• Aucun résultat trouvé

La qualité de vie des personnes âgées immigrantes d'origine africaine (PAIA) au Manitoba : étude visant à décrire leurs besoins et expérience relatifs à leur intégration socioéconomique, 5 à 10 ans après leur arrivée au Canada

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "La qualité de vie des personnes âgées immigrantes d'origine africaine (PAIA) au Manitoba : étude visant à décrire leurs besoins et expérience relatifs à leur intégration socioéconomique, 5 à 10 ans après leur arrivée au Canada"

Copied!
135
0
0

Texte intégral

(1)

La qualité de vie des personnes âgées immigrantes d’origine

africaine (PAIA) au Manitoba : étude visant à décrire leurs besoins

et expérience relatifs à leur intégration socioéconomique, de 5 à

10 ans après leur arrivée au Canada

Mémoire

Josué Christa Daniella Joe

Maîtrise en santé communautaire

Maître ès sciences (M. Sc.)

Québec, Canada

(2)

La qualité de vie des personnes âgées immigrantes d’origine

africaine (PAIA) au Manitoba : étude visant à décrire leurs besoins

et expérience relatifs à leur intégration socioéconomique, de 5 à

10 ans après leur arrivée au Canada

Mémoire

Josué Christa Daniella Joe

Sous la direction de :

(3)

RÉSUMÉ

Cette étude qualitative phénoménologique décrit l’expérience vécue et les besoins relatifs à l'intégration socioéconomique des six aînés immigrants d’origine africaine (55 ans et plus) vivant au Manitoba depuis 5 à 10 ans. Le bien-être subjectif, tel que definit par la perception des immigrés pour leur qualité de vie, leur satisfaction avec la vie et leur état émotionnel, ont servi comme un indicateur général de l'intégration socioéconomique. La littérature a démontré que les personnes âgées immigrantes éprouvaient des problèmes particuliers dans leur intégration socioéconomique. Elle rapporte aussi des disproportions significatives entre les besoins des personnes âgées immigrantes et les services qu’elles reçoivent.

En utilisant une combinaison de l'approche théorique des déterminants sociaux de la santé et de la théorie de l'inclusion socioéconomique comme cadre conceptuel, cette étude qualitative analyse comment l'intégration socioéconomique inadéquate et les politiques de retraite d'État imposent à cette catégorie d'immigrants de vivre dans la pauvreté, ce qui affecte leur qualite de vie. Afin de mettre en évidence les particularités spécifiques des besoins des PAIA, nous avons cerné leur expérience, leurs préoccupations, leurs attentes et leur niveau de satisfaction en rapport avec les services d’intégration socioéconomique qui leur sont offerts.

Les résultats de cette étude indiquent que ces immigrés sont impuissants et sont opprimés dans presque chaque interaction qu'ils ont au sein de la sphère publique ou le marché du travail et la sphère privée tels que les modes de vie. Ces résultats montrent aussi que la situation du statut socioéconomique se répercute et influence les autres déterminants de la santé. Par conséquent, leur pauvreté est bien au-delà de leur contrôle personnel. Elle est fortement liée à l'injustice de la structure sociale fondée sur la classe, la race, le statut d'immigrant, l’âge et les politiques de l'État.

Mots clés : intégration socioéconomique, qualité de vie, statut socioéconomique, personnes âgées immigrantes, bien-être subjectif, pauvreté des immigrants

(4)

ABSTRACT

This study explores and describes the lived experience and the needs relating to the socioeconomic integration of the six elderly immigrants of African origin (55 years old and over) living in Manitoba since 5 to 10 years. The subjective well-being as measured by the immigrants’ perception of the quality of life, satisfaction with life and emotional state, served as a general indicator of the socioeconomic integration. The litterature has demontrated that the eldely immigrants are experiencing particular problems during their socioeconomic integration.It also reported significant disproportion between the needs of the eldrly immigrants and the services they receive.

Using a combination of the theory of socioeconomic inclusion and the theoretical approach of the social determinants of health as the framework, this study analyzes how the inadequate socioeconomic integration and the state’s pension policies impose this category of immigrants to live in poverty, that affects their quality of life. Finally to highlight the specific features of the needs of the africans immigrants seniors, we identified their experience, their concerns, their expectations and their level of satisfaction in relation to socioeconomic integration services that are available to them.

The findings of this study indicate that these immigrants are powerless and are oppressed in almost every interaction that they have within the public sphere, the labour market and the private sphere such as living conditions. These results also show that the situation of the socioeconomic status is reflected and influence on the other determinants of health. Therefore, their poverty is far beyond their personal control. It is strongly associated with social structure injustice based on class, race, immigrant status, age, and state policies.

Key words: socioeconomic integration, quality of life, socioeconomic status, lifestyle, elderly immigrant, subjective well-being, immigrants’ poverty.

(5)

TABLE DES MATIÈRES

RÉSUMÉ ... iii

ABSTRACT ... iv

TABLE DES MATIÈRES ... v

LISTE DE TABLEAUX ... vii

LISTE DES FIGURES ... viii

LISTE DES ABRÉVIATIONS ET DES SIGLES ... ix

DÉDICACE ... x

REMERCIEMENT ... xi

INTRODUCTION ... 1

Chapitre 1 : PROBLÉMATIQUE ... 3

1.

Contexte de l’étude ... 3

La population immigrante âgée au Manitoba ... 3

Besoins des aînés immigrants récents ... 5

Pauvreté chez les aînés immigrants récents au Canada ... 6

Revenu, santé et bien-être des immigrants âgés ... 6

Les modes de vie et la qualité de vie chez les immigrants âgés ... 7

Sécurité financière et qualité de vie chez les immigrants âgées ... 9

Statut socioéconomique et qualité de vie des PAIA ... 9

2.

Pertinence de l'étude ... 11

3.

Question et objectifs de recherche ... 13

Question de recherche ... 13

Objectif principal ... 13

Objectifs spécifiques ... 13

Chapitre 2: ÉTAT DES CONNAISSANCES ... 14

1.

Stratégie de recherche des écrits scientifiques ... 14

2.

L'intégration socioéconomique des PAIA dans leur société d'accueil ... 15

Difficulté d’intégration sur le marché du travail ... 16

Les problèmes d’intégration dans la société civile et la conscience subjective ... 17

Le désespoir qui affecte le bien-être socioéconomique des immigrants ... 19

3.

Facteurs de risque à l'intégration socioéconomique des PAIA ... 21

Les facteurs personnels ... 22

Les facteurs sociaux et organisationnels ... 25

4.

Utilisation de mécanismes ou des moyens mis en place pour faciliter l’intégration socioéconomique des immigrants ... 28

5.

Les faits saillants ... 31

Chapitre 3 : CADRE THÉORIQUE ... 34

1.

Les principaux concepts de l'étude ... 34

Personnes âgées immigrées ... 35

Intégration socioéconomique ... 35

La qualité de vie et les besoins ... 36

(6)

2.

La théorie des déterminants sociaux de la santé ... 37

3.

La théorie d'exclusion et d’inclusion socioéconomique ... 40

4.

Notre modèle théorique : combinaison de ces deux modèles ... 42

Chapitre 4 : MÉTHODOLOGIE ... 44

1.

Devis de l’étude ... 44

Approche phénoménologique ... 45

2.

Population à l’étude et échantillonnage ... 46

3.

Stratégie de recrutement ... 46

4.

Déroulement de l’étude ... 47

5.

Collecte de données ... 48

6.

Analyse des données ... 48

7.

Les critères de scientificité de l'étude ... 50

8.

Considérations éthiques ... 51

Chapitre 5 : PRÉSENTATION DES RÉSULTATS ... 52

1.

Le profil des participants ... 52

2.

La présentation des résultats ... 55

3.

L'essence du phénomène ... 75

Chapitre 6 : DISCUSSION ... 79

1.

Discussion des résultats ... 79

2.

Forces et limites de l'étude ... 97

3.

