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L e m a r i a g e d e G i n e t t e Roman sentimental

par JEAN D'YVELISE

Tous droits réservés I

LE RÊVE

Ginette s'extasiait presque à tous les pas. Il fal- lait si peu de choses pour motiver son admiration ! Le reflet du soleil sur la feuille jaunie d'un arbre, le chant d'un oiseau, la découverte des dernières fleurs sur quelque coin de mousse... Et c'était, cha- que fois, une occasion de presser le bras de Michel.

— Une noisette, là, encore ! Michel, pouvez-vous la prendre ?

On eût juré qu'elle n'avait jamais vu la forêt de Fontainebleau. Il est vrai qu'elle n'y était jamais ve- nue en automne, ni surtout avec Michel. C'était là ce qui en faisait le double charme.

Certes, Ginette Dombase, fille d'un industriel de Melun, la gentille, la sérieuse Ginette, n'avait point coutume de courir ainsi les bois avec des jeunes gens. Mais Michel Rollin n'était pas tout le monde.

Michel était son amour, son grand amour. Et puis cette fin de septembre était si douce, si attrayante, et le bois était si joli avec ses milliers de teintes, variant à l'infini... Pour tout dire Ginette s'était laissée tenter et avait envoyé, pour une fois, son

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bonnet par-dessus les moulins afin d'aller se p r o - mener tout l'après-midi avec Michel.

Lui souriait, amusé par cet enthousiasme de pe- tite fille. Mais ce grand garçon brun de vingt-huit ans n'était pas loin de se montrer aussi gosse qu'elle. Il cueillait les fleurs, attrapait les noisettes oubliées par les promeneurs venus ici avant eux, admirait sans réserve chaque curiosité qu'elle lui montrait. Il se sentait lui aussi comme un écolier en vacances.

— Coucou, Michel ! Attrapez-moi !

Ginette se sauvait. Sa silhouette vive et gracieuse disparaissait derrière quelque bouleau, pour repa- raître plus loin, s'enfuir à nouveau, tandis que la jeune fille faisait sonner, à tous les échos du bois, les éclats argentins de son rire.

Michel, piqué au jeu, s'élançait. Mais, d'arbre en arbre, elle fuyait comme une fée légère et le jeune homme ne réussissait point à la saisir.

— Gare à vous, grondait-il, si je vous attrape ! Et voilà ! Il réussissait à saisir l'espiègle. Son bras viril encerclait la taille menue qui essayait en vain de s'échapper.

— Je vous tiens !

Ginette tournait vers lui un regard de biche co- miquement effarouchée. Michel resserrait son étreinte. Il sentait tout contre lui le jeune corps ha- letant. Son regard plongeait dans le joli visage frais et pur, dans les yeux bruns dorés, aussi dorés que les feuillages environnants, miroitant sous le soleil.

— Oui, je vous tiens ! Quelle amende vais-je exi- ger de vous, mademoiselle ? Un baiser... Vous allez être obligée de m'accorder un baiser.

— Michel...

Ils sont seuls dans le sous-bois discret... L'on est à la fin de l'été et c'est un mardi, double raison pour chasser les importuns. Un trouble délicieux envahit les deux amoureux... La bouche de Ginette est exquise, elle a le parfum des dernières fram- boises, l'acidité d'un fruit à peine mûr. Sa peau est veloutée et fraîche ; ses cheveux embaument, ils sont une douceur et u n e caresse... Comment Michel

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dont le sang, mon Dieu ! est assez ardent, résiste- rait-il à tant d'attraits dans la complicité de cette brillante journée d'automne, plus grisante, plus troublante qu'un jour de printemps ? A vrai dire il ne cherche même pas à résister. Avec une griserie toujours neuve il boit à cette source de fraîche volupté, il cueille ces baisers pimentés comme il a cueilli tout à l'heure les dernières fleurs. Ginette se soumet avec ravissement...

