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IL A ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE 300 EXEMPLAIRES NUMÉROTÉS DE I A 300

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Un matin

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IL A ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE 300 EXEMPLAIRES NUMÉROTÉS

DE I A 300

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Gérard INGOLD

Un matin

b i e n r e m p l i ou la vie

d'un pilote de chasse de la France Libre 1921-1941

Préface du général De Gaulle

CHARLES-LAVAUZELLE & C PARIS, 124, boulevard Saint-Germain LIMOGES - NANCY

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© Charles-Lavauzelle & C 1969

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Avec Jacqueline, qui tout au long de ces lignes m'a apporté le soutien de son cœur et de sa plume, je dédie cet ouvrage à mes parents,

à ma cousine Geneviève.

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Lettre à mes fils

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E tous temps, dans les familles françaises, ont existé des héros ou des personnages exceptionnels. Mais qui s'en souvient après quelques générations ?

Leur souvenir disparaît bientôt dans l'ombre de la nuit.

Ainsi songeais-je, en examinant récemment une vieille photographie de mon ancêtre, Célestin, mort à vingt ans, le 5 décembre 1870. J'y voyais un grand jeune homme en uniforme, à l'allure fière et je lisais au dos de l'image vieillie les admirables méditations qui étaient siennes à la veille de sa mort. Mais qui se souvient aujourd'hui de lui?

Je comparais en pensée son destin avec celui de mon frère Charles, l'aviateur, tombé à vingt ans le 15 décembre 1941 pour la France, avec les mêmes sentiments et la même mystique que son ancêtre Célestin. C'est donc pour vous, mes fils et pour vous, les fils de mes fils, que j'écris ces lignes à la mémoire de mon frère. L'exemple de sa vie ardente et brève doit survivre à nos mémoires fragiles.

Alors, apparaîtra en filigrane, au fil des générations, le visage de l'être exceptionnel que nous avons aimé puis perdu.

Au-delà de mon frère, puisse ce simple livre évoquer les figures anonymes de ceux qui s'embarquèrent en 1939 avec foi et courage dans ce qui devait être la grande aventure, et qui dorment aujourd'hui, bercés d'une gloire silencieuse.

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PREMIÈRE PARTIE

L'ENFANCE

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CHAPITRE PREMIER

Des cigognes d'Alsace à celles du Maroc

c HARLES naît en Alsace, à Colmar, dans notre vieille maison, le 6 juillet 1921, vers 6 heures du soir. Notre famille a un passé romanesque et haut en couleurs. C'est par le Rhin que nos ancêtres lointains, les Vikings, arrivèrent à Strasbourg, sur leurs barques vagabondes, aux environs de l'an mille. Là, ils se fixèrent au cœur de la plaine fertile, épousèrent des filles du pays, prirent souche, et devinrent de riches marchands. Ils échangèrent leurs drakkars contre des bateaux, toujours plus grands, toujours plus nombreux, qui de Strasbourg à Amsterdam sillonnaient les fleuves et les rivières, trans- portant les précieuses cargaisons. Alsaciens, ils étaient restés navigateurs. Devenus puissants dans la cité, ils se mêlèrent à la vie publique, obtinrent des charges importantes, accédèrent aux plus hautes dignités : notables, ambassadeurs, présidents de la libre République de Stras- bourg. Banquiers, ils possédèrent des comptoirs, des palais à Venise et de splendides demeures le long des routes fluviales.

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Puis vint le jour où ils eurent la mauvaise idée de se ruiner en prêtant leur or à François I pour les guerres d'Italie.

Avec eux s'effondrait la puissance financière de la ville.

Les procès avec la Couronne se succédèrent. Ils se résignè- rent et quittèrent les lieux qui les avaient vus grands, pour s'enfoncer plus loin, à l'intérieur des terres, au milieu des vignobles, à Cernay dans le Haut-Rhin. Mais, loin du fleuve qui avait fait sa fortune, notre famille ne devait plus connaître les splendeurs passées. Notre race s'assagit, et si je consulte notre arbre généalogique, je vois de dignes magistrats, des curés de campagne, des vignerons et, plus près de nous, des notaires pendant sept générations.

Vivant de leur plume ou de la terre, ils demeuraient patriotes, sachant mourir quand il le fallait. Le goût de l'aventure, resurgissant à certaines époques, devait sur- vivre. Sans doute est-ce là le signe que coule encore dans nos veines le sang de ces hommes du Nord. Ce même goût se retrouvera chez Charles, pilote de chasse, qui en temps de paix eût choisi le risque en devenant pilote d'essai.

Dans son avion, il éprouvera la même griserie que celle de ses ancêtres lointains à bord de leurs embarcations fulgurantes. Le chant des moteurs et les sifflements de l'air remplaceront pour lui le fracas des vagues et le frémis- sement des voiles.