Recommandations ... 98

CONCLUSION ... 101

Références ... 102

Annexe 1 : Lettre de demande de collaboration ... 110

Annexe 1B : Letter of request for collaboration ... 111

Annexe 2 : Lettre d’information ... 112

Annexe 3 : Formulaire de consentement ... 114

Annexe 3B : Consent form ... 117

Annexe 4 : Grille d’entrevue ... 120

Annexe 4B : Interview grid ... 121

Annexe 5 : Questionnaire sociodémographique ... 122

Annexe 6: Tableau de codes et de sous-thèmes ... 123

(7)

LISTE DE TABLEAUX

Table 1: principales données démographiques des participants ... 52

Table 2: Thèmes et sous-thèmes issus de l’analyse de données ... 55

(8)

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Modèle de l’influence des déterminants de la santé ... 38

Figure 2 : Modèle d’exclusion et d’inclusion socioéconomique ... 40

Figure 3 : Modèle de l’impact de l’exclusion sur la santé et sur la qualité de vie .... 43

Figure 5 : L’intéraction des cinq thèmes ... 78

(9)

LISTE DES ABRÉVIATIONS ET DES SIGLES

CCMH/CSSM: The Canadian Council on Multicultural Health CERUL: Comité d’Éthique de la Recherche de l’Université Laval CIC: Citoyenneté et Immigration Canada

CLIC: Cours de Langue pour les Immigrants au Canada DSC: Développement Social Canada

ENM: Enquête Nationale auprès des Ménages FS: Fournisseurs de Services

GC: Gouvernement du Canada

INSA: Initiative Nationale pour les Sans-Abri IRSC: Institut de Recherche en Santé du Canada ISIS: Immigrant Settlement and Integration Services ITFE: Initiative sur les Travailleurs Formés à l'Étranger OCE: Orientation Canadienne à l’Étranger

OMS: Organisation Mondiale de la Santé ONU: Organisation des Nations Unies

PAIA: personnes âgées immigrantes d’origine africaine PAR: Programme d’Aide à la Réinstallation

PEAI: Programme d’Établissement et d’Adaptation des Immigrants QDA: Qualitative Data Analysis

RPC: Régime de Pension du Canada SRG: Supplément du Revenu Garanti SV: Sécurité de la Vieillesse

(10)

DÉDICACE

Je dédie cette recherche aux six personnes âgées immigrées africaines qui ont travaillé avec moi et ont partagé leurs expériences personnelles concernant leur intégration socioéconomique après la migration vers le Canada. Cette recherche est aussi dédiée à mon fils Thierry I. et à mes amies Agnès B et Vestine U. Je vous remercie pour votre soutien et vos encouragements tout au long de mon parcours éducatif.

(11)

REMERCIEMENT

Je remercie Dieu qui m'a offert la possibilité de poursuivre ma maîtrise en santé communautaire à l’Université Laval et de profiter de l'encadrement de madame Suzanne Bouchard que je respecte et remercie profondément. Je suis conscient que madame Bouchard a réalisé un grand effort avec moi tant en matière d'encadrement pédagogique que de révision des textes remis pour réaliser ce projet. Tout au long de mon parcours, elle a fait preuve de patience infinie. J'espère toujours être digne de sa confiance et d'avoir dans le futur d'autres possibilités d'apprentissage sous sa supervision. Mes remerciements vont également au professeur Pawel Krol, qui a revu cet ouvrage et a fourni de précieux conseils.

Je ne saurais passer sous silence le soutien de madame Gisèle Groleau, et de mes amis Fatoumata, Olivier et Amminadab, qui, grâce à leurs encouragements et leur amour, m'ont permis de persévérer dans mes études et dans la rédaction de ce mémoire.

Merci d'avoir cru en moi dès le début et de m'avoir soutenu tout au long de cet exigeant travail.

(12)

INTRODUCTION

Le processus d'intégration des immigrants dans une société d'accueil a été étudié pendant de nombreuses années, sous plusieurs angles et par rapport à une multiplicité de facteurs et de caractéristiques qui influencent le processus (Amit & Litwin, 2010). Selon Schnapper (1991), l’intégration comprend les formes de participation (des populations migrantes) à la société globale par l’activité professionnelle, l’apprentissage des normes de consommation matérielle et l’adoption des comportements familiaux et culturels. Plus particulièrement, pour l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), ce qui est qualifié d’intégration socioéconomique concerne les problèmes de distribution, la structure du marché de l'emploi, les coûts sociaux et d'opportunité, la dynamique des communautés et les processus de prise de décision. Les expériences de la vie et les perspectives qualitatives subjectives sur celles-ci ont des influences majeures sur l'intégration, sur la satisfaction de vivre, sur la santé mentale et sur la stabilité émotionnelle (Novak, 1997 cité dans Durst, 2005).

Selon OMS (1993) la qualité de vie est un concept très large, influencé de manière complexe par la santé physique de la personne, son état psychologique, son niveau d’indépendance, ses relations sociales ainsi que sa relation aux éléments essentiels de son environnement. La satisfaction de vivre correspond à une appréciation globale de la vie de l'individu selon son propre jugement et ses critères personnels. Selon Amit & Litwin (2010), l'aspect émotionnel du bien-être, est un état mental caractérisé par un sens pessimiste d'impuissance et le manque d'activité. Il est plus souvent évalué par la présence de symptômes tels que des sentiments de culpabilité, d’irritabilité et de fatigue. Pour plusieurs immigrants, la difficulté d’accès aux services adaptés à leurs besoins est une problématique qui affecte leur qualité de vie, surtout pour ceux qui arrivent au Canada en âge de retraite ou tout près de celui-ci (Alexander, Burleton & Fong, 2012; Elgersma, 2010; Wilmoth, 2004).

Pour Tchibindat (1998), nous pouvons dire qu’il y a intégration socioéconomique quand les individus occupent un travail stable qui leur procure un revenu permettant des conditions de vie décentes. L’intégration socioéconomique est un facteur important dans la lutte contre la pauvreté chez les immigrants arrivés récemment au Manitoba. Les défis que

(13)

pose cette intégration ont des implications majeures sur la qualité de vie pour ces immigrés. Au Manitoba, les immigrants d’origine africaine constituent un des groupes les plus vulnérables sur le plan socioéconomique nécessitant des services et un soutien spécifique (Garang, 2012; Magro, 2008). Par ailleurs, nous savons que l'un des indicateurs objectifs central d'une intégration réussie est la situation économique (Elgersma, 2010). Cependant, l’intégration socioéconomique des personnes âgées immigrantes d’origine africaine (PAIA) en particulier, n'a pas reçu une attention appropriée dans la littérature. L’immigration peut, pour certains, être perçue comme une perte de leur statut socioéconomique ou pour d’autres au contraire, permettre la réalisation de soi grâce à la sécurité retrouvée. Dans tous les cas, ce bouleversement demande des capacités d’adaptation. Quand cette transition n’est pas réussie elle peut entraîner de l’isolement, de l’anxiété, de la dépression, voire de la détérioration physique. Dans l’’approche des déterminants sociaux de la santé, les déterminants liés aux composantes sociéconomiques, sont parmi les plus importants lorsqu’on s’intéressent à la santé des personnes. C’est pourquoi cette étude cible les facteurs socioéconomiques en paticulier. Les problèmes de santé des personnes immigrées d’origine africaine âgées de 55 ans et plus sont différents de ceux des autres immigrants à cause des difficultés qu’ils rencontrent dans le domaine de l’intégration socioéconomique. Leurs problèmes de santé sont plutôt en lien avec l’évolution de leur statut socioéconomique en particulier en terme de revenu combiné à l'éducation et à l'occupation (Amit & Litwin, 2010; Elgersma, 2010). Dans le but de contribuer aux connaissances entourant l’intégration socioéconomique chez les PAIA au Manitoba, il est important de développer une meilleure connaissance des enjeux liés à l’intégration socioéconomique de ces personnes afin d’être en mesure d’adapter les programmes à leurs besoins spécifiques. Considérant la proportion grandissante de personnes âgées immigrantes dans la population canadienne, les résultats de cette étude pourront guider le choix des décideurs dans l’élaboration de stratégies de soutien et d’accompagnement en faveur du bien-être et de la qualité de vie de ces personnes.

