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Article pp.238-248 du Vol.25 n°3 (2005)

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Texte intégral

(1)

ARTICLE ORIGINAL ORIGINAL PAPER

Étude des huiles de glands de deux variétés de chêne (Quercus ilex et Quercus suber)

S. Meziane

1

* et S. Mameri

1

SUMMARY

Study of acorn oils from two oak varieties (Quercus ilex and Quercus suber).

In this work we propose studying acorn oils from two varieties of oaks, holm oak (Quercus ilex) and cork oak (Quercus suber) from Great Kabylie (Algeria). Those oils are extracted in a soxhlet apparatus using two solvents: hexane and ethylic ether.

The results obtained show that the lipidic fraction, mostly concentrated in the acorn cotyledons, represents a not inconsiderable reserve for the acorn of oak, much more marked for the acorn of holm oak with a rate of approximately 9% versus 5% for the cork oak, when the extraction is carried out with hexane. The oil yield obtained by ethyl ether is in all the cases slightly higher than the one of oils extracted by hexane.

The analysis showed that oils of holm oak acorn are acceptable. On the other hand oils obtained from cork oak acorn are very acid; nevertheless, their content in non-saponi- fiable matters is higher. The fatty acid composition of the two kinds of oils is close despite few differences. For example traces of behenic acid were found in every oil obtained from cork oak acorn. It is very present in oils obtained from whole holm oak acorn but does not appear in their peeled counterparts. Besides oils of cork oak acorn are richer in unsaturated fatty acids.

We can mention too that those acorn oils are very similar to olive oils and pomace olive oils.

Keywords

acorn oil, solvent extraction, chemical analysis.

RÉSUMÉ

Dans ce travail, nous nous proposons d’étudier des huiles de glands de deux variétés de chêne (Quercus ilex et Quercus suber) de la région de la Grande Kabylie (Algérie).

Ces huiles sont extraites dans un appareil du type soxhlet au moyen de deux solvants : l’hexane et l’éther éthylique.

Les résultats obtenus montrent que la fraction lipidique, contenue principalement dans les cotylédons du gland, représente une source de réserve non négligeable pour le gland de chêne, marquée beaucoup plus pour le gland de chêne vert (Quercus ilex)

1. Laboratoire de Chimie Appliquée et de Génie Chimique – Faculté des Sciences – Université Mouloud Mammeri – Tizi – Ouzou – ALGERIE.

* Correspondance : mezianesmail@voila.fr

(2)

avec un taux d’environ 9 % contre celui du gland de chêne liège (Quercus suber) qui lui est d’environ 5 %, quand l’extraction est réalisée avec l’hexane. Le rendement en huile obtenue par l’éther éthylique est dans, tous les cas, légèrement supérieur à celui des huiles extraites par l’hexane.

L’analyse a montré que les huiles de glands de chêne vert sont acceptables ; par contre, celles du gland de chêne liège, sont très acides. Néanmoins, ces dernières présentent une teneur en matières insaponifiables plus élevée. La composition en aci- des gras des huiles des deux variétés est comparable avec toutefois quelques différences. L’acide béhénique, présent à l’état de traces dans toutes les huiles de glands de chêne liège, est très visible dans les huiles de glands entiers de chêne vert mais il n’apparaît pas dans leurs homologues décortiqués. Les huiles de glands de chêne liège sont plus riches en acides gras insaturés.

On a remarqué aussi que ces huiles de glands présentent en effet de très grandes ressemblances avec celles des huiles d’olive et de grignon d’olive.

Mots clés

huile de gland, extraction par solvant, analyse chimique.

1 – INTRODUCTION

Parmi les essences forestières naturelles de l’Algérie, le chêne «Quercus » occupe une superficie très importante d’environ 882 000 hectares dont le chêne liège « Quercus suber » et le chêne vert « Quercus ilex » sont les espèces les plus dominantes. La production fores- tière est caractérisée surtout par l’exploitation du liège.

