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Selon plusieurs études, on entend par facteurs personnels, les déterminants en rapport avec les caractéristiques physiques (par exemple l’âge, la race) et psychologiques (par exemple la perception subjective) de l’individu, pouvant handicaper son intégration socioéconomique dans son nouveau milieu de vie (Agence de la santé publique du Canada, 2008; Chow, 2012; Mikkonen & Raphael, 2010). Selon Chow, en ce qui concerne les personnes âgées immigrantes chinoises, les principaux déterminants individuels pouvant nuire à leur qualité de vie lorsqu’elles arrivent dans leur pays d’accueil sont entre autres: l’âge, un faible revenu, le statut social, et l’appartenance à une communauté ethnique minoritaire. Les résultats de cette étude révèlent que, bien que ces facteurs soient tous importants, les personnes ayant un faible revenu, particulièrement celles vivant sous le seuil de la pauvreté, sont celles qui sont le plus à risque de déterioration de leur qualité de vie. L’Agence de la santé publique du Canada (2008) arrive à la même conclusion, de même que les recherches de Mikkonen & Raphael (2010).

En ce qui concerne l’âge, les recherches démontrent que cette variable peut affecter l'intégration des individus dans la société d'accueil de plusieurs manières. Tout d’abord, comme on l’a vu précédemment, la recherche de Magro (2008) indique que l’âge avancé et beaucoup de responsabilité pour les immigrants âgés constituent un handicap gênant pour apprendre des langues officielles ou poursuivre des études. Selon lui, la non- reconnaissance des diplômes et des expériences étrangères par les employeurs, par les organismes professionnels et par les instituts de formation, constitue une forte oppression qui peut conduire à renoncer à la recherche du travail. Dans son étude, Young (1990) a exposé la même idée. Magro indique aussi que l’incapacité de parler les langues officielles peut décourager les immigrants à poursuivre l’éducation nécessaire pour se trouver et maintenir un emploi décent. Les problèmes de langue peuvent aussi entraîner des problèmes de communication, un sentiment d'isolement et de la solitude ainsi que d’importantes difficultés relationnelles. Ces notions corroborent celles de Bhugra, (2004) dans son étude sur la migration, le stress et l’identité culturelle. Pour Holwerda et al. (2012), la solitude a une influence significative sur la santé physique et mentale. De plus,

certaines des observations cliniques que ces chercheurs ont effectuées ont confirmé l'hypothèse selon laquelle un faible niveau socioéconomique ou socioprofessionnel favorise le déclenchement de stress psychologique et d’autres problèmes psychologiques comme entre autres la dépression chez les personnes âgées immigrantes. Les résultats d’une recherche de Gallarda & Lôo (2009) indiquent que la dépression dans le sens de « désespoir existentiel » est souvent associée avec l’âge avancé.

Angel et al. (1999) explore l’expérience et les problèmes des immigrants mexicains au États Unis. Ils affirment que l'isolement social des immigrants âgés récemment arrivés se construit dès le départ en raison de leur dépendance financière, sociale et psychologique envers les plus jeunes membres de leur famille. Ces auteurs disent que cette dépendance s’explique aussi par la présence de difficultés linguistiques, par leur manque de compréhension de la société d'accueil, par leur niveau d'instruction peu élevé et par leur réticence à participer aux activités sociales et récréatives destinées aux aînés dans la communauté. Selon eux, il s’agit des principales raisons expliquant pourquoi les personnes âgées immigrées ont un statut social inférieur à celui qu’elles avaient dans leurs pays d'origine. Plusieurs autres chercheurs en arrivent aux mêmes conclusions (Da & Garcia,2010; Magro, 2008; Murphy,2010). Pour Magro (2008), le manque de compétences linguistiques ou le faible niveau d'instruction rend les immigrants âgés vulnérables aux efforts que demande leur intégration socioéconomique.

Selon Murray et al. (2008), le statut social des immigrants âgés dans la société d'accueil influencerait leur état de santé et les exposerait à des situations de discrimination raciale sur le marché du travail. C'est aussi ce que l'enquête nationale sur la santé de la population canadienne menée par Statistique Canada (Institut national de santé publique du Québec, 2010) a permis de constater. Ces auteurs affirment que les immigrants ont été deux fois plus exposés à une détérioration de leur état de santé que la population en général. D’une part, plusieurs recherches sur les causes de mortalité chez les personnes âgées démontrent que le syndrome métabolique et les maladies chroniques sont étroitement associés à des facteurs comme l’obésité, le manque d’activité physique, etc. (Knott, Coombs, Stamatakis & Biddulph, (2015); Rao, Dai, Lagacé & Krewski, 2014). D’autre part, ces recherches démontrent aussi que le manque d’activités physiques et l’état de stress que vivent les immigrants âgés peuvent les conduire à un excès de consommation d’alcool ou même de drogues.

Parmi les facteurs personnels, on peut aussi citer le niveau de besoins qui peut être différent pour les immigrants selon plusieurs critères comme l’âge, le niveau d’éducation, les antécédents professionnels, etc. En plus, les besoins peuvent être différemment ressentis selon le contexte ou le domaine. Dans tout les cas, le besoin recouvre l'ensemble de tout ce qui apparaît « être nécessaire » à un être, que cette nécessité soit consciente ou non. Plusieurs chercheurs l’expliquent comme « une exigence née d'un sentiment de manque, de privation de quelque chose qui est nécessaire à la vie » (Murray, 1938; Maslow, 1968; McClelland, 1961, Alderfer, 1972).

Selon Maslow (1954), les motivations d’une personne résultent de l’insatisfaction de certains de ses besoins. Certains humanistes affirment que pour atteindre ce qu'ils considèrent comme « un accomplissement personnel » certains individus peuvent tolérer la douleur, la faim et beaucoup d'évènements qui sont sources de tension. C’est ce que Maslow (1954) appelle « la réalisation de soi ». C’est pourquoi, même si certains besoins sont satisfaits à priori pour la majorité d’entre nous, chacun de nous ne porte pas sur ces besoins la même appréciation. Pour Maslow, les besoins humains peuvent être classés en 5 niveaux selon leur ordre d’importance: les besoins physiologiques, le besoin de sécurité, le besoin d’appartenance, le besoin d’estime, les besoins psychologiques. Ce classement correspond à l’ordre dans lequel ces besoins apparaissent à l’individu. Selon Maslow (2008), la satisfaction des besoins d’un niveau engendre les besoins du niveau suivant. C’est pourquoi, même si la réalité n'est pas aussi statique, une boucle récursive existe entre les besoins. Cela est dû à l'interdépendance existant entre les besoins et les aspirations (Lecomte, 1997).

À ce propos, certaines études mentionnent que les immigrants peuvent considérer l’importance des besoins de différentes manières suivant leurs antécédents, leurs croyances et valeurs et leur perception (Gates-Gasse & Lassonde, 2015 ; Murphy, 2010). Ce qui est évident est que lors de leur intégration dans leur nouveau milieu de résidence, le parcours de chaque immigrant, doit traverser tous les besoins ci-haut cités. Mais pour les immigrants âgés, il apparait que le manque de moyens financiers ne leur permet même pas de subvenir à leurs besoins de base, alors que leurs aspirations seraient de retrouver le niveau de vie qu’ils avaient avant l’immigration ou même de le dépasser (Murphy, 2010).