59 - S ´ ERIES NUM ´ ERIQUES.
CHANTAL MENINI
1. Point programme
Pour l’ancien programme des BTS (encore en vigueur pour la deuxi` eme ann´ ee) les s´ eries sont au programme du groupement A, il est en particulier indiqu´ e que :
“L’´ etude des s´ eries num´ eriques tr` es simples, pr´ ealable ` a l’´ etude des s´ eries de Fourier, a pour objectif de permettre aux ´ etudiants de se familiariser avec les sommes infinies et la notation P
. La plupart des r´ esultats relatifs aux s´ eries num´ eriques pourront ˆ etre admis et ne feront l’objet d’aucun d´ eveloppement th´ eorique.”
Pour le nouveau programme des BTS seules restent les s´ eries g´ eom´ etriques et de Riemann. Pour cette ann´ ee encore nous nous en tenons ` a “l’ancien programme”.
Bien que ne figurant pas explicitement au programme du secondaire, on les trouve cependant d´ ej` a dans des exercices de 1e ou Term o` u on ´ etudie la limite de la suite des sommes partielles.
2. Un plan possible 2.1. D´ efinitions et premiers r´ esultats.
D´ efinition 2.1. Soit (u n ) une suite de r´ eels. La s´ erie num´ erique de terme g´ en´ eral u n , not´ ee P u n
est la suite (S n ) o` u
S n =
n
X
k=0
u k . S n est appel´ ee somme partielle d’indice n de la s´ erie P
u n .
Si la suite (u n ) n’est d´ efinie que pour n ≥ 1, on sommera ` a partir de k = 1.
D´ efinition 2.2. La s´ erie P
u n est dite convergente de somme S si la suite (S n ) des sommes partielles est convergente et converge vers S. On note alors P +∞
k=0 u k = S.
Sinon la s´ erie est dite divergente.
Th´ eor` eme 2.3. Si la s´ erie P
u n est convergente alors lim
n→+∞ u n = 0.
Remarque 2.4. La condition ci-dessus est n´ ecessaire mais n’est pas suffisante, consid´ erer par exemple u n = ln( n+2 n+1 ) ou u n = √ n+1+ 1 √ n (= √
n + 1 − √ n).
Un premier exemple de r´ esultat g´ en´ eral sur des s´ eries d´ ej` a “manipul´ ees”
Proposition 2.5. (S´ eries g´ eom´ etriques)
Soient u 0 6= 0 et q deux r´ eels. La s´ erie de terme g´ en´ eral u 0 q n est convergente si et seulement si |q| < 1.
Elle a alors pour somme 1−q u0 .
Exemple : on recycle un exemple de l’expos´ e “Suites arithm´ etiques. Suites g´ eom´ etriques”.
2.2. S´ eries ` a termes positifs.
Th´ eor` eme 2.6. (Comparaison)
Soient (u n ) et (v n ) deux suites de r´ eels et n 0 un entier, tels que pour tout n ≥ n 0 0 ≤ u n ≤ v n . Si – la s´ erie P
v n converge alors la s´ erie P
u n converge, – la s´ erie P
u n diverge alors la s´ erie P
v n diverge.
Th´ eor` eme 2.7. (Comparaison dans le cas d’´ equivalence) Soient P
u n et P
v n deux s´ eries ` a termes positifs. Si u n ∼ v n alors les s´ eries P
u n et P
v n sont de mˆ eme nature.
Date: 3 mars 2014.
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2 CHANTAL MENINI
Ce r´ esultat n’est pas vrai si le terme g´ en´ eral des s´ eries n’est pas de signe constant. Un contre-exemple sera donn´ e plus loin apr` es avoir vu un r´ esultat sur les s´ eries altern´ ees.
Commentaire : on rappelle que u n ∼ v n s’il existe une suite (ε n ) convergeant vers 1 et un entier n 0 tels que, pour tout n ≥ n 0 , u n = ε n v n , ce qui revient ` a dire dans le cas o` u la suite (v n ) a au plus un nombre fini de termes nuls que lim
n→+∞
u
nv
n= 1.
