Corrig´ e du Devoir Libre n ◦ 6
Probl` eme 1 :
Soitnun entier. On se propose d’´etudier les polynˆomes Pn ∈R[X] `a coefficients r´eels v´erifiant :
(1) ∀z∈C?, Pn(z+1
z) =zn+ 1 zn
1. Pour d´emontrer l’unicit´e du polynˆome v´erifiant (1), consid´erons des polynˆomes P et Q v´erifiant tous deux la propri´et´e universelle (1). En particulier, pour tout entierk∈N?, nous avons
P(k+1
k) =Q(k+1 k)
Notons pour tout k ∈N?, zk =k+1k. D’apr`es l’´egalit´e ci-dessus le polynˆomeP−Qposs`ede une infinit´ede racines distinctes. Or nous savons qu’un polynˆome de degr´ed∈Nposs`edeau plus d racines distinctes. Par cons´equent le polynˆomeP−Qest de degr´e−∞, c’est`a-dire P=Q. N 2. Premiers exemples
a. Le polynˆome constant ´egal `a 2 v´erifie (1) pourn= 0. Par unicit´e,P0= 2. De mˆeme, le polynˆomeX v´erifie
(1) pourn= 1, doncP1=X. N
b. Pour tout z∈C?,
(z+1
z)2=z2+ 1 z2 + 2 NotonsP =X2−2, l’´egalit´e ci-dessus se traduit par
∀z∈C?, P(z+1
z) =z2+ 1 z2
Ainsi, le polynˆomeP v´erifie la propri´et´e (1) pourn= 2. Par unicit´e, il en r´esulte queP2=X2−2. N 3. Montrons par r´ecurrence forte surnque pour tout entier natureln,
P(n) P0,P1, . . .,Pn+2 existent etPn+2(X) =X Pn+1(X)−Pn(X).
Initialisation :Pourn= 0, nous avons d´ej`a remarqu´e queP0, P1etP2existent. De plusP2=X2−2 =XP1−P0. H´er´edit´e : Soitn≥0 tel queP0,P1, . . .,Pn+2 existent etPn+2(X) =X Pn+1(X)−Pn(X).
NotonsP =X Pn+2(X)−Pn+1(X).Alors pour tout nombre complexe non nul z: P(z+1
z) = (z+1
z)×Pn+2(z+1
z)−Pn+1(z+1 z)
= (z+1
z)×(zn+2+ 1
zn+2)−(zn+1+ 1 zn+1)
= zn+3+ 1 zn+3
Ainsi, le polynˆomeP v´erifie (1) pourn+ 3, ce qui prouve par unicit´e quePn+3 existe etPn+3=X Pn+2(X)− Pn+1(X).
Conclusion : Pour tout entier natureln,Pn existe et de plusPn+2(X) =X Pn+1(X)−Pn(X). N 4. D’autres exemples
a. En utilisant la relation de r´ecurrence ci-dessus, j’obtiens
P3 = X P2−P1=X3−3X P4 = X P3−P2=X4−4X2+ 2 P5 = X P4−P3=X5−5X3+ 5X.
N
b. Remarquons tout d’abord que nous pouvons factoriserP5parX:P5=X(X4−5X2+ 5). Afin de factoriser P5, r´esolvons - a priori dansC- l’´equation :
(2) X4−5X2+ 5 = 0
Il s’agit d’une´equation bicarr´ee, c’est-`a-dire quez∈Cest solution de (2)si et seulement si z2est solution de l’´equation de degr´e 2 :
(3) X2−5X+ 5 = 0
Le discriminant de l’´equation (3) est ∆ = 5. Par cons´equent les racines de (3) sont x= 5−√
5
2 et x0 =5 +√ 5
2 .
Ainsi, z est solution de (2)si et seulement si z2=5−
√5
2 ouz2= 5+
√5 2 . Finalement les racines deP5 sont
S5=
± s
5−√ 5 2 ; ±
s 5 +√
5 2
En notantα= q5−√
5 2 et β=
q5+√ 5
2 , j’en d´eduis que P5 se factorise sous la forme P5= (X−α)×(X+α)×(X−β)×(X+β)
N 5. Montrons par r´ecurrence double surn∈NquePn admet pour monˆome dominant Xn.
Initialisation : pour n= 0 etn= 1, c’est imm´ediat.
H´er´edit´e : soit n ∈ N un entier tel que Pn et Pn+1 admettent pour monˆomes dominants Xn et Xn+1 res- pectivement. D’apr`es la question 3. Pn+2 = XPn+1−Pn. D’apr`es les op´erations alg´ebriques sur les degr´es des polynˆomes, et par hypoth`ese de r´ecurrence, XPn+1 est de degr´e n+ 2 tandis quePn est de degr´e n. Par cons´equent Pn+2a pour monˆome dominantXn+2.
