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1.Epoque médiévale album de Croy

1.4 Evolution du paysage

carte de Cassini 1756

plan extrait de «mémoire sur la bataille de Bouvines en 1214» par M. Lebon 35

plan extrait de «mémoi-re sur la bataille de Bouvines en 1214» par M. Lebon 1835 Plan extrait Bouvines Casterman 1914 Tournai

carte état major 1889

Epoque médiévale: un bouclier naturel

Un paysage marécageux infranchissable La rivière Marque constituait alors un marécage d’une centaine de mètres de largeur. Des ponts en permettaient le franchissement. Des péages privés étaient instaurés (Pont de Carquetelle) et ont fonc-tionné jusqu’à la fin du XVIIIème: c’est l’embouteilla-ge causé par le pont, qui amena Philippe Auguste et son armée à rebrousser chemin et livrer bataille.

Le pont était constitué d’une levée de terre et d’un ouvrage en bois, dont on a retrouvé les piliers lors d’un curage.

La Marque a souvent constitué un obstacle à la pro-gression des troupes armées.

A la Marque et ses affluents il faut ajouter les ruis-seaux ou fossés qui sillonnaient la Pévèle et le Ferrain, formant un réseau de drainage de plusieurs centaines de kilomètres.

Des fermes imposantes s’égrènent encore aujourd’hui (photos ci-contre) le long de la vallée de la Marque, héritières des fermes-châteaux de l’époque médiévale. Ces « censes « étaient au Moyen-Age, le siège de domaines seigneuriaux, de seigneuries, de fiefs civils ou ecclésiastiques (exem-ple: la ferme Saint Vaast appartient à l’Abbaye Saint Vaast d’Arras).

Elles étaient toujours entourées de douves qui servaient de fortifications et drainaient les terrains alentours. Les communautés gardaient les meilleu-res termeilleu-res pour la culture: d’un côté les champs, de l’autre les bois, les prés, les marais.

Les fermes actuelles* (photos ci-contre) qui ponc-tuent le paysage et datent pour les plus anciennes de la fin du XIX è siècle, s’apparentent à ces fermes médiévales qui s’imposaient alors.

* voir document en annexe Grâce à l’ouvrage de M. Lebon, Chevalier de St. Louis, Officier de la légion d’honneur, (Mémoire sur la bataille de Bouvines en

1214 , Lille 1835) nous avons une description du paysage tel qu’il pouvait être en 1214:

«(...) l’état actuel des lieux offre une grande ressemblance

avec celui représenté par les terriers, chasse-rels, dénombrements et inventaires descriptifs de l’époque, particulièrement en ce qui concerne le plateau de Cysoing; en effet la Marque, redressée en certains endroits, et recreusée il y a 50 ans sur toute l’étendue qui borde cette plaine du sud-ouest au nord-ouest, coule dans la même vallée, et pour ainsi dire partout sur son vieux lit; les marécages desséchés par encaissement donné à la rivière, bien que changés en prairies et en terres labourables,

ont conservé assez de traces de ce qu’ils étaient autrefois ,

pour que l’on puisse déterminer à première vue les limites des anciennes alluvions. Les villages qui exis-taient alors portent les même noms et sont encore situés aujourd’hui sur les même emplacements; les deux ruisseaux , dont l’un prend sa source dans les fossés du vieux château de la Louverie, près de Rumes, et qui débouche dans l’Escaut un peu en deçà de Tournai; l’autre qui tire son origine d’une fontaine entre Rescrouël et wannehain et qui va se jeter dans la Marque à l’est du clos de l’abbaye de Cysoing, après avoir traversé les prairies au bas de bourghelles, n’ont éprouvé, ni accroissement, ni diminu-tion, ni déviation; la route de Mortagne à Tournai sur la rive gauche de l’Escaut, celle de Tournai à Douai, l’antique voie romaine de tournai à Estaires par Seclin (1), l’ancienne route de Tournai à Lille,(...)

Tous ces chemins, quoique rétrécis et échancrés presque partout, subsistent toujours sur les tracés du 13ème siècle ;

l’espace compris entre le village de Camphin et Bouvines, celui entre Anstaing et Wannehain présentent comme alors, une plaine fertile et cultivée avec soin. Ainsi à l’exception des plantations dont les divers changements ont fait varier l’aspect du site dans le voisinage des habitations, nous le répétons, la plaine de Cysoing et ses aboutissans n’ont subi aucune altération sensible, (...) les monuments encore existants dans les environs, dont on aperçoit à peine quelques vestiges, qui ailleurs n’expliquent rien, n’apprennent rien, et ne mettent sur la trace d’aucune particularité intéressante.

Les ravages des guerres dont ces contrées ne furent que trop souvent le théâtre,

les deux incendies de l’abbaye de Cysoing ont achevé de tout effacer, de tout détruire. Le mont des Tombes, n’est à notre avis, qu’un de ces tumuli, comme il s’en trouve beaucoup en Flandre, auquel ne se rattache aucun souvenir de l’action; la chapelle aux Arbres (ou calvaire de Cysoing) qui a exercé l’imagination de quelques écrivains, ne fut construite, selon toute apparence, que plus d’un siècle après l’évènement.»

