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La dichotomie famille traditionnelle-famille moderne L'intention de distinguer le présent du passé, conduit à définir

Dans le document recherches sociologiques (Page 129-146)

THEORIE ET REALITE EN SOCIOLOGIE DE LA FAMILLE

I. La dichotomie famille traditionnelle-famille moderne L'intention de distinguer le présent du passé, conduit à définir

la famille ancienne d'après certains critères et la famille contem-poraine par d'autres qui leur sont opposés. Cette dichotomie abusive apparaît dans de nombreux écrits. Un exemple du genre se trouve dans un texte célèbre de Burgess et Locke, dont la thèse est près de dominer toute étude de l'évolution de la famille:

«A high degree of family integration may be achieved by corn-munit y pressure, elaborate ritual, rigorous discipline, subordination of other members to the head, and co-operative economie activities, as in patriarcal family. Or it may be achieved by mutual affection, sympathie understanding, common interests, and democratie re-lationship between husband and wife, and between parents and children, as in the companionship family.» (1960 : 289).

Ces auteurs distinguent donc deux types de familles. Ceci s'admet sans discussion. Ce qui paraît moins acceptable c'est de prétendre, comme on le fait trop souvent, que le premier. type représente, sans plus, la famille d'autrefois. Suivant cette ligne de pensée, l'unité de la famille ancienne apparaît comme découlant presque exclusivement de la contrainte. Burgess et Locke citent le contrôle social comme premier facteur de l'unité de la famille, alors qu'il semble plus jus-tifié de citer d'abord, pour la famille ancienne, la collaboration dans le devenir de la collectivité que représente la famille.

Si l'on examine de façon plus approfondie les facteurs intégra-tifs cités pal' ces auteurs, et attribués à la famille ancienne ou à la famille actuelle, il apparaît que les distinctions sont quelque peu

forcées. Dans nos contrées du moins en ce qui concerne le contrôle social, sous l'ancien régime, le droit favorisait incontestablement davantage, et du dehors, l'unité du groupe familial, mais quant à la pression sociale, ce n'est pas certain: ainsi, par le passé, les rapports sexuels hors mariage furent plus souvent ouvertement ad-mis, plus «institutionnalisés », du moins dans la haute société. Les rites familiaux, certes plus empreints de simplicité, existent en-core à présent, sous la forme de cérémonies familiales, anniversaires, fêtes de Noël, et de St Nicolas, et celle des égards témoignés aux personnes plus âgées. Quant à la sévérité de la discipline, dans une société non démocratique la famille est par excellence le milieu où se trouvent des adoucissements à la rigueur des hiérarchies ; sous l'ancien régime la famille traditionnelle était probablement le lieu privilégié des compensations. Et le partage des expériences, la con-fiance mutuelle, la coopération dans les décisions, peuvent-ils être déniés aux membres d'une famille ayant une destinée commune'! Qui pourrait refuser de reconnaître l'influence intégrative des com-munications et interactions au sein de la famille traditionnelle, moins orientée vers l'extérieur, déléguant moins ses fonctions et dont les contacts sociaux étaient plus circonscrits? Enfin, les in-térêts communs : les loisirs, la religion et le maintien d'un statut supérieur dans le communauté, cités par Burgess et Locke (1960 : 291) comme particularités de la famille de compagnonnage actuelle semblent être tout autant des facteurs d'unité de la famille ancienne.

Lorsque nous nous retournons vers les auteurs européens, il appa-raît que la plupart des sociologues dépeignent aussi la famille an-cienne sous de sombres couleurs. Le texte qui dans l'ouvrage de Pri-gent introduit les remarquables articles de Régine Pernoux et Léon Moreel exprime fort bien ce qui est actuellement transmis sur la famille du XVIIIe siècle, laquelle est considérée par l'auteur com-me une sorte d'accomplissecom-ment de la famille traditionnelle :

«Ce qui la caractérise d'abord c'est l'autorité du père, autant sur les personnes que sur les biens de sa conjointe et de ses enfants.

Dans ce foyer qui est celui du 'chef de famille' l'épouse est sou-mise à un régime de véritable mineure, correspondant d'ailleurs à son statut dans la société du temps.

