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Le « piège territorial » de l'État-nation, Pour une sociologie politique des espaces hydropolitiques Le cas du Lesotho Highlands Water Project

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Le « piège territorial » de l'État-nation, Pour une sociologie politique des espaces hydropolitiques Le cas du Lesotho Highlands Water

Project

ROUSSELOT, Yannick

Abstract

La préoccupation fondamentale qui sous-tend ce travail a trait aux formes du pouvoir. Ce travail l'abordera au travers de différentes théories des Relations Internationales, ainsi que de sociologie politique dans l'optique de défendre une approche interdisciplinaire du pouvoir, afin d'être outiller pour le saisir dans toute l'hétérogénéité de ses formes. Une étude du cas du Lesotho Highlands Water Project servira à illustrer les formes autant discursives, symboliques, matérielles qu'infrastructurelles que le pouvoir peut prendre. Un premier développement servira à confronter les approches de RI avec la sociologie politique, afin de mettre en avant les limitations inhérentes à certains postulats anhistoriques et universalistes des RI. Une question analogue se pose autour de l'enjeu plus spécifique de l'eau en confrontant les approches de l'eau, inspirées des RI, avec des approches de géographie politique, d'écologie politique, ainsi que de théories critiques de la sécurité. La notion gramscienne d'hégémonie va servir à saisir les dynamiques transnationales et internationales de diffusion de [...]

ROUSSELOT, Yannick. Le « piège territorial » de l'État-nation, Pour une sociologie politique des espaces hydropolitiques Le cas du Lesotho Highlands Water Project. Master : Univ. Genève, 2013

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:84827

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UNIVERSITÉ DE PARIS 1- PANTHEON SORBONNE INSTITUT D’ÉTUDES DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

Master 2 Recherche : Sociétés en développement : recompositions politiques, mobilités et territoires

SPÉCIALITÉ SOCIO-ANTHROPOLOGIE DU POLITIQUE

Le « piège territorial » de l’État-nation,

Pour une sociologie politique des espaces hydropolitiques

Le cas du Lesotho Highlands Water Project

Par Yannick Rousselot

Sous la direction du professeur Jean-Yves Moisseron

SEPTEMBRE 2013

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Mohale Dam, LHWP, District de Maseru, Lesotho, Avril 2011.

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Je tiens à adresser mes remerciements à mon directeur de mémoire, M. Moisseron, pour ses encourage- ments.

Je souhaite transmettre toute ma gratitude à M. Lenka et M.Kapa pour le temps qu’ils m’ont consacré lors de mon terrain au Lesotho.

Je remercie également Vincent, Julien, Dylan et Samuel pour leur relecture et leurs précieux conseils.

Enfin, je tiens à remercier ma famille et mes amis pour leur soutien tout au long de ce laborieux processus d’écriture.

Et plus particulièrement encore Céline pour sa confiance inconditionnelle et son aide indispensable.

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1.1 Résumé

La préoccupation fondamentale qui sous-tend ce travail a trait aux formes du pouvoir. Ce travail l’abordera au travers de différentes théories des Relations Internationales, ainsi que de sociologie politique dans l’optique de défendre une approche interdisciplinaire du pouvoir, afin d’être outiller pour le saisir dans toute l’hétérogénéité de ses formes. Une étude du cas du Lesotho Highlands Water Project servira à illustrer les formes autant discursives, symboliques, matérielles qu’infrastructurelles que le pouvoir peut prendre. Un premier développement servira à confronter les approches de RI avec la sociologie politique, afin de mettre en avant les limitations inhérentes à certains postulats anhistoriques et universalistes des RI. Une question analogue se pose autour de l’enjeu plus spécifique de l’eau en confrontant les approches de l’eau, inspirées des RI, avec des approches de géographie politique, d’écologie politique, ainsi que de théories critiques de la sécurité. La notion gramscienne d’hégémonie va servir à saisir les dynamiques transnationales et internationales de diffusion de normes, ainsi que de paradigmes dominants dans l’analyse des enjeux d’eau. L’étude du LHWP commencera par une contextualisation en termes d’historicité de la trajectoire de l’État du Lesotho.

Puis ce sera la trajectoire historique de l’Afrique du Sud qui va être abordée, mais de manière plus ciblée autour des enjeux de transferts d’eau et de politiques hydrauliques. L’étude du processus de négociations permettra de monter que des enjeux essentiels en termes de coalitions transnationales de soutien au Projet se sont noués à ce moment. Puis une mise en perspective au travers d’une confrontation des discours hégémoniques et contre-hégémoniques à propos de ce Projet, qui le catégorisent respectivement comme une coopération offrant des « bénéfices partagés » pour les parties prenantes, et de l’autre comme étant le « démon des Highlands » va permettre de déployer l’espace de lutte sur l’enjeu de l’interprétation du Projet. Il sera mis en avant que cet espace est dominé par un certain nombre de postulats et de concepts hégémoniques qui instituent le LHWP comme une réussite. Après avoir brièvement conclu en revenant sur les différents points d’une analyse au travers des catégories du WD, une toute dernière partie servira à mettre en avant la contribution essentielle qu’offrirait une approche de sociologie politique des enjeux de transferts d’eau, particulièrement dans un cas transfrontalier comme le LHWP.

