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L'AVORTEMENT DANS LA VIE DU COUPLE

Dans le document recherches sociologiques (Page 146-163)

par

C. PRESVELOU, A. BRUTUS et B. CANIVET

Les débats actuels sur la législation relative à l'avor-tement semblent justifier l'étude des opinions en la matière. Cet article présente une brève analyse de données relatives à ce sujet, récoltées au sein d'un échantillon de jeunes couples belges de milieu urbain.

Les auteurs s'intéressent particulièrement aux opi-nions des femmes. Celles-ci se montrent en majorité réticentes au recours libre à l'avortement tandis qu'un tiers environ d'entre elles l'approuvent. Lorsqu'on com-pare quelques caractéristiques socio-culturelles de ces groupes, on constate que le degré de pratique religieuse paraît être un élément important dans la différenciation des opinions.

La mise en rapport de ces opinions avec d'autres don-nées relatives à la vie sexuelle, conjugale et familiale semble fonder l'hypothèse que les personnes qui accep-tent l'avortement se retrouvent en majorité parmi celles qui se montrent les plus ouvertes au changement.

L'avortement est un sujet vivement discuté ces derniers temps en Belgique, suite à la proposition de loi Calewaert déposé au sénat le 18 février 1971.

Ce projet de libéralisation de la législation sur l'avortement a suscité de nombreuses réactions et prises de position: les points de vue juridique, moral et médical ont déjà été amplement abordés (1).

Nous constatons cependant l'absence d'études portant sur l'avortement considéré comme phénomène social et envisageant ses différents aspects.

De même qu'on s'est penché sur les implications sociales du recours généralisé à la contraception, celle-ci considérée comme un élément modifiant la vie conjugale, on devrait également analyser l'avortement en tant que comportement social ayant des implications sur l'individu, le groupe conjugal et la collectivité.

En Europe, quelques enquêtes empiriques ont déjà été réalisées,

(1) Pour la France et la Belgique, voir entre autres les ouvrages cités dans la. bibliographie.

notamment en France (2), qui ont tenté de connaître les motivations et les caractéristiques socio-économiques des femmes qui se sont fait avorter, mais elles n'ont porté que sur des avortées identifiées dans les maternités par suite de complications post-abortives ou jugées par des tribunaux correctionnels. L'analyse sociologique de l'avortement clandestin et de la situation familiale, sociale ou écono-mique qui le provoque nous paraît être de première importance, mais elle n'a pas encore pu être réalisée, ce qui est certes très explicable étant donné les difficultés à contacter la population concernée.

En publiant ces quelques notes, nous n'avons pas l'intention d'entrer dans le débat complexe sur la libéralisation de la loi régissant l'avorte-ment, mais nous désirons contribuer, bien que d'une manière limitée, à l'étude des opinions de la population, aspect qui ne doit pas être négligé lorsqu'on propose des lois traitant d'un domaine où «la personne» est fortement engagée. Nous analyserons les opinions d'une couche de la population très directement concernée par le débat.

Notre article ne constitue en fait qu'une première exploitation de quelques résultats d'une enquête beaucoup plus vaste sur les modes de vie et la participation sociale des jeunes foyers ainsi que sur leurs images de la vie conjugale (3).

Cette enquête fut réalisée en 1971, sur un échantillon de jeunes couples belges (403) résidant en milieu urbain, âgés de 21 à 31 ans, mariés depuis un à dix ans, et ayant au moins un enfant (4).

Parmi les 806 personnes interviewées, trois quart environ (291 hommes, 292 femmes dont 279 couples) ont donné leur avis sur des propositions relatives à différentes formes possibles de vie familiale dans l'avenir, c.-à-d. la vie familiale de leurs enfants (5).

