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Dossier d’enquête publique en vue du classement de la plaine de Bouvines.

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Academic year: 2022

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(1)

Dossier d’enquête publique en vue du classement de la plaine de Bouvines.

rapport de présentation

(2)

.

source : http://www.guide-site-touristique.com/

Cysoing

Préambule

Aire d’étude : au sein de l’espace densément urbanisé et fragmenté de la métropole urbaine de Lille

Contexte de l’étude

A mi-chemin entre Lille et Tournai. source: google map

«Un dimanche d’été de 1214», s’est déroulée la bataille de Bouvines dans la plaine de Bouvines : cette vaste plaine agricole reste préservée et cultivée depuis 8 siècles.

Conscients de posséder un patrimoine exceptionnel, les communes et les intercommunales ainsi que les associations et l’office de tourisme en pays de Pévèle ont souhaité depuis 2006, par délibérations, qu’un site classé soit défini par le ministre chargé des sites.

C’est dans ce contexte que s’inscrit la présente étude.

Elle étudie et met en évidence les conditions et enjeux d’un classement du site et propose un périmètre pour le site. Sur la base d’une concertation visant un développement local raisonné, un plan de gestion du site classé sera proposé. C’est une pièce contractuelle, non prévue dans la loi sur les sites et aidant à la gestion du site.

Le document, développé ci-après, constitue en première partie le diagnostic et en seconde partie une propo- sition de périmètre du site à classer.

Il rappelle, d’une part les faits historiques et leurs conséquences dans de nombreux domaines permettant de mesurer l’importance historique de cette bataille.

Il explique le choix de ce site pour la bataille, l’évolution du paysage et son pouvoir évocateur actuel.

Dans une seconde partie, un état des lieux du niveau des protections et des orientations d’aménagement est présenté qui articule le projet de classement de site avec les projets communaux, intercommunaux et départementaux.

À partir de ces éléments partagés, une proposition de site à classer est réalisée.

LCysoing

Gruson

Bouvines

Cysoing

Camphin-en- Pévèle

Bourghelles

Wannehain Péronne-en-

Mélantois

35 Km² 3 500 ha

7 Km Sainghin-en-

Mélantois

Chereng

Baisieux

5 Km

Tournai

= 9 km Lille

= 9 km

périmètre de l’aire d’étude source: Ppige Nord-Pas-de-Calais

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Préambule

L’aire d’étude de la plaine de Bouvines concerne le plateau agricole du Mélantois dans le département du Nord qui est localisé à l’est de l’agglomération Lilloise entre la vallée de la Marque à l’ouest et la frontière belge à l’est.

Il appartient à la fois à l’écopaysage du pays de Lille et à celui du pays de Pévèle dont Cysoing constitue le chef lieu de Canton. (cf Atlas régional- 21 cahiers régionaux des paysages).

Le territoire d’étude comprend les regroupements de communes de:

la communauté urbaine de Lille Métropole BOUVINES, 723 habitants

GRUSON 1 131 habitants BAISIEUX 4 119 habitants

SAINGHIN EN MELANTOIS 2 334 habitants CHERENG 3 020 habitants

ANSTAING 1 195 habitants

PERONNE EN MELANTOIS 871 habitants

la communauté de communes du Pays de Pévèle:

WANNEHAIN 905 habitants BOURGHELLES 1 494 habitants CYSOING 4 374 habitants

CAMPHIN EN PÉVÈLE 1 620 habitants LOUVIL 835 habitants

Soit au total 22 611 habitants

Découpage communal de l’aire d’étude sources: cartes ign 1/25.000

Fretin

Sainghin -en-Mélantois

Templeuve

Ennevelin

Péronne -en-Mélantois

Cysoing

Louvil Lesquin

Lezennes

Villeneuve d’Ascq

Anstaing

Chéreng

Bouvines

Bachy

Cobrieux

Genech

Bourghelles

Wanehain Camphin-en-Pevèle

Gruson

Baisieux Tressin

Situation de l’aire d’étude

source : Atlas des paysages de la Région Nord-Pas-de-Calais - DREAL

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contexte et situation

PARTIE 1. POURQUOI UN SITE CLASSÉ SUR LA PLAINE DE BOUVINES? . . .

1.1 La bataille de Bouvines . . . - le contexte historique . . . - le site . . . . - la bataille . . . . . . . - les conséquences . . . - les bouleversements . . . - la valeur de mémoire . . . - l’église commémorative . . . - le monument commémoratif . . . - dans l’art . . . 1.2 Un lieu stratégique chargé d’histoires . . . .

- une frontière convoitée au fil des siècles . . . . - la chronologie des batailles . . . - l’abbaye de Cysoing : Louis XV réutilise la mythologie autour de Bouvines . . . - la couronne de défense de Lille en 1870 et 1914. . . - l’emprise de la bataille de Bouvines en 1214 . . . 1.3 La rencontre du paysage et de l’histoire n’est pas un hasard.... . . . .

- le socle géologique . . . - le socle topographique . . . . 1.4 Evolution du paysage . . . .

- époque médiévale . . . - époque moderne . . . - époque contemporaine . . . . 1.5 Pouvoir évocateur du paysage . . . - le plateau . . . - les vallées . . . - les vallées et le pont passage victorieux de Bouvines . . . - la toponymie évocatrice . . . 1.6 Le paysage des vallées construites complète la plaine agricole. . . ..

1.7 Le tourisme pédestre et équestre . . . - les randonnées . . . - tourisme évenementiel : la course cycliste de Paris-Roubaix. . . . . .

PARTIE 2. DELIMITATION PROPOSEE DU SITE . . . .. . 2.1 Orientations d’aménagement et d’urbanisme : SDAU, ENS, PLU . . . 2.2 Éléments pour proposer un périmètre de classement . . . ANNEXES . . .

5 6 6 7 8 11 12 13 14 15 16 17 17 18 19 20 21 22 22 23 24 26 27 28 30 30 36 37 38 41

43 43 44 45

46

47 52 57

Sommaire

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PARTIE 1 POURQUOI UN SITE CLASSE SUR LA PLAINE DE BOUVINES?

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1.1. La Bataille de Bouvines : le contexte historique

LA PREMIERE «GUERRE DE CENT ANS»

C’est une guerre de succession qui concerne les territoires immenses apparte- nant à Aliénor d’Aquitaine. La reine fut répudiée par Louis VII roi de France s’est remariée à Henri II Plantagenets qui devient roi d’Angleterre. Leur ils se dispute- ront les territoires et revendiquent leur légitimité à la couronne.

En 1214, le royaume est menacé: Jean sans Terre a réussi à monter une coalition avec Renaud de Dammartin, le comte de Boulogne; le comte Guillaume Ier de Hollande, Ferrand, ils cadet du roi de Portugal et comte de Flandre et surtout Othon IV, empereur romain germanique. La plupart des seigneurs installés entre l’Escaut et le Rhin se joindront à cette coalition. L’année précédente, alors que Philippe Auguste guerroyait déjà contre Ferrand de Flandre, les Anglais avaient anéanti la lotte française dans le port de Damme (31 mai 1213). Les coalisés envisagent un plan d’invasion d’envergure dans lequel les troupes anglaises de Jean sans Terre attaqueront par La Rochelle et Othon et ses alliés par le Nord. En Flandre, Philippe Auguste ne contrôle plus que les villes de Douai et de Cassel.

Philippe Auguste dépêche le prince Louis - le futur Louis VIII de France - garder la Loire à la tête d’une armée de 14 000 hommes. Le prince défait l’armée anglaise à la bataille de la Roche-aux-Moines, près d’Angers, le 2 juillet 1214, grâce, notamment, à la résistance héroïque de la forteresse commandée par le séné- chal d’Anjou Guillaume des Roches.

A la nouvelle de cette victoire, Philippe Auguste décide de prendre l’initiative sur le front nord avec le reste de son armée, avant que les très nombreux renforts lorrains et allemands ne rejoignent les troupes de l’empereur.

LE CONTEXTE ECONOMIQUE ET SOCIAL (Histoire de France, Pierre Goubert)

LA CROISSANCE (1031-1137)

Les invasion barbares étaient terminées depuis près de cent ans. Trois siècles s’étaient écoulés depuis les dernières grandes pestes, éteintes pour trois siècles encore. Les chro- niqueurs plaçaient aux environs de 1030-1035 la dernière famine vraiment catastrophique. Tentant de christianiser la chevalerie en décrétant la «trêve de Dieu» de durée variable ou des zones abritées près des couvents, l’Eglise avait contenu ou fait reculer l’anarchie dévastatrice des féodaux batailleurs.

