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Academic year: 2022

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a. martens, travailleurs Immigrés: critique d, quelques études - e. lambrechts, la NconcIIté des Jeunes couples belges - J. lefèvre, pour une sociologie des relatlone entre groupes linguistiques - g. deprez, le choix d'une école catho- lique - p. delfoue, le texte d'un système des pensions (II) - c. leplae•

...,.. et réalité en sociologie de la famille - c. presvelou. a. brutus et

recherches sociologiques

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RECHERCHES SOCIOLOGIQUES

PUBLICATION SEMESTRIELLE Comité de Gestion P. DE BIE, président C. LEPLAE, C. PRESVELOU

Comité de Rédaction

G. DEPREZ, L. J. JADIN, rédacteurs en chef F. BOUDRU, E. LAMBRECHTS, J. LEFÈVRE

Administration - Edition Centre de Recherches Sociologiques

Université Catholique de Louvain Van Evenstraat, 2 b B - 3000 LOUVAIN

Tél. 016/276.00 C.C.P. n° 5650.81

Abonnement

(2 numéros)

Numéro

Belgique et pays de la CEE Autres pays

225 FB 250 FB

125 FB 135 FB

Les manuscrits, introduits pal' un bref résumé, doivent être remis au Comité de rédaction en quatre exemplaires dactylographiés. La rédaction décline toute responsabilité quant au contenu des articles.

Copyright: La reproduction des articles est interdite sans autorisation du

comité de rédaction. .

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RECHERCHES SOCIOLOGIQUES

Volume III, numéro 1, juin 1972

Sommaire

Pages A. MARTENS

Travailleurs immigrés: critique de quelques études. Application àla situa-

tion belge 3

E. LAMBRECHTS

La fécondité des jeunes couples. Ana- lyse des résultats d'une enquête auprès

de 838 couples 22

J. LEFÈVRE

Pour une sociologie des relations entre groupe linguistiques. Un modèle d'ana-

lyse 44

G. DEPREZ

Le choix d'une école catholique . 83 P. DELFOSSE

Le texte d'un système des pensions.

Essai d'une analyse sémiologique (II) 107

Notes de recherche

C. LEPLAE

Théorie et réalité en sociologie de la

famille 126

C. PRESVELOU, A. BRUTUS et B. CANIVET

L'avortement dans la vie du couple 144

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Ce cahier a pu être réalisé grâceàl'aide financière du Centre de Recherches Sociologiques de l'Université Catholique de Louvain.

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TRAVAILLEURS IMMIGRES:

CRITIQUE DE QUELQUES ETUDES Application à la situation Belge *

par

A. MARTENS

En Europe, et plus particulièrement en Belgique, l'opinion publique prend conscience du phénomène

«travailleurs immigrés ».

Lorsque ce phénomène fait l'objet d'une analyse sociologique, le chercheur se trouve confronté à une série de questions : quelles théories et quels modèles peut-il utiliser pour comprendre et expliquer les différents aspects du problème. La politique d'immi- gration menée par les Etats (d'Europe) détermine incontestablement le type d'analyse sociologique qu'il est possible d'utiliser. Néanmoins la plupart des études se réfèrent à certains modèles théoriques où la variable indépendante est, soit le statut social et les comportements des travailleurs migrants, soit la politique d'immigration (et d'allocation) des Etats qui font appel à la main-d'œuvre étrangère.

L'analyse historique du phénomène permet dans une certaine mesure de dépasser cette dichotomie et de ne pas réduire la dynamique sociale à un de ces deux moments.

La situation sociale et juridique des étrangers - et parti- culièrement des travailleurs migrants - a fait l'objet ces der- niers mois, de nombreux rapports et études. Par une série d'actions collectives (grèves, manifestations, congrès, confé- rences) la situation des étrangers a ainsi été soumise à un processus «d'agrandissement d'échelle» jusqu'à devenir un

(*) Par l'analyse critique de quelques études consacrées à l'immigration et aux immigrés, nous tentons de dégager des optiques et des théories utilisées, certains schémas d'explication.

Cette analyse fut nécessaire pour mener à bien deux recherches sur l'immigration, actuellement en cours au Sociologisch Onderzoeksinstituut, Katholieke Universiteit, Leuven (cfr. infra, pp. 19-20).

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objet de préoccupation politique à l'échelon national. Le pro- blème a fait irruption dans les sphères des décisions politiques en Belgique (1).

L'objet de cet article n'est pas d'analyser la politique d'immi- gration de la Belgique, ni la façon dont les étrangers, et parti- culièrement les travailleurs migrants, y vivent. Des études ont déjà été publiées à ce sujet, d'autres sont en cours d'élabora- tion (2).

L'objet de cette note se situe à un autre niveau. Il s'agit en effet de découvrir, dans l'arsenal des modèles et des théories relatifs à l'immigration, quels sont ceux qui pourraient être uti- lisés pour comprendre et expliquer l'immigration de travailleurs étrangers en Belgique, les conditions de vie de ces derniers, voire même certains aspects de la société belge au travers de l'immigration.

Il existe actuellement nombre d'études et de documents sur l'immigration et les émigrés en Belgique. Ces études sont sur- tout descriptives. Certains tentent cependant d'expliquer l'un ou l'autre phénomène qui se rapporte à l'immigration, mais les théories auxquelles il est fait référence sont fort diverses.

L'explication y est tantôt économique, tantôt démographique, tantôt socio-psychologique, Quant aux études sociologiques, elles ont principalement pour objet les conditions de vie de l'étranger ou du travailleur migrant.

(1) Certains prétendent que le problème des étrangers gravite déjà dans l'orbite des décisions politiques sous le couvert de la politique (conjonctu- relle) de l'emploi. En effet, depuis 1945, la Belgique a importé plusieurs centaines de milliers de travailleurs étrangers. Il faut cependant remarquer, que jusqu'il y a peu, le problème des travailleurs migrants n'a été considéré que du point de vue de la politique de l'emploi et de l'apport démographique (main-d'œuvre pour certains secteurs déficitaires; «reproducteurs» pour assurer le relèvement démographique de certaines régions). Actuellement la situation des étrangers est placée dans un cadre beaucoup plus large.

Quoi qu'il ne faille pas donner une importance démesurée aux évène- ments qui ont eu lieu en décembre 1970, il faut néanmoins constater qu'ils ont obligé le gouvernement à créer, au sein du Ministère de la Justice, une commission présidée par M. H. Rolin. Cette commission a pour objet de proposer des modifications à la loi du 28 mars 1952 sur « la police des étrangers ». Cette loi détermine les conditions d'entrée, de séjour et d'éta- blissement des étrangers en Belgique.

Les travaux de cette commission ont été rendus publics récemment:

ils contiennent des propositions garantissant à l'étranger un statut plus favorable.

(2) Voir bibliographie: Annales de Droit (1970), MERTENSet WAER- SEGER(1971), VAN DONINCK(1970), CLAES(1962), MELNYK(1951). Vlaams Rechtsgenootschap (1969).