Le gland est le fruit de l’arbre du chêne. En dépit de son utilisation dans les temps anciens comme aliment de base de nombreuses populations et en alimentation animale (BAINDRIDGE, 1985b ; NOWAR et al., 1994 ; SAFFARZADEH et al., 1999a), il se trouve aujourd’hui partiellement ou même totalement abandonné alors que ses possibilités d’emploi sont nombreuses (alimentation humaine et animale, médecine, etc.). Cent gram- mes de glands fournissent jusqu’à 600 kcal et 8 g de protéines. Il est riche en vitamine A (180 UI/g) et en vitamine C (jusqu’à 55 mg pour 100 g) et possède des acides aminés équili- brés (BAINDRIDGE, 1985a). Le gland décortiqué de l’espèce « Quercus branti » étudié par SAFFARZADEH (1999b) contient un faible taux de protéines brutes et un taux relativement élevé d’amidon et de matières grasses brutes. Ces matières grasses sont très riches en acide gras essentiel l’acide linoléique. Les travaux de OFCARCIK et BURNS (1971) et ceux de BAINDRIDGE (1985a) portant sur les propriétés physico-chimiques de glands de différentes espèces de chêne ont montré que ces propriétés et beaucoup d’autres varient d’une façon très significative d’une variété à une autre.

Beaucoup d’études ont été effectuées sur le stockage du gland ainsi que sur sa germi- nation (SUSZKA et TYLKOWSKY, 1980 ; SUSZKA et TYLKOWSKY, 1982 ; PRITCHARD et MANGER, 1990). Par contre, on a rencontré très peu de travaux qui s’intéressent à sa composition chimique et plus particulièrement à sa fraction lipidique dont la qualité et la saveur sont comparables à celles de l’huile d’olive (BAINDRIDGE 1986 ; BAINDRIDGE, 1985a ). La caractéri- sation de cette fraction contribuera éventuellement à une meilleure valorisation du gland :

– d’une part, en alimentation humaine et plus particulièrement dans son incorporation en alimentation animale ;

– d’autre part, dans son utilisation probable comme source de corps gras.

C’est pourquoi, nous nous proposons dans ce travail d’étudier la fraction lipidique du gland des deux principales variétés de chêne d’Algérie : le chêne vert et le chêne liège.

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2 – MATÉRIEL ET MÉTHODES

2.1 Traitement des échantillons

L’étude a été effectuée sur deux variétés de glands, le gland de chêne vert et le gland de chêne liège, provenant d’un même site de la région de la Grande Kabylie (Algérie). Les glands ont été récoltés directement au sol, à la main, d’un même arbre pour chaque variété.

La récolte a été réalisée, en novembre, quelque temps après la chute des premiers glands.

Ils ont été ensuite triés (élimination des glands parasités et des glands endommagés) puis nettoyés de leurs impuretés (minérales et autres). Pour chaque variété, nous avons travaillé avec des glands entiers et des glands décortiqués (sans péricarpe). Les échantillons fraî- chement récoltés ont subi le traitement suivant : le séchage et le broyage.

L’humidité initiale de chaque échantillon (39,0 % pour le gland de chêne vert et 45,7 % pour le gland de chêne liège) a été ramenée à une valeur comprise entre 5 et 10 %, valeur optimale assurant un rendement maximal d’extraction. Elle a été déterminée suivant la norme AFNOR NF V 03-921 (janv. 1967).

Le broyage des échantillons de glands entiers et décortiqués a été réalisé ensuite à l’aide d’un broyeur à couteaux muni d’un système de refroidissement. Les farines de glands obtenues sont ensuite bien homogénéisées puis mises en récipients clos et stockées dans un congélateur. Le diamètre moyen des particules de farines de chaque variété est : 0,38 mm pour le gland de chêne vert et 0,39 mm pour le gland de chêne liège.

