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L’autorité de l’Etat : les relations entre les préfets, les sous-préfets, les maires et la population en Lorraine au XIXe siècle (1800-1870)

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Submitted on 4 Jan 2021

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L’autorité de l’Etat : les relations entre les préfets, les sous-préfets, les maires et la population en Lorraine au

XIXe siècle (1800-1870)

François-Xavier Martischang

To cite this version:

François-Xavier Martischang. L’autorité de l’Etat : les relations entre les préfets, les sous-préfets, les maires et la population en Lorraine au XIXe siècle (1800-1870). Histoire. Université de Lorraine, 2016. Français. �NNT : 2016LORR0175�. �tel-01752381�

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AVERTISSEMENT

Ce document est le fruit d'un long travail approuvé par le jury de soutenance et mis à disposition de l'ensemble de la communauté universitaire élargie.

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LIENS

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UNIVERSITE DE LORRAINE Ecole doctorale Fernand Braudel (ED 411)

Centre de recherche universitaire lorrain d’histoire (E.A. 3945)

L’AUTORITE DE L’ETAT.

LES RELATIONS ENTRE LES PREFETS, LES SOUS-PREFETS, LES MAIRES ET LA POPULATION EN LORRAINE AU XIXe SIECLE

(1800-1870)

Thèse

pour obtenir le grade de docteur en histoire contemporaine de l’Université de Lorraine

Présentée et soutenue publiquement par François-Xavier MARTISCHANG

le 6 décembre 2016 Volume 1 : Texte

Directeur de thèse : M. Jean EL GAMMAL

Membres du jury :

M. François AUDIGIER, Professeur à l’Université de Lorraine (Examinateur)

M. Jacques-Olivier BOUDON, Professeur à l’Université Paris-Sorbonne (Président du jury) M. Jean EL GAMMAL, Professeur à l’Université de Lorraine (Directeur de thèse)

M. Pierre KARILA-COHEN, Professeur à l’Université de Rennes II (Rapporteur)

Mme Natalie PETITEAU, Professeure à l’Université d’Avignon et des Pays du Vaucluse (Rapporteur)

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UNIVERSITE DE LORRAINE Ecole doctorale Fernand Braudel (ED 411)

Centre de recherche universitaire lorrain d’histoire (E.A. 3945)

L’AUTORITE DE L’ETAT.

LES RELATIONS ENTRE LES PREFETS, LES SOUS-PREFETS, LES MAIRES ET LA POPULATION EN LORRAINE AU XIXe SIECLE

(1800-1870)

Thèse

pour obtenir le grade de docteur en histoire contemporaine de l’Université de Lorraine

Présentée et soutenue publiquement par François-Xavier MARTISCHANG

le 6 décembre 2016 Volume 1 : Texte

Directeur de thèse : M. Jean EL GAMMAL

Membres du jury :

M. François AUDIGIER, Professeur à l’Université de Lorraine (Examinateur)

M. Jacques-Olivier BOUDON, Professeur à l’Université Paris-Sorbonne (Président du jury) M. Jean EL GAMMAL, Professeur à l’Université de Lorraine (Directeur de thèse)

M. Pierre KARILA-COHEN, Professeur à l’Université de Rennes II (Rapporteur)

Mme Natalie PETITEAU, Professeure à l’Université d’Avignon et des Pays du Vaucluse (Rapporteur)

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Pour Barbara, Augustin et Jules.

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Remerciements

Alors que s’achève ce travail, je tiens, tout d’abord à remercier mon directeur de thèse, le Professeur Jean El Gammal. Depuis le jour où je lui ait demandé de bien vouloir encadrer mes premières recherches, dans le cadre de mon Master, il n’a cessé de me soutenir dans mes démarches et a répondu à mes interrogations avec rigueur, bienveillance et patience.

Je suis également reconnaissant à MM. les Professeurs François Audigier, Jacques- Olivier Boudon et Pierre Karila-Cohen, ainsi qu’à Mme la Professeure Natalie Petiteau d’avoir accepté d’évaluer ce travail. Leurs conseils et témoignages de soutien m’ont été très précieux. Puisse ce travail ne pas décevoir leurs attentes.

La Fondation Napoléon, en m’accordant une bourse d’étude, a grandement contribué à la réalisation de cette thèse, en me permettant de financer plusieurs séjours de recherche à Paris. Je suis en outre très sensible à l’intérêt que son directeur, Thierry Lentz, porte à mes travaux. J’aimerais également remercier Mme Michèle Faissat, pour m’avoir hébergé lors de mes passages à Paris.

J’adresse mes remerciements au personnel des Archives nationales et départementales pour leur diligence, ainsi qu’à celui du Musée de la Cour d’Or (Metz), du Musée historique lorrain (Nancy), de la Bibliothèque municipale de Nancy, de la Bibliothèque municipale de Metz, de la Médiathèque Jean Jeukens de Bar-le-Duc et de la préfecture de la Meuse pour leur aide dans ma quête de documents iconographiques.

En m’invitant à donner des cours et des travaux dirigés dans l’enseignement supérieur, parallèlement à ma charge de professeur du secondaire, les enseignants du département d’histoire de l’Université de Lorraine m’ont permis d’élargir mes compétences. Patrick Corbet, Laurence Guignard, Laurent Jalabert, Chantal Metzger, Julien Léonard, Jérôme Pozzi, Pascal Raggi, Stefano Simiz ont en outre manifesté leur intérêt pour mes travaux, parfois en me permettant de participer à différents colloques et journées d’étude. Leur confiance m’honore. J’ai en outre une pensée particulière pour Etienne Paquin, professeur honoraire de Khâgne au lycée Henri Poincaré de Nancy, qui a joué un rôle déterminant dans ma formation, lui-même docteur depuis peu.