Le présent mémoire comporte deux grandes parties. La première partie présente la problématique, la recension des écrits, le cadre théorique et la méthodologie de recherche. La deuxième partie comporte une description et une analyse des données, une dicussion, des recommandations et une conclusion.

(14)

Chapitre 1 : PROBLÉMATIQUE

Ce chapitre aborde trois points saillants. D'abord nous allons aborder le contexte de notre étude en présentant les aspects liés au statut socioéconomique des PAIA et à leurs besoins dans le domaine de l’intégration socioéconomique. Ensuite, nous nous intéresserons au problème à l'étude. Et enfin, une question de recherche et des objectifs seront présentés.

1. Contexte de l’étude

La population du Canada croît notamment par l’immigration. De plus, l’augmentation du nombre et de la proportion des personnes âgées connait un rythme plus rapide (2,8%) que celui des autres groupes d’âge (Dupâquier, 2006; Organisation des Nations Unies, 2014). La population de personnes âgées d’origine africaine est également en plus forte croissance parmi les groupes minoritaires visibles canadiens (Statistique Canada, 2014). Par ailleurs, la gestion de l'immigration au Manitoba obéit à des circonstances locales et mondiales et à un ensemble de lois spécifiques. La diversité ethnique au Manitoba pose certains défis en ce qui a trait à l’intégration socioéconomique de personnes âgées immigrantes.

La population immigrante âgée au Manitoba

L'immigration est devenue un sujet de première importance au Canada, non seulement en ce qui concerne les politiques gouvernementales, mais aussi en matière de recherche universitaire et dans les relations interprovinciales. Près d'un Canadien sur six est en effet né à l’étranger (Parant, 2001). D'ailleurs, la composition ethnique de la population canadienne est très diversifiée et le nombre d'immigrants reçus est en constante augmentation (Statistique Canada, 2012-2013). En 2010, les immigrants représentaient environ 28 % des aînés du Canada et environ 9% de ceux-ci étaient d’origine africaine (Agence de la santé publique du Canada, 2010; Statistique Canada, 2014). Ce fait a été favorisé par le régime migratoire dit sélectif et pluraliste adopté dans les années cinquante, pour remplacer un régime d'immigration dit raciste et assimilationniste qui préférait les immigrants britanniques et américains (Fortin & Piché, 2004). Ce nouveau

(15)

régime s’est traduit progressivement par un tournant décisif permettant l’ouverture du Canada à une immigration provenant de plus de 100 pays différents.

Le Manitoba est reconnu comme une terre d'immigration. Les statistiques sur les flux d'immigration au Manitoba permettent de constater que cette province se situe actuellement parmi les sociétés les plus ouvertes à l'immigration. Le recensement de 2012 affirme que le taux d'immigration le plus élevé au Canada a été observé au Manitoba. Il était estimé supérieur de +1,2 % par rapport au taux d'accroissement de la population lié aux naissances (Girard et al., 2013; Statistique Canada, 2012-2013).

En 1962, est introduit le principe de l'admissibilité universelle qui indique que toute personne qualifiée doit être considérée sur la base de ses mérites personnels, indépendamment de sa race et de son origine (Parant, 2001). La question de la diversité ethnique au Manitoba s'inscrit donc dans le cadre d'une société qui déploie des efforts d'intégration des immigrants à une société bilingue dans le respect de la diversité ethnoculturelle. Selon Parant, dans ce modèle, l'intégration des immigrants repose sur la notion de citoyenneté qui représente une avancée dans le sens où elle vise à favoriser la participation civique des citoyens de toutes origines.

Pour relever le niveau socioéconomique des nouvelles cohortes d’immigrants, un premier système de points fut mis en place en 1967. Ces points sont utilisés pour admettre les immigrants en fonction de leur adaptabilité en regard de leur éducation et de leurs aptitudes professionnelles et langagières. Le système de points a été conçu de manière à écarter toute notion de critère ethnique ou raciste et toute référence à des critères de religion, de sexe, de race, de couleur de peau ou de pays de naissance (Parant, 2001). Pourtant, malgré la bonne volonté du gouvernement du Manitoba qui mise sur l'intégration socioéconomique des immigrants dans leur nouvelle société d'accueil, certaines personnes, dont les africains, éprouveraient des difficultés à s'intégrer (Couton, 2014; Garang, 2012).

La population de personnes âgées d’origine africaine est également en plus forte croissance parmi les groupes minoritaires visibles canadiens. Elle représente plus de 14% des immigrants africains. Ces personnes constituent un des groupes les plus vulnérables sur le plan socioéconomique nécessitant des services et un soutien spécifiques. Ces phénomènes font du Canada et du Manitoba en particulier une population vieillissante aux

(16)

multiples visages et aux multiples conditions. Se pose alors la question de l’adaptation des services aux besoins des personnes immigrantes âgées.

Besoins des aînés immigrants récents

L’emploi et l'intégration socioéconomique sont des préoccupations importantes pour les immigrants et les défis rencontrés dans ce domaine ont des implications majeures sur la qualité de vie pour les immigrés (Elgersma, 2007; Murphy, 2010). Récemment, la pauvreté et l'intégration socioéconomique des immigrants âgés au Canada sont devenues les principaux enjeux de la recherche sociale (Elgersma, 2010; Magro, 2008). En effet, le manque de congruence entre des besoins personnels socio-économiquement définis et les caractéristiques environnementales des organismes communautaires et des institutions gouvernementales peuvent être une source majeure de stress vécu par les PAIA vivant au Manitoba (Elgersma, 2010; Kazempur & Halli, 2000; Magro, 2008). L'impact de ces facteurs peut varier selon le type d'immigration (immigration économique, regroupement familial, réfugiés) et le pays d'origine (Elgersma, 2007; Magro, 2008). Une étude menée à Ottawa sur les besoins des immigrants récents montre qu’en général, dans la phase immédiate suivant leur arrivée, leurs besoins sont liés en grande partie à la survie dont le logement, l'emploi et l’apprentissage de la langue (Murphy, 2010). Six mois après leur arrivée, ils ont besoin de plus de services ciblés, adaptés à leur situation individuelle ou familiale.

Dans le cadre de la lutte contre la pauvreté des immigrants âgés, l’intégration socioéconomique est l'un des facteurs de risque pouvant faciliter ou perturber la vie sociale et affective de tous les immigrants vivant au Canada (Elgersma, 2010). Ce phénomène est en

recrudescence

au Manitoba, en particulier pour les PAIA (Magro, 2008). Par ailleurs, dans un rapport d'interactions réciproques, comme celui d'adaptation à un nouvel environnement, il est important pour les PAIA, de bénéficier d'une intégration socioéconomique et d'interventions culturellement compétentes et appropriées à leurs besoins, tout en considérant les situations qu’elles ont expérimentées avant d’immigrer au Canada (Magro, 2008). D’autre part, il est indispensable que les immigrants s’adaptent avec leur nouveau milieu de vie incluant ses caractéristiques physiques, géographiques, linguistiques et culturelles (Conseil canadien pour les réfugiés, 1998; Ezéchiel, 2006). À ce sujet, le Conseil canadien pour les réfugiés (1998) considère que l'adaptation des services

(17)

considération des besoins de formation des intervenants, la présence de services spécialisés comme les banques d'interprètes pour aider à l'intervention (pour les refugiés par exemple) ou encore l'existence de médiateurs culturels qui aident à la relation entre les migrants et les institutions locales.

