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Le cas de l'homme de Piltdown

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Le cas de l'homme de Piltdown

SAUTER, Marc-Rodolphe

SAUTER, Marc-Rodolphe. Le cas de l'homme de Piltdown. Médecine & Hygiène , 1953, no.

256, p. 485

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:103455

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Geneve lie année No 2S7 15 décembre 1953 12e année No 258 1er janvier 1954

Journal d'lnrormatlona m6dlcalea et param6dlcale1 15, B• DES PHILOSOPHES

GENÈVE

LE CAS DE L'HOMME DE PILTDOWN par Marc R. SAUTER,

professeur d'anthropologie et de paléontologie humaine à l'Université de Genève

De tempa en temps la. Renommée, sous son ava.tar modeme de la. Presse, jette en pa.ture au public une nouvelle sur une découverte intéres­

sant la :prébistoirfl ou l'évolution humaine.

C'est &ina1 que r�oemment l'on a appria qu'une

&ffaire de fa.ux venait d'être mise a.u jour, qui ob�ea.it à reoonsidérer le oa.s de l'Homme de Piltèlown. Comme il s'agit d'une affaire où est mise en os.use une ma.ndibule, nous pensons qu'il est utile que les lecteurs de cette pag� soient mis an courant, d'une part des circonstances de cette 1e affaire, d'autre part de la. position qu'occupait l'Homme de Piltdown, et de celle qu'il occupera. à, partir d'a,ujourd'hui.

Les paléontologistes servent une science qui n'est pa.s expérimenta.le, mais d'observation.

De pl118, ils sont soumis, plus que d'autres S-Oiencea naturelles, lorsqu'ils cherchent leur documentation de base, leur ma.f.ériel d'étude, Méd. & Hyg., 11: 485, 1953 et 12: J 3, 1954

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à des servitudes. En effet, ils dépendent pour une tràa la.rge pa.rt de tI·ouvailles de basa.rd, ou de travaux aur le terra.in, effectués par des fouilleurs sans préparation

suffisante, et

dont

ils ne peuvent garantir Ùli va.leur. Ce ha.ndioa.p ma,jeur est très particulièrement valable en paléontologie humaine, du fait de la rareté plue grande des vestiges dt>R Hominiens primi­

tüs; ceux-ci ont eu, on peut l 1wagiuér, une très fa.ible densité. li eat dono clli'ficile, sauf pour ce qui est des périodes où les grottes émient uti­

lisées, de décider des régione où il conviendrait de pratiquer des {ouilles avec le plus de chances de trouver les pièces reoherohéea. D'autre part les dépôts quat.ernaires, plus que d'autres peut.

être, sont bouleversés par des travaux d'exploi­

tation de toue genres, ce qui aboutit assez souvent à. la. destruction de documents paléon­

t.ologiques humains, plue rarement à leur mise en évidence, et plns rarement eI1;core à. leur prélèvement dane de bonnes conditions d'étude (comme, par exemple, la. ma.ndibule de l'Homo Heülel,bergen8i-a dans la oarrièredesa.ble deMa.u�r).

Cea considéra.tions ne sont pas émises ici dans le sens d'un plaidoyer pro domo, ma.is simple­

ment pour souligner les obst&oles qui freinent les progrès de la. paléontologie huma.me.

HISTOIBE DES TROUV

A.Il,LI*J

DE PILTDOWN

La récente découverte d'une supercherie, effectuée Hy a. une qua.ra.ntaine d'années, lors des trouvailles de Piltdown, illustre, en pa,rtie du moins, ce que nous venons de dire.

En

effet,

c'est au cpurs d'une excur!tlon da.ne la paroisse de Fletching, à, une vingtaine de kilomètres

(I.U nord <l� Newhiwen, que, quelques a.nnéea a.va.nt 1911, le géologue Charles Dawson fut a.mené à s'intéresser, près de Piltdown Oommon, è, un trou d'où. des pa.ysans extrayaient du gra­

vier destiné à.l'entretien de leurs chemins. Aucuu débris osseux n'aurait été découvert jusqu'alors, au dire des ouvriers. Mais lorague Dawsun revint, il reçut un morcea.n, de pariétal huma.in extraordinairement épais et patiné d'une belle couleur brun rouge!l.tre due à la. roche gréseuse

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wea.ldienne très ferrugineuse sur la.quelle repo·

sait la. couche d'où il prove.oa.it.

