Pr´ epa ` a la pr´ epa - juin 2020 - Correction
1 S´ eance n
o1
1.1 Exercice n
o1
Montrer que √ 3 +√
2 est un nombre irrationnel.
Rappel : Dans N, si n=d2, alors √
n=d, et si n n’est pas un carr´e, √
n /∈Q.
• Commen¸cons par montrer que √
2 n’est pas un nombre rationnel.
Supposons par l’absurde que √
2∈Q, c’est-`a-dire que
√2 = p q avecp et q premiers entre eux.
Alors 2 = p2
q2, et donc 2q2 =p2. Ainsi p2 est pair, et donc p est pair. Il vient
∃k∈N, p= 2k Ainsi
2q2 = (2k)2 = 4k2
Doncq2 = 2k2, et doncq2 est pair, et ainsi q est pair. D’o`u contradiction. Ainsi√ n’est pas rationnel. 2
• Montrons par l’absurde que √ 3 +√
2 n’est pas un nombre rationnel.
Supposons donc que √ 3 +√
2∈Q, c’est-`a-dire que
√3 +√ 2 = r
avecr ∈Q Ainsi √
3 =r−√ 2
i.e. 3 =r2+ 2−2r√
2 i.e. √
2 = r2−1
2r , qui est donc un rationnel. D’o`u contradiction.
Ainsi√ 3 +√
2 n’est pas rationnel.
1.2 Exercice n 2
• Montrer qu’une fonction f (d´efinie sur R) d´erivable et paire si et seulement si f0 est impaire.
Rappel :
• Soitf une fonction d´efinie surI, un ensemble centr´e en 0 (i.e.∀x∈I,−x∈I), alors :f paire ⇐⇒ ∀x∈I, f(−x) =f(x)
• Soitgune fonction d´efinie surI, un ensemble centr´e en 0 (i.e.∀x∈I,−x∈I), alors :f impaire⇐⇒ ∀x∈I, g(−x) =−g(x)
(=⇒) Montrons que si f d´erivable et paire, alors f0 est impaire.
On a ∀x ∈ I, f(−x) = f(x). Notons que x 7−→ f(−x) est la compos´ee de la fonction f et de la fonction x 7−→ −x. Ainsi, on peut d´eriver la fonction (compos´ee) qui se trouve dans le membre de gauche et celle qui se trouve dans le membre de droite. Donc, en d´erivant l’´egalit´e,
∀x∈I,−f0(−x) = f0(x)
Il vient quef0(−x) =−f0(x) pour tout x∈I, ainsi f0 est bien impaire.
(⇐=) Supposons f0 impaire. Alors∀x∈I, f0(−x) =−f0(x).
Remarque :Une fonction impaire d´efinie en 0 v´erifie f(0) = 0.
On a alors ∀x ∈ I,−f0(−x) = f0(x). Donc, on int`egre les deux membres, et on obtient
∃c∈R, f(−x) =f(x) +c
Or, f est d´efinie sur R, donc cette ´egalit´e est vraie en particulier en 0. c’est-
`a-dire f(−0) = f(0) +c, et donc, par la remarque pr´ec´edente, c = 0. On en conclut quef(−x) =f(x), et doncf est paire, ce que l’on voulait d´emontrer.
• A-t-on aussi : une fonctionf est d´erivable et impaire si et seulement sif0 est paire ? (=⇒) On a∀x∈I, f(−x) =−f(x). On d´erive membre `a membre, et on obtient
−f(−x) =−f0(x)
c’est-`a-diref0(−x) =f0(x), doncf est paire, ce que l’on voulait montrer.
(⇐=) On a ∀x∈I, f0(−x) =f0(x).
On int`egre membre `a membre : −f(−x) = f(x) +c
On veut −f(−x) = f(x), donc on veut montrer que c = 0, mais l’on n’a pas assez d’information. L’´equivalence serait vraie si on avait
f d´erivable et impaire ⇐⇒f0 paire etf(0) = 0
1.3 Exercice n
o3
Montrer que la courbe d’´equationy = ex
ex+ 1 admet un centre de sym´etrie, `a d´eterminer.
On utilise la propri´et´e (que l’on comprend par un dessin) : Soit f une fonction et Cf sa repr´esentation graphique. Si f(a−x) +f(a+x)
2 = b, alors le point de coordonn´ees (a, b) est le centre de sym´etrie de Cf.
