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1 Espaces de probabilit´ es finis

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(1)

L.E.G.T.A. Le Chesnoy TB2−2011-2012

D. Blotti`ere Math´ematiques

Chapitre VI

Probabilit´ es

Table des mati` eres

1 Espaces de probabilit´es finis 2

2 Des exemples d’exp´eriences al´eatoires 3

3 Espaces de probabilit´es d´enombrables 4

4 Espaces de probabilit´es g´en´eraux 7

5 Les th´eor`emes fondamentaux 10

(2)

1 Espaces de probabilit´ es finis

D´efinition (probabilit´e sur un ensemble fini) :Soit Ω ={ω1, ω2, . . . , ωn}un ensemble fini. Une probabilit´e P sur Ω est une application

P: Ω→[0,1]

qui v´erifie la condition :

C(P) :

n

X

i=1

P(ωi) = 1.

D´efinition (probabilit´e uniforme sur un ensemble fini) :Soit Ω ={ω1, . . . , ωn}un ensemble fini `a n≥1

´

el´ements. La probabilit´e uniforme sur Ω est l’application :

P: Ω→[0,1], ωi7→ 1 n.

C’est l’unique probabilit´e sur Ω qui est une application constante, i.e. telle que tous les ´el´ements de Ω ont la mˆeme image.

Exemple 1 Sur Ω =J1,6K, la probabilit´e uniforme est donn´ee par : P:J1,6K→[0,1], i7→ 1

6.

D´efinition (espace de probabilit´es fini) : Un espace de probabilit´es fini est un couple (Ω, P) o`u Ω est un ensemble fini etP est une probabilit´e sur Ω.

D´efinition (´ev´enement et probabilit´e d’un ´ev´enement) : Soit (Ω = {ω1, ω2, . . . , ωn}, P) un espace de probabilit´es fini.

1. Un ´ev´enement Aest une partie de Ω.

2. SiAest l’´ev´enement ∅, alors on posePe(A) = 0.

3. SoitAun ´ev´enement non vide. Alors si on posea= Card(A), il existeaentiers 1≤i1< i2< . . . < ia≤n tels que A={ωi1, ωi2, . . . , . . . , ωia}. On d´efinit la probabilit´e de l’´ev´enementA, not´eePe(A), par :

Pe(A) =

a

X

j=1

P(ωij).

Remarque 1 :Soit (Ω ={ω1, ω2, . . . , ωn}, P) un espace de probabilit´es fini. L’ensemble des ´ev´enements, not´e T est, par d´efinition mˆeme, l’ensembleP(Ω) des parties de Ω.

Th´eor`eme 1 (probabilit´e d’un ´ev´enement dans le cas uniforme) :Soit (Ω ={ω1, . . . , ωn}, P) un espace de probabilit´es fini, o`uPest la probabilit´e uniforme. La probabilit´e d’un ´ev´enementAest donn´ee par la formule :

P(A) =e Card(A) Card(Ω).

Th´eor`eme 2 (applicationPe et propri´et´es d’icelle) :Soit (Ω ={ω1, ω2, . . . , ωn}, P) un espace de probabi- lit´es fini.

1. Pour tout ´ev´enementA, on a : 0≤Pe(A)≤1.L’applicationP: Ω→[0,1] induit ainsi une application : Pe:T =P(Ω)→[0,1] ; A7→Pe(A).

2. L’applicationPe v´erifie les deux conditions suivantes : C1(Pe) : Pe(Ω) = 1

C2(Pe) : SiA etB sont deux ´ev´enements incompatibles (A∩B =∅), alorsP(Ae ∪B) =P(A) +e Pe(B).

(3)

Remarque 2 :La propri´et´eC2(P) porte le nom d’additivit´e e.

Preuve du th´eor`eme 2

Remarque 3 :Soit Ω ={ω1, ω2, . . . , ωn} un ensemble fini. Si P: Ω →[0,1] est une application v´erifiant la conditionC(P) (i.e. siP est une probabilit´e sur Ω), alors on lui a associ´e une applicationPe:T =P(Ω)→[0,1]

v´erifiant les conditionsC1(Pe) etC2(Pe). On note

P ;Pe

cette construction.

Th´eor`eme 3 (construction Pe;P r´eciproque deP ;Pe) :Soit Ω ={ω1, ω2, . . . , ωn} un ensemble fini.

1. SoitPe: T =P(Ω)→[0,1] une application v´erifiant les conditionsC1(Pe) etC2(Pe). Alors l’application P: Ω→[0,1] ; ωi7→Pe({ωi})

v´erifie la conditionC(P), i.e. est une probabilit´e sur Ω. On notePe;P cette construction.

2. Les constructions de P ;Peet Pe;P sont r´eciproques l’une de l’autre, i.e. :

(a) SiP: Ω→[0,1] est une application v´erifiantC(P), alors l’enchaˆınement de constructions P ;Pe;P

redonne l’applicationP.

(b) Si Pe:T = P(Ω) → [0,1] est une application v´erifiant les conditions C1(P) ete C2(Pe), alors l’en- chaˆınement de constructions

Pe;P ;Pe redonne l’applicationPe.