Quant aux enfants, c'est jusqu'à un âge avancé qu'ils demeurent dans un état de tutelle absolue. Celle-ci d'ailleurs ne concernant pas seulement leur éducation ou la disposition de leurs biens mais ré-glant jusqu'à l'établissement de leur propre foyer, le choix du con-joint, ou même leur vocation.

A cette époque où une opinion énervée s'élève contre toutes les tutelles, où l'on s'apprête à déifier la Liberté, où tout individu s'af-franchit, on comprend que cette famille rigide et tyrannique ap-paraisse comme une cible tout désignée aux esprits novateurs.»

(1954 : 19).

Ce n'est qu'avec une grande hésitation que nous passerions sous silence les attributs affectifs de la famille ancienne. Ceux-ci ne se

sont-ils pas effacés dans le temps? Il Y a bien à parier que si dans un avenir lointain on recherchait les témoignages d'affection fa-miliale à l'époque actuelle, cette investigation ne serait pas telle-ment en faveur de la famille contemporaine. Et cela ne prouverait rien car l'intimité familiale laisse peu de traces. Si la littérature réclamant quelque douceur dans l'éducation et prônant l'intimité familiale n'apparaît qu'à la fin du XVIIIe siècle, il n'est pas cer-tain que bien avant en nos contrées, dans la masse de la population, la vie familiale n'ait pas atteint la chaleur du foyer moderne. Tout comme il s'est fait de la bonne cuisine avant l'édition de manuels culinaires, l'intimité de la famille a bien pu exister avant d'être re-tracée par la plume.

II. Elements rectificatifs de l'image de la famille traditionnelle Nous avons découvert au fil de nos lectures, des textes et des relevés statistiques qui pourraient jeter un jour nouveau sur la famille ancienne de nos contrées. La documentation est peu abon-dante, ou du moins encore fort éparse, il s'ensuit que le présent travail ne constitue qu'autant de points d'interrogation. Nous n'a-bordons que deux aspects de la famille, l'emprise du chef de famille et le mariage. Ces deux aspects permettent d'avancer que sous l'an-cien régime, les membres de la famille ne se trouvaient pas dans des conditions tellement différentes des conditions présentes.

A. La férule du chef de famille

Une première difficulté rencontrée dans l'analyse de la famille ancienne provient du fait que beaucoup de nos connaissances ne concernent qu'un milieu exceptionnel, la haute aristocratie. Il s'agi-rait de savoir jusqu'à quel point nos ancêtres adoptaient les mêmes comportements et surtout de pouvoir assurer que l'image de la haute société tirée des œuvres littéraires représente la réalité. On peut se demander si les anecdotes, les potins piquants rapportés sur ce milieu très particulier n'en soulignent qu'un aspect. Toute époque a ses mo-dèles, et dans ce groupe social chacun, cherchant le succès, veillait à feindre le personnage du jour, à se conformer au rôle en vogue, si bien qu'en famille, la distance n'était parfois que de surface. (1).

(1) La preuve s'en trouve dans les Mémoires du Prince de Ligne:

«Ce n'était pas à la mode alors - écrit-il en parlant de son père -d'être bon père, ni bon mari.» (1927 : 7).

Déjà la lecture de ces mémoires apprend combien il est malaisé de reconstituer le climat familial du temps. Si le père de l'écrivain paraît bien avoir été un parfait despote: «Ma mère avait grand peur de lui.

Elle accoucha de moi en grand vertugadin et elle mourût de même quelques années après tant il aimait les cérémonies et l'air de dignité» ; ainsi qu'un mauvais père: «mon père ne m'aimait pas. Je ne sais pourquoi car nous ne nous connaissions pas.o (1927: 7); tout n'est pas dit sur les relations parents-enfants si l'on néglige l'incident narré

Les livres de raison sont autant de témoignages de la constante sollicitude du chef de famille pour le bien de ses proches, mais ils ne constituent d'ordinaire qu'un journal de famille. La plupart se réduisent à l'annotation des événements familiaux ou locaux. Leur ton est généralement impersonnel, l'auteur n'y épanche guère ses sen-timents et ne rapporte pas ceux de ses proches. La sécheresse du style tend à nous induire en erreur, elle ne prouve pas l'inexistence de relations affectives (2).