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Ce travail n’aurait pu aboutir sans le soutien de mes amis et de mes proches, en particulier Agnès et Roger Coulin, Emilie Coulin, Sophie Coulin, Jonathan et Cynthia Fabry, Véronique Gillot, Daniel et Mireille Guéry, Marguerite et Jean-Marc Harter, Eric et Caroline Martischang, Alice Poull et Gaël Hérigault, Georges et Christine Poull, Frédéric et Marie- Laure Untereiner, Bernadette Weber, ainsi que Damien et Véronique Wodey. Je remercie également mes beaux-parents, ainsi que Cécile et Xavier Clisson et leurs enfants, pour avoir régulièrement gardé nos garçons. Je suis particulièrement reconnaissant envers ma grand- mère, qui a largement contribué à me donner le goût de l’histoire, et qui a suivi ce projet avec attention. Mes parents, après m’avoir permis d’étudier dans d’excellentes conditions, m’ont soutenu tout au long de ces années, et ont accepté de relire l’intégralité de ce travail. Je les en remercie vivement. Rien, enfin, n’aurait été possible sans l’indéfectible soutien de mon épouse, qui a supporté mes doutes, mes hésitations ainsi que les vacances, les week-ends et les soirées passées dans les dépôts d’archives ou enfermé dans mon bureau face à mon ordinateur. C’est à elle, et à nos fils, que je dédie ce travail.

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Liste des sigles utilisés

AN Archives nationales

AD 54 Archives départementales de Meurthe-et-Moselle AD 55 Archives départementales de la Meuse

AD 57 Archives départementales de la Moselle AD 88 Archives départementales des Vosges BnF Bibliothèque nationale de France

CTHS Comité des travaux historiques et scientifiques FNSP Fondation nationale des sciences politiques LGDJ Librairie générale de droit et de jurisprudence PUF Presses universitaires de France

PULIM Presses universitaires de Limoges PUPS Presses universitaires de Paris-Sorbonne PUR Presses universitaires de Rennes

Il convient de préciser quelques choix de transcription que nous avons adoptés dans ce travail.

En premier lieu, il importe de souligner que l’on a conservé l’orthographe et la ponctuation originales dans les citations. Les fautes sont signalées par [sic], sauf lorsqu’elles sont trop nombreuses. Nous avons cependant renoncé à signaler l’élision du t final de certains mots, extrêmement courante dans la première moitié du siècle.

Ajoutons que nous avons conservé le nom qu’avaient alors les communes, à l’exception de Bar-le-Duc, pour laquelle nous utilisons systématiquement le nom actuel, bien que la commune se soit longtemps appelée Bar-sur-Ornain.

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Sommaire de la thèse

REMERCIEMENTS ... 4

LISTE DES SIGLES UTILISES ... 6

SOMMAIRE DE LA THESE ... 7

INTRODUCTION ... 9

PREMIERE PARTIE : LE CADRE DE L’AUTORITE ... 41

INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE ... 42

CHAPITRE 1 :ENTRE AUTORITE ET AUTORITARISME,L’ELABORATION DUN STYLE SOUS LE CONSULAT ET LE PREMIER EMPIRE (1799-1814/5) ... 45

I. Rétablir l’autorité de l’Etat ... 46

A. Une France en crise ? ... 47

B. De la nécessité d’un régime autoritaire ... 50

II. Le cadre institutionnel de l’autorité ... 51

A. Le corps préfectoral ... 52

B. Les maires : une autorité institutionnelle réelle ... 67

III. Des hommes aptes à l’exercice de l’autorité ... 71

A. Le choix des préfets ... 72

B. La nomination des sous-préfets ... 88

C. La sélection des maires ... 96

IV. Exercer l’autorité de l’Etat : les consignes du pouvoir central ... 111

A. Du bon exercice de l’autorité par les préfets ... 111

B. Les sous-préfets : des attentes similaires à celles des préfets ... 121

C. Les maires : un cadre moins contraignant ... 123

CHAPITRE 2 :EVOLUTIONS ET INFLEXIONS, DE LA RESTAURATION AU SECOND EMPIRE (1814/15- 1870) ... 127

I. La Restauration, ou le temps de l’autorité paternelle (1814/15-1830) ... 128

A. Une nécessaire restauration de l’autorité ... 128

B. Une autorité institutionnelle toujours aussi importante ... 132

C. Des hommes nouveaux ? ... 135

D. Une nouvelle manière d’exercer l’autorité ... 150

II. Des évolutions différenciées sous la monarchie de Juillet (1830-1848) ... 154

A. Liberté, ordre et autorité ... 154

B. L’autorité des préfets et des sous-préfets : des changements limités ... 156

C. Une nouvelle conception de l’autorité des maires ... 166

III. Les hésitations de la Deuxième République (1848-1851) ... 178

A. Vers une autorité républicaine ? (février-mai 1848)... 179

B. La mise en place progressive d’un style autoritaire (mai 1848-mars 1852) ... 194

IV. Le Second Empire (1852-1870), apogée du style autoritaire ? ... 209

A. Un régime attaché à l’ordre ... 209

B. Un corps préfectoral puissant ... 211

C. Le renforcement de l’autorité des maires ... 220

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE ... 231

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DEUXIEME PARTIE : L’AUTORITE AU QUOTIDIEN ... 233

INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE ... 234

CHAPITRE 3 :IMPOSER SON AUTORITE ... 238

I. L’acquisition d’un savoir-faire professionnel ... 239

II. La naissance d’une relation ... 251

A. De la nomination à l’arrivée ... 252

B. L’installation ... 255

C. Les premiers contacts ... 261

III. Entretenir son autorité ... 267

A. De l’art de se faire apprécier ... 268

B. De l’importance des compétences professionnelles ... 280

IV. Incarner l’autorité de l’Etat ... 291

A. La tenue et la conduite ... 291

B. Discours et affiches ... 303

C. l’autorité mise en scène ... 311

CHAPITRE 4 :L’AUTORITE MISE A LEPREUVE ... 345

I. Les concurrences pour l’hégémonie ... 346

A. Les conflits entre les préfets, les sous-préfets et les maires... 346

B. Les relations avec les autres représentants de l’Etat : l’éclairage des conflits de préséances ... 354

C. Les démêlés avec le clergé ... 362

II. L’autorité en période d’invasion et d’occupation : l’exemple des années 1814-1815 ... 371

A. Recomposition et délitement de l’autorité lors des invasions de 1814 et 1815 ... 372

B. L’occupation de 1814 ... 377

C. L’occupation de 1815 ... 384

III. Les contestations des administrés ... 391

A. Les formes de la contestation ... 391

B. Le consentement et la désobéissance au prisme de la contestation ... 433

IV. Les conséquences des difficultés sur les carrières ... 442

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE ... 453

CONCLUSION GENERALE ... 455

ANNEXES ... 466

SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE ... 711

TABLE DES TABLEAUX, DES GRAPHIQUES ET DES FIGURES ... 788

INDEX DES NOMS DE PERSONNES ET DE LIEUX ... 791

TABLE DES MATIERES ... 798

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Introduction

générale

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L’autorité de l’Etat fait partie de ces expressions idiomatiques que l’on emploie spontanément, sans y prendre garde, tant l’association des deux termes semble aller de soi. De fait, fondée sur la croyance en la légitimité du pouvoir, cette dernière peut être définie comme

« le pouvoir légalement conféré […] à un groupe humain de régir l’ensemble […] du corps social, de régler les affaires publiques »1. Elle repose fondamentalement sur la confiance que le peuple accorde aux gouvernants, et dont procède l’obéissance des habitants. L’autorité est ainsi volontiers considérée comme une propriété naturelle de l’Etat, voire un attribut qui lui est consubstantiel.

L’évidence du lien entre l’Etat et les phénomènes d’autorité et d’obéissance semble donc s’imposer. Cela s’explique, sans aucun doute, principalement par la manière dont l’Etat moderne – au sens où l’entend Jean-Philippe Genêt, c’est-à-dire comme « un Etat dont la base matérielle repose sur une fiscalité publique acceptée par la société politique (et ce dans une dimension territoriale supérieure à celle de la cité), et dont tous les sujets sont concernés »2 s’est construit en Europe, et en particulier en France, depuis le XIIIe siècle. Les différents auteurs qui se sont intéressés à sa genèse3, s’inscrivant explicitement dans le sillage des

1 CNRS, Trésor de la langue française. Dictionnaire de la langue du XIXe et du XXe siècle, tome 3, 1974, p.

1010.

2 Jean-Philippe GENET, « La genèse de l’Etat moderne : les enjeux d’un programme de recherche », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 118, juin 1997, p. 3. Pour une approche critique, voir : Jean-Frédéric SCHAUB, « Le temps et l’Etat : vers un nouveau régime historiographique de l’Ancien Régime français », Quaderni Fiorentini, n° 25, 1996, p. 128-181, et « La notion d’Etat moderne est-elle utile ? Remarques sur les blocages de la démarche comparatiste en histoire », Cahier du Monde Russe, vol. 46, n°1-2, 2005, p. 51-64.

3 La question de la genèse de l’Etat moderne a suscité un nombre de travaux considérable depuis une quarantaine d’années, en particulier sous la forme de programmes de recherche collectifs. On en trouvera les principales conclusions dans : Shmuel N. EISENSTADT et Stein ROKKAN (dir.), Building States and Nations, 2 vol., Londres, Beverly Hills, Sage Publications, 1973, 397 p. et 506 p. ; Charles TILLY (dir.), The Formation of National States in Western Europe, Princeton, Princeton University Press, 1975, XIV-711 p. ; Jean-Philippe GENET (dir.), L’Etat moderne : genèse. Bilans et perspectives, Paris, Editions du CNRS, 1990, 352 p. ; Jean-Philippe GENET et

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travaux de Max Weber4, et de Norbert Elias, qui soutenait dans la Dynamique de l’Occident que l’Etat s’est construit grâce à un double mouvement de monopolisation de la perception de l’impôt et de la contrainte militaire5, soulignent que l’apparition de l’Etat résulte d’un processus de centralisation et de concentration des fonctions gouvernementales, à partir des structures féodales. C’est donc en imposant sa domination sur différentes sphères (militaire, fiscale, législative, judicaire, diplomatique, monétaire, administrative) que l’Etat moderne a pu triompher des formes concurrentes d’organisations politiques (cités-Etats, empires) et imposer son autorité à la population du pays concerné6.

Pourtant, en dépit du lien génétique unissant, indissociablement, l’Etat aux phénomènes de domination, d’autorité et d’obéissance – ou peut-être à cause de lui, tant l’évidence peut, parfois, être aveuglante –, la question de l’autorité de l’Etat peut apparaître, du moins à certains égards, comme un sujet relativement neuf. C’est, en tout particulier, le cas pour la France du XIXe siècle, alors qu’elle revêtit, à cette époque, une importance cruciale dans notre pays.

L’autorité de l’Etat en France au XIXe siècle : un objet historiographique récent

La construction de l’Etat connut, au XIXe siècle, une rapide accélération. A partir de la Révolution de 1789, le rôle de l’Etat se modifia en effet profondément. Essentiellement perçu durant la période moderne comme une structure permettant d’articuler entre eux une multitude de corps intermédiaires7, l’Etat fut, à partir de la fin du XVIIIe siècle, chargé d’assurer un fonctionnement harmonieux à la société française, en produisant de la cohésion sociale et nationale, en protégeant les citoyens contre les risques de la vie, puis en s’attachant

Michel LE MENE (dir.), Genèse de l’Etat moderne. Prélèvements et redistributions, Paris, Editions du CNRS, 1987, 250 p. ; Willem BLOCKMANS et Jean-Philippe GENET (dir.), Visions sur le développement des Etats européens. Théories et historiographies de l’Etat moderne, Rome, Ecole française de Rome, 1993, VIII-336 p.