2.2 Extraction

L’extraction épuisante a été effectuée dans un appareil du type soxhlet. Celle-ci est réa- lisée sur la base des méthodes courantes de la détermination de la teneur en huile dans les matières premières et produits oléagineux (NF V 03-905, déc. 1973). Les solvants d’extrac- tion utilisés sont : l’hexane (Tébullition = 69,5 °C) et l’éther éthylique (Tébullition = 34,5 °C).

La prise d’essai soumise à l’extraction est de 30 g.

2.3 Analyse chimique

Nous avons procédé aux analyses suivantes : acidité, absorbance spécifique, substan- ces insaponifiables et acides gras.

Acidité : l’acidité des huiles extraites a été déterminée selon la méthode décrite dans la norme française AFNOR NF T 60-204 (déc. 1968). Cette méthode est basée sur la mise en solution d’une prise d’essai dans un mélange d’éthanol et d’éther éthylique (1/1, v/v) puis titrage des acides gras libres présents à l’aide d’une solution de soude.

Absorbance spécifique : la méthode utilisée est décrite dans la norme AFNOR NF T 60- 223 (juillet 1978). Elle consiste à dissoudre une quantité d’huile dans un solvant approprié (cyclohexane ou heptane) puis déterminer l’absorbance à 270 nm et à 232 nm. Cette mesure a été réalisée à l’aide d’un spectrophotomètre à doubles faisceaux.

Substances insaponifiables : la teneur en substances insaponifiables a été déterminée par la méthode dite à l’oxyde diéthylique (NF T 60-205, nov. 1975). Elle consiste d’abord en la saponification du corps gras par traitement à l’ébullition sous reflux avec une solution éthanolique d’hydroxyde de potassium. Les substances insaponifiables sont extraites ensuite de la solution de savon par l’oxyde diéthylique.

Le solvant est éliminé par distillation sur un évaporateur rotatif. Le résidu est ensuite pesé après séchage à l’étuve portée à 103 ± 1 °C.

Acides gras : les acides gras estérifiés ont été analysés par chromatographie en phase gazeuse (NF T 60-234, mai 1977). La méthode d’estérification utilisée est décrite par la norme AFNOR NF T 60-233 (mai 1977).

(4)

L’appareil de chromatographie en phase gazeuse utilisé est de type PYE - UNICAM série 204, équipé :

– d’un détecteur à ionisation de flamme ;

– d’une colonne en verre, de 1,5 m de long et de 2 mm de diamètre intérieur, remplie d’une phase stationnaire PEG 20M répartie sur du chromosorb WHP 100-120 mesh.

La température de la colonne est de 180 °C et celle du détecteur 200 °C.

2.4 Analyse statistique des résultats

Nous avons procédé à l’analyse de variance (ANOVA) des résultats de la teneur en huile des échantillons de chaque variété de glands puis au test de comparaison de moyennes prises deux à deux (DAGNELIE, 1975). Pour ce dernier, on s’est intéressé à l’influence de la nature du solvant et à celle du décorticage du gland sur la teneur en huile extraite.

3 – RÉSULTATS ET DISCUSSION

3.1 Extraction

Les résultats du rendement de l’extraction de l’huile à partir des différents échantillons sont regroupés dans le tableau 1. Comme le montrent ces résultats, le gland de chêne vert est plus riche en matières grasses que le gland de chêne liège. La valeur moyenne de tous les essais est environ de 10,0 % pour la variété du chêne vert et 6,0 % pour celle du chêne liège. L’étude de SAFFARZADEH (1999b) portant sur le gland de la variété « quercus branti » donne un taux de matières grasses brutes qui se situe entre ces deux valeurs (7,7 %).

Notons aussi que ces teneurs en huile sont de l’ordre de grandeur de la teneur en l’huile du grignon d’olive issu du système de la centrifugation (8,78 %) (MEZIANE et al.,1997).