Les progrès techniques ont fait avancer le rendement des campagnes: le collier d’attelage, la ferrure des chevaux, la rota- tion triennale, les fours banaux et les moulins a vents s’édiient un peu partout. C’est aussi la période des grands défrichements augmentant considérablement les surfaces cultivées.

Cette période de croissance a favorisé l’expansion démographi- que: on estime que la population du royaume a triplée entre l’an 1000 et l’an 1200 portant le nombre de sujets au delà de 10 millions. La France se nourrit mieux, se loge mieux, se vêt mieux, se chauffe mieux (les cheminées intérieures appa- raissent) et les grandes famines lui furent épargnées.

En cette France où la richesse fondamentale était foncière et paysanne, l’élan avait été donné. Il semble qu’il donna le branle à tout le reste, commerce et vie urbaine.

LES PREMIERES «COMMUNES»

La sécurité à peu près retrouvée, on dut rapiécer quelques grands chemins, et la plupart des anciens ponts furent rétablis. Le grand commerce repris avec vigueur vers les nouveaux centres de foires, les commerces établis autours des villes qui se mettent à grossir et font éclater leur corset de pierre en phagocytant leurs faubourgs.

Pour gêner leurs adversaires, les rois encore faibles compren- nent que des alliés s’offrent à eux: ils leur permettent d’obtenir des franchises qui leur confèrent une grande part au gouverne- ment des villes.

Le partage du royaume avant 1214 Le royaume de France Le royaume d’Angleterre L’empire Romain Germanique

CHRONOLOGIE DE L’ERE PHILIPPIENNE

1179 : Louis VII fait sacrer et couronner son ils Philippe II avant sa mort.

1187 : Prise de Jérusalem par Saladin.

1190-1193 : Troisième croisade.

1198-1216 : Pontiicat d’Innocent III.

1194 : Défaite de Philippe contre Richard II à Fréteval.

1202 : Philippe conisque les iefs français du roi d’Angleterre Jean sans Terre.

1203 : Jean fait assassiner son neveu Arthur de Bretagne.

1204 : Prise de Constantinople ; prise de Château-Gaillard et de Rouen.

1206 : Prédication de Saint Dominique en Languedoc.

1208 : Début de la croisade contre les Albigeois.

1212 : Victoire chrétienne à Las Navas de Tolosa ; construction de l’enceinte de Paris.

1213 : Victoire de Simon de Montfort à Muret.

1214 : Victoire de Philippe Auguste à Bouvines contre Othon de Brunswick - Naissance de Louis IX (Saint-Louis)

1215 : Quatrième concile de Latran ; Grande Charte contre Jean sans Terre ; création de l’université de Paris.

1220 : Frédéric II de Hohenstauffen empereur.

1223 : Mort de Philippe Auguste (le 14 juillet) 1226 : avènement de Louis IX (Saint-Louis)

(7)

1.1. La Bataille de Bouvines : le site

LES PROTAGONISTES : Philippe II (Auguste) OTTON IV

Avant la bataille (schémas 1 et 2)

Othon et son armée arrivent le 12 juillet à Nivelle et se dirigent vers Valenciennes.

Le 23 juillet, l’armée de Philippe Auguste quitte Péronne pour Douai et arrive à Tournai le 26 juillet.

Le roi entend couper ses ennemis des renforts en provenance d’Allemagne et tente de surprendre Othon par le nord-est. L’empe- reur a vent de la manœuvre de Philippe Auguste et se déplace à Mortagne à quelques lieues de l’armée royale (schéma 1).

Philippe Auguste est conscient de son infériorité numérique et dé- cide de se replier sur Lille (schéma 2). Nous sommes le dimanche 27 juillet, l’armée française doit traverser la Marque et emprunter le pont de Bouvines; bien que l’Église l’interdise, Othon, déjà excom- munié, décide de lancer l’agression sur l’arrière-garde française.

Philippe Auguste est dans l’obligation d’engager la bataille.

Les forces en présence

Aujourd’hui encore, l’évaluation des forces en présence suscite des controverses. L’historiographie française classique fait sou- vent référence à des troupes coalisées trois fois plus nombreuses que celles du roi de France. Philippe Contamine n’est pas de cet avis: « En face, ses adversaires n’avaient pas une supériorité nu- mérique évidente ».

Philippe Auguste lance alors un appel aux communes du nord de la France, ain d’obtenir leur concours. Dix-sept des trente-neuf communes de l’État capétien répondent à l’appel :

Arras envoie 1 000 miliciens,

la région d’Abbeville 2 000 hommes...

Paris envoie un corps 2 000 hommes, dont 1750 restent sur le champs de bataille

Au total, l’armée royale atteindrait 7 000 combattants.

L’armée royale est divisée en trois batailles:

La bataille centrale est menée par Philippe Auguste et ses prin- cipaux chevaliers - Guillaume des Barres, Barthélemy de Roye, Girard Scophe dit Girard la Truie, Guillaume de Garlande, En- guerrand III de Coucy et Gautier de Nemours.

L’aile droite, composée de chevaliers champenois et bourgui-

gnons, est commandée par le duc Eudes de Bourgogne et ses lieutenants: Gauthier III de Châtillon comte de Saint-Pol, le comte Guillaume Ier de Sancerre, le comte de Beaumont et Mathieu de Montmorency et le vicomte Adam II de Melun.

L’aile gauche, composée de chevaliers et de la piétaille est emme- née par Robert de Dreux et le comte Guillaume de Ponthieu.

Othon a également divisé son armée en trois groupes:

Le lanc gauche, sous les ordres du comte de Flandre et du Hai- naut Ferrand avec ses chevaliers lamands - dirigés par Arnaud d’Audenarde.

Le centre sous le commandement de Othon et celui de Thiébaud, duc de Lorraine, et Henri, duc de Brabant et du comte Philippe II de Courtenay-Namur : on y trouve des soldats saxons, des cheva- liers et des fantassins brabançons et allemands.

Le lanc droit, sous les ordres de Renaud de Dammartin, comprend également de l’infanterie brabançonne et des chevaliers anglais - sous les ordres du comte de Salisbury, Guillaume de Longuépée.

Schéma 1: Illustrations, Alain STRECK © Schéma 2 Carte des états de la Flandre et du Hainaut vers 1200

BOUVINES

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1.1. La Bataille de Bouvines : la bataille (Racontée par Alain Streck : «J’étais à Bouvines»)

A

près avoir parcouru double distance (env. 25 kms, contre 13 pour l’armée capétienne), la coalition rattrape Philippe Auguste vers midi. Cette dernière avançait donc lentement, alors que l’Anonyme de Béthune parlait d’un départ dans la précipitation. Là encore, l’assertion d’un piège se conirme.

Les chroniqueurs le disent d’ailleurs qu’Otton exprima vive- ment sa surprise de se trouver face à l’armée capétienne, alors qu’il la croyait en fuite.

Quittant la voie romaine, pour remonter d’abord au nord (sep- tentrion), l’empereur se positionne ensuite face au soleil, ainsi qu’en témoigne la Chronique de Saint-Denis : «ils s’arrêtèrent par devers septentrion en telle manière qu’ils eurent la lueur du soleil droitement aux yeux», «Le roi ordonna ses batailles ... par devers le midi, front à front, en telle manière que les Français avaient le soleil aux épaules. (voir «Dimanche de Bouvines» de G.Duby). Rappelons que le soleil se lève à l’est et se couche à l’ouest.

Les deux armées occupent le terrain selon le plan ci-contre.

Du côté droit du roi et du côté de Ferrand, il n’y a pas de fan- tassins. Ce front-là est celui de chevalerie : l’objectif est de repousser l’autre vers les marais.

On notera que les deux évêques présents ne prennent pas part aux combats : le frère Guérin commande le lanc droit capétien et Philippe de Dreux, évêque de Beauvais, se voit conier la garde du pont avec les quatre cents sergents mas- siers, composant la garde personnelle de Philippe Auguste.

Les milices communales, qui stationnent au campement situé au hameau de l’Hôtellerie, repassent le pont à grandes enjambées, pour rejoindre le reste de l’armée. Nous sommes en début d’après-midi (soleil aux épaules).

B

ien que l’armée coalisée soit trois fois supérieure en nombre, comme le dit Guillaume le Breton, les plus nombreux tardent à prendre l’initiative du combat.

