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Géographie Économie Société: Article pp.387-408 of Vol.17 n°4 (2015)

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géographie économie société géographie économie société

Géographie, Économie, Société 17 (2015) 387-408

Entreprises agricoles et globalisation des espaces ruraux.

Éclairages à partir de l’Argentine, du Brésil et de l’Uruguay

1

Martine Guibert

a*

, Ève Anne Bühler

b

et Denis Requier-Desjardins

c

a Université de Toulouse – Jean Jaurès (UT2J), LISST - Dynamiques rurales

b Géographe, Université Fédérale de Rio de Janeiro - Brésil

c Institut d’Études Politiques de Toulouse / LEREPS - Université de Toulouse Capitole

Résumé

À la recherche de ressources situées telles que le foncier, les entreprises agricoles développent, dans les régions rurales déjà consolidées et dans des espaces à la marge en cours d’intégration aux processus actuels, des formes d’organisation de la production tendues vers l’intensifi cation et la spécialisation. Les différents types d’entreprises rencontrés en Argentine, au Brésil et en Uruguay sont des objets privilégiés d’observation de la globalisation de l’agriculture et des espaces ruraux.

Mots clés : agriculture d’entreprise, espaces ruraux, grandes cultures, globalisation, Argentine,

Brésil, Uruguay. © 2015 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés

Summary

Business agriculture and globalization of rural spaces: Argentina, Brazil and Uruguay lightings.

Looking for place-related resources such as land, agricultural fi rms set up in either central or peripheral, as far as new processes are concerned, rural areas new forms of work organization, in

1 Les auteurs remercient les évaluateurs pour leurs critiques et suggestions.

doi :10.3166/ges.17. 387-408 © 2015 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

*Auteur correspondant : guibert@univ-tlse2.fr

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order to achieve intensification and specialization. The various types of firms studied in Argentina, Brazil and Uruguay provide a unique point of observation of the globalization of agriculture and of rural spaces.

Keywords: Business agriculture, rural spaces, grains, globalization, Argentina, Brazil, Uruguay.

© 2015 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés

Introduction

Les entreprises agricoles participent à la globalisation via, entre autres, des débou- chés portés par une demande croissante à l’export de « cultures flexibles » (flex crops), valorisées en fonction de leurs prix relatifs sur les marchés alimentaire, fourrager, énergétique ou industriel, et via la présence croissante de capitaux mobilisés sur les marchés financiers internationaux. Elles connaissent une accélération de la standardisa- tion et de l’intensification des processus productifs, inhérente à l’organisation actuelle des chaînes agroalimentaires globalisées (Rastoin et Ghersi, 2010 ; Mc Michael, 2009 ; Gereffi et al., 2005). Cette connexion entre les formes d’accumulation du capital et les secteurs agricole et agroalimentaire se traduit par l’attractivité d’espaces dont les ressources locales (terre, climat, infrastructures, savoir-faire, etc.) sont requalifiées et intégrées dans des circuits élargis. Tandis que ces entreprises agricoles participent de la « globalisation » des espaces ruraux, ces derniers orientent leur « localisation » du fait de leurs contraintes et de leurs spécificités. Elles bouleversent les milieux locaux car leurs activités font de plus en plus appel à des liens étroits entre rural et urbain, à un jeu constant d’échelles entre local et global, et à la diffusion de normes, notamment.

Bonanno et al. (1999) défendent ainsi l’idée d’une différenciation accrue des espaces ruraux sous l’effet du processus de globalisation. Ils associent en particulier l’entrée des filières de commodities dans le fordisme à la construction de spécialisations locales, provoquant l’intégration de certains espaces ruraux dans de nouvelles centralités, alors que d’autres sont marginalisés.

L’Argentine, le Brésil et l’Uruguay retiennent ici notre attention du fait de l’évolution concomitante de leurs différentes formes d’agriculture et de la présence d’un large spectre d’agricultures d’entreprises diversifiées, mais souvent semblables d’un pays à l’autre. En effet, et alors qu’ils sont connus pour leur rôle sur le marché mondial aussi bien des grains que des viandes ou des fruits, ces trois pays poursuivent la restructuration de leur agriculture engagée depuis les années 1980. La croissance du secteur agricole, basée sur les marges de gains de productivité et sur la disponibilité de foncier, participe fortement aux économies nationales. Selon la Banque mondiale, au début des années 2010, il fournit au Brésil de 5 à 6 % du PIB, en Argentine de 10 à 11 %, en Uruguay de 8 à 9 %. En ajoutant les productions agro-industrielles et agro-alimentaires, en 2011, ces valeurs sont de 21 à 26 % au Brésil (CEPEA), de 16,4 % en 2008 en Argentine (MinAgri) et de 17 % en 2008 en Uruguay (Ministère de l’industrie, énergie et mines). Les produits agricoles et alimentaires sont aussi des pièces maîtresses de l’équilibre commercial et de la conquête des marchés internatio- naux, constituant la première source de devises. Actuellement, ils représentent, en valeur, plus de 70 % des exportations totales uruguayennes (MGAP), plus de la moitié de celles de l’Argentine (MinAgri) et environ 40 % de celles du Brésil (CONAB, 2013). Ils témoignent

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de surcroît d’une « re-primarisation » des économies nationales. Au Brésil par exemple, la participation des produits manufacturés dans les exportations recule entre 2000 et 2010, alors que celle des produits bruts passe de 20 % à 46 % de la valeur exportée (Carvalho et Carvalho, 2011 ; Cunha et al., 2011 ; Funcex, 2013).

Le boom des commodities est le fait de producteurs dont les pratiques changent mais aussi d’acteurs récemment intéressés par l’activité agricole, ce qui la bouleverse ainsi que les espaces ruraux. Les agricultures d’entreprise constituent à ce titre un objet privilégié pour observer les modalités d’expression de la globalisation dans les espaces ruraux, en particulier marginaux car elles en sont à la fois des produits et des vecteurs. Nous nous attachons dans cet article à expliciter leur consolidation en Argentine, au Brésil et en Uruguay. Nous précisons tout d’abord la méthode de collecte de données (partie I).

Nous caractérisons ensuite les types d’entreprises selon leur diversité organisationnelle (partie II). Nous appréhendons enfin les évolutions des espaces locaux sud-américains et l’insertion de leurs marges, mises au défi de dynamiques et de logiques de production qui relèvent de la globalisation (partie III).

1. Une approche qualitative

Les observations in situ2 effectuées entre 2011 et 2014, ont été l’occasion de réunir des données secondaires de type professionnel, institutionnel et journalistique, de prendre connaissance des publications des partenaires universitaires et de travailler avec eux lors de séminaires. De plus, des entretiens ont été réalisés auprès d’entreprises agricoles et d’acteurs liés à elles (prestataires de services, agro-fournisseurs, financeurs, agro-indus- tries) : une dizaine au nord de la province de Santa Fe (zone de transition Pampa-Chaco) et dans la province de Buenos Aires (Pampa humide et Pampa semi-aride), une vingtaine dans celle d’Entre Ríos (Pampa ondulée et céréalière), une dizaine dans l’Ouest de l’Uru- guay (région vouée jusqu’alors à l’élevage et à la céréaliculture), une vingtaine dans la région nouvellement mise en culture dite Mapitoba (située à l’intersection des États du Maranhão, Piauí, Tocantins et Bahia) et une vingtaine également dans le Centre-Ouest (Etats du Mato Grosso et du Mato Grosso do Sul). Tous ces espaces ont en commun l’avancée rapide de productions (soja en tête) qui reconfigurent la conduite des assole- ments.

