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Le rôle de l'émotion dans la formation de souvenirs d'événements futurs

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Master

Reference

Le rôle de l'émotion dans la formation de souvenirs d'événements futurs

MIKNEVICIUTE, Greta

Abstract

Dans la dernière décennie la pensée épisodique future, domaine relativement peu étudié auparavant, a pris son essor dans la littérature scientifique. Des recherches récentes suggèrent que certains événements futurs imaginés sont encodés en mémoire, conduisant à la formation de « souvenirs du futur ». L'objectif principal de cette étude était d'évaluer à quel point l'émotion influence l'encodage et la mémorisation de ces « souvenirs du futurs ». Pour ce faire, nous avons utilisé un design à mesures répétées où les participants ont récupéré, dans un rappel libre, le maximum d'événements futurs émotionnels qu'ils ont imaginé en laboratoire une semaine avant. Nous nous sommes surtout concentrés sur la phénoménologie et le contenu de ces événements. Les résultats suggèrent l'existence d'un effet différentiel de l'émotion sur l'imagination d'événements futurs, les événements à valence positive étant plus riches en détails sensoriels et plus intenses au niveau de l'émotion par rapport aux événements à valence négative. Cependant, cet effet semble être réduit lors de la [...]

MIKNEVICIUTE, Greta. Le rôle de l'émotion dans la formation de souvenirs d'événements futurs. Master : Univ. Genève, 2018

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:109667

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MEMOIRE REALISE EN VUE DE L’OBTENTION DE LA MAITRISE UNIVERSITAIRE EN PSYCHOLOGIE

ORIENTATIONS

PSYCHOLOGIE AFFECTIVE PSYCHOLOGIE CLINIQUE

PAR Greta Mikneviciute

DIRECTEUR DU MEMOIRE MARTIAL VAN DER LINDEN JURY

MARIE MY LIEN REBETEZ LUCIEN ROCHAT

DAVID RUDRAUF

LIEU, MOIS ET ANNEE GENEVE AOUT 2018

UNIVERSITE DE GENEVE

FACULTE DE PSYCHOLOGIE ET DES SCIENCES DE L'EDUCATION SECTION PSYCHOLOGIE

LE ROLE DE L’EMOTION DANS LA FORMATION DE SOUVENIRS D’EVENEMENTS FUTURS

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RÉSUMÉ

Dans la dernière décennie la pensée épisodique future, domaine relativement peu étudié auparavant, a pris son essor dans la littérature scientifique. Des recherches récentes suggèrent que certains événements futurs imaginés sont encodés en mémoire, conduisant à la formation de « souvenirs du futur ». L’objectif principal de cette étude était d’évaluer à quel point l’émotion influence l’encodage et la mémorisation de ces « souvenirs du futurs ». Pour ce faire, nous avons utilisé un design à mesures répétées où les participants ont récupéré, dans un rappel libre, le maximum d’événements futurs émotionnels qu’ils ont imaginé en laboratoire une semaine avant. Nous nous sommes surtout concentrés sur la phénoménologie et le contenu de ces événements. Les résultats suggèrent l’existence d’un effet différentiel de l’émotion sur l’imagination d’événements futurs, les événements à valence positive étant plus riches en détails sensoriels et plus intenses au niveau de l’émotion par rapport aux événements à valence négative. Cependant, cet effet semble être réduit lors de la phase de rappel de ces événements.

Aucun effet de l’émotion n’a été détecté pour le contenu des événements.

Les limitations liées à la présente étude, ainsi que des perspectives d’amélioration futures sont discutées.

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Déclaration sur l’honneur

Je déclare que les conditions de réalisation de ce travail de mémoire respectent la charte d’éthique et de déontologie de l’Université de Genève. Je suis bien l’auteur-e de ce texte et atteste que toute affirmation qu’il contient et qui n’est pas le fruit de ma réflexion personnelle est attribuée à sa source ; tout passage recopié d’une autre source est en outre placé entre guillemets.

Genève, le

Prénom, Nom

Signature :

7 Août 2018

Greta Mikneviciute

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Remerciements

Mes remerciements se destinent à toutes les personnes qui ont contribué, d’une façon ou d’une autre, à la réalisation de ce projet. Je tiens à remercier tout particulièrement :

Marie Rebetez pour m’avoir supervisée et encouragée au cours de ces deux dernières années, ainsi que pour les relectures de ce mémoire, ses conseils et ses corrections au niveau de la rédaction.

Olivier Jeunehomme pour avoir collaboré à distance à ce projet, m’avoir encadrée au niveau méthodologique et m’avoir guidée dans les analyses statistiques.

Je suis très reconnaissante envers toutes les personnes qui m’ont aidée avec le recrutement et un grand merci va également à tous mes participants pour leur engagement, leur collaboration et surtout leurs nombreux feedbacks par rapport à la tâche.

Finalement, je voudrais exprimer ma gratitude envers mes proches, amis et collègues qui m’ont apporté leur support moral tout au long de cette démarche.

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2.1 Le souvenir du passé qui construit le futur ... 5

2.2 Le rôle adaptatif de la simulation d’événements futurs... 8

2.3 Présentation de la question de recherche : les souvenirs du futur ... 10

3.1 Hypothèses de recherche ... 18

4.1 Population ... 21

4.2 Matériel et procédure ... 22

4.3 Cotation des événements ... 27

5.1 Analyses des données ... 28

5.2 Phénoménologie ... 29

5.3 Contenu ... 36

6.1 Interprétation des résultats ... 38

6.2 Limitations de l’étude ... 44

6.3 Contributions de l’étude et perspectives futures ... 46

1. Introduction ... 1

2. Aspects théoriques ... 3

2.1.1 L’hypothèse de la simulation épisodique constructive ... 7

2.3.1 Les facteurs influençant la mémorisation des simulations futures ... 10

2.3.2 L’aspect émotionnel d’une simulation future ... 12

3. L’étude actuelle ... 16

3.1.1 Phénoménologie des événements... 18

3.1.2 Contenu des événements ... 20

4. Méthode ... 21

4.1.1 Sélection d’un sous-échantillon et ses caractéristiques... 22

4.2.1 Phase 1 - Tâche d’imagination... 22

4.2.2 Phase 2 - Tâche de rappel ... 25

5. Résultats ... 28

5.2.1 Phase d’imagination ... 29

5.2.2 Phase de rappel ... 29

5.2.3 Imagination vs. rappel ... 32

5.2.4 Prédicteurs phénoménologiques du rappel ... 34

5.3.1 Phase d’imagination ... 36

5.3.2 Phase de rappel ... 37

6. Discussion ... 38

6.1.1 Phénoménologie ... 38

6.1.2 Contenu ... 43

(7)

Annexe 1 ... 58

Annexe 2 ... 59

Annexe 3 ... 61

Annexe 4 ... 62

Annexe 5 ... 63

Annexe 6 ... 64

Annexe 7 ... 66

Annexe 8 ... 67

Annexe 9 ... 68

Annexe 10 ... 70

Annexe 11 ... 72

Annexe 12 ... 74

Conclusion ... 48

Bibliographie ... 49

Annexes ... 58

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1. Introduction

Le but principal de ce mémoire est de pouvoir mieux comprendre notre capacité à se représenter et anticiper certains événements qui pourraient se produire dans notre avenir.

Pensez tout simplement à la dernière fois que vous avez pris votre agenda et vous vous êtes projeté à distance de quelques semaines afin de fixer un rendez-vous. Cet acte mental, à l’apparence si anodine et spontanée, est en effet une cognition orientée vers le futur qui est le résultat d’une série de processus mentaux complexes impliquant non seulement des

connaissances préalables relatives à votre passé et votre mode de fonctionnement, mais également des capacités d’abstraction et simulation de scénarios hypothétiques.

