etrie – uniaxiale lorsque l’axe ferro´electrique peut exister selon une unique

direction cristallographique. C’est le cas du sel de Seignette ou des compos´es poss´edant une structure de bronze t´etragonal de tungst`ene (TTB) comme le PbN2O6 et le K3Li2Nb5O15. Si l’axe ferro´electrique se

situe selon l’axe principal de sym´etrie du cristal, le mat´eriau est de type

easy-axis ; s’il se situe dans le plan du cristal, il est de type easy-plane.

– cubique lorsque la sym´etrie de la phase para´electrique peut permettre `a la polarisation spontan´ee de suivre plusieurs directions cristallogra-phiques ´equivalentes. C’est le cas des perovskites tels que, par exemple, le titanate de baryum BaTiO3 (Fig. I.1) et les zircono-titanates de

plomb PbZrxTi1−xO3(Fig. I.2) qui constituent d´esormais la plus grande

source de structures ferro´electriques [Lines1977].

Fig. I.2 – Diagramme de phase du PbZrxTi1−xO3. `A haute temp´erature,

la phase des perovskites est de sym´etrie cubique quelle que soit la compo-sition. Les compositions riches en titane ont une sym´etrie t´etragonale sous

Tc tandis que les compositions riches en zirconium pr´esentent une sym´etrie

(19)

I. 1. b

Les transitions de phase

L

a classification thermodynamique des transitions de phase initialement propos´ee par P. Ehrenfest repose sur l’analyse des singularit´es du potentiel thermodynamique.

Puis est apparue avec L.D. Landau en 1935, la notion de brisure spontan´ee de sym´etrie, qui correspond `a une classification diff´erente. Elle distingue les transitions selon leur ordre : de premier ordre si les transitions impliquent une chaleur latente, de second ordre dans le cas contraire.

Cette th´eorie n´ecessite l’introduction d’une variable suppl´ementaire, le pa-ram`etre d’ordre, qui caract´erise la nouvelle qualit´e du syst`eme. Par exemple, dans les ferro´electriques, le param`etre d’ordre est la polarisation ; dans les ferromagn´etiques, le param`etre d’ordre est l’aimantation.

La situation est en fait plus riche car la th´eorie de Landau ne prend pas en compte les fluctuations [Chaikin1995]. Pour cela, les m´ethodes du groupe de renormalisation sont utilis´ees. Il existe par exemple des transitions de phase d’ordre infini, comme la transition Berezinsky-Kosterlitz-Thouless dans le mod`ele XY `a deux dimensions.

Cependant les fluctuations dans les ferro´electriques sont assez faibles pour ˆetre trait´ees perturbativement [Strukov1998]. La ferro´electricit´e, cas particu-lier des transitions structurales entre donc parfaitement dans le cadre de la th´eorie de Landau.

Dans la phase ferro´electrique, la maille cristalline ne doit pas poss´eder de centre de sym´etrie. Parmi les classes cristallines existantes, 20 peuvent pr´esenter l’effet pi´ezo´electrique (capacit´e du mat´eriau `a transformer une ´energie ´electrique en ´energie m´ecanique et inversement) et 10 d’entre elles de sym´etrie ponctuelle (1, m, 2, 2mm, 3, 3m, 4, 4mm, 6, 6mm) pr´esentent une polarisation ´electrique spontan´ee le long d’un axe privil´egi´e sous une temp´erature Tc0 en l’absence de contraintes ext´erieures ou de champ.

Ces classes sont polaires et permettent l’existence de la polarisation spon-tan´ee ferro´electrique. Lorsque le centre de sym´etrie disparaˆıt `a la transition, la maille est ferro´electrique.

Pourtant, la th´eorie originelle de Landau ne prend pas en compte les interactions coulombiennes de longue port´ee qui sont importantes dans les

(20)

ferro´electriques et peuvent causer l’´etat non uniforme (domaines).

L’expression tr`es connue de Landau, (( Personne ne peut annuler la loi de Coulomb )), est souvent oubli´ee dans la compr´ehension de l’origine de la polarisation spontan´ee dans les ferro´electriques. Paradoxalement, la po-larisation devrait ˆetre compl`etement d´estabilis´ee par le champ d´epolarisant ´electrostatique produit par les charges surfaciques induites par la polarisation uniforme. Cet aspect sera consid´er´e dans cette th`ese.

I. 1. c

Les ferro´

electriques et les nanotechnologies

L

es nanotechnologies suscitent aujourd’hui un grand int´erˆet. Ce qui do-mine ces syst`emes, ce sont les effets de surface qui agissent sur une distance limit´ee. Dans les mat´eriaux ferro´electriques, l’effet dominant est l’interaction coulombienne `a longue port´ee dˆue aux charges qui va alors, dans certains cas, supplanter les effets de surface.

Les mat´eriaux ferro´electriques sont maintenant largement utilis´es dans les dispositifs `a m´emoires de RAM (Random Access Memory) dans lesquels l’´el´ement de volume qui stocke l’information est caract´eris´e par une direction spontan´ee de la polarisation [Scott2000].

Bien que la physique de ces mat´eriaux ´electro-actifs ait ´et´e bien ´etudi´ee pendant le dernier demi-si`ecle, il s’av`ere que le comportement de la ferro´electricit´e dans les ´echantillons micro- et nano-scopiques peut ˆetre tout `a fait diff´erent de son comportement sous forme massive.

Les mat´eriaux ferro´electriques et notamment les couches minces ont une importance technologique grandissante. La premi`ere raison est la tendance actuelle `a la miniaturisation des composants ´electroniques qui a conduit au d´eveloppement de circuits bas´es sur des films de tr`es faible volume compar´e `a celui des c´eramiques massives ou des mat´eriaux monocristallins.

Ensuite, les films sont beaucoup plus int´eressants en terme de coˆut que les monocristaux.

Enfin, les nouvelles technologies, employ´ees pour les syst`emes de com-munication sans fil notamment, n´ecessitent des mat´eriaux “intelligents” qui poss`edent intrins`equement les propri´et´es non lin´eaires recherch´ees. Dans ce cas pr´ecis, l’emploi de mat´eriaux ferro´electriques semble parfaitement adapt´e.

(21)

Cependant, l’utilisation de ces mat´eriaux `a l’´etat massif est impossible d’une part `a cause des tensions appliqu´ees ´enormes (' 1000V ) n´ecessaires `a la cr´eation d’un champ suffisant pour faire varier la permittivit´e rela-tive du mat´eriau ; d’autre part, `a cause des pertes importantes g´en´er´ees par ces mat´eriaux massifs empˆechant d’avoir un facteur de qualit´e suffisam-ment grand pour travailler aux fr´equences micro-ondes et peut-ˆetre tera-hertziennes.