Certaines des propositions soumises à l'avis des enquêtés avaient trait à l'avortement et à la contraception. Bien que ces propositions soient peu nombreuses, la présentation des opinions récoltées nous a paru intéressante pour différentes raisons. Tout d'abord, ces avis furent recueillis avant que le dépôt au Sénat du projet de loi Cale-waert ne provoque l'apparition de déclarations et de publications de tendances opposées et que celles-ci n'aient pu influencer l'opinion personnelle des gens. Ensuite, comme ces opinions ne se rapportent pas à la situation concrète et présente du couple, elles expriment des souhaits relativement dépassionnés puisqu'elles concernent la vie familiale telle que les répondants la conçoivent pour l'avenir. Enfin,

(2) Il s'agit des enquêtes présentées par A. M. Dourlen-Rollier (1963).

et de celles citées par Dalsace I. et Dourlen-Rollier A. M. (1970) : 39-45).

(3) Cette recherche a été réalisée grâce à l'appui du F.N.R.C. que nous remercions ici.

La problématique générale de cette recherche a fait l'objet de deux publications précédentes (Presvelou, 1970; 1971).

(4) Les interviews ont été réalisés dans des grandes communes franco-phones et bilingues du pays: Forest, Ixelles, Watermael-Boitsfort, Woluwé-St-Pierre, Mons, Namur et Liège.

(5) Un questionnaire fut envoyé en mars 1971 aux personnes précé-demment interviewées.

les opinions émises sont celles de personnes qui sont le plus confron-tées au problème de la contraception et à celui de l'avortement: la majorité est en effet âgée de 25 à 30 ans, a de 3 à 5 ans d'union conjugale et n'a pas terminé la période de procréation (6).

C'est pourquoi, nous présentons ces quelques opinions relatives à l'avortement ; et pour mieux les comprendre, nous les analyserons d'une part, en fonction du contexte socio-culturel et d'autre part, nous les mettrons en parallèle avec quelques traits reflétant les con-ceptions des enquêtés en matière de vie sexuelle, conjugale et familiale.

Ces trois étapes de l'analyse constitueront les trois volets de cette note. Entamons à présent le premier d'entre eux qui consiste donc en la présentation globale des opinions relatives à l'avortement.

J. Opinions sur l'avortement

Tableau 1

Répartition des opinions relatives à la proposition:

«Si une nouvelle naissance n'est pas souhaitée, le couple peut décider librement de recourir ou non à l'avertament»

N %

tout à fait d'accord 124 21,3

plutôt d'accord 75 12,9

plutôt pas d'accord 127 21,8

pas du tout d'accord 208 35,7

indécis 47 8,0

sans réponse 2 0,3

Total 583 100,0

Ces résultats indiquent que la presque totalité des personnes inter-rogées prend position en face de cette proposition : seules 8% se montrent indécises. Les opinions se partagent entre une minorité importante favorable à l'avortement (34,2%) et une majorité qui s'y montre défavorable (57,5 %). Cette tendance se maintient lors-qu'on sépare les opinions selon le sexe des répondants. Mais le tableau 2 indique aussi que, bien qu'elles soient plus directement concernées, les femmes se montrent plus nettement opposéesà l'avor-tement que les hommes.

(6) Le problème de la planification se pose sans doute pour la plupart d'entre eux et d'autre part, beaucoup souhaitent déjà limiter leur descen-dance au nombre actuel d'enfants: 44,86% ont déjà 2 enfants et 13,36%

en ont plus de 2, alors que le nombre moyen d'enfants par famille, en Belgique, est approximativement de 2,5.

Tableau 2

Répartition selon le sexe des opinions concernant l'avortement

Hommes Femmes

Opinions N 0/0 N 0/0

tout à fait d'accord

ou plutôt d'accord 115 39,5 84 28,8

plutôt pas d'accord ou

pas du tout d'accord 151 51,9 184 63,0

indécis 24 8,3 23 7,9

sans réponse 1 0,3 1 0,3

Total 291 100,0 292 100,0

En effet, seuls 39,9 % des hommes et 28,8 % des femmes déclarent être d'accord avec la proposition, tandis que 51,9 % des effectifs masculins et 63,0% des effectifs féminins disent ne pas être d'accord.