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T ABLE DES MATIÈRES

1.1 Résumé ... 5

Table des matières ... 6

2 Introduction ... 7

3 Eléments théoriques ...14

3.1 Relations Internationales et historicité de l’État-Nation ... 15

3.1.1 Le « piège territorial » ... 15

3.1.2 Sociologie politique de l’État en Afrique sub-saharienne ... 20

3.1.2.1 Trajectoires historiques des formes d’État-nation ... 20

3.1.2.2 Esquisse d’une Gouvernementalité néocoloniale ... 26

3.1.2.3 Historicité des hégémonies du « Développement » ... 31

3.1.2.4 De la Gouvernance ... 33

3.2 Vers une sociologie politique de l’eau ? ... 42

3.2.1 Déconstruction du stress hydrique (Water Scarcity) ... 46

3.2.2 « Water Discourse » et théories des RI ... 48

3.2.2.1 Guerres de l’eau, Paix de l’eau ... 50

3.2.3 Processus d’hégémonie et hydropolitiques régionales ... 55

3.2.3.1 Formes étatiques et hydropolitique... 55

3.2.3.2 Hégémonies et Institutions internationales ... 59

4 Cas d’étude: le Lesotho Highlands Water Project ...62

4.1 Introduction ... 63

4.2 De la géographie hydropolitique de l’Afrique Australe ... 66

4.2.1 Trajectoire historique du Lesotho ... 66

4.2.1.1 Un État néo-colonial ... 71

4.2.1.2 La Nation Basotho contre l'État : Un nationalisme vernaculaire vs un nationalisme oligarchique .... 72

4.2.1.3 La dépendance comme stratégie discursive et matérielle ... 75

4.2.2 L’espace hydraulique Sud-Africain ... 78

4.2.2.1 La « Mission hydraulique » de l'État sud-africain ... 82

4.2.2.2 Le complexe hydropolitique de l’Afrique austral ... 88

4.2.3 Du LHWS au LHWP ... 94

4.3 Processus de négociations pour le Traité de 1986 ... 99

4.4 Hégémonie et contre-hégémonie dans l’interprétation du LHWP ... 106

4.4.1 Le concept hégémonique des « bénéfices partagés » ... 106

4.4.2 « Le démon des Highlands », stratégies contre-hégémoniques ... 109

4.4.2.1 La contre-hégémonie dans la contestation sur l'enjeu des Resettlements ... 110

4.5 Discussion ... 116

4.5.1.1 Fracture des sociétés politiques vs « État-conteneur » ... 116

4.5.1.2 Souveraineté territoriale et stratégies territoriales ... 118

4.5.1.3 L’intenable dichotomie politiques domestiques/politiques extérieures ... 118

4.5.2 Vers une sociologie politique de l’eau ... 120

4.5.2.1 Les extraversions hydrauliques ... 121

5 Conclusion ... 124

6 Bibliographie ... 126

7 Annexe: Draft de projet de thèse FNS ... 131

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2 Introduction

On ne doute jamais trop, quand il s’agit de l’État.

Pierre Bourdieu, Sur l’État

En revanche se dessine une méthodologie plus ou moins cohérente selon laquelle le gouvernement, y compris celui de l’aide au développement, a forcément quelque chose à faire et à voir avec le passé colonial dont il est issu – ce rapport étant singulier d’une situation à l’autre. Il n’est donc pas question de dresser une théorie ou une interprétation globale du

« legs colonial », mais de définir une démarche analytique et opérationnelle dans un contexte circonscrit, par exemple dans celui d’un projet ou d’un programme de développement à l’échelle d’un terroir rural, d’une ville, d’un pays ou d’une sous-région. (Bayart, 2005:42).

La préoccupation fondamentale qui sous-tend ce travail a trait aux formes du pouvoir.

L’hypothèse centrale qui fonde cette réflexion postule que les formes du politiques peuvent être de deux types, d’un côté les formes culturelles du pouvoir, sous les notions d’hégémonie et de violence symbolique, de l’autre les formes matérielles du pouvoir, en l’espèce, sous la forme d’infrastructures hydrauliques de transfert interbassin. Cette hypothèse, si elle porte peu à controverse pour les formes culturelles, pour les formes matérielles du pouvoir, par contre, va nécessiter d’être abondamment étayée. Cette tension quant à une dimension politique dont seraient investies des infrastructures hydrauliques pointe vers l’enjeu central qui va informer tout ce travail. Car un certain paradoxe semble s’esquisser ici entre l’hypothèse que les projets hydrauliques sont des formes politiques – comme cela sera montré au travers des exemples tirés de l’étude de l’historicité de l’espace hydropolitique de l’Afrique australe – et la compréhension managériale et technocratique qui en est donnée dans les approches dominantes des Relations Internationales (RI), autant que celles du champ du développement. Ce travail se propose ainsi de déployer ce paradoxe non pas tant afin d’établir le caractère intrinsèquement politique des projets hydrauliques que, plus fondamentalement pour exposer le caractère implicitement dépolitisant d’un certain nombre de formes culturelles du pouvoir.

Pour commencer, il est nécessaire de faire le parcours des approches des RI dominantes à partir du point de vue critique élaboré par Agnew. Sa critique en termes de « piège territorial » définit trois postulats géographiques que la synthèse néo-néo (néolibérale-néoréaliste) des RI véhiculent et qui la rendent essentiellement incapable de considérer d’autres acteurs que les états dans l’analyse des RI.

Le point essentiel qui fait l’intérêt de cette critique tient à ce qu’elle relève un double biais théorique crucial en terme de dépolitisation, celui de l’évacuation de tous enjeux politiques internes au travers du postulat de l’« État-conteneur », mais par ailleurs, de par la conception anhistorique et idéaliste positiviste de l’État-nation, ce courant dominant des RI ne peut que concevoir des relations entre des entités étatiques formellement égales, sans s’autoriser à considérer des logiques de hiérarchisation et

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-8- des asymétries dans les relations entre les états.

L’approche de Bayart en termes de trajectoire historique des Etats appuie la mise en question par Agnew de la pertinence d’approches universalisantes de l’État-nation, en considérant au contraire que l’historicité spécifique à chaque État exclut la possibilité d’une généralisation des formes étatiques. Par ailleurs, elle offre des outils d’analyse des formes culturelles de pouvoir, notamment à travers des notions de vulgarisation du pouvoir et de transactions hégémoniques qui servent à décrire les processus d’hybridation des catégories politiques européennes importées durant la Rencontre Coloniale. L’analyse en termes de formes culturelles du pouvoir permet également d’éviter une lecture trop intentionnaliste en considérant une incorporation de celles-ci autant chez les acteurs qui les produisent que ceux qui les relayent, ou les subissent.

Cette approche processuelle et historiciste des formes culturelles du pouvoir permet à la fois d’évacuer toute notion d’universalité des pratiques de l’exercice du pouvoir au travers de l’État, en particulier, les logiques rentières et néo-patrimoniales englobées sous la notion de stratégie d’extraversion expriment de manière limpide l’inadéquation à la réalité africaine de la notion d’« État-conteneur », en montrant le caractère clientélaire de cette forme de gouvernementalité. Cela montre qu’une conception dépolitisée de la relation de l’État avec la société n’est, au mieux, qu’illusoire.

Il est essentiel de se pencher sur ce travers dépolitisant au vue de l’influence déterminante que ces théories des RI ont sur le champ d’étude des transferts hydrauliques. Une brève analyse de l’approche en termes de gouvernance – nécessaire dans la mesure où cette approche semble émerger comme approche dominante dans l’appréhension des relations sur la scène internationale – offre d’intéressantes pistes pour sortir du « piège territorial ». Cependant, à partir de postulats tout à fait différents confinant à en faire un économisme, la « bonne gouvernance soulève le même problème d’être un cadre d’analyse dépolitisant. Ce constat permet de défendre, à la suite de Furlong, que les approches des enjeux hydrauliques devraient chercher à renouveler leur cadre théorique non plus seulement à partir des RI, mais qu’elles auraient avantage à ouvrir leur horizon théorique.