L’utilisation de films de quelques centaines de nanom`etres d’´epaisseur permet de r´eduire significativement la tension appliqu´ee jusqu’`a la valeur typique utilis´ee pour les puces micro´electroniques qui est d’environ 3V .

Des progr`es cons´equents dans les techniques d’´elaboration et de ca-ract´erisation, la possibilit´e de manipuler `a l’´echelle nanoscopique et la reconnaissance du rˆole crucial des nouveaux effets de taille finie sus-citent un intˆeret grandissant pour l’´etude des mat´eriaux ferro´electriques [Dawber2005, Ishiwara2004, Hong2004]. Le d´eveloppement des dispositifs de haute technologie incite `a l’exploration de ces propri´et´es `a l’´echelle nanosco-pique [Dawber2006, Scott2007].

I. 2

Origine des domaines ferro´

electriques

L

e ph´enom`ene important apparaissant avec la miniaturisation du dispositif est le rˆole croissant du champ ´electrique produit par les charges `a la fronti`ere de l’´echantillon i.e le champ d´epolarisant. Il ne se manifeste dans aucun autre type de transition de phase et est dˆu aux interactions coulombiennes `a longue port´ee.

L’´energie de d´epolarisation peut dominer l’´energie de condensation de plusieurs ordres de grandeur.

Sous certaines conditions, l’influence du champ d´epolarisant m`ene `a l’´etat ferro´electrique non uniforme et, en particulier, `a la formation des domaines qui vont avoir un impact consid´erable sur les propri´et´es fondamentales du syst`eme. Quelle en est pr´ecis´ement l’origine ?

(22)

I. 2. a

Existence du champ d´

epolarisant

D

ans l’´echantillon ferro´electrique uniform´ement polaris´e , la discontinuit´e de la polarisation induit la pr´esence en surface de charges li´ees de densit´e volumique ρ(r) = divP qui ont pour effet de cr´eer un champ interne, le champ d´epolarisant repr´esent´e Fig. I.3 oppos´e `a la polarisation

Edep = −4πP (I.1)

Ce ph´enom`ene a pour effet de toujours diminuer la temp´erature critique du film [Batra1973].

Fig. I.3 – Cr´eation du champ d´epolarisant dans la couche ferro´electrique L’´energie cr´e´ee par le champ d´epolarisant s’´ecrit

Fdep

E2

Dans le cas d’un mat´eriau massif, l’effet de ce champ est si fort que la stabilit´e du syst`eme s’en trouve compromise. Cela cr´ee le paradoxe selon lequel la ferro´electricit´e ne peut pas exister. En r´ealit´e, le champ d´epolarisant doit ˆetre ´ecrant´e.

(23)

I. 2. b

Ecrantage du champ d´

epolarisant

D

ans le cas du mat´eriau massif, l’´ecrantage du champ d´epolarisant consiste en la compensation des charges de polarisation induites en surface par des charges ´electriques r´eelles qui peuvent ˆetre de 2 types :

1. Les charges libres pr´esentes dans le milieu ferro´electrique qui vont se d´eplacer puisqu’il n’est pas parfaitement isolant

2. Les charges `a l’interface induites par la pr´esence des ´electrodes de me-sure, appos´ees de part et d’autre du film ferro´electrique, utilis´ees pour le soumettre `a un champ ´electrique.

Cet ´ecrantage serait total dans le cas d’un m´etal id´eal o`u les charges de polarisation seraient compl`etement compens´ees. Cependant, les m´etaux n’´etant jamais id´eaux, l’´ecrantage reste partiel induisant l’existence d’une longueur d’´ecrantage finie et une variation de la temp´erature de transition [Batra1973].

La miniaturisation du dispositif induit de nouveaux effets qui n’existent pas dans le mat´eriau massif. Dans le cas des films d’´epaisseur inf´erieure `a environ 500nm (l’obtention de cette valeur sera d´etaill´ee en section II. 2. d ), l’´ecrantage va se r´ealiser par la modification interne de la structure :

C’est l’apparition des domaines ferro´electriques

En effet, afin de minimiser son ´energie, le syst`eme va alors se diviser en r´egions de polarisation altern´ee, les domaines, cr´eant alors une alternance de charges qui confinera le champ d´epolarisant en surface sur une couche d’´epaisseur ∼ d o`u d est la largeur des domaines (Fig. I.4).

Ce m´ecanisme a ´et´e propos´e par Landau [Landau1935] et Kittel [Kittel1946] pour les syst`emes magn´etiques.

La structure en domaines, cons´equence naturelle des diverses contribu-tions ´energ´etiques, a toujours son origine dans la n´ecessit´e d’abaisser l’´energie du syst`eme en passant d’une configuration monodomaine de haute ´energie `a une configuration en domaines de plus basse ´energie d´etermin´ee par les conditions aux limites ´electriques auxquelles le cristal est soumis.

(24)

Fig. I.4 – ´Ecrantage du champ d´epolarisant par la cr´eation des domaines

I. 2. c

Taille des domaines

P

our estimer la largeur d’un domaine, il faut consid´erer les ´energies in-duites par la cr´eation de la structure en domaines.

L’´energie associ´ee au champ d´epolarisant correspond `a un exc`es d’´energie `a proximit´e de la surface et tend `a augmenter le nombre de domaines et `a en r´eduire la largeur avec Fdep ∼ dPs2. `A l’inverse, la formation d’une paroi

de domaine induit un accroissement de l’´energie de tension surfacique dˆue aux gradients de polarisation dans les parois et tend `a r´eduire le nombre de domaines et donc `a accroˆıtre leur largeur avec Fdw ∼ a/dσ o`u a est

l’´epaisseur du film ferro´electrique, d est la p´eriode des domaines et σ est la densit´e d’´energie surfacique de la paroi, normalement pr´esent´ee comme

σ = ∆P2

s o`u ∆ a le sens de l’´epaisseur de la paroi.