Cette capacité est particulièrement développée chez l’être humain, ce qui nous confère un avantage évolutionnaire par rapport à d’autres espèces. En effet, nous sommes en mesure d’anticiper des événements qui pourraient se produire même à distance de plusieurs années, parfois de manière extrêmement détaillée, ce qui favorise grandement nos capacités

d’adaptation face aux changements constants de notre environnement. Cela nous est également utile au quotidien quand, par exemple, on se retrouve à fantasmer sur les

prochaines vacances afin de se motiver au cours d’une journée particulièrement fatigante. En effet, nous allons voir que cette capacité joue un rôle important dans la planification, la prise de décision et la régulation des émotions.

La thématique des cognitions orientées vers le futur est relativement récente dans la littérature scientifique et c’est seulement depuis une vingtaine d’années que plusieurs branches de la psychologie, et d’autres disciplines telles que les neurosciences cognitives ou les sciences économiques, ont commencé à s’y intéresser. À ce propos, la Figure 1 illustre bien le fort développement de ce domaine surtout dans la dernière décennie, passant d’environ 100 citations en 2006 à plus de 3’500 citations en 2016 sur Web of Science. Cela peut en partie s’expliquer par le fait qu’en 2007 trois études simultanées ont révélé un chevauchement au niveau des substrats neurologiques (« core network ») entre notre manière de penser au passé et de s’imaginer le futur (Addis, Wong, & Schacter, 2007; Hassabis, Kumaran, Vann, &

Maguire, 2007; Szpunar, Watson, & McDermott, 2007). Ensemble, ces études ont été désignées par la revue Science comme l'une des dix meilleures découvertes en 2007 (voir Science, 21 Décembre, 2007, pp. 1848–1849).

Depuis, un nombre considérable d’études s’est ajouté pour compléter les résultats d’imagerie mentionés ci-dessus, dégageant d’ultérieures similarités entre la pensée du passé et du futur,

(9)

mais également des importantes différences. Il est clair que le domaine du voyage mental dans le futur est en plein essor. En 2016, The Quarterly Journal of Experimental Psychology a dédié un numéro spécial (2) à ce thème afin d’encourager davantage le développement

d’études, comme la présente, ayant une approche cognitive de la pensée épisodique future dans le but de pouvoir mieux interpréter les résultats issus des études de neuroimagerie (voir Szpunar & Radvansky, 2016).

Nous allons voir qu’il existe des multiples manières de voyager mentalement dans le futur et, dans le cadre de ce mémoire, nous allons nous focaliser plus particulièrement sur les

simulations épisodiques futures émotionnelles, c.à.d. des représentations mentales détaillées d’événements futurs spécifiques qui sont caractérisés par un certain ressenti émotionnel.

Effectivement, de nombreuses études ont montré que l'émotion favorise la mémorisation mais la plupart de ces études ont évalué la mémoire de stimuli provenant de l'environnement externe (p.ex. des images émotionnelles). L'objectif de ce mémoire est d'évaluer dans quelle mesure l'émotion influence également la mémoire de représentations internes telles que des simulations d’événements futurs. Des études montrent que ces projections sont fréquentes dans la vie quotidienne et sont souvent chargées émotionnellement (des situations positives que l'on souhaiterait atteindre et des situations négatives que l'on préférerait éviter). Par contre, les mécanismes de mémorisation de ces projections sont encore mal connus.

C’est pourquoi nous souhaitions, dans cette étude, évaluer dans quelle mesure l'émotion influence la mémorisation des projections futures imaginées.

Figure 1. Nombre de fois que les mots "episodic future thinking" OU "episodic future thought" ont été cités dans les 24 dernières années auprès du Web of Science.

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L'étude s’est déroulée en deux phases. Dans un premier temps, les participants (n = 20) devaient imaginer une série d'événements futurs personnels qui variaient en fonction de leur valence émotionnelle (événements positifs et négatifs). Chaque événement a été imaginé de la manière la plus détaillée possible et les productions des participants ont été enregistrées. La deuxième phase de l'étude a eu lieu une semaine plus tard et visait à évaluer la mémoire des projections générées la semaine précédente. Nous avons ensuite comparé les enregistrements des phases 1 et 2 afin d'évaluer la quantité d'événements rappelés ainsi que leur niveau de détail, en fonction des différentes conditions émotionnelles (positive et négative). Par ailleurs, certaines caractéristiques phénoménologiques des projections (p.ex. quantité de détails

sensoriels, sentiment de vivre l'expérience, etc.) ont été également évaluées sur base d'échelles de Likert.

2. Aspects théoriques

Avez-vous déjà essayé de compter le nombre de fois que vous vous projetez mentalement dans le futur au cours d’une journée, vous imaginant des scénarios futurs hypothétiques, simulant les potentielles issues d’un rendez-vous important ou tout simplement anticipant le plaisir du weekend qui viendra ? En effet, nous dédions une partie considérable de notre activité mentale, et de notre temps quotidien, au voyage mental orienté vers le futur. Des auteurs comme Suddendorf et Corballis (2007) proposent même que l’émergence de cette capacité au cours de notre évolution a été cruciale pour la survie de notre espèce et qu’elle serait unique aux êtres humains. Ce dernier point est néanmoins soumis à un vif débat dans la littérature car des comportements orientés vers le futur ont été observés chez certains oiseaux comme le geai charbonnier (Raby, Alexis, Dickinson, & Clayton, 2007; pour une discussion détaillée à ce propos voir Suddendorf & Corballis, 2007, Open Peer Commentaries).

En tout cas, concernant les êtres humains, dans une étude effectuée par D’Argembeau, Renaud et Van Der Linden (2011), les participants ont rapporté avoir pensé au futur en

moyenne 59 fois par jour, une fois chaque 16 minutes (considérant une période de veille de 16 heures).

Par ailleurs, on ne se projette pas dans le futur toujours de la même manière : nos projections peuvent grandement varier selon leur niveau d’abstraction, de familiarité, de vivacité, de valence et d’intensité émotionnelle, de plausibilité ainsi que selon leur proximité temporelle par rapport au temps présent. Elles peuvent également être plus ou moins volontaires ou intrusives, tout comme les souvenirs du passé.

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Dans une taxonomie proposée récemment (Szpunar, Spreng, & Schacter, 2014), les auteurs distinguent quatre modes principaux de cognition orientée vers le futur : la simulation (la construction d’une représentation mentale du futur), la prédiction (l’estimation de la

probabilité et/ou des réactions face à un événement futur), l’intention (la fixation d’un but) et la planification (l’organisation des étapes nécessaires pour accomplir un but). De plus, les auteurs proposent que chacune de ces formes de cognition future varie dans la mesure où elle s'appuie sur des structures de connaissances épisodiques et sémantiques. Par exemple, une simulation épisodique implique la représentation mentale détaillée d’un événement futur spécifique (p.ex. se retrouver avec l’ami X à l’endroit Y la semaine prochaine), alors qu’une simulation sémantique implique la représentation mentale d’un état futur général ou abstrait du monde (p.ex. les conséquences du changement climatique). Les auteurs de la taxonomie soulignent surtout que ces modes de pensée futurs ne sont pas mutuellement exclusifs. Au contraire, ils interagissent et se construisent à différents niveaux d'abstraction et de

complexité. Par exemple, lors d’une planification, les individus peuvent utiliser des simulations et des prédictions afin de formuler ou modifier leurs intentions.

C’est pour cette raison que, dans le cadre de cette étude, nous allons nous focaliser sur la pensée épisodique future se référant à toute forme épisodique de cognition orientée vers le futur (qu’il s’agisse de simulation, prédiction, intention ou planification). Ce terme a été employé pour la première fois en 2001 par Atance et O’Neill et, bien que techniquement il implique les quatre formes de cognition future mentionnées ci-dessus, il faut néanmoins savoir que, dans la littérature, la pensée épisodique future est souvent conceptualisée uniquement en tant que simulation épisodique (Schacter, Benoit, & Szpunar, 2017).