Les thèmes abordés dans les entretiens ont été préalablement définis à partir d’une revue de la littérature et d’expériences précédentes de terrain. Ils ont permis de conso- lider une batterie d’indicateurs. Élaborés au sein de l’ANR Agrifirme, ils contribuent à la caractérisation des agricultures d’entreprise et de leur diversité dans des aires géogra- phiques différentes. Ils font référence à la spatialisation des entreprises (foncier, stratégies

2 Les travaux de terrain ont été menés dans le cadre de l’ANR Agrifirme « Caractérisation des formes d’orga- nisations sociales et économiques associées à l’agriculture de «firme» » (2011-2013), de l’expertise « Changement productifs et organisationnels dans le secteur agricole de la province d’Entre Ríos : acteurs et processus de concen- tration productive » réalisée en 2012 pour le Centre Régional de l’INTA d’Entre Ríos (Argentine), du programme Ecos-Argentine «Transformations des systèmes d’innovation agricole et essor des opérateurs privés de recherche et développement. Regards croisés Argentine-France » (2011-2014) et du programme CAPES-COFECUB « Capital financier, appropriation de terres et production agricole moderne » (2014-2016).

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de localisation et liens aux lieux), à l’organisation du travail, aux modalités de gestion, au capital engagé, ou encore à la dynamique des innovations ou aux implications locales des activités et de leur évolution. Les produits, leurs marchés et les modalités de commercia- lisation ont également été pris en compte.

L’analyse des entretiens a été menée de manière qualitative, en extrayant pour chaque indicateur les facteurs de ressemblance et de différenciation entre les acteurs. Ces élé- ments ont été ensuite combinés en fonction de leurs associations dominantes dans les exploitations rencontrées, pour aboutir à la mise au point d’une typologie d’entreprises représentative des régions étudiées dans les trois pays. Ce sont des processus similaires d’intensification et de standardisation de la production, et d’imbrication avec d’autres secteurs (financiers, agro-industriels), qui se retrouvent dans l’évolution des agricultures d’entreprise des trois pays. En même temps, la présence de chaque type et leur expression locale divergent sensiblement en raison de cadres nationaux, de cultures professionnelles et de conditions de production locales différents.

Il est à préciser que les dimensions environnementales du développement des agricul- tures d’entreprise n’ont pas été étudiées, pas plus que les situations conflictuelles liées à la dépossession foncière ou l’appropriation de nouvelles terres.

2. Argentine, Brésil et Uruguay : des agricultures en pleine transformation

Combinant incorporation d’innovations, sélection des exploitations et processus d’ex- pansion spatiale, les agricultures d’Argentine, du Brésil et de l’Uruguay vivent une phase accélérée de mutations.

2.1. Innovations et effets sélectifs

Après de multiples crises, les années 1980 et, surtout, 1990 marquent le début d’une nouvelle phase d’intensification agricole (Barsky et Gelman, 2009 ; Reca et al., 2010).

L’ouverture commerciale, dans le cadre de politiques de stabilité monétaire, de libéra- lisation et d’intégration régionale (Mercosur), a favorisé les cultures d’exportation et l’acquisition d’intrants importés (Fernández, 2012 ; Bisang, 2003). Dans ce contexte, les innovations touchant aux itinéraires techniques accentuent encore les liens avec l’inter- national et sont, à l’échelle nationale, des vecteurs importants de la transformation des exploitations agricoles. L’adaptation locale d’innovations sur les variétés, les produits ou les procédés a renouvelé les conditions de production des grains, à commencer par la généralisation des plantes génétiquement modifiées, qui va de pair avec l’adoption croissante du semis direct et le recours accru à des machines puissantes, à la pulvérisation aérienne et aux techniques de précision (GPS, etc.).

Le soja génétiquement modifié est autorisé en Argentine à partir de la campagne 1996/97 (Rodríguez, 2010), au Brésil à partir de 2002-2003. Il est au cœur, avec les géné- rations ultérieures de semences obtenues par transgenèse ou mutagenèse et mises au point par des obtenteurs végétaux nationaux ou d’envergure mondiale, de successions cultu- rales avec du maïs dans les deux pays, du coton au Brésil, du blé, du tournesol ou du colza en Argentine. Dans la Pampa humide argentine, le soja peut être obtenu en double culture avec, selon les conditions édaphiques, du blé, du maïs ou du soja (soja de segunda). Il se

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substitue aux prairies et est devenu un concurrent redoutable de l’élevage bovin, relégué dans les terres les moins aptes ou davantage pratiqué en aires confinées. Dans les espaces du Centre-Ouest et dans le Mapitoba au Brésil, la diffusion de soja de cycle court permet également de semer, en seconde récolte, du coton ou du maïs (safrinha).

Plébiscitées par les acteurs privés de l’agro-négoce, la recherche publique et les entreprises agricoles, ces innovations contribuent à améliorer les efficacités tech- niques – simplification des tâches culturales, diminution des passages dans les champs – et économiques des exploitations – normalisation du travail, parcelles agrandies ou regroupées. Elles sous-tendent aussi des modifications importantes dans l’organisation des entreprises agricoles, motivant l’homogénéisation des itinéraires techniques et la mise en retrait des savoirs locaux. La division et la délégation du travail s’en trouvent facilitées, de même que la formalisation des opérations comptables. Les ingénieurs agronomes sont sollicités, ce qui transforme leur métier (Grosso, 2011). Ils sont embau- chés directement par les grands producteurs et par les acteurs associés dans la gestion de plusieurs exploitations, parfois dans des régions différentes, pour suivre les projets culturaux planifiés et suivis grâce aux moyens informatisés et à la constitution de bases de données agronomiques.

Dès lors, la sélection s’opère : les producteurs qui peuvent réunir ressources, informa- tions et savoir-faire animent l’expansion spatiale des grandes cultures. Les autres peinent, abandonnent ou mettent leur exploitation en location. En Argentine, entre les deux recen- sements de 1998 et 2002 (INDEC), le nombre d’exploitations est passé de 378 000 à 298 000 environ. Les cinq provinces pampéennes (Buenos Aires, Santa Fe, Córdoba, Pampa et Entre Ríos) en auraient perdu 50 000 (de 184 000 à 134 000). Les exploitations de moins de 500 hectares ont ainsi beaucoup diminué et celles de 1 000 hectares et plus ont, pour leur part, augmenté. Alors que la post-convertibilité (fin de la parité fixe peso- dollar et dévaluation en janvier 2002) a modifié la donne macro-économique, beaucoup de petits et moyens propriétaires, par manque de capital et de taille critique, louent leurs terres ou les confient à une entreprise de travaux agricoles (contratista).