La balance ´energ´etique des contributions du champ d´epolarisant et des domaines m`ene alors `a la fameuse d´ependance de la taille des domaines avec l’´epaisseur du film

d ∼√a

(25)

En fait, la situation est plus compliqu´ee car il existe une valeur maximale pour la largeur des domaines au del`a de laquelle la formation de domaines de polarisation inverse devient thermodynamiquement favorable, un bran-chement progressif (Fig. I.5) apparaˆıt et se poursuit jusqu’`a ce que la lar-geur des branches en surface devienne comparable `a la larlar-geur des domaines [Landau1985]. Il existe certaines indications exp´erimentales [Garcia1996] mais ce branchement fractal n’a jamais ´et´e clairement observ´e dans les ferro´electriques, peut ˆetre `a cause de l’effet d’´ecrantage par les charges libres (Section I. 2. b ).

Fig. I.5 – Branchement des domaines de Landau-Lifschitz

I. 2. d

Le cycle d’hyst´

er´

esis ferro´

electrique

E

n pr´esence du champ ´electrique, un cristal ferro´electrique peut poss´eder plusieurs domaines de polarisation diff´erents. Cependant, il peut devenir mo-nodomaine sous l’effet du champ. En effet, un champ assez fort de direction

(26)

oppos´ee `a celle de la polarisation spontan´ee d’un domaine peut renverser cette derni`ere.

Cette ´evolution de la polarisation en fonction du champ est d´ecrite par le cycle d’hyst´er´esis du mat´eriau ferro´electrique P = f (E) (Fig. I.6).

Le cycle d’hyst´er´esis illustre l’´equivalence ´energ´etique entre les 2 sens pos-sibles de la polarisation et la possibilit´e de renverser la polarisation spontan´ee par l’application d’un champ externe.

L’application d’un faible champ entraˆıne une relation quasi-lin´eaire des deux variables P et E (segment [OA]). Cela peut s’expliquer par le fait qu’un faible champ ne permet pas de r´eorienter tous les domaines ferro´electriques du cristal. Bien entendu, plus le champ augmente, plus le nombre de domaines orient´es dans la mˆeme direction que le champ augmente, et plus la polarisa-tion croˆıt (segment [AB]) jusqu’`a ce que tous les domaines soient align´es avec le champ (segment [BC]) : c’est le stade de saturation pour lequel le cristal est monodomaine.

Lorsque le champ d´ecroˆıt, la polarisation diminue mais ne retourne pas `a z´ero et mˆeme lorsque le champ s’annule, le cristal conserve une polarisation appel´ee polarisation r´emanente Pr. La polarisation va s’annuler lorsque le

champ, appliqu´e dans la direction oppos´ee, atteint une certaine valeur −Ec

nomm´ee champ coercitif. Cette valeur d´epend de l’amplitude du signal, de sa fr´equence et correspond au champ pour lequel la probabilit´e de nucl´eation des domaines antiparall`eles commence `a augmenter tr`es rapidement. Le champ coercitif se trouve donc grandement influenc´e par la pr´esence d’impuret´es.

Les parois des domaines sont donc mobiles. En effet, si on modifie le champ externe appliqu´e, le syst`eme r´eagit afin de compenser les variations du champ d´epolarisant par un accroissement des domaines dans lesquels la polarisation est dans le mˆeme sens que le champ appliqu´e. Toutefois cette mobilit´e est limit´ee par le couplage des parois avec les contraintes ´electriques et par les d´efauts du cristal ferro´electrique, il y a un effet d’ancrage (pinning) des parois de domaines.

(27)

Fig. I.6 – Hyst´er´esis de polarisation avec le champ appliqu´e

I. 2. e

Comparaison aux mat´

eriaux ferromagn´

etiques

L

es mat´eriaux ferro´electriques restent aujourd’hui peu compris par rapport `a leurs homologues ferromagn´etiques pour lesquels la th´eorie concernant la structure en domaines s’applique [Kittel1946].

Les mat´eriaux ferromagn´etiques sont le lieu de la comp´etition entre – l’´energie magn´etostatique dˆue au champ d´emagn´etisant qui peut

dimi-nuer par la cr´eation de domaines,

– l’´energie magn´etocristalline du fait de l’existence d’axes d’aimantation facile qui peut ˆetre diminu´ee par la formation de domaines le long de ces directions,

(28)

Comme dans le cas des mat´eriaux ferro´electriques, lorsque la dimension di-minue, les contributions ´energ´etiques varient et les ´energies surfaciques de-viennent pr´epond´erantes face aux ´energies volumiques ce qui m`ene `a la for-mation de la structure en domaines.

L’augmentation de l’aimantation par l’application d’un champ magn´etique ext´erieur peut se faire suivant deux processus ind´ependants : `a champ faible, par l’augmentation du volume des domaines qui sont orient´es favorablement (dans le sens du champ appliqu´e) et `a champ fort, par la rotation de la direction de l’aimantation.

Du fait de la faible anisotropie de ces syst`emes, il existe trois types de parois qui apparaissent selon l’´epaisseur de l’´echantillon : les parois de type Ising (l’amplitude de l’aimantation varie), les parois de type Bloch (rotation h´elico¨ıdale de l’aimantation) et pour des films plus fins les parois de type N´eel ( l’aimantation tourne dans le plan) repr´esent´ees Fig.I.7.

Fig. I.7 – Parois de domaines magn´etiques de types Ising, Bloch et N´eel Dans les mat´eriaux ferromagn´etiques, le champ d´emagn´etisant est trait´e comme une perturbation puisque l’´energie qui lui est associ´ee est de beaucoup inf´erieure `a l’´energie de condensation du fait de la valeur de la susceptibilit´e magn´etique (χ ∼ 10−6).

Il n’en est pas de mˆeme dans les mat´eriaux ferro´electriques o`u l’´energie cr´ee par le champ d´epolarisant domine l’´energie de condensation du fait de la valeur de la susceptibilit´e ´electrique (ε ∼ 103).

C’est pourquoi la texture des domaines ferro´electriques a un impact consid´erable sur les propri´et´es du syst`eme. Les parois de N´eel, par exemple, ne peuvent pas exister dans les ferro´electriques car elles induiraient la cr´eation de charges d´epolarisantes.

(29)

I. 3

Les mod`

eles des ferro´

electriques

I. 3. a

Electrostatique des ferro´

electriques

L

es ´equations de Maxwell constituent les postulats de base de l’´electromagn´etisme. Elles vont faire partie int´egrante des approches th´eoriques utilis´ees. On consid`ere bien sˆur que le champ magn´etique est nul et que la situation est quasi-statique.