Le tableau 2 regroupe les résultats de l’extraction de l’huile à partir des farines de glands de chêne vert. L’analyse de variance (ANOVA) de ces résultats, et celle des résul- tats de l’autre variété sont données, respectivement, par les tableaux 3 et 4. Nous constatons que la valeur calculée du rapport F est, dans tous les cas, largement supé- rieure à celle donnée par la table de Fisher (F3,76,0.05 = 2,72 pour la variété du chêne vert et F3,28,0.05 = 2,95 pour celle du chêne liège) ; ce qui signifie qu’il y a une différence signi- ficative entre les teneurs en huile de glands entiers et de glands décortiqués obtenues par les solvants utilisés. Les résultats du test de comparaison de moyennes prises deux à deux sont consignés dans le tableau 5. Là aussi, la valeur calculée du test est, dans tous les cas, supérieure à celle donnée par la table de Student (1,686 pour la variété du chêne vert et 1,7613 pour celle du chêne liège) au seuil de signification α = 0,05. Par consé- quent, le décorticage et la nature du solvant influent sur la teneur des huiles extraites des deux variétés de glands.

Pour les deux variétés, la teneur en huile du gland décortiqué est supérieure à celle de son homologue entier. Pour le gland de chêne vert, on estime cette différence à 15,7 % quand l’huile est extraite avec de l’hexane et 16,8 % quand celle-ci est obtenue avec l’éther éthylique. En ce qui concerne le gland de chêne liège, elle est apparemment plus faible. Elle est estimée à 5,9 % quand l’extraction est réalisée avec l’hexane et 6,8 % quand celle-ci est effectuée avec de l’éther éthylique.

L’influence de la nature du solvant sur le rendement de l’extraction à partir de la farine de glands de chêne vert est en apparence très faible. Par contre, elle est plus perceptible dans le cas de l’extraction de l’huile à partir de la farine de glands de chêne liège. L’éther éthylique extrait 22,5 % de plus de matières grasses que l’hexane quand l’extraction est effectuée à partir des farines de glands entiers et 23,5 % à partir des farines de glands décortiqués.

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Tableau 1 Rendement de l’extraction.

Table 1 Extraction yields.

Tableau 2

Résultats de l’extraction de l’huile à partir de la farine de glands de chêne vert.

Table 2

Results of the oil extraction from flour of holm oak acorn.

Variété Échantillon Solvant ρ (%) (1) σ (%) (2) Chêne

vert

F G E H 09,27 0,10

E E 09,42 0,11

F G D H 10,73 0,22

E E 11,00 0,06

Chêne liège

F G E H 05,06 0,06

E E 0 6,20 0,10

F G D H 05,36 0,09

E E 06,62 0,10

(1) Rendement en huile exprimé par rapport à la matière sèche.

(2) Écart type : nombre d’essais ( 20 : CV et 08 :CL).

(1) on dry basis.

(2) Standard deviation: essay number ( 20 : CV and 08 : CL).

Variété Chêne vert

Solvant H EE H EE

Échantillon F G E F G E F G D F G D

ρ (%)*

9,39 9,62 10,92 11,09

9,33 9,44 10,86 11,08

9,39 9,44 10,88 11,04

9,36 9,40 10,95 11,05

9,16 9,29 10,93 10,94

9,23 9,27 10,94 11,01

9,37 9,47 10,45 10,99

9,04 9,45 10,49 10,98

9,19 9,37 10,94 10,93

9,23 9,77 10,89 10,90

9,16 9,41 10,46 10,99

9,36 9,40 10,90 10,95

9,20 9,40 10,40 10,93

9,23 9,29 10,51 10,91

9,35 9,38 10,91 10,98

9,25 9,36 10,92 11,09

9,37 9,47 10,52 10,97

9,38 9,38 10,50 10,94

9,26 9,36 10,80 10,97

9,17 9,41 10,46 11,07

* Rendement en huile exprimé par rapport à la matière sèche on dry basis.

