El´ ements de correction du devoir maison, jeudi 22 octobre 2015 N1MA5012 - Int´ egration Exercice 1
Rappel : Soit (A n ) une suite de parties de Ω. On pose
lim sup A n = \
n
[
k≥n
A k
et lim inf A n = [
n
\
k≥n
A k
.
On remarque que x ∈ lim sup A k si et seulement si x ∈ A k pour une infinit´ e d’indices k et que x ∈ lim inf A k si et seulement si x appartient ` a tous les A k sauf peut-ˆ etre un nombre fini.
1. Soit Ω un ensemble et (A n ) une suite de parties de Ω. D´ eterminer lim sup A n et lim inf A n dans les cas
— (A n ) est monotone (par rapport ` a l’ordre partiel d’inclusion) Si (A n ) est croissante alors pour tout entier n, S
k≥n A k = S
k≥0 A k et T
k≥n A k = A n . D’o` u lim sup A n = S
k≥0 A k = lim inf A n = lim A n . Si (A n ) est d´ ecroissante alors pour tout entier n, S
k≥n A k = A n et T
k≥n A k = T
k≥0 A k . D’o` u lim sup A n = T
k≥0 A k = lim inf A n = lim A n .
— A 2n = B et A 2n+1 = C o` u B, C sont deux parties de Ω.
Pour tout entier n, S
k≥n A k = B ∪ C et T
k≥n A k = B ∩ C puisqu’il y a toujours au moins un indice pair et un indice impair. D’o` u
lim sup A n = B ∪ C lim inf A n = B ∩ C.
— les A n sont deux ` a deux disjoints.
En utilisant la remarque donn´ ee en rappel, si les A n sont deux ` a deux disjoints alors il est impossible d’appartenir ` a une infinit´ e de A k , d’o` u
lim sup A n = lim inf A n = ∅.
Dans la suite de l’exercice on suppose que l’on a (Ω, T , µ) un espace mesur´ e et que pour tout entier n, A n ∈ T .
1. Justifier que lim sup A n et lim inf A n sont dans T .
Ces deux ensembles sont des intersections et r´ eunions d´ enombrables d’´ el´ ements de la tribu donc sont dans la tribu.
2. Montrer que µ(lim inf A n ) ≤ lim inf µ(A n ) (“propri´ et´ e de Fatou”).
Notons A n = T
k≥n A k , alors (A n ) n est une suite croissante d’´ el´ ements de T (cf. A n = A n ∩A n+1 ) et par propri´ et´ e d’une mesure
µ [
n
A n
!
= lim
n µ (A n ) .
De plus pour tout entier k ≥ n, A n ⊂ A k d’o` u µ (A n ) ≤ inf k≥n µ(A k ) et µ(lim inf A n ) ≤ lim
n
k≥n inf µ(A k )
= lim inf µ(A n ).
3. On suppose de plus qu’il existe B dans T tel que µ(B ) < +∞ et pour tout entier n, A n ⊂ B (donner un exemple de mesure pour laquelle cette condition est toujours v´ erifi´ e). Montrer que lim sup µ(A n ) ≤ µ(lim sup A n ).
Pour que la condition soit toujours v´ erifi´ ee, il suffit de prendre une mesure finie (par exemple une mesure de probabilit´ e).
En travaillant avec B n = B \ A n on a (B n ) n suite croissante de T et avec la propri´ et´ e de Fatou µ(lim inf B n ) ≤ lim inf µ(B n ). (1) lim inf B n = B \ lim sup A n et µ(B) ´ etant fini,
µ(lim inf B n ) = µ(B) − µ(lim sup A n ). (2) De mˆ eme
lim inf µ(B n ) = lim inf(µ(B) − µ(A n )) = µ(B) − lim sup µ(A n ). (3)
L’in´ egalit´ e demand´ ee est obtenue avec (1), (2) et (3).