A qui veut les rechercher dans les mémoires et les lettres, les preuves des liens affectifs parents-enfants dans la famille ancien-ne montrent des attitudes charmantes. Nous n'en avons pas fait un relevé systématique lequel constituerait la matière d'un autre tra-vail (3).

à la page précédente: «Un jour mon père envoie ma sœur dans sa chambre en pénitence. Elle ne veut pas y aller. Mon père pour la faire sortir, la traîne avec son fauteuil où elle était et accroche à la porte, et la tête insubordonnée lui dit: Je savais bien que vous étiez mauvais père, mais vous êtes aussi mauvais cocher.» (1927: 6). Ce dernier trait indique des rapports familiaux d'une tout autre coloration.

(2) Ainsi, une seule allusion à l'attachement conjugal se trouve rap-portée par François Philippe de Spoelberch. Le 24 mars 1709, il note le décès de son beau-père, le 30 mars 1709: «Dame Alexandrine van den Hecke la mère de ma femme est aussi morte, de chagrin.:. (de Rijckman de Betz, 1935: 259). Et ce n'est pas parce que, comme on le faisait à l'époque, Robert Coppieters (1970) dénomme sa femme Madame tout au cours de son journal, qu'il faut en conclure au manque d'attachement. Au long de ces pages, retraçant l'histoire de la région, épouse, filles, beaux-fils, petits-enfants apparaissent constamment, et çà et là se dévoile une profonde affection.

(3) Toutefois croyant à l'intérêt que le sociologue pourrait leur prêter, nous rapportons quelques-unes de ces preuves. La première se trouve dans les mémoires du même Prince de Ligne. Lorsque son fils Charles, fut appelé encore enfant à le suivre dans ses campagnes:

«Je le tins pas la main aux premiers coups de fusil que je lui fis tirer à une petite affaire d'avant-postes contre les Prussiens, et m'élançant à cheval avec lui, tout en galopant, je lui dis: Mon Charles, il serait joli que nous eussions ensemble, ainsi une petite blessure.» (1927: 176).

Marmontel écrit à ses enfants: «Ce qui dans mes souvenirs fait le charme de ma patrie, c'est l'impression des premiers sentiments dont mon âme fut comme imbue et pénétrée par l'inexprimable tendresse que ma famille avait pour moi. Si j'ai quelque bonté dans le caractère, c'est à ces douces émotions, à ce bonheur habituel d'aimer et d'être aimé que je crois le devoir.» (1818: 3). Montesquieu disait volontiers :

«Avec mes enfants, j'ai vécu comme avec des amis.» (Lenotre, 1941 : 15».

On a assez loué le paisible bonheur familial de la classe bourgeoise pour ne plus devoir s'étendre sur cette question. Quant à la classe rurale, aux textes souvent cités de Restü de la Bretonne, décrivant un grand-père despote, on doit ajouter que Nicolas lui-même disait de ce grand-père: «L'éducation que donna Pierre et sa manière d'élever, ressemblait assez à celles des anciens romains et des Français d'il y a deux cents ans.» (1924: 47, 55, 106, 108).

La négligence des preuves de liens affectifs étroits dans la famille traditionnelle incite à nous demander combien la démarche de la pensée du sociologue, sur un plan général, l'amène à s'écarter de la réalité. Lorsque le sociologue centre son attention sur le système familial, il est aussitôt porté à certaines déductions : il dégage des lois fondamentales, ainsi que des corollaires de ces lois. Ce sont ces lois que Comte déjà mettait en évidence lorsqu'il déclarait que la famille consiste essentiellement dans la combinaison de deux rôles fondamentaux de relations: 10 la subordination des sexes; 20 la subordination des âges. De ces lois, nous tirons entre autres les corollaires suivants: a. Dans la famille traditionnelle, les membres du sexe masculin tiennent exclusivement les rênes du gouvernement de la maison; b. les hommes mûrs sont soumis à l'autorité d'un chef de famille âgé.

a. Premier corollaire

Le premier corollaire peut nous mener loin, aussi loin que Comte lui-même dans cette affirmation : la principale force de la femme consiste à surmonter la difficulté d'obéir. On a trop souvent pré-tendu que les capacités de la femme étaient paralysées sous l'ancien régime et qu'aucune grande responsabilité ne lui était confiée.