L’´equation ´electrostatique de Maxwell-Gauss exprime la divergence de l’induction ´electrique D li´ee `a la polarisation et au champ ´electrique, en fonction de la densit´e volumique de charges libres ρ pr´esentes dans le mat´eriau telle que

divD = 4πρ, D = E + 4πP(E) (I.2) L’´equation ´electrostatique de Maxwell-Faraday impose la nullit´e du rota-tionnel du champ ´electrique

rotE = 0, (I.3) Pour satisfaire cette condition, on introduit le potentiel ´electrostatique ϕ tel que

E = −Oϕ (I.4) Les conditions limites `a l’interface de deux milieux sont impos´ees par la conti-nuit´e de la composante normale de l’induction ´electrique et par la conticonti-nuit´e de la composante tangentielle du champ ´electrique

D1n− D2n = 4πρs, E1t = E2t (I.5)

o`u ρs est la densit´e de charges libres `a l’interface.

Cependant les ´equations ´electrostatiques n’´etablissent pas l’´equation d’´etat P = P(E) qui r´egie les propri´et´es du syst`eme. Le syst`eme d’´equations n’est pas complet. C’est la physique interne microscopique du mat´eriau qui va fournir les informations manquantes.

Par exemple, dans la phase para´electrique, la polarisation varie lin´eairement `a faible champ comme

P = ε − 1 E

(30)

Mais, dans la phase ferro´electrique, la d´ependance P = P(E) est plus com-pliqu´ee et sera discut´ee dans la section I. 3. b .

Alternativement, on peut consid´erer une autre approche ´energ´etique en raisonnant en terme de fonctionnelle effective. Du fait du travail re¸cu par le mat´eriau isolant thermiquement isol´e lorsque le champ y engendre un change-ment infinit´esimal δW =R EδDdV , il est possible d’exprimer la fonctionnelle de l’´energie sous la forme [Landau1935, Landau1985]

e

Φ(P, E) = eΦ(P, 0) − EP−E

2

(I.6) avec une contrainte additionnelle, rotE = 0.

La fonctionnelle tient compte des interactions ´electriques `a longue port´ee i.e le couplage du syst`eme avec le champ −EP et l’effet des parois des do-maines − 1

E2.

Les ´equations de l’´electrostatique (I.2) et l’´equation d’´etat P = P(E) sont obtenues par la variation de la fonctionnelle eΦ par rapport aux variables P et E.

Dans la phase para´electrique, il est possible d’exprimer la d´ependance ´energ´etique du syst`eme `a champ nul eΦ(P, 0) avec

e Φ(P, 0) = 1 2 ε − 1P 2

La fonctionnelle eΦ(P, 0) dans la phase ferro´electrique sera discut´ee dans l’approche lin´eaire et dans l’approche de Ginzburg et Landau.

I. 3. b

Mod`

ele lin´

eaire

D

ans ce mod`ele, valable pour des temp´eratures tr`es inf´erieures `a la temp´erature de transition T ¿ Tc0, on consid`ere la polarisation uniforme

P = Pz dans l’´echantillon.

La fonctionnelle eΦ(P, 0) dans la phase ferro´electrique peut alors s’expri-mer sous la forme

e Φ(P, 0) = 1 2 ε − 1(P − Ps) 2 (I.7)

en supposant que |P − Ps| ¿ Ps o`u Ps est la polarisation spontan´ee en

(31)

La minimisation de la fonctionnelle (I.6) associ´ee `a (I.7) permet ainsi d’aboutir `a l’´equation d’´etat P (E)

P = Ps+

ε − 1

E (I.8) On consid`ere une couche libre (Fig. I.8) contrˆol´ee par l’induction D puisque les ´electrodes sont plac´ees loin de la couche. L’´egalit´e

D = E + 4πP (E) = εkE + 4πPs (I.9)

permet d’obtenir l’expression du champ d´epolarisant

E = D − 4πPs εk

(I.10) Le champ interne est la superposition du champ induit par D et du champ d´epolarisant qui est oppos´e `a D.

Dans ce cas, le champ E change de signe selon Dsi D < Dc, alors E < 0 (E est oppos´e `a D!)

si D = Dc= 4πPs, alors E = 0

si D > Dc, alors E > 0

(32)

La polarisation devient P = 1 4πεk ¡ (εk− 1)D + 4πPs ¢ (I.11) et lorsque D = 0, on obtient que P = Ps

εk ce qui implique que P ¿ Ps

car εk À 1. On sort alors du cadre de l’approche lin´eaire selon laquelle la

polarisation d´evie peu de sa valeur spontan´ee i.e |P − Ps| ¿ Ps.

Donc l’approche lin´eaire n’a pas de sens pour la couche libre monodo-maine mais elle est valable pour la couche monodomonodo-maine ´ecrant´ee par les ´electrodes et pour la couche ´ecrant´ee par la formation des domaines car dans ce cas, le champ interne est beaucoup plus faible que le champ d´epolarisant. Dans cette th`ese, on consid`ere la situation dans laquelle le champ dans l’´echantillon est g´er´e par l’induction D qui est ind´ependante de la g´eom´etrie du dispositif.

Dans le cas pratique, c’est le potentiel U fix´e par les ´electrodes qui contrˆole le syst`eme. Pour passer de D `a U, il faut r´esoudre l’´equation

U = 2ap

D εp

+ 2afE(D) (I.12)

o`u la d´ependance E(D) est donn´ee par la solution de l’´equation (I.2). Le mod`ele de Kittel bas´e sur l’approche lin´eaire va permettre d’´etudier l’´evolution de la texture des domaines ferro´electriques en fonction du champ appliqu´e et d’estimer l’´epaisseur critique d’apparition de la struc-ture en domaines par la mise en balance des deux contributions ´energ´etiques pr´epond´erantes, celle dˆue `a l’interaction ´electrostatique et celle dˆue `a l’exis-tence des parois de domaines. Cette approche sera utilis´ee au Chapitre II.

Cependant, le mod`ele de Kittel ne permet pas l’obtention de l’´evolution en temp´erature, il faudra pour cela consid´erer le mod`ele d´evelopp´e par Ginzburg et Landau.

(33)

I. 3. c

Mod`

ele de Ginzburg-Landau

E

n 1935, Landau, en consid´erant les transitions de phase, remarqua que le passage d’une phase `a une autre s’accompagnait d’un changement de sym´etrie. Le syst`eme perd un ou plusieurs ´el´ements de sym´etrie lors de la transition. Il faut introduire une variable suppl´ementaire extensive pour d´ecrire compl`etement la phase la moins sym´etrique. C’est le param`etre d’ordre de la transition.

Le param`etre d’ordre repr´esente le degr´e de libert´e par rapport auquel la phase la plus sym´etrique devient instable et contrˆole l’apparition des valeurs spontan´ees des autres quantit´es physiques.