Remarque 4 : Soit Ω un ensemble fini. Il y a donc deux points de vues possibles pour d´efinir un espace de probabilit´es fini, d’univers Ω :

1. soit via une application P: Ω→[0,1] v´erifiant la conditionC(P) ;

2. soit via une application Pe:T =P(Ω)→[0,1] v´erifiant les conditionsC1(Pe) etC2(P).e

C’est ce deuxi`eme point de vue que nous allons g´en´eraliser dans ce chapitre, pour d´efinir une th´eorie des probabilit´es sur des espaces non n´ecessairement finis.

2 Des exemples d’exp´ eriences al´ eatoires

D´efinition (exp´erience al´eatoire − cas o`u le nombre de r´esultats est fini) : Une exp´erience al´eatoire est une exp´erience dont on ne peut pas pr´edire le r´esultat. Si le nombre d’issues possibles est fini, on associe `a l’exp´erience al´eatoire un espace de probabilit´es fini (Ω, P), o`u :

1. Ω ={ω1, . . . , ωn} est l’ensemble de toutes les issues possibles ;

2. P: Ω→[0,1] est l’application telle que pour touti∈J1, nK, P(ωi) est la probabilit´e d’obtenir le r´esultat ωi.

Comme Ω contient tous les r´esultats possibles, on a bien :

P(ω1) +. . .+P(ωn) = 1.

Exemple 2 : On jette successivement 3 fois un d´e ´equilibr´e. On obtient ainsi une suite de 3 chiffres compris entre 1 et 6. Quelle est la probabilit´e d’avoir une suite strictement croissante ?

Remarque 5 : Les probabilit´es peuvent ˆetre utilis´ees pour mod´eliser des exp´eriences al´eatoires. Nous avons consid´er´e, jusqu’ici, des exp´eriences al´eatoires dont les ensembles de r´esultats ´etaient finis. Or il existe des exp´eriences al´eatoires dont les ensembles de r´esultats sont infinis et que l’on souhaite mod´eliser. C’est une des motivations pour ´etendre la th´eorie des probabilit´es vue en premi`ere ann´ee.

(4)

Exemple 3 :Quelques exp´eriences al´eatoires dont les ensembles de r´esultats sont infinis.

1. Si on lance une pi`ece ´equilibr´ee jusqu’`a l’obtention de PILE et que l’on s’int´eresse au nombre de lancers effectu´es, alors l’ensemble des r´esultats est : Ω =N∪ {∞}.

2. Si l’on compte le nombre de clients passant `a une caisse donn´ee d’un supermarch´e pendant une journ´ee, alors l’ensemble des r´esultats est : Ω =N.

3. On consid`ere le temps d’attente d’un voyageur `a un arrˆet de bus. Dans ce cas l’ensemble des r´esultats possibles est Ω =R+.

4. On tire au hasard un nombre r´eel entre 0 et 1. Dans ce cas l’ensemble des r´esultats possibles est [0,1].

Dans cet exemple, on verra qu’il n’est pas ais´e de d´efinir une probabilit´esur Ω. Notons simplement qu’il semble l´egitime de dire par exemple que :

• la probabilit´e que le nombre soit dans l’intervalle

0,1 2

est 1 2;

• la probabilit´e que le nombre soit dans l’intervalle

0,1 3

est 1 3;

• la probabilit´e que le nombre soit dans l’intervalle 1

4,3 4

est 1 2. Que vaut la probabilit´e que le nombre soit exactement 1

2?

3 Espaces de probabilit´ es d´ enombrables

D´efinition (ensemble d´enombrable) :Un ensemble Ω est dit d´enombrable si et seulement si il existe une bijection

f:N→Ω, i7→ωi i.e. si l’on peut ´ecrire la liste (sans r´ep´etition)

ω0, ω1, ω2, . . . , ωn, . . .

des ´el´ements de Ω en les num´erotant `a l’aide des entiers naturels.

Remarque 6 :Un espace d´enombrable est donc infini, mais il existe des ensembles infinis non d´enombrables.

Exemple 4 :Les ensemblesN,N,Z,Qet N×Nsont d´enombrables. En revanche, les ensemblesR, [0,1],C etP(N) (ensemble des parties deN) ne sont pas d´enombrables.

D´efinition (probabilit´e sur un ensemble d´enombrable) :Soit Ω ={ω0, ω1, ω2, . . . , ωn, . . .}un ensemble d´enombrable. Une probabilit´eP sur Ω est une application

P: Ω→[0,1]

qui v´erifie la condition :

C(P) : la s´erie de terme g´en´eralP(ωn) (n≥0) converge et

+∞

X

n=0

P(ωn) = 1.

D´efinition (espace de probabilit´es d´enombrable) :Un espace de probabilit´es d´enombrable est un couple (Ω, P) o`u Ω est un ensemble d´enombrable etP est une probabilit´e sur Ω.

D´efinition (´ev´enement et probabilit´e d’un ´ev´enement) :Soit (Ω ={ω0, ω1, ω2, . . . , ωn, . . .}, P) un espace de probabilit´es d´enombrable.

1. Un ´ev´enement Aest une partie de Ω.

2. SiAest l’´ev´enement ∅, alors on posePe(A) = 0.

3. SoitA un ´ev´enement fini, non vide. Alors si on posea= Card(A), il existeaentiers 1≤i1 < i2< . . . <

ia≤ntels queA={ωi1, ωi2, . . . , . . . , ωia}. On d´efinit la probabilit´e de l’´ev´enementA, not´ee P(A), par :e

Pe(A) =

a

X

j=1

P(ωij).