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Le problème de l'immigration est considéré «en soi» et n'apparaît pas comme une conséquence, comme un dérivé du fonctionnement actuel de la société (belge). Il manque ainsi - et nous verrons par la suite pourquoi - une analyse telle que G. Myrdal en fit une aux Etats-Unis en 1944.

Avant de proposer un modèle d'analyse pour la Belgique, il nous paraît important de parcourir quelques études qui ont été faites dans d'autres pays et qui abordent précisément le problème de l'immigration sous cet angle-là: l'immigration et ses problèmes trouvent leur origine dans la structure du sys- tème social du pays d'accueil et non dans le «caractère» ou la « culture» de l'immigrant.

I. Types de politiques migratoires et types d'analyses sociolo- logiques

A. Etats-Unis

C'est aux Etats-Unis que la présence de «citoyens de seconde zone », les immigrés de couleur, a suscité incontestablement le plus grand nombre d'études sociologiques. Parmi celles-ci, il faut citer l'ouvrage réalisé sous la direction de G. Myrdal An American Dilemma (1944). Son point de départ est une réflexion sur la contradiction entre la profession de foi dans l'égalité et le droit à la liberté de tout américain, et la pratique selon laquelle ces mêmes américains traitent de manière discri- minatoire une partie de la population.

L'étude aborde ainsi non seulement les différentes formes d'exclusion que subit la population noire, mais aussi les justifi- cations que la population blanche utilise pour renforcer cette discrimination (3). Aux Etats-Unis, nous dit G. Myrdal, le pro- blème des noirs est donc avant tout un problème de la société blanche (<<A white man's problem»). Dans la marée de travaux sociologiques qui déferle depuis l'œuvre de Myrdal, deux ouvra- gres méritent d'être mentionnés, notamment celui de C. Cox:

(3) « Though our study includes economie, social and political race relations, at bottom our problem is the moral dilemma of the American - the conflict between his moral valuations on various levels of consciousness and generality». MYRDAL (1964: 17).

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Caste, Close, Race (1959) et celui édité par T. Parsons et K. B. Clark: The Negro Americom (1965).

Le premier approfondit la «color-class theory»: dans une société de classe, la race est considérée comme un aspect de la classe sociale, et l'homme de couleur est perçu comme quelqu'un qui occupe une position au bas de l'échelle sociale.

Dans l'œuvre de T. Parsons et K. B. Clark, il nous paraît important de souligner l'approche utilisée, notamment l'étude du processus d'« inclusion»: « The process by which previously excluded group attain full citizenship of membership in the societal community» (Parsons, 1965: 715). Car il s'agit bien ici d'aboutir à la pleine jouissance de la citoyenneté, c'est-à-dire à des droits politiques et sociaux.

Aussi stimulante que peut être l'étude de l'immigration noire aux Etats-Unis, les conclusions ne sont que partiellement appli- cables à l'immigration de travailleurs en Europe en général et en Belgique en particulier. L'immigration de travailleurs ici diffère sur deux points:

1) aux Etats-Unis, les noirs sont des citoyens américains (ou du moins des citoyens en puissance) ; en Europe, les travail- leurs immigrés sont et restent des étrangers (sans droits politiques) .

2) les caractéristiques raciales extérieures sont moins pronon- cées (particulièrement la couleur) - du moins jusqu'à maintenant - en Belgique.

B. Grande-Bretagne

La Grande-Bretagne et tout particulièrement l'Angleterre connut après la deuxième guerre mondiale, une immigration importante de «citoyens britanniques» venant des pays appar- tenant à l'Empire (Antilles britanniques, Indes, Pakistan, Côte orientale de l'Afrique). Les difficultés d'intégration de ces divers groupes firent l'objet d'un grand nombre d'études et d'enquêtes. Colour and Citizenship en constitue la synthèse.

Celle-ci ne put en effet être opérée que grâce à un travail collectif sous la direction de E. J. Rose (1969).

La similitude entre l'œuvre de Rose et celle de Myrdal est frappante: même perspective, mêmes hypothèses, mêmes thèmes 6

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abordés (travail, logement, éducation, opinion publique ... ). Pour Rose, la discrimination faite à l'encontre des immigrants doit être imputée à la Grande-Bretagne. Il s'agit avant tout d'un problème britannique, quelle que puisse être l'influence de l'ori- gine ou de la culture du migrant lui-même. «The behaviour of the British would in the end be decisive and so the main focus of our inquiry was to be on the response of the British.

British society and British policies would be the subject of the inquiry at least as much as the immigrant communities. Our study would have to be concerned with the social life of the nation» (Rose, 1969: 2).

L'accès à la pleine citoyenneté (full citizenship), tant au plan légal qu'au plan politique et social, constitue le thème central de l'ouvrage. Les mécanismes d'exclusion, par lesquels les immigrés - quoique citoyens britanniques pour la plupart - n'ont pas ou ont peu accès à toute une série de biens (travail, logement, éducation, prestige ... ) sont analysés avec minutie et précision.

L'ouvrage de E. Rose constitue ainsi une mine inépuisable de renseignements sur l'immigration en Grande-Bretagne. Il faut cependant prendre quelques précautions si on veut utiliser son point de vue théorique ou ses conclusions pour l'étude de l'immigration de main d'œuvre en Europe continentale.

En effet:

1) la grande majorité des immigrés (de couleur) possèdent la citoyenneté britannique et disposent ainsi de droits politi- ques. Cependant depuis 1962 et surtout depuis 1965, les diffé- rents droits liés à cette citoyenneté, se rétrécissent comme une peau de chagrin. Ceci vaut surtout pour les immigrés de couleur (De La Presle, 1969). La Grande-Bretagne se trouvait ainsi, il y a une dizaine d'années, dans une situation comparable à celle des Etats-Unis. Actuellement, les immi- grants du Commonwealth sont de plus en plus assimilés, non plus aux citoyens, mais aux étrangers. La situation devient comparable à celle des pays européens continentaux.

2) la population immigrée, quoique numériquement moins nom- breuses (4) que dans la plupart des pays de l'Europe conti-

(4) 4% de la population totale alors qu'en Belgique et en France, les étrangers constituent de 7 à 8% de la population totale.

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nentale, possède des caractères culturels et raciaux souvent très différents de la population autochtone. Ceci renforce la «visibilité sociale» du phénomène.

C. Europe Continentale

Ici le problème de citoyens de seconde zone ne se pose pas ou plus. Les immigrés qui viennent travailler en Belgique, en République Fédérale, en France ou en Suisse sont et restent des étrangers (5). Et le problème de l'intégration sociale - si crucial pour la «survie» de la société américaine ou britan- nique - n'est pas considéré comme aigu.

L'analyse statistique des données relatives aux migrations montre d'ailleurs qu'il s'agit en fait d'une migration de main- d'œuvre, attirée ou refoulée selon les aléas de la conjoncture économique. Aux Pays-Bas, par ex., Wentholt (1967) est d'avis qu'il faut préférer cette migration (sans fixation) de travail- leurs internationaal werkforensisme » - littéralement : « ban- Iieusardisation internationale du travail») à l'immigration et à l'établissement définitif des travailleurs sur le sol néerlandais.

Une série de coûts sociaux soint ainsi épargnés.