Tout comme les souvenirs épisodiques représentent des événements spécifiques de notre passé, la pensée épisodique future représente la capacité d’anticiper mentalement des expériences personnelles futures tout en ayant le sentiment de vivre réellement, ou pré- expérimenter, l’événement en question (Atance & O’Neill, 2001; Szpunar, 2010a). Par exemple, imaginez de vous retrouver le weekend prochain avec votre groupe d’amis usuel dans un restaurant pour une soirée raclette. Imaginez plus spécifiquement le moment où vous allez gouter le premier morceau de raclette, la texture et les sensations que cela pourrait vous procurer. Certains pourront visualiser cette scène comme un petit extrait de film qui se

déroule sous leurs yeux. D’autres pourraient même anticiper le goût et l’odeur caractéristiques de la raclette au point d’avoir l’eau à la bouche. Il s’agit là d’un exemple de pensée

épisodique future.

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Dans la section suivante je présenterai brièvement les principales études qui ont façonné le domaine, ainsi que le rôle adaptatif de la simulation d’événements futurs, pour ensuite me focaliser sur la problématique inhérente à cette étude, c.à.d., les facteurs modulant l’encodage et la mémorisation des projections dans le futur.

2.1 Le souvenir du passé qui construit le futur

Il existe un consensus dans la littérature à conceptualiser la mémoire du passé et la

représentation du futur comme étant intrinsèquement liées (pour des revuess détaillées Addis, 2018; McLelland, Schacter, & Addis, 2015; Schacter et al., 2012; Schacter, Addis, &

Buckner, 2007, 2008; Szpunar, 2010a). Dans un article récent, Szpunar et Radvansky (2016) affirment que « La mémoire, avant tout, n’existe pas pour penser au passé. Elle existe surtout pour nous aider à savoir comment agir au présent et planifier pour le futur. » (p. 209).

Je vais maintenant décrire dans les grandes lignes l’évolution de la littérature qui a amené à une telle conceptualisation.

Le concept de conscience autonoétique de Tulving (1985) a été décisif pour le développement de ce domaine et il a déterminé le début d’une approche cognitive de la pensée orientée vers le futur (Szpunar & Radvansky, 2016). Spécifiquement, la conscience autonoétique est définie comme la capacité à se représenter mentalement, et avoir conscience, des expériences

subjectives du passé, du présent et du futur et, de ce fait, elle sous-tendrait le voyage mental dans le temps (Tulving, 1985). Cette définition implique, donc, des similarités dans notre manière de revivre le passé et pré-expérimenter le futur. De plus, dans ce même article (1985), Tulving avait décrit le célèbre patient amnésique K.C., incapable de récupérer tout souvenir épisodique de même qu’imaginer tout événement futur le concernant. En comparant ces deux états mentaux, K.C. avait rapporté le « même type de sentiment de vide » (p. 4).

La même année (1985), Ingvar avait publié un papier intitulé « La mémoire du futur » (« Memory for the future ») où il faisait référence pour la première fois au construit de

« simulation » dans un contexte de neurosciences cognitives (Schacter et al., 2008). Ingvar avit suggéré que les scénarios simulés du futur sont encodés et ensuite accessibles en mémoire tout comme les souvenirs du passé. De plus, à cette époque Ingvar avait déjà proposé que le cortex préfrontal pouvait avoir un rôle dans la pensée orientée vers le futur (1979, cité par Schacter et al., 2008), ce qui a été ensuite confirmé par les études neuroscientifiques plus récentes (voir ci-dessous).

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Depuis 1985, nombreuses découvertes dans le domaine suggèrent des fortes associations entre notre manière de penser au passé et au futur (Addis, 2018). Par exemple, D’Argembeau et Van der Linden (2004) ont mis en évidence une modulation similaire des caractéristiques phénoménologiques associées aux représentations d’événements passés et futurs :

l’expérience subjective qui les accompagne est influencée par la valence émotionnelle et la proximité temporelle de la même manière. Indépendamment de la dimension temporelle passée ou future, les représentations d’événements positifs, et plus largement d’événements temporellement proches, étaient davantage associées au sentiment de « (re-)vivre réellement l’expérience » en comparaison avec les événements négatifs ou distants. De plus, les

événements proches contenaient plus de détails sensoriels et contextuels. Dans la même lignée, D’Argembeau et Van der Linden (2006) ont également trouvé que des différences interindividuelles, relatives aux capacités d’imagerie visuelle et aux stratégies de régulation émotionnelle, influencent de manière semblable le souvenir du passé et la projection du futur suggérant que ces deux processus sont sous-tendus par des mécanismes similaires.

Des études ultérieures traitant sur la dépression, l’anxiété et la schizophrénie concordent avec les observations faites par Tulving (1985) par rapport au patient K.C. : il semblerait que, de manière générale, les individus qui présentent des difficultés à se souvenir d'événements spécifiques de leur passé soient également entravés dans la génération d’épisodes détaillés qui pourraient avoir lieu dans leur futur (D’Argembeau, Raffard, & Van der Linden, 2008;

MacLeod & Byrne, 1996; Williams et al., 1996).

Par ailleurs, des études de psychologie développementale nous indiquent que ces deux

capacités se développeraient en parallèle, approximativement entre l’âge de 3 et 5 ans (Atance

& O’Neill, 2005).

Finalement, comme mentionné dans l’introduction, les études de neuroimagerie ont été cruciales pour l’évolution de ce domaine. Plus particulièrement, ces études suggèrent l’existence d’un réseau de base (« core network » ou « core brain system » en anglais) commun aux régions cérébrales qui s’activent pendant que les personnes se souviennent du passé ou s’imaginent le futur (Addis et al., 2007; De Luca et al., 2018; Klein, Loftus, &

Kihlstrom, 2002; Martin, Schacter, Corballis, & Addis, 2011; Schacter et al., 2007). Ce réseau implique des régions préfrontales et temporo-mediales, ainsi que des régions postérieures (incluant le cortex rétrosplénial et le précuneus).

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2.1.1 L’hypothèse de la simulation épisodique constructive

La même année que les premières études de neuroimagerie mettaient en évidence le « core network », Schacter et Addis (2007) ont proposé l’hypothèse de la simulation épisodique constructive afin de tenter d’expliquer cet apparent chevauchement entre le rappel du passé et l’imagination du futur.

Afin de comprendre pleinement cette hypothèse, il faut d’abord savoir que la mémoire épisodique est conçue comme un processus fondamentalement constructif, plutôt que reproductif, en ce sens qu’il s’agit d’une reconstruction de la réalité et non pas d’une reproduction de la réalité telle quelle (Schacter & Addis, 2007; Schacter, Norman, &

Koutstaal, 1998). Dit autrement, la mémoire épisodique n’est pas une faculté unifiée, au contraire, elle est composée de plusieurs « fragments » d’information qui ensemble

construisent une représentation mentale du passé. Cette dimension constructive est d’ailleurs la raison pour laquelle notre mémoire est sujette à toute sorte d’erreurs et distorsions.

L’hypothèse de la simulation épisodique constructive postule que la nature constructive de la mémoire épisodique est due, au moins en partie, au rôle que ce système de mémoire a dans notre capacité à simuler mentalement le futur. En d’autres mots, selon cette hypothèse, une des fonctions cruciales de la mémoire épisodique est de rendre accessibles les portions d’information stockées pour qu’on puisse les recombiner dans une simulation du futur.

Pour l’instant, les données existantes dans la littérature semblent appuyer cette hypothèse. Par exemple, dans une étude publiée récemment, McDermott, Wooldridge, Rice, Berg et Szpunar (2016) ont examiné les perspectives visuelles à partir desquelles des événements étaient récupérés ou imaginés afin de comprendre s’il existe une certaine préférence pour la perspective d’acteur (en première personne) versus une perspective d’observateur (en troisième personne) selon la dimension temporelle. Ils ont trouvé que les deux (récupération d’événements passés et imagination d’événements futurs) contenaient davantage de

perspectives d’observateur. Les auteurs ont par la suite examiné la fréquence à laquelle une perspective d’observateur a été présente, ainsi que les localisations spatiales (c.à.d. les différents points de vue) existantes lors de cette perspective. Bien que les événements futurs aient été plus susceptibles d’être imaginés à partir d’une perspective d’observateur, les localisations spatiales, à l’intérieur de cette perspective, étaient très semblables pour les événements passés et imaginés.