Cette concentration de la production dans les mains de peu d’acteurs, du fait du phé- nomène courant en Argentine de la location des exploitations, ou de parcelles, par des acteurs à la recherche d’une meilleure échelle de production, complète la concentration foncière. Elle a pour conséquence de maintenir la propriété de la terre entre les mains de producteurs qui ne le sont plus le temps de la location, et qui, en fin de contrat, cherchent à nouveau à louer leur bien foncier ou, parfois, reviennent à l’activité agricole. Côté Brésil, si le nombre d’exploitations augmente (politiques de soutien aux petits producteurs), la production reste en revanche très concentrée : en 2006, 8 % des établissements ont obtenu 84 % de la valeur brute de production, et dans ce groupe, 0,4 % a fourni 51 % de la valeur totale (Alves et Rocha, 2010). La concentration foncière a, là aussi, pour corollaire la concentration de la production entre un nombre réduit d’acteurs, témoignant du poids des exploitations les plus grandes, dans ce cas propriétaires en grande partie des terres travaillées. Il y a donc ici une différence majeure entre les deux pays : en Argentine, la tendance historique à la sous-traitance des travaux agricoles et la location de terres par des entreprises à la recherche de foncier se sont exacerbées ; au Brésil, l’acquisition du foncier et la possession des machines restent la norme.

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2.2. Gains de productivité et hausse de la production

Sur la période 1975-2002, Uruguay, Argentine et Brésil ont enregistré les plus forts gains de productivité agricole du sous-continent sud-américain (Barros, 2010). Cet aspect expliquerait 70 % de l’augmentation de la production brésilienne entre les deux derniers recensements (1996-2006), tous produits confondus (Bastos et al., 2010), le restant étant attribuable à l’extension des superficies exploitées (Sauer et Leite, 2012). Au Brésil, les superficies en cultures annuelles (et horticulture) sont ainsi passées de 34 à 84 Mha entre 1996 et 2006, soit un quart des 330 Mha agricoles totaux (IBGE, 1996 et 2012) (Tableau 1). En Argentine, la hausse des superficies est le facteur majeur d’accroissement de la production : après avoir stagné entre les années 1960 et le début des années 1990 aux alentours de 22 Mha, la superficie en céréales et oléo-protéagineux (Aizen et al., 2009) atteint en 2013-2014 environ 40 Mha (sur 177 Mha au total, élevage et autres productions inclus) (Tableau 2). En Argentine, le soja passe de 37 000 hectares en 1970-1971 à 6 mil- lions en 1995-1996, plus de 12 en 2002-2003 et près de 20 en 2013-2014 (MinAgri), soit près de la moitié de la superficie agricole cultivée du pays. Les 100 millions de tonnes de grains sont dépassées (soit le double qu’il y a une décennie). Ces tendances gagnent peu à peu les pays voisins, à commencer par l’Uruguay.

Tableau 1 : Évolution des principales grandes cultures au Brésil entre 1990 et 2011 Superficie récoltée (ha) Production (t)

1990 2000 2011 1990 2000 2011

Soja 11 487 000 13 657 000 23 968 663 19 898 000 32 820 000 74 815 000 Maïs 11 309 430 11 890 000 13 219 000 21 348 000 32 321 000 55 660 000 Coton 1 394 000 801 600 1 405 000 1 783 000 2 007 000 5 071 000 Canne

à sucre 4 272 000 4 804 000 9 601 000 262 674 000 326 121 000 734 006 000 Rendement

1990 2000 2011

Coton (kg/ha) 1 281 2 503 3 608

Riz (kg/ha) 1 880 3 038 4 895

Canne à sucre (t/ha) 61 67 76

Maïs (kg/ha) 1 873 2 718 4 210

Soja (kg/ha) 1 732 2 403 3 121

Source : Institut national de statistiques du Brésil (IBGE)

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Tableau 2 : Évolution des principales grandes cultures en Argentine (Campagnes 1990/91, 1996/97, 2002/03 et 2012/13)

Superficie récoltée (ha)

1990/91 1996/97 2002/03 2012/13

(superfície semée)

Soja 4 774 500 6 393 780 12 420 000 20 010 572

Blé 5 797 500 7 099 510 6 050 210 3 160 138

Maïs 1 900 100 3 410 385 2 322 857 6 111 378

Tournesol 2 301 150 3 007 470 2 324 510 1 657 071

Production (t)

1990/91 1996/97 2002/03 2012/13

Soja 10 862 000 11 004 890 34 818 550 49 306 201

Blé 10 992 400 15 913 600 12 301 442 8 197 855

Maïs 7 684 800 15 536 820 15 044 530 32 119 211

Tournesol 4 033 400 5 450 000 3 714 000 3 104 420

Rendement (Kg/ha)

1990/91 1996/97 2002/03 2012/13

Soja 2 275 1 721 2 803 2 539

Blé 1 896 2 241 2 033 2 715

Maïs 4 044 4 555 6 477 6 604

Tournesol 1 752 1 812 1 598 1 916

Source : Ministère de l’agriculture d’Argentine (MinAgri-SIIA) Campagne agricole et contexte macro-économique : 1990/91 = parité fixe peso/dollar ; 1996/97 = introduction du soja génétiquement modifié ; 2002/03 = post-parité et dévaluation du peso.

Ces résultats productifs achoppent cependant sur des facteurs limitants. Les intrants sont en grande partie importés, ce qui renchérit les coûts de production. Dans ces espaces agricoles éloignés des terminaux portuaires ou des unités agro-industrielles, les infras- tructures de transport, précaires ou difficiles à entretenir, constituent des goulots d’étran- glement. Les coûts de fret, élevés (routes en mauvais état), se reportent sur le producteur, le transport en camion étant peu relayé par le chemin de fer, quasi inexistant, et le trans- port fluvial, marginal. Quant au stockage, les silos existants ne peuvent absorber la hausse des volumes récoltés et restent concentrés chez les acteurs en aval de la production.

Dans le Centre-Ouest brésilien, des aides du gouvernement ont permis aux producteurs de s’équiper mais les installations restent insuffisantes (CONAB, 2015). En Argentine, l’innovation a consisté, au début des années 2000, à développer le silobolsa, boudin en polyéthylène dans lequel le grain est insufflé et stocké sur la parcelle ou à la ferme. Ce procédé s’est développé en Uruguay.

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2.3. Une rapide expansion spatiale

Du fait de ces dynamiques, les espaces agricoles présentent des plasticités exacer- bées : alors que les régions consolidées et tournées vers l’agriculture et l’élevage (Pampa argentine, Ouest uruguayen, Mato Grosso do Sul ou extrême sud brésilien) sont en pleine intensification, le centre de gravité des cultures les plus prisées se déplace de ces espaces de production traditionnels vers leurs marges (Cerrados brésiliens, Amazonie, Nord- Ouest argentin). Les grandes cultures (soja particulièrement) remplacent des productions régionales ou les écosystèmes naturels, ce qui crée localement de vives tensions sociales et environnementales. Les troupeaux bovins sont repoussés vers les périphéries (Centre- ouest brésilien, Chaco argentin ou paraguayen) ou confinés dans des parcs d’engraisse- ment. En fait, l’élevage subit le boom agricole mais l’intensification le gagne aussi, avec une plus forte charge animale à l’hectare et une conduite des troupeaux rationalisée.

