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Les restes d'un homme néolithique de l'Amadror (Sahara)

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Les restes d'un homme néolithique de l'Amadror (Sahara)

TERRISSE, Renaud

TERRISSE, Renaud. Les restes d'un homme néolithique de l'Amadror (Sahara). Archives suisses d'anthropologie générale , 1977, vol. 41, no. 1, p. 43-56

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:95446

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(2)

Les restes d'un homme néolithique de )' Amadror (Sahara)

par

Renaud TERRISSE

Introduction

Au printemps 1976 le Département d'Anthropologie de l'Université de Genève a reçu temporairement pour étude les restes d'un squelette humain trouvés dans la plaine de l' Amadror au Sahara. Ils étaient en connexion avec un petit matériel archéologique attribué au Néolithique. Cette découverte a été faite en décembre 1975 par un voyageur, Monsieur C.B. qui, s'intéressant à la recherche archéologique, avait déjà relevé la présence de gisements préhistoriques lors de précédents voyages dans ces mêmes régions.

40 e•

2e0

Tamanrasset

FIG. 1. - Situation géographique générale du gisement néolithique de l'Amadror.

La plaine de l'Amadror est bordée au nord-est par le Tassili, à l'ouest par les mon- tagnes du Teffedest et au sud par le massif du Hoggar. C'est une vaste dépression d'environ 160 km de long sur 70 km de large formée de plusieurs oueds dont l'un des plus importants est l'oued Amadror. Le gisement se trouve à 6° 30' 30" de longitude est et à 24° 15' 15" de latitude nord, soit à environ 86 km au sud des salines de Tissent, bien connues des Touareg et encore exploitées par eux. C'est un gisement de surface qui n'a été repéré que par la

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Fra. 2. - Situation géographique d'Amadror. Echelle: 1 :1.000.000,

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présence sur le sol de fragments de poteries, de silex et de molettes. Du squelette, seul apparaissait le demi-cercle formé par la tranche du neurocrâne dont toute la partie gauche avait été totalement érodée par les vents de sable. Le corps, couché sur le côté droit en position accroupie, était orienté nord-sud, la tête regardant vers le nord-ouest. La petite partie visible du crâne était prise dans une mince croûte de sable, durcie par l'humidité et le vent. Aucune pierre ou objet pouvant servir de monument funéraire ne se trouvait à proximité. Ce caractère contribue à confirmer la contemporaneité du squelette et du matériel archéologique en connexion.

Analyse archéologique 1 Matériel archéologique

Le matériel archéologique récolté en surface « aux environs » de la sépulture comprend 2 tessons, 2 molettes et 1 lame de silex.

Tesson 1. (Epaisseur 6 mm). Extérieur de couleur gris brun, pâte de couleur gris brun, surface interne beige. Décor: surface entièrement couverte d'impressions pivotantes tracées avec une spatule large de 7 mm.

FIG. 3. - Amadror. Lame de silex et tessons. Ech.: 3 :4.

1 Cette analyse est le fait du professeur Alain Gallay, que nous remercions.

(5)

Tesson 2. (Epaisseur 7 mm). Tesson appartenant probablement à un récipient sphérique ou subsphérique, bord simple aminci. Décor couvrant l'ensemble de la surface externe du tesson et comprenant trois registres:

1. Le long du bord: une ligne d'impressions pivotantes tracée avec une spatule large de 8 mm environ.

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FlG. 4. - Amadror. Molettes. Ech.: 1 :2.

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2. Une bande composée de quatre sillons d'impressions tracés avec un peigne à quatre dents.

3. Reste de la surface portant un décor impressionné en « nid d'abeille» (épis de plantain roulé ? cf. Camps-Fabrer 1966, pl. 38, en bas à droite).

Molette subcylindrique. (Long. 127 mm, diamètre 52 mm). Quartzite micacée ou gneiss.

- Section grossièrement triangulaire avec trois faces fortement bombées polies. Extrémités arrondies émoussées par percussion.

Molette hémisphérique. (Long. 95 mm, larg. 78 mm, épaisseur 36 mm). Quartzite. - Face supérieure arrondie grossièrement bouchardée avec légère cupule bouchardée au centre. Face inférieure plane légèrement convexe finement polie avec petite zone irréguliè- rement bouchardée au centre.