(6)

Tableau 3

ANOVA des résultats de la variété chêne vert.

Table 3

ANOVA of the results of the holm oak variety.

Tableau 4

ANOVA des résultats de la variété chêne liège.

Table 4

ANOVA of the results of the variety oak cork.

Tableau 5

Comparaisons de moyennes prises deux à deux (CMDD).

Table 5

Comparison of averages takes two at two.

Source de variation

Somme des carrés

Degré de liberté

Moyenne

des carrés F

Entre

les groupes SCE = 46,85 t-1 = 3 S2E= 15,62

= 840 À l’intérieur

des groupes SCI = 1,42 N-t = 76 S2I= 18,6.10-3 Total SCT = 48,27 N-1 = 79

Source de variation

Somme des carrés

Degré de liberté

Moyenne

des carrés F

Entre

les groupes SCE = 12,79 t-1 = 3 S2 E= 4,26

= 435 À l’intérieur

des groupes SCI = 0,27 N-t = 28 S2I= 9,8.10-3 Total SCT = 13,06 N-1 = 31

Variété Influence du décorticage CMDD Influence du solvant CMDD Solvant Échantillon tcal.* Échantillon Solvant tcal.* Chêne

vert

H F G E

158,6 F G E H

F G D E E 41,9

E E F G E

612,3 F G D H

F G D E E 32,9

Chêne liège

H F G E

75,8 F G E H

273,1

F G D E E

E E F G E

64,8 F G D H

228,9

F G D E E

*Valeur calculée du test.

* Calculated value of test.

SE2 S2I

SE2 S2I

(7)

3.2 Analyse des huiles extraites

Nous avons regroupé dans le tableau 6 les résultats de l’acidité, du rapport et des substances insaponifiables et dans le tableau 7 ceux des acides gras.

Tableau 6

Acidité, rapport R = et teneur en substances insaponifiables (SI) des huiles extraites.

Table 6

Acidity, report R = and content of unsaponifiable matters of extracted oils.

3.2.1 Acidité

Les acidités des huiles de glands de chêne vert sont relativement faibles. Celles des huiles extraites à partir de la farine de glands décortiqués (1,5 % pour l’huile extraite avec l’hexane et 2,2 % avec l’éther éthylique) sont inférieures à la valeur maximale de l’acidité de l’huile d’olive vierge (3,3 %), dénommée « huile d’olive vierge courante » (COI, 1996). Ce sont donc des huiles propres à la consommation en l’état.

Par contre, les huiles obtenues de glands (entiers et décortiqués) de chêne liège sont très acides (9,4 % et 11,3 %). Elles sont comparables aux huiles d’olive vierges dites

« lampantes » (acidité supérieure à 3,3 %), qui sont des huiles impropres à la consomma- tion en l’état. Ces huiles peuvent être destinées alors à des usages techniques ou aux industries du raffinage en vue de leurs utilisations dans l’alimentation humaine ou animale.

L’acidité des huiles de glands entiers du chêne vert supérieure à celle de son homolo- gue décortiqué est due probablement à la présence d’acides gras libres dans la coque. Par contre, l’inverse est observé pour l’autre variété où l’acidité est alors concentrée principale- ment dans les cotylédons qui fait que probablement ce gland est amer.

L’acidité légèrement supérieure des huiles extraites avec l’éther éthylique est due vrai- semblablement à une forte solubilité des acides gras libres dans ce solvant que dans l’hexane.

3.2.2 Absorbance spécifique

L’étude de l’extinction spécifique autour de 232 nm et 270 nm nous donne aussi une bonne idée de l’état d’oxydation des huiles. Nous remarquons que le rapport R (E232/E270) des huiles extraites de glands (entiers et décortiqués) de chêne vert est supérieur ou égal à 10 et correspond, par conséquent, à des huiles de qualité relativement acceptable. Les hui- les de glands de chêne liège dont le rapport R est inférieur à 10, correspondant à un état d’oxydation très avancé des huiles, sont alors de qualité médiocre.