4 Max WEBER, Economie et société, tome 1, Les catégories de la sociologie, Paris, Pocket, 1995, p. 97.

5 Norbert ELIAS, La Dynamique de l’Occident, Paris, Calmann-Lévy, 2009, 328 p.

6 Outre les ouvrages cités dans les notes 3 et 4, on peut également évoquer : Bertrand BADIE et Pierre BIRNBAUM, Sociologie de l’Etat, Paris, Pluriel, 1994, 328 p. ; Pierre BIRNBAUM, La Logique de l’Etat, Paris, Fayard, 1982, 234 p. ; Olivier BEAUD (dir.), L’Etat, Paris, PUF, 1992-1993, 2 vol., 192 p. et 188 p. ; Olivier BEAUD, La Puissance de l’Etat, Paris, PUF, 1994, 512 p. ; Pierre BOURDIEU, Sur l’Etat. Cours au collège de France 1989-1992, Paris, Seuil, 2012, 656 p. ; Gianfranco POGGI, The Development of Modern State : A Sociological Introduction, Stanford, Stanford University Press, 1978, 192 p., ou encore Charles TILLY, Contrainte et capital dans la formation de l’Europe, 990-1990, Aubier, Paris, 1992, 431 p.

7 Voir à ce sujet les synthèses de Michèle FOGEL, L’Etat dans la France moderne : de la fin du XVe au milieu du XVIIIe siècle, Paris, Hachette, 2000 [1992], 189 p. et de François-Xavier EMMANUELLI, Etat et pouvoir dans la France des XVIe-XVIIIe siècles : la métamorphose inachevée, Paris, Nathan, 1992, 327 p.

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à réguler l’économie8. Aux fonctions traditionnelles de l’Etat (police, justice, défense, diplomatie, finance) s’ajoutèrent donc progressivement de nouveaux domaines d’intervention (protection sociale, action culturelle, éducation, contrôle de l’économie, politique de grands travaux). L’Etat dut, dès lors, se donner les moyens d’une telle ambition. Les effectifs de la bureaucratie ne cessèrent ainsi de croître tout au long du siècle9.

L’Etat, de plus en plus puissant et de plus en plus centralisé, chercha, naturellement, à renforcer son autorité ; et il avait, en ce domaine, fort à faire. La tradition frondeuse de la société française contre l’Etat était en effet encore vivace au XIXe siècle10. En outre, la Révolution française, en transférant la souveraineté du roi à la nation, avait donné aux citoyens un rôle nouveau : c’est désormais d’eux, du moins en théorie, qu’émanait le pouvoir politique, et par conséquent l’Etat ; l’idée que ce dernier devrait être soumis au contrôle du peuple, par exemple par le biais de l’élection des fonctionnaires les plus importants, émergea alors11. Enfin, l’obéissance à l’Etat était d’autant plus difficile à obtenir que ce dernier ne se distinguait encore pas totalement du gouvernement en place, ce dont témoignent les épurations administratives lors des changements de régime12. Dès lors, obéir à l’Etat et obéir au gouvernement se confondaient en grande partie. Or la France connut, durant le XIXe siècle, six régimes politiques successifs (le Consulat de 1799 à 1804, le Premier Empire de 1804 à 1814/15, la Restauration de 1814/15 à 1830, la monarchie de Juillet de 1830 à 1848, la Deuxième République de 1848 à 1852, le Second Empire de 1852 à 1870), avant que la

8 Pierre ROSANVALLON a proposé trois expressions pour résumer ce nouveau rôle de l’Etat dans son ouvrage L’Etat en France de 1789 à nos jours, Paris, Seuil, 1990, p. 15-16 : l’Etat s’impose comme un « instituteur du social », une « providence » et un « régulateur de l’économie ».

9 Voir sur ce sujet la courbe approximative élaborée par Pierre ROSANVALLON, L’Etat… op. cit., p. 285. Sur la question de l’évaluation du nombre des fonctionnaires et les problèmes qu’elle pose, voir Emilien RUIZ, Trop de fonctionnaires ? Contribution à une histoire de l’Etat par ses effectifs (France, 1850-1950), thèse en histoire contemporaine sous la direction de Marc-Olivier BARUCH, EHESS, 2013, 898 f°.

10 Outre l’ouvrage essentiel, pour ce qui concerne la période moderne, de Jean NICOLAS,La Rébellion française : mouvements populaires et conscience sociale (1661-1789), Paris Gallimard, 2008, 1076 p., on pourra se reporter à Yves-Marie BERCE, Croquants et nu-pieds. Les soulèvements paysans en France du XVIe au XIXe siècle, Paris, Gallimard, 1991, 303 p., à Charles TILLY, La France conteste, de 1600 à nos jours, Paris, Fayard, 1986, 622 p., et à André BURGUIERE et Jacques REVEL (dir.), Histoire de la France, tome 5, Les conflits, Paris, Seuil, 2000, 578 p. qui montrent que les révoltes étaient encore nombreuses au XIXe siècle. Plusieurs études régionales permettent de compléter ce tableau : Michel BRUNET, Le Roussillon : une société contre l’Etat (1780-1820), Toulouse, Eché, 1986, 566 p. ; Jean-Claude CARON, L’Eté rouge. chronique de la révolte populaire en France (1841), Paris, Aubier, 2002, 348 p. ; François PLOUX, Guerres paysannes en Quercy : violences, conciliations et répression pénale dans les campagnes du Lot (1810-1860), Paris, La Boutique de l’histoire, 2002, 376 p. (en particulier le chapitre V, « Les paysans contre l’Etat », p. 193-223) ; Jean-François SOULET, Les Pyrénées au XIXe siècle : une société en dissidence, Toulouse, Eché, 1987, 713 p.