Guérin, las d’attendre, ordonne alors à cent cinquante ser- gents soissonnais de charger les chevaliers lamands.

Ces derniers ne bougent pas, se refusant à croiser la lance avec des roturiers, fussent-ils bourgeois. Ils se contentent de les attendre, lances baissées.

C

e sacriice des soissonnais n’est, toutefois, pas vain : l’em- pereur donne aussitôt l’ordre d’attaque et leur stratégie appa- raît d’emblée aux yeux des Français.

Les fantassins précédant l’empereur forment un coin dont la pointe désigne la Maison royale, tandis que les contingents des comtes Ferrand et Renaud de Dammartin, délaissent les adversaires qui leur font face, pour converger vers le roi.

L’objectif est clair : on veut tuer le Capétien au plus vite, pour disperser l’armée capétienne.

D

e ce premier instant de surprise passé, les capétiens lan- cent leur contre-offensive. Robert de Dreux intercepte la charge de Renaud, tandis que les chevaliers champenois et ceux de Montmorency se lancent au devant des lamands de Ferrand. Eustache de Maline crie «Mort aux Français!», ce qui lui vaudra d’être tué par le châtelain de Cassel, Michel de Harnes. Un autre chevalier, Jean Buridan de Furnes s’épou- mone : «Que chacun pense à sa belle!»

En face, d’autres cris fusent de toutes parts : «Mont joie Saint- André!» (Bourgogne) «Dieu aide!» (Montmorency) «A moi, Melun!» ....

Sur les ailes, les picards du comte de Ponthieu chargent les Anglais de Salisbury, pendant que Bourgogne, Saint-Pol, Melun et Beaumont croisent le fer avec les hennuyers (Hai- naut) et les frisons (Pays Bas).

Au centre, les milices communales continuent d’arriver, se fau- ilant entre les chevaux pour gagner les premiers rangs, alors qu’en face, le coin saxon s’apprête à percer leurs lignes.

Le choc est brutal, sans merci.

E

n observant le front qui lui fait face, Gautier de Châtillon, comte de Saint-Pol (sur Ternoise) trempe le cuilleron d’une louche dans un muids d’eau. Soudain, il constate que l’atta- que convergente des coalisés a créé une brèche dans le front lamand. Il en réfère aussitôt au frère Guérin, lequel lui donne l’ordre de tenter une percée, ain de prendre les lamands à revers.

Saint-Pol s’entoure des siens, disposés en herse, et, lance en dehors, tous foncent vers l’ouverture, avec le seul souci de traverser les lignes adverses, sans chercher le combat.

B

ousculés par cette pointe capétienne, qui pénètre subite- ment leurs rangs, les Flamands ne parviennent guère à en réfréner l’assaut : chevaliers, écuyers, et sergents sont proje- tés à terre par dizaines.

L’effet de surprise joue pleinement et Saint-Pol atteint son objectif. Il fait alors demi-tour et frappe, sans vergogne, les chevaliers lamands, dans l’incapacité de se retourner, tant la presse est grande.

(9)

1.1. La Bataille de Bouvines : la bataille (Racontée par Alain Streck : «J’étais à Bouvines»)

L

e succès de la manœuvre de Saint-Pol est tel que le frère Guérin ordonne au duc de Bourgogne et aux autres comman- dants d’adopter semblable stratégie.

Peu de temps après, les hommes de fer du Capétien labou- rent inexorablement les échelles lamandes, semant la mort sur leur passage.

Ils font tant et si bien qu’après trois heures de combat, les frères Hugues et Jean de Mareuil et Gilles d’Athies inissent par se saisir du comte de Flandre. Blessé, épuisé, le surcot en lambeaux, le jeune Portugais est ramené vers l’arrière, cou- vert de chaînes.

Mais si, sur le lanc droit du roi, le combat tourne à l’avan- tage des capétiens, sur le lanc gauche, le comte Guillaume de Ponthieu, qui s’est imprudemment avancé, léchit devant Guillaume de Salisbury, demi-frère de Jean sans Terre sur- nommé «Longue-Epée».

A

yant pris l’ascendant sur les picards, Guillaume de Salisbury va pouvoir se porter sur le lanc gauche de Robert de Dreux et mettre ainsi en danger la Maison royale, laquelle subit déjà fortement la presse des fantassins et chevaliers saxons.

Alors l’évêque de Beauvais, Philippe de Dreux, décide de désobéir aux ordres du roi, en abandonnant la garde du pont.

A la tête des quatre cents sergents massiers, il fonce en direc- tion des Anglais pour secourir son frère.

N

ous arrivons là au tournant de la bataille.

A droite, après la prise de Ferrand, Flamands et Hennuyers se dispersent, permettant ainsi aux chevaliers français de se porter sur le lanc du contingent impérial.

A gauche, avec l’aide de Philippe de Dreux, Ponthieu et Saint- Valery inissent par reprendre l’avantage sur les Anglais.

Au centre, cependant, la situation se dégrade d’instant en instant : le coin saxon traverse les rangs des milices com- munales, telle l’étrave d’un bateau déchirant la mer. L’un des mercenaires, plus sournois que les autres, parvient même à se glisser derrière le roi, et à l’alpaguer à la hauteur du cou, avec son godendart (pique munie d’une pointe et d’un cro- chet). Aussitôt, quatre autres ribauds viennent lui prêter main forte et le pire survient : happés par les uns, bousculés par les autres, le roi et son destrier s’écrasent lourdement sur le sol rougi de sang.

Galon de Montigny agite désespérément l’orilamme Saint- Denis, pour appeler la Maison royale au secours. De l’autre main, il frappe sans relâche les assaillants, tandis qu’il vient placer son destrier en rempart devant le roi. Au même instant, le chevalier Pierre Tristan met pied à terre et interdit aux fan- tassins de s’approcher ... ce qu’il paiera de sa vie. Et partout, on crie : «Secorance au roi! Secorance au roi!»

L

es appels de la désespérance sont enin entendus : Guillaume des Barres et ceux de la Maison royale rompent le combat avec les chevaliers saxons, font demi-tour et se portent au secours de Philippe Auguste. D’emblée, la furie française frappe les dos qui s’offrent à elle et jonche le sol de cadavres saxons. In extremis, on parvient ainsi à sauver le roi, qui aussitôt se remet en selle et fonce sur l’empereur, avec une haine féroce.

Pendant ce temps, à gauche, Philippe de Dreux est parvenu à la hauteur de Salisbury. Prompt comme l’éclair, il évite un coup d’épée et lorsque l’Anglais, entraîné par le poids de son arme, tente de se relever, l’évêque lui administre un magistral coup de plommée sur le crâne. Salisbury mord la poussière et, avec sa chute, l’espoir d’une victoire sur le lanc gauche s’efface. Mercenaires et soldats fuient par centaines.

Ce revirement de situation face aux Anglais met en difi- culté Renaud de Dammartin, qui subit toujours les assauts de Robert de Dreux et de Pierre de Courtenay. Déterminé à combattre jusqu’à la in, il s’entoure alors d’un triple rang de fantassins, formant une forteresse de chair et de piques. De temps à autre, l’enceinte s’ouvre et Renaud et les siens char- gent leurs adversaires. Puis, lorsque la fatigue se fait sentir, ils reviennent prendre leur soufle au centre du cerne.

A

lors qu’Anglais, Flamands, Hennuyers, Frisons et Braban- çons fuient le champ de bataille, l’empereur subit, à son tour, la foudre capétienne. Girard la Truie, parvenu jusqu’à lui, lui assène un coup de dague à la hauteur du cœur. La lame rebondit sur la maille ; alors Girard frappe derechef. Cette fois, elle vient se loger dans l’œil du destrier impérial qui, en se cabrant, vient de croiser sa trajectoire.

L’animal blessé s’effondre et Otton n’a que le temps de sauter sur un autre destrier, que vient de lui laisser l’un des siens.

Mais, sitôt en selle, celui qui se place au-dessus des rois pré- fère se laisser porter par les ailes de la peur, plutôt que par celles de la victoire ; il s’enfuit sans demander son reste.

Dans son sillage, Guillaume des Barres parvient un instant à le rattraper mais, alors qu’il s’apprête à le frapper de l’épée, son destrier est abattu par un chevalier saxon. Ployant sous le nombre, le Barrois ne devra la vie qu’à l’intervention de Thomas de Saint-Valery, venu du lanc gauche avec cinquante chevaliers de son ief.

O

tton en fuite, Salisbury et Ferrand pris, il ne reste désormais que le comte de Boulogne, Renaud de Dammartin, pour tenir tête au Capétien.