Dans le cadre de l’exercice, on consid`ere f :x7−→ ex
ex+ 1. On conjecture graphiquement que I
0,1 2
est le centre de sym´etrie de la courbe. Montrons-le grˆace `a la propri´et´e pr´ec´edente, en calculant f(0−x) +f(0 +x)
f(−x) +f(x) = e−x
e−x+ 1 + ex ex+ 1
= 1 ex 1
ex + 1 + ex ex+ 1
= 1 ex 1 +ex
ex
+ ex ex+ 1
= 1
1 +ex + ex ex+ 1
= 1
= 2×1 2 Donc f(−x) +f(x)
2 = 1
2. D’o`u I
0,1 2
est bien le centre de sym´etrie deCf.
1.4 Exercice n 4
D´eterminer limx→+∞√3
x3+x2−x.
En introduction, cherchons la limite de limx→+∞√
x2+x−x. Notons
f(x) =√
x2+x−x= (x2+x)−x2
√x2+x+x = x
√x2+x+x Pour x >0 (car on cherche la limite en +∞),
f(x) = x
s
x2
1 + 1 x
+x
= x
√x2
s
1 + 1 x +x
= x
x
s
1 + 1 x +x
= 1
s
1 + 1 x + 1 Ainsi limx→+∞√
x2+x−x= 1 2.
Int´eressons-nous maintenant `a limx→+∞√3
x3+x2−x, et appliquons la mˆeme m´ethode : Notons a=√3
x3+x2 etb =x. Alors a3 =x3+x2 et b3 =x3.
On a d´efini laquantit´e conjugu´eeen utilisant l’identit´e remarquablea2−b2 = (a−b) (a+b), c’est-`a-dire a−b= a2−b2
a+b .
Ici, on utilise l’identit´e remarquable : a3 −b3 = (a−b) (a2+ab+b2).
Donc a−b= a3−b3 a2+ab+b2. En appliquant la remarque, on a
√3
x3+x2−x= x3+x2−x3
√3
x3+x22+x3√3
x3+x2+x2
= x2
(x3+x2)23 +x(x3+x2)13 +x2 Au d´enominateur, on a donc
• (x3+x2)23 =x3
1 + 1 x
23
= (x3)23 1 + 1 x
23
=x2
1 + 1 x
23
.
• (x3+x2)13 =x3
1 + 1 x
13
= (x3)13 1 + 1 x
13
=x2
1 + 1 x
13
. Ainsi
√3
x3+x2−x= x2 x2
1 + 1 x
23
+x2
1 + 1 x
13
+x2
= 1
1 + 1 x
23
+1 + 1 x
13
+ 1 Il vient que la limite cherch´ee est 1
3.
1.5 Exercice n
o5
Pour tout entier p > 1, on d´efinit l’entier 4. . .48. . .89, compos´e de p chiffres 4, p−1 chiffres 8 et d’un chiffre 9. Montrer que ce nombre est toujours un carr´e parfait.
On traduit l’´enonc´e par :
n = 9 + 9 (10 + 102+. . .+ 10p−1) + 4 (10p+. . .+ 102p−1)
= 9 + 80× 10p−1−1
10−1 + 4×10p×(1 +. . .+ 10p−1)
= 9 + 80× 10p−1−1
10−1 + 4×10p× 10p−1 10−1
n = 1
9(81 + 80 (10p−1−1) + 4×10p(10p−1))
= 1
9(81−80×10p−1−80 + 4×102p−4×10p)
= 1
9(1−8×10p+ 4×102p−4×10p)
= 1
9(4×102p+ 4×10p+ 1)
= 1
3(2×10p + 1)2 Ainsin est le carr´e d’un nombre p= 1
3(2×10p+ 1)∈Q. Montrons qu’en faitp∈N, en montrant que 2×10p+ 1 est divisible par 3.
On a 2×10p+ 1 ≡ 2×1p+ 1 [3]
≡ 2 + 1 [3]
≡ 0 [3]
D’o`u 2×10p+ 1 est divisible par 3, et donc 1
3(2×10p + 1) ∈ N, c’est-`a-dire p ∈ N, et donc n est bien le carr´e d’un entier.
1.6 Exercice n 6
Pour tout r´eel a∈]0, π[, d´eterminer la forme alg´ebrique de 1 +eia 1−eia. Transformation de eiα +eiβ :
On a
z =eiα +eiβ =ei(α+β2 )ei(α−α+β2 ) +ei(β−α+β2 )=ei(α+β2 )ei(α−β2 ) +e−i(α−β2 ) D’apr`es la formule d’Euler, on obtient z =ei(α+β2 )2 cos α−β
2
!
. Ainsieiα+eiβ = 2 cos α−β
2
!
ei(α+β2 ).
Pour β = 0, on obtienteiα+ 1 = 2 cosα 2
eiα2.
On en conclut que eiα−1 =eiα2 eiα2 −e−iα2. Or, par la formule d’Euler, on a eiα−1 = 2isinα
2
Donc eiα−1 = 2isinα 2
eiα2.