(5)

4. Si A est un ´ev`enement infini, alors il existe une unique suite strictement croissante d’entiers naturels i0< i1< . . . < in < . . .telle que :

A={ωi0, ωi1, . . . , ωin, . . .}.

Alors, d’apr`es le th´eor`eme 6 du cours sur les s´eries, la s´erie de terme g´en´eralP(ωin) (n∈N) converge et on d´efinit la probabilit´e de l’´ev´enementA, not´eePe(A), par :

Pe(A) =

+∞

X

n=0

P(ωin).

Remarque 7 : Soit (Ω = {ω1, ω2, . . . , ωn, . . .}, P) un espace de probabilit´es d´enombrable. L’ensemble des

´

ev´enements, not´eT, est par d´efinition mˆeme, l’ensembleP(Ω) des parties de Ω.

Exemple 5 :Soitp∈]0,1[. On poseq= 1−p.

1. L’application

P:N→Ω ; n7→pqn−1 est une probabilit´e surN.

2. La probabilit´e de l’´ev´enementA={n∈N : nest multiple de 3} estPe(A) = pq2 1−q3.

D´efinition (suite d’´ev´enements deux `a deux incompatibles) : Soit (Ω = {ω1, ω2, . . . , ωn, . . .}, P) un espace de probabilit´es d´enombrable. On dit qu’une suite (An)n∈N d’´ev´enements est une suite d’´ev´enements deux `a deux incompatibles si et seulement si :

∀n1∈N ∀n2∈N n16=n2=⇒An1∩An2 =∅.

Th´eor`eme 4 (application Pe et propri´et´es d’icelle) : Soit (Ω = {ω1, ω2, . . . , ωn, . . .}, P) un espace de probabilit´es d´enombrable.

1. Pour tout ´ev´enementA, on a : 0≤Pe(A)≤1.L’applicationP: Ω→[0,1] induit ainsi une application : Pe:T =P(Ω)→[0,1] ; A7→Pe(A).

2. L’applicationPe v´erifie les deux conditions suivantes : C1(Pe) : Pe(Ω) = 1

C2(Pe) : Si (An)n∈Nest une suite d’´ev´enements deux `a deux incompatibles, alors la s´erie de terme g´en´eral Pe(An) (n∈N) converge et on a :

Pe [

n∈N

An

!

=

+∞

X

n=0

P(Ae n).

Remarque 8 :La propri´et´eC2(P) porte le nom dee σ-additivit´e.

A propos de la preuve du th´` eor`eme 4

1. Il faut essentiellement montrer que siAest un ´ev´enement infini, alorsP(A)e ≤1. ´EcrivonsAsous la forme : A={ωi0, ωi1, . . . , ωin, . . .}

o`u i0 < i1 < . . . < in < . . . est l’unique suite strictement croissante d’entiers naturels qui permet d’´enum´erer les ´el´ements deA. Alors, par d´efinition, on a :

Pe(A) =

+∞

X

n=0

P(ωin).

D’apr`es le th´eor`eme 6 du cours sur les s´eries, on sait que :

+∞

X

n=0

P(ωin)≤

+∞

X

n=0

P(ωn).

On conclut alors en appliquant la propri´et´eC(P) qui nous assure que

+∞

X

n=0

P(ωn) = 1.

(6)

2. Le fait quePe(Ω) soit ´egale `a 1 est cons´equence de la d´efinition dePe(Ω) :

Pe(Ω) =P({ωe 1, ω2, . . . , ωn, . . .}) =

+∞

X

n=0

P(ωn) et de la propri´et´eC(P).

La propri´et´eC2(Pe) est admise. Sa d´emonstration n’est pas imm´ediate et requiert des r´esultats suppl´ementaires sur les s´eries `a termes positifs, r´esultats que nous ne discutons pas ici.

Exemple 6 : Soitp∈]0,1[. On poseq= 1−p. Marc et Bob jouent `a PILE ou FACE avec une pi`ece truqu´ee dont la probabilit´e d’apparition de PILE estp. Si la pi`ece tombe sur PILE, alors Marc marque un point, sinon Bob marque un point. On lance la pi`ece jusqu’`a temps que les deux joueurs aient au moins marqu´e deux points.

On regarde alors le nombre de points marqu´es par chaque joueur. En cas d’exæquo chacun remporte son nombre de points en euros, sinon celui qui a le plus haut score gagne son nombre de points en euros et l’autre rien.

1. On note Ak l’´ev´enement Marc gagne k euros (k ∈ N≥2). Calculer la probabilit´e de Ak pour tout k∈N≥2.

2. Calculer la probabilit´e que Marc gagne.

Remarque 9 :Soit Ω ={ω1, ω2, . . . , ωn} un ensemble fini. Si P: Ω →[0,1] est une application v´erifiant la conditionC(P) (i.e. siP est une probabilit´e sur Ω), alors on lui a associ´e une applicationPe:T =P(Ω)→[0,1]

v´erifiant les conditionsC1(Pe) etC2(Pe). On note

P ;Pe cette construction.

Th´eor`eme 5 (construction Pe ;P r´eciproque de P ;Pe) : Soit Ω = {ω1, ω2, . . . , ωn, . . .} un ensemble d´enombrable.

1. SoitPe: T =P(Ω)→[0,1] une application v´erifiant les conditionsC1(Pe) etC2(Pe). Alors l’application P: Ω→[0,1] ; ωi7→Pe({ωi})

v´erifie la conditionC(P), i.e. est une probabilit´e sur Ω. On notePe;P cette construction.