La connaissance des valeurs d’´equilibre du param`etre d’ordre d´etermine les phases stables, la forme des anomalies critiques `a Tc0, le couplage entre les

diff´erentes grandeurs physiques et l’ordre thermodynamique des transitions [Strukov1998].

Le param`etre d’ordre peut aussi ˆetre d´efini et a un sens physique pour les transitions de phase du premier ordre et les transitions sans brisure de sym´etrie.

En 1945, V. L. Ginzburg propose d’utiliser l’approche de Landau pour d´ecrire la th´eorie de la ferro´electricit´e en utilisant la polarisation P comme param`etre d’ordre : P = 0 dans la phase para´electrique, P 6= 0 dans la phase ferro´electrique.

Fonctionnelle de l’´energie libre

D

ans la th´eorie de Ginzburg-Landau, au voisinage du point de tran-sition, la fonctionnelle de l’´energie libre eΦ(P, 0) peut ˆetre d´ecrite par un d´eveloppement en fonction des puissances du param`etre d’ordre li´e `a la bri-sure de sym´etrie, ici la polarisation, du fait des faibles d´eplacements des ions. [Landau1935, Landau1985].

Il faut noter que ce d´eveloppement en s´erie est valable partout sauf au voisinage de la transition o`u de nombreux termes non analytiques peuvent apparaˆıtre grˆace aux fluctuations. Cependant cet intervalle est tr`es pe-tit dans les ferro´electriques et tr`es difficile `a atteindre exp´erimentalement

(34)

[Strukov1998]. Le crit`ere de Ginzburg-Levanyuk permet d’´evaluer ces fluc-tuations mais il semble que la question reste ouverte [Ginzburg2001].

Consid´erons le cas d’un cristal uniaxial dans lequel la position de l’axe ferro´electrique est d´etermin´ee, ici suivant z. L’analyse des ´el´ements de sym´etrie va permettre le choix des termes pr´esents dans la fonctionnelle. Les termes qui peuvent apparaˆıtre sont les invariants du groupe de sym´etrie de la phase para´electrique.

Dans le cristal uniaxial, il y a une ´equivalence ´evidente des d´eplacements des atomes vers le haut (“up”) et vers le bas (“down”) ce qui entraˆıne une invariance de la fonctionnelle d’´energie par la transformation du pa-ram`etre d’ordre P en −P . Il n’existe donc pas de terme d’ordre impair dans le d´eveloppement de la fonctionnelle de l’´energie.

De plus, la polarisation est fonction des coordonn´ees spatiales. Il faut donc prendre en compte les possibilit´es de variation de la polarisation en consid´erant que P = P (x, y, z) est non uniforme. Cette variation spatiale de P implique une contribution ´energ´etique volumique sous la forme d’un gradient de P au carr´e du fait de la sym´etrie d’inversion de la maille para´electrique.

Puisque le param`etre d’ordre est petit pr`es du point de transition, la fonctionnelle eΦ(P ) peut ˆetre d´evelopp´ee en puissance de P avec

e Φ(P, 0) = κk t 2P 2+ b 4P 4+ c 6P 6+κ 2|∇P | 2 (I.13)

o`u t = T /Tc0 − 1 repr´esente la temp´erature r´eduite exprim´ee via la

temp´erature critique du mat´eriau massif Tc0, le param`etre κk est exprim´e

via la constante para´electrique de Curie C avec : κk = C/Tc0. Le terme

|∇P |2 donne l’´energie de l’´etat non uniforme.

Le signe de t d´etermine le domaine de stabilit´e de la phase ordonn´ee. Lorsque t ≺ 0, la phase ferro´electrique est stable.

Si b ≥ 0, le terme d’ordre 4 fixe la stabilit´e du syst`eme. Dans ce cas, la fonctionnelle peut ˆetre tronqu´ee `a l’ordre 4. La transition est de second ordre, la polarisation ´evolue continˆument de P = 0 `a P 6= 0 (Fig. I.9a)).

Dans le cas contraire, le terme d’ordre 6 doit fixer la stabilit´e du syst`eme ce qui impose c ≥ 0 et la transition est du premier ordre, il y a discontinuit´e de la polarisation `a la transition (Fig. I.9b)).

(35)

Fig. I.9 – Variations sch´ematiques du param`etre d’ordre P (T ) dans le cas d’une transition a) de second ordre, b) de premier ordre

Les variations de l’´energie libre en fonction du param`etre d’ordre pour diverses valeurs de la temp´erature sont repr´esent´ees Fig. I.10. La famille avec

b ≥ 0, repr´esent´ee `a gauche, est caract´eristique des transitions du second

ordre : le changement de la valeur stable de la polarisation P (T ) symbolis´e par la boule noire sur le sch´ema est continu au point de transition Tc0.

La famille des transitions avec b ≺ 0, repr´esent´ee `a droite est ca-ract´eristique du premier ordre. Pr`es de Tc0, la fonction eΦ(P, 0) poss`ede, outre

le minimum `a P = 0, un autre minimum et un maximum pour des valeurs finies de P . Pour T = Tc0, les deux minimums sont `a la mˆeme ´energie, il y

a coexistence des deux phases. Cette propri´et´e est caract´eristique des tran-sitions du premier ordre.

Le cas particulier b = 0 correspond aux ferro´electriques tricritiques [Strukov1998]. Curieusement, beaucoup de mat´eriaux ferro´electriques sont proches de ce cas ce qi soul`eve une question profonde qui m´erite d’ˆetre ´etudi´ee.

On va consid´erer dans la suite le cas b ≥ 0. La g´en´eralisation au cas b ≺ 0 est assez compliqu´ee mais reste possible.

(36)

Fig. I.10 – Fonctionnelle de l’´energie libre eΦ(P ) a) pour une transition de second ordre b) pour une transition de premier ordre

´

Equation d’´etat

D

ans le cas des transitions de second ordre, en absence de champ d´epolarisant, l’´equation P = P (E) de l’´etat uniforme est obtenue par la minimisation de la fonctionnelle (I.6) associ´ee `a (I.13)

4πt κk

P + bP3 = E (I.14)

Si T Â Tc0, la fonctionnelle admet un unique ´etat stable correspondant `a

P = 0 `a champ nul. Le param`etre d’ordre est nul, la phase est para´electrique.

