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Un crâne trépané (?) de l'âge du bronze
PITTARD, Eugène
PITTARD, Eugène. Un crâne trépané (?) de l'âge du bronze. Bulletin de la Société suisse d'anthropologie et d'ethnologie , 1942, vol. 19, p. 10-11
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Extrait du Bulletin de la Société suisse d'.Anthropologie et d'Ethnologie, 194.2/43. P. 10-11
6. EUGÈNE PITTARD (Genève). - Un crâne trépané (?) de l'âge du bronze.
Le crâne dont il va être question (il est extrêmement friable) m'a üté oblig·eamment communiqué par M. le Dr Francken, de Begnins, que je tiens à remercier ici.
Il a été rencontré dans une sépulture, formée par un dallage cle pierres plates, dans une ballastière exploitée par M. Ronchi. Un mobilier funéraire accompagnait le squelette, (un bracelet, une coupe brisée, etc.). Nous reparlerons ailleurs de la partie archéologique de cette trouvaille. Le squelette et ces objets sont la propriété de M. Bettembes, instituteur de Gland.
Pour le moment il ne sera question que du crâne et seulement de ce qui touche à l'ouverture qu'il présente et que l'on peut considérer comme le résultat d'une opération chirurgicale.
Ce crâne qui est celui d'un adulte, est d'un faible développement.
Son sexe est difficile à déterminer. MalgTé certains reliefs clans les régions occipitales et sus-orbitaire, on peut croire qu'il a appartenu à une femme. La mandibule est complète (le condyle droit est brisé) et porte toutes les dents. La demi-mâchoire supérieure droite montre une molaire et une prémolaire atteintes de caries. · Toutes les sutures craniennes sont encore largement ouvertes. Le sujet était encore jeune.
Le frontal, sur son côté gauche, présente, un peu en arrière de la bosse frontale, une ouverture légèrement ovalaire, située à 15 mm. à peu près de la suture coronale. Cette ouverture n'a pas une forme régulière. Dans sa partie postérieure une recréation osseuse a donné naissance a une reconstitution sinueuse qui interrompt la forme oYa- laire. Celle-ci, dans la partie antérieure de l'ouverture, est bien consei···
vée. Sur tout leur pourtour les bords supérieurs de la perforation s'in- clinent eu biseau vers la table interne. Sur cette table même la matière osseuse a donc été moins largement entamée. On peut insister sur ce travail en biseau, car certaines perforations craniennes, qui ne sont pas des trépanations, mais des résultats pathologiques, ne le montrent pa5 au même degré. Le cliploé est complètement recouvert par la recréa.- tion osseuse. Le sujet a donc larg·ement survécu. La dimension antéro- postérieure de la perforation, prise au bord supérieur du biseau e;:;t d'environ 30 mm., la dimension transversale d'environ 25 mm.
Cette ouverture représente-t-elle une trépanation ? Nous entendons une opération chirurgicale pratiquée sur le vivant ?
Dans ces derniers temps on a discuté de la trépanation préhisto- rique. On a prétendu qu'elle n'existait pas à la période néolithique.
Et, d'autre part, on a pensé que des perforations craniennes considé- rées comme des trépanations ne seraient pas autre chose que Je résultat de gommes syphilitiques. Le Prof. Charles Du ~ois, de la Faculté cle Médecine de Genève, a publié à ce propos un document extrêmement
intéressant. ·
Dans cette occurrence, j'ai demandé à mon collègue le Prof. Rutis hanser, directeur cle l'Institut de Pathologie, d'exarniner ce crànc. JJ n'y a trouvé - non plus que sur la mandibule - de traces syphilitiqu1;.;s.
Ce crâne pourrait donc venir prendre place dans l'inventaire dr:s crânes trépanés appartenant aux périodes préhistoriques et protohis- toriques, ici, postérieures à l'époque néolithique.