Les politiques d'immigration ne sont cependant pas identiques pour tous les pays européens. Deux types existent:

1) la politique d'immigration de main-d'œuvre qui poursuit également un objectif démographique; le travailleur est incité à immigrer et à venir s'établir définitivement avec toute sa famille dans le pays d'accueil. La France, la Bel- gique et le Luxembourg pratiquent cette politique;

2) la politique d'immigration qui interdit au travailleur migrant de se faire rejoindre par sa famille: cette politique est celle de la République Fédérale, des Pays-Bas et de la Suisse.

Il va sans dire que les possibilités d'observer tels ou tels phé- nomènes se rapportant à l'immigration, dépendent en définitive du type de politique d'immigration adoptée. Parmi les études sur les pays d'Europe continentale, il faut certainement citer l'ouvrage de B. Granotier: Les tmvailleurs immigrés en France (1970).

(5) Sauf s'ils acquièrent une autre nationalité.

8

(11)

L'apport principal de cette étude réside dans le fait que la situation des immigrants n'est pas uniquement définie par le déterminant ethnique-culturel mais aussi par la position de l'immigré dans les rapports de production. L'auteur privilégie certes ce deuxième déterminant (la position qu'occupe le tra- vailleurs étranger dans les rapports de production). Toutefois il admet qu'il ne doit pas nécessairement en être ainsi ; «que la détermination ethnique-culturelle devienne prépondérante dans la conscience collective des intéressés comme des nationaux, cela reste toujours possible, mais dépend de l'affrontement des forces politiques dans la société» (1970: 15).

Cette analyse, d'inspiration marxiste, permet non seulement d'expliquer la situation des travailleurs migrants en France mais aussi d'aborder le problème du rapport des forces entre la France et les pays d'où proviennent les migrants. Exploitation d'une main-d'œuvre allogène et impérialisme ne sont en fait, selon B. Granotier, que les deux faces d'un même problème.

A la lutte des classes au sein d'une nation correspond la lutte entre nations dominantes et dominées.

En plus de l'ouvrage de B. Granotier, il faut retenir celui de R. Descloitres: Le travailleur étrançer - son adaptation au tmvail industriel et à la vie urbaine. La première partie de l'ouvrage constitue une analyse pénétrante des politiques de main-d'œuvre (ou d'emploi) et d'immigration pratiquées par les pays de l'OCDE.

Dans la seconde partie par contre, celle qui est consacrée à l'adaptation (optimale) des travailleurs immigrés, l'analyse nous paraît plus contestable.

Le problème y est essentiellement abordé sous l'angle psycho- sociologique: les déterminants ethniques et culturels (origine géographique, langue, religion, etc ... ) y deviennent prépondé- rants et supplantent ainsi les déterminants économiques: les rapports de force sur un marché du travail devenu international.

Ce dernier point de vue faisait cependant tout l'intérêt de la première partie de l'ouvrage.

Mis à part l'ouvrage de Wentholt (1967) cité plus haut, qui analyse dans une série d'articles la politique d'immigration des Pays-Bas, la grande majorité des ouvrages aborde le pro- blème des travailleurs migrants sous un angle psycho-social.

Le traumatisme provoqué par le déracinement et le travail

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industriel constitueraient le cœur du problème des travailleurs migrants; l'immigré réside dans une situation anomique (tiraillé entre deux cultures) dont les effets pathologiques se font bien vite sentir. L'adaptation et l'intégration de cette nouvelle population font l'objet de multiples analyses. Parmi celles-ci, existe cependant, un grand nombre d'ouvrages dont la finesse ou l'actualité sont fort éclairantes. Ainsi par exemple, l'ouvrage de T. Ben Sassi: «Les travailleurs tunisiens dans la région parisienne» (1968) ou celui de Meisterman & Bingemer: «Die Integration der Gastarbeiter» (1969).

Mais il ne suffit pas de constater que ces analyses dépendent en définitive du type de politique d'immigration, auquel tel ou tel pays a recours.

Il nous faut encore voir quels sont les modèles et les cadres de références théoriques utilisés pour rendre compte, pour expliquer d'une part la politique d'immigration et d'autre part les comportements et attitudes des migrants eux-mêmes.

II. Modèles et cadres de références théoriques

Les analyses sociologiques de la migration se répartissent, selon l'objet et le point de vue qu'elles adoptent en deux caté- gories:

Type 1.

l'étude de la position, du statut social ainsi que des comportements et attitudes du migrant. Il s'agit de la comparaison entre les comportements des popula- tions allogènes et ceux des autochtones;

Type II.

l'étude des résultats de la politique d'immigration menée par un état, c'est-à-dire de l'attraction de tra- vailleurs étrangers et de leur «fixation» dans une position sociale déterminée.

(Il est fréquent de rencontrer des ouvrages qui envisagent simultanément ces deux points de vue. C'est le cas pour les travaux de G. Myrdal (1944), E.J.B. Rose (1969), B. Grano-

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tier (1970). Nous citerons donc ces auteurs chaque fois qu'il le convient.)

A. Etudes de type 1

Le statut social spécifique du migrant (et les comportements qui s'y rapportent) dépend de la position marginale qu'il occupe dans la société d'accueil.

En tant qu'étranger (aux mœurs et coutumes du pays d'ac- cueil) d'une part, en tant qu'ouvrier (se situant au bas de l'échelle sociale) d'autre part, le travailleur migrant occupe une position «marginale ». Dans les rapports entre le (travail- leur) migrant et la société d'accueil, les aspects ethniques et culturels sont à l'origine de sa position marginale. Les rapports migrants - société d'accueil relèvent des processus suivants:

absorption, assimilation, intégration, adaptation, accommoda- tion, coexistence pacifique, acculturation, inclusion, etc ... Parmi les auteurs qui abordent ces thèmes on peut citer A. Descloitres (1967), Bingemer & Meistermann (1969), Marden & Mayer (1965), Borrie (1959) ...

Et selon que l'accent est mis sur le caractère «étranger »,

«ouvrier» et/ou «marginal» les sujets suivants seront traités:

les caractères nationaux, ethniques ou raciaux, les cultures, les relations raciales;

les rapports entre classes sociales et les rapports au sein de la classe ouvrière entre étrangers et autochtones;

- l'inégalité sociale, la «déprivation relative », etc ...

Ce type d'analyse appelle plusieurs remarques:

(i) Tout d'abord, comme le fait remarquer J. Rex (1967), l'utilisation des termes « assimilation », « intégration », « accom- modation » semble être inadéquate. «Such vocabularies assume a «host-immigrant framework» in which the culture and values of the host society are taken to be non-contradictory and static and in which the immigrant is seen as altering his own patterns of behaviour until they finally conform to those of the host society. The frame of reference is a cultural one and culture is seen as an independent variable which may change regardless of man's position in the structure of social action and relations, regardless of the degree to which possesses pro- pert y and power» (Rex, 1967: 12-14). Ainsi, comme le con-

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state J. Rex, la société d'accueil n'offre pas une constitution monolithique. Elle est elle-même composée de groupes en conflit pour la propriété et le pouvoir, de groupes de différents genres de vie, stratifiés par une hiérarchie de statuts. Le « newcomer » peut de plus adopter toute une série de comportements différents aboutissant à un conformisme de plus en plus élevé aux normes de la société d'accueil. Enfin l'immigrant ne se meut pas de manière linéaire d'une culture à une autre. La plupart du temps il est coupé de sa culture d'origine, et vit dans une

«colonie », structure hybride, qui n'appartient plus au pays d'origine et pas encore à celui du pays d'accueil.