2. Les constructions de P ;Peet Pe;P sont r´eciproques l’une de l’autre, i.e. :

(a) SiP: Ω→[0,1] est une application v´erifiantC(P), alors l’enchaˆınement de constructions P ;Pe;P

redonne l’applicationP.

(b) Si Pe:T = P(Ω) → [0,1] est une application v´erifiant les conditions C1(P) ete C2(Pe), alors l’en- chaˆınement de constructions

Pe;P ;Pe redonne l’applicationPe.

Remarque 10

1. Soit Ω un ensemble d´enombable. Comme dans le cas fini, il y a deux points de vues possibles pour d´efinir un espace de probabilit´es d´enombrable, d’univers Ω :

(a) soit via une applicationP: Ω→[0,1] v´erifiant la conditionC(P) ;

(b) soit via une applicationPe:T =P(Ω)→[0,1] v´erifiants les conditionsC1(Pe) etC2(Pe).

2. Si l’on compare les cas fini et d´enombrable, on remarque que :

(a) dans le cas fini, on a uniquement utilis´e des symboles de sommation

n

X

k=0

, alors que dans le cas

d´enombrable, on a vu apparaˆıtre des s´eries et le symbole de sommation

+∞

X

n=0

;

(b) dans le cas fini la condition C2(Pe) est une condition portant sur une r´eunion de deux ´ev´enements incompatibles, alors que dans le cas d´enombrable est apparue une condition, certes analogue, mais portant sur une r´eunion de suite d’´ev´enements deux `a deux incompatibles.

(7)

4 Espaces de probabilit´ es g´ en´ eraux

Soit Ω un ensemble quelconque, appel´e univers.

Contrairement aux deux cas pr´ec´edemment consid´er´es (Ω fini, Ω d´enombrable), un ´ev´enement ne sera pas n´ecessairement une sous-partie quelconque de Ω dans le cas g´en´eral. Sans parler des probl`emes th´eoriques sous- jacents, on ne sera pas forc´ement int´eress´e, dans le cas g´en´eral, par connaˆıtre la probabilit´e de toutes les parties de Ω.

Pour indiquer quelles sont les parties int´eressantes de Ω (i.e. quelles sont les parties dont les probabilit´es nous int´eressent), on va ajouter `a la donn´ee de Ω un sous-ensembleT deP(Ω), appel´e ensemble des ´ev´enements ou tribu, poss´edantcertaines propri´et´es.

D´efinition (tribu surΩ) :Une tribuT sur Ω est un ensemble de parties de Ω v´erifiant les propri´et´es suivantes.

1. Ω∈ T.

2. T est stable par passage au compl´ementaire, i.e. :

∀A∈ T A∈ T.

3. T est stable par r´eunion d´enombrable, i.e. pour tout suite (An)n∈Nd’´el´ements deT, on a : [

n∈N

An ∈ T.

Exemple 7

1. L’ensembleP(Ω) tout entier est bien sˆur une tribu sur Ω.

2. Si Ω est fini ou d´enombrable, on choisira en g´en´eral la tribuP(Ω) comme tribu sur Ω.

3. Si Ω n’est ni fini, ni d´enombrable (par exemple si Ω =Rou si Ω = [0,1]), on ne prendra pas en g´en´eral la tribuP(Ω) comme tribu sur Ω.

4. Si Ω =R, alors on peut d´emontrer qu’il existe une tribu BsurR, appel´ee tribu bor´elienne surR, qui est telle que :

(a) tout intervalle deRappartient `aB;

(b) siT est une tribu surRcontenant tous les intervalles deR, alorsB ⊂ T.

En d’autres termes, la tribu bor´elienne surRest la plus petite tribu surRqui contient tous les intervalles deR. C’est en g´en´eral cette tribu que l’on choisira surR. Puisque la tribu bor´elienne est une tribu surR qui contient tous les intervalles, alors on a :

(a) pour toutt∈R, ]− ∞, t]∈ B;

(b) pour touta, b∈Rtels quea < b, ]a, b[∈ B;

(c) si (In)n∈Nest une suite d’intervalles de R, alors [

n∈N

In∈ Bet \

n∈N

In∈ B.

5. Si Ω = [0,1], alors on peut, comme dans le cas deR, d´efinir la tribu bor´elienneBsur [0,1] ; c’est la plus petite tribu qui contient tous les intervalles de [0,1]. En pratique, cette tribu sera celle que l’on consid´erera surR.

D´efinition (espace probabilisable)

1. Un espace probabilisable est un couple (Ω,T) o`u Ω est un ensemble etT est une tribu sur Ω.

2. Un ´ev´enement d’un espace probabilisable (Ω,T) est une sous-partie de Ω qui appartient `a la tribuT. Exemple 8

1. Sin∈N, alors (J0, nK,P(J0, nK)) est un espace probabilisable.

2. (N,P(N)) est un espace probabilisable.

3. (R,B) est un espace probabilisable, o`u Bd´esigne la tribu bor´elienne surR. 4. ([0,1],B) est un espace probabilisable, o`uBd´esigne la tribu bor´elienne sur [0,1].

(8)

D´efinition (espace de probabilit´es) :Un espace de probabilit´es est un triplet (Ω,T, P) o`u : 1. (Ω,T) est un espace probabilisable ;

2. P:T →[0,1] est une application, appel´ee probabilit´e surT, telle que : (a) P(Ω) = 1 ;

(b) Pour toute suite d’´ev´enements (An)n∈Ndeux `a deux incompatibles, i.e.