11 Sur cette question, voir Pierre ROSANVALLON, L’Etat… op. cit., p. 49-51.

12 Sur ce sujet, voir Paul GERBOD (dir.), Les Epurations administratives, XIXe et XXe siècles, Genève, Droz, 1977, 125 p. ; Marc BERGERE et Jean LE BIHAN (dir.), Fonctionnaires dans la tourmente. Epurations administratives et transitions politiques à l’époque contemporaine, Chêne-Bourg, Georg, 2009, 301 p. et le dossier « Réintégrer les fonctionnaires. L’après-épuration en Europe, XIX-XXe siècles », Histoire et mesure, vol. XXIX, 2014/2.

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Troisième République ne parvienne finalement à s’imposer durablement au cours des années 1870-1880. L’obéissance à l’Etat était donc d’autant plus difficile à conquérir que l’obéissance au pouvoir politique en place n’allait pas nécessairement de soi, et que les gouvernants devaient faire la preuve de leur capacité à gouverner et de la légitimité de leur autorité.

La question de l’autorité de l’Etat était donc, au moins à l’état latent, au cœur des préoccupations des dirigeants français du XIXe siècle, d’autant que de nombreuses voix s’inquiétaient alors du recul supposé de l’autorité en général dans une société en pleine évolution13. Pourtant, l’histoire de l’Etat, qui s’est considérablement développée depuis les années 199014, a longtemps privilégié d’autres dimensions. L’histoire de l’administration au XIXe siècle occupe ainsi une part considérable de la recherche15. Les hauts fonctionnaires16,

13 Voir Alain CORBIN, « Le XIXe siècle ou la nécessité de l’assemblage », in Alain CORBIN, Pierre GEORGEL, Stéphane GUEGAN, Stéphane MICHAUD, Max MILNER et Nicole SAVY (dir.), L’Invention du XIXe siècle. Le XIXe siècle par lui-même (littérature, histoire, société), Paris, Klincksieck, Presses de la Sorbonne nouvelle, 1999, p.

153-159, ainsi que Pierre KARILA-COHEN « L’autorité, objet d’histoire sociale » et Eric PIERRE, « Père affaibli, société en danger : la diffusion d’un discours sous les monarchies », in Le Mouvement Social, n° 224, juillet- septembre 2008, p. 6-7 et p. 9-20.

14 Si Pierre ROSANVALLON, L’Etat… op. cit., p. 9, pouvait déplorer en 1990 le manque de travaux d’importance concernant l’histoire de l’Etat en France à l’époque contemporaine, ce n’est plus possible aujourd’hui. Pour un bilan d’ensemble très informé sur le développement de l’histoire de l’Etat aux XIXe et XXe siècles, voir Alain CHATRIOT, « Introduction I. L’Etat, un objet paradoxalement neuf pour l’histoire politique contemporaine », in Alain CHATRIOT et Dieter GOSEWINKEL (dir.), Figurationen des Staates in Deutschland und Frankreich 1870- 1945 / Les Figures de l’Etat en Allemagne et en France, Paris, Pariser Historische Studien des Deutschen Historischen Institut, 2006, p. 7‑17. On peut également renvoyer à Jean-Michel EYMERI-DOUZANS et Geert BOUCKAERT (dir.), La France et ses administrations. Un état des savoirs, Bruxelles, De Broeck-Bruylant, 2013, 701 p.

15 L’histoire générale de l’administration est désormais considérable : Marc-Olivier BARUCH et Vincent DUCLERT (dir.), Serviteurs de l’Etat. Une histoire politique de l’administration française, 1875-1945, Paris, La Découverte, 2000, 587 p. ; COLLECTIF, Histoire de l’administration française depuis 1800, problèmes et méthodes, Genève, Droz, 1975, 114 p. ; Françoise DREYFUS, L’Invention de la bureaucratie. Servir l’État en France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis (XVIIIe-XXe siècle), Paris, La Découverte, 2000, 289 p. ; Pierre LEGENDRE, Histoire de l’administration de 1750 à nos jours, Paris, PUF, 1968, 580 p. ; François MONNIER et Guy THUILLIER, Administration : vérité et fiction, Paris, Economica, 2007, 356 p. ; François MONNIER et Guy THUILLIER, Histoire de la bureaucratie : vérité et fiction, Paris, Economica, 2010, 336 p. ; Marcel PINET (dir.), Histoire de la fonction publique en France, tome 3, Les XIXe et XXe siècles Paris, Nouvelle Librairie de France, 1993, 589 p. ; Guy THUILLIER et Jean TULARD, Histoire de l’administration française, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1984, 124 p. ; Guy THUILLIER, La Bureaucratie en France aux XIXe et XXe siècles, Paris, Economica, 1987, XII-737 p. ; Guy THUILLIER, Pour une histoire de la bureaucratie en France, tome 1 et 2, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1999, XIV-605 p. et 344 p.

16 Parmi les ouvrages les plus importants, on peut citer : Jean BORDAS, Les Directeurs généraux des douanes : l’administration et la politique douanière, 1801-1939, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2004, VI-742 p. ; Christophe CHARLE, Les Hautes fonctionnaires en France au XIXe siècle, Paris, Gallimard-Julliard, 1980, 268 p. ; Christophe CHARLE, Les Elites de la République, 1880-1900, Paris, Fayard, 1987, 556 p. ; Alain DARBEL, Dominique SCHNAPPER, Morphologie de la haute administration française, Paris, Mouton, 1969-1972, 2 vol., 160 et 247 p. ; Jeanne SIWEK-POUYDESSEAU, Le Personnel de direction des ministères : cabinets ministériels et directeurs d’administrations centrales, Paris, Armand Colin, 1969, 144 p. ; Guy THUILLIER, La Vie quotidienne dans les ministères au XIXe siècle, Paris, Hachette, 1976, 255 p. ; Jean TULARD, La Préfecture de police sous la monarchie de Juillet, Paris, Imprimerie municipale, 1964, 177 p.