Il importe donc d'observer quel genre de «communauté pri- maire» les immigrés constituent pour accéder à certains biens rares dans la société où ils résident, quelles alliances ou oppo- sitions existent avec d'autres groupes et particulièrement avec d'autres groupes d'immigrés, ainsi que le degré d'attachement aux normes de la société d'origine (6).

L'analyse se doit d'être historique et empirique.

(ii) La seconde remarque concerne l'usage du concept marginal (au sens sociologique du mot). Les travailleurs migrants sont fréquemment considérés comme des marginaux et assimilés au sous-prolétariat (Lumpen-proletariat). Ceci paraît fort con-

(6) A titre indicatif voici sous forme de tableau, les possibilités qui peuvent exister (cfr. REX, 1967: 18)

Degree of involvement in the le- gal, social and moral norms of the host society on the part of the immigrants

Degree of eonfliet between the various ethnie groups

1. Anomie, lack of social orienta- tion

2. «Living in the colony s 3. «Living in the colony» but

accepting formaI rights in the host society.

4. Acceptance of sorne social norms governing relations with stran- gers, apart from legal norms 5. Abandonment of the colony

except for reasons of retrospec- tive sentiment.

A free market situation between individuals competing for facilities Mobilization of monopoly power by ethnie group in a market si- tuation

Use of violence and! or mobilisa- tion of political power

Collective bargaining and tempo- rary contractual agreement

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testable. Le sous-prolétariat - Lumpen-Proletariat au sens marxiste du terme -' est constitué d'une masse inorganisée d'individus sans travail, de voyous, chômeurs ... masse irrécu- pérable pour la lutte révolutionnaire. Comme B. Granotier

(1970) le remarque fort justement, le terme de sous-prolétariat ne s'applique que fort mal au travailleur migrant. Celui-ci (après sélection médicale et psychologique) est pleinement inséré dans le système de production. Et s'il venait à perdre son travail, il serait bien vite amené à quitter le pays d'immigration. Il est donc bien producteur et prolétaire. Il faut cependant remarquer que, suite à un processus d'exclusion qui agit sur différents marchés où des biens rares sont échangés (logement, éducation, prestige, participation politique, etc ... ), les travailleurs migrants se retrouvent dans une situation identique à celle du sous- prolétariat ou des marginaux du pays d'immigration. Quoique vivant dans une situation similaire, les travailleurs migrants ne peuvent cependant être assimilés aux marginaux sous peine de faire perdre à ce derner terme tout pouvor explicatif.

B. Etudes de type II

Les études consacrées aux politiques d'immigration (Rose, 1969; Granotier, 1970; Wentholt, 1967) évitent bien souvent les erreurs de l'approche précédente. A travers l'analyse histo- rique des mesures prises par le pays d'accueil en vue d'attirer la main-d'œuvre étrangère, apparaissent les rapports de force sur le marché du travail national et international (7). Car c'est le pays d'immigration (du moins en Europe) qui détermine l'intensité et le volume du flux migratoire. Les aspects cultu- rels - et les tensions qui peuvent résulter du choc des cul- tures - ne jouent qu'un rôle secondaire par rapport aux déterminations qui se manifestent sur le marché du travail.

La validité et le pouvoir explicatif d'une analyse qui prend pour objet non pas tant les caractéristiques culturelles des migrants mais les mesures politiques prises par le pays d'ac- cueil, sont confirmés par les recherches de Arnold Rose (1968).

Celui-ci constate en effet que «l'adaptation et l'intégration des

(7) Ceci apparaît très clairement dans l'ouvrage de B. Granotier (1970) pour la France, de E. J. Rose (1969) pour la Grande-Bretagne et de R. Descloitres pour les pays de l'OCDE.

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immigrants dépend de l'ouverture de la politique, des pro- grammes et de la politique d'immigration ... »

Par contre, les «facteurs culturels» (degré d'attachement de l'étranger à sa société d'origine, la similitude des cultures respectives du pays d'émigration et du pays d'immigration) semblent avoir peu d'effet sur l'intégration et l'adaptation. «Les faits n'accréditent pas l'opinion que le degré d'attachement des immigrants à leur société d'origine entrave l'intégration et leur adaptation au pays d'immigration. Et les faits ne confirment pas non plus que la similitude entre les cultures du pays d'im- migration et du pays d'émigration garantisse une meilleure intégration et adaptation des immigrants. Nous n'avons pas réfuté ces thèses, mais nous ne sommes pas parvenus à les prouver ... Cela signifierait que l'environnement culturel et poli- tique des migrants - vu nationalement, non individuellement - a peu ou rien de commun avec leur adaptation à la société d'accueil et que tous les groupes de migrants internationaux partent, toutes proportions gardées, sur pied d'égalité quand ils émigrent» (Rose, 1968: 19-20).

On ne pouvait mieux minimiser l'influence des différences culturelles ...

Conclusion. Pour une analyse historique des politique d'immi- gration

«La philosophie essentialiste qui était solidaire de la notion de nature reste encore à l'œuvre dans un certain usage naïf de critères d'analyse comme le sexe, l'âge, la race ou les aptitudes intellectuelles, lorsque l'on conçoit ces caractéristiques comme des données naturelles, néces- saires et éternelles, dont l'efficacité pourrait être saisie indépendamment des conditions historiques et sociales qui les constituent dans leur spécificité pour une société donnée à un moment donné du temps» (Bourdieu, Chamboredon et Passeron, 1968: 42) (8).

Cette citation de P. Bourdieu et al. met bien en lumière la précarité des explications basées sur certaines caractéristiques

(8) Souligné par nous.

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«dites naturelles et essentielles ». P. Bourdieu va même plus loin et prétend qu'une référence à de telles variables «indépen- dantes» ne peut aboutir à une explication sociologique, car ces variables sont en fait empruntées à d'autres sciences (biologie, psychologie, etc ... ).

Seule une approche historique permet de briser le carcan des explications «toutes faites» de la «sociologie spontanée ».

Ceci vaut a fortiori pour la compréhension et l'explication des phénomènes relatifs aux travailleurs étrangers ou migrants et de la politique d'immigration en général.

Ceci étant posé, il n'est pas inutile de se demander quel pouvoir explicatif l'analyse historique de la politique d'immi- gration peut offrir.