Deux aspects de cette proposition sont à mettre en évidence: d'une part, son caractère assez général car dans cette phrase, on ne précise pas les raisons pour lesquelles une autre naissance n'est pas souhaitée et d'autre part, le fait que la décision ne revient qu'au couple.

En effet, à cause de la formulation assez générale de la proposition, l'avortement peut être considéré par les répondants comme un moyen à utiliser aussi bien dans des situations extrêmes ou difficiles (danger de mort pour la mère, circonstances économico-sociales ou psycholo-giques critiques) que dans les cas où. tout simplement on ne désire pas une autre naissance (que la contraception ait ou non été prati-quée). Du fait que les répondants aient pu comprendre que ces diffé-rentes circonstances étaient toutes implicitement incluses dans la proposition, on peut penser qu'ils ont été moins nombreux à répondre d'une manière favorable que si l'avortement avait été uniquement considéré comme une solution dans le cas d'une situation extrême ou difficile (7).

(7) Voir à ce sujet les renseignements donnés par A. M. Dourlen-Rollier (Colloque de l'Institut de Sociologie D.L.B., 1971 : 33).

Notons à simple titre d'information qu'un récent sondage d'opinion réalisé en France par la SOFRES pour le compte de l'Express (no 1087 du 8-14 mai 1972, p. 42) indique que parmi les mille femmes âgées de 18 à 25 ans qui ont été interrogées, 30% seulement déclarent que l'avor-tement devrait être autorisé par la loi dans tous les cas lorsque la femme le demande, tandis que 57% assortissent leur réponse favorable de la

D'autre part, dans la phrase présentée aux personnes interrogées, on laissait au couple la liberté de décider de recourir ou non à l'avor-tement. On pourrait alors penser que le nombre de personnes qui marquent leur accord est positivement influencé par le fait qu'on revendique très fort le respect de la liberté au sein de notre société.

Ceci nous paraît toutefois peu probable dans une proposition qui traite de l'avortement étant donné la cristallisation des opinions sur ce thème.

II. Les femmes face à l'avortement: analyse des réponses en fonction des caractéristiques sociales des répondantes

Des enquêtes ont mis en évidence quelques traits caractérisant les femmes qui ont recours à l'avortement: «c'est parmi les femmes de 20 à 30 ans que les avortements sont les plus nombreux », 60 à 70 % des femmes qui se font avorter sont mariées, près des trois quarts des avortées sont mères de famiIle et «l'avortement est princi-palement un phénomène conjugal qui prédominerait dans les familles de deux enfants» (Dalsace et Dourlen-Rollier, 1970 : 40 et 41) (8).

Ces constatations appuient l'idée mentionnée plus haut que les personnes interviewées dans le cadre de notre enquête, et particulière-ment les femmes dont les opinions feront l'objet de la suite de l'ana-lyse, font partie de la catégorie de population la plus concernée par la question. C'est donc peut-être parmi elles qu'on aurait dû trouver un nombre élevé d'opinions favorables à l'avortement. Comment expliquer alors que seules 28,8 % d'entre elles l'approuvent? Si l'on considère que l'ensemble de la population est peut-être moins direc-tement concerné par le problème que les personnes interrogées dans notre enquête, on peut se demander si la proportion de gens qui dans la population, approuvent l'avortement, n'est pas encore inférieure.

Pour essayer de connaître des facteurs de différenciation des opinions féminines relatives à l'avortement que nous avons présentées plus haut, nous allons aborder l'analyse des caractéristique socio-culturelles de deux groupes de répondantes : celles qui sont favorables et celles qui sont défavorables à la proposition. Nous mettrons leurs opinions en relation avec les variables suivantes : la dimension de la famille, l'âge, le niveau d'études, l'exercice d'une activité

profes-clause restrictive «oui, mais seulement dans les cas exceptionnels» ct 13% ne l'admettent en aucun cas.