Dans cette optique, l’utilisation des approches historicistes de la sociologie-anthropologie politique, au travers de Bayart, de Bertrand et de Anderson pour l’anthropologie, ou encore de Ranger pour l’histoire, et les apports de l’écologie politique au travers de la géographie politique, par Furlong, sont autant de « boites à outils » extrêmement précieuses non pas seulement pour critiquer les carences et les dépolitisations en trompe-l’œil des approches dominantes en RI et dans l’étude des enjeux internationaux de l’eau, mais bien pour essayer de contribuer à un cadre d’analyse qui n’évacue pas les enjeux d’asymétries entre acteurs sociaux, les violences symboliques et physiques qui permettent à des acteurs de légitimer le redoublement de leur position dominante par des accès privilégiés à la ressource fondamentalement politique qu’est l’eau, amplifiant ainsi les structures d’inégalité au sein

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des « sociétés politiques » qui sont ainsi reproduites par ces projets. L’exemple du Lesotho Highlands Water Project va permettre d’illustrer le paradoxe évoqué plus haut d’une tension entre l’hypothèse de ce travail, selon laquelle les infrastructures hydrauliques sont des formes politiques, et la conception hégémonique des « bénéfices partagés » qui le représente comme un pur exemple de coopération entre acteurs formellement égaux et donc basée sur des motivations purement pragmatiques d’un intérêt mutuel à leur mise en situation d’interdépendance, là où nombres de conceptions contre-hégémoniques ont cherché à pointer les effets politiques et socio-économiques du Lesotho Water Highlands Projet, ainsi que son historicité marquée d’une élaboration sous le régime de l’Apartheid.

Le Lesotho Highlands Water Project est un considérable complexe d’infrastructures hydrauliques qui débuté en 1986 et dont la construction est prévu de se poursuivre jusqu’en 2030. Il achemine depuis une décennie déjà de l’eau depuis les Hauts-Plateaux du Lesotho jusqu’à la région du Gauteng en Afrique du Sud. L’analyse de ce cas va servir à mettre en perspective les limites des cadres théoriques inspirés du mainstream des Relations Internationales (RI) pour saisir toute la complexité des relations entre deux pays apparemment opposés en tout point : le Lesotho est un très petit pays d’un million d’habitants enclavé dans son immense voisin, l’Afrique du Sud : plus grande économie du continent africain, comptant plus de 50 millions d’habitants. Et cependant, le cœur névralgique du pays, cette région du Gauteng, dépend intégralement de transferts d’eau transfrontaliers

En première partie, l’article « Territorial Trap » de Agnew va servir à élaborer une critique du caractère idéaliste et territorial de la conception de l’État-nation telle qu’elle est véhiculée par le mainstream des RI. Il décline son argument en trois enjeux de ce territorialisme. En premier lieu, il discute la postulation d’une souveraineté une et indivisible à laquelle tout État pourrait prétendre. Son deuxième point critique a trait à la dichotomie relations extérieures/politiques intérieures. Enfin, il conteste la pertinence d’une approche de la conception de l’État en tant qu’ « État-conteneur », considérant que cela rend toute compréhension de potentielles rivalités internes entre l’État et des groupes sociaux qui contesteraient sa légitimité, notamment à les représenter et à défendre leurs intérêts sur la scène internationale. L’argument principal de ce travail s’articule autour de ces trois éléments et il consiste en la critique de l’hégémonie de notions dépolitisantes et iréniques dans le champ de la coopération internationale et au sein des Organisations Internationales, en particulier les institutions internationales d’aide au développement, la Banque Mondiale (BM) en premier lieu.

Avant d’exposer la nécessité pour de telles institutions de faire usage de ce type de modèles acontextuels, anhistoriques et apolitiques, afin de pouvoir prétendre à appliquer les mêmes types de

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« packages » de développement1 indépendamment du terrain et du pays « à développer », il est nécessaire d’étayer la critique de l’usage positiviste de l’idéal-type de l’État-nation d’Agnew par la notion de trajectoire historique de Bayart. Celle-ci va permettre d’alimenter la critique en particulier de la notion d’ «État-conteneur », en montrant qu’une caractéristique dominante, bien que certainement pas uniforme, des états en Afrique, fruit de la « vulgarisation du pouvoir » et de l’incorporation des catégories politiques importées, tient à l’utilisation par les élites de la souveraineté comme ressource pour leur stratégie2 d’extraversion. Bayart permet ainsi de montrer que ces élites instrumentalisent les relations privilégiées vers l’extérieur que leur donne leur position de gatekeeper pour s’assurer des rentes à partir des flux provenant de l’aide au développement ou de toute autre source extérieure. Rentes qu’ils mettent à contribution dans des stratégies néo-patrimoniales de constitution de réseaux clientélaires. Les travaux de Bayart contribuent ainsi à étayer les trois critiques d’Agnew, autant la souveraineté que la séparation dite étanche des relations extérieures d’un État de ses politiques intérieures, du fait qu’elles servent les stratégies d’extraversion qui à leur tour donnent les moyens d’une gouvernementalité clientélaire orientée en fonction des coalitions dominantes. Cela permet de montrer l’inadéquation de l’approche idéaliste d’« État-conteneur » à la réalité de l’Afrique sub-saharienne. La notion d’ « invention de la tradition » élaborée par Hobsbawm et Ranger, ainsi que les notions de « nationalisme vernaculaire » et de « nationalisme oligarchique » utilisées par Anderson permettent également de montrer comment un territoire fruit d’une historicité marquée par le Moment Colonial, mais également fruit de ce qui a persisté hors de cette « rencontre », peut être structuré selon des sociétés politiques distinctes voire antagonistes, comme l’historique sur le Lesotho va servir à l’illustrer.

Par ailleurs, pour conclure cette première partie théorique, les travaux de Bayart sont utilisés pour montrer l’historicité ininterrompue du colonialisme aux politiques d’aide au développement contemporaines et leur lien organique aux logiques d’extraversion et qu’elles contribuent ainsi à perpétuer. Même si une institution de développement telle que la BM ne peut pas ignorer complètement les effets de ses politiques, du fait qu’elle est soumise à la nécessité de faire fructifier ses ressources financières en prêtant, une forme de conditionnalité inversée qui la contraint à

« développer », malgré ces effets. Et c’est précisément parce qu’elle est poussée par cette nécessité d’entreprendre qu’elle trouve usage à des modèles qui évitent de rendre compte des effets proprement politiques des projets qu’elle finance.

Pour tenter d’esquisser les enjeux qui intéresseraient une sociologie politique de l’eau, le

1 (Ferguson, 1990).

2 « Parler de stratégies n’oblige pas à référer chaque action humaine à un projet mûrement réfléchi, ni surtout à accepter tel quel l’imaginaire économiciste de la délibération par calcul des coûts et des bénéfices escomptés » (Bertrand, 2008:

21-22).

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deuxième champ d’illustration pour le « piège territorial » s’intéresse au caractère construit de la relation société-environnement au travers de la déconstruction de la notion de rareté (scarcity). Puis, un retour sur Wittfogel et son étude du Despotisme [hydraulique] asiatique permet de soulever la problématique centrale de la relation entre les formes politiques et les modes de gestion et d’allocation de la ressource hydrique. Pour illustrer ce point, Swatuk, ainsi que Blanchon, défendent que, dans le cas du régime de l’Apartheid, la politique de grandes hydrauliques a été explicitement, et avec succès, un moyen au service de l’idéologie racialiste qui prévalait sous ce régime, comme Swyngedouw l’avait montré dans le cas de l’Espagne franquiste.