Lame de silex. (Long. 74 mm, larg. 30 mm, épaisseur 14 mm). Radiolarite rouge. - Lame brute avec quelques retouches latérales d'utilisation. Retouches irrégulières inverses sur le côté gauche, retouches plus importantes, irrégulières, directes, sur le côté droit. Talon épais lisse, extrémité distale grossièrement arrondie non retouchée.

Ces quelques restes archéologiques sont d'époque néolithique et leur situation dans cette région du Sahara renforce encore cette attribution. Ils font partie du faciès du Néoli- thique du Hoggar et de ses abords.

Etude anthropologique I. Inventaire du matériel ostéologique

Le squelette crânien est constitué d'une calva incomplète, brisée et en partie reconstituée.

Elle comprend: le temporal droit, un fragment du frontal droit, le pariétal droit ainsi que la plus grande partie de l'occipital. Les os recollés sont la partie reconstituée du crâne. A ceci s'ajoutent un fragment de jugal droit, des fragments des maxillaires droit et gauche, un fragment du temporal gauche et enfin un fragment du pariétal gauche. La mandibule, par contre, est presque complète. Il ne lui manque que l'apophyse coronoïde droite et une partie de l'angle mandibulaire droit. Toutes les dents, tant supérieures qu'inférieures, sont présentes.

Le squelette post-crânien n'est représenté que par des fragments et débris issus de tous les os longs ainsi que des omoplates, clavicules, carpes, tarses, astragales, côtes et vertèbres.

Aucun os n'est entier ou reconstituable, ainsi nous tiendrons-nous à l'étude du crâne qui est le seul matériel qui puisse nous fournir quelques renseignements.

Il. Caractères généraux

I. Sexe: Ce crâne est probablement de sexe masculin (+0.58 de l'échelle d'Acsâdi et Nemeskéri 1970). L'aspect général de la calva en a assez clairement les caractéristiques, par contre la mandibule a plutôt une allure féminine, à l'exception peut-être de l'angle goniaque qui est éversé et des condyles mandibulaires qui sont assez grands.

2. Age: L'âge moyen, établi suivant le degré de fermeture interne des sutures, donne 33 ans avec une marge allant de 25 à 40 ans (Acsâdi et Nemeskéri 1970). Seule la suture sagit- tale est synostosée en S2 S3 et S4 ; S1 pas du tout. La coronale et la Jambdoïde ne le sont pas non plus.

L'estimation de l'âge suivant l'usure des dents (Brothwell, 1963) donne une valeur entre 25 et 30 ans. Les M3 sont toutes sorties et ne présentent presque pas d'usure.

3. Aspect général: Cet homme n'est pas spécialement vigoureux; les reliefs osseux sont peu marqués à l'exception des apophyses mastoïdes et de la courbe occipitale supérieure.

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FIG. 5. - Amadror. Deux vues du crâne. Orientation: plan de Francfort. Ech.: 1 :2.

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(8)

4. Epaisseur de ! 'os: L'épaisseur des parois crâniennes prise en quatre points donne des valeurs faibles à très faibles, sauf au niveau du bregma qui est d'ailleurs la région la plus épaisse de toute la boîte crânienne.

Bosse frontale droite 6.0 mm

Bregma 8.5 mm

Bosse pariétale droite 4.3 mm

Obélion 4.5 mm

5. Sutures et os wormiens: Les sutures sont simples et ont un degré de complication entre 2 et 3 (Broca). L'ordre de fermeture des sutures suit l'ordre classique; la sagittale est déjà presque complètement synostosée. On ne constate la présence d'aucun os wormien.

6. Capacité crânienne: La base du crâne manquant complètement, il ne nous a été possible d'utiliser que la méthode de Lee-Pearson dont la formule emploie la hauteur auri- culo-bregmatique. Ce crâne est euencéphale avec une capacité de 1388 cm3

7. Indices céphaliques et de hauteur: Ce crâne est particulièrement allongé et étroit;

l'indice céphalique atteint 66.8, ce qui le classe comme hyperdolichocrâne. Par contre la voûte crânienne est très basse par rapport à la longueur, hyperchamaecrâne (54.7) et métrio- crâne (86) vu sa faible largeur.

m.