(a) Un premier avantage de l'analyse historique est certes de découvrir l'époque (et ses caractéristiques politiques, éco- nomiques) à l'issue de laquelle des mesures relatives à l'im- migration de main-d'œuvre ont été prises. Sans entrer dans les détails, on peut observer que les mesures (les plus contraignantes) concernant la mise au travail d'étrangers ont été dictées lors de périodes de récession économique et de haut chômage et ceci bien souvent par un gouverne- ment qui bénéficiait «des pleins pouvoirs ». Qu'ensuite, la récession finie et l'importation de main-d'œuvre devenant un besoin impérieux, ces mesures législatives ne sont nulle- ment abolies mais le pouvoir tolère qu'elles ne soient pas appliquées. En d'autres mots, l'application de mesures légales, règlements et arrêtés se fait au gré des mouvements de conjoncture économique.

Ces mesures législatives, exécutives et judiciaires sont donc - tant en ce qui concerne la mise au travail que l'entrée et le séjour des étrangers - étroitement liées à l'état du pouvoir et du système économique.

En d'autres mots la «place» (location) sociale et légale que peut occuper un travailleur étranger dépendra en fait de la conjoncture économique. Sociologie du droit et socio- logie économique trouvent à ce propos un domaine de recherche digne d'intérêt.

(b) Un deuxième avantage que l'étude historique de la politique

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d'immigration offre, est celui d'identifier les artisans et les acteurs de cette politique.

Organisations patronales, syndicales et pouvoirs publics ont au cours du temps, développé une stratégie concertée.

Concertation à tout le moins bizarre, car il est hors de doute que l'immigration de travailleurs étrangers suscite de nombreux problèmes contradictoires à un des parte- naires, le mouvement ouvrier. A l'échelon le plus élevé des décisions politiques, économiques et sociales, les organi- sations ouvrières ne sont pas opposées au principe de l'im- migration, mais bien - lors de récessions économiques et de haut chômage - aux modalités d'application.

Il est indéniable qu'au niveau le plus élevé, les organisa- tions ouvrières apparaissent en matière d'immigration de main-d'œuvre, comme les co-gestionnaires de la politique économique du marché du travail, de la politique énergé- tique etc ... L'importation de milliers de travailleurs étran- gers, dont certains sont obligés de travailler durant plu- sieurs années dans le même secteur économique (mine, sidérurgie, soins domestiques) en est le résultat.

Il n'est pas moins vrai que ces mêmes organisations ouvrières luttent pour que les conditions de vie et de travail des étrangers s'améliorent sans cesse. Garant de la compétitivité du système de production nationale et organisateur des luttes et revendications ouvrières, l'appa- reil syndical est là encore obligé d'assumer certaines con- tradictions: assurer la production dans certains secteurs économiques par la fixation obligatoire de la main-d'œuvre étrangère et lutter contre les discriminations que subit cette main-d'œuvre sur le même marché du travail.

Seule une analyse diachronique révèle comment à chaque époque les différents acteurs qui orchestrèrent cette poli- tique de main-d'œuvre ont pu ou non réaliser certains accords et compromis desquels découlait la place octroyée aux travailleurs étrangers dans la société d'accueil.

(c) L'approche historique de la politique d'immigration permet enfin de découvrir et déceler le processus d'« agrandisse- ment d'échelle» que subit le phénomène «présence et immi- gration de travailleurs étrangers. » Si avant et immédiate-

(19)

ment après la deuxième guerre mondiale, l'immigration étrangère signifiait avant tout et exclusivement une immi- gration de main-d'œuvre, depuis 1960, la poursuite d'objec- tifs démographiques (repeuplement de certaines régions) y fut adjoint (9).

En d'autres mots: la population étrangère inactive a crû dans une très grande proportion (200.000 actifs pour une population totale de 700.000 étrangers).

Cette transformation de la structure démographique étran- gère se répercute avec un certain retard sur les structures socio-politiques. Il est évident que, jusqu'en 1955-1960, le problème des étrangers était réduit à, et appréhendé comme un problème de recrutement et de mise au travail d'ouvriers étrangers (avec un accent tout particulier sur le caractère étranger de ces ouvriers).

L'immigration importante d'actifs et d'inactifs après 1960 suscite toute une série de problèmes de logement, d'édu- cation, de scolarisation, de soins médicaux, etc. tant et si bien que le problème de la main-d'œuvre étrangère ne peut plus se réduire à celle de la seule «force productive ».

La question déborde ainsi largement du cadre relativement étroit où elle était inscrite, et nécessite de ce fait la mise en place de structures et d'institutions à objectifs plus larges (voir à ce sujet: Martens et Huyse, 1970).

Il est aussi peu probable que les acteurs traditionnels de la politique d'immigration - pouvoirs publics (Ministère de l'Emploi et du Travail et celui de la Justice), patronat et syndicat - puissent à eux seuls maintenir le monopole des décisions politiques en ces matières. Diverses instances publiques tant à l'échelon communal, provincial ou national, divers groupes, mouvements et associations tant nationales qu'étrangères revendiquent également le droit de participer à l'élaboration de cette politique. Les revendications de diverses organisations pour l'élaboration d'un statut de

(9) Nous n'aborderons pas ici les justifications et rationalisations diver- ses émises pour rendre cette politique de (re) peuplement acceptable aux yeux de l'opinion publique. Il est évident qu'aux employeurs, on fit miroiter les conséquences bénéfiques sur la stabilité de cette main-d'œuvre, qu'aux Wallons, on promit un rajeunissement de population, et aux travailleurs migrants, un bonheur supplémentaire ...

Quoiqu'il en soit, le vieillissement de la population belge en général et

2 17

(20)

l'étranger peuvent être interprétées comme des manifesta- tions de ce courant. La multiplication des commissions consultatives des étrangers auprès des communes, minis- tères (Prévoyance Sociale, Culture ... ) en est une autre.

Le cadre institutionnel au sein duquel traditionnellement, les décisions politiques sont prises, semble à tout le moins devenir fort étroit et incapable d'inventer des solutions aux problèmes posés par la présence d'étrangers. La ten- tation de réduire à nouveau (et continuellement) le pro- blème à une question d'importation de main-d'œuvre ou à une politique conjoncturelle de l'emploi reste cependant fort grande (10).

Par ce plaidoyer pour l'étude historique de la politique d'immigration, nous ne voulons certes pas minimiser les bénéfices de l'analyse synchronique. L'histoire n'a pas de pouvoir explicatif « par essence ». Néanmoins, elle permet de mettre l'analyse synchronique «en perspective ». En effet, on ne peut aborder les différents aspects du proces- sus de marginalisation ou d'intégration qu'en tenant compte de certaines constantes, de faits récurrents qui permettent de prédire dans quelle direction ces processus peuvent se développer.

De l'analyse diachronique, il apparaît notamment que depuis 1945, les faits décrits plus haut (points a, b, c) se sont répétés à quatre reprises.

Déceler et analyser cette récurrence permet incontestable- ment d'aborder avec plus de lucidité l'élaboration d'une politique d'immigration et d'intégration ...

L'analyse historique de la politique d'immigration, donne ainsi une série d'éléments utiles pour observer quelle place, quel statut social est alloué aux (travailleurs) étrangers. Elle permet de comprendre comment cette allocation s'est opérée et comment et par qui le statut social est (re)mis en question.

Il s'agit d'une vision dynamique du problème.

wallonne en particulier était vécu dans les années 60, comme un «problème social à résoudre».