Pauvreté chez les aînés immigrants récents au Canada

Au Canada, les PAIA sont parmi les groupes les plus pauvres de la société canadienne (Magro, 2008). Selon Murphy (2010) et Young (1990), un certain nombre de théories sur la migration indique que la pauvreté des immigrants aînés est principalement due à l'inégalité entre les races et à la discrimination liée à l’âge. Les immigrants africains qui sont arrivés récemment font face à plus de difficultés économiques en raison de leur taux de chômage élevé et d’un moindre revenu d’emploi (Kazempur & Halli, 2000; Magro, 2008; Magro & Ghorayshi, 2011). Au Manitoba, les conditions d’existence des immigrants aînés sont analysées sous l’angle du revenu, des inégalités de revenu, de la pauvreté, de la santé physique, et dans une moindre mesure, de l’intégration socioprofessionnelle et linguistique. En ce qui concerne la pauvreté, la proportion de personnes âgées à faible revenu est plus grande chez les nouveaux immigrants que chez les immigrants de longue date (30 ans et plus) et par rapport aux Canadiens de naissance (Angel et al., 1999; Elgersma, 2007). De plus, une étude sur les immigrants mexicains aux États-Unis a montré une plus grande dépendance économique parmi ceux qui ont immigré après l’âge de 50 ans par rapport à ceux qui immigrent plus tôt dans la vie (Angel et al., 1999). Cela peut s’expliquer par le fait que les personnes qui immigrent en étant âgées sont moins susceptibles d'avoir accumulé des biens et des ressources dans leur pays d’accueil, ils ont souvent de plus petites pensions du gouvernement et ils profitent moins d'autres avantages pour subvenir à leurs besoins (Boyd, 1991; Elgersma, 2010 ; Gilleard, Hyde & Higgs, 2007). Selon l’OMS (2006), et l’Agence de santé publique du Canada (2008), la sécurité financière est l’un des déterminant majeur de la santé car, ses indicateurs tels que le revenu, l'éducation et l’emploi interagissent fortement avec celle-ci. Les résultats qui en découlent ont une influence sur la qualité de vie des individus et des groupes.

Revenu, santé et bien-être des immigrants âgés

L’immigration vers un pays étranger peut être une expérience très stressante, car elle implique des degrés variés de bouleversements économiques, sociaux, culturels et

(18)

environnementaux qui affectent la santé et le bien-être des personnes (Bhugra, 2004; Hitch, 1977). Par exemple, la perte d’emploi et la séparation de la famille ou des proches que rencontrent certains immigrants peuvent causer un manque de soutien économique et émotionnel. En général, la composante affective du bien-être, de la qualité de vie et de la satisfaction de vivre s'est avérée associée au revenu (Diener et al., 1993) et au niveau de vie des personnes (Bohnke 2008 cité dans Amit & Litwin, 2010). Souvent l'éducation se traduit par l'amélioration des relations sociales et une rémunération plus élevée, qui à son tour augmente la satisfaction de vivre (Helliwell, 2003, cité dans Amit & Litwin, 2010). Le statut d'immigrant est souvent considéré comme un facteur de risque majeur pour leur bien-être, surtout chez les personnes âgées (Chow, 2012; Murray, Davidson & Schweitzer, 2008). Ces personnes, surtout les immigrants récents, souffrent souvent des contraintes économiques liées à des revenus inadéquats et à une prise en charge insuffisante par la sécurité sociale (Kim & Kim, 2013; Luhtanen, 2009). Tout comme les autres groupes d’âge, le revenu affecte le mode de vie des personnes âgées. Plusieurs études ont montré que les immigrants âgés avec un faible statut socioéconomique peuvent avoir des difficultés à subvenir à leurs besoins quotidiens fondamentaux comme se nourrir et avoir recours à des services publics (Angel et al., 1999; Elgersma, 2007; Elgersma, 2010 ; Gilleard, Hyde & Higgs, 2007). Ces contraintes économiques jumelées au manque de soutien socioculturel, influent grandement sur la qualité de vie des immigrants âgés. Des recherches ont identifié un plus grand sentiment d'isolement, de la dépression, du stress psychologique et d’autres problèmes de santé chez les immigrants âgés en raison de ressources limitées pour la vie sociale (Anderson, 2004; Berdes & Zych, 2000; Da & Garcia, 2010 ; Gee, 2000;Tran, Khatutsky, Aroian, Balsam & Conway, 2000). Ces contraintes économiques limitent également leur choix de mode de vie et en ce qui concerne les facteurs liés au style de vie (Angel et al. 1999; Boyd, 1991; Burr & Mutchler, 1993).

Les modes de vie et la qualité de vie chez les immigrants âgés

Les modes de vie et la qualité de vie ont reçu une attention accrue des chercheurs dans les études sur les immigrés âgés (Basavarajappa, 1998; Boyd, 1991; Chow, 2012 ; Gee, 2000; Kritz, Gurak & Chen, 2000; Conseil national des aînés, 2014). Certaines études suggèrent que les immigrants âgés dans les sociétés non occidentales sont moins

(19)

Kiyak, 2008). Cependant, lorsqu'ils vivent seuls, ils sont plus à risque d'éprouver de la dépression et d’autres problèmes de santé mentale (Gee, 2000; Conseil national des aînés, 2014; Tran et al., 2000). Les croyances et les valeurs familiales sont également un concept important pouvant affecter les modes de vie ainsi que la qualité de vie des immigrants âgés (Lai, 2005; Walsh, 2014 ; Wilmoth & Chen, 2003).

Les immigrants âgés font souvent face au stress psychologique et à l’isolement social en raison des barrières linguistiques (Durst, 2005;Gentry, 2010; Immigrant Settlement and Integration Services (ISIS, 2010) et culturelles, des problèmes de séparation de la famille, de dépendance financière, de discrimination, du peu de relations sociales et de rôles sociaux, du manque de cohésion sociale dans les collectivités et des différences culturelles par rapport à leur pays d'accueil (Emami, Torres, Lipson, & Ekman, 2000; Hooyman & Kiyak, 2008; Conseil national des aînés, 2014; Wilmoth, 2004). Ces conditions mènent ces immigrants non seulement à une situation d’exclusion et d’isolement, mais aussi à vivre dans la solitude (Duffy, 1995; Martens, 2015; Conseil national des aînés, 2014).

Selon Martens (2015), un grand nombre de personnes âgées souffrent de solitude. Une étude faite en Australie montre que c’est un problème qui augmente rapidement et qu’un tiers des personnes âgées l’expérimente (Boldy & Grenade, 2011). Le sentiment de solitude s’est avéré être un facteur de risque majeur dans l’augmentation de la mortalité chez les personnes âgées au prise avec, la maladie d’Alzheimer, les maladies du système nerveux, les maladies coronariennes ou les accidents vasculaires cérébraux, le stress et la dépression (Wilson, 2007, cité dans Blackwell, 2012; Holwerda et al., 2012; Perissinotto, Cenzer & Covinsky, 2012). Des recherches montrent également que l’isolement social et la solitude augmentent le risque de souffrir de problèmes de santé mentale se répercutant sur l’estime de soi et la confiance (Conseil national des aînés, 2014; Wethington, 2000 cités dans Blackwell, 2012).

Enfin, quelques études concluent sur la question des conditions qui affectent la santé et le bien-être des immigrants âgés en mettant l’accent sur le manque de congruence entre les besoins personnels des personnes âgées immigrantes et les caractéristiques physiques, organisationnelles et environnementales de leur nouveau milieu de vie (Gratton, 2012). D’autres études signalent que, n'étant pas bien intégrés sur le plan socioéconomique, les immigrants âgés sont particulièrement vulnérables aux problèmes de santé physique et

(20)

mentale (Wilmoth, 2004). Une étude montre que dans les mêmes conditions de vie, les immigrants ont nettement plus de symptômes de dépression que les non-immigrants et que ce statut d'immigrant et les modes de vie qu’il comporte semblent interagir pour influencer ceux-ci (Wilmoth & Chen, 2003).