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les grands corps17 et les ministères18 ont longtemps monopolisé l’attention des chercheurs. Les études concernant les fonctionnaires intermédiaires et inférieurs, ou encore la place des femmes dans l’administration ont longtemps manqué, mais plusieurs travaux importants sont récemment venus combler, au moins partiellement, ces lacunes19. Par ailleurs, de nombreuses études régionales ont examiné le fonctionnement de l’Etat au niveau local. On peut notamment évoquer, dans cette perspective, la démarche proposée par Marie-Cécile Thoral, qui combine l’étude des différents types de fonctionnaires dans le cadre d’un département, afin de saisir globalement la dynamique du pouvoir à ce niveau et de comprendre comment les pouvoirs locaux et nationaux s’articulaient20. On retrouve dans tous ces ouvrages, à des degrés divers, trois préoccupations essentielles. En premier lieu, les chercheurs ont privilégié une approche sociale, de type prosopographique, du personnel de l’administration. D’autre part, une attention particulière a été portée au fonctionnement ordinaire des services de l’Etat21, de la vie quotidienne aux processus de prise de décision en passant par les procédures bureaucratiques ainsi que les phénomènes d’influence, voire de corruption. Enfin, plusieurs de ces études ont permis de nuancer fortement le modèle, trop souvent présenté comme allant de soi, d’une administration extrêmement centralisée, le plus souvent qualifiée de jacobine22, en

17 A titre d’exemple, dans une ample bibliographie : Nathalie CARRE DE MALBERG, Le Grand état-major financier. Les inspecteurs des finances, 1918-1946 : les hommes, le métier, les carrières, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2011, XII-710 p. ; Emmanuel CHADEAU, Les Inspecteurs des finances au XIXe siècle : profil social et rôle économique, Paris, Economica, 1986, III,-184 p. ; Marie-Christine KESSLER, Le Conseil d’Etat, Paris, Presses de la FNSP, 1968, 389 p. ; Marie-Christine KESSLER, Les Grands corps de l’Etat, Paris, Presses de la FNSP, 1986, 344 p. ; Vincent WRIGHT, Le Conseil d’Etat sous le Second Empire, Paris, Armand Colin, 1972, 273 p. Le corps le plus étudié est sans conteste celui des préfets ; nous y reviendrons plus loin.

18 Par exemple: Clive H. CHURCH, Revolution and the Red Tape. The french ministerial Bureaucracy, 1770- 1850, Oxford, Clarendon Press, 1981, XI-425 p., ou encore Igor MOULLIER, Le Ministère de l’Intérieur sous le Consulat et le Premier Empire (1799-1814) : gouverner la France après le 18 Brumaire, thèse de doctorat en histoire sous la direction de Gérard GAYOT, Lille, Université de Charles de Gaule, 2004, 2 vol., 712 p. (thèse consultée en ligne sur le site de l’Université de Lille, non paginée).

19 Par exemple, Jean LE BIHAN, Au service de l’Etat, les fonctionnaires intermédiaires au XIXe siècle, Rennes, PUR, 2008, 365 p. ; Jean-Paul JOURDAN, Le Personnel de l’administration publique dans le sud-Ouest aquitain de l’Ancien Régime aux années 1880, thèse d’Etat sous la direction de Jean-Pierre POUSSOU, Université de Paris IV, 2000, 4 vol., 1476 p. ; ou encore Pierre-François PINAUD, Les Trésoriers-payeurs généraux au XIXe siècle.

Répertoires nominatif et territorial, Paris, Éditions de l’Érudit, 1983, 240 p., et Les Receveurs généraux des Finances, 1790-1865, Genève, Droz, 1990, 251 p. Concernant la place des femmes, voir Linda L. CLARK, The Rise of Professional Women in France. Gender and Public Administration since 1830, Cambridge, Cambridge University Press, 2000, XIV-324 p.

20 Marie-Cécile THORAL, L’Emergence du pouvoir local. Le département de l’Isère face à la centralisation (1800-1837), Rennes, PUR, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 2010, 381 p.

21 Voir également Brigitte KRULIC (dir.), Savoirs et métiers de l’Etat au XIXe siècle. France et Etats germaniques, Bern, Peter Lang, 2014, VI-221 p.

22 Sur cette notion, au cœur du débat politique français, voir : Pierre ROSANVALLON, Le Modèle politique français : la société civile contre le jacobinisme de 1789 à nos jours, Paris, Seuil, 2006, 445 p. ; Michel VOVELLE, Les Jacobins, de Robespierre à Chevènement, Paris, La Découverte, 2001, 189 p.

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soulignant l’importance des négociations et des accommodements non seulement entre les membres des différentes administrations, mais aussi entre les fonctionnaires et la population23.

Parallèlement, certains de ces ouvrages ont, avec de nombreux autres, contribué à l’analyse des rapports entre l’Etat et la société. Ils ont ainsi contribué à discuter l’idée selon laquelle le poids de l’Etat dans la société n’a cessé de croître, en particulier à travers la question de la hausse des dépenses publiques et de la pression fiscale24 ou, plus récemment, de l’augmentation du nombre de fonctionnaires25. Divers travaux ont, par ailleurs, été consacrés à l’étude de la production de savoirs sur la société par l’Etat26. Une troisième approche, visant à explorer le processus d’étatisation27 de la société française, s’est développée depuis le milieu des années 1990, sous l’impulsion des politistes. L’objectif des chercheurs qui s’intéressent à ce phénomène est de mieux comprendre la « relation entre le fonctionnement intérieur de l’Etat et son action sur l’économie et la société »28. Certains travaux ont par exemple montré comment l’Etat avait imposé de nouveaux repères spatiaux ou temporels29 et de nouvelles catégories identitaires30 à la population. A l’inverse, on l’a déjà entrevu, les résistances à l’intrusion de l’Etat, particulièrement vives dans certaines régions,

23 C’est ce à quoi appelait Jean-Pierre JESSENNE dans « Définir le pouvoir ? Problèmes et enjeux », Bulletin de la Société d’Histoire Moderne, 1998, n°3-4, p. 1-8.

