IMAGES EN MÉDECINE D’URGENCE /IMAGES IN EMERGENCY MEDICINE
Luxation scapulohumérale postérieure
Posterior shoulder dislocation
C. Gramond · E. Py · Y. Le Goff · O. de Stabenrath
Reçu le 06 juillet 2013 ; accepté le 02 septembre 2013
© SFMU et Springer-Verlag France 2013
Un homme de 55 ans est victime d’une chute de moto sur le flanc gauche à faible allure. Il tombe bras en adduction. Il se relève, regagne son domicile avec son engin puis consulte aux urgences à H+3 devant l’intensité des douleurs et l’impotence fonctionnelle. À l’admission, il présente une attitude classique des traumatisés du membre supérieur Fig. 1 Radiographie de l’épaule gauche. Sur l’incidences de face (A), la superposition les bords antérieur et postérieur de la glène est un critère de qualité. Notez la disparition de l’espace glénohuméral et la rotation interne de l’humérus dont témoigne l’aspect déroulé du tubercule majeur. Sur le faux profil de Lamy (B), la croix (X) indique la position de la glène, au centre du « Y » formé par le processus coracoïde en avant, le processus épineux de la scapula en arrière et le corps de la scapula en bas. La tête humérale se projète en arrière du plan de la scapula, signant la luxation postérieure
C. Gramond (*) · E. Py · Y. Le Goff · O. de Stabenrath Hôpital d’instruction des armées de Bordeaux « Robert Picque », structure des urgences, CS 80002,
F-33882 Villenave d’Ornon cedex, France e-mail : christophegramond@yahoo.fr Ann. Fr. Med. Urgence (2013) 3:381-382 DOI 10.1007/s13341-013-0360-8
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avec bras gauche en adduction, coude fléchi à 90°. L’impo- tence fonctionnelle de l’épaule gauche est majeure dans tous les plans. Sa corpulence rend la recherche d’une déforma- tion difficile. La palpation retrouve une douleur exclusive de l’extrémité supérieure de l’humérus. Il ne présente aucun déficit sensitif, moteur ni vasculaire en distalité. Absence d’anesthésie du territoire du nerf circonflexe. Sur la radio- graphie de l’épaule de face (Fig. 1A), le cintre glénohuméral est conservé ce qui peut induire en erreur mais on observe une disparition de l’espace glénohuméral. Le faux profil de Lamy (Fig. 1B) est indispensable. Réalisé dans le plan d’élection de la scapula, il permet de retrouver les côtes en avant et l’extrémité supérieure de l’humérus qui se projète en arrière de son plan, signant la luxation postérieure. Le patient a bénéficié d’une réduction immédiate par l’urgen- tiste. L’analgésie-sédation a été obtenue par mélange équi- molaire d’oxygène et protoxyde d’azote, midazolam et mor- phine en titration. De manière douce, la manœuvre de réduction a associé un mouvement de traction dans l’axe de l’humérus, rotation externe et abduction. La luxation sca- pulohumérale représente 10 % des traumatismes de l’épaule [1]. Elle est postérieure dans moins de 5 % des cas et passe
inaperçue dans 60 % des cas. Son diagnostic clinique est souvent difficile comme en témoigne notre patient. Elle doit être évoquée dans un contexte clinique : convulsion, électrisation, éthylisme, choc direct antérieur, bras en adduction-rotation interne. Mais c’est surtout l’impossibilité pour le patient de réaliser une rotation externe qui doit orienter le médecin urgentiste. Le cliché de face et surtout le faux profil de Lamy permettent de porter le diagnostic autorisant sa réduction sans délai aux urgences en l’absence de fracture instable (col anatomique, col chirurgical ou dia- physe humérale). Le traitement orthopédique consiste à immobiliser le membre (écharpe ou gilet orthopédique) après réduction douce jusqu’à consultation spécialisée à J+10 pour dépister une lésion de la coiffe des rotateurs ou du labrum.
Référence
1. Paul J, Buchmann JS, Beitzel K, et al (2011) Posterior shoulder dislocation: systematic review and treatment algorithm. Arthros- copy 27:1562–72
382 Ann. Fr. Med. Urgence (2013) 3:381-382
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