Sécurité financière et qualité de vie chez les immigrants âgées

La sécurité financière est une préoccupation majeure pour les personnes âgées en général et pour les immigrants en particulier, car ils arrivent avec peu de ressources financières et quelquefois avec peu de compétences pour se trouver un travail (Garang, 2012; Kazempur & Halli, 2000; Magro, 2008). De plus, ils doivent vivre au Canada pendant au moins dix ans avant d’avoir accès à la sécurité de la vieillesse (Boudarbat & Boulet, 2010; Elgersma, 2007; Murphy, 2010). C’est le cas de plusieurs immigrants venant des régions pauvres ou d’endroits connaissant des instabilités politiques et économiques. Dans ce contexte, les PAIA présentent plus de risques.

Plusieurs études suggèrent que le statut socioéconomique est un facteur clé pour déterminer la qualité de la vie de l'individu. Dans la plupart des études sur la migration, les résultats montrent que l'âge lié à l'immigration est le facteur le plus crucial affectant le bien-être socioéconomique, la qualité de vie et la satisfaction globale dans la vie, des immigrants dans le pays d'accueil (Angel et al., 1999 ; Balgopal, 1999 ; Boyd, 1991). Ces études indiquent également que la proportion de personnes âgées à faible revenu est plus grande chez les nouveaux immigrants (Angel et al. 1999; Elgersma, 2007; Murphy, 2010). D’autres études indiquent que les personnes âgées avec un statut socioéconomique inférieur sont plus susceptibles d'éprouver du stress économique, de dépendre des familles, d’avoir une pauvre estime de soi, d’avoir des problèmes de santé et de vivre dans la pauvreté (Angel et al., 1999; Boyd, 1991; Boyd & Kaida, 2011). La littérature révèle également que pour les immigrants âgés, le manque d'indépendance et d'autonomie signifie la perte de leur qualité de vie (Boyd & Kaida, 2011).

Statut socioéconomique et qualité de vie des PAIA

Le statut socioéconomique est souvent mesuré comme le résultat de la combinaison du revenu, de l'éducation et de l'occupation. Magro, (2008) convient que l'éducation est un indicateur très important du statut socioéconomique de la personne parce qu’elle peut

(21)

indique que les PAIA manquent souvent de formation dans leur pays d’origine à cause des insécurités sociales. Plusieurs études rapportent que les immigrants font souvent face aux problèmes d’accès à une formation et à un bon emploi. Ils ont un manque de reconnaissance de leurs diplômes ainsi que de la formation reçue et de l'expérience acquise à l'étranger. Néanmoins, par rapport à l'éducation, le revenu a une influence plus directe sur la qualité de vie et le bien-être dans la vie réelle (Kazempur & Halli, 2000; Pinquart & Sorensen, 2000).

En outre, plusieurs études suggèrent que le statut socioéconomique est un facteur clé pour déterminer la qualité de la vie de l'individu. Il reflète le statut social d'un individu ou d’un groupe. Les immigrants figurent en bas de l’échelle sociale parce qu'ils ont souvent moins de pouvoir en terme de prise de décisions concernant leur vie (Mikkonen & Raphael, 2010; Young, 1990). La littérature antérieure a montré que les personnes ayant un statut socioéconomique élevé, qui ont des niveaux plus élevés d'éducation, un statut professionnel plus élevé et un revenu plus élevé sont plus susceptibles de maintenir leur indépendance et leur autonomie, de jouir d’une meilleure qualité de vie et de ressentir de la satisfaction dans la vie et le bonheur dans la vieillesse (Bowling, 2005; Pinquart & Sörensen, 2000). Plusieurs recherches affirment que les gens sont plus heureux s'ils vivent dans la richesse plutôt que dans la pauvreté (Bowling, 2005; Basavarajappa, 1998), et que le niveau de bonheur et de satisfaction de la vie augmente avec l'augmentation du niveau de revenu (Angel et al., 1999 ;Bowling, 2005; Magro & Ghorayshi, 2011; Elgersma, 2010). Toutefois, la plupart des études sur la migration indiquent que la proportion de personnes âgées à faible revenu est plus grande chez les nouveaux immigrants (Angel et al. 1999; Elgersma, 2007; Murphy, 2010). À ce propos, la recherche démontre des disproportions significatives entre les besoins des personnes âgées immigrantes et les services qu’elles reçoivent. De même, certains écrits qualifient d’important l’écart entre les discours des gouvernements et les réponses aux préoccupations des immigrants âgés (Raphael et al, 2001; Luhtanen, 2009). Ces auteurs trouvent qu‘il s’agit d’un des grands enjeux pour la transformation des services institutionnels et communautaires destinés à l’amélioration de leur qualité de vie. Les PAIA au Manitoba font face à plusieurs problématiques qui ont un impact sur leur bien-être socioéconomique, ce qui nous amène à discuter de la pertinence de cette étude.

(22)

2. Pertinence de l'étude

En général, la recherche a démontré que les personnes âgées immigrantes éprouvaient des problèmes particuliers dans leur intégration socioéconomique en raison : 1) de leur statut dans la société d’accueil; 2) de leur vécu pré-migratoire et post-migratoire qui influencent leurs préférences socioéconomiques et; 3) des systèmes institutionnels et organisationnels de leur nouveau milieu de vie. Pour faire face à ces situations, certaines mesures ont été mises en place tant sur les plans institutionnels (par exemple, la création de nouveaux services pour répondre aux nouveaux besoins des immigrants âgés) et organisationnels (par exemple, les programmes qui multiplient les interactions entre les intervenants et les immigrants) ainsi que sur le plan pratique (par exemple, les interventions en fonction des attentes des personnes âgées immigrantes). À ce propos, dans un certain nombre de juridictions, les gouvernements ont cherché à relier les actions de l'État à la cohésion sociale à travers des initiatives visant à renforcer les relations sociales clées dans les communautés, ce qui relie les activités économiques à la cohésion sociale (Saucier & Thivierge, 2002).

En outre, la littérature scientifique rapporte des disproportions significatives entre les besoins des personnes âgées immigrantes et les services qu’elles reçoivent. Certains chercheurs comme Raphael et al. (2001) et Luhtanen (2009) trouvent que l’écart entre les discours des gouvernements et la réponse aux besoins des immigrants handicapent l’intégration socioéconomique des immigrants aînés ainsi que l’amélioration de leur qualité de vie. Certaines études ont été menées sur l’identification des éléments clés susceptibles d’influencer la qualité de vie des aînés en général. D’autres recherches ont étudié les éléments pouvant diminuer l’intégration socioéconomique des personnes âgées immigrantes. Cependant, nous avons remarqué que peu de ces études exposent l’impact de ces éléments sur la qualité de vie de ces personnes âgées immigrantes provenant de communautés ethnoculturelles et nouvellement arrivées dans différentes régions du Canada. Dans les écrits consultés, il y a peu d’éléments nous permettant de comprendre le vécu particulier des personnes d’origine africaine immigrant au Canada, plus particulièrement au Manitoba, alors qu’elles ont déjà plus de 55 ans. Il semble pourtant, qu’elles font face à des difficultés économiques ayant un impact sur leur intégration et sur leur bien-être qu’il est important de mieux comprendre afin d’aider à une meilleure adaptation dans leur nouveau milieu de vie.

(23)

La pertinence de la présente étude en santé communautaire s’explique par l’emphase qu’elle met sur la relation entre d’une part, les déterminants de l’environnement social et économique dans lequel vivent les PAIA, et d’autre part, leur santé et leur qualité de vie. Notre étude consistera alors à décrire le sens que ces immigrants donnent à leur expérience dans le domaine de l’intégration socioéconomique. Cet élément qui jusqu’à présent n'a pas été une priorité pour les intervenants et les chercheurs sera un point essentiel de notre étude. Bien que certaines études montrent une amélioration économique significative chaque année (Chiswick, 1979, cité dans Amit & Litwin, 2010), d'autres études indiquent que certains groupes d'immigrants ont du mal à réduire l’écart entre leurs revenus et celui des indigènes et même, transmettent cette disparité à leurs enfants (Borjas, 1994 cité dans Amit & Litwin, 2010). De même, dans la littérature scientifique, l’intégration socioéconomique des PAIA, en particulier, n'a pas reçu une attention appropriée.