4. Soit (Ω, A, µ) un espace mesur´ e, µ(Ω) < +∞. On consid` ere une suite (A n ) n∈ N d’´ el´ ements de A telle que P
n≥0 µ(A n ) < +∞. Montrer que µ(lim sup A n ) = 0.
On note pour tout entier n, A n = ∪ k≥n A k . La suite (A n ) n est d´ ecroissante, par propri´ et´ e d’une mesure finie (rappel : ce r´ esultat n’est pas vrai en g´ en´ eral)
0 ≤ µ(lim sup A n ) = µ \
n
A n
!
= lim
n µ(A n ) ≤ lim
n
X
k≥n
µ(A k ).
On reconnait dans le terme de droite de l’in´ egalit´ e ci-dessus, la limite du reste d’une s´ erie conver- gente, cette limite est nulle.
Exercice 2
Soit (Ω, T ) un espace mesurable et (f n ) une suite de fonctions d´ efinies sur Ω, ` a valeurs r´ eelles et mesurables ( R est muni de la tribu bor´ elienne). On note A = {x ∈ Ω : (f n (x)) n converge}.
1. Rappeler la d´ efinition de suite de Cauchy.
Une suite (u n ) n est de Cauchy si
∀ε > 0, ∃n ε ∈ N , ∀n ≥ n ε , ∀p ∈ N , |u n+p − u n | < ε ou encore de fa¸con ´ equivalente
∀q ∈ N ∗ , ∃n q ∈ N , ∀n ≥ n q , ∀p ∈ N , |u n+p − u n | < 1 q . 2. Exprimer A ` a l’aide des ensembles A n,p,q = {x ∈ Ω : |f n (x) − f n+p (x)| < 1 q }.
Toute suite convergente est de Cauchy et dans R , qui est complet (pour la valeur absolue), toute suite de Cauchy converge d’o` u
A = {x ∈ Ω : (f n (x)) n est de Cauchy}
= \
q∈ N
∗[
N ∈ N
\
n≥N
\
p∈ N
A n,p,q
3. En d´ eduire que A appartient ` a T .
A n,p,q = (f n − f n+p ) −1 (] − 1 q , 1 q [), ] − 1 q , 1 q [ est un ouvert de R donc un bor´ elien. Les fonctions sont mesurables de (Ω, T ) dans ( R , B( R )), donc pour tous entiers n, p et q, A n,p,q est un ´ el´ ement de T .
Une tribu ´ etant stable par intersection et r´ eunion d´ enombrable, A appartient ` a T . Exercice 3
On consid` ere B la tribu bor´ elienne de R , et E un ensemble bor´ elien de mesure de Lebesgue finie : λ(E) < ∞.
Dans la correction puisqu’il n’y a pas d’ambigu¨ıt´ e ici, on parlera de fonction mesurable sans pr´ eciser que c’est pour la tribu des bor´ eliens.
1. On prend E = [0, 1] et g une fonction en escalier sur [0, 1], ` a valeurs dans R . Montrer que pour tout ε > 0, il existe un compact K ⊂ E tel que λ(E \ K) ≤ ε et que g |K soit continue sur K.
g fonction en escalier sur [0, 1] donc il existe une subdivision finie de l’intervalle, 0 = x 0 < x 1 <
· · · < x n = 1 et une famille de r´ eels (a i ) 1≤i≤n tels que
∀i ∈ {1, . . . n} g(x) = a i ∀x ∈]x i−1 , x i [
Soit ε > 0 arbitraire et 0 ≤ α < n 1 min{ε, x i − x i−1 1 ≤ i ≤ n} ; on pose K = S
1≤i≤n [x i−1 +
α
2 , x i − α 2 ]. K est une union finie d’intervalles ferm´ es, born´ es de R donc est un compact de R et par construction λ([0, 1] \ K) = nα < ε.
Les intervalles [x i−1 + α 2 , x i − α 2 ] sont 2 ` a 2 disjoints pour 1 ≤ i ≤ n et g |K est constante sur chaque intervalle, la fonction est donc continue sur K.