De fait, une tendance à l'égalité des sexes apparaît très tôt en Belgique, dès le XIII' siècle; elle se manifeste dans le droit urbain et particulièrement en Flandre. Suivant l'étude de Gilissen (1963: 320), cette tendance se traduit par l'égalité des père et mère dans l'exercice de la puissance sur les enfants, par la capacité civile complète de la femme majeure non mariée, par le développe-ment de la capacité de la femme marchande, même mariée, par des régimes matrimoniaux donnant à la femme des droits identiques à ceux du mari, par l'égalité des droits de l'époux survivant, femme ou mari, par l'égalité quasi complète des sexes en matière succes-sorale.

Quant à la capacité de tester, elle est assez souvent reconnue à la fille à un âge plus jeune qu'au garçon: selon Esmein (1929:

236-237) la différence est de deux ans, les âges se dispersent entre 12 et 18 ans pour les filles et 14 et 20 ans pour les garçons.

Et le retour aux cas concrets adoucit considérablement l'image de la condition de la femme dans le passé. Il reste de nombreuses preuves de la reconnaissance de la capacité de la femme à colla-borer au gouvernement de la maison. Lorsque le chef de famille s'en trouvait empêché ou incapable, il semble bien que ce soit la femme qui assurait le relai plutôt qu'un membre masculin de la famille. Même plus, selon Lichtervelde: «Les archives nous mon-trent qu'en fait elle prend souvent une part prépondérante à la gestion du patrimoine.» (1942: 47) (4).

(4) Nous nous bornons à citer trois auteurs à l'appui de l'affirmation

Quant au ton des relations entre mari et femme, il se trouve des exemples d'où l'on peut déduire que le couple «moderne» n'est pas seulement contemporain. Les lettres du Général de Martagne citées par Philippe Ariès (1960: 453-455) mettent en évidence le type démocratique des relations conjugales. C'est pourquoi, le socio-logue aurait bien tort de croire que le trait le plus relevé de la famille contemporaine en fait son originalité.

b. Second corollaire

La subordination des âges évoque l'image des adultes, des hom-mes mûrs soumis à l'autorité d'un chef de famille âgé. Et l'on ne serait pas loin de prétendre que l'autorité du chef de famille vieillissant a réduit la famille ancienne à l'immobilisme.

Cette conception de la famille traditionnelle ne peut être géné-ralisée. Ainsi Lichtervelde (1942: 47-48) expose que dans nos Provinces belges la structure juridique de la famille maintient un équilibre entre les droits de la famille et les droits de la personne.

La puissance paternelle prend fin à la majorité, généralement fixée à 25 ans, comme en France, ou à l'émancipation qui résulte auto-matiquement soit du mariage, soit de l'entrée en religion. Les enfants sitôt mariés sont juridiquement détachés de leurs parents et aussitôt indépendants. Ils forment une cellule nouvelle et échap-pent à l'autorité du chef de la maison (5). L'indépendance des

de la participation de la femme aux décisions familiales. Au XVIe siècle, à 17 ans, Marguerite de Lalaing:_ «procéda elle-même au remembre-ment de ses biens.» (Schyrgens, 1928: 6). Pour le XVIIIe siècle, relevons le témoignage du Général Marbot: «II existait au chateau de Laval une famille noble comprenant trois fils. Le chef de famille de cette maison étant accablé par la goutte, ses affaires étaient dirigées par son épouse, femme d'un rare mérité.» (1919: 7). A la même époque, Malon-Riga écrit à sa famille à propos d'un neveu qu'on lui a confié et qui ne lui donne aucunement satisfaction: «II manque absolument de moyens... il sera malheureux, j'ose le prédire, à moins qu'il ne suive aveuglément les conseils de sa mère, ou ne trouve une femme spiritueIle qui ait assez d'ascendant sur lui pour le mener et ce devra être avec beaucoup de précautions car il a une assez mauvaise tête.» (Bronne, 1962: 110). Exilé, Malou acheta 900 acres à trois milles de Princeton. La propriété étant de bon rapport, il écrivit à sa femme pour la convaincre de le rejoindre en Amérique avec leurs enfants, s'exprimant en ces termes: « ... avec les moyens que je vous dis et quelques-uns de vos meubles, vous tiendrez ici le premier rang ...