Toujours dans cette optique d’illustrer le « piège territorial », l’enjeu des transferts d’eau occupe l’essentiel de la deuxième partie de ce travail pour deux raisons. En premier lieu, parce que le champ sous-disciplinaire des RI que du Plessis et Furlong nomment « Water Discourse » (WD), est selon ces auteurs, pris de part en part et de manière implicite, c’est-à-dire non-discutée ou justifiée théoriquement, dans le « piège territorial ». L’utilisation de la notion néo-gramscienne d’hégémonie permet dans le cas du WD de montrer comment il s’est constitué en approche incontournable lorsqu’il s’agit d’entreprendre ou d’analyser un quelconque projet de transfert hydraulique. Les notions de

« sécuritisation » - « désécuritisation », liées aux approches critiques de la sécurité de l’Ecole de Stockholm, permettent de saisir des dynamiques discursives régionales à l’Afrique australe, notamment la performation d’une pacification des relations régionales, voire l’esquisse d’un processus d’intégration, par la désécuritisation des discours. Plus spécifiquement au domaine de l’eau, la notion de « complexe hydropolitique » est utile pour décrire la très importante interdépendance hydraulique qui caractérise l’Afrique australe. Cependant, de discuter la possibilité d’une désécuritisation plus que discursive de ce « complexe » permet de montrer que dès lors que l’Afrique du Sud se sent menacée dans ses intérêts « vitaux », elle n’hésite pas à entreprendre des actions

« musclées », afin de préserver les acquis de sa position dominante et ainsi à perpétuer l’asymétrie des relations régionales.

En second lieu, l’exemple du Complexe hydropolitique de l’Afrique australe, et en particulier le cas du Lesotho Highlands Water Project (LHWP), va permettre de montrer que les transferts hydrauliques internationaux sont précisément des contre-exemples au « piège territorial ». Par exemple, le caractère sanctifié de la souveraineté et d’une séparation étanche des politiques extérieures et domestiques semblent difficilement pertinents pour expliquer les interventions d’un état voisin sous formes d’un coup d’État, d’une intervention militaire, de la sujétion d’une administration paraétatique à la volonté de cet État voisin, l’Afrique du Sud. Le LHWP est également exemplaire de comment une appréhension en termes d’ « État-conteneur » de l’organisation d’un territoire national, en rendant aveugle aux fractures qui caractérisent la société politique du Lesotho par la postulation d’une homogénéité de celle-ci et d’une relation dépolitisée de type gestionnaire

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entre l’État et la Nation. Ainsi, du fait de la répartition très inégale des « bénéfices » provenant du Projet, celui-ci a eu comme résultat une exacerbation des inégalités et des tensions entre groupes sociaux qui ont provoqué des soulèvements réprimés dans le sang. La notion de « Communauté d’interprétation » élaborée par Mosse dans l’analyse des projets de développement permet de décrire la coalition d’acteurs étatiques, épistémiques, économiques qui s’est constituée autour du LHWP pour soutenir l’interprétation de sa réussite en tant qu’il a permis aux deux pays « partenaires » d’en retirer des « bénéfices partagés » du fait de cette coopération et de l’interdépendance que ce Projet a permis d’instaurer. Cette notion de l’intérêt mutuel des parties impliquées à participer à ce Projet a ainsi été constituée en « concept hégémonique » par les acteurs dont c’était l’intérêt de voiler les asymétries interétatiques et infranationales que le Projet n’a fait que reproduire, voire amplifier, derrière l’image d’une collaboration heureuse entre partenaires égaux.

Ainsi, la critique de l’aveuglement théorique qu’induit le « piège territorial », est loin de pouvoir être réduite à une simple dispute théorique interne à la discipline des RI, c’est un enjeu politique essentiel. Dans la mesure où les approches qui le véhiculent, encore plus lorsqu’elles le font de manière implicite, voire à leur insu, informent un champ très important de l’aide au développement, celui des grands projets d’infrastructure, peut-être l’un de ceux qui a le plus de répercussions directes sur les populations des « pays en développement », plus encore lorsqu’il s’agit de projets de grandes hydrauliques internationales. Une hypothèse de ce travail est de défendre qu’il ne saurait y avoir un hasard dans l’hégémonie de notions dépolitisantes et appartenant à un registre technocratiques dans le champ du développement, dans la mesure où c’est la condition sine qua non de justification pour une non-inclusion dans leurs processus d’élaboration des populations, souvent déjà marginalisées, qui seront le plus directement à subir ce genre de projets.

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Sources et terrain au Lesotho

Les sources de ce travail relèvent essentiellement de la littérature académique. Cependant, l’auteur a effectué un terrain de six semaines au Lesotho au printemps 2011, afin de consolider sa connaissance des enjeux liés au LHWP, et afin de pouvoir recueillir des entretiens sur place. Certaines difficultés d’accès aux acteurs clés liés au Projet ont rendu nécessaire de chercher d’autres sources.

Au final, cela a été l’occasion d’opérer un décentrement par rapport aux approches dominantes dans le domaine de l’eau, au travers d’une littérature intéressée par le Lesotho et plus généralement les formes étatiques et les enjeux hydrauliques en Afrique sub-saharienne à partir de disciplines marginalisées dans cette thématique, telles que l’anthropologie, l’histoire, ainsi que la sociologie politique. Par ailleurs, le hasard des rencontres et des discussions informelles sur place en milieu urbain a offert des éléments de représentation du sens commun par rapport au Projet, faute de pouvoir aller interroger les populations basotho, faute de langue commune.

Ce travail va être divisé en deux parties, une première partie théorique, puis une seconde partie qui sera consacrée au cas d’étude du LHWP. Au sein de la première partie, un premier développement servira à confronter les approches de RI avec la sociologie politique, afin de mettre en avant les limitations inhérentes à certains postulats anhistoriques et universalistes des RI. Un second chapitre se consacrera à une question analogue, mais autour de l’enjeu plus spécifique de l’eau en confrontant les approches de l’eau, inspirées des RI. La seconde partie, centrée sur le LHWP, commencera par une contextualisation en termes d’historicité de la trajectoire de l’État du Lesotho. Puis ce sera la trajectoire historique de l’Afrique du Sud qui va être abordée, mais de manière plus ciblée autour des enjeux de transferts d’eau et de politiques hydrauliques. L’analyse des négociations occupera le chapitre suivant. Qui sera suivi par une mise en perspective au travers d’une confrontation des discours hégémoniques et contre-hégémoniques à propos du Projet. Après avoir brièvement conclut en revenant sur les différents points qu’une analyse au travers des catégories du WD, une toute dernière partie servira à mettre en avant la contribution essentielle qu’offrirait une approche de sociologie politique des enjeux de transferts d’eau, particulièrement dans des cas transfrontaliers comme le LHWP. Puis, la conclusion générale de ce travail servira à rappeler son cheminement et éventuellement à ouvrir des pistes pour des suites à lui donner.

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3 Eléments théoriques

Pour une critique de la doxa dépolitisante

To "provincialize" European history – to subject its universalizing claims to historical examination rather than use them as measures of other people's histories. (Cooper, 1994:1544).

Les débats sur la pérennité de l'État dans le contexte de la globalisation est très abondant.