24 Pour s’en tenir à quelques ouvrages essentiels concernant le XIXe siècle : Christine ANDRE et Robert DELORME, L’État et l’économie. Un essai d’explication de l’évolution des dépenses publiques en France, 1870- 1980, Paris, Le Seuil, 1983, 757 p. ; Jean BOUVIER et Jacques WOLFF, Deux siècles de fiscalité française, XIXe- XXe siècle. Histoire, économie, politique, Paris, Mouton, 1973, 322 p. ; Jean BOUVIER et Jean-Claude PERROT, États, fiscalités, économies : actes du cinquième congrès de l’association française des historiens économistes, 16-18 juin 1983, Paris, Publications de la Sorbonne, 1985, 324 p. ; Jean MEYER, Le Poids de l’État, Paris, PUF, 1983, 304 p. ; Bruno THERET, Croissance et crises de l’État : essai sur l’économie de l’État français depuis l’ancien régime jusqu’à la crise des années 1930, Paris, éditions de l’IRIS, 1990, 3 vol., 1111 p.

25 Emilien RUIZ, Trop de fonctionnaires… op. cit.

26 Par exemple, Pierre KARILA-COHEN, L’Etat des esprits. L’invention de l’enquête politique en France (1814- 1848), Rennes, PUR, 2008, 401 p., ou encore Marie-Noëlle BOURGUET, Déchiffrer la France. La statistique départementale à l’époque napoléonienne, Paris, édition des Archives contemporaines, 1989, 476 p.

27 Sur cette notion, voir les dossiers « L’étatisation de la société française », Bulletin d’information de l’Association pour la socio-histoire du politique, n° 1, avril 1995 et le dossier « Etatisations », Genèses, n° 28, 1997, ainsi que Martine KALUSZYNSKI et Sophie WAHNICH (dir.), L’Etat contre la politique. Les expressions historiques de l’étatisation, Paris, L’Harmattan, 1998, 339 p.

28 Laure QUENNOUËLLE, « Où va l’histoire de l’Etat ? », Le Mouvement Social, 2002/3, n° 200, p. 73.

29 Par exemple, Alain CORBIN, Les Cloches de la terre. Paysage sonore et culture sensible dans les campagnes au XIXe siècle, Paris, Albin Michel, 1994, 359 p.

30 Gérard NOIRIEL s’intéresse, ainsi, à la manière dont l’Etat s’est attaché à différencier les nationaux des étrangers et à imposer ces identités, notamment grâce aux papiers d’identité. Voir principalement La Tyrannie du national. Le droit d’asile en Europe (1793-1993), Paris, Calman-Lévy, 1991, 355 p., Le Creuset français.

Histoire de l’immigration, XIX-XXe siècles, Paris, Seuil, 2006, X-447 p., Etat, nation et immigration. Vers une histoire du pouvoir, Paris, Gallimard, 2005, 590 p.

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ont été attentivement scrutées. Enfin, les questions relatives à la majesté de l’Etat ont également été abordées31.

Cela étant, pendant longtemps, on n’a guère étudié l’une des dimensions essentielles de cette relation entre l’Etat et la société : la dialectique autorité-obéissance32. Les chercheurs n’ont, certes, jamais totalement ignoré cette question. De nombreux travaux d’histoire, d’histoire du droit33 ou de science politique34 s’y sont ainsi intéressés, sous l’angle de la mise en application de la loi, de l’usage de la force publique ou de la lutte contre les diverses formes de dissidence. En revanche, le travail effectué par l’Etat pour obtenir l’obéissance de la population, et les résistances qu’il suscitait parfois, ne sont considérés comme un sujet d’étude en soi que depuis peu. Cette lacune historiographique peut surprendre, compte tenu de l’importance du thème, mais s’explique finalement relativement aisément, dès lors que l’on prend en considération les difficultés auxquelles se trouve confronté le chercheur désireux d’aborder, en historien, la question plus générale de l’autorité.

En effet, bien qu’il s’agisse d’une notion qui suscite de manière récurrente, et souvent polémique, nombre de débats depuis quelques années dans la société française35, et en dépit de l’intérêt témoigné par de nombreuses disciplines36 pour ce thème, en particulier la

31 Par exemple : Yves DELOYE, Olivier IHL, Claudine HAROCHE (dir.), Le Protocole ou la mise en forme de l’ordre politique, Paris, L’Harmattan, 1996, 352 p., ou encore, sur le rôle des décorations, Bruno DUMONS, Les

« Saints de la République ». Les décorés de la légion d’honneur (1870-1940), Paris, la Boutique de l’histoire, 2009, 507 p., et Olivier IHL, Le Mérite et la République. Essai sur la société des émules, Paris, Gallimard, 2007, 495 p.

32 Il n’existe, par exemple, pas d’entrée « autorité » dans le dictionnaire d’historiographie le plus récent, pourtant extrêmement riche, de Christian DELACROIX, François DOSSE, Patrick GARCIA et Nicolas OFFENSTADT (dir.), Historiographies : Concepts et débats, Paris, Gallimard, 2010, 2 vol., 1325 p.

33 Maurice HALBECQ, L’Etat, son autorité, son pouvoir (1880-1962), Paris, LGDJ, 1965, 651 p.

34 Voir, par exemple, la journée d’étude consacrée à « La question de l’autorité », organisée le 31 janvier 2003 par l’Institut Jean-Nicod, le Centre d’étude des normes juridiques et le Centre de recherches politiques Raymond-Aron.