Lorsque E augmente, la polarisation suit la fameuse loi de Curie pour les ferro´electriques

P = κk

4πtE (I.15) Si T ≺ Tc0, la solution P = 0 est `a rejeter car elle correspond `a un

´equilibre instable. A faible champ, la polarisation augmente lin´eairement,

P = P±−

κk

(37)

avec P± = ±

q

4π|t|

κkb qui correspond aux deux ´etats stables `a champ nul.

On peut alors exprimer la permittivit´e du syst`eme dans les deux phases

εpara =

κk

t , εf erro= −

κk

2 |t| (I.17) En r´ealit´e, le syst`eme sera d´ecompos´e en domaines de polarisation oppos´ee

P+ et P− d’´energie ´equivalente.

L’´equation (I.14) donne la S-courbe repr´esent´ee Fig. I.11.

Il est possible de d´eterminer les diff´erentes branches du cycle de polarisation par la r´esolution de cette ´equation du troisi`eme degr´e. Cela peut se faire en utilisant la m´ethode de Cardan [Cardan1545] qui d´etermine alors les trois solutions Pi = 2 3P0 p |t| cos(1 3arccos µ E |Ec| ¶ + 2kπ 3 )) avec k = 0, 1, 2

Fig. I.11 – Evolution de la polarisation en fonction du champ

Le film peut alors se placer dans l’´etat ferro´electrique multi-domaines tant que le champ E est inf´erieur au champ coercitif thermodynamique ±Ec qui

(38)

d´epend de la temp´erature t,

Ec=

3k

P0|t|3/2

Exp´erimentalement, les valeurs de champ coercitif (Fig. I.8) sont bien inf´erieures `a la valeur th´eorique Ec et sont de l’ordre de 1kV /cm. Cette

diff´erence entre les deux valeurs est attribu´ee au processus de nucl´eation qui n’est pas inclus dans la description thermodynamique.

Jusqu’`a pr´esent, on a consid´er´e le cas d’une couche ´ecrant´ee dans laquelle les ´electrodes fixent le champ E. Dans le cas d’une couche libre (Fig. I.8),

E = −4πP (E) lorsque D est nulle. En ins´erant cette expression dans (I.14),

4πt κk

P + bP3 = −4πP

on obtient la temp´erature critique tc = −κk or κk ∼ 100 − 1000. Cela

im-pliquerait que la temp´erature critique soit inf´erieure `a 0K ce qui est ab-surde. Donc l’approche de Ginzburg-Landau tout comme l’approche lin´eaire (Section I. 3. b ) n’est pas adapt´ee pour d´ecrire la couche libre dans l’´etat ferro´electrique uniforme.

On a consid´er´e pour d´ebuter que le champ d´epolarisant ´etait totalement ´ecrant´e par les charges. Lorsque ce n’est pas le cas, il y a apparition de la structure de domaines et les solutions sont non uniformes. Le mod`ele de Ginzburg-Landau coupl´e aux ´equations ´electrostatiques va permettre d’ob-tenir ces solutions et de d´eterminer l’´evolution des domaines en temp´erature par la prise en compte du champ d´epolarisant.

Il est important de noter que l’´equation d’´etat se traduit dans ce cas sous la forme implicite d’une ´equation variationnelle non locale aux d´eriv´ees partielles obtenue par la minimisation de la fonctionnelle (I.6) associ´ee `a (I.13)

κk

tP + bP3+ cP5 − κ∇2P = E (I.18)

Cette ´equation a ´et´e propos´ee pour la premi`ere fois par Chensky et Tarasenko [Chensky1982]. Cette approche sera d´etaill´ee au Chapitre II.

(39)

I. 4

Etat de l’art et objectifs

´

I. 4. a

Etat de l’art

´

D

urant les derni`eres d´ecennies, de nombreuses ´etudes num´eriques ont ´et´e r´ealis´ees concernant l’influence des effets de taille finie sur les propri´et´es des films ferro´electriques fins. En particulier, la chute drastique de la temp´erature de transition est attribu´ee `a des effets de champ d´epolarisant qui m`enent `a une distribution non uniforme de la polarisation [Shih1994, Zhong1994].

Les approches num´eriques qui sont commun´ement utilis´ees pour ´etudier les syst`emes ferro´electriques peuvent ˆetre divis´ees en deux cat´egories,

– les m´ethodes bas´ees sur les premiers principes (calculs ab initio) – les m´ethodes bas´ees sur les syst`emes d’´equations au partielles (PDE,

m´ethode de phase, . . .)

Dans la premi`ere cat´egorie, la simulation se fait `a l’´echelle ato-mique/mol´eculaire, tandis que la seconde est une approche en continuum `a l’´echelle macroscopique, c’est-`a-dire sans prise en compte de la structure atomique.

M´ethodes bas´ees sur les premiers principes

Les ´etudes fond´ees sur les premiers principes sont bas´ees pour la plupart sur des calculs de l’Hamiltonien effectif. Elles confirment l’existence et l’or-ganisation structurelle complexe du param`etre d’ordre dans les ´echantillons de tr`es petite taille.

Les ´etudes ont montr´e la pr´esence d’une distorsion induite par la ferro´electricit´e dans les nanofils de BaTiO3 sous 1.2nm [Geneste2006],

es-tim´e la taille critique des films ferro´electriques `a 2.4nm [Junquera2003] et d´emontr´e l’existence d’une distribution de la polarisation de type toro¨ıdal dans les nanotores et les nanodisques de diam`etre proche de 3.2nm [Naumov2004].

Ces m´ethodes sont limit´ees aux ´echantillons de tr`es petite taille car les calculs prennent en compte le nombre d’atomes pr´esents dans l’´echantillon.

(40)

M´ethodes bas´ees sur les syst`emes d’´equations aux deriv´ees par-tielles

Concernant les mod´elisations du mat´eriau par un milieu continu, les m´ethodes d’´el´ements finis et de diff´erences finies sont usuellement employ´ees. Dans les travaux de Zhang [Zhang2005], un syst`eme lin´eaire d’´equations du premier ordre (polarisation, Maxwell, ´elasticit´e) est r´esolu par les m´ethodes de diff´erences finies ; le switching des domaines, leur ancrange par les d´efauts sont ´etudi´es num´eriquement. Dans les travaux de Chen [Chen2008], la dy-namique de la formation des domaines `a 90 durant la transition de phase

ferro´electrique est simul´ee en utilisant les ´equations d´ependantes du temps de Ginzburg-Landau avec une m´ethode spectrale de Fourier.