Cependant, dans le champ des relations internationales (RI), cette controverse se pose dans des termes abstraits de disparition pur et simple ou de persistance de l'État-nation, au lieu de s'interroger sur la diversité des formes étatiques et la signification sociétale et politique de ces formes et de leur évolution.3 Pour ne pas se perdre dans des controverses stériles du fait de leur abstraction décontextualisées, l'approche des formes étatiques dans leur territorialité et leur historicité spécifique servira à rompre avec la conception positive de l'État-nation en tant qu'idéaltype4, pour appuyer le trait sur le caractère nécessairement contingent et contextuel des états dans leur forme concrète.

Il est essentiel de faire le parcourir critique du contenu dont les approches de RI investissent la notion d'État-nation, dans la mesure où les analyses de la forme étatique sont productrices de sa réalité dans le même mouvement qu’elles cherchent à la décrire. Considérer cette littérature hors de son contexte de production, comme un discours, serait risque de faire une histoire de l’idée d'État-nation westphalien, et reviendrait à ratifier l'hégémonie de l'État-nation comme seule forme possible d'organisation politique d'un territoire. Pour éviter cet écueil, il est nécessaire de considérer les formes d’État-Nation comme le produit, autant que comme productrice, de leur contexte historique et géographique spécifique. De ce point de vue, chaque forme d’État-Nation est idiosyncratique et contingente à la trajectoire historique dont elle est le résultat.

Il convient de « sauver l’histoire de la nation » [...] en rétablissant aussi bien l’hétérogénéité des terroirs que les pratiques d’extraversion et d’hybridation culturelles sous-jacentes à la formation de l’État. (Bayart, 2008:12-13).

Cette démarche d’abord théorique va servir à définir un certain nombre de notions en rupture avec les contenus dont les investissent les approches des RI, ainsi que le « discours du développement, à partir des points de vue de la sociologie historique de l'État et de la géographie politique de l'État.

Afin de saisir les états africains dans leur historicité et leur territorialité situées, contingentes.

3 « [D]ebate has been overwhelmingly in terms of the presence or absence of the territorial state rather than in terms of its significance and meaning as an actor in different historical circumstances » (Agnew, 1994:54).

4 « From this perspective a 'state' is an ideal-type or logical object rather than any particular state and, thus, states can be written about without reference to the concrete conditions in which they exist » (Agnew, 1994:58).

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3.1 Relations Internationales et historicité de l’État-Nation

3.1.1 Le « piège territorial »

Indeed, those who govern states often operate within the logic of the territorial trap (Swatuk, 2003: 134). Still, the IR/IO approach does nothing to redress or critique this phenomenon but rather reflects (and perhaps propagates) the ideology through which it occurs. Moreover, the obfuscated daily realities of what water cooperation or conflict between states means for those dependent on the waters in question are far too important to be ignored. (Furlong, 2006:454).

Agnew développe une critique des postulats territoriaux implicites que les RI véhiculent dans leur conception idéaliste de l'État-nation et à montrer les dangers d'une telle abstraction théorique anhistorique5 et décontextualisée.6

The territorial state is not a sacred unit beyond historical time. The state-centring of conventional renditions of international relations assumes precisely that. (Agnew, The Territorial Trap, 1994:65).

Cet auteur entreprend une telle déconstruction au travers de la notion de « piège territorial (territorial trap) » qui selon lui caractérise cette conception idéal-typique de l'État-nation qui imprègne le mainstream des RI7. Ce piège territorial se déclinerait en trois « postulats géographiques (geographical asssumptions) ». Le premier de ces postulats soutient que chaque État exerce une souveraineté spatiale exclusive sur son territoire national respectif, en considérant que la souveraineté territoriale caractérise la relation de tout État à son territoire, de manière indiscutée et sur la totalité de celui-ci. Le postulat géographique du caractère fondamentalement territorial de la souveraineté de l'État proviendrait ainsi d'une réification de la souveraineté spatiale, comme un universel propre à tout État. Il trouve sa continuité dans le second postulat, celui d'une dichotomie a priori entre les politiques publiques ciblant l'espace domestique et les politiques étrangères, axées sur les relations interétatiques, qui serait au fondement de l’existence même d’une discipline des RI distincte des sciences politiques. Enfin, selon le dernier postulat, chaque État est le contenant de sa société, c'est- à-dire qu'il serait transparent et neutre en tant que représentant et défenseur des intérêts de la société

5 « A présentation a-historique de la situation coloniale, legs a-historique de cette dernière. Rien ne nous est dit,[...]des conditions de l’éventuelle transmission de cet héritage, de la sociologie de ses légataires universels, des changements qui affectent les « situations d’usage» de telle pratique ou de tel discours qui se seraient formellement reproduits, de la dimension morphologique de certaines permanences qui doivent parfois plus à la géographie qu’à la domination coloniale » (Bayart, 2009 : 27).

6Depuis la publication de cet article, la conception abstraite de l'espace est de plus en plus discutée dans nombre de disciplines. C'est peut-être l'un des grands mérites d'Agnew : d'avoir été l'un des précurseurs de ce qui est communément appelé le « spatial-turn » en sciences politiques.

7« [A] neo-realist synthesis combining elements of liberalism, the state as equivalent to a rational individual exercising free choice, with a state-centred politics, in which that choice is constrained by the presence of anarchy beyond state borders, has become something of an orthodoxy in American international relations » (Agnew, 1994:56).

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sur laquelle il exerce son pouvoir.8 En première instance, ce piège territorial peut s'expliquer par le fait que le terme même des Relations Internationales implique de s’intéresser avant tout aux relations entre les états, plutôt qu’à ce qui se passe dans leurs frontières. La répartition disciplinaire s'est faite ainsi : les relations politiques internes sont l'objet des sciences politiques, les relations entre les états sont l'objet des RI, auxquelles elles tendent à se limiter, ne serait-ce que pour défendre leur pré-carré dans le champ de recherche des sciences politiques.

Selon Agnew, dans la représentation « territoriale »9 de l'espace, utilisée par la macro-économie et en premier lieu par les RI, l'espace est considéré comme autant de blocs territoriaux découpés abstraitement, hors de tout contexte. Les RI seraient ainsi porteuse d'une géographie implicite qui postule l'association indissoluble entre l'État et son territoire en tant que son attribue ontologique.10 Ainsi, les RI semblent considérer la relation des Etats à leur territoire comme acquise (granted). Or, c'est faire abstraction des trajectoires historiques contingentes de formation des états européens eux- mêmes.11 Et cela revient à universaliser le principe abstrait selon lequel à un État correspond une nation, sur laquelle il exerce une souveraineté absolue, (tel qu'il a été institutionnalisé par le Traité de Westphalie de 1648, moment où une équivalence formelle entre les diverses formes d'états européens a été de jure sinon de facto sanctionnée).12 Selon Bayart, c’est au travers de la « Rencontre Coloniale » et du processus d’appropriation des catégories politiques européennes qu’il désigne sous le terme de vulgarisation du pouvoir que c’est transmis « le legs territorial ou tout au moins le principe de la souveraineté territoriale d'institutions bureaucratiques en théorie représentatives.13

Ainsi, le caractère transcendant de la souveraineté par rapport à l'État-nation impliquant que la seule identification politique légitime s'articule au territoire national-étatique est un héritage de la Rencontre Coloniale. Cette étroite association ne peut alors qu'entrer en conflit avec d'autres formes d'identifications politiques, par exemple ethniques, écologiques, genrées, etc.14 Selon Agnew, le

8 (Agnew, 1994:57). « This is the way in which the understanding of the sovereignty is shared by bureaucratic and popular cultures[...]It is 'common sensical' to see the territorial state as the container of society when the state is sovereign »(Agnew, 1994:71).