Etude des normae

1. Norma verticalis: Malgré le fait que la plus grande partie du côté gauche manque, on peut quand même définir la forme générale du crâne comme pentagonoïde. Ceci est dû à la grande étroitesse du front qui fait ressortir les bosses pariétales quoiqu'elles soient modérées. Les indices frontaux sont plus difficiles à estimer vu l'état de conservation du crâne. Nous avons mesuré les largeurs minimum et maximum du front à partir du dessin du crâne au dioptrographe. Les mesures sont bien sûr à considérer comme un peu douteuses mais elles nous permettent quand même d'estimer à peu près les indices frontaux. Ceux-ci le donnent comme métriométope (mésosème) et son frontal comme très divergent (78.4).

2. Norma lateralis: L'aspect général du front est fuyant. Comme Je crâne d'Amekni, il n'a pas la prédominance frontale sur Je pariétal, caractéristique du crâne de Tamanrasset II.

Son degré de convexité ou indice sagittal-frontal le définit comme ayant un front plat (94).

Son inclinaison est faible (56°). Il débute par une glabelle et des arcades sourcilières peu marquées; une légère dépression précède la région des bosses frontales qui sont modérées.

La courbe crânienne se poursuit, presque plate, jusqu'au vertex situé 45 mm en arrière du bregma. A partir de ce point la courbe s'accroît en s'arrondissant assez régulièrement jusqu'à l'inion avec pourtant un léger aplatissement dans la région obélique. A partir de l'inion la courbe forme un angle bien marqué et l'occiput s'aplatit presque complètement.

Malgré l'absence de la base de l'occipital, il est à supposer que cet aplatissement nuchal devait se prolonger jusqu'à l'opisthion.

L'écaille temporale est basse et à peine convexe, les apophyses mastoïdes sont bien développées, massives et allongées, elles contrastent d'ailleurs passablement avec le relief généralement doux de ce crâne. Enfin, la crête sus-mastoïdienne est assez bien marquée.

Du crâne facial il n'y a pas grand-chose à dire puisqu'il manque presque totalement.

Seule la base du maxillaire reste encore, mais comme elle ne peut pas être mise en place, le prognathisme facial n'est pas calculable. Par contre on constate un prognathisme alvéolaire très important.

3. Norma occipitalis. La forme générale est pentagonale ou en « forme de maison »;

les parois sont presque verticales et la voûte crânienne est très légèrement carénée. La base de la mastoïde droite est très épaisse et fait saillie vers l'extérieur.

(9)

L'inion n'est pas très marqué, par contre la ligne courbe supérieure est puissante, pré- sentant même un bourrelet et se prolongeant jusqu'à l'astérion. C'est le seul relief important de l'écaille occipitale; en effet la crête occipitale médiane et la rainure digastrique sont peu développées.

4. Norma facialis: L'étude du crâne ne nous a permis de calculer aucun indice facial.

On ne peut que dire que le palais est large (43 mm), que l'ouverture nasale est également large et que le rebord sous-nasal présente une arête très émoussée.

1

1

TABLEAU 1. - Comparaison des mesures et indices du crâne d"Amadror et d'autres Néolithiques sahariens

1

Amadror

1

Taman-

1

Amekni 1 Néo!. Sahara 1

rasset II Chamla

1

1

1

Diam. antéro-post. 199 195 186 189

1

Diam. transv. max. 133 132 124 138

Diam. frontal max. 116 110 - 110

Diam. frontal min. 91 96 - 96

Haut. auriculo-bregm. 109 117 - 114

Courbe frontale 120 132 120 -

Courbe pariétale 146 126 155 -

Corde frontale 113 106 114 -

Largeur nez 26 26 - 1 27

Largeur palais 43 44 - (39-43)

Capacité crânienne 1388 cm3 1531 cm3 - 1425 cm3 Epaisseurs du crâne:

1

Bosse frontale 6 9 - 6.5

Bosse pariétale 4.3 8 - 7.1

Bregma 8.8 8 - 7.5

Obélion 4.5 7 - 7.9

Indice céphalique 66.8 67.6 66.0 73.2

- haut./long. 54.7 60.0 - 60.1

- haut./larg. 82.0 88.6 - 82.2

- sagittal frontal 94.1 86.3 88.3 87.4

- frontal transverse 78.4 87.2 - 88.7

- frontal-par. transv. 68.4 72.7 - 69.5

Inclinaison du front (angle glabelle-bregma, glabelle-

inion) 56° 64° - 60.3°

Asselar

193 137

-

97 119 131 144 114 28 43 1507 cm3

-

-

- - 70.9 61.6 86.8

-

-

70.8

58°

1

5. Mandibule: D'aspect général plutôt gracile, elle a un relief faible. L'indice de largeur mandibulaire indique qu'elle est faiblement divergente (83). Le triangle de Bonwill (Paturet 1951, p. 219) la définit comme dolichocéphale. Les hauteurs aux niveaux de la symphyse, des prémolaires 1-2 et des molaires 1-2 sont les trois très fortes, par contre les épaisseurs à ces mêmes niveaux sont très faibles. Ainsi les indices de robustesse sont-ils extrêmement bas (tableau 2).

(10)

1

1

1

TABLEAU 2. - Comparaison des mesures et indices de la mandibule du crâne d'Amadror et d'autres Néolithiques sahariens

1

Amadror 1

Taman~

1 Meniet

1

Néo!. Sahara 1

Asselar rasset II moyennes Chamla

' 1 1

Diam. bicondylien 117 1 1

124 - 109.8 123

Diam. bigoniaque 97 106 - 93.2 97

Haut. symphyse 35 35 - 31.8 34

Haut. trou mentonnier 36.5 33 - 32.6 30

Haut. à M1 M2 35 31 - 30 -

Epaisseur au trou menton. 11 12 - 14 -

Epaisseur à M1 M2

1

12 16 - 16.2 -

Haut. branche montante 61 64 - 61.3 56

Larg. branche montante 35 41 - 38.4 34

Angle Broca 69° 84°

1

- 78.9° 85°

- Martin 89° - - 87.6° -

- goniaque 125° 104° 122.5° 117.6° 127°

Indice branche montante 57.4 64 51.2 62.6 60.7

- robustesse trou ment. 30.1 36.3 42.7 43.4 -

- robustesse M1 M2 34.3 51.6 51.7 54.5 -

- largeur mandibulaire 82.9 85.4 - 80.8 78.9

1

FIG. 6. - Amadror. Mandibule. Orientation: plan alvéolaire. Ech.: l :3.

L'angle de Broca indique une saillie du menton assez marquée.

L'angle de Martin indique pour sa part un faible prognathisme alvéolaire.

La seule région présentant un relief osseux plus marqué est la région goniaque qui est éversée mais sans exagération. Par contre la face interne de l'angle mandibulaire est presque lisse, de même que l'apophyse geni qui est à peine visible. Les trous mentonniers sont situés assez en avant au niveau de P2 •

(11)

La branche montante est moyennement haute et étroite, l'angle goniaque ou degré d'obliquité est fort (125°). L'échancrure sigmoïde est large et peu profonde.

En fait, après l'étude détaillée de cette mandibule, l'impression de gracilité persiste et même se renforce, les indices de robustesse étant faibles, les attaches musculaires peu mar- quées et la branche montante peu développée.

6. Dents: Toutes les dents sont présentes; seule la M3 droite n'est pas en place, sa région alvéolaire ayant été détruite. La largeur totale des prémolaires

+

molaires supérieures et inférieures (somme des diamètres mésio-distaux) est grande. Elle traduit une macrodontie importante. L'indice de la couronne dentaire de Hrdlicka (Olivier 1960) montre qu'au maxillaire supérieur toutes les prémolaires et molaires sont plus larges que longues. Au maxillaire inférieur seule la prémolaire 2 est plus large que longue. La molaire 2 est de section carrée et les molaires 1 et 3 sont plus longues que larges.

TABLEAU 3. - Amadror. Dimensions des dents ( en 111111) et indices

Maxillaire supérieur Maxillaire inférieur

1 Série 1 Dents 1 Série 1 Dents

1 P+M 1 pl

1

p2

1

Ml

1

M2

1

M3

1 P+M 1 P1

1

P2

1

M1

1

Me

1

Longueur totale 43.1 50.0

Longueur

(mésiodistale) 7.1 6.5 10.5 9.5 9.5 7.1 7.1 12.0 11.5

Largeur

(vestibulolinguale) 9.1 9.1 12.1 12.0 11.5 7.8 8.2 11.2 11.5 Indice de la couronne

(larg./long.) 128.1 140.0 115.2 126.3 121.0 109.8 115.4 0.93 100.0

Tamanrasset II 46.0 50.0

1

Asselar 47.5 48.0

Sur les deux maxillaires on constate que l'ordre des molaires est Ml > M2 > M3.

