PSI* — 2020/2021 — Préparation aux oraux — Probas no 14 Page 1
14. (X-ENS) Des variables aléatoires indépendantes Ui, i ∈ N∗, suivent une même loi de Bernoulli de paramètre p∈]0,1[et Z est une variable aléatoire à valeurs dans N. On pose
X=
Z i=1
Ui et Y =Z−X=
Z i=1
(1−Ui). On note, pour tout ndeN,pn=P(X=n),qn=P(Y =n),rn =P(Z =n).
a)Montrer que : ∀(k, ℓ)∈N2 P(X=k, Y =ℓ) = k+ℓ
k pk(1−p)ℓrk+ℓ. En déduire des expressions de pk etqℓ en fonction dep et des rn.
b)Montrer que, si Z suit une loi de Poisson, alorsX et Y sont indépendantes.
c)On suppose que X etY sont indépendantes et Z non presque sûrement nulle.
(i)Montrer que, pour tout nde N,rn=
k+ℓ=n
pkqℓ et que p0, p1, q0, q1 sont strictement positifs.
(ii)Montrer que : ∀(k, ℓ)∈N2 pk+1qℓ(k+ 1) (1−p) =pkqℓ+1(ℓ+ 1)p.
(iii)En déduireqℓ en fonction dep0, p1 etp. Conclure que Z suit une loi de Poisson.
Solution
a)Soit(k, ℓ)∈N2; par définition(X=k)∩(Y =ℓ)⊂(Z =k+ℓ)donc, sirk+ℓ= 0, alorsP(X=k, Y =ℓ) = 0 et la relation souhaitée est vraie.
Si rk+ℓ= 0, la formule des probabilités composées donne
P(X =k, Y =ℓ) =P (X=k, Y =ℓ)|(Z =k+ℓ) ·rk+ℓ. Or, en notant selon la tradition q = 1−p,
P (X=k, Y =ℓ)|(Z =k+ℓ) =P (X =k)|(Z =k+ℓ) = k+ℓ
k pkqℓ (loi binomiale) d’où finalement
∀(k, ℓ)∈N2 P(X=k, Y =ℓ) = k+ℓ
k pkqℓrk+ℓ. J’en déduis les lois marginales :
∀k∈N pk=
∞
ℓ=0
P(X=k, Y =ℓ) =
∞
ℓ=0
k+ℓ
k pkqℓrk+ℓ
et
∀ℓ∈N qℓ =
∞
k=0
P(X=k, Y =ℓ) =
∞
k=0
k+ℓ
k pkqℓrk+ℓ. b)On suppose ici λ∈R+ tel que
∀n∈N rn=e−λλn n!. Alors d’après a), pour(k, ℓ)∈N2,
P(X=k, Y =ℓ) = (k+ℓ)!
k!ℓ! pkqℓe−λ λk+ℓ
(k+ℓ)! =e−λ(λp)k k!
(λq)ℓ ℓ!
et en reconnaissant la série exponentielle : pk=
∞
ℓ=0
k+ℓ
k pkqℓe−λ λk+ℓ
(k+ℓ)! =e−λ(λp)k k!
∞
ℓ=0
(λq)ℓ
ℓ! =e−λ(λp)k
k! eλq =e−λp(λp)k k! . De même
qℓ =e−λq(λq)ℓ
ℓ! d’où P(X =k, Y =ℓ) =pkqℓ car p+q = 1.
En conclusion
X etY sont indépendantes. De plus X ֒→ P(λp) etY ֒→ P(λq).
PSI* — 2020/2021 — Préparation aux oraux — Probas no 14 Page 2 c)On suppose X etY indépendantes et Z non presque sûrement nulle, c’est-à-dire quer0<1.
(i)Soitn∈N. Par définition,(Z=n) =
k+ℓ=n
(X =k, Y =ℓ)donc, l’union étant disjointe etX,Y indépendantes,
rn=
k+ℓ=n
pkqℓ. De plus, d’aprèsa),
p0=
∞
ℓ=0
qℓrℓ>0 car q >0 et lesrℓ sont de somme 1 donc non tous nuls ! On justifie de mêmeq0>0. Par ailleurs, en réindexant,
p1=p
∞
ℓ=0
(1 +ℓ)qℓr1+ℓ= p q
∞
ℓ=1
ℓqℓrℓ >0 car lesrℓ, ℓ≥1 sont de somme1−r0 >0, donc non tous nuls.
De même pour q1 :
p0, q0, p1, q1 sont strictement positifs.
(ii)Soit (k, ℓ)∈N2 ; d’après a), sachant queX etY sont indépendantes, pk+1qℓ(k+ 1)q= k+ 1 +ℓ
k+ 1 pk+1qℓrk+1+ℓ(k+ 1)q = (k+ 1) k+ℓ+ 1
k+ 1 pk+1qℓ+1rk+ℓ+1
et
pkqℓ+1(ℓ+ 1)p= k+ℓ+ 1
k pkqℓ+1rk+ℓ+1(ℓ+ 1)p= (ℓ+ 1) k+ℓ+ 1
k pk+1qℓ+1rk+ℓ+1 or il se trouve que
(k+ 1) k+ 1 +ℓ
k+ 1 = (k+ℓ+ 1)!
k!ℓ! = (ℓ+ 1) k+ℓ+ 1
k .
Ainsi
pk+1qℓ(k+ 1)q=pkqℓ+1(ℓ+ 1)p.
(iii)En choisissantk= 0dans la relation précédente, j’obtiens
∀ℓ∈N qℓ+1= p1q p0p
qℓ ℓ+ 1 soit
∀ℓ∈N∗ qℓ = p1q p0p
qℓ−1
ℓ et par une récurrence standard, en posantν = p1q
p0p,
∀ℓ∈N qℓ =νℓq0
ℓ!
et comme les qℓ sont de somme 1, nécessairement q0 =e−ν et doncY ֒→ P(ν).
J’obtiens de même µ tel que X ֒→ P(µ). Il en résulte classiquement (par exemple à l’aide des fonctions génératrices) queZ =X+Y ֒→ P(µ+ν).
Z suit une loi de Poisson.