Th´ eor` eme 2.8. (S´ eries de Riemann) La s´ erie de Riemann P 1
n
αconverge si et seulement si α > 1.
Exemples : P 1
n diverge, P 1
n
2converge (avec les s´ eries de Fourier on peut montrer que sa somme vaut
π
26 ).
Th´ eor` eme 2.9. (Crit` ere de d’Alembert) Soit P
u n la s´ erie de terme g´ en´ eral u n > 0, si – lim
n→+∞
u
n+1u
n= l ∈ [0, 1[ alors P
u n converge.
– lim
n→+∞
u
n+1u
n= l ∈]1, +∞[ alors P
u n diverge.
Remarque 2.10. Si l = 1 on ne peut rien dire, penser aux s´ eries de Riemann.
La limite peut ne pas exister par exemple u n = 3 1n pour n pair et u n = 3 2n pour n impair.
pour n impair.
Exemples :
– u n = n anp avec p entier naturel non nul et a > 1 r´ eel (ce qui permet aussi d’en d´ eduire que n p
+∞ a n puisque le terme g´ en´ eral d’une s´ erie convergente tend vers 0)
– u n = x n!n avec x > 0 (pour l’instant ...)
– u n = n n!n, lim n→+∞ ( n+1 n ) n = 1/e < 1 (rappel 1 ∞ est une forme ind´ etermin´ ee).
Commentaire : si vous donnez le dernier exemple pensez ` a rejeter un oeil sur la formule de Stirling.
2.3. S´ eries ` a termes quelconques (r´ eels).
2.3.1. S´ eries altern´ ees.
D´ efinition 2.11. La s´ erie P
u n est dite altern´ ee si (−1) n u n est de signe constant.
Th´ eor` eme 2.12. (S´ eries altern´ ees) Soit P
u n une s´ erie altern´ ee. Si la suite (|u n |) est d´ ecroissante et converge vers 0 alors la s´ erie P u n est convergente. De plus, si l’on note S sa somme alors
|S n − S| ≤ |u n+1 |.
Exemples : Les s´ eries P (−1) √ n
n et P (−1)
nn convergent.
Nous pouvons maintenant donner un contre-exemple au th´ eor` eme de comparaison pour des s´ eries ` a termes quelconques.
Remarque 2.13. On pose pour tout entier non nul n, u n = (−1) √ nn et v n = (−1) √ nn + 1 n . Alors – u n ∼ v n
+ 1 n . Alors – u n ∼ v n
– P
u n converge – P
v n diverge
D´ efinition 2.14. La s´ erie P
u n est dite absolument convergente si la s´ erie P
|u n | converge.
Th´ eor` eme 2.15. Si une s´ erie num´ erique est absolument convergente alors elle est convergente.
Remarque 2.16. La r´ eciproque est fausse, P (−1)n
n est convergente mais n’est pas absolument convergente.
Exemple : Pour tout r´ eel x la s´ erie P xn
n! est convergente.
Commentaire : Ne pas d´ evier sur les s´ eries enti` eres qui sont hors sujet, on peut quand mˆ eme savoir que par d´ efinition la somme de cette s´ erie est e x et que les propri´ et´ es sur les produits de s´ eries absolument convergentes permettent d’obtenir e x+y = e x e y . Si on suppose d´ ej` a connue la fonction exponentielle comme
´
etant la fonction f d´ efinie sur R , solution de f (0) = 1 et f 0 = f alors par exemple avec la formule de Taylor avec reste int´ egral on peut obtenir que P +∞
k=0 x
nn! = e x . On peut le trouver sous forme d’exercice dans
Analyse de Warusfel et al. ed. Vuibert n˚91 p319.