Les M3 sont à peine réduites. Le nombre des cuspides des molaires inférieures suit la for- mule classique des Noirs actuels avec 5-4-5. Par contre au maxillaire supérieur la formule semble différente. La M1 est correctement tétracuspide, mais la M2 semble être seulement tricuspide. Cette observation est pourtant un peu douteuse, l'usure de la dent ne permettant pas de l'affirmer vraiment. Quant à la M3 elle présente clairement une quatrième cuspide de petite dimension (distolinguale) qui n'est pas présente dans la formule classique. De plus ses trois racines sont libres. L'usure des dents est moyenne. Seules les M1 sont fortement atteintes. Les M1 sont abrasées en cupule au niveau 5 (Brothwell 1963) avec une usure plus importante du côté mésiolingual. Par contre toutes les autres dents ne dépassent pas le niveau 2 +. Les M1 sont moins profondément atteintes que leurs homologues supérieures, avec un niveau 4 et un maximum d'usure du côté vestibulaire (cupules); les M2 atteintes au niveau 3 sont également usées, principalement du côté vestibulaire. Les M3 des deux maxil- laires sont très faiblement atteintes.

Il est à noter qu'on ne constate aucune carie ni aucune trace d'abcès.

M3 1

12.0 : 10.8

0.9

(12)

Résumé: Neurocrâne: calva brisée et en partie reconstituée, probablement de sexe masculin, d'environ 33 ans, hyperdolichocrâne, chamaecrâne métriocrâne, à front plat et divergent, métriométope, à capacité crânienne faible (1388 cm3), relief général peu développé, nez large, rebord nasal émoussé, palais large, prognathisme alvéolaire fort. Mandibule:

dolichocéphale, divergente, aspect général assez gracile, robustesse faible, saillie du menton moyenne, prognathisme alvéolaire faible, mégadontie, branche montante moyennement haute et étroite, assez fortement oblique.

IV. Affinité et place du crâne d' Amadror parmi d'autres Néolithiques sahariens

Avec toutes les données que nous avons pu récolter, nous avons tenté de situer le crâne d' Amadror par rapport aux quelques autres restes néolithiques connus de cette région saharienne: Tamanrasset II (Chamla 1966) Amekni (Lefèvre-Witier in: Camps 1969), Asselar (Boule et Vallois 1932), Meniet (Charon et al. 1974), Tagdaït (Charon et al. 1974), ainsi que la série néolithique décrite par M.-C. Chamla (1968), quoiqu'elle soit principa- lement située au Sahara méridional.

Au premier abord le crâne d'Amadror n'est pas très différent des autres Néolithiques connus. Son relief général est peu marqué: la glabelle, les arcades sourcilières, les bosses frontales et pariétales ne sont pas spécialement développées, par contre la région iniaque et les apophyses mastoïdes sont, tout comme chez les autres Néolithiques, beaucoup plus importantes. De même il présente une crête sus-mastoïdienne, des sutures crâniennes au dessin simple, une absence totale d'os wormiens (M.-C. Chamla n'a constaté sur sa série que quelques os épactaux, et encore très rarement), une écaille temporale basse et plate, un palais large ainsi qu'un nez large mais qui, au contraire du crâne de Tamanrasset II, n'a pas de gouttière mais une crête sous-nasale émoussée. Enfin le prognathisme alvéolaire supérieur est aussi fort que celui des autres Néolithiques sahariens.

TABLEAU 4. - Comparaison des signalements de quelques Néolithiques sahariens

1-

Amadror Tamanrasset II Néo!. Sahara Chamla Amekni Asselar

, - - - -

Hyperdolichocr. hyperdolicho. dolicho. hyperdolicho. dolicho.

Chamaecrâne orthocrâne orthocrâne orthocrâne

Métriocrâne acrocrâne métriocrâne acrocrâne

Front plat bombé moyen. bombé moyen. bombé

Front divergent moyen. diverg. moyen. diverg.