Ces résultats suggèrent qu’un mécanisme constructif similaire pourrait être à l’œuvre lorsque

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les individus se souviennent d’événements dans une perspective qui n’aurait pas pu être vécue dans le passé et lorsqu’ils imaginent des événements dans une perspective qui ne pourra pas se produire dans l’avenir. Ceux-ci corroborent l’hypothèse de la simulation épisodique constructive.

Néanmoins, certains auteurs trouvent important de mettre l’accent sur le fait que la pensée épisodique future n’est pas simplement une expression directe de la mémoire épisodique (Klein, 2016; McLelland, Schacter, et al., 2015; Schacter & Madore, 2016; Szpunar, 2010a, 2010b; Wang, Yue, & Huang, 2016). En effet, le rôle de la mémoire dans la projection du futur n’a pas encore été complètement élucidé. Plusieurs auteurs comme Klein (2016) ou Szpunar (2010a, 2010b) mettent en garde, à juste titre, qu’assumer un rôle causal ou exclusif de la mémoire épisodique dans la génération des simulations d’événements futurs est

réducteur et hâtif par rapport aux évidences disponibles dans la littérature. Dans cette même publication, Klein propose que ce soit la composante autonoétique (c.à.d. la capacité de ré- ou pré-vivre mentalement un événement passé ou futur) de la mémoire épisodique, plutôt que la mémoire épisodique en soi, qui constitue la condition permettant la projection mentale dans le futur. Quant à Szpunar, les résultats de son étude (Szpunar, 2010b) suggèrent que la

génération d’événements futurs est sujette aux effets de l’amorçage, qui est bel et bien un processus implicite ne faisant pas partie de la mémoire épisodique. Autrement dit, Szpunar a démontré que la mémoire épisodique n’a pas un rôle exclusif dans la pensée épisodique future et que cette dernière peut être modulée par d’autres systèmes de mémoire, notamment la mémoire non déclarative (implicite).

2.2 Le rôle adaptatif de la simulation d’événements futurs

Au-delà des conceptualisations théoriques, un aspect sur lequel on retrouve un large

consensus parmi les chercheurs du domaine est l’attribution d’une signification fonctionnelle à la simulation d’événements futurs.

Ingvar (1985) lui-même avait parlé d’une optimisation de l’efficacité des comportements futurs. Quelques années plus tard, Taylor et Schneider (1989, cité par Szpunar, 2010a) ont proposé que la capacité de simuler des passés alternatifs et des futurs hypothétiques pourrait être utilisée pour réguler des états émotionnels et motiver des comportements dirigés par les buts.

Depuis, un nombre croissant d’études expérimentales et cliniques suggère l’existence de multiples bénéfices associés à la pensée épisodique future principalement en ce qui concerne

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la prise de décision (O’Neill, Daniel, & Epstein, 2016; Snider, LaConte, & Bickel, 2016;

Stein et al., 2016, 2017) ; la régulation émotionnelle et le bien-être psychologique (Demblon

& D’Argembeau, 2016; Jing, Madore, & Schacter, 2016, 2017; MacLeod, 2016; Taylor, Pham, Rivkin, & Armor, 1998) ; la représentation du soi et de l’identité personnelle (D’Argembeau, Lardi, & Van der Linden, 2012; Rathbone, Conway, & Moulin, 2011) ; le comportement prosocial (Cernadas Curotto, 2016; Gaesser & Schacter, 2014) ; la mémoire prospective et la formation d’intentions (Neroni, Gamboz, & Brandimonte, 2014) ainsi que la planification et la résolution de problèmes (Arnold, Iaria, & Ekstrom, 2016; Jing et al., 2016;

Klein, Robertson, & Delton, 2010, 2011; Sheldon, McAndrews, and Moscovitch, 2011, cité par McLelland, Schacter, et al., 2015).

Concrètement, des bénéfices concernant la prise de décision ont été retrouvés chez une population tout-venant (O’Donnell, Oluyomi Daniel, & Epstein, 2017) et chez des populations cliniques amenant à des meilleurs comportements de santé chez des obèses (O’Neill et al., 2016) ainsi que chez les dépendants à l’alcool (Snider et al., 2016) et aussi chez les fumeurs (Stein et al., 2016).

Récemment, Jing et ses collaborateurs (2016, 2017) ont effectué deux études testant l’effet d’une induction de spécificité épisodique, c.à.d. un bref entraînement au rappel des détails (personnes, lieu, actions) présents au cours d’une vidéo visionnée au préalable, et cela chez une population d’étudiants universitaires. Dans la première étude les auteurs se sont intéressés aux capacités de résolution de problèmes et de reappraisal, ainsi qu’au bien-être général des étudiants, face à des événements futurs stressants. En comparaison avec un groupe contrôle n’ayant pas reçu l’induction de spécificité, le groupe expérimental a rapporté moins d’anxiété, une moindre probabilité perçue d’issues négatives, ainsi qu’une moindre difficulté de maîtrise de ces dernières. Il a aussi rapporté une majeure probabilité perçue d’issues positives et davantage de comportements de maîtrise. Dans la deuxième étude, les étudiants ayant reçu l’induction de spécificité ont pu générer davantage d’issues alternatives face à des événements futurs négatifs par rapport aux étudiants contrôle.

Par ailleurs, dans une étude ciblant spécifiquement la pensée émotionnelle future (Barsics, Van der Linden, & D’Argembeau, 2016), les auteurs ont directement examiné les croyances des participants concernant les fonctions associées à leurs pensées émotionnelles futures.

Dans plus de 60% des cas, les participants ont rapporté des liens avec la planification, la formation d’intentions ou la prise de décision ; tandis que dans le 40% des cas restant, les pensées émotionnelles futures étaient perçues comme relatives à la régulation émotionnelle

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soit du moment présent (c.à.d. se rassurer pour se sentir mieux maintenant), soit en vue d’un moment futur (c.à.d. se préparer pour faire face à des émotions difficiles dans le futur). Bien que ces fonctions soient auto-rapportées, il est intéressant de constater que les individus- mêmes soient conscients des utilités que pourraient avoir leurs cognitions orientées vers le futur.

2.3 Présentation de la question de recherche : les souvenirs du futur

Comme le démontrent les études mentionnées ci-dessus, il existe plusieurs évidences pour accorder une fonction adaptative à la simulation d’événements futurs. De ce fait, il est nécessaire que les événements qui sont simulés soient également encodés et maintenus en mémoire afin de pouvoir être récupérés selon les besoins de l’individu (Szpunar, Addis, McLelland, & Schacter, 2013). Autrement dit, pour qu’on puisse véritablement bénéficier des simulations futures, il faut premièrement que ces simulations soient mémorisées et,

deuxièmement, qu’elles soient accessibles au moment où on veut s’en servir.

Cependant, de même que pour les pensées ou les raisonnements, pas toutes les cognitions que nous avons au cours d’une journée vont être disponibles par la suite. Étant donné que nos ressources cognitives sont limitées, notre esprit effectue une sélection d’informations potentiellement importantes pour les encoder et les rendre ensuite accessibles en mémoire.

Bien que les simulations orientées vers le futur semblent être mieux encodées que d’autres simulations non-orientées (Klein et al., 2010, 2011; Klein, Robertson, Delton, & Lax, 2012), il est clair que pas toutes les projections futures sont retenues en mémoire.

La question qui se pose assez intuitivement est donc la suivante : qu’est-ce qui fait qu’une certaine simulation future sera encodée en mémoire et pourra ensuite être récupérée ? Autrement dit, comment une simulation du futur devient-elle, à son tour, un souvenir du futur ? Telle est la grande inconnue. En effet, les mécanismes impliqués dans la mémorisation d’événements futurs n’ont pas encore été clairement déterminés.