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2.4. Exercices. Exercice 1. Achille et la tortue (Paradoxe de Z´ enon)
Achille fait la course avec une tortue (course rectiligne), il lui laisse 100m d’avance. Achille avance ` a la vitesse V m.s −1 et la tortue v m.s −1 (bien sˆ ur v < V ). Lorsqu’Achille arrive au point de d´ epart de la tortue not´ e T 0 , celle-ci aura avanc´ e et sera au point not´ e T 1 , lorsqu’il arrive au point T 1 elle aura encore avanc´ e et sera au point T 2 et ainsi de suite. La tortue ne sera jamais rattrap´ ee.
Nous savons que la tortue sera rattrap´ ee (du moins si l’arriv´ ee est suffisamment loin), d´ eterminer ` a quelle distance de D Achille rattrape la tortue et la dur´ ee de la course jusqu’au point de d´ epassement. Voir par exemple Hyperbole TES et L (programmes 2012 p36) ed. Nathan, avec V = 10 m.s −1 et v = 0.1 m.s −1 . Les grandes lignes, on note t n le temps que met Achille pour arriver en T n (position de la tortue ` a la n ieme
´
etape), alors
t n − t n−1 = T n−1 T n
V T n−1 T n = v(t n−1 − t n−2 ).
La suite (t n − t n−1 ) est g´ eom´ etrique de raison V v et de premier terme t 1 − t 0 . Ainsi en sommant les termes t n = t 0 + (t 1 − t 0 ) 1 − (v/V ) n
1 − v/V t 1 − t 0 = v
V t 0 t 0 = 100 V
et a pour limite V 100 −v lorsque n tend vers +∞, temps (en secondes) que met Achille pour rattraper la tortue.
Exercice 2. P +∞
k=0 (−1)
k2k+1 = π 4 La cl´ e P n
k=0 (−x 2 ) k = 1−(−x 1+x
2)
2n+1´ egalit´ e que l’on int` egre sur [0, 1]. Devient tr` es dur ` a poser en terminale car la fonction arctan n’est pas connue ni la formule g´ en´ erale de d´ eriv´ ee des fonctions compos´ ees (voir par exemple Analyse de Warusfel et al. ed. Vuibert n˚ 90 p318 ou Terracher TS ed. Hachette).
Cette somme peut aussi se calculer avec les s´ eries de Fourier.
Exercice 3.
P +∞
k=1
(−1)
k−1k = ln 2
Mˆ eme cl´ e : trouver la bonne suite g´ eom´ etrique, voir par exemple les livres ci-dessus.
Exercice 4.
P n k=1 1
k ∼ ln n
Pour une preuve niveau terminale, toujours les mˆ emes livres. La cl´ e est de remarquer que la suite c n = P n
k=1 1
k − ln(n + 1) est croissante et major´ ee.
On peut aussi montrer seulement la divergence de la s´ erie harmonique (sans obtenir d’´ equivalent), la connaissance du ln n’est alors pas n´ ecessaire ; voir par exemple Rep` ere TS (programme 2012 p44) ou D´ eclic TS (programme 2012 p43) ed. Hachette ou encore ci-dessous.
Exercice 5. Une histoire de cubes
Variante de niveau premi` ere (ancien programme) : Terracher Analyse 1e S ed. Hachette, on montre que P 1
n
2et P 1
n
3convergent. La divergence de P 1
n est montr´ ee en utilisant que n+1 1 + · · · + 2n 1 ≥ 2, la convergence de P 1
n
2en utilisant que n(n−1) 1 = n−1 1 − 1 n (penser ` a l’interpr´ etation possible de l’in´ egalit´ e
1
n
2≤ n(n−1) 1 en terme de comparaison aire et int´ egrale).
Exercice 6. D´ eveloppement d´ ecimal p´ eriodique
0, 999999999 . . . = 1 ou variantes, voir par exemple Terracher Analyse 1e S ou Rep` ere TS (programme 2012 p39) ou D´ eclic TS (programme 2012 p37) ed. Hachette (rappel : les rationnels sont les r´ eels qui ont des d´ eveloppement d´ ecimaux p´ eriodiques ` a partir d’un certain rang, voir par exemple Math´ ematiques L1 ed.