35 Diverses publications, qui ont suscité bien des discussions, nourrissent depuis la fin des années 1990 le débat public. Ce fut, par exemple, le cas du livre du philosophe Alain RENAUT, La Fin de l’autorité, Paris, Flammarion, 2004, 266 p. La réflexion s’est particulièrement focalisée sur la question de l’autorité à l’école. La profusion d’ouvrages et d’articles de qualité très inégale dans des revues scientifiques, pédagogiques ou sur des sites internet et des blogs conférerait à toute tentative de recension exhaustive l’allure d’un inventaire à la Prévert interminable. On se contentera ici, pour souligner l’importance des débats à ce sujet à l’heure actuelle, de signaler que le numéro 243 (décembre 2012) de la revue de vulgarisation Sciences Humaines contenait un dossier intitulé « Autorité : les nouvelles règles du jeu ».

36 Plusieurs ouvrages collectifs pluridisciplinaires abordent cette question : Antoine GARAPON et Sylvie PERDRIOLLE (dir.), Quelle autorité? Une figure à géométrie variable, Paris, Hachette Littérature, 2003 [2000], 192 p. ; Pasquale PASQUINO et Pamela HARRIS (dir.), The Concept of Authorithy. A Multidisciplinary Approach : from Epistemology to the Social Sciences, Rome, Fondazione Adriano Olivetti, 2007, 175 p. ; dossier « Qu’est- ce qu’un chef ? La crise de l’autorité aujourd’hui », Cité. Philosophie, politique, histoire, n° 6, 2001/2, 240 p. ; dossier « Faire autorité », Esprit, n° 313, mars-avril 2005.

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philosophie37, la sociologie38, ou encore la psychologie39, l’autorité, pour reprendre les mots de Pierre Karila-Cohen, n’a, longtemps, pas fait « l’objet d’un questionnement spécifique […]

en tant que phénomène historique »40, en raison des obstacles sémantiques, méthodologiques et idéologiques que cette notion dresse devant l’enquêteur.

L’imprécision terminologique de cette notion, la relative difficulté qu’il y a à en cerner empiriquement les contours et les manifestations, les liens étroits qu’elle entretient avec les différentes cultures politiques expliquent que les historiens aient longtemps eu scrupule à étudier une réalité aussi polymorphe, complexe, fuyante et politiquement périlleuse. Malgré tout, stimulés par quelques entreprises pionnières41, plusieurs travaux d’envergure ont récemment montré qu’une approche historique de l’autorité en général et de l’autorité de l’Etat en particulier est parfaitement possible. Ainsi, en 2001, l’un des séminaires de l’Ecole Doctorale d’histoire de l’université Paris I était intitulé « Ces obscurs fondements de l’autorité »42. Puis, en 2003, un autre de ces séminaires a été consacré à « la résistance à l’autorité »43. En 2004, c’est une livraison des cahiers du GERHICO qui abordait cette question44. En 2007 est paru un ouvrage intitulé Authority, Sate and National Character, dans lequel les auteurs, Helmut Kuzmics et Roland Axtmann, étudient le rôle du rapport à l’autorité, entendue dans un sens très large, dans l’émergence d’un caractère national au

37 En particulier Hannah ARENDT « Qu’est-ce que l’autorité ? », in La crise de la culture. Huit exercices de pensée politique [1961-1968], Paris, Gallimard-Folio, 2006, p. 121-185 ; Carl J. FRIEDRICH (dir.), Authority, Cambridge (Mass.), Harvard University Press, 1958, VIII-234 p. ; Alexandre KOJEVE, La Notion de l’autorité, Paris, Gallimard, 2004 [1942], 204 p. ; Maurice MARSAL, L’Autorité, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1958, 124 p. Parmi les ouvrages récents, outre l’ouvrage d’Alain Renaut cité en note 30 : Chantal DELSOL, L’Autorité, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1994, 126 p. ; Myriam REVAULT D’ALLONNES, Le Pouvoir des commencements. Essai sur l’autorité, Paris, Le Seuil, 2006, 271 p. ; Pierre-Henri TAVOILLOT, Qui doit gouverner ? Une brève histoire de l’autorité, Paris, Grasset, 2011, 308 p.

38 Entre autres : François BOURRICAUD, Esquisse d’une théorie de l’autorité, Paris, Plon, 1961, 423 p. ; Gérard LECLERC, Histoire de l'autorité. L'assignation des énoncés culturels et la généalogie de la croyance, Paris, PUF, 1996, 432 p. ; Louis MOREAU DE BELLAING, L’Etat et son autorité : l’idéologie paternaliste, Paris, L’Harmattan, 2005 [1977], IX-414 p.

39 Quelques titres essentiels, au sein d’une bibliographie considérable : Patrice HUERRE et Danièle GUILBERT (dir.), Questions d’autorité, Ramonville Saint-Agne, Erès, 2005, 214 p. ; Gérard MENDEL, Une histoire de l'autorité. Permanences et variations, Paris, La Découverte, 2002, 283 p. ; Stanley MILGRAM, Soumission à l’autorité : un point de vue expérimental, Paris, Calmann-Lévy, 1974, 268 p. ; Richard SENNETT, Autorité, Paris, Fayard, 1981, 283 p.

40 Pierre KARILA-COHEN, « L’autorité… art cit. », p. 4.

41 Patrick FRIDENSON, « L’autorité dans l’entreprise en France et en Allemagne, 1880-1914 », in Jürgen KOCKA (dir.), Les Bourgeoisies européennes au XIXe siècle, Paris, Belin, 1996, p. 307-322, ou encore Yves COHEN,

« Les chefs, une question pour le XXe siècle », Cités, n° 6, 2001/2, p. 67-83 et Esteban BUCH, « Le chef d’orchestre : pratiques de l’autorité et métaphores politiques », Annales HSS, 2002, n° 4, p. 1001-1028.

42 Dossier « Ces obscurs fondements de l’autorité », Hypothèses, 2000/1, p. 194-247.

43 Dossier « Résistances à l’autorité », Hypothèses, 2003/1, p. 201-269.

44 Dossier « L’autorité », Cahier du GERHICO, n° 7, 2004.

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