Mais, ployant sous le nombre, son triple cerne de fantassins est rapidement balayé, tel fétu sous le vent.

Alors, dans une charge désespérée, une vanité folle, Renaud se lance au grand galop en direction du roi. Le sergent Pierre de la Tournelle, combattant désormais à pied, a compris le but de cette opération suicide. Lorsque Renaud arrive à sa hauteur, il porte un violent coup de dague au lanc de son destrier. L’animal s’effondre et Renaud reste coincé sous ce dernier agonisant.

Plusieurs chevaliers se disputent si belle proie et personne ne prend garde au serviteur de Guérin, Cornut, qui tente de trancher la gorge du comte. Heureusement pour ce dernier, Guérin arrêtera son geste et Renaud sera présenté à son ami d’enfance, le roi Philippe.

Le soir tombe et les trompes d’airain rappellent les soldats éparpillés. Ainsi fut faite la bataille de Bouvines.

(10)

1.1. La Bataille de Bouvines : la bataille

PLAN LEBON 1835 - Mémoire sur la bataille de Bouvines en 1214

A - Départ de l’Armée Impériale le 27 Juillet 1214

B - Dédoublement des colonnes Impériales pour marcher sur un front étendu.

C - Cense de la Longue Saule où le chevalier Garin reconnut la marche des armées Impériales

D - Bosquet de Taintignies, intervalle au millieu duquel mar- chait l’armée Impériale sur plusieurs colonnes de front.

E - Point de conversion de l’armée Impériale pour entrer sur le chemin de Tournai à Cysoing

F - Déploiement de l’armée impériale pour se former en ordre de bataille, en avant du village de Camphin, front à Bouvines G - Armée Impériale en ordre de bataille

H - Phalange triangulaire des Allemands avec au centre Otton IV

I - Aile droite de l’armée impériale commandée par le comte de Boulogne

J - Aile Gauche de l’armée impériale commandée par le comte de Flandres.

K - Point de départ de l’armée française le 27 juillet 1214 pour se rendre à Lille

L - Mouvement rétrograde de l’infanterie des communes pour arriver sur le plateau de Cysoing.

M - évolution de l’armée française pour se former en bataille par un mouvement central, parallèle et front à l’armée impé- riale.

N - Armée française formée en ordre de bataille.

O - Centre de l’armée française commandées par le Roi en personne.

P - aile droite de l’armée française commandée par le duc de Bourgogne

Q - emplacement d’un petit bois où eut lieu le premier enga- gement entre l’avant-garde des Alliés et un détachement de l’armée française.

R - Réserves respectives des deux armées.

S - Mont des Tombes

T - Ruisseau qui prend sa source à Rume et se jette dans l’Escaut

U - Petit ruisseau se jettant dans la Marque V - L’Elnon, ruisseau se jettant dans la Scarpe X - Chemin de Bouvines à Lille

Z - Antique chaussée de Tournai à Seclin 14

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1.1. La Bataille de Bouvines : les conséquences

LE BILAN APRES LA BATAILLE

Selon Jean Favier, Bouvines est « l’une des batailles décisives et sym- boliques de l’histoire de France » Pour Philippe Contamine, « la bataille de Bouvines eut à la fois d’importantes conséquences et un grand re- tentissement ». Les chroniques de cette bataille courent d’abbaye en abbaye.

LES VAINCUS

Othon de Brunswick s’enfuit et perd sa couronne ; le Saint Empire ro- main germanique éclate en morceaux.

Ferrand de Flandre passe quinze ans en prison au Louvre.

Jean d’Angleterre cesse les hostilités contre la France, il regagne l’An- gleterre dépossédé de la Normandie, du Maine, de l’Anjou de la Touraine et de la Bretagne (depuis 1206). Il devient Jean «Sans Terre» et plus aucun roi d’Angleterre ne porteront le prénom de Jean.

Pour sauver sa couronne, Jean sans Terre est contraint d’accorder à ses barons la Grande Charte (1215).

LES VAINQUEURS

Du côté français, la dynastie capétienne sort renforcée tandis que les récentes acquisitions de Philippe Auguste sur Jean sans Terre sont con- solidées.

Contrairement à Jean sans Terre, Philippe Auguste est désormais l’arbi- tre incontesté au-dessus de ses barons. Le retour de Philippe Auguste à Paris est triomphal ; ces festivités (qui durèrent six jours) seront exploi- tées par la monarchie pour en faire, non sans abus, l’une des premières manifestations de l’unité nationale : Philippe Auguste écrit à l’Université de Paris : « Louez Dieu !, car nous venons d’échapper au plus grave danger qui nous ait pu menacer... ».

Au lendemain de cette bataille, Philippe Auguste fonde l’abbaye de la Victoire qui sera intégrée au domaine de l’évêque de Senlis (Guérin) en 1486.

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1.1. La Bataille de Bouvines : les bouleversements

EMERGENCE DU 4ème ORDRE : LA BOUR- GEOISIE

La participation active des milices communa- les des villes du Nord (plus de 7000 hommes) montre leur implication et leur volonté d’afir- mation de leur pouvoir. Leur émulation est grandissante et elle est conirmée par les di- verses chartes royales dont elles sont dotées au moment où elles cherchent à s’affranchir du pouvoir seigneurial. C’est la grande pé- riode des beffrois, et des halles échevinales (Amiens, Saint-Quentin, Laon, Lille, Douai, Arras,...)

Les prémices de l’institution des Etats Généraux :

Le roi féodal convoquait traditionnellement ses barons (vassaux laïcs) et prélats (vassaux ecclésiastiques). A partir de Philippe-Auguste (in XII ème ), un petit groupe de bourgeois commence à être appelé pour donner conseil au roi.

UNE PERIODE FONDATRICE

Après deux cents ans de maturation lente, la dy- nastie capétienne, par ces victoires, fait la preuve de sa cohésion et de sa force.

L’art gothique né 50 ans avant Bouvines à Saint- Denis, Sens et Angers, va enin pouvoir rayonner.

La France va s’afirmer dans le siècle qui s’ouvre comme le principal état européen, à la pointe du développement intellectuel (création des premiè- res Universités) et artistique (art gothique).

Philippe Auguste avait compris la nécessité d’une capitale : Paris. Elle s’imposait pour gou- verner ce pays très divers; elle permettait d’y dé- ployer une activité qui inirait par atirer les plus irréductibles ; elle donnait une idée du pouvoir royal aux ennemis extérieurs ou intérieurs qui ne l’admettaient pas toujours. Très rapidement Paris devint la ville la plus peuplée d’Europe enceinte de deux fortiications englobant les rives droite et gauche.

LES REFORMES DU POUVOIR ROYAL

Avant Philippe Auguste, les Capétiens étaient élus par les Grands du royaume et demandaient la permission d’installer leur ils sur le trône. Ce principe se perpétue jusqu’à Philippe Auguste (1080) puis le roi estime qu’il n’est plus néces- saire d’associer son ils, qui lui succède effective- ment sans problème. Le principe d’hérédité et de la primogéniture devient la première loi fondamentale du royaume.

Suite à la bataille de Bouvines, le roi de France Philippe II traditionnellement subordonné à l’Em- pereur régnant sur le monde «Imperium Mundi», s’attribue le surnom de Philippe-Auguste pour montrer que le roi peut se prévaloir de la tradi- tion impériale. Durant cette période (début XIII ème

), l’adage “le roi est empereur en son royaume”

apparaît.

EVOLUTION DE L’ARCHITECTURE ET DES TECHNIQUES MILITAIRES

Du chaos dans lequel seront plongés les coa- lisés, la France va asseoir sont autorité. Tous les châteaux forts nouvellement conquis se- ront équipés des fameux donjons circulaires dit «tours Philippe Auguste» de même les nouveaux châteaux dit «Philippiens» vont contribués au renouveau de la défense ac- tive.

Lors de la bataille de Bouvines (1214), Philippe-Auguste fait appel à des soldats de métier. A cet époque l’armée féodale est encore composée de chevaliers de la noblesse française, ils sont lourdement équipés et sont accompagnés de leur gens d’armes. Cet usage va s’arrêter totalement au XIV ème avec l’évolution des techniques militaires, et en particulier l’infanterie des archers contre laquelle les chevaliers sont impuissants.