∀n∈N ∀m∈N n6=m=⇒An∩Am=∅, la s´erie de terme g´en´eralP(An) converge et :

+∞

X

n=0

P(An) =P [

n∈N

An

! .

On remarque que d’apr`es la propri´et´e 3 de la d´efinition d’une tribu, [

n∈N

An ∈ T. On peut donc consid´erer la probabilit´e de l’´ev´enement [

n∈N

An.

Remarque 11 :Auparavant, on a introduit, dans le cas o`u Ω est fini, une notion d’espace de probabilit´es (cf.

partie 2) et, dans le cas o`u Ω est d´enombrable, une notion d’espace de probabilit´es (cf. partie 4). On peut lier ces notions d’espaces de probabilit´esanciennes et celle ´enonc´ee pr´ec´edemment comme suit.

Si Ω est un ensemble fini (resp. d´enombrable), et siP est une probabilit´e sur Ω au sens de la partie 2 (resp. de la partie 4) alors (Ω,P(Ω),Pe) est une probabilit´e au sens de la d´efinition pr´ec´edente.

Exemple 9 :Consid´erons la tribu bor´elienneB sur [0,1]. On peut d´emontrer que l’application pd´efinie sur l’ensemble des intervalles de [0,1] par :

p(]a, b[) =p([a, b[) =p([a, b]) =p(]a, b]) =b−a

pour touta, b∈[0,1] tels quea < bs’´etend de fa¸con unique en une application P:B →[0,1]

qui v´erifie les axiomes d’une probabilit´e surB. Cette probabilit´eP sur Best appel´ee probabilit´e uniforme sur [0,1]. L’espace de probabilit´es ([0,1],B, P) est un exemple d’espace de probabilit´es infini non d´enombrable.

Th´eor`eme 6 (propri´et´es ´el´ementaires des espaces de probabilit´es) : Soit (Ω,T, P) un espace de pro- babilit´es. On a les propri´et´es suivantes.

1. P(∅) = 0.

2. SiAetB sont deux ´ev´enements incompatibles, alorsP(A∪B) =P(A) +P(B).

3. SiA1, . . . , An sont des ´ev´enements deux `a deux incompatibles, i.e. :

∀i∈J1, nK ∀j∈J1, nK i6=j=⇒Ai∩Aj=∅, alorsP(A1∪. . .∪An) =P(A1) +. . .+P(An).

4. SoitAun ´ev´enement. AlorsP(A) = 1−P(A).

5. Soient AetB deux ´ev´enements tels queA⊂B. AlorsP(A)≤P(B).

6. Soient AetB deux ´ev´enements. AlorsP(A∪B) =P(A) +P(B)−P(A∩B).

Preuve du th´eor`eme 6

1. Pour tout n ∈ N, on pose An = ∅. Alors la suite (An)n∈N est une suite d’´ev´enements deux `a deux incompatibles. La convergence de la s´erie de terme g´en´eralP(An) =P(∅) force l’´egalit´eP(∅) = 0.

2. Soient A et B deux ´ev´enements incompatibles. On pose A0 = A, A1 =B et An =∅ pour tout entier n ≥2. La suite (An)n∈N est alors une suite d’´ev´enements deux `a deux incompatibles. Alors la s´erie de terme g´en´eralP(An) converge et :

(∗)

+∞

X

n=0

P(An) =P [

n∈N

An

! .

(9)

Or (∗∗)

+∞

X

n=0

P(An) = P(A0) +P(A1) +P(A2) +P(A3) +P(A4) +P(A5) +. . .

= P(A) +P(B) +P(∅) +P(∅) +P(∅) +P(∅) +. . .

= P(A) +P(B) (carP(∅) = 0)

De plus on a :

(∗ ∗ ∗) [

n∈N

An = A0∪A1∪A2∪A3∪A4∪A5∪. . .

= A∪B∪ ∅ ∪ ∅ ∪ ∅ ∪ ∅ ∪ ∅ ∪. . .

= A∪B

De (∗), (∗∗) et (∗ ∗ ∗), on d´eduit queP(A∪B) =P(A) +P(B).

3. On peut prouver la propri´et´e 3. en g´en´eralisant la d´emonstration donn´ee pour la propri´et´e 2. Les d´etails sont laiss´es en exercice.

4. SoitAun ´ev´enement. AlorsA etAsont deux ´ev´enements incompatibles. On a donc, d’apr`es 2. : (∗) P(A∪A) =P(A) +P(A).

Or A∪A= Ω etP(Ω) = 1. De (∗), on d´eduit doncP(A) +P(A) = 1 et par suiteP(A) = 1−P(A).

5. Soient A etB deux ´ev´enements tels queA⊂B. AlorsB =A∪(B∩A) (faire un diagramme de Venn).

Comme les deux ´ev´enementsAetB∩Asont incompatibles, on a d’apr`es 2. : (∗) P(B) =P(A) +P(B∩A).

Or P(B∩A)≥0 (car l’ensemble d’arriv´ee deP est [0,1]). On a doncP(A)≤P(B).

6. SoientAetB deux ´ev´enements. AlorsA∪B = (A∩B)∪(A∩B)∪(A∩B) (faire un diagramme de Venn).

Les trois ´ev´enementsA∩B,A∩B et A∩B ´etant deux `a deux incompatibles, on a, d’apr`es 3. : (∗) P(A∪B) =P((A∩B)∪(A∩B)∪(A∩B)) =P(A∩B) +P(A∩B) +P(A∩B).