Néanmoins, on observe une certaine convergence de résultats d’études qui ont investigué ces mécanismes de manière empirique.

2.3.1 Les facteurs influençant la mémorisation des simulations futures

Si d’une part de nombreuses études ont examiné les caractéristiques phénoménologiques et le contenu des souvenirs passés versus des simulations futures (cf. 2.1 Le souvenir du passé qui construit le futur), d’autre part, à notre connaissance, peu d’études ont directement adressé la

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question de la récupération en mémoire des simulations futures. Néanmoins, McLelland et ses collaborateurs (2015) ont voulu comprendre si les caractéristiques phénoménologiques liées à la simulation et à son contenu (personnes, localisations et objets) pendant la phase

d’imagination, pouvaient prédire le rappel subséquent de la simulation. Les auteurs se sont focalisés sur la familiarité, le niveau de détails présents, la plausibilité, la signification personnelle et les émotions liées à l’événement et ils ont trouvé que les trois premières caractéristiques étaient des prédicteurs significatifs du rappel des événements simulés.

Familiarité et niveau de détails

Il semblerait que la familiarité soit une caractéristique cruciale pour la manière dont on se représente un événement donné. En effet, Klein et collaborateurs (2012) ont trouvé que les participants qui devaient planifier des scénarios futurs familiers se basaient plus sur les souvenirs épisodiques, alors que s’ils devaient planifier des scénarios futurs non-familiers, ils s’appuyaient davantage sur la mémoire sémantique.

La même année, D’Argembeau et Van der Linden (2012) ont pu constater que la familiarité des composants de l’événement influençait positivement la vivacité des événements futurs (familiarité → vivacité). McLelland et ses collaborateurs (2015) ont étendu ces résultats associant la vivacité des composants à davantage de détails dans la représentation (voir Martin et al., 2011) et, par conséquent, à une meilleure récupération du souvenir du futur (familiarité → vivacité → détails → meilleure récupération du souvenir du futur). En effet, les auteurs proposent que l’assimilation de détails épisodiques dans les simulations résulte dans des événements mieux intégrés avec les connaissances épisodiques préalables et, donc, plus accessibles dans un rappel indicé, ce qui a été confirmé par leurs résultats. Par ailleurs, il semblerait que surtout la familiarité des personnes soit particulièrement importante pour la récupération du souvenir du futur (Jeunehomme & D’Argembeau, 2017; McLelland et al., 2015). Jeunehomme et D’Argembeau suggèrent notamment que les personnes soient l’un des composants centraux des simulations futures, agissant en tant qu’indice pour lier les autres composants ensemble.

Plausibilité

Dans leur article (2015), McLelland et collaborateurs ont trouvé que la plausibilité de l’événement simulé était également un prédicteur significatif de la récupération du souvenir, mais les résultats sont pour l’instant inconsistants entre les différentes études. En effet, il y aurait une distinction entre « plausibilité générale » et « plausibilité personnelle ». Anderson

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(2012) a trouvé que la plausibilité des scenarios non-familiers (ce qui équivaut à la plausibilité générale) n’influençait pas la facilité de la simulation en soi, alors que Szpunar et Schacter (2013) ont trouvé une corrélation positive entre la plausibilité personnelle, la facilité de la simulation et le niveau de détails générés. McLelland et al. (2015) concluent que

probablement seulement la plausibilité personnelle est pertinente pour la récupération, et éventuellement seulement lorsque des composants familiers de l’événement sont impliqués.

Signification personnelle

Dans leur étude, McLelland et collaborateurs (2015) ont trouvé que l’importance/signification personnelle ainsi que les émotions de l’événement imaginé ne constituaient pas des

prédicteurs significatifs pour la subséquente récupération de l’événement, alors que c’était bien le cas dans l’étude menée par Jeunehomme et D’Argembeau (2017). Plus

spécifiquement, leurs résultats suggèrent que la pertinence de l’événement imaginé pour les buts personnels pourrait être déterminante pour la phase d’encodage plutôt que pour

l’accessibilité successive du souvenir, car elle ne différait pas entre un rappel libre et un rappel indicé. Il y a en tout cas raison de croire que l’importance personnelle de l’événement imaginé ait un rôle principal dans la construction de la pensée épisodique future. Par exemple, l'étude 3 de D’Argembeau et Mathy (2011) a démontré qu’indicer les participants avec leurs buts personnels facilitait l'accès aux détails épisodiques lors de l'imagination d'événements futurs.

Finalement, Jeunehomme & D’Argembeau (2017) ont trouvé que la présence du sentiment de

« pré-expérience » de l’événement et le voyage mental dans le temps lors de la phase d’imagination étaient également des prédicteurs significatifs de la récupération de la simulation future.

2.3.2 L’aspect émotionnel d’une simulation future

Dans le cadre de cette étude, une attention toute particulière est portée sur l’aspect

émotionnel, spécifiquement sur l’influence de la valence émotionnelle (positive vs. négative) sur la mémorisation des simulations futures.

Il a été déjà établi que les simulations futures sont récurrentes dans notre vie quotidienne et qu’environ 60% d’entre elles sont chargées émotionnellement (D’Argembeau et al., 2011). De plus, dans leur étude, Barsics et ses collaborateurs (2016) soulignent l’importance de la

distinction entre émotion anticipée (émotion qu’on s’attend à ressentir au moment de l’événement anticipé) versus l’ émotion anticipatoire (réponse émotionnelle au moment de

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l’imagination d’un événement futur positif ou négatif). En effet, il semblerait que seulement une portion des projections futures (en moyenne 9 par jour) impliquant des émotions

anticipées soit effectivement accompagnée par une émotion anticipatoire. Les auteurs ont pu également constater qu’un des facteurs prédicteurs de la présence d’émotions anticipées et anticipatoires était l’importance personnelle donnée à l’événement en question. Ce résultat s’intègre parfaitement avec le cadre théorique du Modèle des Processus Composants de l’émotion (Scherer, 2001) qui considère que justement la pertinence (et plus spécifiquement le sous-critère de la pertinence relative aux besoins et objectifs de l’individu) soit l’un des critères d’évaluation qui amène au déclenchement d’une émotion dans une situation donnée.

Autrement dit, la présence d’une émotion au cours d’une simulation future nous indiquerait que l’événement imaginé est potentiellement important pour l’individu. Par conséquent, ce même événement devrait être mieux rappelé par la suite qu’un événement imaginé neutre (Spachtholz, Kuhbandner, & Pekrun, 2016).

En ce qui concerne plus spécifiquement le rôle de l’émotion dans la mémorisation des simulation futures, Szpunar et collaborateurs (2012) ont trouvé qu’après un délai de 10

minutes les composants (lieux, personnes, objets) associés aux événements futurs émotionnels (positifs et négatifs) étaient effectivement mieux rappelés que ceux associés aux événement neutres ; tandis qu’après un délai de 24 heures c’étaient les détails relatifs aux événements positifs et neutres qui étaient mieux rappelés par rapport aux détails associés aux événements négatifs. Ces résultats sont cohérents avec d’autres études comme celle de D’Argembeau et al.

(2011) qui ont constaté que les pensées positives orientées vers le futur sont plus fréquentes, plus spécifiques et associées à davantage d’imagerie visuelle. De plus, les temps de réaction pour générer des événements futurs positifs en laboratoire sont mineurs par rapport aux événements négatifs (D’Argembeau & Van der Linden, 2004). Selon les théories

motivationnelles, et plus précisément du focus régulateur (Higgins, Shah, & Friedman, 1997), ce dernier résultat indique que la force du but pour générer des événements positifs est plus élevée que celle pour générer des événements négatifs.