(8) Concernant l'interprétation des résultats présentés par ces auteurs nous désirons émettre certaines réserves. Tout d'abord il nous paraît évident que les avortées sont en majorité des mères de familles, si c'est parmi les femmes de 20 à 30 ans que les avortements sont les plus nom-breux ; on sait en effet que dans la population, la proportion des mères de famille est très élevée dans cette catégorie d'âge. De plus, l'affirmation que les avortements se rencontrent le plus souvent dans les familles de deux enfants nous paraît devoir être nuancée par le fait que cette dimension familiale est très fréquente dans la population.

sionnelle et le degré de pratique religieuse. D'autres variables auraient pu trouver leur place dans cette analyse (9). Le statut socio-profes-sionnel surtout aurait contribué à mieux saisir le sens des opinions émises d'autant plus qu'on mentionne souvent les situations socio-économiques précaires (Dalsace et Dourlen-Rollier, 1970 : 42) comme une des raisons principales du recours à l'avortement.

Nous avons tenté de déceler les influences possibles de l'âge d'une part, et du nombre d'enfants d'autre part, sur les opinions relatives au problème qui nous occupe. Tenant compte du fait que notre échan-tillon est assez homogène, nous avons établi des catégories assez détaillées. La comparaison des opinions correspondant à ces caté-gories ne semble pas indiquer un impact quelconque de ces deux variables (voir tableaux 3 et 4).

Tableau 3

Nombre d'enfants vivants et opinion relative à l'avortement Nombre d'enfants

1

Total

Opinion sur un deux trois

l'avortement N % N % N % N %

pour 33 29.7 42 34.5 9 25.71 84 31.3

contre 87 70.3 80 65.5 26 74,3 184 68.7

Total 111 100.0 122 100.0 35 100.0 1 268 100.0

X2

=

0.395 dl

=

2 N.S. (10)

Tableau 4

Age des femmes et opinion relative à l'avortement Catégorie d'âge

1

Total

Opinion sur 21 à -25 25 à .29 29 à 31 S.R.

l'avortement N % N % N % N % N 0/'0

pour 24 32.1 35 28.3 24 36.4 1

=1

84 31.3

contre 51 67.9 89 71.7 42 63.6 2 184 68.7

Total 75 100.0 124 100.0 66 100.0 3

-1

268 100.0

X2

=

1.346 dl

=

2 N.S.

(9) L'état actuel du traitement mécanographique de nos données ne nous permettait pas de les prendre en considération.

(10) Tous les X2 présentés dans cet article ont été calculés compte non tenu des sans réponse. La mention N.S. indique que les différences ne sont pas significatives.

Le degré d'instruction est une autre variable qui nous paraissait pouvoir influencer les opinions relatives à l'avortement, par sa liaison à la possibilité d'information et de réflexion. D'après P. D. Bardis, qui a réalisé une enquête aux Etats-Unis, les gens qui désapprouvent le plus l'avortement se rencontrent parmi ceux dont le niveau d'études est le plus bas. (Bardis, 1972: 111). Cependant, nos données ne nous permettent pas de tirer une pareille conclusion. Le tableau 5 montre bien que les proportions de personnes favorables et d'opposées sont presque identiques dans chacune des catégories. Notons toutefois que les effectifs de la catégorie «niveau d'études primaires ~ sont sous-représentés et ceux de la catégorie «supérieur ou universitaire»

sur-représentés, si l'on compare nos résultats à ceux d'une enquête à caractère national prenant en considération une tranche de popu-lation semblable à la nôtre (Henryon et Lambrechts, 1968 : 46). Ceci est probablement dû au fait que nos données ne concernent que des jeunes femmes du milieu urbain dont le niveau d'études est proba-blement un peu supérieur à celui des jeunes femmes de l'ensemble de la population.