(10) Rappelons à cet effet les propositions du Ministère de l'Emploi et du Travail à propos de la réglementation sur le chômage (février 1967)

(21)

Cette analyse historique sera développée ultérieurement dans une thèse de doctorat qui paraîtra prochainement (11).

Cette étude trouve enfin son prolongement dans une recher- che financée par le Fonds National de la Recherche Scientifique.

Elle a pour titre «Main d'œuvre étrangère - Aspects sociolo- giques et juridique d'un processus complexe d'intégration» (12).

Deux séries de processus font l'objet d'investigations parti- culières. Un premier processus concerne:

1. L'adaptation structurelle des entreprises aux caractéristiques sociologiques du groupe de travailleurs étudié. Ici se posent des problèmes de sociologie industrielle: qualification, recy- clage, mobilité ...

2. L'adaptation de la motivation au travail d'individus issus de pays sous-industrialisés, afin qu'ils se sentent concernés de façon optimale par les tâches et l'organisation des entre- prises industrielles d'un pays hautement industrialisé. Les apports de la recherche en sociologie industrielle permettent d'analyser ici les problèmes de changement de mentalité.

3. L'adaptation des équipements collectifs (tels que logement, soins de santé et enseignement) aux besoins spécifiques de la main-d'œuvre étrangère. Ici se pose le problème de la conception d'une politique de bien être social (welzijnsbeleid - welfare policy).

Un second processus concerne, à un niveau plus fondamental, la reconnaissance des droits politiques, économiques et sociaux.

Une distinction peut être faite ici entre:

1. Le problème politico-sociologique de l'adaptation structurelle des organisations qui, dans le système politique belge, assu- rent la défense des travailleurs. On peut constater dès main- tenant, que la présence de groupes importants de travailleurs migrants a placé les organisations syndicales devant des problèmes très complexes.

ou plus récemment encore à propos de la suppression du droit pour l'étranger d'être accompagné des membres de sa famille (novembre 1970).

(11) «Het Belgisch na-oorlogse immigratiebeleid ».

(12) Cette recherche s'effectuera au sein du Sociologisch Onderzoeks- instituut van de Katholieke Universiteit Leuven.

(22)

2. Le processus de prise de conscience collective dans le «in- group» (en l'occurence la main-d'œuvre étrangère), des droits politiques, économiques et sociaux actuels et futurs.

3. Le processus de prise de conscience collective dans le «out- group» (la population belge) des répercussions politiques, économiques et sociales dues à l'immigration d'un grand nom- bre de travailleurs migrants.

4. La contrainte d'adaptation exercée sur certains aspects de l'ordre légal. On pense ici à l'adaptation de la législation sociale et à l'application de quelques droits fondamentaux comme le droit de grève.

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(24)

LA FECONDITE DES JEUNES COUPLES BELGES

Analyse des résultats d'une enquête auprès de 838 couples

par E. LAMBRECHTS·

[Première partie]

L'objet de cet article est d'étudier l'influence du degré de religiosité, de la fréquentation de l'ensei- gnement catholique et du rang social sur les désirs en matière de fécondité. Les données utilisées pro- viennent d'une enquête réalisée en 1965, auprès de 838 jeunes couples formant un échantillon représen- tatif des premiers mariages conclus en Belgique en 1962.

Il ressort de l'analyse que tant la fréquentation de l'école catholique que le degré de religiosité exer- cent une influence spécifique sur les désirs de fécon- dité. Ces résultats vont à l'encontre de la thèse de Westoff selon laquelle les désirs les plus élevés des personnes qui ont toujours fréquenté l'enseignement catholique, s'expliquent par l'effet d'un mécanisme de sélectivité.

Le rang social et plus spécialement le revenu fami- lial, exerce peu d'influence sur les désirs en matière de fécondité. Cependant, les données de l'enquête ne permettent pas de porter un jugement décisif sur la pertinence de la théorie de l'enfant-bien de consommation. Dans ce domaine, une étude longitu- dinale semble être la méthode d'analyse la plus appropriée.

Au cours de la dernière décennie, les sociologues ont manifesté un grand intérêt pour les problèmes de fécondité et de contra- ception aussi bien dans les pays industrialisés que dans les pays en voie de développement: le nombre d'études dont l'objectif est de proposer des interprétations sociologiques aux tendances générales mises à jour par les démographes n'a cessé de se

.• Je remercie particulièrement M. G. Deprez pour ces remarques criti- ques concernant une première version de cet article.

(25)

développer. L'ensemble de ces efforts a entraîné l'apparition d'une nouvelle spécialisation: la sociologie de la population.

L'intérêt sans cesse croissant des sociologues pour ces pro- blèmes doit être expliqué par l'acuité des problèmes démogra- phiques. En effet, les «pays pauvres» doivent faire face à une surpopulation croissante, laquelle constitue un obstacle con- sidérable sur la voie de l'amélioration du niveau de vie des populations; cet obstacle augmente en gravité au fur et à mesure que le taux de mortalité diminue sous l'effet, entre autres, des progrès de la médecine. De leur côté, les «pays riches» sont confrontés à un risque de dépeuplement consé- cutif à l'abaissement conjugué de leurs taux de natalité et de mortalité, ce qui pourrait avoir des effets néfastes sur la crois- sance économique et le développement du bien-être général.

Dans les deux cas, les problèmes ont été perçus comme suffi- samment préoccupants pour qu'on s'efforce d'y faire face, en tout cas en améliorant la connaissance des situations réelles.

L'intérêt des sociologues s'est également accru du fait des débats dont font l'objet, surtout au niveau des mass-média, les valeurs religieuses et morales qui règlent les comportements en matière de fécondité et de contraception. Ces débats, qui ont largement sensibilisé le grand public, ont suscité un climat favo- rable à la recherche. Cette évolution est particulièrement remar- quable dans un pays comme le nôtre, où, du fait de la forte tradition catholique, tout ce qui concerne le domaine de la sexualité était exclu du débat public. Actuellement, la situation s'est sensiblement modifiée; cependant, les problèmes personnels n'en sont pas résolus pour autant. En effet, la hiérarchie catho- lique continue de promouvoir des normes très strictes en matière de fécondité et de contraception alors que dans le contexte socio-culturel la propension à déterminer par soi-même les lignes de son comportement s'accroît.

L'objet de cet article est d'étudier les souhaits des jeunes couples quant à la dimension de leur famille; d'autres aspects, tels la contraception et le nombre réel d'enfants, ne seront traités que dans la mesure où ils ont un rapport direct avec le thème principal de l'étude. On peut se demander quel est l'intérêt par- ticulier d'une analyse des souhaits en matière de fécondité. La réponse est simple: les souhaits dans ce domaine sont censés exercer un rôle important dans la détermination du nombre réel

(26)

moyen d'enfants par famille. On peut en effet soutenir raisonna- blement l'hypothèse selon laquelle, dans une culture où le plan- ning familial est largement répandu, les souhaits manifestés par un groupe représentatif de jeunes couples détermineront large- ment l'évolution démographique. Cette hypothèse est d'ailleurs déjà confirmée par une étude longitudinale: en comparant le nombre moyen d'enfants désirés par un groupe de jeunes couples au nombre moyen d'enfants que les couples ont effectivement atteint après 20 ans, Westoff et al. (1957) ont constaté que, pour l'ensemble du groupe, la différence était minime entre les souhaits et la situation réelle ultérieure. Ainsi, l'analyse des souhaits en matière de fécondité fournit-elle des données inté- ressantes pour l'établissement d'une politique démographique et économique.