Les transformations brésiliennes et argentines sont par ailleurs influentes à une échelle régionale. Au-delà du Paraguay et de la Bolivie, où des Brésiliens ont depuis plusieurs décennies développé l’élevage et la culture du soja, l’Uruguay est devenu à son tour producteur de soja du fait de l’arrivée d’entreprises argentines qui ont intro- duit les modèles technico-économiques actuellement utilisés (Arbeletche et Gutierrez, 2010). Sa superficie agricole a doublé entre 2004/05 et 2011/12, pour atteindre 1,8 mil- lion d’hectares. Le soja avec 870 000 ha, le maïs (128 000 ha) et le blé (593 000 ha) ont vu leur emblavement tripler en quelques années (MGAP). Leur plus forte emprise, au détriment de l’élevage, est accompagnée par le boom des plantations d’eucalyptus, liées à des capitaux chiliens entre autres.

Brésil, Argentine et Uruguay voient ainsi leurs espaces agricoles s’étendre sur des biomes naturels ou des pâturages considérés comme dégradés, et devenir plus intensifs et

« spécialisés » du fait de successions culturales qui privilégient des spéculations agricoles prisées par le marché (soja, maïs, coton principalement). Dans des contextes relativement peu contraignants sur un plan environnemental (le code forestier brésilien restreignant les coupes mais sans être vraiment coercitif, la législation argentine étant du même ordre), ces trois pays réunissent deux des facteurs identifiés par Deininger et Byerlee (2012) comme favorables au développement des grandes exploitations mécanisées : d’une part, les importants besoins en capital pour intensifier l’usage du sol, souvent associés à la dis- ponibilité limitée de travail dans les espaces de faible densité de population ; de l’autre, les innovations techniques permettant de s’en passer et d’accroître l’échelle de produc- tion. Le troisième facteur, la demande des consommateurs pour la traçabilité et les stan- dards de qualité, est en cours (traçabilité GM, standards environnementaux par exemple).

Les entreprises agricoles sont actrices de l’incorporation de ces nouvelles superficies et de l’intensification des modes productifs. Elles le font selon des modalités qui les différencient en fonction de leur nature, de leur organisation et de leur place dans la chaîne de valeur.

3. Réorganisation des entreprises agricoles et des espaces productifs

Tandis que les agricultures qualifiées de familiales prédominent toujours en nombre, les modes d’organisation de type entrepreneurial gagnent du terrain et contribuent, à leur tour, à la globalisation des milieux productifs.

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3.1. Des entreprises moins familiales

Si la plupart des exploitations sont dites « familiales », leur diversité est grande et certains membres des familles multiplient les sources de revenus (Schneider et al., 2009). En grandes cultures, une partie des entreprises familiales glisse vers le salariat agricole tandis que le chef de famille assure la transition vers des formes plus entre- preneuriales de gestion. Très souvent, une société est créée, qui permet de distinguer la gestion en soi de l’exploitation agricole et celle du patrimoine familial. Par ailleurs, le chef d’exploitation maîtrise les technologies d’information, les instruments commer- ciaux et boursiers de couverture du risque (marchés à terme, contrats d’options, etc.) que les pouvoirs publics et les entités professionnelles ont multipliés. Tout comme les acteurs du conseil agricole et de l’agro-industrie, il appréhende le métier de manière plus professionnalisée, la gestion comptable généralisée de l’activité allant de pair avec l’adoption d’innovations biotechnologiques et techniques que des formations en agronomie ou des journées de mise en commun d’expériences avec d’autres produc- teurs, permettent de mieux saisir. En parallèle, la recherche de capitaux externes permet l’achat de machines, ce qui conduit à se lancer dans la prestation de travaux agricoles auprès d’autres agriculteurs ou à capter des ressources foncières, soit par acquisition (règle au Brésil) soit par location (fréquent en Argentine et en Uruguay). Dans les trois pays, ces entreprises agricoles d’essence familiale mobilisent donc des volumes conséquents de ressources et gèrent leur outil en fonction d’opportunités d’affaires et d’objectifs productifs et financiers. Clientes de l’agrofourniture et livrant leur produc- tion aux acteurs en aval, elles sont classiquement intégrées aux chaînes de valeur et ont peu de marge de manœuvre.

En prise directe avec les prix internationaux et leurs fluctuations, davantage méca- nisées, plus spécialisées et plus flexibles, les exploitations familiales s’orientent donc vers des modes d’organisation plus entrepreneuriaux (Navarro, 2010 ; Graziano da Silva, 2001). Les identités professionnelles, des acteurs de la production agricole aux maillons des complexes agro-alimentaires, évoluent au gré de l’hybridation entre formes clas- siques d’intégration verticale et diversification des activités, (Muzlera y Salomón, 2013 ; Gras et Hernández, 2013 ; Errea et al., 2011 ; Cloquell, 2007 ; Anlló et al., 2013).

Les débats sont engagés pour légitimer, d’une part, les contributions respectives de l’agriculture familiale et de l’agriculture liée à l’agrobusiness aux productions natio- nales et, d’autre part, leur rôle dans les espaces ruraux (Veiga, 1995 ; Abramovay, 1998 ; Fernandes et al., 2008 ; Manzanal et al., 2010 ; Ameghino, 2007 ; Sabourin et al., 2014).

De fait, un constat s’impose : les agricultures d’entreprise, vues comme intégrant de facto l’agrobusiness, sont souvent pensées en opposition à l’agriculture familiale mais peu envisagées en termes d’hybridation, qui pourtant est de plus en plus effective.

3.2. Une typologie d’entreprises

En fonction des observations de terrain réalisées entre 2011 et 2013, des différences ont été identifiées dans les formes d’organisation entrepreneuriale de la production agri- cole. Quatre grands types émergent, le premier servant de référence. Ils ne sont pas tous obligatoirement présents sous leur forme la plus pure dans les trois pays étudiés, leur

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existence et leur poids dépendant des contrastes existant en termes de caractéristiques nationales (macro-économie, dispositifs juridiques et règlementaires) ou de spécificités des modes de production.

3.2.1. Type 1 (référent) : l’entreprise agricole intégrée à la chaîne de valeur (dans les trois pays)

Cette forme « classique » correspond à l’exploitation capitalisée, familiale ou pas : l’entreprise évolue en développant l’outil de production (innovations biotechnologiques et infrastructures), en optimisant la productivité des facteurs de production et en augmen- tant l’assise foncière (achat, location temporaire). Elle cède les récoltes à l’agro-industrie ou peut se lancer dans la transformation sur place. Les coûts fixes sont majoritaires du fait d’investissements en matériel, en foncier, etc. La logique entrepreneuriale est donc à la fois cumulative et patrimoniale (accumulation de capital et de biens, et développement de l’activité). Cette exploitation familiale, capitalisée, intégrée au marché et à la chaîne de valeur présente un ancrage territorial important en termes de retombées économiques (emploi directs et indirects, vente de la production, réinvestissement des revenus) et de vie locale en général.