Dans la présente étude, il sera principalement question d’explorer le vécu et les besoins des PAIA dans le domaine socioéconomique. Une analyse de la situation permettra de cerner les obstacles liés à l’intégration socioéconomique, de déterminer les besoins, d’explorer comment les PAIA gèrent toutes ces différences et quels sont les impacts de ceux-ci sur leur qualité de vie. Cette recherche devrait contribuer à enrichir les connaissances sur l’intégration socioéconomique des PAIA, ainsi que sur l’amélioration de la réponse à donner à ces personnes face à cette problématique. De plus, cette étude permettra de mieux comprendre les besoins spécifiques des PAIA, de même que leurs connaissances sur les services offerts. Cette étude s’inscrit donc secondairement dans une perspective d’amélioration de l’organisation des programmes institutionnels et des services communautaires. Le présent mémoire a pour but de recueillir l’expérience vécue, les besoins perçus, les attentes et les appréhensions des PAIA, âgées de 55 ans et plus, en regard de leur intégration socioéconomique après 5 à 10 ans de vie au Canada. Nous nous intéresserons aussi aux défis que pourraient poser leur intégration socioéconomique dans les communautés d’accueil ainsi que les types de services pouvant répondre adéquatement à leurs besoins.

(24)

3. Question et objectifs de recherche

Question de recherche

Quels sont l’expérience et les besoins des PAIA en matière d’intégration socioéconomique, de 5 à 10 ans après leur arrivée au Manitoba?

Objectif principal

Décrire l’expérience d’intégration socioéconomique et les besoins des PAIA âgées de 55 ans et plus, et vivant au Manitoba depuis 5 à 10 ans.

Objectifs spécifiques

1. Décrire les changements socioéconomiques vécus par les PAIA depuis leur arrivée au Manitoba, ainsi que la perception des conséquences de ces changements sur leur état de santé, leur bien-être et leur qualité de vie;

2. Décrire les services reçus par les PAIA en vue d’un soutien à leur intégration socioéconomique et leur niveau de satisfaction à l’égard de ceux-ci;

3. Recueillir le point de vue de PAIA sur leurs attentes et leurs appréhensions quant aux améliorations à apporter aux services qui leur sont destinés pour une meilleure intégration socioéconomique.

(25)

Chapitre 2: ÉTAT DES CONNAISSANCES

Ce second chapitre fait la synthèse de la littérature, sur le vécu des PAIA en matière

d’intégration socioéconomique en particulier, dans les communautés manitobaines. Après

avoir présenté la stratégie de recherche utilisée, l'intégration socioéconomique des PAIA

dans leur société d'accueil et les facteurs de risque à cette intégration seront abordés.

D'autre part, ce chapitre essaie de documenter et d’analyser les mécanismes ou les moyens

mis en place par les institutions pour faciliter cette intégration socioéconomique, tout en les

confrontant avec ce que rapportent les écrits scientifiques.

1. Stratégie de recherche des écrits scientifiques

Afin de puiser dans la littérature scientifique de plus amples renseignements sur le vécu et les besoins chez les immigrants adultes dans le domaine socioéconomique, nous avons consulté différentes bases de données. Il s’agit de Cochrane, PubMed, Web of Science, Google Scholar, le site de l'OMS et Érudit. Nous avons également consulté le site de Santé Canada, de l’immigration, de Statistique Canada et certains rapports des organismes communautaires et des tiers fournisseurs des services ciblant les immigrants. Ces sites ont été interrogés à l'aide des mots clés suivants : intégration socioéconomique, inclusion, exclusion économique, qualité de vie, statut socioéconomique, modes de vie, personnes âgées immigrantes, bien-être subjectif, pauvreté des immigrants, chômage des immigrants, marché du travail, emploi, déterminants sociaux de la santé, participation socioéconomique. Par ailleurs, afin de mieux comprendre notre problématique de recherche, nous avons également effectué une recherche dans la littérature grise. Cette recherche a été faite en anglais et en français, les termes utilisés en anglais ont été traduits en français pour la base de données Érudit. Aucune période de temps n’a été délimitée dans la recherche des articles. Seuls les articles publiés dans une autre langue que le français ou l’anglais ainsi que les articles payants ont été exclus. D'autres articles ont été trouvés dans la bibliographie des articles lus. La recension réalisée est non exhaustive et fournit un aperçu des travaux portant sur l’intégration sociale et économique des immigrants. Les articles sélectionnés reflètent les principaux thèmes en lien avec le statut sociéconomique et la qualité de vie des immigrants âgés.

(26)

Le constat est que plusieurs études sur la migration ont été menées pour identifier les éléments susceptibles d’influencer l’intégration socioéconomique des nouveaux arrivants, soit à travers des documents illustrés par des exemples concrets (Angel et al., 1999; Da & Garcia, 2010; Houle & Yssaad, 2010; Garang, 2012; Kazempur & Halli, 2000; Magro, 2008; Obin & Obin-Coulon, 1999; etc), soit par des rapports d'évaluation d'un ou de plusieurs programmes et services (Alexander, Burleton & Fong, 2012; Elgersma, 2007; Mulholland & Biles, 2004 ; Murphy, 2010; etc). Toutefois, nous pouvons remarquer que du point de vue socioéconomique, beaucoup de ces études se sont concentrées sur les immigrants en général sans considérer l’âge comme un facteur pouvant jouer un rôle dans le processus d’intégration. D’autres recherches ont abordé le problème de la pauvreté pouvant affecter le statut socioéconomique de personnes âgées sans toutefois considérer le statut d’immigrant et le fait d’être nouveau dans un pays comme un élément capable d’influer sur la situation des personnes âgées immigrantes.

Lors de cette revue de la littérature, plus de cent vingt articles ont été consultés pour comprendre comment la recherche évaluait les besoins et les problèmes liés à l’intégration des immigrants. Nous en avons sélectionné une cinquantaine ciblant plus précisément la pauvreté ou le statut socioéconomique des immigrants âgés. Les articles s’intéressant à l’intégration socio économique des immigrants âgés nouveaux arrivants ont fait l’objet d’une réflexion plus approfondie. Plusieurs auteurs ont critiqué la mesure de la qualité de la vie. Par exemple selon Bowling (2005), la santé et les indicateurs économiques sont souvent pris en considération au détriment de la manière dont les gens perçoivent et définissent eux-mêmes leur propre qualité de vie. Pour cette raison, nous avons recensé les études dans les trois approches utilisées pour réfléchir à l’intégration des immigrants. Il s'agit de l'intégration socioéconomique des PAIA dans leur société d'accueil, des facteurs de risque à l'intégration socioéconomique des PAIA, et de l’utilisation de mécanismes ou moyens mis en place pour faciliter l’intégration socioéconomique des immigrants.

2. L'intégration socioéconomique des PAIA dans leur société d'accueil

À la lumière des écrits scientifiques existants, il est possible d'examiner l'intégration socioéconomique des PAIA dans leur société d'accueil selon les dimensions suivantes : difficulté d'intégration sur le marché du travail, problème d'intégration dans la société civile et la conscience subjective de l'intégration et enfin, le désespoir qui affecte le bien-être

(27)

Difficulté d’intégration sur le marché du travail

Les résultats d'une recherche menée par Murphy en 2010 à Ottawa montrent que les personnes âgées immigrantes éprouvent des difficultés à se tailler une place sur le marché du travail. Les immigrants récents sont aussi surreprésentés au niveau du travail à temps partiel et saisonnier (population en général 39,1 %; immigrants globaux 41,2 %; immigrants récents 59,4 %). A ce propos, le recensement de 2015 mené par Statistique Canada montre que le taux d’emploi des immigrants âgés de 55 ans et plus est beaucoup mois élevé que celui des autres groupes d’âge (environ 35 % par rapport à 81 %). En ce qui concerne les immigrants qui vivent au Canada depuis moins de 10 ans, le taux d’emploi serait d’environ 25 %. Murphy (2010) explique que cette précarité d’emploi chez les immigrants récents est souvent due au manque de reconnaissance des formations et des expériences acquises à l’étranger et au manque de familiarité des employeurs avec les diplômes étrangers. Il dit également que la discrimination contre les immigrants joue un grand rôle dans ce problème.