Ce n'est que quelques année!! plue ta.rd, en 1911, que Daw11on retourna. à. l?iltâowu. Il put t.rou ver da.na les déblais de la carrière un s-ra.nd fragl!l.ent frontal du même crâne hum&m. Il montra alors eee trouvailles au pa.léontologiète du British Mt16eum. A. Smith Woodward, qui y__ accorda une grande importa.noe. Da.waort et W oodwarà décidèrent de fa.i.Nl des reoherohes systématiques dans les débla.is et da.ne les OOU:·

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Fig. 1

Essai de reoonet,itutlon du ot4ne dt1 l'Eoanth?opus, en tenu.nt oompto de la m&ndibule, par l'mu1toml!Jte Bir A. Keith, dirooteur du Royal College of Surgeons

à Londres ( 1939}

ohes en place. Ces fouilles (dont on p1:1ut au­

jourd'hui juger qu'elles n'ont J.lM eu une rigueur eoientüique en rapport e.veo l'importance reéon­

nue aux premiers débris fo8Siles trouvét) eurent lieu en 1912 et permirent de recueillir des silex taillée, des ossements fossiles d'animaux et quelques nouveaux fra.gments oraniens. Dawson écrit (en 1913) qu' 11 apparemment le crâne humain entier on une granda partie de celui-ci avait été fraca..'lsB par les ouvriers, qui a.vn.i('nt

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jeté les pièces non remarquées », et dont fodrag­

'ments furent ramassés la plue complètement possible. Il a.joute : « Da.na une dépreMion un peu plus profonde du gra.vier non remanié, je trouvai la. nioitié droite d'une mandibule hu.m&ine »� à PetJ pri)a à l'empla.oement de la.

première trouvaille, et 11,u même niveau q1J'une portion d'ocoipitial du même w·àne.

Les deux savants britanniques annoi;itèrent dès 1912 leurs découvertes, qui SUf!Oitèrent i1tunédiatement nn grand intérêt et de viv:es disaus8ions. Dans UB rapport plus · complet paru dans le Quarte:trly Jowrnal of the Geowgical Society de mars 1913, ils présentèrent une des­

cription détaillée des faits et d013 docuQienta, et W ocàward proposa. une :reconstïtution du crd.ne et de ]a, mandibule, consid'éré� comme propriété du même individu. Le paJ6ontologiate reconnaissait que « -ei vraiment le oràne est essentiellement hnmo.in, n'a.pproohoot un degré inférieur que d&ns certains cn.ra.otères du cer­

veau, dl!<DB l'attache de la. nuque, l'extension des musolea "temJ>ora.ux et la grandeur probable.

ment forte de la fa.ce, la. mandibule se présente comme étant presque exactement celle d'un singe, B8Jlfl rien d'humain, à l'exception des mole.ires. Même celleB•ùi s'approohent du type simien a.veo leurs oi.nq cuspides bien dévelop­

pée11 et leur forme &llon,êe >>. L'être e.,ssez cu­

rieusement hybride qu il rea.susoitait ainsi méritait un nom apéoifique : Woodward proposa.

celui d' l!Joamhr� Da1oooni; cette évooa.tion d'une

•uro,:e

humaine lui ,pa.re.ise&it 1101 justifier pa.r 1� fait que, jugé par les gi§ologues comme plus e.noien que l'Homme âe Néandertha.l, l'Homme de .Piltdown se préaenta.it, sous .sou aspect rel&tivement « moderne n (morpho­

logiquement parla.nt) comme le premier vr&i ancêtre de l' Homo sapie:M actuel.

Pour en finir aveo l'hil'ltoire de la. découverte,

&joutons que da.ne les e.nn6ea qui suivirent. cette révélation, de nouvelles explorations è. Pilt­

down a.menèrent la découverte d'os naiaux humains et d'une canine d'a.llUJ"e très simienne, attribuable probablement à. la. mandibule.

Le tout est ba.ptisé Piltdown I. C'est qu'en eifet en 1915 vinrent s'ajouter deux fra.gmentt

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t ....

Fig, e

La deu:dmne molaire droite de la mandibule de Piltdown I. Le d868in ld'apre11 dea photogr11,phie11 du rap�rt du Brltlah Museum) mont"' ln IIW'lace

d'uaUN tril piano, à bord tree net

or&niens et une molaire inférieure, trouvés à.

quelque troia kilomèttet1 du premier gisement, et a.tt.ribuéa à. un individu désigné comme Piltdown II.

Indépenda.mnient des incertitudes découla.nt des oiroonstanoel! de trouva.ille, le problème de Piltdown l!le compliquait pour deux raisorui : d'une part les conditions géologiques et paléon­

tologiques: n'iU.e.ient pas simplee, les débris animaux représentant, à. côté d'esl)ècea relati­

veme.nt réoentes (cerf, OMtor, oheva.1), une fa.une trèa ancienne, pliocène, remaniée. D'autre p&rt les fragmenta du or&ne ne J!e ra<>cordo.ient pas, ce 'loi permit à différents spéoia.listel;: de .P'-°JlO'er des reconetitutions variant a.u gré de l'mterpré­

tation évolutive qq'ils donnaient. des do9�mentf! ! Notons que, à notre conna.issa.noe, peraopne, dans le monde soi.entifique, n'eut jamais l'idée d'émettre des dont.es sur l'a..uthenticite dea pièces trouvées à Piltdown. Ceux qui refusaient de mettre la. mandibule en concordance ana.­

tomique aveo le crA.ne devaient admettre l'exia­

tenco, t. 1'6'{>0que où vivait le propriétaire de ce orAne, d'une esf�ce de singe proche du chimpa.nzé, ce qui n était du reste pas facile à comprendre, étant donné et le lieu et la. période.

Certains rejeta.ient l' EoonlMop1.�. mais p1111 lei documents.

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