Principe constructif de la cathédrale Notre-Dame de Paris

Le sacre de Louis VIII - source BNF BOURGES

LAON PERONNE

ORLEANS VILLENEUVE/Y

SENS VERNEUIL LILLEBONNE

LOUVIL MONTARGIS

FALAISE ROUEN LOUDUN

GISORS DOURDAN

CHINON VERNON MONTLERY

CORBEIL

Source : Cour de Chaillot, N. FAUCHERE Castellologue Hôtel de Ville de Saint-Quentin

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1.1. La Bataille de Bouvines : la valeur de mémoire

Source : manuel d’histoire, Guiot et Mane L’AVENEMENT D’UNE NATION

Le conlit déclaré entre Plantagenêt et Capétien prit au fur et à mesure de son dé- nouement un aspect de plus en plus terrible. Il ne s’agissait plus de la lutte de deux êtres avides de pouvoir, de conquêtes et de territoires. Une conception nouvelle se faisait jour : la Nation.

Derrière eux s’abritaient des êtres humains; les nations s’afirmaient. Le conlit fut résolut enin au bénéice de Philippe Auguste, il trouva une solution paciique et amicale lors de la signature du traité de Paris, en 1258, et de l’hommage rendu à Saint-Louis par Henri III pour ses terres françaises. Entre temps, les pays s’étaient afirmés.

Dans son mouvement mécanique, la guerre avait nécessité un équipement hu- main et architectural qui rappelait les temps lointains de l’époque romaine, connue grâce aux écrits. Depuis les sièges de Boves et Château Gaillard, où les machines de guerre et les mouvements de terrains étaient devenus essentiels, l’évolution militaire aboutit à la batailles de Bouvines en 1214. Provoquant, au delà de la vic- toire, un véritable choc psychologique, le conlit avait mis en jeu des armées de l’ensemble de l’Europe. Il fut conduit avec une ordonnance remarquable qui relevait pour la première foi de la stratégie : les guerres médiévales, égoïstes et souvent de peu de conséquences, peuvent sembler dérisoires.

Philippe Auguste en sortit victorieux sur le plan militaire, et plus encore dans le domaine psychologique.

Cette victoire qui afirmait l’existence d’une nation, assurait l’avenir de la monarchie par un accord privilégié avec l’ensemble de la population. La lé- gende ampliia aussitôt ce succès.

Le roi de France en sortit grandi aux yeux de tous. Auguste, il n’était plus un baron parmi d’autres, cherchant à assurer son pouvoir. Admise comme différente, sa na- ture était d’ordre juridique par référence à la conception romaine, et d’ordre divin par référence au lien privilégié qui s’était établi avec la religion depuis l’époque de

Clovis.

Les grands barons, certes, ne comprenaient pas toujours que le monde avait changé : ils avaient quelques dificultés à s’incliner, se révoltaient et montaient des ligues. Mais le mouvement était irréversible. Le pays entrait dans la modernité avec un roi qui dominait et réglait des conlits féodaux d’un autre âge. Il faisait loi, il imposait la paix. Les barons inirent par entrer dans le rang, et se plurent à résider près du roi à Paris où se formait sa Cour dans le charme de la Paix et

le goût de l’architecture.

Source : manuel d’histoire - Gravure Le Hugueur LE SENTIMENT NATIONAL

Certains placent cette naissance au XIIIème siècle, plus précisément lors de la grande bataille de Bouvines : le Roi de France Philippe II Auguste doit alors faire face à une immense coalition comprenant l’Angleterre, le Comté de Flan- dre et le Saint-Empire Romain germanique. La bataille est âpre, dificile, mais le roi de France sort vainqueur. Des Historiens pensent que c’est lors de cette bataille ( et ensuite) que naît le sentiment d’être français avant tout, avant d’être bourguignon, orléanais, auvergnat, etc....La victoire est fêtée partout dans le royaume, par tout le monde et correspondrait donc à la première manifestation d’une identité nationale : ce n’est pas le seigneur d’Auvergne, de Champagne ou de Bourgogne qui a vaincu, ni même le seigneur de l’Ile de France reconnu comme roi, mais le roi en tant que représentant de tous les fran- çais, pour le royaume de France et ses habitants. Le fait d’avoir eu à affronter une coalition aussi importante pour l’époque n’est sans doute pas étranger à ce fait, la population s’étant vraisemblablement également identiiée par oppo- sition a ces nombreux princes étrangers et s’étant par conséquent unie der- rière le prince représentant le royaume, qui plus est un prince victorieux...

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1.1. La Bataille de Bouvines : l’église commémorative

L’église Saint-Pierre a été construite en 1880 à la gloire de Philippe-Auguste, sur la colline dominant le fameux pont de la Marque. Due à l’architecte A. Normand, elle pasti- che le style du XIII° siècle. La bataille de Bouvines y est relatée par une suite de vitraux signés des maîtres verriers Champigneules d’après des cartons de Fritel (1899-1909).

L’ensemble est représentatif de l’esprit “revanchard”, qui, après la défaite de 1870, la perte de l’Alsace-Lorraine, et avant la guerre 1914-1918, a gloriié Philippe-Auguste et la bataille de Bouvines, acte de naissance du Royaume de France.

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1.1. La Bataille de Bouvines : le monument commémoratif

Cérémonie commémorative du septième centenaire de la Bataille de Bouvines, M. DEHAN Maire, le général d’ESPERAY, Monsieur LAMY, Pose de la première pière du Monument - Sources BNF

Maquette du monument prévu pour 1914 - Source BNF (avant la première Guerre Mondiale)

«Monument commémiratif de la Victoire de Bouvines remporté par Philippe-Auguste sur

les Allemands le 27 Juillet 1214 Monument réalisé complété de la commémoration des deux Guerres Mondiales

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1.1. La Bataille de Bouvines : Dans l’art

Le Conseil d’Etat siégea au Louvre de 1827 à 1832. Les quatre salles qu’il occupa, furent alors décorées de plafonds évoquant les sou- verains législateurs ainsi que d’allégories en relation avec la justice et le gouvernement.

Merry-Joseph BLONDEL Paris, 1781 - Paris, 1853

La France victorieuse à Bouvines (1214) Signé daté : Blondel 1828

Plafond de l’ancienne première salle du Con- seil d’Etat, commandé en 1828.

LA FRANCE VICTORIEUSE A BOUVINES - 1828, Le Louvre, Première salle du Conseil d’Etat

BATAILLE DE BOUVINES (27 juillet 1214) - 1827, Château de Versailles, Galerie des Batailles

La Galerie des Batailles occupe le 1er étage de l’aile du Midi du musée du château de Ver- sailles

Louis-Philippe commandera 35 tableaux retraçant les plus grandes batailles. 80 bustes représentant des princes de la Maison de France, amiraux et maréchaux complètent le décor.

Horace VERNET, 1789-1863

Batailles de Bouvines (27 juillet 1214) Hauteur : 5,10 m ; largeur : 9,58 m

Cette scène montre Le roi de France Philippe II Auguste (1165-1223) prêtant serment sur la Couronne, lors de la bataille de Bouvines.

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1.2. Un lieu stratégique chargé d’histoire : Une frontière convoitée au il des siècles

Carte des villes fortifiées du pré-carré - CAUE du Nord Source : Le Nord, frontière militaire, J. DEPRET

Le relief et la ceinture des fortifications de Lille

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Bataille de Fontenoy

1745 Louis XV séjourne à l’abbaye de Cysoing

1.2. Un lieu stratégique chargé d’histoire : Chronologie des batailles

1930 Abris anti-intrusion

XIV-XVIIIeme Période Moderne

PREMIERE GUERRE MONDIALE

XIX° siècle Période Industrielle

1960-...

Ere Télémécanique X-XIIIeme

Moyen-Age

1214

Fortiications Type Séré de Rivières autour de Lille

1870 Napoléon III

Veme siècle Ere Gallo-Romaine

Mont des Tombes Chaussées Brunehaut

ABBAYE DE CYSOING Fin IXème siècle

1304 Bataille de Mons en Pévèle

PHILIPPE LE BEL 1792 Guerres de la révolution

Siège de Lille / Batterie du Camp Français

BA T AILLE DE BOUVINES

1914

Relevé du Mont des Tombes - INRAP

Limites des citées gauloises - INRAP

Voie Romaine

Abbaye de Cysoing - INRAP

1304 - Bataille de Mons-en-Pévèle - Versailles

1792 - Siège de Lille - Watteau Musée de Lille 1712 - Pyramide de Fontenoy, Cysoing

1930 - Abbris anti-intrusion

1914-1918 - Carte du front

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1.2. Un lieu stratégique chargé d’histoires : L’abbaye de Cysoing Camp de Louis XV pour la bataille de Fontenoy (1744), réminiscence de la bataille de Bouvines

L’histoire de Cysoing est étroitement liée à celle de son abbaye Sainte- Calixte.