3.2.2. Type 2 : la grande propriété organisée en société et en processus d’intensifica- tion (dans les trois pays)

La grande propriété vit une modernisation rapide. La gestion, au départ patrimoniale et familiale (famille élargie), de l’estancia ou fazenda glisse vers une organisation plus entrepreneuriale (société dirigée par un membre de la famille), avec une plus forte renta- bilité des actifs (augmentation de la charge animale, mise en culture avec des techniques de pointe, contrôle des coûts, optimisation des moments de vente, transformation sur place) et des coûts fixes importants. L’emploi de personnel qualifié et le recours accru au conseil technique, voire à la sous-traitance, deviennent la norme. Le grand propriétaire peut, en s’associant avec un partenaire financier, accéder à davantage de capital et de foncier, momentanément afin d’optimiser certains investissements, ou définitivement en augmentant la taille de son bien. La recherche de foncier s’effectue dans un périmètre local ou régional, maintenant les attaches administratives et fonctionnelles de l’entreprise avec le bourg voisin.

La grande propriété peut également devenir, après achat, un bien dans un portefeuille géré au nom d’actionnaires (lointains) qui entendent dégager dividendes et plus-value.

Il en est de même quand il y a investissement des excédents issus de la production pri- maire dans des unités agro-industrielles (éthanol de maïs, biodiesel de soja, moulin, ali- mentation animale, etc.) pouvant être partagées en sociétés. Finalement, ces entreprises maîtrisent davantage la vente de leurs productions et peuvent s’associer afin de bénéficier d’innovations technologiques.

La logique entrepreneuriale conserve une dimension patrimoniale forte. De plus, la grande exploitation qui intensifie et qui s’équipe en unités agro-industrielles demeure impliquée dans la vie économique et sociale locale (emplois, importance socio-écono- mique), tout en ayant des relations denses avec une grande ville proche.

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Un exemple de grande propriété qui intensifie

En Argentine, l’estancia El Potrero, près de Gualeguaychú, dans la province d’Entre Ríos (sur la rive gauche du fleuve Paraná), s’étend en 2012 sur 32 000 hec- tares répartis en 6 000 ha de culture (base maïs, blé et soja), environ 7 000 dédiés à l’élevage bovin, 4 000 de plantations sylvicoles et 15 000 de réserves boisées. Elle a été achetée en 2007 par le groupe Bermejo qui possède trois autres estancias dans la province de Buenos Aires. Ce fait est peu connu par la population locale qui perçoit la grande propriété comme une estancia traditionnelle. Ne voulant pas immobili- ser du capital et afin de bénéficier d’une offre technique actualisée, les nouveaux propriétaires ont choisi d’externaliser les activités en sous-traitant, en 2012, à sept grandes entreprises de services agricoles (contratista), dont cinq d’origine locale. Le responsable du groupe supervise à Buenos Aires les achats d’intrants et de semences, la vente des grains envoyés aux ports d’exportation et celle des animaux qui partent pour l’abattoir et l’export. Il pilote la partie financement (banques, offre des four- nisseurs). À ces deux centres de gestion et de décision s’ajoutent les sites de la pro- duction proprement dite. Des agronomes suivent l’exécution des plans de cultures décidés en haut lieu en collaboration avec chaque exploitation. L’emploi d’intrants est généralisé, mais aussi l’usage du GPS, le suivi des cultures, le contrôle des ren- dements ; la conservation des sols est considérée comme une dimension importante.

Le bétail est confiné pour la phase terminale d’engraissement (les 90 à 100 derniers jours). Selon le responsable de l’estancia, jeune, arrivé depuis peu de Buenos Aires et qui vit sur place, « l’estancia, à moitié abandonnée, a repris vie ». La stratégie à court terme est de moderniser (en aménageant les terrasses selon les courbes de niveau pour lutter contre l’érosion pluviale, ou en s’essayant à l’irrigation), de s’agrandir en achetant des terres et d’ajouter de la valeur aux grains via l’élevage.

Source : entretien, 2012

3.2.3. Type 3 : la société d’investissement (dans les trois pays)

Cette forme entrepreneuriale est liée à l’échelle internationale d’action de groupes constitués autour d’un projet économique et financier qui peut concerner l’agriculture, soit de manière temporaire, soit de manière complémentaire à d’autres types d’inves- tissement. Elle l’est aussi par la nature de ses sociétaires, plus urbains, plus diversifiés.

Des investisseurs réunissent un capital, le placent dans du foncier et dans l’outil de pro- duction, et parient sur une double évolution : l’accroissement des marges issues d’une gestion affinée (contrôle des coûts, optimisation de la vente, hausse de la productivité des facteurs, effets d’échelle) et le dégagement de plus-value dans une opération d’achat- vente après modernisation de l’exploitation (rénovation ou construction d’infrastructures, travail du sol, défrichements, etc.).

L’investissement avant-vente est de moyen terme (cinq années au minimum) et l’orga- nisation pyramidale (salariés qualifiés ; division du travail ; niveau et diversité des com- pétences). La société peut avoir pour partenaire un grand propriétaire, pour bénéficier de ses compétences et de ses réseaux locaux. Les importants volumes de production pèsent

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dans la formation de la valeur ajoutée, le pouvoir de négociation étant conséquent, ré- agrégeant de la valeur vers l’amont des filières. Du fait de l’origine géographique des gérants de la société, mais aussi de la segmentation des fonctions au sein de l’entreprise, l’ancrage local est faible, se limitant à des aspects pratiques. Les fonctions de comman- dement et de représentation sont dissociées des sites de production et se situent dans les centres urbains, nationaux et hors-pays. Surtout, les sites sont spatialement distribués selon les avantages de chaque centre urbain, tantôt liés à des considérations fiscales, tan- tôt à des effets de centralité (institutions financières, partenaires économiques, services spécialisés) ou encore à la proximité avec les marchés. Bien qu’une partie des entreprises regroupe souvent ces fonctions dans la métropole, d’autres dissocient, dans une logique d’optimisation, le siège social, les sites de représentation (proches des places boursières et/ou des actionnaires) et les sites de commandement. La logique entrepreneuriale pré- sente une dimension financière indéniable (rentabilité maximisée du capital investi).

Un exemple de société d’investissement

Au Brésil, Agrifirma Brasil est à la fois une entreprise de production agricole et une agence immobilière enregistrée à Jersey, fondée en 2008 par deux investis- seurs du Royaume Uni déjà rodés aux placements dans les matières premières. Elle acquiert trois exploitations dans l’ouest de l’Etat de Bahia, une entreprise de conseil, RARO, et arrive à attirer à ce moment-là 154 millions de dollars levés sur les marchés financiers (Mackintosh, 2009) ; 24 % provient de RIT Capital Partners PLC, présidé par L. Jacob Rotschild. En 2013, Agrifirma possède 70 000 ha de terres, toutes dans l’ouest de Bahia, dont 16 000 étaient cultivées fin 2011. Engagée dans la production, l’entreprise parie aussi sur la valorisation des actifs (intensification, défrichement).

