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CAROLE ou CE QUI PLAIT AUX FILLES

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Academic year: 2022

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CAROLE ou

CE QUI PLAIT AUX FILLES

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DU MEME AUTEUR

Chez l e même éditeur :

Le Château de l'Horloge, roman.

La Comtesse Soir, roman.

Laissez-moi tranquille, roman.

Chez d'autres éditeurs :

Il était une petite pie, poésie.

Cahier de curieuse personne, poésie.

Le cœur de pic, poésie.

Cette année-là, roman.

Insolence, roman.

Le pot de mousse, roman.

La porte à côté, roman. Prix Sainte-Beuve.

Eve la blonde, roman.

Farouche à quatre feuilles, roman.

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LISE DEHARME

CAROLE OU

CE QUI PLAIT AUX FILLES

roman

RENÉ JULLIARD 30 et 34, rue de l'Université

PARIS VII

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I L A É T É T I R É DE C E T OUVRAGE, S U R P U R F I L D U M A R A I S , T R E N T E E X E M P L A I R E S N U M É R O T É S DE 1 A 3 0 , P L U S Q U E L Q U E S E X E M P L A I R E S D ' A U T E U R , L E T O U T C O N S T I T U A N T

L ' É D I T I O N O R I G I N A L E .

© 1961 b y R e n é J u l l i a r d Printed in France.

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A Léonor Fini.

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V o u s i n t é r e s s e - t - i l d ' ê t r e t e n u a u c o u r a n t d e s l i v r e s q u e p u b l i e l ' é d i t e u r d e cet o u v r a g e ?

E n v o y e z s i m p l e m e n t v o t r e c a r t e d e v i s i t e a u x E d i t i o n s R e n é J u l l i a r d , s e r v i c e « V i e n t d e P a r a î t r e », 30 et 34, r u e d e l ' U n i v e r s i t é , P a r i s , V I I et v o u s r e c e v r e z r é g u l i è r e - m e n t , e t s a n s a u c u n e n g a g e m e n t d e v o t r e p a r t , s o n b u l l e - t i n i l l u s t r é « V i e n t d e P a r a î t r e », q u i p r é s e n t e , a v e c l e s e x p l i - c a t i o n s n é c e s s a i r e s , t o u t e s l e s n o u v e a u t é s , r o m a n s , v o y a g e s , d o c u m e n t s , h i s t o i r e , e s s a i s , etc., q u e v o u s t r o u v e r e z c h e z

v o t r e l i b r a i r e .

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Carole secoua ses cheveux blonds.

« J'attends de moi beaucoup de ces choses que les imbéciles qualifient de scanda- leuses. Il est scandaleux de voir une enfant de quatorze ans agir de cette manière.

Pauvres parents, qui me prennent pour un ange! Heureux parents! Pauvres imbéci- les! Bien sûr, ils sont heureux, et c'est bien cela qui vous ennuie.

« Voilà que je me mets à raconter des histoires... Personne ne sait rien de moi, sauf que je suis belle, et qu'un soir je suis tombée dans la Seine parce que je m'ima- ginais... des choses. Heureusement, je nage comme une sirène. J'ai nagé... Je me regar- dais dans le miroir du ciel, mes cheveux blonds flottant derrière moi comme des algues de la Seine ».

Lorsque Carole remonta frissonnante sur la berge, quelques passants curieux,

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mais prudents, l'attendaient. Ils n'osaient, on ne sait pourquoi, s'approcher, comme si elle avait eu la grippe.

Cependant, une très belle créature lui prit la main. Elle appartenait à ce genre de gens qui comprennent tout sans qu'on leur dise rien :

— Il était sûr que tu tomberais. Et naturellement, ta petite copine s'est défilée.

Se frayant un passage parmi les curieux, cette personne emporta Carole qui claquait des dents, vers une voiture qui attendait comme un beau chien fidèle.

C'était Dominique.

Carole eut un frisson. Pas un de ces frissons de la tête aux pieds qui font se fermer les yeux. Non... pire... mieux : un frisson causé par l'introduction d'un corps étranger dur et doux dans un endroit extrêmement précis de sa petite personne.

Et tout ça réussi... Ah! là là!...

Elle reprit conscience la première et secoua ses cheveux. Ses dents étaient serrées comme les mâchoires d'un étau.

« Il y a deux choses dans la vie, Domi-

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nique, la pureté et l'érotisme, qui valent la peine de vivre. J'aime aussi beaucoup les papillons », ajouta-t-elle en baissant de longs cils sur ses yeux fauves, comme si elle avait dit une inconvenance. Contem- plant le corps mince et musclé de Dominique, elle lui dit : « Allez, vous êtes une ravissante personne, mais il y a temps pour tout. Je n'ai que quatorze ans et, à cet âge, on rentre à la maison avant trois heures. Nous allons bientôt rencontrer les oiseaux diurnes. Enfile ta robe. Ta robe!

j'ai dit. Pendant ce temps, je me livre au grand cérémonial de l'habillement.

— Oh! toi, ça va vite : un coup de brosse aux cheveux, le slip, la jupe plissée, le trench-coat... T'es veinarde, quand même...

— Je me lave à la maison. Pas avec la langue des autres, moi!

— Mon Carolin, je me dépêche. Ne me regarde pas.

La fillette pouffa de rire.

— Te regarder ? Non... Oh non ! Je vais ranger mon cartable et relire une phrase que j'ai copiée dans Mme de Girar- din, parce qu'elle se rapporte très exac- tement à un garçon que j'ai beaucoup

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aimé, fit-elle en levant les yeux au ciel de lit, comme un ange préraphaélite.