C’est grâce à elle qu’au il des siècles la commune a prospéré et acquis une solide notoriété dans la France entière. L’abbaye a été fondée à la in du IXe siècle par Saint Evrard de Frioul, sur les terres que sa femme, Gisèle, avait apporté en dot. Il faut dire que la jeune femme est la petite-ille de Charlemagne et la sœur de Charles le Chauve. Elle apporte par mariage 8 000 hectares de terrain.

L’abbaye est gestionnaire de la région du Pévèle. Elle administre le quartier de Cysoing de la châtellenie de Lille.

La Reine Ingeburge de Dannemark mariée à Philippe Auguste en 1193 fut envoyée dès le début de son règne à l’abbaye de Saint-Maur puis

au Prieuré Beaurepaire de Somain, dépendant de l’abbaye de Cysoing pendant 7 années.

Louis XV, en 1744, séjourne quelques jours à l’abbaye. Il en garde un si bon souvenir qu’il revient l’année suivante. Il remporte, lors de «la guerre en dentelles» la bataille de Fontenoy.

En 1751, l’abbé-régisseur de Cysoing fait ériger une pyramide en pierre bleue en souvenir du passage et de la victoire du roi. Cette pyramide, qui d’ailleurs n’en a que le nom puisqu’il s’agit en fait d’un obélisque, mesure près de 17 mètres de hauteur. Construite au cœur du parc de l’abbaye, on peut encore la voir aujourd’hui.

Pendant la Révolution française, l’abbaye est saccagée: elle est pillée, les livres, meubles et tableaux et en 1793, elle est même incendiée.

LA CHATELLENIE DE LILLE et ses quatre quartiers administratifs correspondant a des entités géogra- phiques

Le Pévèle administré par l’abbaye de Cysoing Le Carembaut administré par Phalempin Les Weppes administré par Wavrin

Extrait de l’album du comte de CROY - 1596

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1.2. Un lieu stratégique chargé d’histoires : La couronne de défense de Lille en 1872 et 1914

Source : Le Nord, frontière militaire, J. DEPRET

abris anti-intrusion 1930

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1.2. Un lieu stratégique chargé d’histoires : Emprise de la bataille de 1214

LEGENDE

Occupation de l’espace par les armées Armées Impériales

Armées françaises Patrimoine lié à la bataille

Tracés de la Marque et emprise végétale PRESENTATION

La superposition du plan Lebon et de la carte IGN nous donne une occupation indicative des armées sur le champ de bataille.

Les forces en présence seraient approximativement de 9 000 personnes par armée.

DISPOSITION des ARMEES

1 - Phalange triangulaire des Allemands avec au centre Otton IV.

2 - Aile droite de l’armée impériale commandée par le comte de Boulogne.

3 - Aile Gauche de l’armée impériale commandée par le comte de Flandres.

4 - Centre de l’armée française commandées par le Roi en personne.

5 - Aile gauche de l’armée française commandée par Robert de Dreux.

6 - Aile droite de l’armée française commandée par le duc de Bourgogne.

7 - Arrière garde française commandée par le chancelier Guérain.

LE PATRIMOINE SUBSISTANT LIE à la BATAILLE La chaussée Brunehaut.

La chapelle aux arbres.

L’église de Bouvines.

Le calvaire de Dève.

L’Abbaye de Cysoing.

La fontaine Saint-Pierre.

Le monument aux morts de Bouvines.

La voie romaine Lille-Bavay.

1. Les armées se poursuivent

2. Philippe Augus- te décide d’atta- quer

3. Replis stratégique vers Lille et Arras

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Plaine de Bouvines-Cysoing PLAINE DE

BOUVINES- CYSOING

pont de craie du Mélantois la Scarpe

pont à Bouvines

Pour résumer:

C’est la spécificité géologique du plateau du Mélantois, véritable pont de craie au milieu de terrains marneux et sablonneux, qui offre ainsi un accès vers la Belgique et explique en partie la localisation de la bataille sur ce site.

Plaine de Bouvines-Cysoing

Une chaussée naturelle qui s’élève parmi des marécages et des terrains humides

Les roches de la région forment une trilogie (argiles, sables et craie). Le Mélantois est un pont en craie vers l’est, terrain sec bordé par des terres humides au nord et au sud.

La Marque coupe perpendiculairement le dôme du Mélantois, introduisant une trouée d’eau. Elle divise le Mélantois en deux. La rivière passe en un endroit où les couches se relèvent vigoureusement et à la craie blanche de l’ouest succède la craie marneuse, plus imperméable. La plaine de bouvines-Cysoing correspond à cette entité géologique du Mélantois qui comprend une des terres les plus riches de la région avec la craie qui est surmontée de plusieurs mètres de limons.

«Cette plaine offrait un merveilleux champ de bataille où pouvaient évoluer les lourds cavaliers français et ennemis - bataille impossible dans les marais situés au nord et les forêts du Pévèle au sud.»

Les voies romaines de Bouvines par Pierre Leman

«Ce n’est pas par hasard que la bataille s’est engagée ici.

(...) A une époque où les bonnes routes étaient rares, ce socle de roche solide et sèche, s’of- frait à la circulation parmi des terres qu’un peu de pluie suffisait à rendre impraticables.

L’absence de bois, toujours propices aux embuscades, contribuait à augmenter la sécu- rité de cette chaussée naturelle unissant, par-delà les terres spongieuses du Pays-Bas flamand, le Haut- Pays d’Artois aux collines du Tournaisis et aux plateaux du Brabant.»

extrait de promenade en Pévèle en Mélantois Robert Hennard

La Marque et les «Pays» source : DELSALLE (P.) - Histoire de la vallée de la Marque

Coupe sud-nord des Pays de la Marque source : DELSALLE (P.) - Histoire de la vallée de la Marque Le Mélantois, pont de craie entre 2 vallées humides: les Romains sui-

vaient ce pont, ils traversaient la Marque à Bouvines source : DELSALLE (P.) - Histoire de la vallée de la Marque

Coupe géologique à Bouvines

source : DELSALLE (P.) - Histoire de la vallée de la Marque

1.3 La rencontre du paysage et de l’histoire : le socle géologique du théâtre de la bataille

(23)

Les terrains crayeux donnent un plateau dont l’al- titude maxima est 75m : «d’est en ouest de Tournai à Haubourdin, nous avons une sorte de chaussée naturelle qui s’élève parmi des marécages et des terrains humides

C’est une voie d’invasion donnée par la nature»

.

C’est cet axe qui a été emprunté par les troupes (voir carte ci-contre) lors de la bataille de Bouvines suivant ainsi les points les plus hauts et évitant les zones marécageuses situées autour du plateau (plaines humides du sud et du nord et la vallée de la Marque à l’ouest).

La vallée de la Marque se situe à la cote altimétri- que de 25 m NGF. Elle est prolongée par ses vallées adjacentes (la petite Marque au nord, le Riez de Bourghelles et le ruisseau du Moulin au sud).

Les villages de Bouvines, Cysoing, Gruson, Sainghin en Mélantois, Louvil, Anstaing sont implantés dans la vallée de la Marque aux cotes altimétriques situées entre 30 et 40m NGF. Les communes de Bourghelles, Camphin en Pévèle, Wannehain se sont développées plus à l’abri des zones humides en rebord de plateau ou sur digue (Bourghelles) autour de 45m NGF.

Au-delà, le plateau situé à 50-55 mNGF n’accueille pas d’urbanisation et est entièrement voué à l‘acti- vité agricole depuis des siècles préservant ainsi un paysage de grande culture que seuls les blockhaus et les infrastructures ont modifié. La grande visibilité a fait de ce plateau légèrement incliné et orienté vers l’ouest un espace privilégié pour mener les batailles ou franchir à découvert la frontière.

Pour résumer:

La bataille s’est déroulée sur les points hauts du plateau aux vues dégagées alors que les vallées marécageuses et boisées périphériques abritent les bourgs.