D’o`u z = eiα+ 1
−eiα+ 1 = cosα 2
−isinα 2
=icotα 2
, o`u cot (x) = cosx sinx.
1.7 Exercice n
o7
La fonction tangente, d´efinie sur −π 2,π
2
, est bijective, et sa fonction r´eciproque est not´ee arctan.
a) Que vaut cos (arctan (x)) pour tout r´eel x?
On s’int´eresse `a y= cos (arctanx), et on note a= arctanx. a est donc le nombre r´eel tel que x= tana.
Ainsix= tana et y= cosa. Or, 1 + tan2 = 1
cos2. Donc 1 +x2 = 1 y2. Donc y2 = 1
1 +x2, c’est-`a-dire cos2(arctan (x)) = 1 1 +x2. Or, arctan (x)∈
−π 2,π
2
et cos (x)>0 sur cet intervalle, d’o`u y= √ 1 1 +x2.
b) Montrer que, pour toutx∈
−π 2,π
2
,
Z tanx 0
1
1 +t2 dt=x Notons h la fonction d´efinie par
h(x) =Z x
0
1 1 +t2 dt Notons
f(x) = h(tan (x)) =Z tanx
0
1 1 +t2 dt
f est la compos´ee de la fonction h et de la fonction tan, donc f est d´erivable sur
−π 2,π
2
. Ainsi, pour toutx∈I, on a
f0(x) = h0(tanx)×tan0(x) Or, h0(x) = 1
1 +x2, et donc
f0(x) = 1
1 + tan2(x)×1 + tan2(x)= 1
Donc f(x) = x+c, avec c une constante r´eelle. Or, 0 +c= f(0) = h(tan 0) = 0.
Doncc= 0.
Ainsi, pour tout x∈
−π 2,π
2
, on a
h(tanx) = x ce que l’on voulait d´emontrer.
c) Par ailleurs, on montre que arctan est d´erivable et, pour tout x∈R, arctan0(x) = 1
1 +x2 D´eterminer, pour x∈R\ {0}, arctan (x) + arctan1
x
.
Posons f(x) = arctan (x) + arctan1 x
. On d´erive f sur chaque intervalle ]−∞,0[
et ]0,+∞[ :
f0(x) = 1
1 +x2 + 1 1 +1x2 ×
− 1 x2
= 1
1 +x2 − 1
x2+ 1 = 0 Ainsif est constante sur ]−∞,0[ et sur ]0,+∞[.
Pour x= 1, on a tan (1) = arctan1 1
= π
4. Donc f(x) = π
2 sur ]0,+∞[.
Pour x=−1, on a tan (−1) = arctan 1
−1
=−π
4. Donc f(x) =−π
2 sur ]−∞,0[.
d) D´eterminer une primitive de la fonction arctan.
Remarque de notation : Pour indiquer une primitive d’une fonction f, il est courant de noter Z f(x) dx. On appelle cela une int´egrale ind´efinie . Nous uti- liserons cette notation dans la correction de cet exercice.
Rappel : int´egration par partiesSoient u et v deux fonctions d´erivables sur I.
Alors Z
u0v = [uv]−
Z
uv0
Pour d´eterminer une primitive de arctan, on note arctan = 1×arctan, et on int`egre par parties, en posantu0(x) = 1 et v(x) = arctan (x). Alorsu(x) = xetv0(x) = 1
x2. D’apr`es la formule pr´ec´edente
Z arctan (x) dx = Z 1×arctan (x) dx
= [xarctan (x)]−
Z x 1 +x2 dx
= [xarctan (x)]−
Z 1
2× 2x 1 +x2 dx
= [xarctan (x)]−
1
2ln (1 +x2) car 1 +x2 >0 Donc une primitive de la fonction arctan est la fonction
x7−→xarctan (x)− 1
2lnx2+ 1
1.8 Exercice n
o8
Soient a et b deux r´eels tels que a < b. Calculer Z b
a
q(x−a) (b−x) dx.
Remarquons que la courbe d’´equation y=q(x−a) (b−x) peut se traduire par y>0 et y2 =−x2+ (a+b)x−ab,
c’est-`a-dire
y>0 et y2 +x2−(a+b)x+ab= 0 c’est-`a-dire
y>0 et y2+ x−a+b 2
!2
− a2+b2+ 2ab
4 +ab= 0, c’est-`a-dire
y>0 et y2+ x−a+b 2
!2
= a2+b2+ 2ab
4 − 4ab
4 ,
c’est-`a-dire
y>0 et y2+ x− a+b 2
!2
= a2 +b2−2ab
4 ,
c’est-`a-dire
y >0 et y2+ x− a+b 2
!2
= a−b 2
!2
,
Donc la courbe est un demi-cercle de centre Ω a+b 2 ,0
!
et de rayon R = a−b 2 . AinsiZ b
a (x−a) (b−x) dx est l’aire du demi-cercle pr´ec´edent. Ainsi :
Z b
a (x−a) (b−x) dx= 1 2
πR2= 1
2 π(b−a)2 4
!