Variété Échantillon Solvant Acidité

(%) R =

S I (%)

Chêne vert

F G E H 13,5 10,0 1,47

E E 14,1 19,9 1,72

F G D H 11,5 14,5 0,68

E E 12,2 14,2 0,73

Chêne liège

F G E H 19,4 18,3 1,75

E E 19,6 18,0 2,04

F G D H 11,1 13,8 1,64

E E 11,3 13,7 1,83

R E232 E270 ---

=

E232 E270

E232 E270

E232 E270

(8)

Tableau 7 Composition en acides gras des huiles des deux variétés de glands. Table 7 Composition in fatty acids of oils of two varieties of acorns. ÉchantillonSolvant

Composition en acides gras C16:0C16:1C18:0C18:1C18:2C18:3C20:0C20:1C22:0R = EH16,37–4,8362,1612,880,350,250,222,953,1 E E16,28–4,1261,4714,000,670,510,412,543,3 DH14,83–4,4862,0117,000,760,440,48–4,1 E E14,72–4,0363,0816,500,750,420,56–4,2 EH14,11–2,0062,0218,752,380,350,44tr5,1 E E14,15–1,5062,3818,982,360,260,38tr5,3 DH14,40–2,0662,1218,652,070,170,57tr5,0 E E14,10–1,9362,1519,061,880,290,55tr5,1 Huile de glands « quercus branti » (1)16,410,132,0459,5219,890,910,300,42–4,3 Huile de glands « quercus ilex » (2)12,40–_57,0530,50––––7,0 Huile d’olive vierge (3)16,572,812,3063,9712,800,770,420,260,104,2 Huile d’olive et de grignon d’olive (4)7,5-20,00,3-3,50,5-5,055,0-83,03,5-21,0≤ 0,9≤ 0,6≤ 0,4≤ 0,2 (≤ 0,3*)– zadeh (1999b) ; (2) Bainbridge (1986) ; (3) de la même région (donnée non publiée) ; (4) COI (1996) ; * pour l’huile de grignon d’olive. zadeh (1999b) ; (2) Bainbridge (1986) ; (3) from the same region (non published data) ; (4) COI (1996) ; * for oil of olive foot cake.

AGI AGS

(9)

3.2.3 Substances insaponifiables

Les huiles des deux variétés de glands sont apparemment riches en substances insa- ponifiables ; celles de glands de chêne liège présentent la teneur la plus élevée. Elles res- tent néanmoins dans la norme puisque l’on admet que cette teneur varie généralement dans les huiles végétales entre 0,5 et 2 % (KARLESKIND, 1992). Pour l’huile d’olive et de gri- gnon d’olive, cette teneur est, respectivement, inférieure ou égale à 1,5 % et 3 % (COI, 1996). Nous remarquons aussi que ces substances sont contenues principalement dans la coque pour le gland de chêne vert et dans les cotylédons pour le gland de chêne liège. La coque du gland de chêne vert paraît alors plus riche en composés colorés, pigments, …

L’influence de la nature du solvant est très visible surtout dans l’extraction des huiles à partir des farines de glands entiers. Une augmentation de 17 % environ est enregistrée pour les deux variétés qui expliquerait en partie l’amélioration du rendement d’extraction en huile. Cette augmentation peut être attribuée à une forte solubilité des composés polaires, présents surtout dans la coque, dans l’éther éthylique que dans l’hexane.

3.2.4 Acides gras

Pour toutes les huiles extraites, les acides gras majoritaires sont : l’acide oléique (61,47-63,08 %) suivi de l’acide linoléique (12,88-19,06 %) et de l’acide palmitique (14,10-16,37 %). L’acide stéarique se présente dans des proportions relativement faibles (1,50-4,83 %). Les autres acides (linolénique, arachidique et gadoléique) sont présents, par contre, dans de très faibles proportions. Notons que l’acide béhénique, présent à l’état de traces dans toutes les huiles de glands de chêne liège, est très visible dans les huiles de glands entiers de chêne vert mais absent dans leurs homologues décortiqués.

