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La corne, du néolithique à l'âge du bronze
CHAIX, Louis
CHAIX, Louis. La corne, du néolithique à l'âge du bronze. In: Béal, Jean Claude & Goyon, Jean-Claude. Des ivoires et des cornes dans les mondes anciens (Orient - Occident) . Paris : De Boccard, 2000. p. 29-31
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http://archive-ouverte.unige.ch/unige:106519
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LA CORNE, DU NEOLITHIQUE A L'AGE DU BRONZE.
L. Chaix
*La lecture
desdivers travaux
consacrésaux multiples
usagesde la
cornefait
apparaître une confusion regrettable du point de vue de I'anatomie entre la corne, apanage de la
famille
des Bovidés et les bois, attribut de celle des Cervidés.La
corne des Bovidés (ou Cavicornes) est un élément permanent, le plus souvent implanté sur l'osfrontal
et qui se compose d'un noyau osseux, la cheville, sur laquelle se développe un étui de manière cornée, de composition très analogue à celle de nos onglesou des sabots des ruminants. Cet étui corné est un élément qui ne se
conservequ'exceptionnellement en milieu archéologique, car il est soumis à la
dégradation biogéochimique qui affecte tous les produits organiques.La corne ne se retrouve donc que dans les périodes récentes ei I'on connaît, par les textes, I'iconographie et quelques rares objets, les divers usages qu'en ont
fait
les artisanscornatiers l.
En ce qui
concernela préhistoire, les
seuls témoinsd'un
usage éventuel de la matière cornée sont les stigmates observables sur la cheville osseuse elle-même.Ces
traces sont difficiles à interpréter car elles peuvent
correspondreà
deuxopérations différentes. D'une part, l'élimination
descornes lors de
l'écorchage de I'animal en vue de la préparation de la peau, cette opération nécessitant I'enlèvement du cornillon par fracturation ou sciage.Il
peut s'agir d'autre part des marques de l'extraction de l'étui corné, nécessitant la découpe de la peau à la base de ce demier ; cette opération laisse des traces plus ou moins circulaires à la base de la cheville osseuse. Cette extraction ne sefait
pas sans mal, l'étui adhérantfortement à la cheville
grâce au dermeet
àl'épiderme interpapillaire.
EIle nécessite en général une macération ou une cuisson à I'eau 2.Durant le
Néolithique
et I'Age du Bronze, en Europe, plusieurs travaux signalent les deux types de traces.En ce qui concerne l'élimination des cornes, nous pouvons citer ici le
sitechalcolithique
corse de TerrinaIV,
dans lequel les chevilles des moutons sont enlevées par des coups de couperet antérieurs et postérieurs. Cette opération semble conespondre à une phase précoce de la découpe 3.Il
est possible que lefrontal
de chèvre provenant dusite néolithique de Eschner-Lutzenguëtle au Liechtenstein indique une
opération semblable a .* Département d'archéozoologie, Muséum d'histoire naturelle. CP.6434. CH - 1211 Genève 6.
I
Mu. GREGOR 1985 ;MAIER 1969 ; ANDES 1925.2 lNnes
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1960.30 L. CHAIX
L'extraction
del'étui
corné semble attestée dans plusieurs sites européens dès le Néolithique.La matière cornée peut également provenir de bovidés sauvages : nous citerons
ici
unecheville
osseuse d'auroch femelle, provenant du site néolithique deClairvaux,
qui montre à sa base de fines traces circulaires de silex 5 .Dans la vallée supérieure du Rhône, plusieurs sites du Néolithique moyen (Saint- Léonard,
Sion-Saint Guérin,
Sion-Petit-ChaSseur)ont livré
deschevilles
osseuses de boeuf, rnais aussi de moutons et de chèvres qui présentent des traces de découpe à la base descornillons
6.Deux
trouvailles,
I'une dans une tombe néolithique de Souabe 7, I'autre dans une fosse dela
même période,sur le site du
Petit-Chasseur en Suisse8
sont peut-être àmettre en relation
avecI'utilisation de la
corne.En
Souabe,la
sépulturea livré
38 chevilles osseuses de moutons, avec des traces basales.A
Sion,il
s'agit de frontaux de moutons qui témoignent d'une découpe particulière, peut-être en forme de masque ?A l'Age du
Bronze,on
retrouve des témoignages deI'ablation
des cornes. Nous citeronsici
les chèvres du Bronzefinal
d'Hauterive-Chapréveyres, en Suisse dont 66 Vodes
chevilles ont
été détachéesdu
crâne à I'aide d'une hache 9.Là
encore, plusieurs explications sont possibles allant d'une phase précoce de la découpe à la récupélation de l'étui en passant par les activités de pelleterie, comme cela s'observe encore aCtuellement dans lesAlpes
suisses lo.Pour conclure- ce très
bref
aperçu, nous insisteronstout
d'abord surla
différence qui existe entre l'ablation des cornes (cheville + étui), opération liée au dépouillage ou à la découpeet
lesfines
tracescirculaires qui
témoignentde I'extraction de l'étui
corné.L'utilisation
ultérieure de cette matière, dont on connaît les diverses propriétés (élasticité, transparence, etc) est inconnue pour la préhistoire.A
côté d'un usage probable comme contenant,illustré
auMoyen-Age
par les cornes à boire (aurochs et autres bovidés) 11,on peut
aussi penserque les étuis ont servi de
gainepour les
hachesde pierre,
en I'absencedes bois de cerf habituellement utilisés. Nous en voulons pour
preuve I'utilisation actuelle d'un étui corné de mouflon à manchette servant de gaine à uné hache en roche verte provenant du Niger.ABREVIATIONS
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