Mˆeme si les m´ethodes ab initio ont un rˆole important dans l’´etude des ferro´electriques [Sepliarsky2005], `a cause de la limitation aux syst`emes de petite taille, ces m´ethodes sont inadapt´ees et limit´ees du point de vue de la simulation directe de nombreuses propri´et´es fondamentales des mat´eriaux ferro´electriques telles que les transitions de phase et le mouvement des parois de domaines. Le but est ici de s’affranchir des limites des calculs ab initio en s’appuyant sur les mod`eles de Kittel et Ginzburg-Landau.

I. 4. b

Objectifs

L’

objectif de cette th`ese est

– de d´evelopper des m´ethodes de mod´elisation des domaines et des textures non uniformes dans les ferro´electriques nanoscopiques par la r´esolution des ´equations ph´enom´enologiques (Kittel et Ginzburg-Landau)

– de comprendre l’effet ´electrostatique coulombien de longue port´ee et son rˆole dans la formation des textures non uniformes (domaines) – d’´etudier l’´evolution de cette texture en fonction de la temp´erature et

du champ ´electrique et les propri´et´es macroscopiques comme la suscep-tibilit´e et la polarisation ´electrique.

(41)

De pr´ec´edentes ´etudes bas´ees sur la fonctionnelle de Ginzburg-Landau de l’´etat ferro´electrique ont souvent sous-estim´e le rˆole des effets ´electrostatiques d´epolarisants puisque dans le cas d’´echantillons macrosco-piques (af ≥ 500nm) le champ d´epolarisant est en partie ´ecrant´e par les

charges libres ce qui annihile son effet. D’un autre cˆot´e, la compr´ehension des nanoferro´electriques via la mod´elisation ab-initio est restreinte aux mat´eriaux et dispositifs de tr`es petite taille (af ≤ 20nm). L’´etude va donc se focaliser

ici sur l’´echelle des ´echantillons d’´epaisseur 20nm ≤ af ≤ 500nm qui sont les

plus pertinents dans les technologies modernes.

Des travaux pr´eliminaires ont ´et´e r´ealis´es pour calculer la structure en domaines des films minces ferro´electriques [Guerville2005, Guerville2007], et des superr´eseaux [Stephanovich2005], ainsi que pour expliquer la formation des domaines dans les films et les nanotores de BaTiO3 [Lukyanchuk2009b,

Catalan2009] et mod´eliser les vortex de polarisation dans les nanoparticules ferro´electriques [Lahoche2008].

Dans le chapitre II, l’approche va se baser sur l’association du mod`ele de Ginzburg-Landau (GL) [Landau1985, Landau1935] qui d´ecrit les transi-tions de phases ferro´electriques avec les ´equatransi-tions de Maxwell qui d´ecrivent les propri´et´es ´electromagn´etiques pour ´etudier la r´eponse ´electrostatique des films ferro´electriques uniaxiaux.

L’approche g´en´erale de GL-Maxwell va permettre la compr´ehension du rˆole des propri´et´es internes des mat´eriaux ferro´electriques pour une vaste ´etendue de param`etres.

De plus, contrairement `a la mod´elisation ab initio, cette approche va permettre de suivre la d´ependance de l’´etat ferro´electrique pour une large gamme de temp´eratures : de la temp´erature critique Tc jusqu’`a T = 0K o`u

on retrouve les r´esultats du mod`ele de Kittel. Nous aboutirons `a une simple formule d’interpolation.

Ensuite, le mod`ele de Kittel va permettre d’´etudier l’´evolution de la texture des domaines ferro´electriques en fonction du champ appliqu´e pour des temp´eratures diff´erentes et d’estimer l’´epaisseur critique d’apparition de la structure en domaines par la mise en balance des deux contributions ´energ´etiques pr´epond´erantes, celle dˆue `a l’interaction ´electrostatique et celle dˆue `a l’existence des parois de domaines.

(42)

Enfin, la comparaison des mod`eles de Kittel et de Ginzburg-Landau va permettre d’obtenir l’´evolution de la permittivit´e du film avec la tmp´erature et le diagramme de phase.

Dans le chapitre III, un m´ecanisme alternatif `a la commutation conven-tionnelle de la polarisation sous l’effet du champ appliqu´e est explor´e. Il consiste `a consid´erer que la polarisation peut tourner dans l’´echantillon. Ce n’est donc pas seulement l’amplitude de la polarisation qui varie, c’est aussi sa direction.

Ce m´ecanisme est analogue `a celui de Bloch dans les mat´eriaux ferro-magn´etiques et est valable dans le cas d’une faible anisotropie. Il aboutit `a l’existence d’une instabilit´e menant `a la formation d’une structure de

skyr-mion chiral qui apparaˆıt `a un champ critique beaucoup plus faible que le

champ thermodynamique usuellement consid´er´e pour la formation des do-maines.

L’´etude, bas´ee sur la mise en place et la r´esolution de syst`emes d’´equations aux deriv´ees partielles, est men´ee `a la fois d’un point de vue analytique, ce qui permet de justifier th´eoriquement des propri´et´es physiques sp´ecifiques au dispositif et ´egalement d’un point de vue num´erique, ce qui permet d’obtenir les solutions exactes au mod`ele d´evelopp´e.

Ces travaux de th`ese ont donn´e lieu `a cinq publications [Baudry2010, Lukyanchuk2009a, Sene2008a, Sene2008b, Sene2010] `a la date de soutenance, deux articles suppl´ementaires sont en cours de r´ealisation.

(43)

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(46)

Chapitre II

Les domaines dans les

ferro´

electriques uniaxiaux

D

ans ce chapitre, nous allons nous focaliser sur les films ferro´electriques uniaxiaux tels que les compos´es poss´edant une structure de bronze t´etragonal de tungst`ene (TTB) comme le PbN2O6 et le K3Li2Nb5O15 qui ont la

parti-cularit´e de ne comporter qu’un axe pr´ef´erentiel correspondant `a la direc-tion de la polarisadirec-tion. L’uniaxialit´e peut ˆetre naturelle ou induite par les contraintes li´ees au substrat. Cela impose une structure de domaines orient´es parall`element `a la normale `a la surface dans lesquels la polarisation diff`ere par son signe (Fig. II.1).

On va discuter l’´evolution de cette structure de domaines en temp´erature et en champ ´electrique pour des films d’´epaisseur 2af diff´erentes. En

s’ap-puyant sur les approches de Kittel et de Ginzburg-Landau, on va ´etablir le diagramme de phase du syst`eme dans les coordonn´ees (2af, E, T ).