Hormis l’acide palmitoléique qui est absent dans toutes nos huiles, cette composition en acides gras présente de grandes ressemblances avec celles des huiles d’olive et de gri- gnon d’olive.

Comme le montrent les valeurs du rapport R (acides gras insaturés/acides gras satu- rés), l’huile de glands de chêne liège paraît plus riche en acides gras insaturés. Cette insa- turation se retrouve un peu plus dans les huiles de glands entiers pour le chêne liège et beaucoup plus dans les huiles de glands décortiqués pour le chêne vert.

Globalement, cette composition en acides gras présente beaucoup de similitudes avec celle des huiles étudiées par SAFFARZADEH (1999b) dont le taux d’insaturés (R = 4,3) est pro- che de celui de nos huiles obtenues de glands décortiqués de chêne vert. Il faut noter, tou- tefois, l’absence dans toutes nos huiles de l’acide palmitoléique et l’absence de l’acide béhénique dans les huiles étudiées par SAFFARZADEH (1999b). Par contre, cette composition fait ressortir quelques différences avec celle des huiles données par BAINBRIDGE (1986).

Cette dernière, dont il faut noter l’absence de tous les acides gras minoritaires, paraît moins riche en acide palmitique et oléique mais plus riche en acide linoléique. Les différences entre toutes ces compositions proviennent probablement de l’influence de l’origine géogra- phique et de la variété des espèces.

Notons que l’effet de la nature du solvant sur l’insaturation n’est pas très significatif pour toutes les huiles extraites des deux variétés de glands.

4 – CONCLUSION

Le chêne vert apparaît, à travers cette étude, comme l’essence forestière des plus inté- ressantes au niveau de l’huile que ses glands produisent. La détermination de l’acidité et la mesure de l’absorbance à 270 nm et 232 nm ont montré que les huiles extraites, en parti- culier celle extraite des glands décortiqués, sont de bonne qualité. Le gland de chêne vert offrirait, par conséquent, des possibilités d’exploitation intéressantes dans l’alimentation humaine et animale.

Le gland de chêne liège présente par contre un rendement en huile relativement plus faible avec une acidité élevée, marquée beaucoup plus pour l’échantillon décortiqué. Il

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reste que cette huile est plus riche en matières insaponifiables, contenues essentiellement dans les cotylédons, et en acides gras insaturés.

L’effet de la nature du solvant a été observé beaucoup plus sur le rendement d’extrac- tion de l’huile à partir des farines de glands de chêne liège et sur la teneur en matières insa- ponifiables des huiles extraites à partir des farines de glands entiers des deux variétés.

Les huiles des deux variétés étant apparemment riches en substances insaponifiables, il serait intéressant de poursuivre cette étude en effectuant le fractionnement de l’insaponi- fiable des huiles obtenues et d’analyser ensuite ses différentes fractions.

5 – NOMENCLATURE

ANOVA : analyse de variance.

AFNOR : Association Française de NORmalisation.

CV : chêne vert.

CL : chêne liège.

CMDD : comparaison de moyennes prises deux à deux.

EE : éther éthylique.

FGE : farine de glands entiers.

FGD : farine de glands décortiqués.

H : hexane.

HGCV : huile de glands du chêne vert.

HGCL : huile de glands du chêne liège.

SI : substances insaponifiables (%).

tcal. : valeur calculée du test de comparaison de moyennes prises deux à deux.

ρ : rendement de l’extraction (%).

σ : écart type (%).

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

BAINBRIDGE, D.A., 1985a. Acorns as Food, Oak Bibliography. Sierra Nature Prints, Twain Harte, CA. 23 p.

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