Conclusion : Pour tout entier natureln∈NquePn admet pour monˆome dominantXn. N 6. Soitθ∈]0, π[ un r´eel fix´e.
a. Ainsi que nous l’avons d´ej`a vu, l’´equation
z+1
z = 2 cosθ
admet pour solutions distinctese±iθ N
b. Soit n∈Nfix´e, il r´esulte des formules d’Euler et Moivre que Pn(2 cosθ) =Pn(eiθ+e−iθ) =Pn(eiθ+ 1
eiθ) = (eiθ)n+ 1
(eiθ)n =ein θ+e−in θ = 2 cosnθ.
N 7. Soitn∈Nfix´e. Afin de r´esoudre l’´equation ˜Pn(z) = 0, remarquons que∀x∈]0, π[
cosnx= 0 ⇐⇒ nx≡ π 2[π]
⇐⇒ ∃k∈Ztel que x= (2k+ 1)π 2n .
Soitk∈[[0, n−1]] fix´e. Notonsθk =(2k+1)π2n . D’apr`es la question pr´ec´edentePn(2 cosθk) = 2 cosnθk qui est nul d’apr`es le calcul ci-dessus. D’autre part, pour toutk∈[[0, n−1]],θk ∈]0, π[. L’application cos ´etant injective sur ]0, π[, il s’en suit que lesθk pourk∈[[0, n−1]] ont des images distinctes par l’application cos. Ainsi l’ensemble
S={2 cosθk; k∈[[0, n−1]]}=
2 cos π
2n; 2 cos3π
2n; 2 cos5π
2n;. . .; 2 cos(2n−1)π 2n
est constitu´e denracines distinctes dePn. CommePn est de degr´en, il ne peut avoir d’autres racines. Ainsi,S est l’ensemble des racines dePn.
On en d´eduit la factorisation dePn : Pn =
n−1
Y
k=0
(X−2 cos(2k+ 1)π 2n ) =
X−2 cos1π 2n
×
X−2 cos3π 2n
× · · · ×
X−2 cos(2n−1)π 2n
N 8. Lorsquen= 5, les racines deP5 sont
S
2 cos π
10; 2 cos3π
10; 0; 2 cos7π
10; 2 cos9π 10
En remarquant que les racines positives deP5 sont 2 cos10π et 2 cos3π10, j’en d´eduis que :
cos π 10= 1
2 s
5−√ 5
2 et cos3π
10 =1 2
s 5 +√
5 2
N
Probl` eme 2 : Interpolation
Soientn∈N? un entier naturel non nul et (xi)1≤i≤n ∈Rn unn-uplet de r´eels distincts deux `a deux. On d´efinitn polynˆomes L1, L2, . . . , Ln par :
∀j∈[[1, n]], Lj= Y
1≤k≤n k6=j
X−xk xj−xk
1. ExemplesVisualisez les polynˆomesL1,L2et L3 lorsquen= 3,x1= 1,x2= 2 etx3= 3.
2. a. Soitj∈[[1, n]] :Ljest par construction le produit den−1 facteurs de degr´e 1. Par les op´erations alg´ebriques sur les degr´es, il en r´esulte queLj est de degr´en−1. D’autre part, l’ensemble
S={xk; k6=j}
est constitu´e de n−1 racines distinctes de Lj. Comme Lj est de degr´e n−1, il ne peut avoir d’autres racines. Par cons´equentS est l’ensemble des racines distinctes deLj. N b. Soit j∈[[1, n]] fix´e. Par construction deLj, il vient :
L˜j(xj) = Y
1≤k≤n k6=j
xj−xk
xj−xk = 1
N 3. SoitP ∈Rn−1 un polynˆome de degr´e inf´erieur ou ´egal `a n−1. On lui associe le polynˆomeQ∈R[X] d´efini par
Q=
n
X
j=1
P(xj)Lj.
a. D’apr`es la question2., remarquons que pour toutj etk,Lj(xk) = 0 sij6=ketLj(xj) = 1, c’est-`a-dire, en utilisant le symbole de Kroneckerδj,k, que
∀j, k∈[[1, n]], Lj(xk) =δj,k
A pr´esent consid´eronsk∈[[1, n]], fix´e. Alors Q(x˜ k) =
n
X
j=1
P(xj)Lj(xk) =
n
X
j=1
P(xj)δj,k=P(xk)
N
b. Ainsi, le polynˆomeP−Qposs`ede (au moins)nracines distinctes. CommeP et Qsont de degr´es inf´erieurs ou ´egaux `a n−1, P −Q est aussi de degr´e inf´erieur ou ´egal `a n−1. Comme P −Qposs`ede n racines
distinctes,P−Qest le polynˆome nul ! Par cons´equentP =Q. N
4. Soitf :R→Rune fonction num´erique. Associons -lui le polynˆomeQ∈R[X] d´efini par : Q=
n
X
j=1
f(xj)Lj.