Carte superposant le relief naturel et la trajectoire des troupes vers le champ de bataille le 27 juillet 1214, d’après Lebon: «(...)hauteur du plateau d’où le roi pouvait embrasser d’un coup d’œil le théâtre de sa gloire»

1.3 La rencontre du paysage et de l’histoire : le socle topographique du théâtre de la bataille

(24)

1.4 Evolution du paysage

1.Epoque médiévale album de Croy

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1.4 Evolution du paysage

carte de Cassini 1756

plan extrait de «mémoire sur la bataille de Bouvines en 1214» par M. Lebon 35

plan extrait de «mémoi- re sur la bataille de Bouvines en 1214» par M. Lebon 1835 Plan extrait Bouvines Casterman 1914 Tournai

carte état major 1889

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Epoque médiévale: un bouclier naturel

Un paysage marécageux infranchissable La rivière Marque constituait alors un marécage d’une centaine de mètres de largeur. Des ponts en permettaient le franchissement. Des péages privés étaient instaurés (Pont de Carquetelle) et ont fonc- tionné jusqu’à la fin du XVIIIème: c’est l’embouteilla- ge causé par le pont, qui amena Philippe Auguste et son armée à rebrousser chemin et livrer bataille.

Le pont était constitué d’une levée de terre et d’un ouvrage en bois, dont on a retrouvé les piliers lors d’un curage.

La Marque a souvent constitué un obstacle à la pro- gression des troupes armées.

A la Marque et ses affluents il faut ajouter les ruis- seaux ou fossés qui sillonnaient la Pévèle et le Ferrain, formant un réseau de drainage de plusieurs centaines de kilomètres.

Des fermes imposantes s’égrènent encore aujourd’hui (photos ci-contre) le long de la vallée de la Marque, héritières des fermes-châteaux de l’époque médiévale. Ces « censes « étaient au Moyen-Age, le siège de domaines seigneuriaux, de seigneuries, de fiefs civils ou ecclésiastiques (exem- ple: la ferme Saint Vaast appartient à l’Abbaye Saint Vaast d’Arras).

Elles étaient toujours entourées de douves qui servaient de fortifications et drainaient les terrains alentours. Les communautés gardaient les meilleu- res terres pour la culture: d’un côté les champs, de l’autre les bois, les prés, les marais.

Les fermes actuelles* (photos ci-contre) qui ponc- tuent le paysage et datent pour les plus anciennes de la fin du XIX è siècle, s’apparentent à ces fermes médiévales qui s’imposaient alors.

* voir document en annexe Grâce à l’ouvrage de M. Lebon, Chevalier de St. Louis, Officier de la légion d’honneur, (Mémoire sur la bataille de Bouvines en

1214 , Lille 1835) nous avons une description du paysage tel qu’il pouvait être en 1214:

«(...) l’état actuel des lieux offre une grande ressemblance

avec celui représenté par les terriers, chasse- rels, dénombrements et inventaires descriptifs de l’époque, particulièrement en ce qui concerne le plateau de Cysoing; en effet la Marque, redressée en certains endroits, et recreusée il y a 50 ans sur toute l’étendue qui borde cette plaine du sud-ouest au nord-ouest, coule dans la même vallée, et pour ainsi dire partout sur son vieux lit; les marécages desséchés par encaissement donné à la rivière, bien que changés en prairies et en terres labourables,

ont conservé assez de traces de ce qu’ils étaient autrefois ,

pour que l’on puisse déterminer à première vue les limites des anciennes alluvions. Les villages qui exis- taient alors portent les même noms et sont encore situés aujourd’hui sur les même emplacements; les deux ruisseaux , dont l’un prend sa source dans les fossés du vieux château de la Louverie, près de Rumes, et qui débouche dans l’Escaut un peu en deçà de Tournai; l’autre qui tire son origine d’une fontaine entre Rescrouël et wannehain et qui va se jeter dans la Marque à l’est du clos de l’abbaye de Cysoing, après avoir traversé les prairies au bas de bourghelles, n’ont éprouvé, ni accroissement, ni diminu- tion, ni déviation; la route de Mortagne à Tournai sur la rive gauche de l’Escaut, celle de Tournai à Douai, l’antique voie romaine de tournai à Estaires par Seclin (1), l’ancienne route de Tournai à Lille,(...)

Tous ces chemins, quoique rétrécis et échancrés presque partout, subsistent toujours sur les tracés du 13ème siècle ;

l’espace compris entre le village de Camphin et Bouvines, celui entre Anstaing et Wannehain présentent comme alors, une plaine fertile et cultivée avec soin. Ainsi à l’exception des plantations dont les divers changements ont fait varier l’aspect du site dans le voisinage des habitations, nous le répétons, la plaine de Cysoing et ses aboutissans n’ont subi aucune altération sensible, (...) les monuments encore existants dans les environs, dont on aperçoit à peine quelques vestiges, qui ailleurs n’expliquent rien, n’apprennent rien, et ne mettent sur la trace d’aucune particularité intéressante.

Les ravages des guerres dont ces contrées ne furent que trop souvent le théâtre,

les deux incendies de l’abbaye de Cysoing ont achevé de tout effacer, de tout détruire. Le mont des Tombes, n’est à notre avis, qu’un de ces tumuli, comme il s’en trouve beaucoup en Flandre, auquel ne se rattache aucun souvenir de l’action; la chapelle aux Arbres (ou calvaire de Cysoing) qui a exercé l’imagination de quelques écrivains, ne fut construite, selon toute apparence, que plus d’un siècle après l’évènement.»

(1) Cette chaussée conduisait de Tournai à la mer par Seclin, Wavrin, la Moenil, Estaires, Castres et Cassel

1.4 Evolution du paysage

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Albums de Croy source : carte IGN Bourghelles

Wannehain Gruson

Bouvines

Epoque moderne ( Album de Croy 1602 et carte de Cassini 1770) En près de six siècles, comme le constate Lebon dans son ouvrage en 1835, le paysage du site de la bataille de Bouvines a peu changé. A l’épo- que moderne (1450-1789) c’est l’assèchement de la vallée qui modifie cet ancien bouclier naturel.

La plaine reste ouverte et agricole, les vallées périphériques habitées sont boisées et humides comme en attestent les albums de Croy ci-contre réali- sés avant l’assèchement de la vallée de la Marque.

Les fréquentes inondations attribuées au manque de pente de la rivière constituent un handicap. A certains endroits, l’ampleur des marais est telle qu’il faut traverser en barques.

En hiver, les chemins sont impraticables. Pour aller d’un point à un autre, les habitants prennent l’habitude de «percer les haies» et de traverser les jardins.

En 1776, le Conseil d’Etat ordonne le curage, le redressement et l’élargisse- ment de la Marque.

Templeuve, Ennevelin, Fretin et Péronne réagissent contre ce projet d’assè- chement qui leur parait contre nature. Ils considèrent que, loin d’être nuisi- bles, les inondations fertilisent le sol : «La mise en culture n’est qu’une vue de l’esprit». Les travaux n’auront pas lieu dans ce secteur.

En 1783, pour éviter les inondations qui ravageaient la vallée lors des crues, la rivière a été recreusée de Fretin à Pont-à-Tressin, sur un tracé rectiligne, tel qu’on peut le voir aujourd’hui.

Les terres et boues retirées du nouveau tracé ont servi à combler l’ancien cours et à constituer des champs, partagés en «portions ménagères», sub- sistant encore au cadastre sous forme d’autant de parcelles.

Les limites de territoires des communes tracent l’ancien cours de la Marque.

Cysoing

Cysoing

Sainghin en Mélantois

Chéreng

Ancien tracé de la Marque

Nouveau tracé de la Marque

Extrait cadastral

source : Ppige Nord-Pas-de-Calais les portions ménagères

1.4 Evolution du paysage

(28)

Pour résumer

Les ouvrages n’ont toutefois pas totalement modifié l’identité des paysages qui existaient il y a près de 8 siècles, à savoir un plateau agricole aux larges perspectives ceint de vallées humides abritant villages et boisements.

Epoque contemporaine:

L’assèchement des vallées se poursuit depuis la canalisation de la Marque par la plantation de peupleraies ou par la perte des pâtures au profit des cultures. Mais l’on devine encore aujourd’hui l’ancienne vallée alluviale de la Marque à l’éloignement des routes et chemins parallèles au canal, à la végétation qui témoigne d’une humidité persistante, aux saules alignés sur les anciens tracés sinueux des berges de la rivière.

La plaine de Bouvines conserve sa vocation de terre agricole profitant des qualités pédologiques du plateau du Mélantois.

Les ouvrages d’infrastructures récents du TGV et de l’autoroute A27 ont toutefois perturbé ponctuellement la grande ouverture visuelle qu’offrait le plateau. L’encaissement partiel de ces infrastructures limite cependant leur impact visuel et permet souvent au regard de se porter au-delà de ces ouvrages.