Tableau 1)

Niveau d'études (dernier diplôme obtenu) et opinion relative à l'avortement

Niveau d'études Total

prim. second. second. supér. ou S.R.

Opinion sur infér. supér. univers.

l'avortement

N % N % N % N % N % N %

pour 11 32.3 25 29.1 22 32.8 25 31.6 1 84 31.3

contre 23 67.7 61 70.9 45 67.2 54 68.4 1 184 68.7 Total 34 100.0 86 100.0 67 100.0 79 100.0 2 -

,

268 100.0 X2

=

0.168 dl

=

3 N.S.

Travail de la femme à l'extérieur du foyer et taille familiale réduite ont souvent été associés sans que l'on ait pu cependant pré-ciser si cette concordance est le reflet d'une mentalité plus contra-ceptive chez les femmes qui veulent exercer une profession et d'un désir d'une famille plus nombreuse chez celles qui restent au foyer.

On peut également se demander si le fait d'exercer une activité profes-sionnelle n'amène pas progressivement les femmes à désirer limiter plus efficacement le nombre de leurs enfants. Dans cette optique, et si l'on considère l'avortement comme un moyen extrême de limitation des naissances, on pourrait s'attendre à trouver parmi les femmes qui exercent une activité professionnelle le plus grand nombre d'échos

favorables. Ce n'est pas ce qui ressort du tableau 6 où la faible ten-dance observée allant dans le sens de notre hypothèse ne s'exprime pas par des différences statistiquement significatives. Ceci s'explique peut être par le fait que même si les femmes qui exercent une activité professionnelle ont une volonté plus ferme de limiter leur descendance, elles n'accepteraient pas pour autant aller jusqu'à l'interruption d'une grossesse déjà en cours.

Tableau 6

Exercice d'une activité professionnelle par les femmes et opinion relative à l'avortement

Activité professionnelle Total

Opinion sur temps temps non S.R.

l'avortement plein partiel

N % N % N % N % N %

pour 31 32.3 19 42.2 34 27.0 0 84 31.3

contre 65 67.7 26 57.8 92 73.0 1 184 67.8

Total 96 100.0 45 100.0 126 100.0 1 268 100.0

X2

=

2.18 dl 1 N.S.

Les convictions morales et religieuses doivent certainement être retenues parmi l'ensemble des variables socio-culturelles. Le problème moral que pose indiscutablement l'acte abortif rend les opinions en la matière fort dépendantes des valeurs que l'individu considère comme fondamentales. La part prise par la religion catholique dans la promotion et la conservation de ces valeurs morales est en Belgique tellement importante que l'on identifie facilement «morale» et

«morale catholique»; c'est pourquoi nous avons pensé pouvoir approcher l'impact des convictions morales par l'analyse des con-victions religieuses.

On connaît la difficulté de construire un indice complet de la religiosité (11) ; pour approcher l'influence de cette variable nous analyserons donc le degré de pratique religieuse. Celui-ci fut mesuré à l'aide des réponses à la question suivante: «Pourquoi avez-vous contracté un mariage religieux?» Le regroupement des différentes motivations relevées nous a permis de ranger nos interviewées en trois catégories distinctes qui sont présentées dans le tableau 7 ci-dessous.

(11) Voir à ce propos Gérard (1970: 11-13) et Lambrechts (1972 : 30).

Tableau 7

Degré de pratique religieuse et opinion relative à l'avortement Degré de pratique religieuse Total pratique sans prat. sans prat. S.R.