En 2011, elle signe une joint-venture avec un fond brésilien spécialisé dans le private equity, Brasil Agronegocios FIP, créé par la Banque du Brésil. L’entreprise devient Agrifirma Brasil Agropecuaria, alors que les investisseurs initiaux se regroupent sous le nom de Genagro Ldta, conservant l’activité financière d’Agrifirma Brasil, les bureaux à Londres et l’exploitation d’une des fazendas. Genagro possède 49,95 % des parts d’Agrifirma Brasil Agropecuaria S.A. aux lendemains de l’opération.

Source : données secondaires, 2013.

3.2.4. Type 4 : l’entreprise de production agricole (entreprise-réseau) (qui a essaimé dans la région à partir de l’Argentine)

Sous sa forme la plus aboutie, ce type est présent en Argentine et très peu au Brésil.

Des entreprises s’en rapprochent, dont certaines implantées par des groupes argentins. En Uruguay, elles sont d’origine argentine également.

Ces entreprises, souvent issues du secteur agricole, se distinguent par une organisation en réseau. Elles gèrent, depuis la ville, l’ensemble de leurs activités et les actifs qui leur ont été confiés. Le foncier est très souvent loué et rejoint les autres actifs réunis (capital, sous-traitance des tâches agricoles, conseil technique) afin de générer le moins de coûts fixes possibles. L’entreprise constitue souvent un fidéicommis qui assure juridiquement la valorisation des actifs et elle est liée aux propriétaires de terre par des contrats d’un à trois ans en règle générale. Flexibilité, horizontalité et réseau, coûts variables, sous-traitance,

(13)

moindre personnel, logique de court à moyen terme, pérennité toute relative : tel est le modèle socio-économique de ces consortiums qui gèrent, au nom d’associés d’horizons différents (agricole ou non), actifs et informations agronomiques et commerciales, et dont le fondement est la séparation entre décision et acte productif. Étant donné la division horizontale du travail et l’organisation en réseau des outils de production, ils peuvent être vus comme des nœuds de contrats. Cette agriculture pourrait donc être dite de firme (Baudry et Dubrion, 2009 ; Purseigle et al., 2012 et 2013) ou en réseau (Martinelli, 2008 ; Hermelo et Reca, 2010 ; Bisang et al., 2010 ; Guibert et al., 2011). Elle est présente en Argentine et en Uruguay. Ces pools de siembra peuvent être formés entre des producteurs locaux et des acteurs attirés par l’investissement dans une campagne agricole. Ils sont qualifiés de méga-entreprises de production agricole dans le cas de pools plus importants, constitués en acteurs locaux et globaux, et multi-localisés (dans le pays et en-dehors).

Ce type d’entreprise est emblématique de l’agriculture argentine des années 1990 et 2000, son rôle historique ayant forgé la prédominance de la sous-traitance dans les modes de valorisation du potentiel productif pampéen, et sous-tendant la location actuelle de terres par des acteurs qui ne possèdent pas les machines nécessaires et font appel à des sociétés de travaux agricoles (contratistas). Elle ne se rencontre que depuis peu en Uruguay, du fait de l’arrivée justement de « los argentinos » et reste très peu significative au Brésil, les producteurs possédant une bonne partie de leur matériel. Dans ce pays, la législation ne permet de sous-traiter qu’une partie des tâches agricoles. Elles doivent donc jouer sur les possibilités de location de matériel tout en employant directement la main- d’œuvre, ou ne déléguer que des travaux précis (récolte par exemple).

Un exemple d’association pour la gestion d’actifs agricoles (entreprise-réseau) Le Groupe Los Grobo SA démarre en 1984, lorsque les frères Grobocopatel prennent en charge, l’un, le stockage avec des silos, l’autre, les terres familiales, près du bourg de Carlos Casarès (Province de Buenos Aires), en pleine Pampa du blé.

Au début des années 2010, Los Grobo SA était présent en Argentine, en Uruguay (Filiale ADP – Agronegocios del Plata), au Paraguay (Empresa Tierra Roja) et au Brésil (Grupo Los Grobo Brasil). Il travaillait 255 000 hectares en location (plus les terres possédées par les membres de la famille). Ses installations de stockage, de financement et commercialisation, sont autonomes et interdépendantes : « ce ne sont pas des unités d’affaires indépendants puisqu’ils sont en relation : la production de grains sous-tend la vente d’intrants qui la soutient à son tour et permet de capter de nouveaux clients pour pouvoir alimenter le réseau » (source : entretien, 2013). Côté production, un partenaire local gère pour la zone le réseau d’entreprises associées, et pilote techniciens et agronomes. Côté commercialisation, les gérants de silos, de l’agrofourniture et de la vente des grains sont en lien avec une équipe de marketing et des commerciaux qui se dédient aux très grandes entreprises de production agricole et aux courtiers. La transmission des informations, des ordres et des résultats se fait en temps réel. Le siège du Groupe est à Carlos Casarès, avec en 2013, 120 employés originaires en grande partie de la région. Il reçoit partenaires et visiteurs (délégations étrangères) et organise les formations. Les bureaux à Buenos Aires gèrent les activi- tés de communication, de représentation et d’exportations.

(14)

Réseau de silos dans toute la Pampa et au-delà, réseau d’associés qui apportent chacun une ressource, réseau de salariés qui se répartissent suivi et développement, réseau de clients en amont et en aval de la production primaire : Los Grobo SA présente une organisation horizontale et déploie ses associations au gré des risques, de la conjoncture internationale et des réalités locales. En 2012 et 2013, le groupe s’est défait de ses actifs au Paraguay et au Brésil (il a gardé les silos) et concentre la production primaire en Argentine (environ 60 000 hectares en 2013) et en Uruguay.

Il a acquis en Argentine une deuxième installation meunière (farine de blé) et une usine de produits phytosanitaires, et a construit une fabrique de pâtes alimentaires : l’étape de l’agrégation de valeur se précise.

Source : entretien, 2013 et suivi de l’actualité de l’entreprise.

Le Tableau 3 synthétise les quatre formes identifiées au début des années 2010 en Argentine, au Brésil et en Uruguay, et les différencie selon huit critères. Présentes sur- tout en grandes cultures et parfois dans l’élevage bovin, elles sont des figures de proue du capitalisme agricole dans la région. Elles constituent des réalités qui créent de nouvelles coordinations et régulations, avec davantage de transversalités et de flexibilité entre les activités menées. La gouvernance des filières longues peut se décaler vers l’amont et il y a un raccourcissement de la chaîne de valeur dans les cas des types 3 et 4. Dans la méga- entreprise constituée en réseau, l’organisation horizontale du travail est la règle. Sa com- plexité (variété et variabilité de ses « affaires ») et sa taille (réunion de plusieurs exploita- tions et volumes produits importants) accroissent le pouvoir de négociation avec les autres maillons de la chaîne de valeur (Requier-Desjardins et al., 2014). Le poids de l’information, de l’innovation et des aspects financiers est majeur dans la gestion des risques. Les localisa- tions multiples répondent à des choix spatiaux stratégiques qui définissent une « territoria- lité élective » (Debarbieux, 2008) au gré des lieux sélectionnés (Guibert, 2013).