Ces résultats sont partagés par Kazemipur, & Halli dans une étude faite en 2000. Ces auteurs affirment que les immigrants récents ont un risque accru de discrimination au niveau de l’emploi parce que ceux-ci sont souvent parmi les minorités visibles. Houle & Yssaad (2010) suggèrent que le système d'accréditation décentralisé pourrait être un obstacle, à cause des nombreux commerces et organismes professionnels étant impliqués. Chaque province au Canada a en effet ses propres normes lorsqu’il s’agit d’évaluer le niveau d’étude et dans la reconnaissance des diplômes pour les métiers et les professions. Selon Garang (2012) dans une étude réalisée à Winnipeg, le manque d’expérience canadienne constitue un gros obstacle dans l’obtention d’un emploi désiré ou qui se situe dans le domaine professionnel de la personne.

Pour Elgersma (2007), les personnes âgées immigrantes occupent généralement des emplois mal rémunérés et leur sécurité au travail est souvent médiocre. Pour lui, il y aurait une différence considérable entre le revenu des personnes âgées qui ont immigrées récemment et les immigrants de longue date (30 ans et plus) et par rapport au salaire des canadiens de naissance. Concernant l’iniquité de traitement, plusieurs recherches montrent que le revenu des nouveaux immigrants n'atteint pas la moyenne salariale canadienne. Et que, par conséquent, ces personnes sont exposées à des

(28)

situations de dépendance et de précarité (Angel et al., 1999; Elgersma, 2007; Da & Garcia, 2010).

Les problèmes d’intégration dans la société civile et la conscience subjective

L’intégration des nouveaux immigrants est vue par plusieurs auteurs comme une participation bidirectionnelle. Certaines études trouvent que lorsque les immigrants s’installent dans leur pays d’accueil, ils doivent trouver leur place dans cette nouvelle société, non seulement pour les besoins physiques tels qu’avoir un logement, mais aussi au niveau social et culturel (Murphy, 2010; Obin, J. P., & Obin-Coulon, 1999; Penninx, 2003.

Pour Penninx (2003), l'intégration est le processus par lequel les immigrés deviennent acceptés dans la société, en tant qu'individu et groupe. Selon lui, la responsabilité de l’intégration n’incombe pas seulement à un groupe particulier, mais à de nombreux acteurs dont, les immigrés eux-mêmes, le gouvernement du pays hôte, les institutions et les collectivités, etc. Dans cette recherche, l’auteur en arrive à la conclusion que c'est l'interaction entre ces différents acteurs qui détermine le sens et le résultat final du processus d'intégration. Il s’agit pourtant de partenaires inégaux. Plusieurs études vont dans ce sens, indiquant que la société d'accueil a beaucoup d’influence sur l'issue du processus, surtout en ce qui concerne sa structure institutionnelle et dans sa façon de réagir aux nouveaux arrivants (Elgersma, 2007; Penninx, 2003).

Selon Obin & Obin-Coulon (1999), l’intégration dans une communauté peut se concrétiser par de l'implication sociale auprès de divers organismes. Selon Murphy (2010), il semble cependant que les immigrants âgés appartenant à différents groupes ethniques, participent moins aux diverses activités d'organismes communautaires que les autres personnes du même âge. Pourtant, pour les nouveaux arrivants, les organismes communautaires offrent entre autres des activités de socialisation et des activités éducatives (cours d'alphabétisations, etc.) permettant à ces personnes de se valoriser et de maintenir leur sentiment de faire partie de leur communauté et de la société (Bhugra, 2004). Selon cet auteur, ces organismes constituent donc une source de valorisation pour les immigrants tout en induisant chez eux le sentiment d'être partie prenante de la société et de leur communauté.

(29)

D’autres recherches affirment que si les immigrants âgés ne sont pas indépendants financièrement, ils perdent aussi la motivation pour participer à ces activités sociales. Selon les résultats de ces recherches, cela a plusieurs conséquences néfastes sur la vie de ces personnes. Par exemple, lorsque la situation de précarité financière se prolonge, ces personnes âgées peuvent se replier sur leur propre culture importée de leur pays d'origine (Martens, 2015). Le risque serait de les amener à être isolées socialement, à vivre dans la solitude, à avoir une diminution de l’estime de soi et à tomber dans la dépression. Ces situations détériorent les conditions de vie et nuisent à la qualité de vie de ces personnes âgées (Conseil national des aînés, 2014; Duffy, 1995; Hitch, 1977; Martens, 2015; Mikkonen et Raphael, 2010).

En ce qui concerne plus particulièrement la solitude, certains écrits font une distinction entre le fait d'être seul, qui consiste en un isolement objectif caractérisé par une absence de contact et le fait de se sentir seul, et l'isolement subjectif où les contacts existent mais demeurent insatisfaisants pour les individus (Hitch, 1977; Martens, 2015; Conseil national des aînés, 2014). Selon ces auteurs, quelque soit la nature de la solitude (objective ou subjective), elle peut représenter, selon le contexte, une épreuve angoissante, un fardeau ou tout le contraire, une forme de sécurité que l'on peut vivre avec soulagement et même une libération. Plusieurs écrits scientifiques stipulent que pour les immigrants, quelque soit le sens donné à la solitude, celle-ci peut provoquer la sous utilisation des services publics ou communautaires (Duffy, 1995; Kazemipur, & Halli, 2000). Il existerait plusieurs autres raisons à la base de la sous-utilisation de ces services. Premièrement, ils seraient perçus par les immigrants comme des services destinés principalement aux membres du groupe dominant et non pour eux, parce qu’ils ont de la difficulté à comprendre le système dans lequel ils se retrouvent (Magro & Ghorayshi, 2011). Deuxièmement, les personnes âgées immigrantes manqueraient d'information sur les services disponibles et sur les procédures à suivre pour y avoir accès (Da & Garcia, 2010), parce qu’ils ne maitrisent pas bien la langue du pays d’accueil (ISIS, 2010). Troisièmement selon Murphy (2010), les personnes âgées immigrantes perçoivent les systèmes de soutien formel comme étant insensibles à leurs besoins. Quatrièmement, selon Elgersma (2010), ce serait les contraintes structurelles qui limiteraient le recours des immigrants âgés aux services communautaires, particulièrement, aux services d’intégration socioéconomique. Enfin, cinquièmement, certains intervenants estiment qu'ils auraient besoin de formation sur l'intervention

(30)

interculturelle pour être plus aptes à répondre aux besoins des personnes âgées immigrantes (ISIS, 2010).

En ce qui a trait à la gestion de la diversité en matière de santé et de vieillissement, la littérature scientifique démontre que des changements concernant les politiques et les pratiques de santé se sont opérés graduellement depuis 1985. C’est à cette époque qu'a été mis sur pied le Conseil canadien sur la santé multiculturelle, qui comporte plusieurs sections provinciales : « The Canadian Council on Multicultural Health » (CCMH/CSSM). Depuis sa création, le CCMH organise des conférences et des ateliers sur le multiculturalisme, les soins de santé, l'ethnicité et le vieillissement. Cet organisme a identifié plusieurs problèmes rencontrés par les personnes âgées immigrantes au Canada, dont entre autres : 1) le sentiment de ne pas être comprises ou pleinement intégrées dans la société́ canadienne ; 2) les barrières d'accès aux ressources et aux services en raison de difficultés linguistiques ; 3) le manque d'accès aux informations en ce qui a trait aux ressources et aux services disponibles ; et 4) le manque de moyens pour être financièrement indépendantes de leur famille (ACCESS, 2000) .

