FILM
Ceux qui restent
Film franc¸ais. Date de sortie : 29 Aouˆt 2007
Re´alise´ par Anne Le Ny. Avec Vincent Lindon, Emmanuelle Devos, Yeelem Jappain...
Un hoˆpital en banlieue pari- sienne avec des services ayant pour nom des re´gions franc¸ai- ses touristiques : la « Breta- gne » ou la « Provence » (mais personne n’est dupe, c’est bien a` l’hoˆpital que c¸a se passe).
Un homme et une femme, dont les conjoints sont soigne´s pour des cancers, se retrouvent a`
la cafe´te´ria, au kiosque a` jour- naux, ou sur le toit, dans tous ces lieux « neutres » de l’hoˆpital qui permettent d’oublier ou` on est et pourquoi.
Le soir, ils font un bout de route ensemble avant de rentrer chacun chez eux et retrouver les soucis d’une vie presque ordinaire entre une belle-fille adolescente en cole`re ou un appartement plein de cartons a` de´faire.
Les protagonistes sont profonde´ment humains avec leurs maladresses, leurs lassitudes, leurs tiraillements entre de´sir d’aller de l’avant et culpabilite´ de le faire.
Petit a` petit, ils apprennent a` se dire leurs peurs, leurs failles, leurs cole`res devant « ces imbe´ciles en bonne sante´
qui compatissent », et tentent parfois, comme ils peuvent, de survivre a` ces longues apre`s-midi pesantes, passe´es a`
l’hoˆpital en s’e´vadant sur le toit pour y fumer des joints ou dans une feˆte foraine a` manger de la barbe a` papa.
Le spectateur se surprend a` rire parfois des gaffes de l’une, a` pleurer aussi, touche´ par l’e´motion contenue de
l’autre et la de´tresse de chacun des personnages, et a`
attendre avec impatience les retrouvailles quotidiennes de ces deux eˆtres malmene´s par la vie, a` redouter lui aussi le coup de fil en pleine nuit, a` vouloir espe´rer comme eux qu’il n’arrivera pas, que « c¸a va s’arranger ».
Il en ressort touche´ sinon bouleverse´ par la qualite´ des dialogues, la justesse de l’interpre´tation de Vincent Lindon et d’Emmanuelle Devos, he´ros malgre´ eux, de ce drame qu’ils vivent de plein fouet et qui s’entraident avec les moyens du bord (« chacun fait ce qu’il peut comme il peut ; j’ai pas suivi de formation », re´pond Bertrand a` Lorraine qui lui confie qu’elle n’e´tait pas pre´pare´e a` tout c¸a).
Un film juste, sans voyeurisme ni pathos, qui aborde avec pudeur le the`me de la maladie grave sans jamais montrer les compagnons malades ni leur « arsenal the´rapeutique » : sondes, perfusions, seringues, compres- ses... et a` peine le personnel soignant.
Pas de de´tails superflus, le ton est donne´, loin des cliche´s larmoyants,Ceux qui restentest un film sensible et humain qui va droit a` l’essentiel et choisit de s’inte´resser, pour une fois, exclusivement a` la famille de ces patients.
Agathe Pigeon Psychologue a` l’E´quipe Mobile d’Accompagnement (douleur et soins palliatifs) du centre hospitalier d’Argenteuil (Val-d’Oise) E-mail : agathe.pigeon@ch-argenteuil.fr
Psycho-Oncologie (2007) 1: 314
©Springer 2007
DOI 10.1007/s11839-007-0058-5
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