Tableau 3 : Une typologie possible : quatre formes d’entreprise agricole repérées au début des années 2010 en Argentine, au Brésil et en Uruguay (présence différente selon les pays)

Forme

Dimension

Forme référente L’entreprise agricole intégrée à la chaîne de valeur (les 3 pays)

Forme renouvelée La grande propriété organi- sée en société et qui intensifie (les 3 pays)

Forme renouvelée La société d’inves- tissement

(les 3 pays)

Forme novatrice L’entreprise de production agricole (entre- prise-réseau) (en Argentine) Insérée dans

des filières de commodities

* longues

* coordonnées

* intégrées verticalement

* gouvernées en aval

* longues

* coordonnées

* intégrées verticalement

* en aval

* moins longues

* moins coordon- nées* intégrées vertica- lement

* de l’aval vers l’amont

* « raccourcies »

* moins coordonnées

* intégrées horizontalement (réseau)

* vers l’amont

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Dont la production est

commercialisée

à court terme commercialisée selon les condi- tions du marché, ou transformée agro-industrielle sur place (en société)

Pour

approvisionner l’unité agro-indus- trielle puis est commercialisée selon les conditions du marché

commercialisée selon

les conditions du marché

Dont le

capital est * surtout propre

* immobilisé

* pour financer coûts fixes dominants

* propre et externe

* immobilisé

* coûts fixes dominants

* externe

* immobilisé

* coûts fixes et variables

* externe

* peu immobilisé

* coûts variables- dominants Dont la main-

d’œuvre est * familiale et salariée

* parfois sous- traitance

* division verti- cale du travail

* travail à échelle locale

* salariée et qualifiée

* parfois sous-traitance

* verticale

* échelle locale à régionale, voire nationale

* salariée et qualifiée

* sous-traitance

* verticale

* échelle nationale à internationale

* salariée et qualifiée

* sous-traitance

* horizontale, organisation en réseau

* échelle nationale à internationale Dont la

gestion est * familiale

* formation et conseil

* au nom de la famille (parfois partenaire financier) ou sociétaire

* compétences et conseil

* sociétaire

* compétences et externalisation du conseil

* au nom du consortium (nœud de contrats)

* compétences, délégation et externalisation

* dissociation décision et acte productif Dont la

localisation correspond à

* une seule

exploitation * parfois, plusieurs exploitations (échelle locale à régionale)

* plusieurs exploitations pour accès au foncier et pour gestion des risques (échelle nationale à inter- nationale)

* plusieurs exploitations pour accès au foncier et gestion des risques (échelle nationale à internationale) Dont

l’ancrage spatial est

* local

(exploitation et bourg)

* inscription socio- économique locale

* local à national (exploitation, bourg et ville)

* inscription socio-écono- mique locale

* régional à international (exploitations et villes)

* inscription économique régionale à inter- nationale

* régional à international (exploitations et villes)

* inscription économique régionale à internationale Dont la stra-

tégie est * patrimoniale à

entrepreneuriale * patrimoniale et

entrepreneuriale * entrepreneuriale et financière (mode d’organisation industriel).

* entrepreneu- riale et financière (mode d’organisa- tion industriel).

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Dans tous les cas, ces réalités complexes, fondées sur des stratégies d’optimisation des ressources locales, articulées avec celles des acteurs extra-agricoles, interrogent le rap- port à la ressource foncière, au local et à la ruralité. Elles changent le métier même d’agri- culteur, à commencer par son statut d’exploitant et de chef d’entreprise. De même, étant au centre de relations qui lient des acteurs situés dans des espaces urbains et dans des espaces agricoles éloignés entre eux, ces organisations entrepreneuriales, plus horizon- tales, mettent les espaces ruraux au défi de la globalisation.

3.3. Entreprises agricoles, globalisation et espaces ruraux

Les modalités d’insertion des entreprises agricoles et leur participation à l’échelle locale passent par des implications dans des réseaux entretenus avec des acteurs urbains.

Les entreprises sont structurées spatialement entre les différents sites de production (exploitations, parcelles, etc.) plus ou moins éloignés et les villes moyennes proches, qui constituent des nœuds spatiaux : les milieux urbains offrent ainsi un lieu de représentation (siège social), favorisent relations et transactions, et fournissent les principaux services.

Ces villes bénéficient du dynamisme agricole : les salariés ou les sous-traitants y résident, elles hébergent les acteurs de passage, proposent ateliers mécaniques, cabinets de conseil agronomique, centres de formation, agro-fournisseurs, stockage, transformation agro- industrielle (unités parfois situées au croisement de routes), hôtels et services, etc. Ce sont les villes de l’agro-négoce (Elias et Pequeno, 2006), appelées en leur temps et avec les différences liées à chaque époque, « agrovilles » pour l’Uruguay (Collin-Delavaud, 1971), « villes actives » pour l’Argentine (Gaignard, 1979) ou « cidades do campo » (villes de la campagne) pour le Brésil (Santos,1988).

Pour les plus grandes entreprises et les consortiums de gestion d’actifs, les centres décisionnels se situent dans des métropoles, nationales ou internationales, alors que les centres de gestion opérationnelle (trésorerie, approvisionnements, direction des res- sources humaines agricoles, commercialisation) se trouvent dans des villes moyennes à proximité des unités de production (Bühler et Oliveira, 2013). Les entreprises organisent ainsi en réseau des espaces entre lesquels les informations circulent intensément (flux en temps réel grâce aux systèmes informatiques internes), de même que les cadres et les pro- priétaires-investisseurs. La production elle-même est dispersée car les risques productifs sont minimisés par le choix des meilleurs emplacements et par leur diversification sur les plans agro-pédologique et édapho-climatique. La maîtrise croissante de ces facteurs, enfin, termine de consolider des modèles d’organisation qui allient gestion des risques et optimisation des ressources. En parallèle, la présence d’infrastructures pour le stockage et l’écoulement de la production est un aspect crucial dans le développement de grandes cultures dans des espaces comme les Cerrados (Frederico, 2013). En Argentine, l’intro- duction du silobolsa a, sur un autre mode, joué un rôle primordial.

Ainsi, les formes les plus novatrices d’agricultures d’entreprise (types 3 et 4 du tableau 3) se déploient plutôt dans des espaces récemment incorporés, sans être totalement neufs. Les régions plus consolidées sont dynamiques aussi, en témoignent les transforma- tions des grandes propriétés pampéennes par exemple ou des entrepreneurs qui utilisent les cultures récoltées pour la terminaison du bétail (Type 2). Bien entendu, les espaces neufs restent convoités mais moins prisés par les entreprises les plus financiarisées, qui

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nécessitent un ensemble de prestataires de services spécialisés absents de ces fronts agri- coles. Ailleurs, les entreprises créent des réalités productives qui s’entrechoquent avec celles déjà enracinées localement (Chaco argentin ; front agricole du Mapitoba au Brésil).