Le désespoir qui affecte le bien-être socioéconomique des immigrants

Le Canada a besoin d’immigrants qualifiés pour faire face à sa pénurie de main-d'œuvre, contribuer à la croissance démographique et afin d’assurer le bien-être économique de sa population. Pourtant les nouveaux arrivants au Canada continuent de connaître un taux de chômage élevé. Chaque année plus de 200,000 personnes venant du monde entier arrivent au Canada avec de grands espoirs et des attentes. Toutefois, après leur arrivée, ils font face à divers défis au niveau de leur installation et de leur intégration dans les communautés d’accueil. Dans une étude menée à Ottawa dans le but de déterminer les besoins des immigrants nouvellement arrivés, Murphy (2010) trouve que leur plus grande déception est le marché du travail. Dans son article qui corrobore les résultats d’Elgersma (2007) et de Kazempur & Halli (2000), Murphy dit que malgré les attentes élevées en terme de qualité de vie des nouveaux arrivants au Canada, ces derniers sont confrontés aux défis du chômage en raison des barrières linguistiques, de la non-reconnaissance des diplômes étrangers et du manque d'expérience sur le marché de travail canadien. Il continue en disant que bien que 51 % des employeurs du secteur privé voient la pénurie de travailleurs qualifiés comme un problème, seulement 15 % considèrent l’embauche de

(31)

que la non-reconnaissance des diplômes et des expériences étrangères par les employeurs, par les organismes professionnels et par les instituts de formation peuvent conduire à une sous-utilisation du « capital humain » de beaucoup de nouveaux arrivants qui ont été choisis pour leurs compétences, pour leur expérience de travail et en fonction d’autres caractéristiques sociodémographiques. Ces résultats sont corroborés par Foster (2008), et par Houle & Yssaad, (2010).

Des chercheurs de Toronto ont trouvé que le manque de maîtrise des langues nationales, surtout l’anglais, est l'un des principaux obstacles à l'emploi pour la plupart des immigrants âgés (Alexander, Burleton & Fong, 2012). Plusieurs études corroborent ces résultats en affirmant que dans la perception des immigrants récents, c'est le plus important obstacle au succès sur le marché du travail (Da & Garcia, 2010; Houle & Yssaad, 2010). Ces auteurs disent que quoiqu’une majorité d’immigrants âgés, nouveaux arrivants soient très instruits, beaucoup d’entre eux ne peuvent pas utiliser leurs savoirs et leur expertise en raison de leur faible connaissance de l'anglais. Ils mentionnent également à ce propos que le manque de maîtrise de la langue anglaise peut être interprété comme une mauvaise communication entraînant un échec lors d’entrevues et une limite dans le réseautage social lors de recherche d'emploi. Magro (2008) et Obin & Obin-Coulon (1999) avancent que cela peut conduire à la perte de confiance, à la dépression et au retrait.

Dans leur recherche faite en 2010 sur les problèmes d’acceptabilité des immigrants sur le marché du travail, Houle & Yssaad trouvent qu’en plus de la non-reconnaissance des diplômes étrangers, il est très difficile pour les nouveaux arrivants de trouver et de conserver un emploi en raison de l'absence de maîtrise des langues canadiennes (anglais et français). Selon Statistique Canada (2001), environ 14 % de la population âgée immigrante ne parlait aucune des langues officielles en 2001. Pourtant, d’après eux, la plupart des nouveaux venus apportent des habitudes de travail positives telles que des habitudes de travail intense et de la loyauté envers leur lieu de travail. Selon eux, il peut s’avérer difficile pour ces personnes de maintenir un emploi à cause de malentendus et des différences dans les pratiques et dans la culture d'entreprise comme par exemple : des difficultés dans les relations de travail avec les collègues, le travail en équipe ou une mauvaise communication au travail pour ceux qui ont des difficultés avec les langues officielles. Les résultats d’autres études vont dans le même sens (Da & Garcia 2010; Magro, 2008). D’autres études affirment que l'éducation est un des grands atouts des nouveaux arrivants lorsqu’ils immigrent au Canada, mais que leurs savoirs professionnels

(32)

et leur expérience ne sont pas toujours évalués à leur juste valeur (Houle & Yssaad, 2010;

Magro, 2008). L’article de Houle & Yssaad précise qu’en plus de cela, la plupart des institutions de formation n'ont pas de programmes personnalisés pour permettre aux professionnels formés à l'étranger d’améliorer ou de mettre à niveau leurs compétences. Selon Elgersma (2007), la majorité des professionnels formés à l'étranger font face à des défis particuliers dans la recherche d'un emploi dans leur domaine professionnel. Ils arrivent à la conclusion que bon nombre d'entre eux rencontrent des difficultés relativement aux autorisations exigées avant d'être considérés pour un emploi dans leur profession et ils ne peuvent pas obtenir leur permis de travail avant d’avoir de l'expérience au Canada. À ce propos, beaucoup d’autres recherches affirment que la plupart des immigrants adultes sont choisis à cause de leurs compétences transférables, mais, comme plusieurs professions sont fortement règlementées au Canada, les métiers ou les formations étrangères peuvent ne pas être reconnus dans différents secteurs (Foster, 2008; Kazemipur & Halli, 2000). Cela aggrave la situation des travailleurs immigrants parce qu’ils sont parfois embauchés dans des emplois en dessous de leurs qualifications et pour un salaire qui ne correspond pas à celles-ci (Garang, 2012; Mikkonen & Raphael, 2010).

Selon Elgersma (2007), cette situation a de graves conséquences sur le bien-être socioéconomique ainsi que sur la qualité de vie des immigrants âgés. Cette situation oblige les immigrants récemment arrivés à vivre dans la pauvreté, donc de l'aide de dernier recours dont l'aide sociale ou à dépendre de leurs proches. Ces résultats sont confirmés par Angel, et al., (1999), et par Da & Garcia (2010). Pour Statistiques Canada (2015), il est probable qu'une bonne partie de cette population survit avec un revenu annuel équivalant ou en dessous du seuil de la pauvreté.

3. Facteurs de risque à l'intégration socioéconomique des PAIA

Les études recensées affirment que plusieurs facteurs entravent l’accès des personnes âgées immigrantes aux services d’intégration socioéconomique et diminuent l’impact de la majorité des déterminants sociaux de la santé au niveau individuel ou collectif (Agence de la santé publique du Canada, 2008; Mikkonen & Raphael, 2010). De plus, plusieurs recherches montrent que ces facteurs nuisent à la qualité de vie de ces personnes tant sur le plan physique que sur le plan psychique (Chow, 2012;Da & Garcia, 2010). Ces facteurs

Figure

Figure 1 : Modèle de l’influence des déterminants de la santé
Figure 2 : Modèle d’exclusion et d’inclusion socioéconomique
Figure 3 : Modèle de l’impact de l’exclusion sur la santé et sur la qualité de vie
Table 1: principales données démographiques des participants
+3

Références

Documents relatifs

- s’il y a plusieurs objets pour chaque possesseur, on met le pluriel ex : Les skieurs prennent leurs gants (deux gants par skieurs). Exercices d’application.. 2 - Le plongeur

Écartons tous les demi-sauvages de la Russie, de la Scandinavie, et çà et là des pays mêmes les plus avancés, car on n'en voit pas un qui ne renferme ses clans, ses montagnards

Compléter le document réponse n°1 Le capteur n°1 doit être sur l’entrée %I1,1 Le capteur n°2 doit être sur l’entrée %I1,2 Le capteur n°3 doit être sur l’entrée %I1,3

Dans le prolongement d’une journée d’étude de l’Association française de science politique tenue en octobre 2007 et de la création en son sein, en 2008, du Groupe de recherche

Figure 4.6.: Nuages de points de classications avec 4 classes pour les 4 analyses Les classications les plus intéressantes, à savoir celle à 5 classes sur les pentes absolues et celle

Recopie les phrases ci-dessous en transformant au pluriel tous les noms.. Accorde si besoin, les autres mots de

Recopie les phrases ci-dessous en transformant au pluriel tous les noms.. Accorde si besoin, les autres mots de

Beyond assessment of cares using postoperative mortality and major complications as outcomes, few are known about the health-related quality of life (HRQoL) as