Les résultats ci-dessus semblent suggérer qu’il existe une sorte de facilitation envers la génération et la récupération d’événements à valence positive. Effectivement, ce type de résultats peut s’expliquer par la présence de plusieurs biais cognitifs dont le biais de positivité (Baumeister, 1998), le biais optimiste envers le futur (Taylor & Brown, 1988), ainsi que le fading affect bias ou FAB (Walker & Skowronski, 2009) qui signifie littéralement « le biais

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de l’affect qui s’atténue ». Afin de comprendre les résultats de Szpunar et al. (2012), un bref survol sur les implications de ces biais est nécessaire.

Le biais de positivité se définit par le fait que la plupart des personnes tend à traiter, encoder et récupérer préférentiellement les informations qui amènent à un concept de soi positif (Baumeister, 1998). Un parallèle peut également être fait avec la fonction de self-coherence, ou cohérence de la mémoire autobiographique (Singer & Conway, 2011) qui nous amène à sélectionner préférentiellement les souvenirs qui sont cohérents avec nos buts, nos croyances et notre identité. Par conséquent, si l’on a une conception de soi positive, on aura également tendance à récupérer, de préférence, des souvenirs autobiographiques positifs.

Étant donné les liens existants entre la récupération de souvenirs du passé et la génération de simulations futures (cf. 2.1 Le souvenir du passé qui construit le futur), il n’est pas surprenant de retrouver qu’il existe également un biais optimiste envers le futur. Déjà en 1980, Weinstein avait trouvé que, par rapport à leurs pairs, les individus estimaient avoir plus de probabilités de vivre des expériences positives et moins de probabilités de vivre des expériences négatives dans leur futur.

Comme mentionné, les pensées positives orientées vers le futur semblent être plus fréquentes, spécifiques et vivaces (D’Argembeau et al., 2011). À ce propos, déjà en 1988 Taylor et Brown avaient fait l’hypothèse que de telles représentations détaillées des événements positifs (passés ou futurs) pourraient être un important facteur de motivation pour les comportements actuels (p.ex. travailler plus longtemps et intensément sur une tâche), les comportements prosociaux ainsi que, de manière générale, être un facteur extrêmement important pour préserver la santé mentale de l’individu. En effet, des études plus récentes portant sur la résilience (Bonanno, 2004) et des études issues de populations cliniques (Korn, Sharot, Walter, Heekeren, & Dolan, 2014; Wu, Szpunar, Godovich, Schacter, & Hofmann, 2015), semblent confirmer ce dernier point.

En ce qui concerne le lien entre le biais positif et la simulation d’événements futurs plus spécifiquement, Devitt et Schacter (2018) viennent de publier une étude montrant que la simulation d'un événement futur change la façon dont cet événement est mémorisé une fois qu'il s’est produit. Plus précisément, les auteurs ont mené deux expériences dans lesquelles les participants ont simulé des événements futurs émotionnels avant d'en apprendre l’issue

hypothétique via des récits qui leur étaient fournis par les expérimentateurs. Les résultats montrent que les récits neutres étaient considérés comme plus positifs s'ils étaient d'abord simulés positivement : ce schéma était évident à la fois dans un biais de réponse libérale

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(c.à.d. plus fréquente) pour une information positive et dans des évaluations émotionnelles plus favorables pour l'événement rétrospectivement. En revanche, la simulation négative n'a pas eu d'impact sur la mémoire ultérieure. Ces résultats fournissent de nouvelles perspectives sur les conséquences cognitives de la simulation future épisodique et s'intègrent à la littérature du biais de positivité montrant que l'adoption d'une perspective optimiste entraîne également une mémoire plus positive du passé.

Néanmoins il est important de souligner, comme suggéré par Barsics et al. (2016), que le biais positif observé dans la fréquence des pensées positives orientées vers le futur semble se limiter uniquement aux émotions anticipées, sans s’étendre aux émotions anticipatoires.

Autrement dit, les individus estimeraient avoir davantage d’émotions positives vécues dans le futur par rapport aux émotions négatives, sans pourtant que cela affecte leur capacité

d’anticiper et ressentir aussi bien les émotions positives que négatives au moment spécifique de la simulation. Ce résultat s’inscrit bien dans une perspective adaptative du biais positif car en effet, si l’effet du biais s’étendait également aux émotions anticipatoires, cela entraverait notre capacité à ressentir et anticiper des émotions négatives et, par conséquent, notre capacité à anticiper des potentielles menaces de notre environnement et/ou des conséquences aversives de notre propre comportement.

Toutefois, le biais positif tout seul n’est pas en mesure d’expliquer pourquoi dans l’étude de Szpunar et al. (2012) les événements négatifs étaient moins bien rappelés que les événements positifs ou neutres. C’est là qu’entre en jeu le fading affect bias (FAB) (Walker &

Skowronski, 2009) qui se définit par le fait que l’affect associé à une expérience négative tend à s’affaiblir plus rapidement que l’affect à associé à une expérience positive. Pourtant, dans l’étude de Szpunar et collaborateurs (2012) c’étaient les détails associés aux événements négatifs qui étaient moins bien rappelés et non pas l’affect négatif en soi.

À ce propos, plusieurs auteurs suggèrent que de manière générale l’affect facilite l’encodage des informations en mémoire et le subséquent rappel de ces informations, favorisant le

binding, ou liaison, des détails dans une représentation cohérente (Demblon & D’Argembeau, 2016; Mather & Sutherland, 2011; Spachtholz et al., 2016).

Pour conclure sur l’étude de Szpunar et al. (2012), afin de justifier leurs résultats, les auteurs avancent une hypothèse qui lie le FAB avec le binding, et le subséquent rappel, des détails d’un événement donné. Ils proposent que l'affect associé à la simulation mentale d'un événement futur sert à relier les autres composants de cette simulation, rendant donc la représentation mentale de la simulation plus compacte et unifiée par rapport à sa structure. À

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fur et à mesure que la composante affective se dissipe, l'intégrité de la simulation mentale y associée diminue également. Si l'affect négatif s'estompe plus rapidement que celui positif comme cela a été démontré par le FAB (Walker & Skowronski, 2009), alors des longues intervalles de rétention devraient davantage entraver la mémoire pour les simulations négatives par rapport aux simulations positives ou neutres, ce qui correspond aux résultats obtenus par Szpunar et al. (2012).

Au total, il y a donc des solides raisons pour considérer que la composante affective soit impliquée dans la mémorisation d’événements futurs et qu’elle puisse représenter un facteur prédicteur de la subséquente récupération de ces événements.

3. L’étude actuelle

Dans le cadre de cette étude, nous souhaitons donc investiguer les mécanismes impliqués dans la formation de souvenirs d’événements futurs imaginés, en évaluant dans quelle mesure l'aspect émotionnel influence la mémoire des projections futures. Spécifiquement, nous aimerions mieux comprendre, d’une part, les différences de caractéristiques

phénoménologiques associées aux souvenirs du futur positifs versus négatifs, d’autre part, le rôle de la valence émotionnelle dans la formation de souvenirs d’événements futurs en termes de contenu de ces derniers.

La méthode utilisée est largement inspirée de celle utilisée par Jeunehomme et D’Argembeau (2017). L'étude se caractérise par un plan expérimental à mesures répétées et a comporté deux phases. Dans un premier temps, les participants devaient imaginer une série d'événements futurs positifs et négatifs. Pour chaque événement, les participants étaient invités à imaginer et décrire à l’oral cinq éléments principaux composant la représentation mentale de

l’événement (le lieu, les personnes, les objets, les actions et les émotions et/ou sensations) et répondre à plusieurs questions (échelles de Likert) concernant des caractéristiques

phénoménologiques telles que la familiarité, la plausibilité et l’importance personnelle de la simulation. La deuxième phase de l’étude s’est déroulée une semaine plus tard et visait à évaluer la mémoire spontanée des événements générés pendant la première phase.