Comme lesLj sont de degr´en−1,Qest de degr´e inf´erieur ou ´egal `an−1. De plus comme pr´ec´edemment, pour tout k∈[[1, n]],nous avons :
Q(x˜ k) =
n
X
j=1
f(xj)Lj(xk) =
n
X
j=1
f(xj)δj,k=f(xk)
N
Exercice 1 : Divisions euclidiennes
Soientθ∈Run r´eel etn∈Nun entier.
1. SoientA= (Xsinθ+ cosθ)n etB=X2+ 1,
a. Les racines de B sont les solutions de l’´equationsz2=−1, `a savoiriet −i.
Par cons´equent B= (X−i)×(X+i) N
b. NotonsQetR le quotient et le reste de la division euclidienne deAparB dansC[X] de sorte que A= (X2+ 1)×Q
Comme B est de degr´e 2, R est de degr´e inf´erieur ou ´egal `a un. Par suite, il existe (a, b) ∈ C2 tels que R=a+bX. Pour d´eterminer aet b´evaluons l’´egalit´e ci-dessus aux pointsiet −i, il en r´esulte que (a, b) est solution du syst`eme
(S)
A(i)˜ = B(i)˜ ×Q(i) + ˜˜ R(i) A(−i)˜ = B(−i)˜ ×Q(−i) + ˜˜ R(−i) Or
(S) ⇐⇒
(cosθ+isinθ)n = 0 +a+ib (cosθ−isinθ)n = 0 +a−ib ⇐⇒
einθ = 0 +a+ib e−inθ = 0 +a−ib ⇐⇒
a = cosnθ b = sinnθ .
Par cons´equent R= cosnθ+ sinnθX. N
2. SoientA=X2n−2Xncosnθ+ 1 etB=X2−2Xcosθ+ 1.
a. Le discriminant du polynˆomeB est ∆ = 4 cos2θ−4 =−4 sin2θ. Pour d´eterminer les racines complexes de B, et donc sa factorisation, nous distinguons trois cas.
• Siθ≡0[2π] en ce casB =X2−2X+ 1 = (X−1)2.
• Siθ≡π[2π] en ce casB=X2+ 2X+ 1 = (X+ 1)2.
• Siθ6≡0[π], en ce cas ∆ =−4 sin2θ <0. Dans ce cas,B poss`ede deux racines complexes conjugu´ees eiθ= 2 cosθ+ 2isinθ
2 et e−iθ= 2 cosθ−2isinθ
2 .
Par cons´equent B admet comme factorisation B= (X−eiθ)×(X−eiθ). N b. NotonsR=aX+ble reste de la division euclidienne deAparBdansR[X]. Pour d´eterminer les coefficients
-n´ecessairement r´eels-aetb nous utilisons les trois cas pr´ec´edents :
• Si θ ≡0[2π]. Dans ce cas A =X2n−2Xn+ 1 = (Xn−1)2 et B = (X−1)2. On remarque que 1 est racine de multiplicit´e sup´erieure ou ´egale1 `a 2 deA : en effet
• A(1) = 0˜
• A˜0(1) = 2n(1n−1)1n−1= 0
Par cons´equent, d’apr`es la caract´erisation des racines multiples B divise A et donc le reste dans la division euclidienne deA parB est nul.
• Siθ≡π[2π]. Dans ce casA=X2n−2(−1)nXn+ 1 = 1−(−X)n2
etB= (X+ 1)2. On remarque que
−1 est racine de multiplicit´e sup´erieure ou ´egale`a 2 deA. En effet
• A(−1) = 1˜ −(+1)n2
= 0
• A˜0(−1) = 2n 1−(+1)n
(1n−1)(−1)n−1= 0
Par cons´equent, d’apr`es la caract´erisation des racines multiples B divise A et donc le reste dans la division euclidienne deA parB est nul dans ce cas aussi.
• Siθ6≡0[π], dans ce cas,B poss`ede deux racines distinctes : (a, b) est donc solution du syt`eme : (S)
A(eiθ) = R(eiθ) A(e−iθ) = R(e−iθ) Or
(S) ⇐⇒
e2inθ−2 cos(nθ)einθ+ 1 = aeiθ+b e−2inθ−2 cos(nθ)e−inθ+ 1 = ae−iθ+b
⇐⇒
cos(2nθ)−2 cos(nθ) cos(nθ) + 1 = acosθ+b sin(−2nθ)−2 cos(nθ) sin(−nθ) = asinθ.
⇐⇒
acosθ+b = cos(2nθ)−2 cos(nθ) cos(nθ) + 1 asinθ = sin(−2nθ)−2 cos(nθ) sin(−nθ)
⇐⇒
acosθ+b = 0 asinθ = 0
Comme dans e cas, sinθ6= 0 il en r´esulte quea= 0 et par suiteb= 0.
Ainsi lorsqueθ6≡0[π], le reste dans la division euclidienne deAparB est nul.
Dans tous les cas, nous avons d´emontr´e que le reste de la division euclidienne deAparB est nul. N