Enfin, le foncier constitue l’aspect moteur de l’incorporation d’espaces ruraux à la glo- balisation par le truchement de ces entreprises qui en évaluent le prix et l’accessibilité, la superficie d’un seul tenant ou presque, et apprécient les possibilités d’intensification (perspective de valeur ajoutée). Ressource « fixe » (Aubert, 2011) dans l’espace et doté de caractéristiques distinctes selon les lieux, le foncier se trouve au cœur de leurs stratégies de localisation : les plus flexibles d’entre elles (Type 4) privilégient l’appropriation temporaire, via la location (en Argentine, en Uruguay), et s’organisent autour du projet productif. Elles peuvent ainsi entrer dans l’activité avec un capital de départ restreint ou consacré à d’autres actifs. Pour d’autres (Types 2 ou 3), l’acquisition foncière fait partie intégrante du modèle économique et est assortie d’une dimension spéculative (Guibert et Bühler, 2013).

Cet engouement crée une grande pression sur les terres (Borras et al., 2012 ; Wilkinson et al., 2012 ; Piñeiro, 2012 ; Murmis et Murmis, 2012). En Uruguay, les prix sont passés de 450 US$/ha en 2000 à près de 3 000 en 2011, toutes terres confondues (MGAP, 2012). Au Brésil, Sauer et Leite (2012) estiment que les années 2000 ont marqué une phase de valori- sation sans précédent des terres destinées aux grandes cultures : leur prix a été multiplié au moins par quatre, passant d’une moyenne de 1 800 reais au début de la décennie à 7 500 à la fin, les plus fortes hausses concernant les États du Centre-Ouest et celui de São Paulo.

Depuis 2014, la conjoncture est moins favorable, moins de terres sont louées en Argentine et en Uruguay.

Les modalités d’appropriation du foncier prennent ainsi des caractéristiques singulières selon les espaces. Les transactions s’établissent à des échelles locales et extra-locales, parfois internationales, stimulées par des offres publicisées dans la presse et sur internet, parfois en plusieurs langues (Document 1 page 408). Des espaces marginaux deviennent ainsi attractifs et projetés dans la globalisation par l’intermédiare des circuits économiques du système agricole et agroalimentaire mondial.

Conclusion

Au même titre que les autres secteurs, l’agriculture s’inscrit dans la globalisation, imbriquant davantage les espaces de production et de consommation, et leurs agents économiques, le tout sur fond de généralisation des logiques du capitalisme financier (dérégulation, dissociation entre économie de production et économie financière). Dans les pays à fort potentiel productif comme l’Argentine, le Brésil et l’Uruguay, les agricul- tures d’entreprise sont sensibles à ces évolutions, du fait de leur entraînement progressif dans des modes de fonctionnement de plus en plus soumis à des influences externes. La pression exercée pour mieux capter et valoriser les ressources nécessaires à la produc- tion, ou pour en intégrer de nouvelles (activation d’espaces nouveaux ou jusqu’alors peu sollicités), participe de l’expansion des grandes cultures, et signe les bouleversements en cours dans les agricultures argentine, brésilienne et uruguayenne. Leur production devrait s’accentuer du fait de la diversification des débouchés, l’industriel et l’énergétique le disputant à l’alimentaire, le tout sur fond de demande mondiale aiguisée, de croissance démographique et urbaine, et de besoins nationaux accrus.

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Concernant les entreprises agricoles, la tentative de typologie réalisée ici livre des enseignements qu’il reste à creuser : entre le type de l’entreprise intégrée au marché et celui de l’entreprise-réseau, l’éventail est ouvert et la perméabilité est grande entre ces différentes formes d’organisation du travail. Du producteur familial capitalisé à l’exploi- tation flexible, les stratégies d’accumulation et de développement de l’activité glissent vers des préoccupations moins patrimoniales, plus financières et « industrielles ». La revendication du terme d’agrobusiness et l’image qui y est attachée par les acteurs et leurs instances représentatives est bien le signe d’un changement de fond dans les identités pro- fessionnelles: le chef d’exploitation ou du consortium d’investisseurs en agriculture se dit entrepreneur, c’est-à-dire professionnel, rationnel, moderne et connecté au monde.

Outre la reformulation des stratégies pour capter et optimiser les ressources situées, la glo- balisation se traduit dans la spatialisation des entreprises agricoles : elles sont multi-localisées et s’inscrivent entre milieux urbains et ruraux, à différentes échelles. Sous l’influence combi- née de facteurs d’homogénéisation liés à leur insertion croissante dans des flux internationaux et de facteurs de différenciation dus aux caractéristiques nationales, les dynamiques agricoles associées à la globalisation interrogent donc en miroir celles des espaces ruraux.

Les modes de fonctionnement des entreprises agricoles étudiées participent, de plus, à une intensification des relations entre les espaces locaux et des lieux lointains : bourses de valeur, paradis fiscaux, métropoles. Ces liens se tissent grâce aux acteurs impliqués dans l’entreprise et à ceux situés en amont et en aval de la chaîne de valeur. Les entre- prises mobilisent les lieux au gré des avantages qu’ils offrent à chacun de ses métiers. Ils forment un système de lieux non emboîtés dans le jeu hiérarchique des échelles adminis- tratives (Amin, 2002). Ces modalités modifient l’appréhension du lieu : « Les localités et les pratiques locales peuvent constituer des systèmes à échelles multiples, opérant sur plusieurs échelles à la fois et non sur la seule verticale, grâce aux possibilités nou- velles des communications » Sassen (2009 : 49). La dispersion géographique des unités de production et des activités des entreprises agricoles, associée à ce repositionnement des lieux, est bien une marque de la globalisation ; elle a pour corollaire la concentration des fonctions centrales (commandement, coordination) dans les métropoles.

Aux côtés de la requalification ou de l’activation des ressources locales, l’insertion des espaces ruraux dans des réseaux élargis contribue également à complexifier leur nature et leur fonctionnement (Murdoch, 2006). Ces réseaux productifs et sociaux, mâtinés d’influence externe, deviennent des aspects fondamentaux de la gouvernance locale et sont des leviers d’un développement rural très particulier et sectoriel. Ils amènent aussi à repenser des indicateurs classiques des inégalités économiques et de la concentration des ressources dans les espaces ruraux : comment mesurer en effet la distribution du foncier lorsque les propriétaires ou les exploitations formelles n’en contrôlent plus nécessaire- ment l’utilisation, ou lorsque se multiplient les relations contractuelles sur son usufruit ? Multi-scalaires (Offner et Pumain, 1996), les réseaux offrent donc de nouvelles interfaces pour penser la régulation et le développement de ces espaces (Marsden et al., 1993), mais supposent aussi l’élaboration de nouveaux outils pour évaluer les inégalités et les rela- tions de pouvoir. Ils rendent moins opérationnels les raisonnements en des termes endo- gène ou exogène, et moins probante toute tentative de contrôle des flux qui traversent et transforment les espaces. Dans le même temps, ils produisent des effets bien réels dans les espaces ruraux et interfèrent avec les processus démocratiques et participatifs habituels.

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