Contrairement aux études préalables portant sur la mémorisation de simulations futures qui ont utilisé des procédures de rappel indicé (cf. McLelland et al., 2015; Szpunar et al., 2012), nous avons adopté un rappel libre afin d’adresser directement la mémoire de l’événement en soi plutôt qu’uniquement celle de ses composants. En effet, dans les études citées ci-dessus, la phase de rappel de l’événement consistait uniquement dans la récupération de ses

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composants. Concrètement, les auteurs fournissaient aux participants un des composants de l’événement en tant qu’indice (p.ex. l’objet) et les participants devaient récupérer par la suite le reste des composants associés à l’événement en question (p.ex. les personnes et le lieu).

Par contre, dans notre étude, aucun indice n’était fourni aux participants qui devaient récupérer le plus possible d'événements futurs imaginés la semaine précédente et décrire à nouveau, le plus précisément possible, les composants de chaque événement rappelé.

Les descriptions orales de l’imagination et du rappel des événements futurs ont été

enregistrées et ensuite comparées. La comparaison des enregistrements des phases 1 et 2 de l'étude nous a permis d'évaluer la quantité d'événements rappelés ainsi que leur niveau de détail, en fonction des différentes conditions émotionnelles (positive, négative) et de déterminer quelles sont les caractéristiques phénoménologiques de ces représentations qui prédisent leur encodage en mémoire et leur rappel subséquent.

Contrairement aux études préalables portant sur la génération de simulations futures en laboratoire y compris l’étude de Jeunehomme et d’Argembeau (2017), ici nous n’avons pas utilisé des mots-indice ou des récits au cours de la phase d’imagination d’un événement. En effet, si un mot-indice peut faciliter ce processus, il limite également le nombre de thèmes possibles. Étant donné le nombre important d'événements à générer et afin de contraindre le moins possible les participants, nous avons décidé de ne pas utiliser d'indices.

Contrairement à l’étude de Jeunehomme et d’Argembeau (2017), les participants n’ont pas imaginé des événements neutres, qui auraient eu la fonction d’événements contrôles, et deux éléments expliquent ce choix. Premièrement, l’expérience était déjà relativement lourde à faire passer (3 heures en total) et l’ajout de 8 événements supplémentaires, quoique méthodologiquement souhaitable, aurait été difficilement réalisable. Deuxièmement, la

valence « neutre » d'un événement futur est délicate à obtenir avec certitude. Nous avons donc décidé de nous focaliser sur les valences positive et négative.

Finalement, compte tenu des études suggérant que les caractéristiques phénoménologiques d’un événement imaginé sont modulées par la proximité temporelle de ce dernier

(D’Argembeau & Van der Linden, 2004), nous avons décidé de restreindre la fenêtre temporelle des simulations. Les participants pouvaient situer la représentation de leurs événements dans plus d’une semaine, mais pas plus que dans une année par rapport à la date de la phase d’imagination.

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3.1 Hypothèses de recherche

Nous pouvons regrouper les hypothèses de recherche selon les deux variables dépendantes principales que nous souhaitons investiguer dans cette étude : la phénoménologie et le contenu des événements futurs imaginés. Vous trouverez un récapitulatif des principales variables d’intérêt, ainsi que des conditions expérimentales analysées dans le Tableau 1.

Tableau 1

Récapitulatif des principales variables et conditions expérimentales d'intérêt

3.1.1 Phénoménologie des événements

21 variables phénoménologiques ont été évaluées lors de la phase d’imagination : la clarté de la représentation mentale de l’événement ; la quantité subjective de détails visuels et d’autres détails sensoriels (= 2 variables) ; la clarté et la familiarité du lieu, des personnes et des objets impliqués (= 6 variables) ; la facilité d’imagination de l’événement en question ; la valence de l’émotion anticipée (c.à.d. attendue) et anticipatoire (c.à.d. ressentie au moment de

l’imagination) ; l’intensité de l’émotion anticipée et anticipatoire ; le sentiment de vivre réellement l’expérience décrite et l’impression de voyager mentalement dans le futur ; l’importance personnelle de l’événement par rapport aux buts/valeurs du participant ; la fréquence avec laquelle le participant a pensé à cet événement précédemment ; la probabilité que cet événement se produise dans le futur ; la proximité temporelle subjective de

l’événement, ainsi qu’une estimation en termes de jours qui restent pour que l’événement se réalise. Toutes ces variables, à l’exception des jours, ont été évaluées sur des échelles de Likert allant de 1 à 7 (voir Annexe 6).

Variables indépendantes Valence émotionnelle Phase

Variables dépendantes

Phénoménologie Phénoménologie positive vs.

négative

Phénoménologie imagination vs. rappel

Contenu Contenu positif vs. négatif Contenu imagination vs. rappel

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Les mêmes caractéristiques ont été à nouveau évaluées lors de la phase de rappel à l’exception de : l’importance personnelle de l’événement par rapport aux buts/valeurs du participant ; la familiarité du lieu, des personnes et des objets impliqués (= 3 variables) ; la fréquence avec laquelle le participant a pensé à cet événement précédemment ; la probabilité que cet

événement se produise dans le futur ; la proximité temporelle subjective de l’événement, ainsi que l’estimation en termes de jours. Par contre, 4 nouvelles caractéristiques ont été

examinées : le fait d’avoir pensé (ou pas) à l’événement au cours de la semaine écoulée et, si oui, à quelle fréquence ; le fait d’avoir partagé (ou pas) l’événement imaginé avec une tierce personne et, si oui, à quelle fréquence.

Cela correspond à un total de 17 variables évaluées lors de la phase de rappel sur des échelles de Likert allant de 1 à 7, à l’exception des items évaluant le fait d’avoir pensé et partagé l’événement (variables dichotomiques, voir Annexe 9).

Ces caractéristiques ont été adaptées du MCQ (« Memory Characteristics Questionnaire ») de Johnson, Foley, Suengas, et Raye (1988).

Se basant sur les études portant sur la phénoménologie des projections dans le futur (Barsics et al., 2016; D’Argembeau & Van der Linden, 2004; Jeunehomme & D’Argembeau, 2017;

McLelland, Devitt, et al., 2015; Szpunar et al., 2012) et prenant en compte l’existence d’un biais de positivité, nous émettons les hypothèses suivantes :

A. Hypothèse générale valence émotionnelle : nous nous attendons à retrouver des différences en termes de caractéristiques phénoménologiques (clarté, détails,

familiarité, plausibilité, importance personnelle, etc.) entre les événements à valence positive et ceux à valence négative pour les deux phases ;

1. Hypothèse orientée phase imagination : lors de la phase d’imagination, les événements positifs ont des moyennes significativement plus élevées sur les échelles phénoménologiques par rapport aux moyennes des événements négatifs ;

2. Hypothèse orientée phase rappel : les événements positifs sont par la suite mieux rappelés que les événements négatifs. Plus précisément :

- Un nombre majeur d’événements positifs est rappelé en comparaison avec le nombre de rappel d’événements négatifs ;

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- Lors de la phase de rappel, les événements positifs ont des moyennes significativement plus élevées sur les échelles phénoménologiques par rapport aux moyennes des événements négatifs.

B. Hypothèse générale phase de l’étude : nous nous attendons à retrouver des différences en termes de caractéristiques phénoménologiques (clarté, détails, familiarité,

plausibilité, etc.) entre la phase d’imagination et la phase de rappel.

1. Hypothèse d’interaction valence émotionnelle x phase : plus précisément, les événements imaginés ont des moyennes plus élevées sur les échelles

phénoménologiques par rapport aux moyennes des événements rappelés, et cela d’autant plus pour les événements positifs que négatifs.

C. Dans le but de répliquer les résultats de Jeunehomme et D’Argembeau nous postulons également que certaines caractéristiques phénoménologiques, telles que la clarté et la familiarité des personnes, prédisent le rappel subséquent de l’événement.

Autrement dit, nous émettons l’hypothèse que les événements positifs seront non seulement plus riches en phénoménologie lors de la phase d’imagination, mais ils seront également mieux rappelés, au niveau quantitatif et qualitatif, une semaine plus tard en comparaison avec les événements négatifs. De plus, nous prédisons des différences phénoménologiques,

modulées par la valence de l’émotion, entre les deux phases de l’étude.