2. Soit g une fonction mesurable ´ etag´ ee ` a valeurs r´ eelles d´ efinie sur E. Montrer que pour tout ε > 0,
il existe un compact K ⊂ E tel que λ(E \ K) ≤ ε et que g |K soit continue sur K.
g fonction ´ etag´ ee sur E donc il existe une partition finie de E d’ensembles mesurables (A i ) 1≤i≤n
et une famille de r´ eels (a i ) 1≤i≤n tels que
g =
n
X
i=1
a i 1 Ai
Pour tout i, A i est contenu dans E donc est de mesure de Lebesgue finie, d’o` u
∀i : 1 ≤ i ≤ n ∃K i compact, K i ⊂ A i et λ(A i \ K i ) ≤ ε/n En prenant K = S
1≤i≤n K i on a K compact comme union finie de compacts. Les compacts K i
sont 2 ` a 2 disjoints pour 1 ≤ i ≤ n et g |K est constante sur chaque K i , la fonction est donc continue sur K. Enfin
λ(E \ K) = λ( [
1≤i≤n
(A i \ K i )) ≤
n
X
i=1
λ(A i \ K i ) ≤ ε.
3. Pour cette question on consid` ere le cas particulier o` u E = [0, 1] et on prend pour g la fonction indicatrice de [0, 1] \ Q . Construire
` a la main
un compact K ⊂ E tel que λ(E \ K) ≤ ε et tel que la restriction de g ` a K soit constante ´ egale ` a 1 (et donc continue). (Indication : en utilisant la d´ enombrabilit´ e de Q trouver un ouvert contenant Q de mesure plus petite que ε.)
On cherche ` a construire un ouvert O contenant Q ∩[0, 1] et qui est de mesure de Lebesgue inf´ erieure ou ´ egale ` a ε.
Q ∩ [0, 1] ´ etant d´ enombrable ou peut l’´ ecrire
Q ∩ [0, 1] = {x i ; i ∈ N }.
On pose O = S
i∈ N ]x i − 2
i+2ε , x i − 2
i+2ε [. O est une union d’ouverts donc est ouvert et par σ- additivit´ e de la mesure de Lebesgue
λ(O) ≤
+∞
X
i=0
ε 2 i+1 = ε.
K = [0, 1] \ O est ferm´ e et born´ e dans R donc compact et λ([0, 1] \ K) = λ(O) ≤ ε. De plus, par construction K ⊂ [0, 1] \ Q , d’o` u g |K = 1.
4. Soit g une fonction mesurable ` a valeurs r´ eelles d´ efinie sur E. En utilisant la question 2. et le th´ eor` eme d’Egoroff (´ enonc´ e ci-dessous), montrer que pour tout ε > 0, il existe un bor´ elien A ⊂ E tel que λ(A) ≤ ε et que g |E\A soit continue sur E \ A.
g = g + − g − avec g + = sup{g, 0} et g − = sup{−g, 0}, g ´ etant mesurable et le sup de fonctions mesurables l’´ etant aussi, g + et g − sont des fonctions mesurables et positives.
On sait que pour toute fonction mesurable positive, il existe une suite de fonctions ´ etag´ ees qui converge simplement vers cette fonction. On note (f n ) n et (h n ) n deux suites de fonctions ´ etag´ ees qui convergent respectivement vers g + et g − . On pose pour tout entier n, g n = f n − h n , alors la suite de fonctions ´ etag´ ees (g n ) n converge simplement vers g sur E.
Soit ε > 0 donn´ e, avec le th´ eor` eme d’Egoroff (rappel λ(E) < ∞) il existe un bor´ elien B tel que λ(B) ≤ ε/2 et (g n ) n converge uniform´ ement vers g sur E \ B.
Avec ce qui a ´ et´ e montr´ e ` a la question 2 pour les fonctions ´ etag´ ees, pour tout entier n, il existe un compact K n tel que g n|K
n