IMAGES EN MÉDECINE D’URGENCE /IMAGES IN EMERGENCY MEDICINE
Fibrillation auriculaire compliquant un syndrome de Wolff- Parkinson-White
Atrial fibrillation in a Wolff-Parkinson-White syndrome
P. Guérisse
Reçu le 25 juin 2012 ; accepté le 10 octobre 2012
© SFMU et Springer-Verlag France 2012
Un homme de 31 ans se présente au service des urgences pour des palpitations ressenties depuis plus d’une heure. Au cours des deux dernières années, il a déjà ressenti quelques fois des palpitations, mais toujours de cessation spontanée après quel- ques minutes. L’électrocardiogramme (Fig. 1) montre une
tachyarythmie très rapide, à complexes ventriculaires larges, variables et irréguliers. Il s’agit d’une fibrillation auriculaire dont les influx sont conduits au ventricule par une voie acces- soire, dans le cadre d’un syndrome de Wolff-Parkinson-White (WPW). La poursuite du tracé montre son évolution sponta- née vers une fibrillation ventriculaire.
C’est l’image de « QRS en accordéon », élargis par une pré-excitation variable en fonction de la fréquence car- diaque, et l’extrême rapidité du rythme (on observe des espa- ces RR inférieurs à 200 msec), qui doivent faire évoquer le Fig. 1 Fibrillation auriculaire conduite par une voie accessoire dans un syndrome de Wolff-Parkinson-White
P. Guérisse (*) Service des urgences,
CHU Brugmann, avenue JJ Crocq, B-1020 Bruxelles, Belgique e-mail : patrick.guerisse@ulb.ac.be
Ann. Fr. Med. Urgence (2013) 3:48-49 DOI 10.1007/s13341-012-0261-2
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diagnostic et sa dangerosité. En effet, dans le cadre d’un WPW, la voie accessoire n’a pas la propriété de conduction décrémentielle du noeud auriculoventriculaire, lequel ralen- tit et retient les influx atriaux d’autant plus qu’ils sont nom- breux. L’absence de cette propriété protectrice en cas de tachycardie atriale explique la fréquence ventriculaire extrê- mement rapide que l’on peut rencontrer en cas de fibrillation auriculaire conduite par une voie accessoire très perméable.
Cette arythmie est rare (environ 30 % des patients por- teurs d’un WPW) [1] ; elle peut conduire à une syncope et exceptionnellement (autour de 1 %) dégénérer en une fibril- lation ventriculaire (Fig. 2). Sa reconnaissance est cruciale car les médicaments d’usage habituel dans la fibrillation auriculaire sont ici absolument contre-indiqués [2]. En effet, ces médicaments comme la digoxine, les bêta-bloquants, le verapamil et l’adénosine sont freinateurs de la conduction auriculoventriculaire et favorisent le passage par la voie accessoire. On privilégiera ici l’usage de la flécaïnide, la
propafénone ou l’amiodarone, et la cardioversion électrique si l’arythmie est mal supportée.
Chez ce patient, les sensations précédentes de palpitations étaient probablement dues à des épisodes de tachycardie jonctionnelle par ré-entrée auriculoventriculaire spontané- ment résolus.
Références
1. Pappone C, Santinelli V, Manguso F, et al (2003) A randomized study of prophylactic catheter ablation in asymptomatic patients with the Wolff-Parkinson-White syndrome. N Engl J Med 349:1803–11
2. Camm AJ, Kirchhof P, Lip GY, et al (2010) Guidelines for the management of atrial fibrillation: the Task Force for the Manage- ment of Atrial Fibrillation of the European Society of Cardiology (ESC). Eur Heart J 31:2369–429
Fig. 2 Fibrillation auriculaire conduite par une voie accessoire dans un syndrome de Wolff-Parkinson-White, dégénérant en fibrillation ventriculaire
Ann. Fr. Med. Urgence (2013) 3:48-49 49
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