9La traduction littérale de « territorial » ne semble pas être très explicite dans ce que ce mot est sensé exprimer cela semble presque paradoxal de l'utiliser en opposition à spatial, afin, semble-t-il de dénoter un sens plus abstrait, alors que « spatial » parait plus se référer à une abstraction physique (le cadre spatio-temporel kantien), et « territorial » se référer a priori plus à une matérialité géographique concrète, mais peut-être est-ce un contre-sens qui provient de la traduction en français. Ce point étant soulevé, « Territorial » sera cependant traduit par « territorial ».

10« [Both neo-realism and Marxisms are subject to] a widespread tendency to use transhistorical theorisations based upon sets of a priori categories which appear to take on an ontological autonomy » (Germain et Kenny, 1998), citant Gill, S. (1993). Epistemology, ontology and the “Italian School”. Gramsci, historical materialism and international relations, 21-48.

11« The actual processes out of which different states have arisen are obscured in favour of an ideal-type territorial state » (Agnew, 1994:63).

12«[T]he security-spatial sovereignty nexus involves viewing the territorial state not in its historical particularity, but abstractly, as an idealised decision-making subject » (Agnew, 1994:63).

13 (Bayart & al., 2005:17).

14(Agnew, 1994:62).

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mainstream des RI partage le plus souvent cette conception très étroite et stato-centrée de l'identité politique. La possibilité d'une certaine variété de communautés politiques au sein des états sur des critères géographiques, historiques, culturels n'est le plus souvent même pas considérée. Ces formes d'identification adverses seraient ainsi évacuées des analyses de RI, en tant qu'elles peuvent être considérées comme menaces à la souveraineté étatique et donc au principe même de son autorité l'État même, au nom de l'identification de toute atteinte à la souveraineté de l'État comme atteinte à sa sécurité par le principe d'identification de la souveraineté étatique à son emprise sur son territoire.15

Actual territorial states, based on a circumscribed territory, involve the creation of unified and homogeneous spaces in which the various social practices - culture, knowledge, education, employment - are rationalized and homogenized. Making spatial exclusivity is vital to the incorporation of social practices under state regulation. (Agnew, 1994: 70-71).

Agnew semble décrire cette homogénéisation comme un processus consubstantiel au processus de formation de l’État-nation, c’est-à-dire qu’il ne le précéderait pas tant qu’il en participerait pleinement. Par ailleurs, il ne saurait s’achever avec la construction formelle de l’État. Il participe on ne peut plus fondamentalement à sa reproduction et donc à sa perpétuation. Agnew précise un point décisif, que l’exclusivité dans le contrôle des institutions de socialisation par l’État est vital à l’exercice du pouvoir bureaucratique.

To the extent that a state’s rule over a piece of territory is institutionalized hegemonically, that territory is no longer imagined by citizens of that state, in their everyday uncalculated apprehensions, thought processes, and language, to be distinct from or separable from the state. (Lustick, 1996:486).

Cela rejoint la notion de « monopole légitime de la violence symbolique » par l’État sur son territoire élaborée par Bourdieu. Deux traits qui caractérisent cette notion d’hégémonie culturelle de l’institution de l’État semblent ainsi devoir être relevés : sa participation intrinsèque au processus de formation de l’État, dont découle son caractère monopolistique sur le territoire national, et son caractère processuel, et toujours en devenir, de formation d’ « échelles de commensurabilités », d’universalités. Cependant, cet usage trop stato-centré de la notion d’hégémonie la détourne de son sens premier, qui désigne des processus transnationaux de violence symbolique.16 C’est pourquoi il semble préférable de désigner ce principe d’homogénéisation culturelle sur un territoire national, avec la violence que cela implique sur les identités particulières locales en tant que projet nationaliste. La notion sera précisée plus tard dans le cas des nationalismes des états africains.

15« In the dominant understanding, geographically variegated, as opposed to territorially homogeneous, forms of political community have been eliminated from consideration by the close association of security with spatial sovereignty » (Agnew, 1994:62)

16 « [...] S’intéresser aux idées [...] C’est aussi voir se confirmer cette évidence que curieusement les théoriciens des relations internationales négligent : la plupart des grandes idéologies de la formation de l’État et de la vulgarisation du pouvoir ont été portées par des institutions sociales et des mouvements culturels transnationaux" (Bayart, 2008: 22).

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La confusion17 entre la Nation et l'État est contingente et le fruit de circonstances historiques, économiques, politiques spécifiques à l'Europe moderne. « The territorial state has been 'prior' to and a 'container' of society only under specific conditions ». Précisément, si les territoires des sociétés civiles des états européens coïncident avec les espaces sur lesquels les états ont des prétentions territoriales, c'est la conséquence des trajectoires historiques de formation de ces « Société-états territoriales (territorial state-societ[ies]) ».18 Comme le souligne Agnew, « even when rule is territorial and fixed, territory does not necessarily entail the practices of total mutual exclusion which the dominant understanding of the territorial state attributes to it ».19 De fait, le territoire des états n'a jamais cessé d'être « malmené » par des traités, des marchés communs, des accords d'assistance mutuelle, d'union monétaire, etc. Or, dans les approches d'Economie Politique Internationale (EPI), les états restent considérés comme les nœuds de l'économie:

The historically contingent nature of state-economy relations thus continues to be collapsed 'into a single abstract unity' in which the long-term complementarity of wealth- and power- seeking by territorial states is assumed a priori. (Agnew, 1994:65).

La notion d' « économie nationale » appartient à ce type de conception. Un tel découpage opère une abstraction homogénéisant qui nivelle les différentiels infra étatiques. Mais nul besoin de rappeler à quel point il s'agit d'une délimitation peu pertinente au regard des très importants flux internationaux de marchandises et financiers allant en s’amplifiant dans le processus de globalisation. Alors même que cette conception tend à entretenir la vision de l'économie mondiale comme une compétition entre économies nationales héritée du mercantilisme. Agnew relève à ce propos que la plus grande part de ces flux sont intra-firmes et donc à ce titre peuvent difficilement être considérés comme participant de « guerres économiques » que se livreraient les états contemporains. C'est peut-être l'exemple le plus limpide de ce que le « piège territorial » de ces analyses stato-centrées peut induire comme trompe-l’œil en ne permettant de concevoir ces flux que comme des rivalités économiques internationales. Alors qu'il serait peut-être beaucoup plus pertinent de considérer les tensions et mises en concurrence trans-locales, auxquelles participent, par exemple, les délocalisations industrielles.