— Lis-la moi, pendant que je boutonne tous ces trucs.

Après lui avoir donné une caresse, d'une main experte, Carole lut :

« C'était un de ces hommes sur lesquels tout le monde croit pouvoir compter. Il passait pour brave parce qu'il était que- relleur ; pour franc, parce qu'il était contrariant, et pour serviable parce qu'il était familier. Il est vrai qu'il n'attaquait que les gens timides, ne contrariait que les gens sans avis, et n'offrait ses services qu'aux personnes qui, par leur position et la délicatesse de leur caractère, le met- taient hors de danger de les voir accepter.

Néanmoins, son air brusque en imposait et, d'ailleurs, comment soupçonner qu'un homme si bruyant pût dissimuler? »

— Qu'est-ce qu'il est devenu, ton type?

demanda Dominique.

— Je l'ai jeté par la fenêtre, répondit Carole en serrant la ceinture de son trench-coat.

Dominique se contemplait dans la glace avec satisfaction. Son petit tailleur grège collait à des hanches plates ; sa blouse en linon suisse — ça ne se repasse pas plus

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que le nylon — découvrait une gorge à deux doigts de l'opulence. Un magnifique collier de perles, un maquillage savant, des bracelets d'or de chez Cartier — de New-York —, des escarpins à talons mi-hauts, plusieurs chevalières au petit doigt. L'éclat mauvais des yeux de Carole vint troubler la fête :

— Ridicule, ce rimmel épais, mal mis ; il cache tes yeux clairs. Laisse-moi ça : le comble de l'art, c'est de ne pas avoir l'air maquillé.

Dominique obéit, passa de l'eau de roses sur ses yeux, qui apparurent alors comme un peu de ciel, lorsqu'un nuage noir vient de se retirer. Mais l'orage était en Carole :

— C'est imbécile, ces bracelets d'or sur des poignets épais.

Humble et triste, Dominique retira ses bracelets et les offrit à Carole. Celle-ci, avec une charmante désinvolture, les passa à sa patte étroite sans avoir besoin de les ouvrir.

— Je croyais que tu n'aimais pas les bijoux ?

— Pas de généralités, s'il te plaît : tout dépend de l'instant, des relations de cause à effet.

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Dominique, les yeux carrés d'incompré- hension, lui prit le bras pour descendre,

ouvrit la porte de l'hôtel.

— Je te vois demain ?

— Non, dit Carole.

— Alors, quand?

— Ah! si je savais!

Et, sans tourner la tête, elle partit de son pas dansant

Barbara était une amie de sa mère — une femme pas jeune, mais que Carole adorait. C'était une grande raconteuse d'histoires : tandis qu'elle parlait, ses doigts cerclés de bagues voltigeaient comme des colombes fatiguées. Elle avait des cheveux gris, un air de province, des yeux bleus, un tout petit nez; on aurait pu la croire sortie d'une boîte de dentelles.

Elle était mince, parfumée modestement, douée d'un charme incompréhensible.

Quand on l'avait vue, on ne pouvait plus l'oublier. Et cocasse avec cela, malgré sa distinction et son air innocent. Eté comme hiver, une blouse de guipure laissait devi- ner des dessous d'un raffinement exquis.

Carole écoutait.

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— Tu sais, petite maraude, je me suis bien amusée, moi aussi. J'ai connu les bals de Magic-City, pour la Mi-Carême. Pen- dant des mois, ces garçons cousaient, avec quel bonheur, des robes incroyables! J'al- lais les voir travailler, le soir, à l'insu de mes parents. Ils coupaient le fil entre leurs dents, comme de vraies couturières; ils chantaient des chansons : « Je cherche

« après Titine, Titine, oh! Titine... Je

« cherche après Titine, et ne la trouve

« pas... » C'était, disaient-ils eux-mêmes, la « Marseillaise des Tantes. » Je trou- vais à cette chanson un charme mélan- colique. Des fanfreluches, des plumes, des roses jonchaient le sol de l'atelier impro- visé...

— Deux pigeons s'aimaient d'amour tendre, dit Carole. Ces deux pigeons m'ont toujours paru assez louches. Qui donc attendait le retour d'un volage? Un mâle?

Une femelle?

— Il est bien difficile, tu le sais, Carole, de déceler le sexe d'un pigeon. Dans un couple, où est la femelle, où est le mâle?

Mêmes gestes, même comportement...

— Et l'amour le plus tendrement imbé- cile, ajouta Carole.

— Mais j'ai une autre histoire à te

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ACHEVÉ D'IMPRIMER LE 2 0 AVRIL 1 9 6 1 SUR LES PRESSES DE N. FORTIN ET SES FILS, IMPRIMEURS A PARIS POUR RENÉ JULLIARD, É D I T E U R A

PARIS.

Dépôt légal : 2 trimestre 1961.

N° d'Editeur : 2.378.

N° d'Imprimeur : 297.

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Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement

sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

Cette édition numérique a été réalisée à partir d’un support physique parfois ancien conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

Elle peut donc reproduire, au-delà du texte lui-même, des éléments propres à l’exemplaire qui a servi à la numérisation.

Cette édition numérique a été fabriquée par la société FeniXX au format PDF.

La couverture reproduit celle du livre original conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

*

La société FeniXX diffuse cette édition numérique en accord avec l’éditeur du livre original, qui dispose d’une licence exclusive confiée par la Sofia

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Références

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