(1) Cette chaussée conduisait de Tournai à la mer par Seclin, Wavrin, la Moenil, Estaires, Castres et Cassel

1.4 Evolution du paysage

Albums de Croy

Epoque moderne ( Album de Croy 1602 et carte de Cassini 1770) En près de six siècles, comme le constate Lebon dans son ouvrage en 1835, le paysage du site de la bataille de Bouvines a peu changé. A l’épo-que moderne (1450-1789) c’est l’assèchement de la vallée qui modifie cet ancien bouclier naturel.

La plaine reste ouverte et agricole, les vallées périphériques habitées sont boisées et humides comme en attestent les albums de Croy ci-contre réali-sés avant l’assèchement de la vallée de la Marque.

Les fréquentes inondations attribuées au manque de pente de la rivière constituent un handicap. A certains endroits, l’ampleur des marais est telle qu’il faut traverser en barques.

En hiver, les chemins sont impraticables. Pour aller d’un point à un autre, les habitants prennent l’habitude de «percer les haies» et de traverser les jardins.

En 1776, le Conseil d’Etat ordonne le curage, le redressement et l’élargisse-ment de la Marque.

Templeuve, Ennevelin, Fretin et Péronne réagissent contre ce projet d’assè-chement qui leur parait contre nature. Ils considèrent que, loin d’être nuisi-bles, les inondations fertilisent le sol : «La mise en culture n’est qu’une vue de l’esprit». Les travaux n’auront pas lieu dans ce secteur.

En 1783, pour éviter les inondations qui ravageaient la vallée lors des crues, la rivière a été recreusée de Fretin à Pont-à-Tressin, sur un tracé rectiligne, tel qu’on peut le voir aujourd’hui.

Les terres et boues retirées du nouveau tracé ont servi à combler l’ancien cours et à constituer des champs, partagés en «portions ménagères», sub-sistant encore au cadastre sous forme d’autant de parcelles.

Les limites de territoires des communes tracent l’ancien cours de la Marque.

Cysoing

Pour résumer

Les ouvrages n’ont toutefois pas totalement modifié l’identité des paysages qui existaient il y a près de 8 siècles, à savoir un plateau agricole aux larges perspectives ceint de vallées humides abritant villages et boisements.

Epoque contemporaine:

L’assèchement des vallées se poursuit depuis la canalisation de la Marque par la plantation de peupleraies ou par la perte des pâtures au profit des cultures. Mais l’on devine encore aujourd’hui l’ancienne vallée alluviale de la Marque à l’éloignement des routes et chemins parallèles au canal, à la végétation qui témoigne d’une humidité persistante, aux saules alignés sur les anciens tracés sinueux des berges de la rivière.

La plaine de Bouvines conserve sa vocation de terre agricole profitant des qualités pédologiques du plateau du Mélantois.

Les ouvrages d’infrastructures récents du TGV et de l’autoroute A27 ont toutefois perturbé ponctuellement la grande ouverture visuelle qu’offrait le plateau. L’encaissement partiel de ces infrastructures limite cependant leur impact visuel et permet souvent au regard de se porter au-delà de ces ouvrages.

Une croissance démographique soutenue durant les vingt dernières années, de l’ordre de 20%, avec une construction importante de rési-dences principales aux portes de la Pévèle ont progressivement mité les espaces naturels et agricoles.

Bois d’Infières : anciennes peupleraies qui ont favorisé l’assèchement du fond de vallée aujourd’hui requalifiées source : Ppige Nord-Pas-de-Calais

Bourghelle-Wannehain la Grande Ferme: conservation de la ferme fortifiée source : Ppige Nord-Pas-de-Calais

Abbaye de Cysoing : des boisements plus rares et morcelés et expansion des zones urbanisées vers la plaine source : Ppige Nord-Pas-de-Calais

Un étalement urbain linéaire le long des voiries ici à Camphin en Pévèle source : Ppige Nord-Pas-de-Calais

1.4 Evolution du paysage

1.4 Evolution du paysage

Que reste t-il de la Bataille de Bouvines ? Il y a près de deux siècles déjà, Lebon dans son ouvrage déplorait «la perte de toute trace construite»

témoin de la bataille. Cet inventaire se limite encore aujourd’hui aux voies romaines pavées qui traversent la plaine jusqu’à Tournai et au Mont des Tombes, éléments patrimoniaux qui préexistaient à la bataille.

Ce sont sans doute les paysages de la plaine et des vallées qui portent en eux la plus grande part de cette mémoire. Les grandes étendues de la plaine agricole sont les plus à même d’évoquer les 16000**

chevaliers, sergents et piétons qui l’ont chevauchée, piétinée, ensanglantée.

La vallée humide de la Marque où le roi s’est reposé à l’ombre d’un fresne, où les soldats se sont désalté-rés, abrités, enfuis ou endormis à jamais au pied de l’Abbaye aujourd’hui disparue témoignent le mieux de ce passé bien moins paisible qu’il ne l’est aujourd’hui.

Ainsi la bataille se lit dans la terre, maintenant apai-sée.

*monument historique classé

**soit presque le même nombre d’habitants qui habi-te aujourd’hui ce habi-territoire (21 874 hab.)

Bois des Fossés

Notre-Dame TGV Bois Mourdry Chapelle aux Arbres Bunker

Pont du TGV

1

RD 90

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