Les ´ev´enementsA∩B etA∩B sont incompatibles et leur r´eunion estA(faire un diagramme de Venn).

On a donc, d’apr`es 2.,P(A) =P(A∩B) +P(A∩B). On en d´eduit : (∗∗) P(A∩B) =P(A)−P(A∩B).

De mˆeme, on montre :

(∗ ∗ ∗) P(A∩B) =P(B)−P(A∩B).

De (∗), (∗∗) et (∗ ∗ ∗), on d´eduit :

P(A∪B) =P(A) +P(B)−P(A∩B).

Remarque 12 :On consid`ere `a nouveau l’espace de probabilit´es (Ω = [0,1],B, P) introduit dans l’exemple 9.

On remarque, dans cet exemple, deux ph´enom`enes que l’on n’a pas rencontr´es dans le cas fini.

1. Sia∈[0,1], alorsP({a}) =P([a, a]) =a−a= 0. Il existe donc des ´ev´enements diff´erents de ∅ qui ont une probabilit´e nulle.

2. On a P(]0,1[) = 1−0 = 1, mais ]0,1[ 6= Ω. Il existe donc des ´ev´enements diff´erents de Ω qui ont une probabilit´e 1.

Ceci conduit `a introduire deux d´efinitions nouvelles.

(10)

D´efinition (´ev´enement n´egligeable et ´ev´enement presque sˆur) :Soit (Ω,T, P) un espace de probabilit´es et soitAun ´ev´enement.

1. A est un ´ev´enement n´egligeable siP(A) = 0.

2. A est un ´ev´enement presque sˆur siP(A) = 1.

Remarque 13 :Si A et B sont deux ´ev´enements d’un espace de probabilit´es fini, on sait que pour calculer P(A∩B), on peut utiliser l’ind´ependance deAetB(quand cette propri´et´e est satisfaite, ce qui n’est pas toujours le cas) ou plus g´en´eralement la notion de probabilit´e conditionnelle. Ces deux notions s’´etendent naturellement au cas d’un espace de probabilit´es g´en´eral.

D´efinition (deux notions d’ind´ependance) : Soit (Ω,T, P) un espace de probabilit´es.

1. Deux ´ev´enementsA etB sont dits ind´ependants siP(A∩B) =P(A)×P(B).

2. Des ´ev´enementsA1, A2, . . . , An sont ditsdeux `a deux ind´ependants si :

∀i∈J1, nK ∀j∈J1, nK i6=j=⇒P(Ai∩Aj) =P(Ai)×P(Aj).

3. Des ´ev´enementsA1, A2, . . . , Ansont ditsmutuellement ind´ependantssi pour tout sous-ensembleIdeJ1, nK on a :

P \

i∈I

Ai

!

=Y

i∈I

P(Ai).

Exemple 10 : Soit (Ω,T, P) un espace de probabilit´es. On explicite la condition d’ind´ependance mutuelle dans le cas de 4 ´ev´enementsA1,A2,A3etA4. Les ´ev´enementsA1,A2,A3etA4sontmutuellement ind´ependants si les propri´et´es suivantes sont satisfaites :

P(A1∩A2) =P(A1)×P(A2) P(A1∩A3) =P(A1)×P(A3) P(A1∩A4) =P(A1)×P(A4) P(A2∩A3) =P(A2)×P(A3) P(A2∩A4) =P(A2)×P(A4) P(A3∩A4) =P(A3)×P(A4)

P(A1∩A2∩A3) =P(A1)×P(A2)×P(A3) P(A1∩A2∩A4) =P(A1)×P(A2)×P(A4) P(A1∩A3∩A4) =P(A1)×P(A3)×P(A4) P(A2∩A3∩A4) =P(A2)×P(A3)×P(A4) P(A1∩A2∩A3∩A4) =P(A1)×P(A2)×P(A3)×P(A4)

Notons que les ´ev´enements A1, A2, A3 et A4 sont deux `a deux ind´ependantssi seules les 6 propri´et´es mettant en jeu les intersections doubles sont v´erifi´ees. L’ind´ependance deux `a deux est donc une propri´et´e moins forte que l’ind´ependance mutuelle.

Remarque 14 :Soit (Ω,T, P) un espace de probabilit´es. Si les ´ev´enementsA1, A2, . . . , Ansont mutuellement ind´ependants, alors ils sont deux `a deux ind´ependants, mais la r´eciproque esten g´en´eral fausse.

D´efinition (probabilit´e conditionnelle) : Soit (Ω,T, P) un espace de probabilit´es. Soient A et B deux

´

ev´enements. SiAn’est pas n´egligeable (i.e.P(A)6= 0), alors la probabilit´e de B sachantA, not´ee P(B / A) ou PA(B), est d´efinie par :

P(B / A) =P(A∩B) P(A) . La conditionP(A)6= 0 est impos´ee pour pouvoir diviser parP(A).

5 Les th´ eor` emes fondamentaux

Les th´eor`emes fondamentaux :

• formule du crible ou de Poincar´e,

• formule des probabilit´es compos´ees,

• formule des probabilit´es totales,

• th´eor`eme de Bayes,

(11)

vus dans le cas d’un espace de probabilit´es fini, s’´etendent au cas d’un espace de probabilit´es g´en´eral. Les preuves ne sont pas rappel´ees, car elles sont analogues voire quasi identiques `a celles donn´ees dans le cas fini.

