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Tracés dictés

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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Né à Kinshasa, en République démocratique du Congo, Moridja Kitenge Banza vit et travaille aujourd’hui à Montréal. Le parcours qui l’a mené jusqu’au Canada a été sinueux, comme tout récit de migration. Avec une pratique située entre la réalité et la fiction, cet artiste multidisciplinaire évoque le déploiement de son identité au fil de ses déplacements, en explorant plus spécifiquement ses racines africaines telles qu’elles ont été modulées par l’expérience de la colonisation belge.

Kitenge Banza fait des études en arts visuels à l'Académie des Beaux-arts de Kinshasa, où il apprend la peinture à partir des grands tableaux des maîtres européens, et où on lui enseigne l’histoire de l’art du point de vue occidental. Plus tard, en France, il poursuit ses études en beaux-arts, puis en politique et développement culturel des villes. Pendant ces voyages,

Mappemonde

du 14 avril au 19 mai 2018

TracÉs dictÉs

Moridja Kitenge Banza

4001, rue Berri, local 301, Montréal (Qc) H2L 4H2 514 844-3250 www.oboro.net

(2)

À l’intérieur de la petite salle d’OBORO, Kitenge Banza expose pour la première fois sa série Mokili – The Map – Le Monde, qu’il élabore depuis 2009. Sur des cartes inventées, il retrace son parcours depuis son départ du Congo au début des années 2000. Chacune des cartes présente le monde tel que Kitenge Banza le découvre pendant un cycle d’une année complète. Pour ce faire, il se réapproprie les codes de la cartographie occidentale, avec ses ensembles, ses légendes et ses graphiques. Il se positionne ainsi résolument comme le fruit de la colonisation et, non sans ironie, demande si des lieux donnés existent si on ne les a pas vus nous-mêmes.

Il pose la question de l’existence de l’autre, de la valeur de son expérience en regard de la nôtre. Enfin, ce corpus lui permet d’observer la démultiplication de ses identités au fil de ses voyages et de réfléchir sur papier la notion du « chez soi ». La carte devient ainsi comme une boussole. Kitenge Banza créée sa propre mappemonde ignorante des frontières artificielles héritées de l'histoire. Cette série est une réflexion sur l'espace comme lieu social, identitaire, et culturel et sur le territoire, la mémoire et les frontières. C’est aussi un exercice qui structure le monde de l’artiste en tant que jeune homme d’origine africaine, congolaise, immigrant et aujourd’hui citoyen du Canada.

Au bas de chacune des cartes, on lit une citation du poète, critique et philosophe martiniquais Édouard Glissant : « La racine unique est celle qui tue autour d’elle alors que le rhizome est la racine qui s’étend à la rencontre d’autres racines. » Évocatrices d’un rhizome botanique, les chiromancies forment une sorte de clé à la lecture des cartes géopoétiques. Kitenge Banza propose ainsi une lecture critique de sa propre expérience de la colonisation en inversant sa logique. Les rhizomes sont ici les racines complexes qu’il plante lui-même, qui le rattachent aux lieux évoqués. Ces systèmes sont vivants et s’alimentent entre eux, bien qu’ils semblent parfois très lointains.

que l’artiste envisageait comme temporaires, sûr de rentrer vivre chez lui, il transporte son atelier où il vit, et crée des œuvres où il se met en scène et évalue sa posture et son rôle de personne noire hors d’Afrique. Avec humour, il interroge la mémoire et l’identité par des prismes sociopolitiques et économiques. L’exposition Mappemonde, à OBORO, réunit deux corpus inédits à Montréal qui, bien qu’ils puisent dans son histoire personnelle, peuvent se lire de manière universelle.

Kitenge Banza amorce la série des Chiromancies en 2008. Au quotidien, il dessine les trois lignes les plus creuses de sa main gauche en l’observant attentivement : parfois la paume est ouverte, parfois il la referme sur elle-même pour en plisser le creux. Il recopie les sillons comme pour marquer des balises, des chemins connus. Une fois cette ossature placée sur le papier, il la laisse dicter la forme, confie au pinceau la tâche de courir librement, et permet à l’encre de ruisseler afin de faire surgir des nœuds, des réseaux et des grilles, à la manière d’une carte. La chiromancie est l’art de lire l’avenir dans les lignes de la main. Kitenge Banza conjure un futur et y place des repères dont il invente les contours.

Commencées en petit format dans une chambre exigüe, Kitenge Banza agrandit les Chiromancies lors d’une résidence au Sénégal où il travaille dans un très grand atelier. De retour chez lui, il poursuit sa recherche en se servant de la porte de sa chambre comme support, dont la hauteur et la largeur dictent dorénavant les dimensions. Au fil de ses déplacements géographiques, il conserve ce format et accumule une collection importante de dessins, qu’il transporte roulés, comme des parchemins portant l’histoire de son existence, et toutes les portes et la résilience requise pour entrer et sortir constamment de soi-même en traversant des cloisons et des frontières.

— Claudine Hubert

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