Les données qui sont utilisées dans cet article sont tirées d'une recherche menée auprès de 838 jeunes couples, mariés en 1962 - l'âge moyen au mariage des hommes était de 25 ans 1 mois et des femmes, de 22 ans 6 mois; cette recherche avait pour but d'étudier les attitudes et les comportements en matière de nuptialité, de fécondité et de contraception (Henryon et Lambrechts, 1968; Lambrechts et Henryon, 1970). Les inter- views ont été réalisés en 1965; les deux époux ont été interrogés simultanément par des enquêteurs spécialisés (1). Les couples interrogés constituent un échantillon représentatif de l'ensemble des premiers mariages conclus en Belgique en 1962.

J. Quelques résultats généraux

Avant d'aborder le problème spécifique des souhaits des jeunes couples en ce qui concerne la dimension de la famille, il peut être intéressant de présenter quelques résultats rélatifs à l'intervalle protogénésique (espace de temps entre le mariage et la première naissance). Certes, les données de notre enquête sont limitées du fait que la durée moyenne de mariage de nos interviewés n'est que de trois ans. Elles permettent toutefois de tirer quelques conclusions qui peuvent aider à préciser les

(1) Le guide d'interview qui a été utilisé lors des entretiens avec les couples est repris en annexe dans les deux ouvrages où les résultats de la recherche ont été publiés.

(27)

attitudes et les comportements en matière de fécondité pendant les premières années de mariage.

Deux tiers environ des couples interrogés ont eu leur premier enfant durant les deux premières années de mariage. Pour préciser la signification qu'il convient d'accorder à ce pourcen- tage, nous l'avons confronté aux données publiées par l'LN.S.

pour la période 1954-1964. Ces données montrent que pendant la période considérée, le pourcentage des premières naissances se produisant au cours des 24 mois après le mariage (pourcen- tage calculé sur le total des mariages de chaque année) est passé de 54,9 à 60,2 0/0. Manifestement, il y a une tendance à la réduction de la période protogénésique, Cette tendance semble d'ailleurs s'inscrire dans un mouvement plus vaste, à savoir la concentration des naissances sur les premières années du mariage (Wunsch, 1967: 85).

Il faut noter cependant que la majorité (70 0/0) de ceux de nos interviewés qui ont eu leur premier enfant avant 24 mois de mariage ont déclaré qu'un intervalle plus long leur paraissait davantage souhaitable. Cette constatation n'est pas nécessaire- ment en contradiction avec la tendance à la concentration des naissances. En effet, le délai supplémentaire souhaité n'est en général que de quelques mois; en outre, il n'est question ici que des premières naissances. Quoi qu'il en soit, le fait que la majo- rité des couples auraient préféré retarder la date de la première naissance est un phénomène important en soi. Il semble qu'en général, les jeunes couples ne se préoccupent guère d'avance du moment de la première naissance. Ce qui pour eux est impor- tant, c'est de ne pas aller au-delà de la dimension familiale qu'ils se sont fixée comme idéal et ce problème ne se pose en général qu'après la ou les premières naissances. Cette attitude explique pour quelle raison beaucoup de couples ne pratiquent la contraception qu'après la première naissance: dans notre échantillon, 60

70

des couples contracepteurs n'ont fait usage des méthodes contraceptives qu'après la première grossesse.

Les résultats concernant le nombre d'enfants désirés sont intéressants à connaître dans la mesure où ils permettent de prévoir la dimension familiale effective. A partir des désirs manifestés par 838 couples qui, soulignons-le encore une fois, sont représentatifs de l'ensemble des premiers mariages conclus

(28)

Tableau 1

Nombre d'enfants désirés au moment de l'interview

Nombre d'enfants Hommes Femmes

désirés Nombre 0/0 Nombre 0/0

0 38 4,5 27 3,2

1 146 17,4 148 17,6

2 351 41,9 371 44,3

3 186 22,2 164 19,6

4 56 6,7 62 7,4

5 et plus 22 2,6 27 3,2

sans opinion 39 4,7 39 4,7

Total 838 100,0 838 100,0

en 1962, la famille de dimension limitée semble devoir être le modèle prédominant au cours des prochaines décennies (voir tableau 1). La plupart des interviewés souhaitent avoir deux enfants; seule, une partie minoritaire n'en désire pas. Le nombre de ceux qui désirent avoir plus de 3 enfants est également très limité. D'après les commentaires des personnes interviewées relatifs à la dimension familiale sonhaitée, la tendance vers la famille de dimension limitée semble être le résultat d'une orien- tation vers des valeurs privilégiant le bonheur individuel. La famille nombreuse et le couple sans enfants, ainsi que la famille avec un seul enfant, semblent être de moins en moins compa- tibles avec la recherche du bonheur personnel.

Il est toujours intéressant de comparer des données portant sur la situation dans différents pays. Cependant, à propos des désirs en matière de fécondité, il est assez difficile d'obtenir des chiffres comparables, étant donné la diversité apportée aux critères de choix des échantillons ainsi que les différences de formulation des questions. Dans le tableau 2 sont comparés les chiffres de notre enquête avec ceux de l'enquête de Glass (1962: 244); il faut cependant souligner que ces dernières données ont trait à la dimension idéale, ce qui ne correspond pas entièrement à la dimension désirée qui est l'objet de notre enquête; en outre, les données de Glass ont été recueillies au cours d'un sondage d'opinion de type Gallup, basé sur un échan- tillon représentatif de l'ensemble de la population, alors que

(29)

notre échantillon n'est représentatif que des premiers mariages en 1962.

Tableau 2

Nombre moyen d'enfants souhaités dans différents pays occidentaux, selon les sondages Gallup en 1960. Pourcentages de personnes qui sou- haitent 4 enfants et plus. Comparaison avec les données de notre enquête

auprès de 838 couples.

Pays Nombre moyen Pourcentages de personnes

d'enfants souhaités qui souhaitent 4 enfants et plus

Autriche 2,0 4,0

Allemagne ( oceid.) 2,2 4,2

France 2,77 (1959/60) 16,9

Grande-Bretagne 2,8 23,2

Suisse 2,9 22,4

Italie 3,06 (1951) 18,4

Norvège 3,1 25,0

Pays-Bas 3,3 38,7

Etats-Unis 3,6 50,6

Canada 4,2 70,1

Belgique

(enquête 838 couples) 2,24 11,6

Source: D. V. Glass, «Family Limitation in Europe: A Survey of Recent1

Studies» in C. V. Kiser (ed.) , Research in Family Planning, Princeton, Princeton University Press, 1962, p. 244.