Pearson Education)
3. D´ eveloppements
Afin de ne pas aller “trop loin” au niveau des r´ esultats donn´ es sur les s´ eries nous avons suivi de pr` es le livre de BTS Sigma, tome 1, ed. Foucher. Dans ce livre seuls les r´ esultats du paragraphe 2.1 sont d´ emontr´ es.
Ceci est conforme ` a l’esprit du programme de BTS mais un ´ etudiant pr´ esentant le capes de math´ ematiques ne peut se contenter de savoir faire ces seules d´ emonstrations dans la mesure o` u les autres utilisent des outils sur les suites du niveau terminale. Les d´ emonstrations de tous les r´ esultats annonc´ es s’ils ne sont pas demand´ es comme d´ eveloppement peuvent faire l’objet de questions lors de l’entretien.
Toujours pour rester au plus pr` es du programme de BTS, nous n’avons pas parl´ e de s´ eries ` a termes
complexes. La d´ efinition de s´ erie convergente est la mˆ eme, le module remplace la valeur absolue, mˆ eme
4 CHANTAL MENINI
r´ esultat pour les s´ eries g´ eom´ etriques ainsi que pour l’absolue convergence. Si on en parle on doit aussi remarquer que dans le cas complexe, la convergence de la s´ erie P
u n ´ equivaut ` a la convergence des deux s´ eries P
Re(u n ) et P
Im(u n ).
Les d´ emonstrations des r´ esultats donn´ ees dans le plan peuvent se trouver dans n’importe quel ouvrage de L2 traitant des s´ eries. Nous allons donner les points cl´ es de certaines d’entre-elles. Pour les d´ emonstrations d´ etaill´ ees voir par exemple Mat´ ematiques L2 ed. Pearson Education ou le Pr´ ecis de Br´ eal “Analyse MP”.
Les grandes lignes :
Premier th´ eor` eme de comparaison : Lorsqu’une s´ erie est ` a termes positifs alors la suite (S n ) de ses sommes partielles est croissante. Une suite croissante est convergente si et seulement si elle est major´ ee.
Deuxi` eme th´ eor` eme de comparaison : Si u n ∼ v n alors il existe C > 0, c > 0 et un entier n 0 tel que pour tout n ≥ n 0 , cu n ≤ v n ≤ Cu n puis on applique le premier th´ eor` eme de comparaison.
Remarque : ce type de r´ esultat s’accompagne classiquement d’un compl´ ement qui est l’´ equivalence des restes dans le cas de convergence et ´ equivalence des sommes partielles dans le cas de divergence. Il n’a pas
´
et´ e indiqu´ e dans le plan car plus “pointu”, y jeter un oeil tout de mˆ eme si on maitrise bien tout le reste.
S´ eries de Riemann : divergence grossi` ere si α ≤ 0 car alors le terme g´ en´ eral n 1α ne tend pas vers 0. Pour α > 0, on note u n = R n+1
n 1
t
αdt alors u n ∼ n 1α et on applique le th´ eor` eme de comparaison en remarquant que P n
k=1 u n = R n+1 1
1
t
αdt. On calcule cette int´ egrale puis sa limite (penser ` a distinguer la cas α = 1).
Remarque : Ce r´ esultat est un cas particulier du th´ eor` eme de comparaison s´ erie P
f(n) et int´ egrale g´ en´ eralis´ ee R +∞
n
0f (t) dt lorsque f est continue et d´ ecroissante sur [n 0 , +∞[ et ` a valeurs dans R + .
Crit` ere de d’Alembert : Comparaison ` a une suite g´ eom´ etrique de raison q = l+1 2 , 0 < q < 1 lorsque l < 1 et q > 1 lorsque l > 1.
Remarque : Nous n’avons pas mis le crit` ere de Cauchy qui n’est pas au programme des BTS, savoir tout de mˆ eme que si la suite ( u un+1
n
) converge et a pour limite l alors la suite √
nu n converge aussi et a mˆ eme limite. La r´ eciproque est fausse, la suite donn´ ee pour montrer que ( un+1u
n