Métriométope eurymétope eurymétope eurymétope

Angle front. 56° 64° 60.3° 58°

Cap. crân.

euer.céphale aristencéphale euencéphale aristencéphale

Meniet

Branche mont.

moyenne haute-large haute-large moyenne moyenne

à basse à haute-large Larg. mand.

divergente parallèle divergente divergente

(13)

Le crâne d'Amadror se différencie pourtant par une hyperdolichocéphalie encore plus accentuée, un front plus divergent et aplati. L'angle d'inclinaison de son front est le plus aigu de tous. La courbe frontale est moins longue que la courbe pariétale, caractère qu'on ren- contre sur les crânes d'Amekni et Asselar mais pas sur c~lui de Tamanrasset II. Sa voûte crânienne est plus basse que chez les autres sujets sahariens, enfin sa capacité crânienne est parmi les plus faibles. L'épaisseur de l'os crânien le classe de loin comme le plus mince à l'exception de la région bregmatique qui est paradoxalement une des plus épaisses. La région nuchale, qui est plus souvent arrondie chez les Néolithiques décrits par Mme Chamla, est aplatie chez Amadror, caractère qu'on rencontre quand même sur 38% des sujets de la série Chamla.

La mandibule, à l'exception de la denture, est la partie qui le différencie le plus des autres Néolithiques sahariens. Elle est remarquable par sa gracilité, surtout pour un sujet masculin. Sa branche horizontale est très haute mais surtout beaucoup plus mince que chez les autres sujets, aussi sa robustesse est-elle de loin la plus faible. Sa branche montante est aussi haute mais plus étroite, ce qui abaisse son indice. Par contre sa largeur mandibulaire est divergente comme chez la plupart des autres sujets sauf Tamanrasset II.

La mandibule se différencie également par la saillie du menton qui est plus importante, avec un angle de Broca ne dépassant pas 69°. Elle se rapproche pourtant de la mandibule de Meniet V dont le menton est aussi bien marqué et les apophyses geni aussi peu saillantes.

L'angle goniaque, avec 125°, est particulièrement ouvert, contrairement à celui des autres sujets qui est en général très redressé. Le gonion est éversé mais en ceci il rejoint une carac- téristique qu'on rencontre dans tout le Sahara néolithique. De même pour les trous men- tonniers dont la situation sous P2 est assez généralement observée.

Enfin, la denture rapproche le crâne d' Amadror des Néolithiques sahariens. En effet, sa mégadontie, la M, de section presque carrée, les molaires supérieures plus larges que longues, les molaires inférieures plus longues que larges, sont autant de caractères primitifs qu'on rencontre chez la plupart des autres sujets. De même l'ordre des degrés d'abrasion

M1 > M, > M3 et le nombre de cuspides des molaires sont les mêmes que chez la plus

grande partie de ceux-ci. Par contre le crâne d'Amadror en diffère par la dimension relative des trois molaires avec l'ordre décroissant 1-2-3 qui est un caractère évolué extrêmement rare chez les autres sujets.

V. Interprétation

Le crâne d'Amadror est difficile à situer parmi les types caractéristiques du Néolithique saharien définis par M.-C. Chamla. En effet il est spécialement déroutant par le fait qu'il présente, plus encore que les autres Néolithiques de ces régions, un grand mélange de carac- tères archaïques et évolués.

Comme traits archaïques il a la crête sus-mastoïdienne bien marquée, l'écaille temporale basse et plate, la massivité des apophyses mastoïdes, la simplicité des sutures, les trous men- tionniers situés assez en avant, la faible profondeur de l'échancrure sigmoïde, enfin la mégadontie et la faible réduction des M3. Par contre il est plus évolué par la faible épaisseur des parois crâniennes, le relief musculaire peu développé, une rainure digastrique plus profonde, l'ordre décroissant 1-2-3 des molaires, le menton assez saillant, la branche mon- tante oblique et surtout une mandibule à l'aspect général très peu massif.

Le crâne d'Amadror pourrait pourtant se rapprocher de celui du Tchad (Chamla 1968, p. 82 et 93), dont les caractéristiques ne sont pas très différentes à l'exception de la mandibule.

II pourrait donc être considéré également comme un Négroïde mais d'un type plus gracile.

II est à noter que, curieusement peut-être, c'est du crâne de Tamanrasset II qu'il s'éloigne anthropologiquement le plus, bien que géographiquement il en soit le plus proche.

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BIBLIOGRAPHIE

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Département d 'Anthropologie de l'Université de Genève.

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