Para Para a p a p Ferro 2 a f E P d

(47)

II. 1

Evolution

des

domaines

en

temp´

erature (Mod`

ele de

Ginzburg-Landau)

L

e diagramme de phase ´epaisseur-temp´erature des films propos´e dans ce chapitre (Fig. II.2) inclut les solutions des domaines abrupts de Kittel `a basse temp´erature et des domaines graduels qui apparaissent au voisinage de Tc.

Dans cette section, on va obtenir les param`etres quantitatifs de ce dia-gramme en utilisant l’approche de Ginzburg-Landau.

GRADUEL

ABRUPT

Température réduite t

Fig. II.2 – Diagramme de phase de la texture de domaines en fonction de l’´epaisseur du film 2af et de la temp´erature r´eduite t = T /Tc0− 1. Les profils

de polarisation des domaines doux et durs sont obtenus num´eriquement via les ´equations de Chensky-Tarasenko en utilisant la m´ethode des ´el´ements finis via Femlab [Guerville2005]. Nous choisissons κk ' 500, ε⊥ ' 100, εp ' 10,

(48)

On va utiliser les variables sans dimension z0, x0, t0, P0 d´efinies par z = afz0, x = τ−1/2ξ0xx0, t = τ t0, P = τn−21 P 0P0, E = 1 κk τn−1n−2P 0E0 avec τ = µ κk ε⊥ ¶1 2 ξ 0x af

afin de s’affranchir des constantes sp´ecifiques au mat´eriau utilis´e (´epaisseur 2af, longueur de corr´elation ξ0x, permittivit´es κk, ε⊥) et ainsi d’obtenir un

r´esultat applicable `a tout film ferro´electrique uniaxial. Ces lois d’´echelle se-ront analys´ees dans la section II. 3. b . Ici n est l’index de non-lin´earit´e d´efini dans (II.6) (pour les transitions de second ordre, n = 4).

La temp´erature r´eduite t est exprim´ee via la temp´erature critique du mat´eriau massif Tc0 comme t = T /Tc0− 1.

Bien que la g´en´eralisation de l’approche de Ginzburg-Landau propos´ee par Chensky et Tarasenko (Section I. 3. c ) pour les ferro´electriques soit valable `a toute temp´erature, seule la solution pr`es de Tc a ´et´e trouv´ee avec

P0(x0, z0, t0) = A(t0) sinπx0

d0 c

sinπz0

2 . (II.1) Pr`es de Tc, les domaines sont graduels et ont une demi-p´eriode d0c =

2π. L’amplitude croˆıt comme A(T ) ∼ (Tc− T )1/2.

L’application de (II.1) `a l’approche de Ginzburg-Landau permet d’obtenir la temp´erature critique d’apparition des domaines t0

c = −π soit, dans les

variables avec dimensionnalit´e,

tc= −2π r κk ε⊥ ξ0x 2af , (II.2) qui est ainsi inf´erieure `a la temp´erature critique obtenue lorsqu’on travaille avec le mat´eriau massif, tc0 = 0. Cette r´eduction est caus´ee par l’effet du

champ d´epolarisant.

On peut aussi d´efinir la temp´erature de recouvrement t∗ au dessous de

laquelle le profil des domaines est abrupt. On choisit comme crit`ere pour la d´etermination de t∗0la situation o`u la polarisation maximale au centre des

(49)

Ginzburg-Landau pour les ´echantillons monodomaines macroscopiques avec ´ecrantage (Section I. 3. c ).

Num´eriquement, on obtient t∗0∼ 10t0

cdonc, lorsque tc´evolue en −2a1f,

l’in-tervalle d’existence des domaines graduels ∆t = tc−t∗augmente ´enorm´ement

avec la d´ecroissance de l’´epaisseur du film et on peut s’attendre `a ce que, pour les films peu ´epais d’´epaisseur 2af < 100nm, seule l’existence des domaines

graduels soit possible.

L’´evolution de la temp´erature de transition tc (II.2) et de la temp´erature

de cross-over t∗ des domaines graduels `a abrupts est illustr´ee Fig. II.2.

Le r´esultat principal de cette section peut ˆetre pr´esent´e, dans tout l’in-tervalle de temp´erature, sous la forme

P0(x0, z0, t0) = A(t0) sn · 4K1(t0) 2d0(t0) x 0, m 1(t0) ¸ sn [K2(t0) z0, m2(t0)] (II.3)

o`u les d´ependances en temp´erature des param`etres m1 et m2, des int´egrales

elliptiques K1 = K(m1) et K2 = K(m2), de l’amplitude A(t0) = A(t0, m1, m2)

et de la p´eriode des domaines d(t0) sont repr´esent´ees Fig. II.3 et Fig. II.4 et

peuvent s’approximer dans la pratique comme

A(t0) = pt0tanh 0.35(t0− t0 c)

K1(t0) = K2(t0) = 1.1 − 0.15t0 m1(t0) = m2(t0) = tanh 0.27(t0c− t0)

(50)

−200 −15 −10 −5 0 1 2 3 4 5 K(m 1 ), K(m 2 ) t,

K(m

1

)

K(m

2

)

0 0.2 0.4 0.6 0.8 1

m

1

, m

2

m

1

m

2

π

π

/2

t

c ,

Fig. II.3 – D´ependances des arguments elliptiques m1 et m2 et des int´egrales K(m1) et K(m2) en fonction de la temp´erature renormalis´ee t0

−200 −15 −10 −5 0 1 2 3 4 5

A (t

,

)

t

,

A (t

,

)

−t

,1/2 0 1 2 3 4 5

d(t

,

)

d(t

,

)

π

t

c ,

(51)

Fig. II.5 – Evolution de la structure de domaines en temp´erature des do-maines durs de Kittel `a T = 0 aux dodo-maines doux de Chensky-Tarasenko `a

Tc.

La formule (II.3) donne l’approximation de la structure en domaines en fonction de la temp´erature (Fig. II.5). Elle couvre la gamme de temp´erature de T = 0 `a T = Tc puisqu’elle d´epend de la fonction sn(x, m) (Fig. II.6)

[Abramowitz1972]. Cette expression d´ecrit donc les domaines du profil le plus graduel (II.1) pr`es de tc(quand m1, m2 ∼ 0 et sn → sin) au plus abrupt

`a basses temp´eratures t (quand m1, m2 ∼ 1 et sn → fonction cr´eneau). On

d´emontrera ces r´esultats dans la section II. 1. c .

0 1 2 3 4 5 6 −1 −0.8 −0.6 −0.4 −0.2 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 x sn(x,m1) m1=0 m1=0.8 m1=0.99

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