Enlacés, la tête de Ginette appuyée sur l'épaule de Michel, ils continuent leur promenade. Mais la petite amoureuse ne songe plus à s'évader et à folâtrer comme une enfant. Son visage de chérubin blond a prit un air de gravité heureuse. Elle dit :

— Michel, quand viendrez-vous voir papa ?

— Mais bientôt sans doute, petite chérie. Seule- ment, voilà, je crains... Comment va m'accueillir M. Dombase ? Je n'ai pas encore de situation.

— Il vous en fera une, peut-être, dans son usine.

— Et si je ne lui plaisais pas ?

— Oh ! je suis bien sûre du contraire ! D'ail- leurs, il est si bon, papa ! Il n'a pas d'autre désir que de me voir heureuse !

— Ne l'êtes-vous pas, maintenant, m a Ginette?

— Si, Michel, vous le savez bien ! Seulement j'ai un peu de remords de ces rencontres en cachette, de ces mensonges que je suis obligée de faire.

Cela pèse sur ma conscience, et je voudrais...

— Il ne faut pas vous tourmenter pour cela ! Gine ! Nous ne faisons rien de mal. C'est une chose si belle de s'aimer !

— Vous m'aimez vraiment, Michel ?

Elle le regarda avec inquiétude. C'était un si beau garçon et qui avait déjà dû connaître tant d'aven- tures ! Il était de cette sorte dangereuse d'hommes vers lesquels vont les soupirs, les rêves des jeunes filles et aussi les désirs des femmes. Cela lui pa- raissait naturel et normal et il n'avait jamais paru, lui, s'attarder à aucune des jeunes personnel a qui il faisait la cour, d'une manière nonchalante et un peu dédaigneuse, avant la venue de Ginette.

Celle-ci l'avait rencontré à une surprise-party,

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chez des amis communs. Elle avait d'abord tres- sailli, comme si elle reconnaissait en lui cet idéal vaguement entrevu dans ses rêveries de jeune fille de celui qu'elle aimerait un jour. Mais elle l'avait bientôt méprisé pour sa facilité à aller de l'une à l'autre, sans attirance et sans conviction, comme un papillon incapable de se fixer.

Lui cependant avait remarqué Ginette. Il s'était étonné de la voir rester froide devant ses avances.

Quoi ! n'était-elle pas comme les autres ? Pour la première fois une femme, et pis encore, une toute jeune fille innocente lui résistait ?

Cela avait excité son intérêt. A d'autres réunions, il avait revu Ginette et s'était efforcé de vaincre ses préventions. Bientôt le coeur trop tendre de la petite avait cédé et depuis lors ils goûtaient l'un et l'autre dans ce premier et p u r amour une joie égale. Pourtant Ginette s'effrayait parfois. Avait-elle vraiment réussi à fixer cette âme vagabonde ? Mi- chel n'allait-il pas la délaisser un jour comme il avait fait des autres ?

— Michel, répéta-t-elle, Michel, m'aimez-vous ?

— De toutes mes forces, avec tout ce qu'il y a de meilleur en moi et de tout mon cœur qui n'a jamais battu que pour vous, répondit-il, sincère.

— Ne l'avez-vous jamais dit à d'autres ?

— Jamais, tout au moins en le pensant. Vous êtes mon premier amour.

Ils s'enlacèrent encore. Ils n'étaient jamais lassés de ces baisers qui avaient le parfum sauvage des fleurs du bois ramassées p a r Ginette et faisaient couler dans leurs veines une ardeur ignorée.

Ils se promenèrent encore, appuyés l'un sur l'au- tre, graves et tendres comme la fin de ce bel après-midi. Leurs pas faisaient craquer les feuilles qui tapissaient le sol. La douce lumière du soleil finissant allumait dans le sous-bois jonché d'or vif des reflets multiples et étranges dont se fût réjoui l'œil d'un peintre. Ginette, toute pénétrée p a r cette douceur, essayait de fixer en elle l'image merveil- leuse de ce trésor et de cette journée pour en gar- der à jamais la mémoire.

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