Charles naît en Alsace, et sa boîte de baptême, dessinée par Hansi, préfigure déjà son destin : En costume régional, une jeune Alsacienne, à la coiffe noire, se penche sur son berceau, et montre au nouveau-né qui tend les bras, son premier jouet : un soldat français. La vieille maison se trouve sur le bord de l'étroite rivière, la Lauch, qui entraîne lentement de longues herbes vertes, dans le site bien connu de la petite Venise. Sur le grand toit pointu qui abrite deux greniers, les cigognes viennent parfois se poser dans leur nid rond et craquettent gaiement. Il est le premier né de ma mère ; mon père, lieutenant de l'Armée coloniale, se bat dans le Rif. Mes grands-parents président avec amour à sa naissance. Charles est aussi le premier petit-

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fils de ma grand-mère. Ancienne infirmière de la Grande Guerre, elle aide à le mettre au monde. En recevant dans ses mains ce bébé, sa joie est immense : elle croit revoir François, son premier né, mon père. Ma grand-mère, Louise, fille unique de notaire, souffrit beaucoup dans son enfance de n'avoir pas de frère ou de sœur. Elle les remplaça, ayant beaucoup de cœur, par de très fidèles et profondes amitiés. Plus tard, elle concevra un amour et un dévouement sans bornes pour les autres en général et en particulier pour son mari, ses fils, ses belles-filles et ses petits-enfants. Plus tard encore, devenue l'aïeule au doux nom de Mamie, elle accueillera, du même cœur généreux, ses petits-gendres, ses petites-brus et ses arrière- petits-enfants qui fleurissent aux quatre coins de la famille, et dont elle fera un bouquet pour l'offrir au Seigneur.

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Avec le recul du temps, je me rends compte qu'elle fut la clé de voûte de notre famille, à son époque. Au physique, elle ne changea jamais vraiment. Seuls, ses cheveux blanchirent avec l'âge et sa grande silhouette devint plus penchée et légère. Sa démarche était très particulière.

Les genoux serrés, elle avançait. Ses pieds glissaient au ras du sol, à petits pas pressés. La pointe de ses souliers était légèrement tournée vers l'intérieur, et de sa tête inclinée, elle semblait veiller à leur bonne tenue. Sur sa voix, égale et douce, s'égrenaient, dans une tonalité mono- corde assez haute, les paroles, dont la cadence rappelait curieusement le rythme de son trottinement affairé et pudique. Sa petite bouche, très fine, aimable et réservée, jolie de forme, ressemblait, Dieu me pardonne, à l'adorable museau d'un souriceau. Elle était couronnée à l'ancienne d'un chignon plat. Son profil dessinait un nez droit, presque romain, d'un bleu violet, ses yeux de forme asiatique exprimaient la bienveillance et l'autorité. Seuls, les sourcils inquiets, délicatement arqués, posaient une énigme sur ce visage paisible. Fort pieuse, elle portait autour du cou, accrochée à un ruban noir, une belle croix d'or, comme les femmes de Lorraine. Elle veillait à tout dans la maison. Elle était la première levée, la dernière couchée.

Elle vénérait son mari, Hubert, avec lequel elle formait un couple profondément uni, mais disparate à l'œil, car mon grand-père était de petite taille. Cela ne semblait pas la gêner, mais peut-être était-ce la raison pour laquelle son maintien de très grande dame inclinait vers une attitude d'extrême modestie que démentait parfois un sourire ou un mot.

Son époux était l'érudit, le savant et l'être infiniment bon qu'elle admirait. Il était le correspondant de nombreuses Sociétés scientifiques et ne cessait de faire des découvertes dans les domaines les plus divers. Sa modestie et son naturel confiant avaient parfois conduit d'autres personnes à se les approprier. Il entrait alors dans de violentes colères, vite éteintes, et se résignait, étant philosophe de nature.

Il était d'une grande culture, capable de discourir en grec et en latin.

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Au cours de notre enfance, il nous initia aux langues mortes, nous apprenant à les aimer comme des langues vivantes. Il était à la fois naturaliste, géographe, astronome et historien. A Colmar, son surnom était : « Monsieur- je-sais-tout. » Jeune, il eût voulu faire Polytechnique, mais ses parents qui habitaient à Colmar, en zone annexée, insistèrent pour qu'il fît « Forestière » à Nancy. Les Allemands considéraient en effet l'Ecole Polytechnique comme « Ecole Militaire ». Il fit donc l'Ecole des Eaux et Forêts et put de temps à autre voir ses parents qui, bien qu'ayant opté pour la France, avaient pu revenir en Alsace après leur expulsion. Il termina sa carrière comme Inspec- teur principal. Cet homme si doux, si profondément chrétien, qui jusqu'à 82 ans servit la messe tous les matins, et me gronda un jour parce que j'avais volontairement écrasé un insecte, fit cependant des inventions guerrières et effrayantes. Le premier, il mit au point des plaquettes incendiaires au phosphore.

Dès le mois d'août 1914, il écrivit au ministre de la Guerre afin de faire modifier le « Manuel du gradé d'infanterie », dans lequel, disait-il, des erreurs de hausses s'étaient glissées. Sur un ton de regret dont il était inconscient, il disait, étant âgé : « La hausse a été modifiée après 1918, si elle l'avait été quand je l'ai préconisé, j'ai calculé que nous aurions tué cent mille Prussiens de plus. » Son imagination créatrice remplaçait l'aventure par les inven- tions. Il avait défini un plan d'irrigation du centre de l'Afrique, en asséchant le lac Tchad et en détournant le Logone.

Il était hanté par les grands fleuves et par les cartes de géographie : à sa façon alsacienne et à son insu, il était resté un Viking.

Mes grands-parents n'eurent que deux fils. Ma grand-mère aurait aimé avoir de nombreux enfants et compter parmi eux un notaire, comme l'était son père et comme l'avait été son beau-père.

Ces deux rêves lui furent refusés.

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80 7212 0. IMPR. CHARLES-LAVAUZELLE ET C 31-2271. — PARIS. LIMOGES, NANCY. — 1969 Dépôt légal n° 38 : 3 trimestre 1969.

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