Opinion sur régul. mais cert. et sans l'avortement convictions convictions

N 0/0 N 0/0 N 0/0 N 0/0 N 0/0

pour 15 14.2 33 33.7 32 55.2 4 84 31.3

contre 91 85.8 65 66.3 26 44.8 2 184 68,7

Total 106 100.0 98 100.0 58 100.0 6

-1

268 100.0

X2 35.3 dl 2 p<.OOl

Il ressort très clairement du tableau que les catholiques prati-quantes sont très nombreuses à manifester leur opposition à l'avorte-ment tandis que les non croyantes ysont nettement plus favorables;

les croyantes non pratiquantes se retrouvent par contre autant parmi les opposantes que parmi les personnes favorables.

Nous croyons donc que parmi les variables socio-culturelles consi-dérées, seul le degré de pratique religieuse a une influence sur les opinions relatives à l'avortement. Comment comprendre cette influence? L'avortement est-il rejeté par un grand nombre de catho-liques parce qu'il met en cause un des principes fondamentaux de la morale : le respect de la vie ? Cela nous paraît évident. Mais peut-être d'autres facteurs liés à la religion interviennent-ils aussi : si l'on refuse l'avortement n'est-ce pas aussi parce que pour certains, comme la contraception, il va à l'encontre de la fin procréatrice du mariage?

La réponse à ces questions nécessiterait une analyse approfondie qui nous paraît très intéressante, et qu'il serait souhaitable d'entre-prendre ultérieurement.

III. Opinion sur l'avortement et opuuons sur différents domaines de la vie sexuelle, conjugale et familiale

La contraception est actuellement un sujet de grande importance dans la vie du couple et de la famille. A ce titre, et parce qu'il se trouve en rapport étroit avec l'avortement puisqu'ils visent tous deux, bien que d'une manière différente, la limitation des naissances, il nous semble intéressant de commencer ce troisième volet de l'analyse par la mise en relation des opinions relatives à ces deux domaines.

Le tableau 8 montre bien que l'ensemble de notre échantillon se

Tableau 8

Réponse à la question: «si une naissance n'est pas souhaitée, l'emploi de tout moyen contraceptif se [ustifie » et opinion relative à l'avortement Opinion relative Opinion sur l'avortement

à l'emploi de tout Pour Contre Total

contraceptif N % N % N %

Tout à fait d'accord ou

plutôt pas d'accord 79 94,0 133 72,3 212 79,1

Indécis 1 1,2 11 6,0 12 4,5

Plutôt pas d'accord ou

pas du tout d'accord 4 4,8 39 21,2 43 16,0

Sans réponse 1 0,5 1 0,4

Total 84 100,0 184 100,0 268 100,0

X2

=

6.72 dl

=

1 p<.Ol (12)

déclare favorable à l'emploi de moyens contraceptifs. Seules 16% des interviewées y manifestent leur opposition. On constate de plus que celles qui désapprouvent l'avortement sont moins nombreuses à se dire favorables à l'emploi de tout moyen contraceptif que celles qui l'approuvent (72,2 % contre 94,03 %); l'approbation reste toute-fois l'opinion la plus largement répandue.

Ces résultats pourraient faire supposer que des femmes favorables à l'avortement et qui sont aussi, comme on vient de le voir, très favorables à la contraception, manifesteraient dans d'autres domaines de la vie sexuelle, conjugale et familiale une tendance que l'on pourrait qualifier de progressiste. Nous essayerons de préciser cette hypothèse.

D'autre part, on peut se demander quelle est, dans ces mêmes domaines, la position de celles qui s'opposent à l'avortement. Nous pourrions, soit les croire très opposées à l'introduction de change-ments dans la vie conjugale et familiale, soit, en considérant que l'avortement relève d'un domaine très spécifique, celui de la morale,

D'autre part, on peut se demander quelle est, dans ces mêmes domaines, la position de celles qui s'opposent à l'avortement. Nous pourrions, soit les croire très opposées à l'introduction de change-ments dans la vie conjugale et familiale, soit, en considérant que l'avortement relève d'un domaine très spécifique, celui de la morale,

Dans le document recherches sociologiques (Page 146-163)