Le nombre d'enfants désirés est un des problèmes les plus importants dans la vie d'un jeune couple. Les progrès de la médecine ont comme résultat que les couples semblent actuelle- ment avoir plus de liberté que jadis dans la détermination du nombre d'enfants qu'ils désirent avoir effectivement. Sans nous prononcer sur l'étendue exacte de cette liberté, nous pouvons cependant dire que les conjoints décident beaucoup plus que jadis de la dimension qu'ils désirent donner à leur famille. Ceci suppose qu'ils discutent entre eux de leurs désirs en matière de fécondité. Certains auteurs se sont beaucoup intéressés à ce sujet. Ils sont d'avis que la fréquence des communications entre les conjoints concernant les problèmes de procréation, et plus spécialement le nombre désiré d'enfants, exerce une in-

(30)

fluence sur le succès ou l'échec en matière de planification familiale.

Sans nous attarder outre mesure sur cet aspect des choses - lequel a d'ailleurs déjà été traité dans cette revue (Henryon et Brutus-Garcia, 1970) - retenons néanmoins que près de 80

ro

des conjoints interrogés ont discuté entre eux du nombre d'en- fants qu'ils désireraient avoir ; dans 70

ro

des cas, il y a con- cordance entre les désirs des époux ; 78

ro

des hommes ont pu préciser le nombre exact d'enfants désirés par leur épouse, tandis que 77

ro

des femmes ont pu donner le même renseigne- ment pour leur mari. Certes, on pourrait faire remarquer que la situation en matière de communication entre époux n'est pas excellente puisque dans 20

ro

des cas, les époux n'ont pas discuté entre eux du nombre d'enfants qu'ils désireraient et que dans 30 % des cas, les désirs ne concordent pas. Il faut noter toutefois que les résultats ont été recueillis auprès de couples qui avaient en moyenne seulement trois années de vie commune et qu'un consensus réel n'est souvent atteint qu'après une période de désaccord, lorsque le problème se pose d'une manière concrète. Il est dès lors très possible qu'au fil des années, un plus grand nombre de souples atteignent un niveau satisfaisant d'empathie et de communication.

II. Les déterminants sociaux des désirs en matière de fécondité La suite de l'analyse a pour objet de tester un certain nombre d'hypothèses relatives à l'influence des facteurs sociaux sur les désirs en matière de fécondité. Ainsi on mettra en relation d'une part le nombre désiré d'enfants et d'autre part, des variables telles que la religiosité des époux, la fréquentation de l'ensei- gnement catholique par les époux, leur rang social, leur région de résidence et le travail professionnel de l'épouse. Ces variables peuvent être considérées comme autant d'indicateurs des méca- nismes par lesquels sont véhiculées certaines valeurs et normes spécifiques qui font que les individus ayant des caractéristiques sociales semblables se comportent d'une façon plus ou moins uniforme. Les caractéristiques sociales renvoient donc en quel- que sorte à des sous-cultures particulières dont les comporte- ments en matière de fécondité subissent l'empreinte. On ne peut

(31)

donc parler d'une véritable «explication» des comportements de fécondité. Non seulement les caractéristiques sociales prises en considération ne constituent qu'une partie de la totalité des variables pertinentes, mais encore les relations entre les varia- bles retenues ne sont pas systématiquement définies. En consé- quence, l'approche qui est ici utilisée ne peut prétendre qu'à donner une meilleure compréhension de l'influence de certains facteurs sur les comportements de fécondité.

A. La religiosité

Plusieurs études américaines ont montré qu'il y a une relation entre le facteur religion et les comportements et attitudes en matière de fécondité. Freedman (1962: 224) prétend même que l'importance des différences entre les groupes religieux mises en évidence dans de nombreuses études, constitue une des con- statations les plus marquantes de la recherche d'après guerre.

Il apparaît en particulier que les catholiques sont beaucoup plus favorables que les autres groupes religieux à une descendance plus nombreuse et qu'ils ont en fait plus d'enfants. On sait que l'Eglise catholique a toujours mis l'accent sur les valeurs fami- liales, demandant à ses membres de faire preuve de générosité et de renoncement, lesquelles vertus s'opposent directement à une attitude «égoïste ». La famille catholique idéale était une grande famille.

En Belgique, la situation religieuse est totalement différente de celle qui existe aux Etats-Unis. Dans notre pays en effet, la majorité de la population peut être considérée comme catholi- que (2). De ce fait, les différences interreligieuses ne constituent pas en tant que telles un objet important d'étude. Par contre, les catholiques se différencient les uns des autres si l'on consi- dère leur degré de religiosité et l'on peut s'attendre à ce que ces différences influent fortement sur leurs comportements et attitudes en matière de fécondité. Partant de l'idée selon laquelle un homme a d'autant plus tendance à intérioriser les valeurs

(2) Est considéré comme catholique celui qui entre en rapport avec l'Eglise au moins à l'occasion de quelques grands évènements de sa vie personnelle - naissance, mariage, décès -; à titre d'exemple, dans notre enquête, 95% des couples interrogés ont fait bénir religieusement leur mariage.

(32)

et les normes d'un groupe qu'il est davantage intégré à celui-ci, on peut formuler l'hypothèse suivante: plus son degré de reli- giosité s'élève (plus il est intégré à l'Eglise), plus un chrétien aura tendance à désirer plus d'enfants.

Pour tester cette hypothèse, il est nécessaire d'abord de rendre opérationnelle concept de religiosité. Sans vouloir entrer dans les détails de la discussion, on peut faire remarquer que pour certains (Kerkhofs, 1954: 55) la pratique dominicale est un indicateur suffisant pour différencier les individus suivant leur niveau de religiosité; par contre, d'autres (Ryckmans, 1954;

Dobbelaere, 1962) affirment que la pratique dominicale ne con- stitue qu'une dimension du comportement religieux et que l'on doit en conséquence tenir compte d'autres dimensions telles que l'intériorisation des valeurs religieuses, l'acceptation des prin- cipes éthiques qui en découlent et la pratique sacramentelle.

Gérard (1970), qui étudie le phénomène de la fécondité pour un ensemble de catholiques fréquentant régulièrement la messe dominicale, mesure la religiosité ou le degré d'appartenance au groupe religieux à partir d'un ensemble d'indicateurs relevant de deux dimensions, l'une centrée sur la socialisation chrétienne durant la jeunesse, l'autre axée sur l'intégration actuelle au système socio-culturel catholique.

Dans cet article, le degré de religiosité est mesuré par un indicateur mixte basé à la fois sur une pratique cultuelle objec- tive et sur les motivations qui, aux dires des interviewés, ont guidé leur comportement. Ainsi, les interviewés ont-ils été répartis en trois catégories:

1. Les catholiques pratiquants: les personnes qui ont contracté un mariage religieux et l'ont fait pour des raisons de foi.

2. Les autres catholiques: les personnes qui ont contracté un mariage religieux pour des raisons qui ne sont pas d'abord religieuses (contrôle social, solennisation de la cérémonie du mariage ... ).

3. Les non-catholiques: les personnes qui n'ont contracté qu'un mariage civil.

Le degré de religiosité ou le niveau d'intégration à l'Eglise catholique est sans aucun doute influencé par la fréquentation d'une école catholique. En effet, l'école catholique, en tant

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