C'est le conseil de l'amitié et de l'amour paternel, c'est aussi ma volonté déterminée, pour autant qu'elle soit encore quelque chose dans ma famille.» Evoquant les dangers du voyage, et l'éducation des enfants, son épouse refuse de le rejoindre. Il lui répond: «mon courage, quelque grand. qu'il soit, succombe à l'idée affreuse d'une séparation de mes chers enfants, dont le souvenir ne cesse de me poursuivre et de m'acca-bler. Adieu, je vous embrasse tous tendrement.» (Bronne, 1962: 113).

Ces textes montrent combien les décisions importantes concernant la famille étaient déjà partagées entre mari et femme.

(5) Pour nos contrées, il se trouve une confirmation de l'usage de

adultes est assurée par les droits successoraux et les dispositions testamentaires ou autres du père de famille qui maintient l'égalité entre ses enfants. Verhaegen précise: «Si à l'égard des biens féodaux les femmes en général sont moins bien favorisées que les hommes, et les cadets que les aînés, ces biens ne pas pas consé-quents parce qu'il ne s'agit que du domaine propriétaire attaché au fief, d'ordinaire peu considérable. D'ailleurs, ceci est encore cor-rigé par les mœurs. La mémoire du père de famille qui ne partage pas ses enfants avec une honnête égalité est vouée au mépris.»

(1934 : 373). Il s'ensuit que l'on ne connaît pas habituellement dans les Provinces belges de ces branches pauvres ni de ces parents que la pauvreté oblige à vivre aux dépens des aînés de famille et sous leur tutelle.

L'emprise qu'aurait exercée le chef de famille âgé n'est pas seulement réduite par des coutumes régionales, elle l'est aussi par la situation démographique qui la limite de fait: si l'on tient compte de la mortalité à cette époque, un grand nombre de chefs de famille étaient jeunes et totalement indépendants. P. Deprez (1965 : 624-625) a calculé pour certaines régions des Flandres l'âge moyen de décès des personnes âgées de 15 ans et davantage, il le situe entre 46 et 53 ans pour la première moitié du XVIII" siècle.

Sur mille hommes ayant atteint l'âge de 15 ans et au delà, la moitié mourait entre 25 et 54 ans. Si l'on considère que l'âge moyen de mariage à l'époque si situe entre 25 et 29 ans, les cohortes des hommes étaient déjà bien décimées au moment du mariage de leur fils aîné, et subissaient continuellement de lourdes pertes.

Pour la France, les données sont semblables. Du tableau de la population française dressé par Bourgeois-Pichat (1952) on peut tirer qu'en 1776 le groupe d'âge de 25 à 29 ans était composé de 982.000 hommes, celui de 50 à 54 ans de 570.000 hommes. Comme la période de fécondité s'étendait en moyenne sur 17 années et qu'un nombre relativement élevé de mariages étaient tardifs, on peut conclure qu'à l'âge ou l'homme fondait un foyer il se trouvait plus souvent orphelin de père que soumis à la tutelle d'un homme

Pour la France, les données sont semblables. Du tableau de la population française dressé par Bourgeois-Pichat (1952) on peut tirer qu'en 1776 le groupe d'âge de 25 à 29 ans était composé de 982.000 hommes, celui de 50 à 54 ans de 570.000 hommes. Comme la période de fécondité s'étendait en moyenne sur 17 années et qu'un nombre relativement élevé de mariages étaient tardifs, on peut conclure qu'à l'âge ou l'homme fondait un foyer il se trouvait plus souvent orphelin de père que soumis à la tutelle d'un homme

Dans le document recherches sociologiques (Page 129-146)