La seule nouveaut´e r´eside dans une extension de la formule des probabilit´es totales, dont une d´emonstration est propos´ee.

Th´eor`eme 7 (formule de Poincar´e) : Soit (Ω,T, P) un espace de probabilit´es. Soient A1, A2, . . . , An des

´

ev´enements. Alors on a :

P

n

[

i=1

Ai

!

=

n

X

k=1

(−1)k−1 X

1≤i1<i2<...<ik≤n

P(Ai1∩Ai2∩. . .∩Aik)

.

Exemple 11 :On explicite la formule de Poincar´e pour une r´eunion de 4 ´ev´enements A1,A2,A3 et A4 d’un espace de probabilit´es (Ω,T, P).

P(A1∪A2∪A3∪A4) = P(A1) +P(A2) +P(A3) +P(A4)

− (P(A1∩A2) +P(A1∩A3) +P(A1∩A4) +P(A2∩A3) +P(A2∩A4) +P(A3∩A4)) + P(A1∩A2∩A3) +P(A1∩A2∩A4) +P(A1∩A3∩A4) +P(A2∩A3∩A4)

− P(A1∩A2∩A3∩A4)

On remarque la pr´esentation du membre de droite en probabilit´es des ´ev´enementsP(Ai), probabilit´es des inter- sections doubles, probabilit´es des intersections triples, et probabilit´e de l’intersection quadruple (correspondant aux diff´erents termes d’indicesk de la somme

4

X

k=1

de la formule de Poincar´e de l’encadr´e). On note ´egalement l’alternance des signes.

Th´eor`eme 8 (formule des probabilit´es compos´ees) : Soit (Ω,T, P) un espace de probabilit´es. Soient A1, A2, . . . , Andes ´ev´enements tels queA1∩A2∩. . .∩An−1n’est pas n´egligeable(i.e.P(A1∩A2∩. . .∩An−1)6= 0).

Alors on a :

P(A1∩A2∩. . .∩An) =P(A1)×P(A2/ A1)×P(A3/ A1∩A2)×. . .×P(An/ A1∩A2∩. . .∩An−1).

Remarque 15 :Dans le th´eor`eme pr´ec´edent, toutes les probabilit´es conditionnelles sont bien d´efinies. En effet, commeP(A1∩A2∩. . .∩An−1)6= 0, on a :

P(A1)6= 0 (A1∩A2∩. . .∩An−1⊂A1et propri´et´e 5 du th´eor`eme 6)

P(A1∩A2)6= 0 (A1∩A2∩. . .∩An−1⊂A1∩A2et propri´et´e 5 du th´eor`eme 6) ...

P(A1∩A2∩. . .∩An−2)6= 0 (A1∩A2∩. . .∩An−1⊂A1∩A2∩. . .∩An−2 et propri´et´e 5 du th´eor`eme 6)

Exemple 12 :On explicite la formule des probabilit´es compos´ees pour une intersection de 4 ´ev´enements A1, A2,A3 etA4d’un espace de probabilit´es (Ω,T, P).

P(A1∩A2∩A3∩A4) =P(A1)×P(A2/ A1)×P(A3/ A1∩A2)×P(A4/ A1∩A2∩A3)

Remarque 16 :Cette formule des probabilit´es compos´ees peut ˆetre appliqu´ee pour r´ediger soigneusement ce que l’onvoit sur un arbre de probabilit´es.

D´efinition (syst`eme complet d’´ev´enements) :Soit (Ω,T) un espace probabilisable.

1. Une syst`eme complet d’´ev´enements fini de (Ω,T) est une famille (A1, . . . , An) d’´ev´enements telle que :

• les ´ev´enementsA1, . . . , An sont deux `a deux incompatibles,

• la r´eunion des ´ev´enements A1, . . .,An est ´egale `a Ω, i.e. :

n

[

i=1

Ai= Ω.

(12)

2. Une syst`eme complet d’´ev´enements d´enombrables de (Ω,T) est une suite (An)n∈Nd’´ev´enements telle que :

• les ´ev´enementsA1,. . .,An,. . .sont deux `a deux incompatibles,

• la r´eunion des ´ev´enements A1, . . .,An,. . .est ´egale `a Ω, i.e. [

n∈N

An= Ω.

Remarque 17 :On peut penser `a un syst`eme complet d’´ev´enements comme `a un d´ecoupage de l’universen tranches.

Th´eor`eme 9 (formules des probabilit´es totales) :Soit (Ω,T, P) un espace de probabilit´es.

1. Soit A un ´ev´enement qui n’est ni n´egligeable, ni presque sˆur (i.e. P(A) 6= 0 et P(A) 6= 1). (On a ainsi P(A) = 1−P(A)6= 0 ;An’est donc pas n´egligeable.) Alors pour tout ´ev´enementB, on a :

P(B) =P(B / A)×P(A) +P(B / A)×P(A).

2. Soit (A1, . . . , An) un syst`eme complet d’´ev´enements fini de (Ω,T) telle que :

∀i∈J1, nK P(Ai)6= 0.

Alors pour tout ´ev´enement B, on a : P(B) =

n

X

i=1

P(B / Ai)×P(Ai).