17(Agnew, 1994:63).

18(Agnew, 1994:70).

19(Agnew, 1994:54).

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Ce bref parcourt de l’approche critique des RI, que Agnew élabore à partir de la géographie politique, montre comment les catégories de souveraineté territoriale, d’une dichotomie politiques extérieures/politiques intérieures et enfin d’État-conteneur participent de l’universalisation des catégories politiques européennes. L’utilisation d’une approche en termes historiciste de trajectoires historiques des Etats, telle que Bayart la développée, va permettre à la fois de déconstruire en quoi les catégories européennes sont le fruit d’une idéalisation des trajectoires historiques des états européens. Mais par ailleurs cette approche se propose de répondre aux points d’aveuglement que le

« piège territorial » ne manque pas d’induire par l’ethnocentrisme et l’idéalisme positiviste qu’il véhicule en déployant un regard qui part de la contingence et de la singularité de chaque trajectoire historique, excluant ainsi de réduire les « sociétés politiques » africaines à n’être que le reflet inachevé des État-nations européens.

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3.1.2 Sociologie politique de l’État en Afrique sub-saharienne

3.1.2.1 Trajectoires historiques des formes d’État-nation

Disons d’emblée que la récusation systématique de l’approche et de l’idéologie culturalistes est la condition sine qua non de l’analyse politique des pratiques dites culturelles. Le deuxième risque porte sur le bonus indu que les cultural studies accordent au registre du discursif, en négligeant tant la matérialité que la corporéité des pratiques sociales.[...] la prise en considération des pratiques et des représentations culturelles, de l’activité symbolique et […] saisies dans leur historicité, est en effet un impératif [...]cette dimension est bien constitutive des rapports de pouvoir, d’exploitation ou de solidarité. Le concept d’hégémonie, chez Gramsci, ne dit pas autre chose. (Bayart, 2008:13).

A partir des enjeux épistémologiques que Agnew a soulevé en termes d’universalisation abstraite et ethnocentrique des catégories politiques européennes, les travaux de Bayart vont permettre de montrer qu’elles ont été hybridées dans les pratiques gouvernementales nées du processus de

« vulgarisation du pouvoir » concomitant du principe de gouvernement indirect qui prévalait sous l’ère coloniale. Il va s’agir ici de se pencher sur les formes culturelles du pouvoir en tant que résultat de cette « Rencontre coloniale », en cherchant à les décrire dans leur performativité politique à travers la notion d’hégémonie. La notion d’extraversion permettra d’aborder les enjeux d’économie politique de la dépendance des élites politiques africaines aux rentes provenant de l’extérieure du territoire, alors même que les nationalismes africains ont servi à articuler une hétérogénéité d’acteurs autour du projet d’indépendance. Cependant, l’historicité des trajectoires étatiques ne permet pas d’imaginer une rupture radicale avec les stratégies d’extraversion culturelles, économiques et politiques des élites cooptées sous le gouvernement colonial.

Ainsi, par exemple, si le postulat de l’ « État-conteneur » comme représentant neutre de l’intérêt collectif de la Nation en montrant n’est pas une notion pertinente épistémologiquement pour décrire la complexité et la diversité des trajectoires des états-nations africains, il reste cependant un instrument politique essentiel, une forme culturelle du pouvoir, en revendiquant le rôle de l’État- nation de représentant de l’Intérêt supérieure de la Nation. Cette tension entre l’inadéquation des catégories politiques « classiques » et cependant leur instrumentalisation par les acteurs politiques est caractéristique des « sociétés politiques africaines » marquées par la Rencontre coloniale. Au même titre, Bayart montre que la notion de souveraineté est une ressource d’extraversion, c’est-à-dire que l’affirmation de la souveraineté de l’autorité d’un État sur son territoire sert bien souvent de moyens,

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pour des acteurs « gatekeeper »20 placés à l’interface entre le territoire national et la scène internationale, d’extraire une certaine rente à partir de relations qui précisément circonviennent à la notion d’exclusivité de l’autorité d’un État sur son territoire, que ce soit par la mise en place d’une économie d’extraction, des conditionnalités liées à l’aide au développement, de type Plan d’Ajustement Structurel, ou plus récemment d’une énième « réforme » dans le « state-building » sous le couvert de la « bonne gouvernance ».

Notre paradigme [de l’extraversion] permet notamment de dépasser la distinction stérile entre la dimension interne des sociétés africaines et leur insertion dans le système international, […] Le rapport de l’Afrique au monde […est] consubstantiel à sa trajectoire historique. Il ne fait d’ailleurs qu’amplifier l’une des données fondamentales de la globalisation, qui se déploie à l’interface entre les relations internationales ou transnationales et les processus internes des sociétés politiques. (Bayart1999:105).

Ainsi, selon Bayart, l’hétérogénéité des nations africaines en termes d’identités d’appartenances est ainsi le produit de processus complexes liés au « moment colonial ».21 Pour se donner les moyens d’appréhender cette hétérogénéité des « sociétés politiques » africaines, il faut rompre avec l’imaginaire colonial qui vouait les colonisés à être les victimes réactives de la domination coloniale.22 Même le concept de résistance ne laisse que peu de place pour concevoir un agir politique des colonisés qui ne soit pas univoquement orienté contre les colonisateurs, sans prise en compte des rapports de pouvoir internes propres aux sociétés africaines.23

In the political science literature the term 'nation-state' is often used as synonymous with territorial state. This seems innocent enough, except that it endows the territorial state with the legitimacy of representing and expressing the 'character' or 'will' of the nation.(Agnew, 1994 :59).

La relation de l’État à la « société »24 sur laquelle il exerce son autorité est le point d’entrée de l’analyse et non pas une évidence intrinsèque au binôme État-Nation indivisible que la notion d’un

« État-conteneur » implique. Si l’on suit Gramsci lorsqu’il décrit l’État comme l’addition de la société politique et de la « société civile », cette dernière ne semble guère pouvoir prétendre à une autonomie

20 (Reno, 1999).

21 Une telle hétérogénéité est certainement moins apparente dans les nations européennes. Il serait tout-à-fait pertinent de se pencher sur la violence éthnicide dont ces nations considérées unifiées sont le résultat – intimement liée au processus de centralisation dont l’État moderne est le produit contingent.

22 « En outre, elles réduisent l’historicité de la société colonisée à son interaction avec l’État colonial, sans voir ce qui s’y dérobe, ni la relation dialogique du rapport au champ colonial avec des durées sociales indépendantes » (Bayart, 2009 :38).

23 « The dyad of resistor/oppressor is isolated from its context; struggle within the colonized population […]is "sanitized";

[…] multi-sided engagement with forces inside and outside the community, are narrowed into a single framework » (Cooper, 1994:1533).