. Donc
Z b
a (x−a) (b−x) dx= π(b−a)2 8
1.9 Exercice n
o9 : in´ egalit´ es de Cauchy-Schwarz pour les sommes et in´ egalit´ e de Minkowski
On consid`ere les deux suites (an)n∈N et (bn)n∈N.
• Montrer l’in´egalit´e de Cauchy-Schwarz :
n
X
k=0
(akbk)
!2
6
n
X
k=1
(ak)2×
n
X
k=0
(bk)2
— Si pour tout k∈J1, nK, on abk = 0, alors l’in´egalit´e est vraie.
— Supposons qu’il existe un entier k ∈ J1, nK tel que bk 6= 0. Notons, pour tout x∈R,
f(x) = Xn
k=1
(ak+xbk)2 On d´eveloppe, et on obtient
f(x) = Xn
k=1
b2k
!
x2+ 2 Xn
k=1
akbk
!
x+Xn
k=1
a2k
Comme au moins l’un des bk n’est pas nul, on a
n
X
k=1
b2k >0, et donc, en particulier Xn
k=1
b2k 6= 0.
Ainsif est un trinˆome du second degr´e, de signe constant (strictement positif).
On en conclut que ∆60, c’est-`a-dire, en calculant ∆, que 4 Xn
k=1
akbk
!2
−4 Xn
k=1
a2k
! n X
k=1
b2k
!
60
c’est-`a-dire, en divisant chaque membre de l’in´egalit´e par 4,
n
X
k=1
akbk
!2
−
n
X
k=1
a2k
! n X
k=1
b2k
!
60
d’o`u le r´esultat attendu.
• En d´eduire l’in´egalit´e de Minkowski :
v u u t
n
X
k=0
(ak+bk)6
v u u t
n
X
k=1
(ak)2 +
v u u t
n
X
k=0
(bk)2
On va utiliser l’´egalit´e de Cauchy-Schwarz pour d´emontrer cette nouvelle in´egalit´e. On reformule l’in´egalit´e pr´ec´edente en
n
X
k=1
akbk
6
v u u t
n
X
k=1
a2k
v u u t
n
X
k=1
b2k On a
n
X
k=0
(ak+bk)2 = Xn
k=1
a2k+ 2Xn
k=1
akbk+Xn
k=1
b2k
6
n
X
k=1
a2k+ 2
n
X
k=1
akbk
+Xn
k=1
b2k
6
n
X
k=1
a2k+ 2
v u u t
n
X
k=1
a2k
v u u t
n
X
k=1
b2k+Xn
k=1
b2k d’apr`es l’in´egalit´e pr´ec´edente
6
v u u t
n
X
k=1
a2k+
v u u t
n
X
k=1
b2k
2
d’apr`es l’in´egalit´e pr´ec´edente
On en conclut que
v u u t
n
X
k=1
(ak+bk)2 6
v u u t
n
X
k=1
a2k+
v u u t
n
X
k=1
b2k, ce que l’on voulait d´emontrer.
1.10 Exercice n
o10
On consid`ere la suite (un)n∈N d´efinie par :
u0 = 2, u1 = 7 et, pour tout entier n positif, un+2 = 7un+1−12un.
´Etudier les suites v = (un+1−3un) et w= (un+1−4un) pour d´eterminer un en fonction den.
• On a, pour tout n >0,
vn+1 =un+2−3un+1 = 7un+1−12un−3un+1 = 4un+1−12un = 4 (un+1−3un) = 4vn Donc v est la suite g´eom´etrique de raison 4, et de premier terme
v0 =u1−3u0 = 7−6 = 1 Ainsivn= 1×4n, c’est-`a-direvn= 4n.
• On a, pour tout n >0,
wn+1 =un+2−4un+1 = 7un+1−12un−4un+1 = 3un+1−12un = 3 (un+1−4un) = 3wn Donc west la suite g´eom´etrique de raison 3, et de premier terme
w0 =u1−4u0 = 7−8 =−1 Ainsiwn=−1×3n, c’est-`a-direwn=−3n.
En remarquant queun=un+1−3un−un+1+4un, c’est-`a-direun =vn−wn, on en conclut que
un = 4n+ 3n