3. Soit (An)n∈Nun syst`eme complet d’´ev´enements d´enombrable de (Ω,T) telle que :

∀n∈N P(An)6= 0.

Alors pour tout ´ev´enement B, la s´erie de terme g´en´eralP(B / An)×P(An) converge et on a : P(B) =

+∞

X

n=0

P(B / An)×P(An).

D´emonstration du th´eor`eme 9

• La d´emonstration des propri´et´es 1. et 2. est analogue `a celle connue dans le cas fini. Nous ne donnons de preuve que pour la troisi`eme propri´et´e.

• Soit (An)n∈N un syst`eme complet d’´ev´enements d´enombrable de (Ω,T) telle que :∀n∈N P(An)6= 0.

Pour toutn∈N, soit Bn l’´ev´enement d´efini par :

Bn=B∩An.

Alors (Bn)n∈Nest une suite d’´ev´enements deux `a deux incompatibles. En effet, sinetmsont deux entiers naturels distincts, alors :

Bn∩Bm= (B∩An)∩(B∩Am) =B∩(An∩Am

| {z } )

=∅.

La propri´et´e An∩Am = ∅ vient du fait que les ´ev´enements (An)n∈N sont deux `a deux incompatibles, d’apr`es la d´efinition d’un syst`eme complet d’´ev´enements d´enombrable.

D’apr`es la d´efinition d’un espace de probabilit´es, la s´erie de terme g´en´eralP(Bn) converge et on a :

P [

n∈N

Bn

!

=

+∞

X

n=0

P(Bn).

Comme pour toutn∈N, P(Bn) =P(B∩An) = P(B / An)×P(An) (on peut introduire la probabilit´e conditionnelle P(B / An) carP(An)6= 0), on en d´eduit que la s´erie de terme g´en´eralP(B / An)×P(An) converge et que :

(∗) P [

n∈N

Bn

!

=

+∞

X

n=0

P(B / An)×P(An).

Or on a :

(∗∗) [

n∈N

Bn= [

n∈N

(B∩An) =B∩ [

n∈N

An

!

| {z }

=B.

(13)

La propri´et´e [

n∈N

An = Ω est cons´equence du fait que (An)n∈N est une syst`eme complet d’´ev´enements d´enombrable de (Ω,T).

De (∗) et (∗∗), on d´eduit que :

P(B) =

+∞

X

n=0

P(B / An)×P(An).

Th´eor`eme 10 (th´eor`eme de Bayes) :Soit (Ω,T, P) un espace de probabilit´es. SoientAetBdeux ´ev´enements non n´egligeables (i.e.P(A)6= 0 etP(B)6= 0). Alors on a :

P(A / B) = P(B / A)×P(A) P(B) .

D´emonstration du th´eor`eme 10 :D’apr`es la d´efinition d’une probabilit´e conditionnelle on a les propri´et´es : P(A / B) =P(A∩B)

P(B) et P(B / A) =P(B∩A) P(A) desquelles on d´eduit :

P(A∩B) =P(A / B)×P(B) et P(B∩A) =P(B / A)×P(A).

CommeA∩B=B∩A, on a donc :

P(A / B)×P(B) =P(B / A)×P(A) et par suite :

P(A / B) = P(B / A)×P(A) P(B) . Remarque 18

1. Une application typique du th´eor`eme de Bayes est le renversement du conditionnement, i.e. le calcul deP(A / B) connaissant la valeur deP(B / A) (ainsi que les valeurs deP(A) etP(B)).

2. En appliquant une des trois formules des probabilit´es totales au d´enominateurP(B) de la fraction appa- raissant dans le th´eor`eme de Bayes, on obtient de nouvelles versions de ce th´eor`eme. Ces trois nouvelles formules se d´eduisent tr`es simplement des th´eor`emes 9 et 10.

Th´eor`eme 11 (th´eor`eme de Bayes et premi`ere formule des probabilit´es totales) :Soit (Ω,T, P) un espace de probabilit´es. SoitAun ´ev´enement qui n’est ni n´egligeable, ni presque sˆur (i.e.P(A)6= 0 etP(A)6= 1).

Alors pour tout ´ev´enementB non n´egligeable (i.e.P(B)6= 0), on a : P(A / B) = P(B / A)×P(A)

P(B / A)×P(A) +P(B / A)×P(A).

Th´eor`eme 12 (th´eor`eme de Bayes et deuxi`eme formule des probabilit´es totales) :Soit (Ω,T, P) un espace de probabilit´es. Soit (A1, . . . , An) un syst`eme complet d’´ev´enements fini de (Ω,T) telle que :

∀i∈J1, nK P(Ai)6= 0.

Alors pour tout ´ev´enementB non n´egligeable (i.e.P(B)6= 0), on a :

∀i∈J1, nK P(Ai/ B) = P(B / Ai)×P(Ai)

n

X

j=1

P(B / Aj)×P(Aj) .

(14)

Th´eor`eme 13 (th´eor`eme de Bayes et troisi`eme formule des probabilit´es totales) :Soit (Ω,T, P) un espace de probabilit´es. Soit (An)n∈N un syst`eme complet d’´ev´enements d´enombrable de (Ω,T) telle que :

∀n∈N P(An)6= 0.

Alors pour tout ´ev´enementB non n´egligeable (i.e.P(B)6= 0), on a :

∀n∈N P(An/ B) = P(B / An)×P(An)

+∞

X

k=0

P(B / Ak)×P(Ak) .

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