24 « 'society' means in international political economy what it means in most everyday usage: the social order or organization within the territory of a state. [...]This reinforces the totalizing power of the territorial state as a primal force; everything is subordinate to it » (Agnew 1994:68).

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par rapport à l’État.25 Au contraire, la notion de « société civile », comme les acteurs se voulant ses représentants, participerait à la légitimation de l’ordre étatique dans la mesure où elle participe de son hégémonie.

Aussi, les trajectoires historiques contingentes de constitution d’«états territoriaux », ou encore de « sociétés politiques » doivent être étudiées dans leur spécificité qu’une conception trop positiviste, idéal-typique, de l’État-nation n’est capable de décrire. Elle pourrait même être taxée de contribuer à une certaine cécité par rapport à ces formes dans leurs spécificités historiques. L’usage a-réflexif de ce modèle, s’il ne voue pas forcément l’analyse en termes d’État-nation à la contemplation de son propre reflet, peut cependant nourrir des points de vue misérabiliste, par exemple la caractérisation de ces trajectoires historiques en tant qu’échecs de « l’importation »26 de l’État, ou encore, lorsque le discours développementaliste se contente de caractériser ces états de « failing states ». Dans les deux cas, c’est risquer de ne pouvoir que constater le décalage par rapport à un modèle, plutôt que de se doter des outils pour caractériser ces formes étatiques. Ainsi, le postulat a priori d’une homologie constitutive entre l’instance étatique et la Nation dans le canon de l’État-nation est l’un des postulats qu’il s’agit de déconstruire au travers de l’analyse des Etats dans leur historicité :

D’une part, des groupes sociaux ont instrumentalisé les nouvelles institutions politiques et ressources économiques au service de leurs desseins propres en matière d’accumulation de richesses ou de pouvoir, et ce au détriment (ou en contradiction avec) d’autres groupes sociaux (ou d’autres sociétés politiques.) D’autre part, ils se sont approprié les idées, les savoirs, les représentations culturelles, les pratiques sociales des étrangers en les mélangeant à leur propre Weltanschauung et en donnant naissance à des « significations sociales imaginaires » spécifiques, irréductibles aussi bien à la fidélité à on ne sait quelle authenticité primordiale de l’autochtonie qu’à l’imitation mécanique de l’Autre, et conceptualisables en termes d’ « hybridation » ou de « métissage. (Bayart, 2008:5).

Ainsi, si les trajectoires historiques des pays africains ont produit de nouvelles formes d’organisation de leurs « sociétés politiques » au travers et par-delà la « Rencontre Coloniale », elles ne sont ni le pur produit d’une importation, d’ « une greffe » des institutions occidentales, ni les palimpsestes de formes traditionnelles résiduelles qui auraient résisté, du fait d’une quelconque inertie intrinsèque, à la colonisation. Il n’y a pas eu de table rase des sociétés antérieures à cette Rencontre.

Celle-ci a été le lieu de processus de luttes politiques, de rivalités entre des groupes sociaux africains, stratégies politiques irréductibles à la domination coloniale et à son pendant réactif, la résistance.

L’analyse en termes d’historicité des sociétés politiques implique ainsi de considérer les filiations liées autant à des « hors-champs » propres aux sociétés africaines qu’à l’occupation coloniale.27

25(Gramsci, Prison notebooks,:263, cité dans (Germain et Kenny, 1998 :15).

26 Badie, Bertrand. L’État importé: l’occidentalisation de l’ordre politique. Fayard, 1992.

27 « la colonisation n’a jamais été en mesure d’araser l’historicité propre des sociétés africaines ou asiatiques :[…] son gouvernement indirect supposait l’intermédiation de forces sociales et politiques indigènes dont elle a souvent conforté la mise » (Bayart, 2009 :32) .

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De nouvelles formes de gouvernementalité ont émergé, produits hybrides des rivalités internes aux sociétés colonisées, autant que processus de résistance ou de cooptation des acteurs colonisés aux politiques coloniales. Ce processus d’hybridation des rationalités politiques doit être analysé en termes de formes culturelles, c’est-à-dire incorporées, du pouvoir, pour éviter l’écueil d’une lecture trop instrumentale et intentionnaliste des comportements stratégiques des élites politiques africaines.

Pour saisir cette complexité, il est nécessaire d’esquisser certains principes ayant caractérisés le

« moment colonial » et dont les sociétés politiques africaines contemporaines sont le produit historique.

Ainsi, la colonisation a été un moment de luttes politiques internes aux sociétés colonisées sur l’enjeu de la captation de rentes liées à la prise de position dans les institutions de l’État colonial, mais également dans le processus d’hybridation des instances « traditionnelles » telles qu’elles se sont constituées dans la « rencontre coloniale ». La notion de vulgarisation du pouvoir28 cherche à saisir ces processus d’institution de l’État-colonial, non pas comme une domination impériale univoque à laquelle les colonisés auraient réagi, mais, au contraire, en considérant que les colonisés ont été des acteurs politiques à part entière de ces luttes, pleinement « modernes », les registres discursifs dont ils usent fussent-ils « traditionnels ».

[...La] tradition codifiée se durcit inévitablement en un sens qui avantageait les intérêts particuliers en place à l'époque de sa codification. La manipulation de la coutume codifiée et réifiée par ces groupes qui défendaient leurs intérêts particuliers avait pour but d'affirmer ou de renforcer leur pouvoir. (Ranger, 2006: 269).

Ranger affirme ainsi que les traditions africaines n’étaient non pas intrinsèquement des formes culturelles immuables et immémoriales, mais qu’au contraire cette forme rigidifiée est le résultat de la rencontre du néo-traditionalisme européen importé par les colonisateurs (son caractère « inventé » et formalisé le rendant intrinsèquement enclin à une certaine rigidité) et de comportements stratégiques d’acteurs « colonisés » qui ont pu y trouver une ressource de légitimation de leur position sociale. Ainsi, les acteurs des territoires colonisés n’étaient pas irrévocablement pris dans des traditions figées réagissant au « Progrès » colonial par inertie et incapacité à saisir l’opportunité de progresser, contrairement à la représentation misérabiliste de traditions sclérosées qu’en a construit le discours colonial.29

28 « La vulgarisation du pouvoir, […] est associée au rapport que les groupes sociaux entretiennent avec le pouvoir d’État et désigne plus particulièrement les stratégies de captation des politiques publiques par des groupes particuliers [...]

Elle est également susceptible de recouvrir les stratégies d’investissement de la situation coloniale par les groupes sociaux autochtones[..] » (Bayart, 2008:20).

29« Les traditions inventées européennes se caractérisaient par leur inflexibilité. […]Dans ces circonstances, quand les Européens pensaient à la coutume en Afrique, ils lui attribuaient naturellement les mêmes caractéristiques. [ils pensaient que] la société africaine était profondément conservatrice : vivant selon des règles immémoriales et immuables, conformément à une idéologie basée sur l'absence de changement. […]Le problème de cette approche est qu'elle faisait intervenir une conception totalement erronée des réalités de l'Afrique précoloniale » (Ranger, 2006 : 263).

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