Une croissance démographique soutenue durant les vingt dernières années, de l’ordre de 20%, avec une construction importante de rési- dences principales aux portes de la Pévèle ont progressivement mité les espaces naturels et agricoles.

Bois d’Infières : anciennes peupleraies qui ont favorisé l’assèchement du fond de vallée aujourd’hui requalifiées source : Ppige Nord-Pas-de-Calais

Bourghelle-Wannehain la Grande Ferme: conservation de la ferme fortifiée source : Ppige Nord-Pas-de-Calais

Abbaye de Cysoing : des boisements plus rares et morcelés et expansion des zones urbanisées vers la plaine source : Ppige Nord-Pas-de-Calais

Un étalement urbain linéaire le long des voiries ici à Camphin en Pévèle source : Ppige Nord-Pas-de-Calais

1.4 Evolution du paysage

(29)

1.4 Evolution du paysage

Que reste t-il de la Bataille de Bouvines ? Il y a près de deux siècles déjà, Lebon dans son ouvrage déplorait «la perte de toute trace construite»

témoin de la bataille. Cet inventaire se limite encore aujourd’hui aux voies romaines pavées qui traversent la plaine jusqu’à Tournai et au Mont des Tombes, éléments patrimoniaux qui préexistaient à la bataille.

Ce sont sans doute les paysages de la plaine et des vallées qui portent en eux la plus grande part de cette mémoire. Les grandes étendues de la plaine agricole sont les plus à même d’évoquer les 16000**

chevaliers, sergents et piétons qui l’ont chevauchée, piétinée, ensanglantée.

La vallée humide de la Marque où le roi s’est reposé à l’ombre d’un fresne, où les soldats se sont désalté- rés, abrités, enfuis ou endormis à jamais au pied de l’Abbaye aujourd’hui disparue témoignent le mieux de ce passé bien moins paisible qu’il ne l’est aujourd’hui.

Ainsi la bataille se lit dans la terre, maintenant apai- sée.

*monument historique classé

**soit presque le même nombre d’habitants qui habi- te aujourd’hui ce territoire (21 874 hab.)

(30)

Bois des Fossés

Notre-Dame TGV Bois Mourdry Chapelle aux Arbres Bunker

Pont du TGV

1

RD 90 Bois du Chemin de Tournai

Pont TGV

2

Lotissements de Cysoing

Panoramique sur la Chaussée Brunehaut vers Tournai (44m NGF): le bosquet de tilleuls de la Chapelle aux Arbres, construite un siècle après la bataille, est un véritable «monument végétal» sur l’horizon dégagé du plateau

Panoramique sur la Chaussée Brunehaut vers Cysoing (42m NGF): la limite sud du plateau va au delà des ouvrages du TGV partiellement dissimulés par la végétation et la silhouette des toitures de Cysoing qui alterne avec la végétation de la vallée humide des affluents de la Marque.

1.5 Pouvoir évocateur du paysage : le plateau

(l’armée impériale) occupa la partie la plus élevée du terrain et pris position au Nord, ayant le soleil en face ou à peu prés. […] L’arrière garde et les corps (armée française) qui n’avaient pas dépassé la chapelle aux Arbres se formèrent nécessairement face en arrière.

Mais en avant du pont, un plateau s’étend, au levant, large d’une lieue, long de cinq. Des bois le cernent sur ses revers. Son centre est occu- pé par des «coutûres», de larges pièces de bonne terre à blé […].

Mémoire sur la Bataille de Bouvines – M.Lebon

(31)

Bois des Fossés Notre-Dame Chaussée Brunehaut en

direction de Tournai Bois de Mourdry

Pont du TGV reliant Cysoing à Tournai Ville de Camphin-en-Pévéle

4 3

Fort de Sainghin Monastère de Bouvines Bois du Petit

Château

Église de

Bouvines Bois de la Noyelle

Bois privé Talus de la voie ferrée reliant

Villeneuve d’Ascq à Orchies

Chaussée Brunehaut en direction de Bouvines

Panoramique sur la Chaussée Brunehaut vers Bouvines à Cysoing (36m NGF): la chaussée Brunehaut offre une perspective privilégiée vers Bouvines dominée par la silhouette de son église. La Marque n’est pas visible mais l’on peut distin- guer les boisements qui la bordent.

1.5 Pouvoir évocateur du paysage : le plateau

«Le prétendu mouvement sur Tournai n’était qu’une manœuvre pour déployer leurs colonnes et entrer directement sur le terrain ; on les vit

s’étendre du sud-ouest au nord-ouest, occuper la partie la plus élevée du plateau.»

Mémoire sur la Bataille de Bouvines – M.Lebon

(32)

Panoramique depuis la D90 à Gruson (45m NGF): les plus beaux ciels du Nord sont offerts ici!

Clocher de Bouvines Carrefour de l’Arbre

Le Grand Marais D 90 vers Cysoing

5

6

Chapelle aux Arbres Les fossés Notre-Dame

Villeneuve d’Ascq Vallée de la Marque EuraLille

Tour Hertzienne

de Villeneuve d’Ascq A27 (E42)

Bois d’Infiéres Anstaing

Château d’eau d’Ascq

Mont des Tombes Fort de la Jonchére

Panoramique depuis la D94, lieux-dit la Dève à Bouvines (45m NGF): en rebord de plateau, surplombant la Marque c’est depuis ce «balcon» que l’on perçoit le mieux la proximité de l’agglomération de Lille, de sa densité et sa complexité

1.5 Pouvoir évocateur du paysage : le plateau

«De cette vaste plaine, sans clôture, sans ombre, se dégage une impression de sérénité et de sévérité qu’accentue le silence de ces endroits déserts, soulignés parfois par le chant d’une alouette s’élevant au-dessus des blés.»

promenade en Pévèle en Mélantois R.

Hennard

(33)

L’armée française s’était mise en marche à la pointe du jour ; le chevalier Garin, ministre du roi, le 1er après lui dans le commandement, avait dirigé lui-même une reconnaissance de deux à trois milles chevaux, (...), sur la route de Tournai à Mortagne, du côté de la rive gauche de l’Escaut.

La tête des colonnes françaises avait déjà passé la Marque sur le pont de Bouvines. Le roi s’était arrêté pour voir défiler les troupes près du pont quand le chevalier Garin, accourant à toute bride, vint lui annoncer que parvenu à deux milles de Tournai, sur les hauteurs qui dominent la petite plaine de Lesdain, il avait reconnu l’armée ennemie marchant à lui, enseignes déployées, les chevaux couverts, les sergents d’armes en avant éclairant la marche, signe évident de disposition de combat.

Mémoire sur la Bataille de Bouvines – M.Lebon

Panoramique vers Belgique, point culminant du plateau coté français à Camphin-en-Pévèle (57m NGF): la frontière n’en est pas une pour le paysage : continuité du plateau agricole ouvert et des silhouettes des villages noyées dans la végétation

Lieu-dit Creplaine (Camphin-en-P.) D 93

Esplechain (Belgique) Bois Mourdry Continuité du plateau en Belgique

7

Frontière D93, point culminant du plateau à Camphin-en-Pévèle (57m NGF): c’est depuis ce point culminant que l’on mesure le mieux l’étendue et l’ouverture de ce plateau

Lieu-dit Creplaine (Camphin-en-P.)

D 93 entre Camphin-en-P et Wannehain Bois des fossés Notre-Dame

Bois Mourdry

8

1.5 Pouvoir évocateur du paysage : le plateau

(34)

Vers Bouvines sur la Chaussée Brunehaut : l’église de Bouvines, située sur un promontoire, elle est visible depuis de nombreux points de vue de la plaine de Bouvines.

Le pavé du Nord: élément identitaire des chemins qui traversent le plateau foulé par les nombreux bataillons depuis des siècles.

Des paysages ouverts où chaque élément qui dépasse de cet horizon est visible, où le ciel aussi est si présent

Eléments de repère: clochers, blockhaus, pylônes, boisements, talus des voies sncf. .dans ce paysage épuré, quasi abstrait font tous des monuments

Sillons des labours, chemins pavés, bas coté enherbés,...:

autant de lignes de fuite traçant des perspectives étirées, interrompues ponctuellement par un boqueteau

Les pavillons commencent à «grignoter» le plateau jus- que là bien préservé d’un urbanisme maintenu dans les vallées.

1.5 Pouvoir évocateur du paysage : le plateau

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