3.1.2 Contenu des événements

Se basant plus particulièrement sur l’étude de Jeunehomme et D’Argembeau (2017), nous émettons les hypothèses suivantes :

D. Hypothèse d’interaction valence émotionnelle x composants lors de l’imagination : le nombre de composants (lieux, personnes, objets, actions et émotions/sensations) décrits lors de la phase d’imagination est différent selon la condition émotionnelle.

E. Hypothèse générale rappel : nous nous attendons à ce que certaines catégories de composants de l’événement (lieux, personnes, objets, actions et émotions/sensations) soient mieux rappelés que d’autres. Précisément, nous souhaitons répliquer les résultats de Jeunehomme et D’Argembeau (2017) en ce qui concerne le rappel

préférentiel des personnes, des localisations et des émotions/sensations par rapport au rappel des actions et des objets.

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1. Hypothèse d’interaction valence émotionnelle x composants : la probabilité de se souvenir d’un certain type de composant est modulée par la valence

émotionnelle de l’événement.

4. Méthode

4.1 Population

40 étudiants francophones, âgés entre 18 et 35 ans, ont été recrutés pour cette étude. Les critères d’exclusion comprenaient les antécédents psychiatriques de type troubles de l’humeur. Parmi les 40 participants, 7 ont été exclus (3 participants présentaient des

antécédents de dépression ou d’anxiété ; le temps entre la phase d’imagination et la phase de rappel excédait la moyenne (7 jours) de ± 2 jours pour 2 participants ; un participant a avoué avoir décrit l’expérience en détail à une tierce personne entre les 2 phases de l’étude ; un autre participant a trouvé la tâche particulièrement difficile et a excédé d’une heure les temps de passation moyens pour chacune des deux phases), ce qui nous laisse avec 33 participants au total.

Le recrutement des participants a été effectué à l’aide d’affiches, d’invitations email et/ou d’annonces dans les groupes d’étudiants de l’UNIGE sur Facebook, ainsi que par le biais de connaissances personnelles présentant la recherche dans le cadre d’un mémoire de Master. Un exemple d’affiche de recrutement est présenté dans l’Annexe 1. Tous les participants étaient des étudiants de niveau Bachelor, sauf un qui était de niveau Master en Neurosciences. Plus spécifiquement, 28 participants étaient en Psychologie et Sciences de l’Éducation (FPSE), 2 en Droit, 2 en Lettres et un en Traduction et Interprétation.

Le recrutement a commencé en avril 2017 et a continué jusqu’à la fin des passations qui, elles, ont débuté en octobre 2017 et se sont terminées en mars 2018. Toutes les passations, sauf trois, se sont déroulées au laboratoire 6389 de l’Unité de Psychopathologie et

Neuropsychologie Cognitive de l’Université de Genève. Par manque de disponibilité du laboratoire 6389, 3 participants ont exceptionnellement passé la 1ère phase de l’étude dans un box de la bibliothèque de la Faculté de Psychologie.

Les participants n’ont reçu aucun type de récompense pour leur participation qui était exclusivement sur base volontaire.

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4.1.1 Sélection d’un sous-échantillon et ses caractéristiques

Par soucis de temps, des 33 participants restants, uniquement 20 ont été pris en compte pour les analyses. Ce sous-échantillon a été sélectionné selon la méthode d’échantillonnage aléatoire simple à l’aide d’une table de nombres aléatoires. Des tests-t à deux échantillons indépendants ont confirmé que ces participants ne différaient pas significativement des participants qui n’ont pas fait l’objet d’analyses en termes d’âge (t(31) = 0.67, p = .51, d = 0.22), de nombre d’années d’études effectuées (t(31) = 1.27, p = .21, d = 0.43), ainsi que de nombre d’événements rappelés lors de la 2ème phase de l’étude (t(31) = 0.72, p = .48, d = 0.24).

Le sous-échantillon est ainsi composé de 20 étudiants de l’Université de Genève, 18 femmes et 2 hommes, âgés entre 18 et 24 ans (Mâge = 20.6, ET = 1.57). Le nombre moyen d’années d’études réussies, y compris l’école obligatoire est de 14.7 (1.75) ans.

4.2 Matériel et procédure

Comme mentionné, il s’agit d’un plan expérimental à mesures répétées en deux phases : une phase d’imagination de 16 événements émotionnels suivie par une phase de rappel de ces derniers une semaine plus tard.

Il est important de noter que, lors du recrutement, certains renseignements sur l’objectif et la méthodologie de l’étude ont été « cachés » aux participants, lesquels ont reçu une « cover story » décrivant l’étude comme portant sur le lien entre l’imagination et la créativité. Plus précisément, les participants ont appris que lors de la 2ème phase de l’étude ils auraient à effectuer une tâche de créativité impliquant la complétion de mandalas. La « cover story » a été nécessaire pour que l’encodage en mémoire des événements imaginés lors de la 1ère phase soit incident et, par conséquent, pour que le rappel de ces événements soit spontané lors de la 2ème phase. Autrement dit, l’objectif de la « cover story » était d’éviter toute tentative de mémorisation des évènements futurs que les participants ont imaginé lors de la 1ère partie de l’expérience. En effet, ils n’ont appris le « vrai » but de l’étude que lors de leur retour au laboratoire pour effectuer la tâche de rappel libre.

4.2.1 Phase 1 - Tâche d’imagination

a) Fiche d’information et formulaire de consentement (Annexe 2).

En premier lieu, les participants ont lu et rempli la fiche d’information concernant l’étude qui fait office de formulaire de consentement. Ce document contient des informations concernant

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l’objectif général, la procédure, la durée, les avantages et les inconvénients de cette étude, ainsi que des informations concernant la protection des données. Il demande également l’autorisation explicite pour enregistrer une partie des passations avec un dictaphone pour faciliter le déroulement des passations et afin de pouvoir exactement retranscrire la

description orale des événements. On a rappelé aux participants de la nécessité de revenir au laboratoire pour la seconde phase une semaine plus tard, ainsi que de leur droit d’arrêter la passation à n’importe quel moment et sans avoir à donner d’explications. Il est important de noter que ce document ne révèle que la procédure de la 1ère phase de l’étude (la tâche

d’imagination), omettant celle de la 2ème phase qui correspond à une évaluation inattendue de la mémoire des participants. En effet, ce document ne mentionne jamais les mots

« mémoire », « mémorisation » ou « rappel » afin de préserver la crédibilité de la « cover story » et éviter des suspicions de la part des participants quant au « vrai » but de l’étude.

Aucun participant n’avait anticipé la phase de rappel et n’a tenté de mémoriser les événements suite à la 1ère phase.

b) Fiche personnelle (Annexe 3).

Les participants ont rempli une fiche personnelle immédiatement après avoir signé le formulaire de consentement. Ce document permet de récolter diverses informations sociodémographiques concernant les personnes évaluées, c.à.d. l’âge, le genre, la langue maternelle, le nombre d’années d’études réussies, la latéralité et les antécédents médicaux importants (p. ex., hospitalisations récentes et/ou diagnostics).

c) Consignes pour la tâche d’imagination (Annexe 4)

Dans l’étape suivante, les participants ont été invités à lire les consignes pour la tâche d’imagination, ce qui était suivi par un échange avec l’expérimentatrice afin d’assurer leur compréhension de la tâche. Par ailleurs, cette phrase était également énoncée à l’oral par l’expérimentatrice : « Puisque nous vous demandons de décrire verbalement chaque

événement et de répondre à quelques questions les concernant, je vous invite à ne rapporter que les événements positifs et négatifs avec lesquelles vous vous sentez à l'aise et que vous pouvez décrire sans problèmes. »

d) Tâche d’imagination (Annexe 5)

Cette tâche permet d’évaluer les capacités de se projeter mentalement dans l’avenir. Plus spécifiquement, les participants devaient imaginer 8 évènements futurs positifs et 8 évènements futurs négatifs, plausibles, en lien avec différents domaines de vie (p. ex., les

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